Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BAUDOT (Jacques), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 6 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS
- 1. Une réhabilitation de la politique de la mémoire conforme aux conclusions du rapport d'information " Le défi de la mémoire "
- 2. L'Institution nationale des Invalides affaiblie par la réforme du service militaire
- 3. Le premier bilan de la mission de contrôle sur l'Office national des anciens combattants
- 4. Une évolution des structures du secrétariat d'Etat aux anciens combattants qui reste peu transparente
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
L'ADMINISTRATION DES ANCIENS COMBATTANTS- I. LES SERVICES DU MINISTÈRE : DES DOTATIONS DE CRÉDITS A EXAMINER AVEC PRÉCAUTION
- II. LES ÉTABLISSEMENTS SOUS TUTELLE : UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE DES CONCOURS À L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS ET À L'INSTITUTION NATIONALE DES INVALIDES
-
CHAPITRE II
LES INTERVENTIONS DU MINISTÈRE -
CHAPITRE III
LA DETTE VIAGÈRE -
CHAPITRE IV
LA POLITIQUE DE LA MÉMOIRE - EXAMEN EN COMMISSION
-
ANNEXE I
PRÉSENTATION DES ARTICLES 75 ET 76 RATTACHÉS DU PROJET DE LOI DE FINANCES -
ANNEXE II
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 6
ANCIENS COMBATTANTS
Rapporteur spécial
: M. Jacques BAUDOT
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. Une réhabilitation de la politique de la mémoire conforme aux conclusions du rapport d'information " Le défi de la mémoire "
Alors que votre rapporteur avait, à l'occasion de la publication du rapport sur le défi de la mémoire, plaidé en faveur de la réhabilitation de la politique de la mémoire du secrétariat d'Etat aux anciens combattants, le projet de budget pour 1998 se caractérisait par une réduction drastique des crédits en sa faveur, ce qui avait conduit le Sénat à rejeter ce budget. Le secrétaire d'Etat aux anciens combattants semble avoir tenu compte de cette observation, puisque le projet de budget pour 1999 considère la politique de la mémoire comme une priorité. Ainsi, la dotation concernant les commémorations augmente de 11 % et l'enveloppe allouée aux actions en faveur de l'information historique et des interventions dans le domaine des monuments et des musées commémoratifs augmente de 79 % (après avoir baissé de 43 % en 1998). En outre, 750.000 francs doivent être consacrés à l'informatisation des fichiers des "Morts pour la France". A cet égard, votre rapporteur tient cependant à signaler que l'informatisation totale de l'ensemble des fichiers du secrétariat d'Etat aux anciens combattants a été évaluée à 30 millions de francs. Par ailleurs, un emploi mémoire devrait être créé dans chaque service départemental de l'ONAC financé à 80 % par l'Etat et à 20 % par l'ONAC. Ce dispositif n'est pas exempt de critiques aussi bien en ce qui concerne le niveau de rémunération (5.600 francs pour une qualification bac + 3 minimum) que l'avenir du jeune au bout des 5 ans. Toutefois, cette mesure devrait permettre d'impulser une politique de la mémoire ambitieuse et moderne.
2. L'Institution nationale des Invalides affaiblie par la réforme du service militaire
Dans le cadre du protocole entre le ministère de la défense et le secrétariat d'Etat aux anciens combattants, le détachement militaire de l'INI comprenait 9 aspirants et 24 militaires de rang. L'apport du contingent militaire à l'exécution de la mission de l'INI correspondait à un réel besoin encore accru par l'âge avancé des patients accueillis et leur handicap de plus en plus lourd. En outre, l'activité du parc automobile est assurée aux 3/5 ièmes par les militaires de rang. En effet, l'INI ne dispose que deux postes budgétaires de conducteur automobile 1( * ) alors que 10 à 15 missions sont assurées quotidiennement. C'est dans ce contexte préoccupant que l'INI a appris qu'elle ne bénéficierait plus de l'aide des militaires de rang dès 1999 et non plus à partir de l'an 2000. Or, l'organisation et les moyens budgétaires fixés pour assurer cette mission en 1999 s'appuyaient sur la diminution progressive du personnel militaire jusqu'en 2000. Cette étape transitoire permettait à l'INI d'étudier les possibilités de sous-traitance sanitaire et de redéfinir ses besoins minimaux. En conséquence, l'annonce récente de la disparition totale du contingent militaire de l'INI dès cette année ne paraît pas supportable en l'état actuel. Le secrétariat d'Etat a demandé, en raison du régime particulier du protocole qui lie l'INI au ministère de la défense et de la nature de ses missions, qu'un contingent minimal de 6 militaires du rang sans spécialité soit maintenu à l'INI jusqu'en 1999. Votre rapporteur regrette cependant que la dotation affectée à l'INI n'ait pas augmenté pour tenir compte de la nécessité de remplacer le contingent militaire au service de l'INI.
3. Le premier bilan de la mission de contrôle sur l'Office national des anciens combattants
La commission des finances a chargé votre rapporteur d'une mission d'information sur l'Office national des anciens combattants. Jusqu'à présent, votre rapporteur s'est rendu deux fois à l'ONAC pour entendre le directeur, ses adjoints ainsi que certains chefs de bureau, le contrôleur financier et l'agent comptable. En outre, votre rapporteur a rencontré les directeurs des services départementaux de l'ONAC de la Marne, de la Meuse, de la Meurthe-et-Moselle, de la Moselle, des Vosges, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. Il s'est également entretenu avec les directeurs interdépartementaux de Metz et de Strasbourg et avec les préfets de Meurthe-et-Moselle et de Moselle. Enfin, il a visité les maisons de retraite de Beaurecueil et de Vence. Si votre rapporteur souhaite compléter ces visites avant de faire part de ses conclusions sur l'ONAC, un premier bilan peut dès maintenant être dressé. Tout d'abord, votre rapporteur ne peut que féliciter les différents responsables qu'il a rencontrés aussi bien au niveau central qu'au niveau local pour leur motivation et leur dynamisme, alors même que les salaires offerts et l'absence de perspective de carrière pénalisent l'ONAC. Au niveau central, votre rapporteur est conscient des difficultés générées par le manque de flexibilité du statut d'établissement public de l'ONAC. Cette rigidité se révèle être l'une des difficultés rencontrée par l'ONAC pour moderniser sa gestion, notamment en ce qui concerne les écoles de rééducation professionnelle et les maisons de retraite. Ainsi, beaucoup de difficultés pourraient être aplanies si le budget de ces dernières pouvait être individualisé. Or, le statut de l'ONAC oblige celui-ci à avoir un budget unique. Par ailleurs, votre rapporteur s'inquiète du poids des déficits liés aux maisons de retraite. Leurs recettes ne couvrent que 73 % du coût d'exploitation, alors même que celui-ci ne tient pas compte des provisions à faire pour amortir les frais d'investissement. Or, ce déficit paraît structurel et seules des mesures radicales, mais dont votre rapporteur doute qu'elles soient rapidement mises en oeuvre, pourraient modifier cet état de fait. Aussi votre rapporteur se demande-t-il s'il ne serait pas nécessaire de revoir au cas par cas l'avenir de chaque maison de retraite. En ce qui concerne les écoles de rééducation professionnelle, votre rapporteur note qu'elles aussi sont en déficit, même si ce dernier est surtout lié au décalage entre les dépenses réalisées et les recettes tirées des subventions des DDASS et des fonds européens. Toutefois, votre rapporteur, tout en soulignant la qualité du travail réalisé dans ces écoles et leur bon taux de placement, s'interroge sur la pertinence de la gestion de ces écoles par l'ONAC dans la mesure où les anciens combattants ne représentent qu'1,6 % du public qui fréquente ces écoles.
4. Une évolution des structures du secrétariat d'Etat aux anciens combattants qui reste peu transparente
Alors que le secrétaire d'Etat a annoncé une modification des structures du secrétariat d'Etat aux anciens combattants qui se traduirait par le rattachement de ce dernier au ministère de la défense et un renforcement des missions de l'ONAC, les modalités concrètes de cette réforme restent floues. Ainsi, votre rapporteur a été étonné de constater le manque d'informations dont disposent les principaux intéressés, notamment le personnel de l'ONAC et des services déconcentrés du secrétariat d'Etat aux anciens combattants. Or, les enjeux sont importants. En effet, la baisse tendancielle d'activité aussi bien du secrétariat que des services départementaux de l'ONAC liée à une diminution du nombre des anciens combattants laisse penser à certains regroupements d'activités. Pour autant, il est hors de question de remettre en cause la spécificité des anciens combattants. C'est pourquoi le secrétaire d'Etat semble vouloir privilégier les services départementaux de l'ONAC, très appréciés par le monde combattant. Pour autant, aucune information n'a été donnée sur l'avenir des directions interdépartementales du secrétariat d'Etat aux anciens combattants alors que ces dernières exercent des missions liées au droit à la réparation et au droit de reconnaissance non négligeables. Par ailleurs, les rôles respectifs du secrétariat d'Etat et du ministère de la défense dans l'exécution de tâches jusqu'à présent de la compétence exclusive du secrétariat ne sont pas clairement définis. Ainsi, votre rapporteur a noté que, contrairement aux autres années où la célébration d'événements exceptionnels (comme le cinquantième anniversaire de la victoire alliée en 1995) était financée par des crédits exceptionnels non reconductibles, les cérémonies liées au quatre-vingtième anniversaire de l'armistice de 1918 sont financées grâce à 3,8 millions de francs provenant du budget du ministère de la défense. Il se demande donc si ces sommes ont été mises à la disposition du secrétariat d'Etat aux anciens combattants ou si l'administration de la défense a géré l'affectation desdits crédits.
INTRODUCTION
Les crédits proposés pour 1999 s'élèvent à 25,48 milliards de francs, en diminution de 2,01 % par rapport à 1998. Toutefois, cette diminution doit être relativisée dans la mesure où ce budget présente la caractéristique d'être structurellement orienté à la baisse en raison de la diminution du nombre de ses ressortissants.
Avec un
montant de 19,89 milliards de francs, la dette viagère (retraites
du combattant et pensions militaires d'invalidité) représente
à elle seule 78 % du budget des anciens combattants et victimes de
guerre. Il est toutefois intéressant de noter que sa part dans le budget
tend à diminuer. En effet, le nombre des parties prenantes baisse tandis
que de nouvelles mesures en faveur des anciens combattants apparaissent.
