B. L'ASSEMBLÉE NATIONALE N'A PU OBTENIR QU'UN RÉAMÉNAGEMENT DES CRÉDITS COMPLÉMENTAIRES ACCORDÉS PAR LE GOUVERNEMENT

1. Les dispositions nouvelles effectivement votées par l'Assemblée nationale (art. 62 bis, art. 62 ter, art. 62 quater)

La commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale a considéré que ces mesures étaient insuffisantes dans leur montant par rapport aux 745 millions de francs économisés du fait de la diminution du nombre de pensionnés et, dans leur objet, au regard de l'attente de l'ensemble des parlementaires quant à l'annonce d'une mesure de véritable retraite professionnelle pour les anciens d'Afrique du Nord.

Elle a décidé, dans ces conditions, de donner un avis favorable au projet de budget sous réserve de l'adoption de trois amendements au projet de loi de finances :

- le premier fixant à 95 points d'indice le montant du plafond majorable de la retraite mutualiste et prévoyant la revalorisation de ce plafond en fonction de la valeur du point d'indice ;

- le deuxième ouvrant droit à la retraite anticipée pour les anciens combattants en Afrique du Nord en situation de chômeurs en fin de droits pouvant justifier d'une durée de cotisation de 40 annuités à l'assurance vieillesse diminuée du temps passé en Afrique du Nord ;

- le troisième ouvrant l'attribution de la carte de combattant aux anciens d'Afrique du Nord justifiant d'une durée de service d'au moins douze mois en Afrique du Nord.

Le premier amendement relatif à la retraite mutualiste était proche de la position du Gouvernement. Le deuxième et le troisième étaient, cependant, assez éloignés des déclarations du secrétaire d'Etat.

Le Gouvernement, lors du débat en séance publique qui s'est tenu le vendredi 24 octobre 1997, a tenu compte des amendements adoptés par la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale, qui avaient été déclarés contraires à l'article 40 de la Constitution, en modifiant la ventilation des 40 millions de francs supplémentaires inscrits dans la première partie du budget à l'occasion de sa discussion. C'est ainsi que le secrétaire d'Etat est revenu sur les crédits supplémentaires qui devaient être attribués à la politique de la mémoire et à l'action sociale de l'ONAC. Il a pu, de ce fait, reprendre à son compte les trois préoccupations de la commission, sans toutefois garder leur rédaction initiale (voir encadré).

Le Gouvernement a accepté le premier amendement de la commission qui fixe à 95 points d'indice le montant du plafond majorable de la retraite mutualiste et qui prévoit la revalorisation de ce plafond en fonction du point d'indice.

Concernant la carte du combattant, le secrétaire d'Etat a souhaité avancer en proposant que la nécessité d'une opération de feu soit remplacée par une condition de présence égale à 18 mois.

Enfin, sur la question la plus complexe, la retraite anticipée des anciens combattants d'Afrique du Nord, M. Jean-Pierre Masseret a annoncé une mesure qui permettrait la garantie d'un revenu équivalent à une retraite anticipée, soit 5.600 francs par mois pour les chômeurs qui justifient de 160 trimestres d'assurance vieillesse, y compris le temps passé en Afrique du Nord. Cette disposition prendrait la forme d'un relèvement de l'allocation différentielle à due concurrence à partir du 1er janvier 1998 pour les anciens combattants concernés. Le secrétaire d'Etat a estimé que 12 à 15.000 personnes seraient concernées par cette mesure. Il s'agit là d'un pas en avant qui doit être souligné à sa juste valeur, même s'il ne règle pas complètement la question.

