II. LES ÉTABLISSEMENTS SOUS TUTELLE : UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE DES CONCOURS À L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS ET À L'INSTITUTION NATIONALE DES INVALIDES

Le secrétaire d'Etat aux anciens combattants verse des subventions de fonctionnement à ces deux établissements publics nationaux, qui relaient son action sanitaire et sociale.

A. L'INSTITUTION NATIONALE DES INVALIDES

1. Les missions de l'Institution

L'INI est un établissement public de l'Etat à caractère administratif chargé de la gestion de deux centres d'accueil :

- un centre de pensionnaires, résidents permanents, qui peut accueillir 99 personnes, bénéficiaires de l'article L.115 du code des pensions d'invalidité, c'est-à-dire ayant une invalidité définitive supérieure ou égale à 85 % et âgées de plus de 50 ans, ou, quel que soit leur âge, ceux dont le taux d'invalidité est supérieur à 100 % ;

- un centre médico-chirurgical qui comprend des services de chirurgie et de rééducation, une pharmacie, un laboratoire d'analyse, avec une capacité d'accueil de 94 lits au total.

L'INI dispose d'un budget et d'un patrimoine propres, son système comptable étant celui d'un établissement public hospitalier.

2. Les crédits affectés à l'Institution Nationale des Invalides

Les crédits à la disposition de l'Institution Nationale des Invalides sont stables par rapport à 1998 et s'élèvent à 42,90 millions de francs. Or, l'INI doit tenir compte des conséquences de la réforme du service national qui affecte son fonctionnement.



En effet, dans le cadre du protocole entre le ministère de la défense et le secrétariat d'Etat aux anciens combattants, le détachement militaire de l'INI comprenait 9 aspirants (dont 6 médecins, 1 chirurgien dentiste et 2 pharmaciens chimistes), 24 militaires de rang dont 6 spécialisés (infirmier, aide soignant, masseur-kinésithérapeute, manipulateur en radiologie, prothésiste dentaire et psychomotricien) et 18 sans spécialité qui étaient affectés au service direct des pensionnaires. Ces derniers effectuaient un travail important dans les services que ne peuvent assurer les agents titulaires de l'INI. Ainsi, le transfert, les déplacements et les accompagnements des pensionnaires et blessés dans leur vie quotidienne sont en majorité assurés par les militaires du contingent.

L'apport du contingent militaire à l'exécution de la mission de l'INI correspondait à un réel besoin encore accru par l'âge avancé des patients accueillis et leur handicap de plus en plus lourd. Jusqu'à la fin de l'année 1997, ces médecins ou pharmaciens ont complété l'équipe médicale de l'INI et assuré pour une grande partie la permanence médicale (gardes en dehors, des heures de service, week-ends et jours fériés).

Le remplacement du contingent militaire a donc des répercussions importantes sur le fonctionnement de l'Institution nationale des invalides. Le remplacement du contingent militaire a été planifié selon un échéancier tenant compte de la disparition échelonnée de cette ressource et de la satisfaction des besoins les plus urgents des services médicaux.

Le remplacement des 9 médecins et pharmaciens aspirants a été organisé, outre les redéploiements internes, de la manière suivante :

- trois postes étaient créés par le budget 1998: un assistant généraliste, un médecin résident et un praticien hospitalier odontologiste ;

- le projet de budget 1999 prévoit la transformation d'un emploi d'interne en un emploi d'assistant généraliste, l'ouverture d'un deuxième emploi d'assistant généraliste et la transformation d'un emploi de médecin chef en un emploi de praticien hospitalier.

Le remplacement des 24 militaires du rang a été planifié de la sorte :

- les six militaires spécialisés seront remplacés par la création de trois emplois de techniciens paramédicaux au titre du budget de 1999 ;

- s'agissant des 18 militaires non spécialisés, la stratégie de remplacement s'appuie, en partie, sur le programme de contrat emploi jeunes dans le cadre de l'accompagnement des personnes âgées dépendantes. Ainsi, 8 emplois ont été ouverts au titre de l'année 1998 et 4 emplois supplémentaires sont prévus pour 1999.

Les 6 militaires restants sont, quant à eux, plus particulièrement attachés à l'activité de transport des personnes âgées dépendantes (pensionnaires) et hospitalisés grands invalides dans tous leurs déplacements quotidiens et aux transferts sanitaires (accompagnement). Il convient de noter que l'activité du parc automobile est assurée aux 3/5èmes par les militaires du rang. Les conditions de leur remplacement constituent un des points cruciaux à traiter avec le départ du contingent de l'INI.

A cet égard, votre rapporteur tient à rappeler que l'Institution ne dispose que de 2 postes budgétaires de conducteurs automobile qui sont tous les deux vacants. Or , le secrétariat d'Etat aux anciens combattants a annoncé que ces postes ne seront pas occupés tant que la réforme du secrétariat d'Etat ne sera pas entrée en vigueur.

C'est dans ce contexte préoccupant que l'Institution a appris fortuitement qu'elle ne disposerait plus de militaires de rang dès 1999 et non plus à partir de l'an 2000, alors même que l'organisation et les moyens budgétaires fixés pour assurer sa mission en 1999 s'appuyaient sur la diminution progressive du personnel militaire jusqu'en 2000. Cette étape transitoire devait permettre à l'INI d'étudier les possibilités de sous-traitance sanitaire et de redéfinir ses besoins minimaux.