CHAPITRE PREMIER
L'ADMINISTRATION DES ANCIENS
COMBATTANTS
I. LES SERVICES DU MINISTÈRE : DES DOTATIONS DE CRÉDITS A EXAMINER AVEC PRÉCAUTION
A. LA POURSUITE DE LA RÉDUCTION DES EFFECTIFS
En 1999,
l'ajustement des effectifs se poursuit : 161 emplois sont
supprimés. L'administration centrale gagne 15 emplois dont 28
liés au transfert d'ouvriers d'Etat des services
déconcentrés vers l'administration centrale, tandis que les
services déconcentrés perdent 176 emplois.
La politique poursuivie au niveau des services déconcentrés
insiste sur le développement d'une plus grande polyvalence tant à
l'intérieur de chaque direction interdépartementale qu'entre
elles, de façon à gérer au mieux la réduction de
l'activité et celle des effectifs. Ainsi, le secrétariat d'Etat a
décidé de saisir l'opportunité des vacances de postes de
directeur interdépartemental dans les directions
interdépartementales de Nancy, Caen et Clermont-Ferrand pour ne pas les
remplacer et opérer un "binômage" en termes d'activité avec
respectivement les directions interdépartementales de Metz, Rouen et
Limoges sous une autorité unique.
Les dépenses en personnel ne diminuent cependant que
légèrement (-0,82 %) pour s'élever à
844,86 millions de francs
, car la suppression de 161 emplois (qui
correspond à une économie de 20,83 millions de francs) est en
grande partie compensée par la revalorisation des
rémunérations publiques (+4,35 millions de francs), l'application
de l'application de l'accord salarial conclu dans la fonction publique
(revalorisation du point de la fonction publique, mesures en faveur des bas
salaires etc) et l'augmentation des dépenses de pensions et allocations
pour le personnel en retraite .
En outre, la suppression programmée du service national conduit
l'Institution nationale des invalides à créer un emploi de
praticien hospitalier chirurgien et trois emplois de technicien
paramédical. Or, la subvention accordée par l'Etat à cette
institution reste stable par rapport à l'année
précédente.
B. DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT EN PROGRESSION
Les
crédits disponibles au titre III (chapitres 34-98 et 37-61)
augmentent de 2,7 % pour s'élever à 87,8 millions de
francs. Cette hausse est toutefois peu significative. En effet, elle est
largement liée au renforcement des moyens des services
déconcentrés.
Ainsi, les mesures d'accompagnement des économies d'emplois (actions de
formation, modernisation des conditions, des méthodes et du cadre de
travail, recours à des prestataires de services extérieurs...)
monopolisent 1,875 million de francs pour les services centraux et 1
million de francs pour les services déconcentrés.
En outre, 1,3 million de francs (chapitre 37-61) est destiné
à couvrir les charges de TVA dans le cadre de l'entretien des
sépultures de guerre
. En effet, l'article 261 du code
général des impôts exonère de TVA les travaux de
construction, d'aménagement, de réparation et d'entretien des
monuments, cimetières ou sépultures commémoratifs. Si
l'application de cette règle obéit à des conditions
rigoureuses et limitatives, l'administration fiscale faisait jusqu'à
présent preuve d'indulgence et tolérait l'application de cette
exonération à des travaux d'entretien et à l'achat de
matériel. Toutefois, il a été décidé de
revenir à une application stricte de la règle, ce qui
entraînera un surcoût de dépenses en matière de TVA
pour l'entretien des nécropoles évalué à
1,3 million de francs.
Pour autant, votre rapporteur ne peut considérer l'augmentation de
crédits correspondante comme un renforcement des moyens à la
disposition du secrétariat d'Etat aux anciens combattants puisque cet
argent sera aussitôt reversé dans les caisses de l'Etat...
En revanche, votre rapporteur se félicite que 750.000 francs aient
été débloqués en faveur de l'informatisation des
fichiers des Morts pour la France. Cette mesure constituait l'une des
propositions du rapport d'information " Le défi de la
mémoire ". Votre rapporteur tient toutefois à rappeler que
le coût de l'informatisation de l'ensemble des fichiers est
évalué à 30 millions de francs.
II. LES ÉTABLISSEMENTS SOUS TUTELLE : UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE DES CONCOURS À L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS ET À L'INSTITUTION NATIONALE DES INVALIDES
Le secrétaire d'Etat aux anciens combattants verse des subventions de fonctionnement à ces deux établissements publics nationaux, qui relaient son action sanitaire et sociale.
A. L'INSTITUTION NATIONALE DES INVALIDES
1. Les missions de l'Institution
L'INI
est un établissement public de l'Etat à caractère
administratif chargé de la gestion de deux centres d'accueil :
-
un centre de pensionnaires,
résidents permanents, qui peut
accueillir 99 personnes, bénéficiaires de l'article L.115 du code
des pensions d'invalidité, c'est-à-dire ayant une
invalidité définitive supérieure ou égale à
85 % et âgées de plus de 50 ans, ou, quel que soit leur âge,
ceux dont le taux d'invalidité est supérieur à 100 % ;
-
un centre médico-chirurgical
qui comprend des services de
chirurgie et de rééducation, une pharmacie, un laboratoire
d'analyse, avec une capacité d'accueil de 94 lits au total.
L'INI dispose d'un budget et d'un patrimoine propres, son système
comptable étant celui d'un établissement public
hospitalier.
2. Les crédits affectés à l'Institution Nationale des Invalides
Les
crédits à la disposition de l'Institution Nationale des
Invalides
sont stables par rapport à 1998 et
s'élèvent à 42,90 millions de francs. Or, l'INI doit tenir
compte des conséquences de la réforme du service national qui
affecte son fonctionnement.
En effet, dans le cadre du protocole entre le ministère de la
défense et le secrétariat d'Etat aux anciens combattants, le
détachement militaire de l'INI comprenait 9 aspirants (dont 6
médecins, 1 chirurgien dentiste et 2 pharmaciens chimistes), 24
militaires de rang dont 6 spécialisés (infirmier, aide soignant,
masseur-kinésithérapeute, manipulateur en radiologie,
prothésiste dentaire et psychomotricien) et 18 sans
spécialité qui étaient affectés au service direct
des pensionnaires. Ces derniers effectuaient un travail important dans les
services que ne peuvent assurer les agents titulaires de l'INI. Ainsi, le
transfert, les déplacements et les accompagnements des pensionnaires et
blessés dans leur vie quotidienne sont en majorité assurés
par les militaires du contingent.
L'apport du contingent militaire à l'exécution de la mission de
l'INI correspondait à un réel besoin encore accru par
l'âge avancé des patients accueillis et leur handicap de plus en
plus lourd. Jusqu'à la fin de l'année 1997, ces médecins
ou pharmaciens ont complété l'équipe médicale de
l'INI et assuré pour une grande partie la permanence médicale
(gardes en dehors, des heures de service, week-ends et jours
fériés).
Le remplacement du contingent militaire a donc des répercussions
importantes sur le fonctionnement de l'Institution nationale des invalides. Le
remplacement du contingent militaire a été planifié selon
un échéancier tenant compte de la disparition
échelonnée de cette ressource et de la satisfaction des besoins
les plus urgents des services médicaux.
Le remplacement des 9 médecins et pharmaciens aspirants a
été organisé, outre les redéploiements internes, de
la manière suivante :
- trois postes étaient créés par le budget 1998:
un assistant généraliste, un médecin résident et
un praticien hospitalier odontologiste ;
- le projet de budget 1999 prévoit la transformation d'un emploi
d'interne en un emploi d'assistant généraliste, l'ouverture d'un
deuxième emploi d'assistant généraliste et la
transformation d'un emploi de médecin chef en un emploi de praticien
hospitalier.
Le remplacement des 24 militaires du rang a été planifié
de la sorte :
- les six militaires spécialisés seront remplacés par
la création de trois emplois de techniciens paramédicaux au titre
du budget de 1999 ;
- s'agissant des 18 militaires non spécialisés, la
stratégie de remplacement s'appuie, en partie, sur le programme de
contrat emploi jeunes dans le cadre de l'accompagnement des personnes
âgées dépendantes. Ainsi, 8 emplois ont été
ouverts au titre de l'année 1998 et 4 emplois supplémentaires
sont prévus pour 1999.
Les 6 militaires restants sont, quant à eux, plus
particulièrement attachés à l'activité de transport
des personnes âgées dépendantes (pensionnaires) et
hospitalisés grands invalides dans tous leurs déplacements
quotidiens et aux transferts sanitaires (accompagnement). Il convient de noter
que l'activité du parc automobile est assurée aux 3/5èmes
par les militaires du rang. Les conditions de leur remplacement constituent un
des points cruciaux à traiter avec le départ du contingent de
l'INI.
A cet égard, votre rapporteur tient à rappeler que
l'Institution ne dispose que de 2 postes budgétaires de conducteurs
automobile qui sont tous les deux vacants. Or , le secrétariat d'Etat
aux anciens combattants a annoncé que ces postes ne seront pas
occupés tant que la réforme du secrétariat d'Etat ne sera
pas entrée en vigueur.
C'est dans ce contexte préoccupant que l'Institution a appris
fortuitement qu'elle ne disposerait plus de militaires de rang dès 1999
et non plus à partir de l'an 2000, alors même que l'organisation
et les moyens budgétaires fixés pour assurer sa mission en 1999
s'appuyaient sur la diminution progressive du personnel militaire jusqu'en
2000. Cette étape transitoire devait permettre à l'INI
d'étudier les possibilités de sous-traitance sanitaire et de
redéfinir ses besoins minimaux.
L'annonce récente de la disparition totale du contingent militaire de
l'INI dès cette année ne paraissant pas supportable en
l'état actuel, le secrétaire d'Etat a demandé, en raison
du régime particulier du protocole qui lie l'INI au ministère de
la défense et de la nature de ses missions, qu'un contingent minimal de
6 militaires du rang sans spécialité soit maintenu à l'INI
jusqu'en 1999.
Votre rapporteur regrette cependant que la dotation affectée à
l'INI n'ait pas augmenté pour tenir compte de la nécessité
de remplacer le contingent militaire au service de l'INI.
3. Les problèmes rencontrés par l'INI
Outre le
remplacement des militaires du contingents, l'Institution doit affronter deux
difficultés structurelles :
l'adaptation des tarifs aux
coûts réels des prestations et le financement des travaux de mise
aux normes de sécurité auquel le secrétariat aux anciens
combattants doit participer.
l'adaptation des tarifs aux coûts réels des prestations
L'office national des anciens combattants
Outre la subvention allouée par le secrétariat d'Etat aux
anciens combattants, l'INI dispose des recettes liées à
l'activité des centres de pensionnaires et médico-chirurgical.
