N° 306
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 février 1998
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, d'orientation et d'incitation relatif à la réduction du temps de travail ,
Par M. Louis SOUVET,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean-Pierre Fourcade, président ; Jacques Bimbenet, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Claude Huriet, Bernard Seillier, Louis Souvet, vice-présidents ; Jean Chérioux, Charles Descours, Roland Huguet, Jacques Machet, secrétaires ; François Autain, Henri Belcour, Paul Blanc, Mmes Annick Bocandé, Nicole Borvo, MM. Louis Boyer, Jean-Pierre Cantegrit, Francis Cavalier-Benezet, Gilbert Chabroux, Philippe Darniche, Mme Dinah Derycke, M. Jacques Dominati, Mme Joëlle Dusseau, MM. Alfred Foy, Serge Franchis, Alain Gournac, André Jourdain, Jean-Pierre Lafond, Dominique Larifla, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jean-Louis Lorrain , Simon Loueckhote, Jean Madelain, Michel Manet, René Marquès, Georges Mazars, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Olin, MM. Sosefo Makapé Papilio, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale (11
ème législ.)
:
512, 652
et T.A.
81.
Sénat : 286
(1997-1998).
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Travail. |
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITIONS
A. MERCREDI 4 FÉVRIER 1998
Sous la présidence de M. Jean-Pierre Fourcade,
président, la commission a procédé à des
auditions
sur le
projet de loi n° 512
AN
(11ème législature)
d'orientation et d'incitation
relatif à la
réduction du temps de travail.
Elle a tout d'abord entendu
M. Ernest-Antoine Seillière,
président
du
Conseil national du patronat français
(CNPF), accompagné de
MM. Georges Jolles, président de la
commission sociale, Bernard Boisson, directeur des affaires sociales et M.
Gautier Sauvagnac, vice-président délégué
général de l'Union des industries métallurgiques et
minières (UIMM)
.
M. Ernest-Antoine Seillière
a déclaré que son
organisation restait opposée au principe de réduction de la
durée légale du temps de travail à 35 heures
hebdomadaires tel qu'il avait été défini à l'issue
de la Conférence nationale du 10 octobre 1997.
Il a précisé que cette position était partagée par
la quasi-totalité des 2,3 millions d'entrepreneurs français
et qu'elle avait fait l'objet d'une déclaration commune des organismes
employeurs rassemblés au sein du Comité de liaison des
décideurs économiques (CLIDE).
M. Ernest-Antoine Seillière
a fait observer que l'opinion
commençait à douter du bien-fondé du projet du
Gouvernement et que le scepticisme gagnait la majorité elle-même.
Il a toutefois fait part de sa conviction que ce travail d'explication n'aurait
pas d'effet immédiat compte tenu du rôle de ciment politique
attribué au projet de loi et du calendrier électoral.
M. Ernest-Antoine Seillière
a mis en avant les trois arguments
principaux de son organisation contre le projet de loi. Il a tout d'abord
estimé que la disposition entraînerait un surcoût salarial
de 11,4 % pour toutes les entreprises. Il a ensuite
considéré que la réduction du temps de travail (RTT)
uniforme pour toutes les catégories de salariés serait
très complexe à organiser. Il a également
déclaré que ce dispositif allait appauvrir le dialogue social. En
conséquence,
M. Ernest-Antoine Seillière
a pu estimer
que le projet de loi tel qu'il avait été déposé
était parfaitement dommageable pour l'économie française,
en particulier dans la perspective de l'euro. Il a, par ailleurs,
insisté sur la conviction de son organisation que ce dispositif ne
créerait pas d'emplois, sinon quelques emplois subventionnés qui
devraient être comparés aux emplois perdus du fait des transferts
à l'étranger d'activités ou de projets, notamment par les
grandes entreprises, et par la démotivation des entrepreneurs à
investir et à embaucher dans un contexte aussi défavorable.
