II. LA MISE EN OEUVRE DES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT
Le tableau ci-dessous récapitule la répartition
des crédits de paiements entre les différents grands programmes
d'équipement de la Marine en 1998.
Les programmes de construction des sous-marins nucléaires lanceurs
d'engins de nouvelle génération et du porte-avions Charles de
Gaulle absorbent l'essentiel des crédits de construction de la flotte
alors que le programme Rafale et l'acquisition des avions de guet Hawkeye
constituent les principaux consommateurs de crédits pour
l'aéronautique navale.
Par rapport aux dotations prévues en programmation, les principales
réductions de crédits ont affecté le programme SNLE NG
(près de 400 millions de francs en moins auxquels s'ajoutent les
crédits relatifs au programme d'adaptation au missile M 51 qui est
retardé d'un an) la construction du Charles de Gaulle (près de
170 millions de francs) et le programme Rafale (environ 150 millions de francs
en moins).
RÉPARTITION DES CRÉDITS DE PAIEMENTS
GRANDS PROGRAMMES
PROGRAMMES |
CP 98
|
SNLE NG |
2527 |
Sous-marin d'attaque futur |
13 |
PAN Charles de Gaulle |
1510 |
Frégates anti-aériennes HORIZON |
120 |
Frégates type la Fayette |
389 |
Transport de chalands de débarquement SIROCO |
402 |
Rafale Marine |
2127 |
Avion de Guet embarqué HAWKEYE |
982 |
Modernisation Super Etendard |
105 |
Hélicoptère NH 90 |
134 |
Crotale naval - VT1 |
374 |
Anti-navire futur (ANF) |
71 |
Torpille MU 90 |
178 |
Missile porte torpille MILAS |
56 |
Famille sol-air futur (FSAF) |
263 |
Principal anti air missile system (PAAMS) |
197 |
A. LES BÂTIMENTS
1. La force océanique stratégique.
Prévoyant initialement la réalisation de 6
unités, le programme des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins
de nouvelle génération a été limité
temporairement à quatre exemplaires en 1991.
Cet objectif a été confirmé en 1996 par le conseil de
défense et retenu par la loi de programmation, le nombre de quatre SNLE
étant le minimum requis pour pouvoir maintenir un et, si
nécessaire, deux SNLE en permanence à la mer.
Le premier bâtiment de la série, le TRIOMPHANT, commandé en
1987, a été admis au service actif en mars 1997 puis inclus dans
le cycle opérationnel.
La date d'admission au service actif du Téméraire dont les essais
devraient débuter en 1998 est toujours fixée à avril 1999.
En revanche, en raison des réductions de crédit touchant le Titre
V, l'admission au service actif du VIGILANT devrait être retardée
d'un an, de 2002 à 2003. Cette mesure sera sans conséquence
significative sur le plan opérationnel en raison du maintien en service
pour la durée nécessaire du TONNANT
Enfin, la commande du 4ème SNLE devrait intervenir en 2000, comme
prévu par la loi de programmation, pour une admission au service actif
en juillet 2007.
2. Le porte-avions nucléaire (PAN)
Le porte-avions est l'élément essentiel du
groupe aéronaval dont la mission s'inscrit dans la politique d'action de
la France.
Par sa présence, il entretien la menace de la puissance de feu de ses
avions d'assaut, qui peut se concrétiser à tout instant en mer et
dans la profondeur d'un territoire.
Il participe aussi à la dissuasion nucléaire en mettant en oeuvre
des avions capables de tirer l'ASMP.
La présentation aux essais officiels du Charles de Gaulle reste
fixée au ler juillet 1998. En revanche, compte tenu des ajustements
budgétaires ayant présidé à l'élaboration du
projet de loi de finances pour 1998, l'admission au service actif est
retardée de trois mois et interviendra fin 1999. A cette date, il
prendra la relève du porte-avions Foch qui sera mis en réserve
jusqu'à la première longue indisponibilité pour entretien
du PAN.
3. Les sous-marins d'attaque.
A l'horizon 2015, la Marine doit disposer de 6 sous-marins
nucléaires d'attaque dont les missions principales sont d'apporter leur
soutien à la FOST et au groupe aéronaval, d'être en mesure
d'effectuer des opérations de rétorsion et d'interdiction, de
participer aux opérations spéciales et enfin de contribuer au
recueil de renseignement.
Pour remplacer les SNA, dès 2007, une étude préliminaire
de faisabilité a été réalisée et devrait
déboucher prochainement sur l'expression du besoin militaire du
sous-marin d'attaque futur qui serait à propulsion nucléaire.
4. Les frégates antiaériennes de type Horizon.
Réalisées en coopération avec l'Italie et
le Royaume-Uni, les frégates Horizon auront pour mission d'assurer la
défense aérienne au sein du groupe aéronaval ou de toute
autre force navale.