En ce qui concerne le centre de pensionnaires
, L'INI reçoit pour
les pensionnaires relevant de l'article L.115 du code des pensions militaires
d'invalidité un forfait soin du secrétariat des anciens
combattants de 474 francs par jour. En outre, les pensionnaires versent
une redevance dont le montant varie selon leurs revenus mais qui ne peut
dépasser 30 % de leurs revenus. Celle-ci est comprise entre 57 et
555 francs par jour.
En ce qui concerne le centre médico-chirurgical
, l'INI
reçoit un prix de journée pour les ressortissants qui est
payé soit par les directions interdépartementales des anciens
combattants pour les ayant droit hospitalisés, soit par le centre de
paiement des armées pour les militaires hospitalisés, soit encore
par le régime général de la sécurité sociale.
Jusqu'en 1997, le prix de journée a été
régulièrement augmenté afin de rattraper l'écart
existant entre le prix de journée et le coût réel
d'exploitation. Toutefois, en 1997, la caisse régionale d'Ile-de-France
a rejeté le tarif proposé en se fondant sur l'ordonnance 96-346
du 24 avril 1996 portant réforme de l'hospitalisation publique et
privée. En effet, selon l'article 58, "
les
modalités des relations entre les organismes d'assurance maladie et le
service de santé des armées ainsi que l'Institution nationale des
invalides, en ce qui concerne la prise en charge des soins qu'ils dispensent,
sont définies par voie réglementaire.
" Dans la mesure
où aucun texte n'avait défini lesdites modalités, la
caisse régionale d'Ile-de-France a estimé que le tarif des prix
de journée devait être fixé en appliquant le taux directeur
national, soit 2,2 % en 1998.
Pour l'établissement du budget de 1999, L'INI doit tenir compte de
plusieurs contraintes. D'une part, elle doit trouver des ressources
supplémentaires pour financer l'augmentation de ses dépenses en
personnel, d'autre part, le service de chirurgie va voir son activité
diminuer suite à une restructuration du service. Le budget doit
également permettre d'effectuer certaines provisions visant à
couvrir le coût des travaux de rénovation engagé dans le
cadre du projet d'établissement 1998-2002. Enfin, il est indispensable
de caler le prix de journée sur le coût réel
résultant de la comptabilité analytique. L'exemple du service de
chirurgie est révélateur. En 1998, il est fixé par le prix
de journée à 2.840 francs, alors que le coût
réel est de 3.955 francs.
Lors du conseil d'administration qui se tiendra le 30 novembre prochain,
l'Institution va donc proposer de fixer le prix de journée en se basant
sur le coût des prestations résultant de la comptabilité
analytique et en prenant en compte le taux directeur national. Il semblerait
que le secrétariat d'Etat aux anciens combattants et le centre de
paiement des armées soient disposés à accepter les
propositions de l'INI. En revanche, la Caisse régionale d'Ile-de-France
risque d'être en désaccord et de s'en tenir au taux directeur
national.
Votre rapporteur plaide pour une prise en compte totale du coût
réel des prestations de l'INI, condition sine qua non d'une gestion
équilibrée. Par ailleurs, il insiste sur la
nécessité de fixer rapidement les modalités des relations
entre les organismes d'assurance maladie et l'INI et regrette le retard pris
par cette dernière pour l'élaboration d'un document.
le financement des travaux de mise aux normes de sécurité
auquel le secrétariat aux anciens combattants doit participer
L'institution nationale des invalides doit accomplir toute une série de
travaux de rénovation dont le coût est aggravé par le
classement du bâtiment aux monuments historiques.
Suite à une recommandation de la Cour des comptes, l'INI a
établi une programmation pluriannuelle de ses investissements. En 1998,
une provision de 13,3 millions de francs a été
constituées pour " charges à répartir sur plusieurs
exercices " qui ne prend en compte que les opérations dont la
réalisation est une priorité pour l'Institution. Il s'agit
de :
- la protection contre l'incendie (4,1 millions de francs, bien que
l'opération globale est estimée à 10 millions de
francs) ;
- la restructuration d'un bloc opératoire (2,9 millions de
francs) ;
- la réfection complète de la climatisation (1,7 millions
de francs) ;
- la restructuration du bloc restauration (4,6 millions de francs).
L'institution évalue à plus de 30 millions de francs les
investissements à réaliser pour adapter l'établissement
aux normes de sécurité actuelles.
Cette année, le budget du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants accorde 3,5 millions de francs en crédits de paiement
pour l'INI afin de participer à ce plan de restructuration.
Votre rapporteur demande au secrétaire d'Etat de s'engager à
maintenir sa participation financière afin que l'ensemble des travaux
prévus soient réalisés.
A. L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS
1. Les missions de l'Office exercées pour le compte du ministère des anciens combattants
L'Office
national des anciens combattants (ONAC), dont la création remonte
à une loi du 27 juillet 1917, est un établissement public
à caractère administratif dont la mission est
"de veiller en
toutes circonstances sur les intérêts matériels et moraux
de ses ressortissants".
Les services départementaux de l'ONAC permettent d'offrir aux
anciens combattants un service de proximité que les directions
interdépartementales du ministère, par définition, ne
peuvent pas assurer.
Cette complémentarité entre le ministère et l'Office est
illustrée par les missions que le second exerce pour le compte du
premier : instruction au niveau départemental des demandes de cartes et
titres, secrétariat des commissions départementales pour
l'information historique et la paix, accueil et conseil des
bénéficiaires du fonds de solidarité pour les anciens
combattants d'Afrique du Nord en situation de chômage de longue
durée.
2. Les missions qui lui sont propres
- l'assistance administrative : aide et conseils à ses
ressortissants pour des démarches de toute nature relevant aussi bien de
la législation spécifique aux anciens combattants que de la
législation de droit commun (logement, fiscalité, famille...) ;
- les relations publiques au profit des associations d'anciens
combattants : participation aux congrès et à toutes les
manifestations commémoratives publiques et privées.
- l'action sociale individuelle ou collective : prêts et secours
d'urgence à ses ressortissants, protection des pupilles de la
Nation.
3. La gestion des centres de rééducation professionnelle
L'ONAC
est responsable de 10 écoles de rééducation
professionnelle qui accueillent 2.076 stagiaires.
Les stagiaires se répartissent par catégorie de prises en charge
de la façon suivante :
Stagiaires à leurs frais et divers |
|
Sécurité sociale |
Régime Agricole |
Aide Sociale |
|
Ministère des Rapatriés |
1,4 % |
1,6 % |
84,5 % |
1,5 % |
0,0 % |
0,0 % |
11,2 % |
Depuis
1988, à la demande des pouvoirs publics, les écoles de
rééducation professionnelle de l'ONAC développent un
programme d'accueil et de formation des filles et fils de Français
musulmans rapatriés.
Une septième convention ONAC/délégation aux
rapatriés/ministère du travail et de la formation
professionnelle, en date du 6 mai 1997, prévoit la formation de
120 enfants supplémentaires de Français musulmans
rapatriés d'ici juin 1999. La délégation aux
rapatriés prend en charge le coût de ces formations à
hauteur de 80 % du prix de journée mois/stagiaire forfaitisé. Sa
participation financière s'est élevée à 9.986.493 F
en 1996 et 11.020.748 F en 1997. Le Ministère du travail garantit,
pour sa part, la
rémunération des stagiaires au titre de la
formation professionnelle.
Les écoles de l'Office proposent un large éventail de formations
autour de cinq secteurs principaux d'activité :
- industrie,
- BTP,
- commerce, distribution, services,
- artisanat,
- secteur agricole.
Le dispositif de formation par filières permet à chacun des
stagiaires, selon ses possibilités, de préparer un CAP, un BEP,
un baccalauréat professionnel ou même un BTS pendant la
durée de sa formation.
La formation choisie se déroule sur
deux ans
; elle est
précédée, si besoin, d'une préformation de 3 ou 6
mois (cette préformation est destinée à la remise à
niveau de certains stagiaires, ou encore à préciser l'orientation
choisie). La formation de base est sanctionnée par un diplôme de
l'Éducation nationale.
Pour satisfaire au mieux l'objectif de retour à l'emploi, l'insertion
professionnelle repose sur la formation en alternance. Pour rechercher la
meilleure adéquation entre les formations envisagées et les
besoins réels des entreprises, une politique de l'offre et de la demande
est mise en place entre chaque école de rééducation
professionnelle et son milieu économiques. Ces relations étroites
permettent de compléter et d'adapter les formations et de faciliter
l'accès des stagiaires à une réelle insertion
professionnelle.
A cet égard, votre rapporteur tient à souligner les
très bon résultats de placement de stagiaires obtenus par les
écoles.
Quelle que soit la forme du contrat et toutes
spécialités confondues, le taux de placement est de 64,4 %
en mars 1998. Ces résultats sont en nette amélioration sur
moyenne période du fait d'une part d'une meilleure situation
économique générale et d'autre part des résultats
des actions de sensibilisation des stagiaires à la dynamique de
recherche d'emploi.
Votre rapporteur souhaite cependant faire quelques remarques sur les
écoles de rééducation professionnelle.
D'abord, il s'inquiète des déficits chroniques d'exploitation
des écoles.
En 1997, le déficit d'exploitation s'élevait à
21,42 millions de francs, soit un montant équivalent à celui
enregistré en 1996.
Certes, les principes comptables de l'ONAC divergent de ceux des
établissements placés sous la tutelle de la direction des
affaires sanitaires et sociales, en conséquence, des difficultés
apparaissent dans la gestion des écoles de rééducation
professionnelle sur les plans budgétaires et comptables.
Ainsi, les directions départementales examinent les projets de budget
des écoles en tenant compte des résultats financiers des
exercices antérieurs et elles fixent les prix de journée de
chaque établissement à la fin du premier trimestre de l'exercice
considéré, soit presque six mois après la prévision
budgétaire du budget national. De même, les investissements ne
font pas l'objet des mêmes formes d'amortissement.
Toutefois, votre rapporteur a pu constater que les problèmes liés
au financement des écoles dépassaient les difficultés
liées au décalage du versement de la participation des DDASS et
résultaient, notamment dans le domaine de l'investissement, de
l'existence d'un rapport de force entre d'une part l'ONAC qui souhaite la
participation financière des DDASS mais veut rester maître de la
politique d'investissement menées au sein des écoles et d'autre
part les DDASS qui refusent de participer de manière plus
conséquente sans disposer d'un plus grand pouvoir de codécision.