M. Ernest-Antoine Seillière
a opposé l'expérience
des patrons aux résultats des simulations macro-économiques
auxquelles il n'a reconnu aucune pertinence. Il a considéré que
les salariés souhaitaient préserver leur pouvoir d'achat, ce qui
ôtait toute validité aux calculs réalisés. Il a, par
ailleurs, considéré que le rôle des entreprises
n'était pas d'être subventionnées pour créer des
emplois.
M. Ernest-Antoine Seillière
a terminé son
exposé liminaire en déclarant que son organisation proposerait
prochainement des mesures tendant à développer l'emploi, avant de
réaffirmer que le projet actuel risquait d'affaiblir l'esprit
d'entreprise en France et de favoriser l'expatriation des entrepreneurs.
En réponse à
M. Louis Souvet
,
rapporteur
,
M. Ernest-Antoine Seillière
a considéré que la
journée du 10 octobre 1997 avait été marquée
par le discours contradictoire du Premier ministre qui a évoqué,
dans le même temps, la libre négociation et le principe d'une
inscription dans la loi de la réduction de la durée légale
du temps de travail. Il a estimé que ce discours posait un
problème de crédibilité et plaçait le débat
démocratique sous le sceau d'une ambiguïté dommageable. Il a
estimé que le CNPF serait prêt à appuyer auprès des
branches et des entreprises, seules compétentes, la
généralisation de la négociation sur le temps de travail,
dans un cadre libre, si le Gouvernement renonçait au principe d'une loi
autoritaire. Il a considéré qu'il n'était pas du ressort
du CNPF de mener des négociations au niveau national compte tenu de
l'hétérogénéité des entreprises qui
composent le tissu économique.
En réponse à une question de
M. Louis Souvet,
rapporteur
, sur les contreparties indispensables que les entrepreneurs
pourraient souhaiter obtenir dans l'hypothèse où les
35 heures seraient adoptées,
M. Ernest-Antoine
Seillière
a estimé qu'il incombait au législateur de
prendre ses responsabilités, mais que son organisation était
particulièrement attentive aux problèmes de l'annualisation du
temps de travail, du travail à temps partiel, du régime des
heures supplémentaires et de l'horaire des cadres.
En réponse à une question de
M. Louis Souvet,
rapporteur,
sur le fait que le présent projet de loi constituait une
réforme coercitive du travail à temps partiel susceptible de
diminuer le contenu en emploi de la croissance,
M. Bernard Boisson,
directeur général des affaires sociales du CNPF,
a
considéré que le projet de loi limitait le travail à temps
partiel sur trois points : le relèvement du seuil donnant droit
à incitation financière, l'exigence d'un accord de branche pour
les heures complémentaires, la limitation des interruptions du travail
dans la journée et qu'en raison de la diversité des situations,
ce dernier point devait être traité par accord d'entreprise ou de
branche. Il a estimé que ces dispositions pouvaient limiter le contenu
en emplois de la croissance.
En réponse à une question de
M. Louis Souvet,
rapporteur
, sur l'incertitude que représentait le contenu de la
seconde loi,
M. Ernest-Antoine Seillière
a
considéré que les interrogations des entrepreneurs demeureraient
les mêmes concernant ce second texte, notamment eu égard au
régime des heures supplémentaires. Il a estimé que cette
incertitude pèserait sur les plans pluriannuels des entreprises,
notamment en matière d'investissement et de localisation des
activités. Il a souhaité que le Gouvernement apporte les
clarifications nécessaires.
En réponse à
M. Charles Descours
,
M. Georges Jolles
a déclaré que les conseils d'administration des caisses de
sécurité sociale avaient adopté un avis défavorable
sur le texte, après avoir estimé qu'il n'était pas de
nature à créer des emplois et que les allégements de
charges envisagés augmenteraient les déficits des caisses de
sécurité sociale.
Il a, par ailleurs, déclaré qu'une modération salariale
aurait des conséquences négatives sur le montant des cotisations
sociales perçues et donc sur l'équilibre des caisses.
