B. LE GOUVERNEMENT A ÉTABLI SA PROJECTION POUR 1999 EN PROLONGEANT LES TENDANCES DE LA PÉRIODE RÉCENTE
La
situation financière des collectivités locales s'est
considérablement améliorée depuis le milieu des
années 90. Alors qu'elles dégageaient un besoin de financement en
1995 et 1996 (- 15 et - 17,2 milliards de francs), elles sont
devenues excédentaires de 17,4 milliards de francs en 1997, soit
0,22 % du produit intérieur brut.
Les prévisions du gouvernement envisagent une consolidation de cette
situation excédentaire en 1998 et en 1999, à 0,15 % du
produit intérieur brut.
L'amélioration de la situation financière des
collectivités locales est attribuée par le gouvernement au
contexte macro-économique favorable
, marqué par le
ralentissement de l'inflation, la baisse des taux d'intérêt, la
reprise du marché immobilier et donc des droits de mutation à
titre onéreux et la modération salariale.
Dans ce contexte, c'est principalement le dynamisme des recettes qui est
à l'origine de la situation très favorable des
collectivités locales
. En effet, celles-ci ont cru plus vite que les
dépenses. Alors que ces dernières augmentent en moyenne de
2,4 % par an depuis 1990 (3,4 % en 1997, 1,6 en 1996), les recettes
ont progressé de plus de 5 % par an ces dernières
années (5,6 % en 1996, 5,7 % en 1997, 2,8 % en moyenne
depuis 1990).
Au sein des recettes, les recettes fiscales ont
été particulièrement dynamiques
.
En fait, le résultat, retraité en comptabilité nationale,
de la gestion des administrations locales traduit tout simplement le fait
qu'elles dégagent un autofinancement substantiel, affecté
à la couverture partielle de leurs investissements, principe de base
d'une saine gestion que l'Etat ne s'applique pas à
lui-même...
C. L'ESSOUFFLEMENT DES FACTEURS DE L'ASSAINISSEMENT DE LA SITUATION FINANCIÈRE DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Les
facteurs de l'assainissement de la situation financière des
collectivités locales identifiés par le gouvernement atteignent
leurs limites
aujourd'hui.
En conséquence, il n'est pas exclu
que la situation financière des collectivités locales traverse
une nouvelle zone de turbulences :
-
la baisse des taux d'intérêt atteint un palier
. Une
poursuite de la baisse des taux français n'est en outre pas
forcément possible car elle rendrait plus difficile la convergence des
participants à l'euro chez lesquels les taux restent à des
niveaux élevés ;
-
la modération des dépenses de ces dernières
années touche à sa fin
. S'agissant des dépenses de
fonctionnement, les conséquences des accords salariaux dans la fonction
publique du 10 février 1998 seront redoutables.
Coût de l'accord salarial dans la fonction publique du
10
février 1998
s'agissant de la fonction publique territoriale
(en milliards de francs)
|
Fonction publique territoriale |
|||||
|
Coûts annuels
supplémentaires
|
Coûts annuels totaux |
||||
|
en 1998 |
en 1999 |
en 2000 |
en 1998 |
en 1999 |
en 2000 |
Revalorisation du point |
1,5 |
2,4 |
2,0 |
1,5 |
3,9 |
5,9 |
Mesures
d'accompagnement
|
0,6
|
1,9
|
1,5
|
0,6
|
2,5
|
4,0
|
Total |
2,2 |
4,3 |
3,5 |
2,2 |
6,5 |
10,0 |
Quant
à l'investissement, son redressement aurait du se confirmer en 1999.
Toutefois, la hausse des traitements des agents des collectivités
locales ne permettra pas aux collectivités locales de
bénéficier pleinement de leurs efforts d'assainissement et de
gestion active de leur dette. Sauf à se résigner à
recourir à nouveau à l'endettement ou à accroître la
pression fiscale, le dynamisme de l'investissement pourrait connaître un
coup d'arrêt.
-
la tendance au tassement des recettes devrait se confirmer
car les
taux des impôts directs locaux connaissent une évolution
modérée. Depuis 1990, la baisse continue du rythme de croissance
du produit de la fiscalité locale tient plus à la baisse du
rythme d'évolution des taux d'imposition qu'à celui des bases
imposables, qui ont elles augmenté entre 1996 et 1997.
Source : Rapport Bourdin, Observatoire des finances locales, 8 juillet 1998
De plus,
l'augmentation des concours budgétaires de l'Etat aux
collectivités locales ne permettra vraisemblablement pas de compenser
les effets de l'accroissement des dépenses et de la baisse du produit de
la fiscalité directe.
Les mesures relatives aux finances locales contenues dans le projet de loi
de finances pour 1999 tendent à montrer que le gouvernement n'a pas pris
la mesure de l'importance de la contribution des collectivités locales
au respect des critères de convergence du traité sur l'Union
européenne et, plus largement, à la croissance de
l'économie française.