Par ailleurs, les versements des contributions du Fonds social européen
sont très décalés. Ainsi, pour l'année 1996, l'ONAC
devait percevoir 48.849.850 francs du Fonds. Les crédits ont
été versés selon l'échéancier
ci-dessous :
- 1
er
versement de 23.479.587 francs effectué au 2/7/96
- 2
ème
versement de 12.067.398 francs effectué au
11/2/97
- solde de 12.311.379 francs effectué au 29/9/97.
En outre, une grande partie des sommes provenant du Fonds social
européen depuis 1995 ont été versées
indûment. Or, les écoles ont intégré ces sommes dans
leur budget, ce qui a permis aux DDASS de réduire d'autant leur
participation. Si ces sommes devaient être remboursées, les
écoles non seulement n'auront pas bénéficié de
l'aide financière du Fonds social européen, mais auront
été privées de la participation des DDASS.
Ensuite, votre rapporteur s'interroge sur la pertinence du maintien des
écoles de rééducation professionnelle parmi les
compétences de l'ONAC.
En effet, si ce dispositif était
justifié lorsque les stagiaires des écoles étaient
principalement des anciens combattants, avec 1,6 % de stagiaires pris en
charge par l'ONAC, on peut affirmer sans soulever de controverses que ces
écoles ont perdu leur spécificité.
Il s'interroge également sur les perspectives de ces écoles dans
le cadre de la réforme du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants et de l'intégration de ce dernier au ministère de la
défense. Il est favorable à l'ouverture des écoles aux
personnels du ministère de la défense. En effet, ce dernier aura
à reconvertir un nombre important de militaires, notamment du fait de la
professionnalisation des armées et pourrait bénéficier du
savoir faire des écoles. Quant à ces dernières, elles
pourraient compter sur un taux garanti d'occupation. A titre
expérimental, 7 militaires ont bénéficié en 1997
d'une formation assurée par les écoles de
rééducation professionnelle de Lyon, Metz et Rennes.
Toutefois, votre rapporteur estime que l'obligation faite aux écoles
de procurer un emploi dans le civil à la fin de la formation risque de
constituer un obstacle pour une coopération plus étendue.
4. L'administration de 15 maisons de retraite par l'ONAC
Dans sa
gestion des maisons de retraite, l'ONAC est confronté à trois
défis :
- la rénovation des bâtiments,
- l'obtention des agréments pour les sections de cure médicale,
- le fléchissement préoccupant du taux d'occupation.
•
La rénovation en profondeur des maisons de
retraite de l'ONAC exige trois sortes d'actions qui varient selon l'état
des bâtiments :
- la mise en conformité aux normes de sécurité,
d'hygiène et d'accessibilité ;
- des travaux "simples" à réaliser pour faciliter à
moindre coût le fonctionnement normal de chaque maison tels que
l'installation d'un ascenseur, de sanitaires modernes ou encore des travaux
d'assainissement et d'amélioration du confort ;
- des travaux "lourds" destinés à satisfaire la demande en
matière d'accueil : il s'agit de la création de SAPA (service
d'aide aux personnes âgées) ou de section de cure médicale
là où elles n'existent pas, soit par transformation des locaux
existants, soit par construction de bâtiments neufs ou par extension de
locaux déjà construits.
400 millions de francs sont nécessaires pour satisfaire l'ensemble de
ces besoins dont 60 millions de francs pour résoudre les
problèmes immédiats d'hygiène et de
sécurité.
Or, le recours à l'emprunt n'étant pas autorisé, l'ONAC ne
dispose que de trois sources de financement : l'autofinancement, l'apport
de l'Etat et le partenariat avec les associations d'anciens combattants et
victimes de guerre.
En 1996, l'Etat avait conclu avec l'ONAC un plan triennal de
réhabilitation. L'Office avait obtenu l'inscription au budget de 1996
d'une autorisation de programme et des crédits de paiement correspondant
pour un montant de 18 millions de francs, ramenés à
13,5 millions de francs dans le cadre des économies imposées
par l'Etat. Au budget de 1998, un montant de 10 millions de francs
d'autorisation de programme a complété cet apport et une nouvelle
somme de 6,5 millions de francs est inscrite au budget 1999 dans ce
même objectif.
•
L'ONAC doit aussi régler le problème de
l'agrément pour le forfait soin de ses établissements.
Les agréments pour les sections de cure médicale relèvent
des enveloppes médico-sociales gérées par les DDASS. Ils
impliquent des contreparties en matière de personnel de soins, d'espace
et de commodités. Engager une procédure
généralisée d'agrément auprès des
Préfets implique en outre d'avoir une connaissance précise des
coûts et des charges. Tant que le budget de l'ONAC permettait à ce
dernier de financer seul les maisons de retraites, l'ONAC ne s'est pas
intéressé aux contributions financières qu'il pouvait
obtenir auprès des DDASS et n'a pas engagé une politique forte de
demande d'agrément pour les sections de cure médicale. La
situation financière de l'ONAC se dégradant, ce dernier s'est
alors soucié d'obtenir lesdits agréments. Mais cette
préoccupation intervient à un moment où les DDASS sont
très réticentes à octroyer de nouveaux agréments.
En outre, la situation paraît bloquée tant que toutes les
modalités relatives à la mise en place de la prestation
spécifique dépendance ne seront pas réglées.
Certaines améliorations ont été engagées par l'ONAC.
Ainsi, à compter de l'exercice 1996, tous les budgets des quinze maisons
de retraite ont été individualisés.
En outre, la qualification des personnels a été accrue à
travers la résorption des agents de main d'oeuvre exceptionnelle
(150 vacataires précaires sans statut), un souci d'encadrement du
personnel soignant et enfin, un effort soutenu pour la formation
professionnelle.
Toutefois, de nombreuses mesures restent à prendre.
Les budgets individualisés devront, à l'avenir, être
conçus par service et par section d'hébergement de façon
à chiffrer le coût de chaque prestation : hébergement,
restauration, soins, animation et prévention de la dépendance.
Pour cela la redéfinition d'une nomenclature analytique s'avère
indispensable.
De même, la qualification des agents reste insuffisante et un
redéploiement interne au profit des personnels soignants s'avère
nécessaire.
•
Or, l'obtention de l'agrément pour le forfait
soins conditionne la poursuite par l'ONAC de l'action sociale qu'il dispense,
au travers de ses maisons de retraite, auprès de ses ressortissants les
plus âgés
. En effet, si la tarification actuelle continue de
se situer, compte tenu de l'environnement de chaque établissement, dans
une bonne moyenne, il n'en reste pas moins que le handicap des sections
médicalisées (SAPA), dont le fonctionnement n'est pas pris en
charge par les forfaits soins de la sécurité sociale, constitue
un obstacle à l'accueil de ressortissants susceptibles d'acquitter le
prix de journée par leurs moyens propres.
En effet, en 1997, 78,6 % des résidants acquittaient, de
manière propre ou indirecte, l'intégralité du prix de
journée. Or, celui-ci varie, pour l'hébergement traditionnel, de
225 francs à Anse à 400 francs à Boulogne et,
pour l'hébergement SAPA, de 350 francs à Barbazan à
525 francs à Boulogne.
En conséquence, on comprend que les maisons de retraite n'arrivent pas
à un taux d'occupation de 100 %.
Ainsi, pour 1997, le taux moyen d'occupation des maisons de retraites de
l'ONAC s'établit à 85 %, niveau identique à celui de
1996, étant observé que l'écart entre établissement
varie de 100 % à Anse et Vence à 62 % pour Beaurecueil.
Par ailleurs, les recettes des maisons de retraite ne couvrent que 73 %
des coûts d'exploitation, sans que soit prise en compte la part
correspondant à l'amortissement des investissements
réalisés pour chaque établissement.
Votre rapporteur estime donc urgent de lancer une réflexion sur le
devenir des maisons de retraite de l'ONAC qui doit à la fois tenir
compte de l'attachement du monde combattant à ces maisons et de la
situation financière de chacune.
En effet, il serait trompeur de
laisser croire aux anciens combattants que les 400 millions nécessaires
pour la seule rénovation des maisons de retraites seront
débloqués. Il s'agit donc d'assurer aux anciens combattants un
hébergement adapté à leur situation (mobilité
réduite, hébergement en section médicalisée) sans
exclure que cet hébergement ne dépende pas forcément de
l'ONAC.
5. Les crédits affectés à l'ONAC
La
subvention de fonctionnement à l'ONAC
augmente de 3,14 % et
atteint 228,89 millions de francs en 1999. A l'intérieur des
6,9 millions de francs supplémentaires accordés à
l'ONAC, 3 millions de francs sont destinés à la
création d'un "emploi mémoire" dans chaque service
départemental de l'ONAC.
Ces 3 millions de francs devraient être répartis de la
manière suivante :
- 2 millions de francs seraient consacrés aux dépenses de
fonctionnement engendrées par l'embauche d'un emploi mémoire
(aménagement d'un local, matériel informatique...)
- 1 million de francs devrait servir à la rémunération de
ces emplois mémoire.
En définitive, l'ONAC évalue à 2,3 millions de francs
le coût de sa participation à la création de ces emplois.
L'ONAC reçoit par ailleurs
deux subventions
complémentaires
de la part du secrétariat aux anciens
combattants :
- la première (chapitre 46-51) est affectée à ses
dépenses sociales : d'un montant de 46,71 millions de francs, elle
augmente de 11,99 % par rapport à 1998 et revient ainsi à
son niveau de 1997;
- la seconde (chapitre 57-91) est destinée à financer la remise
aux normes de sécurité des maisons de retraite relevant de
l'Office. 6,5 millions de francs en crédits de paiement sont mis
à sa disposition pour 1999 (et 3,5 millions de francs pour l'INI).
A cet égard, votre rapporteur regrette que le budget des anciens
combattants ne dispose pas d'un titre VI
(subventions d'investissement) qui
permettrait à l'ONAC et à l'INI de gérer les
crédits destinés aux travaux de rénovation et d'entretien
de leurs bâtiments (Hôtel des Invalides, maisons de retraite,
écoles de rééducation professionnelle...). La
procédure en serait allégée et les délais
raccourcis. Votre rapporteur tient, à cet égard, à
rappeler que cette mesure avait été proposée par la Cour
des Comptes dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour
1997.