Dotées d'un système d'arme antiaérien composé de
missiles ASTER 15 et ASTER 30, elles sont destinées ainsi remplacer les
frégates type " Suffren " en service depuis 1968 et à
permettre de revenir à un nombre suffisant de bâtiment
antiaériens.
La France a prévu l'acquisition de 4 unités mais seulement deux
frégates sont prévues au titre de la loi de programmation. Des
retards sont intervenus pendant la phase de définition en raison de
difficultés rencontrées avec nos partenaires britanniques dans
l'expression des performances du système antiaérien principal
(PAAMS). Il y a lieu de penser aujourd'hui que ces difficultés ont
été levées et que les signatures du contrat de
développement PAAMS et du contrat pour la définition
générale du bâtiment pourront intervenir rapidement. La
première commande est inscrite au projet de budget de 1998 ; la
deuxième devrait survenir en 2000 , les livraisons devant avoir lieu
respectivement en 2005 et 2007.
5. Les frégates type la Fayette.
Destinées à participer, hors Europe, au
contrôle des espaces maritime et au règlement de crises
limitées, ces frégates devaient, à l'origine du programme,
être au nombre de six.
Faute de ressources financières suffisantes, la loi de programmation a
fixé à cinq le nombre d'unités de la série.
Ces frégates ont déjà été commandées
et les trois premières, la Fayette, Surcouf et Courbet, ont
été admises au service actif.
Les deux dernières, Aconit et Guépratte, seront admises au
service actif respectivement en 1999 et 2002.
6. Le transport de chalands de débarquement TCD " Siroco ".
La mission principale du Siroco dont les
caractéristiques techniques sont très proches de celles de la
" Foudre ", sera de transporter puis de mettre à terre les
premiers échelons lourds d'une intervention terrestre. Il constituera
avec les trois autres TCD et le porte-avions l'une des pièces
maîtresses de la projection de forces à partir de la mer.
Le programme, limité à un seul exemplaire, s'achèvera en
mai 1998 avec la livraison du bâtiment par la DCN BREST, chargée
de sa construction.
Le coût total du programme évalué à 1945 MF de
francs de 1997 n'a pas subi de variation.
Enfin, l'étude d'un nouveau TCD destiné à remplacer
l'Orage et l'Ouragan est en cours.
B. LES AÉRONEFS
1. Le Rafale Marine.
Avion de combat embarqué polyvalent, biréacteur
de la classe 15 T, le Rafale a pour mission la supériorité
aérienne, la projection de puissance conventionnel et nucléaire
et la reconnaissance.
Il est destiné à remplacer les Crusader qui seront retirés
du service en 1999 puis les Super Etendard au milieu de la prochaine
décennie.
Le nombre de Rafale marine était de 86 à la date de lancement de
la production, en 1992. Il a été réduit à 60 lors
de l'élaboration de la loi de programmation.
L'échéancier de livraison des 12 premiers appareils dont 10 ont
déjà été commandés est le suivant :
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1 |
3 |
5 |
3 |
Ainsi, la première flottille de 12 appareils sera
complète en 2002, soit 3 ans après l'admission au service actif
du porte -avions Charles de Gaulle. Les livraisons seront reprises en 2005
jusqu'en 2012, au rythme de 6 environ par an.
En raison des ajustements budgétaires, les Rafale ne seront disponibles
dans la version " interception " la plus évoluée qu'en
2004. Ce n'est qu'à cette date qu'ils bénéficieront de la
liaison automatique de transmission de données numériques
(liaison 16) leur permettant notamment de recevoir directement les informations
captées par les avions de guet Hawkeye.
2. L'avion de guet embarqué Hawkeye
Cet aéronef, grâce à des moyens de
détection lointaine et des liaisons de transmission automatique de
données particulièrement performants, apportera au groupe
aéronaval une capacité de sûreté sans commune mesure
avec celle existant aujourd'hui.
Cet appareil embarqué, le seul répondant au besoin
opérationnel exprimé par la Marine, sera apte à
contrôler les avions d'interception et à guider les
aéronefs de combats au cours de leur mission d'assaut. Enfin, Il pourra
élaborer la situation tactique de la zone d'opérations.
A l'origine ce programme prévoyait l'acquisition de 4 appareils à
la société Northrop Grumman par l'intermédiaire de l'US
Navy selon la procédure " Foreign Military Sales ".
Le nombre a été ramené à 3 exemplaires, les
livraisons des deux premiers avions devraient intervenir en 1998. Ils seront
opérationnels sur le Charles de Gaulle dès mi-1999.
Le coût total du programme s'élève à 5705 millions
de francs de 1997. Outre l'acquisition des avions, il comprend notamment
l'approvisionnement des rechanges, la formation du personnel volant et
technique, les moyens d'environnement technique et la fourniture d'un
simulateur de mission.
3. La modernisation des Super-Etendard
Le programme de modernisation des Super Etendard a pour but
de
rendre l'avion plus performant dans l'accomplissement de ses missions d'assaut
contre des objectifs navals ou terrestres et de frappe nucléaire.
