V. LE TEMPS DE L'OPACITÉ EST RÉVOLU
L'avenir du secteur nucléaire souffre aujourd'hui des doutes, justifiés ou non, qui pèsent tant sur la transparence de l'information communiquée à nos concitoyens que sur la réalité et l'indépendance du contrôle effectué en matière de sûreté et de radioprotection. On en a eu des illustrations récentes avec les attaques contre l'usine de retraitement de La Hague et les modalités du transport ferroviaire de combustibles usés, évoqués ci-dessus.
A. ORGANISONS UN DIALOGUE TRANSPARENT ET CONTRADICTOIRE
Le
dialogue existe insuffisamment aujourd'hui en matière d'informations sur
le secteur nucléaire.
Les efforts de chacun sont réels et
louables, mais leurs résultats aboutissent plus à une
confrontation qu'à un réel dialogue, transparent et
constructif,
avec :
- d'un côté, ceux que d'aucuns qualifient
péjorativement de " nucléocrates " -en fait, les
professionnels du secteur- qui, après des années de certitudes
parfois excessives, ont bien du mal à communiquer informations et
explications à des médias trop souvent en quête de
sensationnel et d'événementiel ;
- et de l'autre, des associations de défense de l'environnement et
des bureaux d'études ou laboratoires indépendants toujours
convaincus de défendre " la bonne cause ", mais parfois
figés dans leurs propres préjugés.
N'est-il pas temps de sortir de cette agitation stérile pour entrer dans
l'ère du débat constructif ? Votre commission
d'enquête pense que telle est l'aspiration des Français. En outre,
il en va de la crédibilité et de la survie du secteur
nucléaire.
Pour Jean-François Viel,
l'utilisation de la science qui consiste
à prendre en compte l'évaluation du risque dans la
prévision politique est encore extrêmement peu répandue en
France contrairement aux Etats-Unis,
où il existe une
véritable culture de l'évaluation du risque. Il revient ainsi
à l'Agence de protection de l'environnement (EPA) d'évaluer les
risques et de donner des arguments aux décideurs pour prendre une
décision ou s'abstenir de la prendre sans attendre vingt ou trente ans.
C'est pourquoi
votre commission d'enquête propose
:
- un
débat
sur la politique
énergétique
. 72 % des Français le
réclament, selon un sondage SOFRES. Le Parlement aura
impérativement à y prendre une part centrale ;
- l'instauration d'une culture de l'évaluation et de la gestion
des risques, fondée sur l'impartialité et la raison, en
:
.
informant mieux les Français sur l'ensemble des risques et
incidents concernant toutes les sources d'énergie ainsi que les autres
industries,
chimiques notamment ;
.
créant un organisme
chargé de recueillir des
données contradictoires
en ce domaine et de remettre un
rapport
annuel
au Gouvernement et au Parlement.