En réponse à une question de
Mme Marie-Madeleine
Dieulangard
,
M. Ernest-Antoine Seillière
a estimé que
les résultats des études macro-économiques étaient
déterminés par les hypothèses introduites dans les
modèles et que l'intuition des entrepreneurs était
également à prendre en considération. Il a rappelé
que les entrepreneurs étaient unanimes à considérer que ce
dispositif ne créerait pas d'emplois. Il a estimé que les emplois
n'avaient pas à être financés sur fonds publics, que leur
création dépendait de leur rémunération au prix du
marché et qu'il était concevable que la collectivité
puisse aider les salariés qui pourraient recevoir un salaire trop bas.
M. Georges Jolles
a ajouté que les modèles prenaient en
compte deux hypothèses qui n'allaient pas de soi : les gains de
productivité seraient destinés à financer le surcoût
salarial alors que les entreprises les affectent au développement des
parts de marché et l'hypothèse d'une modération salariale
qui signifie une baisse du pouvoir d'achat dans le temps pour les
salariés.
M. Ernest-Antoine Seillière
a déclaré que la France
était le seul pays au monde où la loi définissait de
manière uniforme la norme en matière de durée du travail.
Il a, par ailleurs, estimé que les salariés étaient plus
soucieux d'augmenter leur pouvoir d'achat que de réduire leur
durée du travail.
M. Bernard Boisson
a souligné, concernant le temps partiel, que
plusieurs branches avaient signé des accords sur la durée
minimale et sur les interruptions quotidiennes, notamment la propreté,
les transports scolaires et certains secteurs du commerce. Il a insisté
sur le rôle de l'apprentissage et de l'alternance pour développer
l'emploi des jeunes. Il a précisé à cet égard
qu'à la fin de 1997, 370.000 jeunes étaient en apprentissage,
soit une nette progression par rapport à 1996.
En réponse à
Mme Gisèle Printz
,
M.
Ernest-Antoine Seillière
a estimé que certaines entreprises
étaient prêtes à réduire la durée du temps de
travail par la négociation.
En réponse à
Mme Joëlle Dusseau
,
M. Ernest-Antoine
Seillière
a déclaré que les entreprises ne pensaient
pas, jusqu'à maintenant, qu'il était de leur ressort de
définir un programme de lutte contre le chômage, mais que devant
les demandes pressantes dont elles étaient saisies, le CNPF allait
s'attacher à présenter un ensemble de mesures. Il a estimé
que ces propositions pourraient s'inspirer des expériences
étrangères, notamment en matière d'emplois de service ; il
a également évoqué le modèle néerlandais de
libre négociation.
En réponse à
M. Guy Fischer
,
M. Ernest-Antoine
Seillière
a déclaré que la mission des entreprises
était de gagner de l'argent, sans quoi elles ne pourraient assurer leur
avenir, et que les entreprises françaises en gagnaient moins que leurs
concurrentes.
En réponse à
MM. Claude Huriet, Alain Vasselle et Jean
Madelain, M. Gautier Sauvagnac
s'est référé
à l'application des 35 heures dans la métallurgie allemande
entre 1988 et 1995. Après avoir souligné que la
métallurgie, en France comme en Allemagne, affichait initialement la
même durée effective du travail, il a constaté que ce
secteur avait perdu 15,8 % d'emplois en Allemagne avec l'application des
35 heures, et seulement 11,7 % en France sans leur application ; il a
observé que l'écart de 4,1 point entre ces deux pourcentages
pouvait constituer une bonne estimation du coût des 35 heures en
termes d'emplois.
A propos du salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC),
M. Gautier Sauvagnac
a considéré qu'un maintien de la
rémunération mensuelle avec une réduction de quatre heures
de la durée hebdomadaire du travail équivalait à une
hausse du salaire horaire de 11,4 %. Il a considéré que la
majoration pour heures supplémentaires consécutive à
l'abaissement de la durée légale du travail constituerait une
hausse des rémunérations mensuelles minimales de 6 à
7 % selon les branches pour les salariés à 39 heures.