Ces deux établissements publics disposent également de ressources
propres, qui constituent une part de plus en plus significative de leurs
budgets du fait du désengagement progressif de l'Etat. Les subventions
budgétaires représentent un peu moins de la moitié du
budget de l'ONAC et 30 % du budget de l'INI.
CHAPITRE II
LES INTERVENTIONS DU
MINISTÈRE
I. L'ACTION SANITAIRE ET SOCIALE
A. LES CENTRES D'APPAREILLAGE
Le
Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre dispose de 18
centres régionaux d'appareillage en métropole et de 116 centres
rattachés, placés sous l'autorité des Chefs des Services
Interdépartementaux et des Directeurs Régionaux et de 2 centres
en Afrique du Nord.
Ces centres interviennent dans les procédures administratives et
médico-techniques par lesquelles s'effectue l'appareillage des
ressortissants du Code des Pensions Militaires d'Invalidité et des
Victimes de Guerre, mais ils assurent également le suivi des
opérations d'appareillage conduites au profit des
bénéficiaires des différents régimes de protection
sociale.
En fait, l'action des centres en faveur des handicapés civils
représente l'essentiel de leur activité : 85,2 % des
consultations et 71,2 % des appareils distribués ou
réparés en 1997.
En 1997, le nombre des consultations médicales d'appareillage s'est
élevé à 52.621 (chiffre en baisse de 2,23 % par
rapport à 1996), dont 7.709 au profit des ressortissants du code des
pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre (chiffre en
baisse de 5,25 % par rapport à 1996) et 44.815 au profit des
ressortissants des autres régimes (chiffre en baisse de 1,91 % par
rapport à 1996).
Le nombre des appareils attribués, y compris les accessoires de
prothèse et d'orthopédie, et réparés s'est
élevé à 166.572, soit une diminution de 17,6 % par
rapport à 1996. Ce chiffre doit cependant être relativisé
dans la mesure où une modification est intervenue dans le mode de calcul
des attributions de chaussures orthopédiques (arrêté du 17
juillet 1996), qui sont désormais comptabilisées en paire et non
plus à l'unité.
Pourtant, malgré la diminution du nombre des parties prenantes, les
crédits affectés à l'appareillage des mutilés
(chapitre 46-28) sont stables par rapport à l'année
dernière et s'élèvent à 61 millions de francs.
A cet égard, votre rapporteur rappelle que la Cour des Comptes, dans
son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1997, insistait
sur la nécessité de revoir les conditions de fonctionnement des
centres d'appareillage. Votre rapporteur a soulevé cette question
auprès du Secrétariat d'Etat aux anciens combattants, mais la
réponse qui lui a été faite est trop vague pour être
satisfaisante. Lors de l'examen des crédits du budget des anciens
combattants en séance publique, votre rapporteur demandera donc des
explications précises au secrétaire d'Etat sur les causes de la
stabilité des crédits d'appareillage et sur le devenir des
centres dans le cadre de la réforme du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants.
B. LES SOINS MEDICAUX GRATUITS
Le code
des pensions militaires d'invalidité prévoit que l'Etat doit
gratuitement, aux titulaires d'une pension militaire d'invalidité, les
prestations médicales, paramédicales, chirurgicales et
pharmaceutiques nécessaires pour les infirmités qui donnent lieu
à pension, en ce qui concerne exclusivement les accidents et
complications résultant de la blessure ou de la maladie qui ouvre droit
à pension.
Certains frais fixes tels que les frais de transport exposés par les
pensionnés pour les hospitalisations en rapport avec les
infirmités pensionnées, sont, sous certaines conditions, à
la charge de l'Etat.
Les bénéficiaires des soins médicaux gratuits sont
dotés par les directions interdépartementales de leur ressort
d'un carnet de soins gratuits qui leur donne la faculté :
- de choisir librement médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes
ou auxiliaires médicaux ;
- d'être soignés dans les hôpitaux militaires ou
établissements de soins publics, ainsi que dans les hôpitaux
agréés par le ministère chargé des anciens
combattants et victimes de guerre ;
- d'être admis, si leur pathologie ouvrant droit à pension le
nécessite, à suivre les cures thermales dans les
établissements thermaux agréés par le régime
général de la sécurité sociale.
Certains actes ne peuvent être pris en charge au titre de
l'article L.115 que s'ils ont fait l'objet de la part du pensionné
d'une demande préalable de prise en charge. Il en est ainsi par exemple,
des hospitalisations, sauf en cas d'urgence, des actes de
kinésithérapie et des cures thermales.
L'instruction administrative et médicale des demandes préalables
de prise en charge est effectuée au sein des directions
interdépartementales pour la Métropole, des services de l'Office
national des anciens combattants et victimes de guerre pour les DOM-TOM et dans
les consulats de France pour les ressortissants résidant à
l'étranger. La décision administrative est prise
nécessairement sur avis motivé d'un médecin
contrôleur des soins gratuits attaché à l'un de ces
services.
Les actes non soumis à entente préalable sont essentiellement les
consultations et visites des médecins et la délivrance de
prescriptions pharmaceutiques. Ces actes sont pris en charge a posteriori par
l'Etat, sur le budget du ministère chargé des anciens combattants
et victimes de guerre, à condition qu'ils aient été
reconnus, par la direction interdépartementale compétente,
nécessaires au traitement des infirmités ayant ouvert droit
à pension.
A cet effet, les médecins et pharmaciens envoient à la direction
interdépartementales les feuillets des carnets de soins gratuits qu'ils
ont détachés de ceux-ci après la réalisation de
leurs prestations, pour paiement. Celle-ci, après vérification
administrative et contrôle médical, procède au mandatement
des sommes dues.
Le coût financier de ce dispositif financé sur le budget des
anciens combattants s'élève à 906 millions de francs
en 1999, soit une diminution de 4,1 % par rapport à 1998.
C. LES INTERVENTIONS SOCIALES
Les
crédits demandés au titre des prestations sociales au profit des
pensionnés de guerre (chapitre 46-24) diminuent de 9,3 % et
s'élèvent à 1,319 milliard de francs. Cette
diminution des crédits est à rapprocher avec la diminution du
nombre des bénéficiaires qui s'élevaient à 33.900
au 31 décembre 1996 (dont 14.000 invalides et
19.500 ayants cause) et à 31.400 au 31 décembre 1997,
soit une diminution de 7,4 % avec 13.400 invalides et 18.000 ayants
cause.
Il est rappelé que ce régime de protection sociale propre aux
invalides de guerre, institué par une loi du 29 juillet 1950, offre une
couverture subsidiaire aux pensionnés qui n'ont pas déjà
par ailleurs la qualité d'assuré social.
S'agissant des dépenses légalement obligatoires, les
crédits correspondants ont un caractère provisionnel.
Les crédits consacrés au remboursement des frais de voyage des
familles qui se rendent sur les tombes des ressortissants
bénéficiant de la sépulture perpétuelle aux frais
de l'Etat sont simplement reconduits à leur niveau de 1998, soit
1,3 millions de francs, tandis que les dépenses relatives aux
réductions de tarifs de transport diminuent de 2,2 % pour
s'élever à 58,6 millions de francs.
Les crédits du chapitre 46-31 (indemnités et pécules) sont
également stables pour 1999 à 300.000 francs.
II. L'ACTION EN FAVEUR DES ANCIENS COMBATTANTS D'AFRIQUE DU NORD
A. LES CRÉDITS INITIAUX
La
dotation du Fonds de solidarité pour les anciens combattants de
l'ex-Indochine française et d'Afrique du Nord diminue de 1,08 %
pour s'élever à 1,54 milliard de francs. Cette
légère baisse s'explique par la non reconduction des
25 millions de francs non renouvelables destinés à financer
les mesures nouvelles du budget de 1998.
Toutefois, cette diminution est en partie compensée par l'affection de
20 millions de francs au Fonds de solidarité pour financer
l'aménagement des conditions d'attribution de l'allocation de
remplacement pour l'emploi (ARPE) au bénéfice des salariés
anciens combattants.
Le Fonds de solidarité se compose de deux allocations non
cumulables :
-
l'allocation différentielle
qui constitue un
complément de ressources spécifique. L'allocation
différentielle a engagé depuis 1997 un mouvement significatif de
décrue sous l'effet conjugué des départs en retraite et de
la montée en charge de l'allocation de préparation à la
retraite. Le nombre de bénéficiaires devrait s'établir
à 22.500 en fin d'exercice pour 1998. Le montant moyen de l'aide
s'élève à 1.973 francs ;
- l'allocation de préparation à la retraite
qui
constitue un revenu servi à titre principal. Après une mise en
route difficile, les mesures prises ces dernières années ont
permis de lever les blocages initiaux et le nombre de
bénéficiaires a augmenté rapidement (+2.400 en 1996 ;
+6.500 en 1997). Le nombre de bénéficiaires devrait atteindre
13.000 fin 1998.
B. LES DEUX MESURES NOUVELLES ADOPTÉES À L'ASSEMBLÉE NATIONALE
1. L'élargissement des conditions d'attribution de la carte d'ancien combattant en faveur des anciens d'AFN
En
1998, suite à un amendement déposé par le groupe
socialiste et accepté par le gouvernement, les conditions d'attribution
de la carte d'ancien combattant avaient déjà été
assouplies puisqu'une présence de dix-huit mois en Algérie avait
été considérée comme pouvant remplacer la condition
de participation aux actions de feu et de combat.
Pour l'année 1999, il est proposé de réduire le temps de
présence nécessaire à quinze mois. En outre, le
secrétaire d'Etat s'est engagé à prendre en compte le
temps passé au Maroc et en Tunisie. 2 millions de francs
supplémentaires ont été affectés au chapitre 46-21
afin de financer cette mesure.
Votre rapporteur se félicite de cette mesure qui rétablit
l'égalité entre tous les combattants d'Afrique du Nord. A cet
égard , il rappelle qu'il avait plaidé dans son rapport de
l'année précédente pour la prise en considération
des hommes stationnés en Tunisie ou au Maroc qui traversaient
régulièrement la frontière pour se rendre en
Algérie et couraient autant de risques que les hommes présents en
Algérie.