L'annonce récente de la disparition totale du contingent militaire de l'INI dès cette année ne paraissant pas supportable en l'état actuel, le secrétaire d'Etat a demandé, en raison du régime particulier du protocole qui lie l'INI au ministère de la défense et de la nature de ses missions, qu'un contingent minimal de 6 militaires du rang sans spécialité soit maintenu à l'INI jusqu'en 1999.

Votre rapporteur regrette cependant que la dotation affectée à l'INI n'ait pas augmenté pour tenir compte de la nécessité de remplacer le contingent militaire au service de l'INI.

3. Les problèmes rencontrés par l'INI

Outre le remplacement des militaires du contingents, l'Institution doit affronter deux difficultés structurelles : l'adaptation des tarifs aux coûts réels des prestations et le financement des travaux de mise aux normes de sécurité auquel le secrétariat aux anciens combattants doit participer.

l'adaptation des tarifs aux coûts réels des prestations L'office national des anciens combattants

Outre la subvention allouée par le secrétariat d'Etat aux anciens combattants, l'INI dispose des recettes liées à l'activité des centres de pensionnaires et médico-chirurgical.

En ce qui concerne le centre de pensionnaires , L'INI reçoit pour les pensionnaires relevant de l'article L.115 du code des pensions militaires d'invalidité un forfait soin du secrétariat des anciens combattants de 474 francs par jour. En outre, les pensionnaires versent une redevance dont le montant varie selon leurs revenus mais qui ne peut dépasser 30 % de leurs revenus. Celle-ci est comprise entre 57 et 555 francs par jour.

En ce qui concerne le centre médico-chirurgical , l'INI reçoit un prix de journée pour les ressortissants qui est payé soit par les directions interdépartementales des anciens combattants pour les ayant droit hospitalisés, soit par le centre de paiement des armées pour les militaires hospitalisés, soit encore par le régime général de la sécurité sociale.

Jusqu'en 1997, le prix de journée a été régulièrement augmenté afin de rattraper l'écart existant entre le prix de journée et le coût réel d'exploitation. Toutefois, en 1997, la caisse régionale d'Ile-de-France a rejeté le tarif proposé en se fondant sur l'ordonnance 96-346 du 24 avril 1996 portant réforme de l'hospitalisation publique et privée. En effet, selon l'article 58, " les modalités des relations entre les organismes d'assurance maladie et le service de santé des armées ainsi que l'Institution nationale des invalides, en ce qui concerne la prise en charge des soins qu'ils dispensent, sont définies par voie réglementaire. " Dans la mesure où aucun texte n'avait défini lesdites modalités, la caisse régionale d'Ile-de-France a estimé que le tarif des prix de journée devait être fixé en appliquant le taux directeur national, soit 2,2 % en 1998.

Pour l'établissement du budget de 1999, L'INI doit tenir compte de plusieurs contraintes. D'une part, elle doit trouver des ressources supplémentaires pour financer l'augmentation de ses dépenses en personnel, d'autre part, le service de chirurgie va voir son activité diminuer suite à une restructuration du service. Le budget doit également permettre d'effectuer certaines provisions visant à couvrir le coût des travaux de rénovation engagé dans le cadre du projet d'établissement 1998-2002. Enfin, il est indispensable de caler le prix de journée sur le coût réel résultant de la comptabilité analytique. L'exemple du service de chirurgie est révélateur. En 1998, il est fixé par le prix de journée à 2.840 francs, alors que le coût réel est de 3.955 francs.

Lors du conseil d'administration qui se tiendra le 30 novembre prochain, l'Institution va donc proposer de fixer le prix de journée en se basant sur le coût des prestations résultant de la comptabilité analytique et en prenant en compte le taux directeur national. Il semblerait que le secrétariat d'Etat aux anciens combattants et le centre de paiement des armées soient disposés à accepter les propositions de l'INI. En revanche, la Caisse régionale d'Ile-de-France risque d'être en désaccord et de s'en tenir au taux directeur national.

Votre rapporteur plaide pour une prise en compte totale du coût réel des prestations de l'INI, condition sine qua non d'une gestion équilibrée. Par ailleurs, il insiste sur la nécessité de fixer rapidement les modalités des relations entre les organismes d'assurance maladie et l'INI et regrette le retard pris par cette dernière pour l'élaboration d'un document.

le financement des travaux de mise aux normes de sécurité auquel le secrétariat aux anciens combattants doit participer

L'institution nationale des invalides doit accomplir toute une série de travaux de rénovation dont le coût est aggravé par le classement du bâtiment aux monuments historiques.

Suite à une recommandation de la Cour des comptes, l'INI a établi une programmation pluriannuelle de ses investissements. En 1998, une provision de 13,3 millions de francs a été constituées pour " charges à répartir sur plusieurs exercices "  qui ne prend en compte que les opérations dont la réalisation est une priorité pour l'Institution. Il s'agit de :

- la protection contre l'incendie (4,1 millions de francs, bien que l'opération globale est estimée à 10 millions de francs) ;

- la restructuration d'un bloc opératoire (2,9 millions de francs) ;

- la réfection complète de la climatisation (1,7 millions de francs) ;

- la restructuration du bloc restauration (4,6 millions de francs).

L'institution évalue à plus de 30 millions de francs les investissements à réaliser pour adapter l'établissement aux normes de sécurité actuelles.

Cette année, le budget du secrétariat d'Etat aux anciens combattants accorde 3,5 millions de francs en crédits de paiement pour l'INI afin de participer à ce plan de restructuration.

Votre rapporteur demande au secrétaire d'Etat de s'engager à maintenir sa participation financière afin que l'ensemble des travaux prévus soient réalisés.

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