Il a, par ailleurs, estimé qu'il y aurait, si on se reportait aux
déclarations du Gouvernement, autant de SMIC horaires que de
durées du travail effectuées entre 35 heures et
39 heures et que la rémunération horaire serait
décroissante avec le nombre d'heures de travail effectuées.
En conclusion,
M. Ernest-Antoine Seillière
a
déclaré que jamais les entrepreneurs français n'avaient
dû faire face à une échéance aussi grave depuis le
début de la V
ème
République.
Puis, la commission a entendu
M. Claude Companie,
délégué
national du
département emploi
de la
Confédération française de l'encadrement -
Confédération générale des cadres
(CFE-CGC),
accompagné de
Mme Laurence Matthys, conseiller technique
.
M. Claude Companie
a déclaré que la CFE-CGC avait
été signataire des deux accords nationaux interprofessionnels du
31 octobre 1995 relatifs au temps de travail et à la négociation
collective mais qu'elle n'avait pas réclamé la loi de Robien
qu'elle jugeait coûteuse. Il a souhaité que le nouveau texte sur
la diminution de la durée du travail serve l'emploi et que la situation
du personnel d'encadrement soit prise en compte pour qu'il puisse effectivement
bénéficier de la réduction du temps de travail. A propos
de l'article premier du projet de loi,
M. Claude Companie
a
regretté le choix d'un seuil pour l'application de la réduction
de la durée du travail ; en tout état de cause il a
déclaré que celui de dix salariés aurait été
préférable. A propos des niveaux de négociation, il a
déclaré que l'entreprise ne devait pas être
privilégiée par rapport à la branche.
M. Claude
Companie
a par ailleurs désapprouvé le recours à la
technique du mandatement tel qu'il avait été défini par la
jurisprudence de la Cour de cassation, dont il a considéré
qu'elle ne garantissait pas la protection du salarié mandaté.
M. Claude Companie
s'est déclaré favorable au maintien des
effectifs pendant deux ans à la suite de la signature d'un accord. Il a
déclaré par ailleurs que la CFE-CGC était très
hostile à un remboursement seulement partiel par l'Etat des
exonérations de charges sociales. Il a estimé que le
caractère forfaitaire de l'aide prévue à l'article 3
pénaliserait l'intégration du personnel d'encadrement dans les
mesures de réduction du temps de travail. Il a considéré
que la transformation possible des repos compensateurs en jours de
congés répondait particulièrement aux souhaits des cadres.
M. Claude Companie
s'est déclaré favorable au
déclenchement du droit au repos compensateur dès la 41ème
heure, ainsi qu'aux mesures restreignant le travail à temps partiel.
En réponse à une question de
M. Louis Souvet, rapporteur,
M. Claude Companie
a considéré qu'il existait deux
catégories de cadres, une jeune génération mobile et
ouverte à l'international et une génération plus ancienne,
plus sensible aux revendications de l'ensemble du monde du travail, notamment
en termes de réduction du temps de travail.
En réponse à une question de
M. Louis Souvet, rapporteur,
sur l'évolution récente de la jurisprudence de la Cour de
cassation à propos de la durée du travail des cadres,
Mme Laurence Matthys
a déclaré que la CFE-CGC avait
appuyé les requérants pour que soit appliqué le principe
du contrôle de la durée effective du travail des cadres. Elle a
considéré que le forfait d'heures supplémentaires ne
constituait pas une solution satisfaisante pour les cadres. Elle a
déclaré que la CFE-CGC partageait la position de la Cour de
cassation selon laquelle les cadres étaient des salariés comme
les autres qui devaient pouvoir obtenir le paiement de leurs heures
supplémentaires.
En réponse à une question de
M. Louis Souvet, rapporteur,
Mme Laurence Matthys
a déclaré que la CFE-CGC
était défavorable au principe d'une aide aux bas salaires qui a
pour conséquence d'augmenter le coût du travail qualifié.
Elle s'est déclarée favorable à un redéploiement
des aides à l'emploi vers le travail qualifié. Elle a
estimé que le renvoi au second texte prévu en 1999 pour traiter
des questions spécifiques aux cadres était satisfaisant compte
tenu du rôle attribué à la négociation
d'ici-là.