2. L'assouplissement des modalités d'octroi de l'allocation de préparation à la retraite
Jusqu'à présent, les anciens combattants chômeurs ne pouvaient demander à bénéficier de l'allocation de préparation à la retraite qu'après avoir bénéficier pendant six mois consécutifs de l'allocation différentielle. Désormais, ils pourront prétendre immédiatement au bénéfice de l'allocation de préparation à la retraite dès lors qu'ils justifient d'une durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres. 20 millions de francs supplémentaires ont été inscrits au chapitre 46-10 pour financer cette mesure.
III. LA RENTE MUTUALISTE
En
application de l'article L.321-9 du code de la mutualité, les anciens
combattants désireux de se constituer une rente mutualiste
bénéficient, en plus de la majoration légale
attachée à toute rente viagère, d'une majoration
spéciale de l'Etat égale, en règle générale,
à 25 % du montant de la rente résultant des versements
personnels de l'intéressé. Le total formé par la rente et
la majoration spéciale de l'Etat est limité à un plafond
fixé en valeur absolue, dit " plafond majorable ".
En 1998, l'indexation du plafond majorable de la rente mutualiste du combattant
a été modifiée. Désormais, le plafond est
calculé par référence à 95 points d'indice des
pensions militaires d'invalidité. Le plafond de cette rente a ainsi
été substantiellement majoré, passant de 7.091 francs
à 7.496 francs, soit une augmentation au 1
er
janvier
1998 de 5,7 %. Cet indice sera revalorisé automatiquement au
1
er
janvier de chaque année en fonction de la valeur du point
des pensions militaires d'invalidité.
Dans le projet de budget pour 1999, il est proposé de porter l'indice de
référence du plafond majorable de 95 à 100 points, ce qui
élèvera le plafond à 7.933 francs au 1
er
janvier 1999. Le coût de cette mesure est évalué à
6,3 millions de francs.
Depuis 1987, le plafond majorable a été relevé de
60 % en prenant en compte la mesure proposée dans le projet de
budget pour 1999.
Votre rapporteur se félicite de cette mesure tout en rappelant que
certaines associations d'anciens combattants militent pour que ce plafond soit
fixé à l'équivalent de 135 points d'indice.
CHAPITRE III
LA DETTE VIAGÈRE
I. LE MÉCANISME D'INDEXATION DES PENSIONS
A. LE DISPOSITIF EN VIGUEUR
L'article 123 de la loi de finances pour 1990, tout en
maintenant le
principe d'un rapport constant entre l'évolution des pensions et celle
des traitements de la fonction publique, a supprimé la
référence à l'indice 235 (qui correspondait à la
fonction de huissier-chef) pour la remplacer par un indice moyen
représentatif de l'évolution de l'ensemble des traitements de la
fonction publique.
Le nouveau dispositif remplace ainsi l'indexation sur un indice
déterminé par un mécanisme à double détente :
- d'une part, la répercussion des mesures générales
affectant les traitements de la fonction publique (majorations de la valeur du
point, attributions générales de points d'indice). Ces
dernières font évoluer les pensions militaires
d'invalidité dans l'exacte proportion où elles affectent le
traitement moyen de la fonction publique ;
- d'autre part, pour tenir compte des mesures catégorielles
accordées aux fonctionnaires pendant l'année
écoulée, le recalage en fonction de l'évolution
constatée de l'indice INSEE des traitements bruts des fonctionnaires
toutes catégories confondues. Cet indicateur mesure, outre le
traitement, l'indemnité de résidence, le supplément
familial de traitement et des primes générales comme la prime de
croissance.
Au-delà de l'ajustement, chaque année, de la valeur du point
d'indice de pension en fonction de l'évolution de l'indice INSEE
précité, il est prévu de verser un rappel au titre de
l'année écoulée garantissant aux anciens combattants une
évolution en masse de leurs pensions identique à celle des
traitements des fonctionnaires.
Cette régularisation doit être soumise au préalable
à l'avis d'une commission tripartite, composée de
représentants du Parlement, des associations et de
l'administration.
B. L'APPLICATION DU RAPPORT CONSTANT EN 1997 ET EN 1998
Le
système actuel d'indexation des pensions permet aux anciens combattants
de bénéficier de la transposition des mesures
catégorielles applicables aux agents de l'Etat.
Pour 1999, la base de recalage de la valeur du point de pension militaire
d'invalidité qu'il est proposé de retenir au 1er janvier 1999 est
estimée à +0,09 %, ce qui représente une mesure
nouvelle de 16,4 millions de francs.
NB : le recalage consiste à mettre à niveau au 1er janvier
l'évolution de la valeur du point de pension par rapport à
l'évolution d'ensemble des traitements mesurée par l'INSEE
(englobant les mesures générales et le catégoriel
statutaire).
II. LA DIMINUTION DE LA DETTE VIAGÈRE EN 1998
Les
crédits de dette viagère (retraites du combattant, pensions
d'invalidité et allocations rattachées) s'élèvent
à
19,89 milliards de francs pour 1999
, en diminution de 761
millions de francs par rapport à 1998. Les crédits de la dette
viagère sont réparties entre deux chapitres qui connaissent une
évolution divergente.
Pour le chapitre 46-20 (pensions d'invalidité, allocations et
indemnités diverses), le montant des crédits inscrits pour 1999
est de 17,66 milliards de francs. La diminution globale de 801 millions de
francs par rapport à 1998 est ainsi calculée :
- 1,048 milliard de francs en raison d'une diminution de 4 % des parties
prenantes en 1999 ;
+ 246,64 millions de francs correspondant à la hausse des
rémunérations publiques prévues en 1998 et 1999 et le
rapport constant
2(
*
)
.
Pour le chapitre 46-21 (retraite du combattant), le montant des crédits
inscrits pour 1999 est en légère hausse de 40 millions de francs.
Cette augmentation constitue une rupture puisque depuis de nombreuses
années, ces crédits étaient en diminution. Cette hausse
est calculée ainsi :
- 10,92 millions de francs correspondant à une diminution des parties
prenantes de 0,5 %, contre 3,5 % les années précédentes.
En effet, les décès de titulaires de la retraite du combattant
sont compensés, dans une proportion croissante, par les attributions
nouvelles en faveur des appelés du contingent ayant servi en Afrique du
Nord dont les premières classes d'âge atteignent à
présent l'âge de 65 ans ;
+ 51,32 millions de francs correspondant à la hausse des
rémunérations publiques prévues en 1998 et 1999 et le
rapport constant.
La diminution de la dette viagère explique à elle seule la
baisse globale du budget des anciens combattants, dont elle constitue
l'essentiel.
CHAPITRE IV
LA POLITIQUE DE LA
MÉMOIRE
I. DES CRÉDITS EN HAUSSE MAIS QUI NE PERMETTENT PAS DE RATTRAPER LE RETARD ENGENDRE PAR LA DIMINUTION TRÈS IMPORTANTE DES CREDITS EN 1998
Les
crédits traditionnellement consacrés aux fêtes nationales
et aux cérémonies publiques (chapitre 41.91) augmentent de 11,3%
et s'élèvent à 2,5 millions de francs.
De même, les crédits consacrés aux interventions en faveur
de l'information historique (chapitre 43.02) sont en hausse de 79,5 % par
rapport à 1998.
Toutefois, il ne faut pas oublier que les
crédits proposés par la loi de finances initiale pour 1998
chutaient de 42,8 % par rapport à 1997.
En outre, les
crédits consacrés à la remise en
état des nécropoles nationales
(chapitre 57.91
article 20) sont stables en crédits de paiement pour 1999
après une
chute de 60 %
en 1998 et s'élèvent
à 3,2 millions de francs. En revanche, la dotation en autorisations de
programme passe de 3,2 à 5 millions de francs.
Cette stabilité des crédits ne permettra donc pas de rattraper
le retard accumulé dans l'exécution du programme 1994/2000 de
rénovation des nécropoles nationales. Ainsi,
l'échéancier reproduit dans le tableau ci-après compare
les crédits votés, l'écart entre leur montant et les
besoins estimés ainsi que les annulations de crédits
prononcées en 1996 et 1997.
A cet égard, votre rapporteur estime que le projet de construction
d'une nécropole à Sébastopol en commémoration de la
guerre de Crimée doit être différer. Non seulement le
contexte politique de l'Ukraine rend difficiles toutes négociations avec
les autorités sur place, mais il estime opportun de commencer un nouveau
chantier tant que le programme de rénovation et de restauration des
nécropoles déjà existantes ne sera pas achevé.
Votre rapporteur regrette également que le projet de budget pour
1999 ne prévoit pas relèvement de l'indemnité forfaitaire
de 8 francs par tombe versée annuellement aux communes et aux
associations.
Il rappelle que près de 94.000 tombes de militaires
morts pour la France bénéficiant de la sépulture
perpétuelle entretenue aux frais de l'Etat sont situées à
l'intérieur des cimetières communaux et entretenues soit par les
communes, soit par les associations. En contrepartie, l'Etat verse une
indemnité forfaitaire annuelle de 8 francs par tombe. Or, cette
indemnité n'a pas été revalorisée depuis 1980 et ne
correspond pas au coût réel d'entretien évalué
à 36 francs par tombe.
Votre rapporteur déplore que
l'Etat, incapable d'assurer ses missions, en fasse porter le poids financier
par les communes ou les associations.
II. QUEL AVENIR POUR LA POLITIQUE DE LA MEMOIRE ?
Au
cours du premier semestre 1997, votre rapporteur avait effectué une
mission de contrôle, sur pièces et sur place, sur l'utilisation
des crédits affectés à la Délégation
à la mémoire et à l'information historique. Il avait alors
insisté sur les enjeux de la mémoire collective. En effet,
celle-ci constitue un ciment puissant pour chaque société
puisqu'elle véhicule son histoire et transmet ses valeurs, mais elle est
par ailleurs fragilisée par la disparition de ses témoins et
vecteurs. Il s'agit donc d'un patrimoine à protéger, à
entretenir et surtout à partager, notamment avec les jeunes.
Parmi les propositions de votre rapporteur figurait la nécessité
de donner à la politique de la mémoire une vision plus globale et
à long terme, notamment en direction des jeunes, par
l'établissement de relations permanentes avec les collèges et les
lycées et l'organisation, chaque année, d'une manifestation sur
un thème lié à la mémoire des conflits.
Il semble que le secrétaire d'Etat se soit directement inspiré
de ces remarques pour proposer la création d'un emploi
" mémoire " dans chaque département auprès des
services départementaux de l'ONAC. En effet, les emplois
" mémoire " répondent à un double objectif :
- d'une part, une mission de conservation au titre de laquelle il aura
pour tâche de fédérer les initiatives locales nombreuses
dans ce domaine, mais de sources diverses (élus locaux, associations)
qui méritent d'être rassemblées et mises en perspective en
vue de l'élaboration d'une politique départementale de la
mémoire combattante.
