EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 29 octobre 1998 sous la présidence de M. Alain Lambert,
président, puis de Mme Marie-Claude Beaudeau,
vice-président, la commission a procédé à l'examen
du
rapport
sur les
crédits
des
anciens combattants
inscrits dans le projet de loi de finances pour 1999, présenté
par
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial.
Un large débat s'est alors engagé.
M. Alain Lambert, président,
a félicité le
rapporteur spécial pour ses missions de contrôle. Il a
déclaré avoir eu écho des difficultés
rencontrées par le rapporteur spécial pour obtenir certaines
informations auprès du secrétariat d'Etat et a rappelé
qu'il n'hésiterait pas à saisir le secrétaire l'Etat pour
permettre au rapporteur spécial d'accomplir sa mission dans les
meilleures conditions.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis au titre de la commission des
affaires sociales,
a fait part de ses observations. Il a estimé que
le budget pour 1999 était en amélioration par rapport à
celui de 1998, car il renforçait l'effort financier net en faveur de
chaque combattant.
Concernant la diminution du plafond de l'avantage fiscal résultant de
l'octroi d'une demi-part supplémentaire aux anciens combattants, il
s'est félicité de la mesure votée par l'Assemblée
nationale qui revient sur le dispositif proposé cette année,
très pénalisant pour les anciens combattants.
Il s'est déclaré favorable à la mesure prévue par
l'article 75 du projet de loi de finances et a plaidé pour son
extension aux anciens combattants titulaires du titre de reconnaissance de la
Nation.
Concernant la retraite anticipée, il a jugé encourageante la
position du secrétaire d'Etat aux anciens combattants qui ne serait pas
hostile à l'attribution automatique de l'allocation de
préparation à la retraite sans passer par l'allocation
différentielle de solidarité.
Il s'est félicité de l'effort du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants en matière de mémoire, tout en remarquant que
la contribution à hauteur de 20 % de l'ONAC pour le financement des
"emplois mémoire" soulevait des difficultés. Il a plaidé
pour une "dualité d'employeurs" qui permettrait de multiplier les
sources de financement et réduirait ainsi la participation
financière de l'ONAC.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis de la commission des affaires
sociales,
a critiqué la complexité du rapport constant. Il a
également regretté que l'administration fasse
systématiquement appel en cas de litige concernant les pensions. Par
ailleurs, il s'est interrogé sur les causes du déficit
d'exploitation des maisons de retraite gérées par l'ONAC.
M. François Trucy
a souligné l'importance du budget des
anciens combattants tant du point de vue financier qu'affectif. Il a
également fait part de la répercussion du film "Il faut sauver le
soldat Ryan" sur le désir de mémoire des citoyens. Ainsi, le site
d'Omaha Beach connaîtrait une recrudescence des visites.
M. Jean Clouet
a fait remarquer que le budget des anciens combattants
était supérieur de 10 milliards de francs à celui de
l'industrie. Il a également souligné que les parlementaires
avaient reçu de nombreuses lettres d'anciens combattants sur le
problème de la demi-part et a souhaité connaître la
réaction du rapporteur spécial à ce sujet.
M. Jean-Pierre Demerliat
s'est félicité du renforcement
des moyens mis à la disposition de la politique de la mémoire et
a cité l'exemple de la participation du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants à la construction d'un Mémorial à
Oradour-sur-Glane. En revanche, il a rappelé les effets négatifs
de la cristallisation des pensions pour les anciens combattants d'outre-mer,
notamment les Tunisiens et les Marocains.
Mme Marie-Claude Beaudeau
a soulevé trois
problèmes : la revendication de la campagne double par les
anciens combattants d'Afrique du Nord, la suppression d'emplois dans les
services déconcentrés du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants et, enfin, la diminution du plafond de l'avantage fiscal
résultant de l'octroi d'une demi-part supplémentaire dont
bénéficiaient jusqu'à présent les anciens
combattants.
En réponse,
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
a
rappelé que les maisons de retraite rencontraient deux types de
difficultés. D'une part, elles n'arrivent pas à couvrir leurs
coûts d'exploitation du fait d'une prise en charge des dépenses de
soins trop faible, voire inexistante dans certains cas, par la caisse
d'assurance maladie de la sécurité sociale. D'autre part,
l'ancienneté du parc des maisons de retraite est telle que sa
rénovation nécessiterait un investissement financier que l'ONAC
n'est pas capable de supporter.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
s'est
félicité des moyens supplémentaires mis à la
disposition de la politique de la mémoire tout en manifestant son
inquiétude sur son devenir lorsque le secrétariat d'Etat aux
anciens combattants sera intégré au ministère de la
défense. Il s'est déclaré soucieux de voir le
secrétariat d'Etat garder la responsabilité de la gestion de la
politique de la mémoire.
Concernant la diminution du plafond de l'avantage fiscal résultant de
l'octroi d'une demi-part supplémentaire aux anciens combattants,
M.
Jacques Baudot, rapporteur spécial,
a rappelé que
l'Assemblée nationale avait partiellement compensé l'effet
négatif de cette mesure par l'octroi d'un crédit d'impôt.
Il a ajouté que la commission des finances du Sénat s'orientait
vers la suppression du plafonnement du quotient familial, revenant ainsi au
dispositif en vigueur, favorable aux anciens combattants.
A propos de la cristallisation des pensions,
M. Jacques Baudot, rapporteur
spécial,
a plaidé pour une réévaluation
progressive des sommes versées et a assuré qu'il soulignerait
dans son rapport sur le projet de budget pour 1999 l'absence de mesures dans ce
sens.
Concernant l'éventuelle disparition des directions
interdépartementales des anciens combattants, il a fait remarquer que
certains regroupements étaient déjà effectués suite
à la vacance de postes de directeur. Il a ajouté que la mission
d'information sur les activités de l'ONAC qu'il avait entreprise, le
conduisait à s'interroger sur l'avenir de ces directions dont les
missions sont importantes.
Concernant la revendication par certains anciens combattants de la campagne
double, il a observé que le secrétariat d'Etat aux anciens
combattants avait favorisé l'action sociale en faveur des anciens
combattants les plus défavorisés, ses crédits
n'étant pas illimités.
La commission a alors voté l'
amendement de suppression de
l'article 75
, puis elle a
adopté sans modification
l'article 76
. Enfin, elle a
adopté
le
budget
des
anciens combattants
et
victimes de guerre
ainsi modifié.