C. LES INCIDENCES DE LA MISE EN OEUVRE DE L'AIDE À LA SCOLARITÉ SUR LA FRÉQUENTATION DES CANTINES SCOLAIRES
Si la réforme de l'aide à la scolarité n'est pas à l'origine de la désaffection constatée à l'égard des cantines scolaires, puisque ce mouvement s'était engagé antérieurement dans des établissements situés en ZEP ou dans des collèges sensibles, elle n'en a pas moins contribué à réduire encore la pratique de la restauration scolaire chez les collégiens.
1. Les craintes exprimées par l'IGAEN dès 1994 pour les établissements sensibles
Dans son
rapport de juin 1994
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relatif
aux établissements sensibles, puis dans celui relatif à la
préparation de la rentrée 1995, l'IGAEN a exprimé ses
craintes quant aux conséquences de la réforme de l'aide à
la scolarité : alors que les bourses étaient
antérieurement versées aux familles par le collège
lui-même, montant déduit des frais de demi-pension, l'aide
à la scolarité est désormais directement attribuée
par les CAF aux familles bénéficiaires.
L'inspection générale de l'administration de l'éducation
nationale soulignait par ailleurs que les modalités de versement
retenues (en une seule fois au tout début de l'année scolaire)
exigeaient pour le moins un effort d'information des familles ; certaines
d'entre elles n'ont pas perçu en effet que l'allocation reçue en
début d'année se substituait aux trois versements
antérieurs.
Les inquiétudes de l'inspection générale étaient
par ailleurs partagées par les chefs d'établissements et par
leurs gestionnaires redoutant que la réforme rende plus difficile
l'accès des familles les plus défavorisées à la
restauration scolaire et se traduise par un nombre croissant d'impayés,
des abandons de demi-pension en cours d'année scolaire et une baisse des
inscriptions.
La mise en place du nouveau dispositif se serait ainsi traduite, par une
réduction de 75.000 demi-pensionnaires entre les années
scolaires 1993-1994 et 1994-1995.
Si cette réforme du système des bourses n'a pas
entraîné une désaffection massive à l'égard
des cantines scolaires, ce phénomène étant engagé
antérieurement, il reste qu'elle n'a pas contribué à le
ralentir.
Un second rapport de l'inspection générale
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rappelle que le taux de
demi-pensionnaire est de 36 % dans les ZEP et de 22,3 % dans les
collèges sensibles contre 60 % dans l'ensemble des collèges.