Ainsi, 25 millions de francs abonderont le chapitre 46-10 afin de porter à 5.600 francs l'allocation différentielle, 10 millions de francs iront au chapitre 46-21 pour tenir compte de l'augmentation du nombre de titulaires de la carte du combattant et 5 millions de francs seront destinés au chapitre 47-22 pour tenir compte du relèvement du plafond ouvrant droit à majoration des rentes mutualistes. En conséquence, ont été adoptés les amendements correspondant à ces mesures nouvelles et le budget a été voté. Votre rapporteur tient à préciser que la réserve parlementaire a été sollicitée à hauteur de 25 millions de francs pour abonder la disposition relative au relèvement de l'allocation différentielle sans que ce financement complémentaire puisse garantir tout à fait le bouclage de la mesure que le ministère peine encore à chiffrer aujourd'hui.

Les articles rattachés adoptés par l'Assemblée nationale

Article 62

Au titre VII du livre II du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre est inséré un article L. 252-5 ainsi rédigé :

" Art. L. 252-5. - Bénéficient des dispositions du chapitre Ier du titre III du présent livre, dans les conditions prévues au paragraphe 2 de la section 1 et à la section 2 dudit chapitre, les étrangers arrêtés en France et déportés, s'ils ont acquis la nationalité française depuis lors et obtenu le titre de déporté politique ; il en est de même de leurs ayants cause de nationalité française. "

Article 62 bis (nouveau)

Le dernier alinéa de l'article L. 321-9 du code de la mutualité est ainsi rédigé :

" Le montant maximal donnant lieu à majoration par l'Etat de la rente qui peut être constituée au profit des bénéficiaires visés par les dispositions du présent article est calculé par référence à l'indice 95 des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre. Il est exprimé en francs au 1er janvier de chaque année en fonction de la valeur du point des pensions militaires d'invalidité à cette date. "

Article 62 ter (nouveau)

L'article L. 253 bis du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre est complété par un alinéa ainsi rédigé :

" Une durée des services en Algérie d'au moins dix-huit mois est reconnue équivalente à la participation aux actions de feu et de combat exigée au deuxième alinéa ci-dessus ".

Article 62 quater (nouveau)

Le septième alinéa de l'article 125 de la loi de finances pour 1992 (n° 91-1332 du 30 décembre 1991) est complété par une phrase ainsi rédigée :

" Afin de leur permettre de bénéficier d'un revenu équivalent à une retraite anticipée de 5.600 F net par mois et par dérogation aux dispositions précédentes, le montant de l'allocation différentielle est augmenté à due concurrence au 1er janvier 1998 pour les chômeurs qui justifient d'une durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres, y compris les périodes équivalentes et notamment le temps passé en Afrique du Nord. "

2. Les mesures supplémentaires ne sont pas à la hauteur des enjeux

Comment peut-on apprécier ce budget et les mesures supplémentaires adoptées par l'Assemblée nationale, au regard notamment des demandes du monde combattant, telles qu'elles sont exprimées par le Front Uni ?

La revalorisation de la retraite mutualiste du combattant ne peut constituer que l'amorce d'un rattrapage qui devra être confirmé à l'avenir. Le critère des 18 mois de présence en Afrique du Nord pour l'obtention de la carte du combattant représente une avancée positive notamment vers la notion de risque, mais ne règle pas la question, nombre d'anciens combattants étant restés légèrement moins de 18 mois.

La disposition en faveur des chômeurs ayant cotisé 160 trimestres est également la bienvenue, mais, là aussi, elle reste insuffisante au regard de l'enjeu. On espère de plus qu'un effort sera fait concernant la politique de la mémoire, même si la commémoration de l'Armistice de 1918 est prise en charge par des crédits interministériels. On ne peut, à cet égard, se satisfaire du fait que la hausse des crédits affectés à la politique de la mémoire ait été purement et simplement annulée. De même, les crédits relatifs à l'action sociale de l'ONAC ne seront pas abondés, comme cela avait prévu dans la première ventilation des 40 millions de francs de crédits supplémentaires.

Dans ces conditions, le projet de budget qui nous est présenté apparaît comme une étape bien plus que comme un règlement du contentieux qui oppose le monde combattant au Gouvernement.

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