En réponse à une question de
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
et de
M. Jean Chérioux,
Mme Laurence Matthys
a
déclaré que la CFE-CGC souhaitait que le mandatement soit
subordonné à l'existence de la branche, afin que la
négociation d'entreprise en l'absence de délégué
syndical puisse tout de même être encadrée.
En réponse à une question de
M. Jean-Pierre Fourcade,
président,
et de
M. Jean Chérioux, M. Claude
Companie
a déclaré qu'il n'était pas favorable
à l'intégration de la compensation salariale dans la
négociation. Il a souhaité par contre que les cotisations
à l'assurance vieillesse soient maintenues à taux plein pour les
salariés qui choisiraient de passer au travail à temps partiel.
Enfin, la commission a entendu
M. Claude Cochonneau,
administrateur
à la
Fédération nationale des syndicats
d'exploitants agricoles
(FNSEA).
Après avoir insisté sur les particularités du secteur
agricole,
M. Claude Cochonneau
a déclaré que la FNSEA
s'était associée aux autres organismes patronaux pour s'opposer
au projet de loi sur la réduction du temps de travail. Il a
souligné que la création d'emplois liée à la
réduction du temps de travail dans les petites exploitations
était quasiment impossible. Il s'est inquiété en
particulier d'une possible augmentation du salaire minimum interprofessionnel
de croissance (SMIC) qui aurait des répercussions sur l'ensemble de la
masse salariale. Il a insisté sur les conséquences
particulièrement dommageables du projet de loi pour les secteurs aux
prises avec une très vive concurrence étrangère, comme les
secteurs fruitier et maraîcher.
M. Claude Cochonneau
a déclaré que la FNSEA n'était
pas hostile par principe à la réduction du temps de travail comme
l'illustraient les accords signés tendant à réduire la
durée du travail à 37 heures et demie payées 39 heures
contre 250 heures de flexibilité. Il a toutefois insisté sur le
risque d'un fort développement du travail dissimulé à
travers, notamment, la forte augmentation du maraîchage avec vente
directe.
En réponse aux questions de
M. Louis Souvet, rapporteur,
M. Claude Cochonneau
a déclaré que le secteur agricole
présentait des spécificités, notamment dans le cas de
l'élevage qui demande une présence constante. Il a
considéré que cette activité ne se prêtait pas
aisément à l'aménagement du temps de travail.
M. Claude Cochonneau
a estimé qu'il n'était pas possible
d'évaluer l'impact du projet de loi sur l'emploi dans le secteur
agricole. Il a rappelé que ce secteur employait un million de personnes
et représentait l'équivalent de 350.000 emplois à temps
plein. Il a déclaré que l'emploi se développait dans les
domaines de la polyculture et de l'élevage.
M. Claude Cochonneau
a souhaité que le vote de cette loi, s'il
devait avoir lieu, s'accompagne d'une plus grande souplesse en termes
d'annualisation et d'heures supplémentaires.
En réponse au
rapporteur, M. Claude Cochonneau
a estimé
que les réformes libérales à l'oeuvre en Europe
étaient incompatibles avec une hausse généralisée
des salaires. Il a insisté sur les conséquences néfastes
en termes d'emploi que pourrait avoir le projet de loi à travers
l'augmentation du travail clandestin, le recours accentué à la
mécanisation et l'expatriation de certains agriculteurs, notamment dans
le domaine fruitier, en Espagne et au Maroc.
M. Claude Cochonneau
a
rappelé que la flexibilité était inhérente au
secteur de l'agriculture.
En réponse à
MM. Jacques Machet et Alain Vasselle,
M. Claude Cochonneau
a estimé que les dispositions
spécifiques organisant le travail dans le code rural tendaient à
se rapprocher du droit commun du code du travail. Il a toutefois rappelé
que les exploitants agricoles bénéficiaient d'un contingent de
410 heures supplémentaires et pouvaient faire travailler leurs
salariés jusqu'à 60 heures certaines semaines.