- d'autre part, une mission de transmission de la mémoire
collective locale aux jeunes générations et de sensibilisation
au valeurs de la citoyenneté et de la solidarité.
Votre rapporteur s'interroge toutefois sur les modalités de
rémunération de ces emplois " mémoire ".
Le niveau de recrutement est élevé puisque les candidats doivent
avoir au moins une maîtrise. La rémunération doit donc
être adaptée en conséquence pour éviter l'apparition
d'emplois qualifiés sous-payés, qui risquerait de perturber le
bon fonctionnement du marché du travail. C'est pourquoi votre rapporteur
soutient la politique de l'ONAC consistant à financer les 20 % qui
lui incombent quel que soit le montant du financement extérieur
trouvé par le directeur départemental de l'ONAC.
Cette stratégie a deux avantages. D'une part, elle ne décourage
pas les directeurs qui recherchent des financements extérieurs puisque
ces derniers s'ajoutent à la participation de l'Etat et de l'ONAC,
permettant soit d'augmenter la rémunération de l'emploi
" mémoire ", soit d'adapter les moyens mis à sa
disposition, par exemple en lui procurant un véhicule. D'autre part,
elle permet de compléter la rémunération de l'emploi
" mémoire " et rapproche cette dernière de la
rémunération moyenne observée à niveau
d'études équivalent. Ainsi, à partir du mois de janvier
1999, des journées citoyennes vont être organisées par les
jeunes recrutés. Ces journées, qui s'inscrivent dans le
prolongement de la Journée d'Appel de Préparation à la
Défense (J.A.P.D) seront conçues comme des rencontres entre les
acteurs de l'Histoire que sont les anciens combattants et les jeunes
générations. Elles mettront en oeuvre divers vecteurs :
expositions, projets d'actions éducatifs, concours scolaires,
colloques...
Si votre rapporteur est satisfait par la création de ces emplois
" mémoire ", son bilan global de l'évolution des
crédits en faveur de la mémoire est plus mitigé.
Ainsi, il constate qu'en dépit de la hausse des crédits
observée pour 1999, les moyens financiers mis à la disposition de
la délégation à la mémoire et à
l'information historique se caractérisent par une tendance à la
baisse.
En 1996, ils s'élevaient à 36,49 millions de
francs, en 1997 à 27,63 millions de francs, en 1998 à
20,73 millions de francs, enfin à 25,91 millions de
francs pour 1999, soit moins qu'en 1997. Votre rapporteur ne peut que souligner
le décalage entre cette baisse des crédits et l'enjeu que
représente la politique de la mémoire.
En outre, il regrette que le gouvernement actuel n'ait pas tenu compte de ses
critiques développées dans son rapporte sur le défi de la
mémoire et compte sur le vote de crédits non reconductibles par
le Parlement pour boucler le budget de la Délégation à la
mémoire et à l'information historique. Cette année,
2,13 millions de francs ont été votés à
l'Assemblée nationale au chapitre 43-02 pour abonder les crédits
des interventions en faveur de l'information historique.
Par ailleurs, votre rapporteur s'inquiète du devenir de la politique de
la mémoire en cas d'intégration du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants au ministère de la défense. Il a pu constater
que ce dernier a financé une partie non négligeable des
dépenses liées à la célébration du
80
ème
anniversaire de l'armistice.
Toutefois, votre rapporteur se demande si le développement de la
coopération entre le ministère de la défense et le
secrétariat aux anciens combattants ne risque pas de faire perdre
à la Délégation à la Mémoire et à
l'Information Historique (DMIH) sa compétence exclusive en
matière de politique de la mémoire au profit du ministère
de la défense.
En effet, il ne faudrait pas que sous prétexte de financer certaines
actions en matière de mémoire, le ministère de la
défense puisse imposer ses choix à la DMIH. Un tel transfert des
compétences peut entraîner des changements significatifs dans
l'orientation philosophique de la politique de la mémoire
caractérisée par sa neutralité en matière de
présentation des conflits.
Votre rapporteur demandera donc au secrétariat d'Etat aux anciens
combattants sa position sur ce sujet ainsi que des garanties concernant le
maintien de la DMIH en tant que responsable exclusif de la conception de la
politique de la mémoire.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 29 octobre 1998 sous la présidence de M. Alain Lambert,
président, puis de Mme Marie-Claude Beaudeau,
vice-président, la commission a procédé à l'examen
du
rapport
sur les
crédits
des
anciens combattants
inscrits dans le projet de loi de finances pour 1999, présenté
par
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial.
Un large débat s'est alors engagé.
M. Alain Lambert, président,
a félicité le
rapporteur spécial pour ses missions de contrôle. Il a
déclaré avoir eu écho des difficultés
rencontrées par le rapporteur spécial pour obtenir certaines
informations auprès du secrétariat d'Etat et a rappelé
qu'il n'hésiterait pas à saisir le secrétaire l'Etat pour
permettre au rapporteur spécial d'accomplir sa mission dans les
meilleures conditions.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis au titre de la commission des
affaires sociales,
a fait part de ses observations. Il a estimé que
le budget pour 1999 était en amélioration par rapport à
celui de 1998, car il renforçait l'effort financier net en faveur de
chaque combattant.
Concernant la diminution du plafond de l'avantage fiscal résultant de
l'octroi d'une demi-part supplémentaire aux anciens combattants, il
s'est félicité de la mesure votée par l'Assemblée
nationale qui revient sur le dispositif proposé cette année,
très pénalisant pour les anciens combattants.
Il s'est déclaré favorable à la mesure prévue par
l'article 75 du projet de loi de finances et a plaidé pour son
extension aux anciens combattants titulaires du titre de reconnaissance de la
Nation.
Concernant la retraite anticipée, il a jugé encourageante la
position du secrétaire d'Etat aux anciens combattants qui ne serait pas
hostile à l'attribution automatique de l'allocation de
préparation à la retraite sans passer par l'allocation
différentielle de solidarité.
Il s'est félicité de l'effort du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants en matière de mémoire, tout en remarquant que
la contribution à hauteur de 20 % de l'ONAC pour le financement des
"emplois mémoire" soulevait des difficultés. Il a plaidé
pour une "dualité d'employeurs" qui permettrait de multiplier les
sources de financement et réduirait ainsi la participation
financière de l'ONAC.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis de la commission des affaires
sociales,
a critiqué la complexité du rapport constant. Il a
également regretté que l'administration fasse
systématiquement appel en cas de litige concernant les pensions. Par
ailleurs, il s'est interrogé sur les causes du déficit
d'exploitation des maisons de retraite gérées par l'ONAC.
M. François Trucy
a souligné l'importance du budget des
anciens combattants tant du point de vue financier qu'affectif. Il a
également fait part de la répercussion du film "Il faut sauver le
soldat Ryan" sur le désir de mémoire des citoyens. Ainsi, le site
d'Omaha Beach connaîtrait une recrudescence des visites.
M. Jean Clouet
a fait remarquer que le budget des anciens combattants
était supérieur de 10 milliards de francs à celui de
l'industrie. Il a également souligné que les parlementaires
avaient reçu de nombreuses lettres d'anciens combattants sur le
problème de la demi-part et a souhaité connaître la
réaction du rapporteur spécial à ce sujet.
M. Jean-Pierre Demerliat
s'est félicité du renforcement
des moyens mis à la disposition de la politique de la mémoire et
a cité l'exemple de la participation du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants à la construction d'un Mémorial à
Oradour-sur-Glane. En revanche, il a rappelé les effets négatifs
de la cristallisation des pensions pour les anciens combattants d'outre-mer,
notamment les Tunisiens et les Marocains.
Mme Marie-Claude Beaudeau
a soulevé trois
problèmes : la revendication de la campagne double par les
anciens combattants d'Afrique du Nord, la suppression d'emplois dans les
services déconcentrés du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants et, enfin, la diminution du plafond de l'avantage fiscal
résultant de l'octroi d'une demi-part supplémentaire dont
bénéficiaient jusqu'à présent les anciens
combattants.
En réponse,
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
a
rappelé que les maisons de retraite rencontraient deux types de
difficultés. D'une part, elles n'arrivent pas à couvrir leurs
coûts d'exploitation du fait d'une prise en charge des dépenses de
soins trop faible, voire inexistante dans certains cas, par la caisse
d'assurance maladie de la sécurité sociale. D'autre part,
l'ancienneté du parc des maisons de retraite est telle que sa
rénovation nécessiterait un investissement financier que l'ONAC
n'est pas capable de supporter.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
s'est
félicité des moyens supplémentaires mis à la
disposition de la politique de la mémoire tout en manifestant son
inquiétude sur son devenir lorsque le secrétariat d'Etat aux
anciens combattants sera intégré au ministère de la
défense. Il s'est déclaré soucieux de voir le
secrétariat d'Etat garder la responsabilité de la gestion de la
politique de la mémoire.
Concernant la diminution du plafond de l'avantage fiscal résultant de
l'octroi d'une demi-part supplémentaire aux anciens combattants,
M.
Jacques Baudot, rapporteur spécial,
a rappelé que
l'Assemblée nationale avait partiellement compensé l'effet
négatif de cette mesure par l'octroi d'un crédit d'impôt.
Il a ajouté que la commission des finances du Sénat s'orientait
vers la suppression du plafonnement du quotient familial, revenant ainsi au
dispositif en vigueur, favorable aux anciens combattants.
A propos de la cristallisation des pensions,
M. Jacques Baudot, rapporteur
spécial,
a plaidé pour une réévaluation
progressive des sommes versées et a assuré qu'il soulignerait
dans son rapport sur le projet de budget pour 1999 l'absence de mesures dans ce
sens.
Concernant l'éventuelle disparition des directions
interdépartementales des anciens combattants, il a fait remarquer que
certains regroupements étaient déjà effectués suite
à la vacance de postes de directeur. Il a ajouté que la mission
d'information sur les activités de l'ONAC qu'il avait entreprise, le
conduisait à s'interroger sur l'avenir de ces directions dont les
missions sont importantes.
Concernant la revendication par certains anciens combattants de la campagne
double, il a observé que le secrétariat d'Etat aux anciens
combattants avait favorisé l'action sociale en faveur des anciens
combattants les plus défavorisés, ses crédits
n'étant pas illimités.
