D. LA NÉCESSITÉ D'UNE RELANCE DES ZEP
Si le
système éducatif a connu depuis quinze ans des évolutions
majeures, se traduisant notamment par un plus large accès d'une
génération au niveau du baccalauréat, dans le même
temps, dans une conjoncture dominée par le chômage, l'école
ne joue plus son rôle d'" ascenseur social " et toutes les
études confirment le poids de l'origine sociale dans la réussite
scolaire.
Dans ce contexte, le dispositif des ZEP a incontestablement vieilli, et sans
remettre en cause l'acquis de quinze années de politique compensatoire,
il convient aujourd'hui notamment de s'interroger sur le bien fondé de
la carte des ZEP et son articulation avec les 750 zones urbaines sensibles qui
devraient être créées d'ici 1999 en vertu du pacte de
relance pour la ville.
Prenant acte d'un certain essouflement du dispositif, le Premier ministre
déclarait dans sa déclaration de politique générale
du 19 juin 1997 : "
Dans les établissements scolaires, il
faut donner plus de moyens lorsque la tâche est plus difficile, encadrer
davantage lorsque la contrainte sociale est plus grande.
L'égalité, oui, mais qui respecte la diversité. Je demande
donc que des moyens supplémentaires soient mobilisés, dès
la prochaine rentrée scolaire, pour les zones d'éducation
prioritaires
".
1. Le rapport des inspections générales de l'éducation nationale
Se
fondant sur une analyse globale des résultats enregistrés dans
410 ZEP, le rapport des inspections générales
5(
*
)
s'efforce de révéler les
déterminants fondamentaux
de la réussite scolaire en ZEP.
Il constate d'abord une forte corrélation entre la concentration de
catégories socioprofessionnelles défavorisées et les
résultats de l'évaluation des élèves en classe de
sixième.
Par ailleurs, plus la taille de la ZEP est importante, plus les
résultats de ses élèves sont faibles : alors que
certaines ZEP regroupent aujourd'hui 10.000 élèves, les ZEP
à taille humaine comprennent un ou deux collèges avec les
écoles de leurs secteurs, soit environ 2.000 élèves.
De fortes disparités peuvent être constatées entre
académies, liées notamment à la taille des ZEP mais aussi
au taux de scolarisation des enfants défavorisés à deux
ans.
Le rapport analyse ensuite les
déterminants qualitatifs
de la
réussite scolaire en ZEP et observe en particulier :
- que l'aggravation du chômage influe directement sur la réussite
scolaire ;
- que la grande pauvreté induit des problèmes de santé qui
entravent la réussite à l'école ;
- que le degré d'intégration (et notamment la langue
parlée en famille) a des effets indéniables sur la
réussite scolaire ;
- que l'instabilité de la population scolaire nuit à
l'efficacité de l'école ;
- que l'enclavement des quartiers se retrouve à l'école.
En conséquence les auteurs du rapport préconisent un pilotage
dynamique des ZEP, l'adoption de projets cohérents et mobilisateurs
impliquant un développement du partenariat, notamment avec les familles,
le travail en équipe et la stabilité des enseignants, le
développement d'une nouvelle culture pédagogique à travers
la formation des maîtres.