La commission a alors voté l'
amendement de suppression de
l'article 75
, puis elle a
adopté sans modification
l'article 76
. Enfin, elle a
adopté
le
budget
des
anciens combattants
et
victimes de guerre
ainsi modifié.
ANNEXE I
PRÉSENTATION DES ARTICLES 75 ET 76
RATTACHÉS DU PROJET DE LOI DE FINANCES
I -
L'ARTICLE 75 VISANT À RENDRE AUTOMATIQUE LE BÉNÉFICE DE
L'ALLOCATION DE REMPLACEMENT POUR L'EMPLOI POUR LES SALARIÉS ANCIENS
COMBATTANTS CESSANT LEUR ACTIVITÉ
L'accord du 6 septembre 1995 relatif au développement de l'emploi en
contrepartie de la cessation d'activité permet aux salariés
totalisant au moins 160 trimestres de cotisations aux régimes de base
d'assurance vieillesse de bénéficier du versement d'une
allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE), à condition que
l'employeur s'engage à des embauches compensatoires correspondant au
minimum du volume d'heures de travail que la salarié partant effectuait.
La nature du contrat de la personne embauchée dépend de la nature
du contrat du salarié partant : contrat à durée
indéterminée pour contrat à durée
indéterminée et contrat à durée
indéterminée ou déterminée pour contrat à
durée déterminée. Les dépenses afférentes
à ce dispositif conventionnel sont supportées par un Fonds
paritaire d'intervention en faveur de l'emploi (FPIE) créé par la
loi n °96-126 du 21 février 1996.
Il est à noter que si la demande est toujours à l'initiative
du salarié, l'employeur est libre d'accepter ou non.
Le secrétariat d'Etat aux anciens combattants souhaite profiter de la
reconduction prévisible de cette mesure pour 1999 pour rendre
automatique le bénéfice de l'allocation de remplacement pour
l'emploi pour les salariés anciens combattants cessant leur
activité. Pour ce faire, il modifie profondément l'esprit du
dispositif existant.
En effet, le présent article supprime la subordination de la cessation
d'activité et le versement de l'allocation de remplacement pour l'emploi
à l'accord de l'employeur et rompt ainsi le caractère
conventionnel de cette mesure. Désormais, le salarié pourra
décider unilatéralement de cesser son activité. En outre,
s'il démissionne suite au refus de l'employeur, ce dernier sera soumis
à l'obligation d'embauche prévue dans la loi du 21 février
1996.
Le présent article précise que le financement de cette mesure
sera assuré par le versement par l'Etat d'une subvention au Fonds
paritaire d'intervention en faveur de l'emploi. Ainsi, pour 1999, le projet de
loi de finances augmente de 20 millions de francs les crédits du
Fonds de solidarité qui correspondent à la participation de
l'Etat au Fonds paritaire d'intervention en faveur de l'emploi.
Selon les informations recueillies par votre rapporteur, cette mesure devrait
concerner 170 personnes pour une allocation de 8.900 francs en
moyenne. Le très faible nombre de bénéficiaires s'explique
par la quasi-inexistence des refus : 1,1 % selon l'UNEDIC.
Par conséquent, votre rapporteur s'interroge sur la pertinence du
dispositif proposé.
En effet, ce dernier constitue une mesure
dérogatoire qui pourrait être par la suite élargie en
faveur d'autres catégories
. L'examen de cet article à
l'Assemblée nationale a été révélateur.
Alors que l'article n'était pas encore en discussion que le rapporteur
pour avis de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, M.
Maxime Gremetz, demandait l'extension du bénéfice de ce
dispositif aux titulaires du titre de reconnaissance de la Nation.
En outre, cette mesure semble ne répondre que très partiellement
à la revendication émise par les anciens combattants visant
à accorder la retraite anticipée aux anciens combattants
d'Afrique du Nord chômeurs en fin de droits justifiant de quarante
années de cotisation.
On peut alors se demander si une telle remise en cause est justifiée et
s'il n'existe pas un moyen plus approprié pour résoudre le cas
des 170 anciens combattants susceptibles d'être concernés par
cette mesure. C'est pourquoi la commission des finances propose un amendement
de suppression de cet article.
II - L'ARTICLE 76 RELATIF AU RELÈVEMENT DU PLAFOND DONNANT LIEU
À MAJORATION DE LA RETRAITE MUTUALISTE DU COMBATTANT
En application de l'article L.321-9 du code de la mutualité, les anciens
combattants désireux de se constituer une retraite mutualiste
bénéficient, en plus de la majoration légale
attachée à toute rente viagère, d'une majoration
spéciale de l'Etat.
Cette majoration, variable selon l'âge de l'intéressé
à sa date d'adhésion, est en règle générale
égale à 25 % du montant de la rente. Toutefois, le total
formé par la rente et la majoration spéciale de l'Etat ne peut
pas dépasser un montant fixé en valeur absolu. Le nombre de
bénéficiaires est estimé à 320.000, pour une rente
d'un montant moyen de 5.700 francs.
Depuis la loi de finances de 1996, ce plafond majorable était
indexé sur les prix hors tabac, ce qui garantissait le pouvoir d'achat
de cette rente. Or, de nombreuses associations d'anciens combattants
réclamaient l'indexation du plafond majorable de la rente mutualiste du
combattant sur la valeur du point d'indice des pensions militaires
d'invalidité.
L'article 107 de la loi de finances pour 1998 a satisfait cette revendication
en autorisant que le plafond de la rente soit exprimé en points de
pension militaire d'invalidité, par référence à
l'indice 95.
Le présent article propose de porter l'indice de référence
du plafond majorable de 95 à 100 points, ce qui portera le plafond de
7.496 francs au 1
er
janvier 1998 à
7.993 francs au 1
er
janvier 1999.
Cette majoration représente un coût de 6,3 millions de francs
pour le budget du secrétariat d'Etat aux anciens combattants. La
commission des finances propose d'adopter cet article.
Il est à noter que certaines associations revendiquent le passage
progressif à un l'indice de référence du plafond majorable
à 130 et un relèvement du plafond à 10.000 francs.
ANNEXE II
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
I -
MODIFICATION DES CRÉDITS
A. LES CRÉDITS NON RECONDUCTIBLES
Les majorations de crédits non reconductibles relatives au budget des
anciens combattants concernent le titre IV pour 8,14 millions de
francs
.
Les chapitres concernés sont :
- le chapitre 43-02 (Interventions en faveur de l'information historique) pour
2,13 millions de francs (2 million de francs à l'article 10 et
0,13 millions de francs à l'article 20) ;
- le chapitre 46-04 (Subventions, secours et allocations) article 10 pour
10.000 francs ;
- le chapitre 46-21 (retraite du combattant) article 10 pour 1 million de
francs ;
- le chapitre 46-51 (Office national des anciens combattants et victimes de
guerre) article 10 pour 5 millions de francs.
B. LES MESURES NOUVELLES
Les majorations de crédits pour le financement de mesures nouvelles
concernent le titre IV pour 22 millions de francs.
Les chapitres concernés sont :
- le chapitre 46-10 (Fonds de solidarité pour les anciens combattants
d'Afrique du Nord et d'Indochine) article 10 pour 20 millions de
francs ;
- le chapitre 46-21 (retraite du combattant) article 10 pour 2 millions de
francs.
II. L'ARTICLE 76 BIS (NOUVEAU) : ASSOUPLISSEMENT DES CONDITIONS
D'ATTRIBUTION DE LA CARTE D'ANCIEN COMBATTANT D'AFRIQUE DU NORD
L'année dernière, les conditions d'attribution de la carte
d'ancien combattant d'Afrique du Nord avaient déjà
été assouplies puisqu'il avait été voté un
amendement permettant qu'un séjour en Algérie de 18 mois
puisse être considéré comme une condition suffisante pour
que la qualité d'ancien combattant soit reconnue. Le présent
article abaisse la durée minimale de séjour en Algérie
à 15 mois pour obtenir le titre d'ancien combattant. En outre, le
secrétariat d'Etat s'est engagé à ce que le temps
passé en Tunisie et au Maroc puisse également être pris en
compte. Le coût de cette mesure est évalué à
1 million de francs financée par le vote de crédits non
reconductibles. La commission propose d'adopter cet article.
III. L'ARTICLE 76 TER (NOUVEAU) : ASSOUPLISSEMENT DES CONDITIONS
D'ATTRIBUTION DE L'ALLOCATION À LA PRÉPARATION À LA
RETRAITE
Pour assurer des ressources aux anciens combattants d'Afrique du Nord au
chômage, un Fonds de solidarité a été
créé en 1992 qui verse deux types d'allocations :
- l'allocation différentielle de ressources qui assure à chaque
ancien combattant au chômage un niveau de ressources égal au
double des minima sociaux de droit commun
- l'allocation de préparation à la retraite, créée
pour remplacer l'allocation différentielle pour ceux dont il
apparaît prévisible qu'ils ne pourront reprendre une
activité professionnelle : égale à 65 % des
salaires d'activité, l'APR se veut une " préretraite "
prolongeant les allocations ASSEDIC à taux plein. Le coût de cette
mesure est évalué à 3,7 millions de francs
financé par le vote de crédits non reconductibles.
Jusqu'à présent, cette allocation n'était accessible
qu'aux personnes ayant bénéficié six mois
consécutifs de l'allocation différentielle. Le présent
article propose de supprimer cette période de transition et autorise les
anciens combattants au chômage ayant 40 annuités validées
à prétendre aussitôt à l'APR.
1
Dont 1 est vacant depuis 6 mois et
l'autre
sur le point de l'être ; un ouvrier d'Etat (conducteur) est mis
à disposition de l'INI depuis le début de l'année par le
secrétariat d'Etat aux anciens combattants.
2
Pour 1999, le plan DURAFOUR étant achevé, le
recalage de la valeur du point reflètera uniquement l'attribution au
1
er
juillet 1998, en vertu de l'accord salarial du 10 février
1998, de points différenciés aux fonctionnaires, qui est
répercutée dans l'indice INSEE. Elle représentera en
moyenne 0,75 point sur l'ensemble de l'année 1998 pour les agents de la
moitié inférieure de la grille indiciaire, soit 0,375 point
indiciaire pour l'ensemble de la grille. Aux termes de l'article R.2 du code
des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre,
l'attribution d'un point représente une hausse de 0,25 %. Attribuer
0,375 point représente donc une hausse de 0,25x0,375=0,09375 %, soit
16,4 millions de francs.