Les modifications portent principalement sur le remplacement du radar, la
modernisation du calculateur et du système d'attaque.
L'ensemble du parc de Super Etendard sera modernisé, soit 53 appareils.
37 Super Etendard modernisés ont été livré depuis
1992. Les livraisons devraient s'achever en 1998.
D'un coût total de 2879 millions de francs de 1997, le programme
présente un dépassement de 4 %, le coût unitaire ayant
augmenté de 2 %.
4. L'hélicoptère NH 90
Système d'arme essentiel des bâtiments de surface
de combat, le NH 90 en version marine assurera les principales missions
suivantes :
- lutte anti-sous-marins et lutte anti-navires ;
- transport opérationnel et logistique à la mer ;
- secours et sauvetage ;
- contribution à la sûreté d'une force navale dans le
domaine de la guerre électronique.
Destiné à remplacer les Lynx et les Super Frelon, cet appareil de
9 tonnes équipera le porte-avions, les transports de chalands de
débarquement et les bâtiments d'escadre de 1er rang.
La cible du programme, initialement de 60 appareils pour la Marine, a
été ramenée à 27 appareils dont 14 en version lutte
anti-sous-marins et anti-navires et 13 en version transport logistique et
opérationnel.
Il convient de rappeler que ce programme, lancé en coopération
sous l'égide de l'OTAN, réunit quatre pays, France, Italie,
Allemagne et Pays Bas, et concerne quatre industriels.
La mise au point du NH 90 se déroule normalement ; les deux premiers
prototypes ont déjà effectué de nombreux vols depuis 1995
pour le prototype n° 1 et mars 1997 pour le prototype n° 2.
L'ensemble du programme représente pour la France les coûts
suivants :
- développement : 5065 millions de francs 1997 ;
dont 2024 millions de francs pour Marine ;
- industrialisation : 1553 millions de francs 1997 ;
- prix unitaire : 196 millions de francs 1997.
Il n'existe aucune possibilité d'abaisser le coût du
développement. En revanche, des travaux visant à minimiser les
coûts de l'industrialisation et de production sont en cours.
Les premières livraisons pour la Marine sont attendues à partir
de 2005, selon un calendrier permettant d'assurer le remplacement en temps
voulu des appareils anciens, Lynx et Super Frelon.
C. LES SYSTÈMES D'ARMES
1. Le missile Crotale naval/VT1
Dérivé du Crotale qui équipe actuellement
10 frégates anti-sous-marins et le FOCH, le Crotale Naval/VT1 est un
système d'arme courte portée destiné à
l'autodéfense des cinq frégates type " la Fayette ".
Le programme en cours concerne l'acquisition de 1250 missiles VT1
" hypervéloce ", plus performants que le missile V3.
L'échéancier de commande et de livraison est le suivant :
Années |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Commandes |
0 |
6 |
53 |
40 |
33 |
18 |
||
Livraisons |
0 |
6 |
53 |
40 |
33 |
18 |
2. Le missile anti-navires futur (ANF)
Appelé à remplacer les missiles de la famille
Exocet, le système missile anti-navires futur est destiné
à équiper l'ensemble des unités de la Marine,
bâtiments de surface, sous-marins, aéronefs, d'une arme de
supériorité dans le domaine de la lutte anti-navire.
La version embarquée sur les bâtiments de surface doit entrer en
service en 2005. Ultérieurement seront développées les
versions aéroportée et lancée à partir de
sous-marins. Les avions d'assaut RAFALE en seront dotés en 2008, les
avions de patrouille maritime ATLANTIQUE et les sous-marins à une date
ultérieure.
D'une portée accrue par rapport à celle de l'exocet, ce missile
supersonique, possédant d'excellentes capacités de
pénétration et de manoeuvrabilité, sera propulsé
par un statoréacteur.
Ce programme est directement lié au programme de développement au
profit du missile ASMP amélioré d'un vecteur à
statoréacteur (VESTA)
Le lancement du programme, initialement prévu en 1996, a
été reporté en raison notamment du retrait de l'Allemagne
de ce programme en coopération.
Un dossier d'orientation, élaboré dans un cadre purement
national, se traduira par la réalisation des études de
définition. Le développement devrait débuter à la
mi - 1998 pour une mise en service en 2005 et pour pouvoir équiper,
éventuellement, les frégates HORIZON.
Le coût total pour la marine est de l'ordre de 4 500 millions de francs.
Le coût unitaire d'un missile, d'environ 10 millions de francs, est
inférieur à celui d'un Exocet. Le besoin en missile mer-mer est
évalué à 235.
3. La torpille MU 90
Destinée à la destruction des sous-marins
quelles que soient les zones dans lesquelles ils évoluent la torpille MU
90, développée en coopération par la France et l'Italie,
pourra peut être lancée par des porteurs de différents
types : avions de patrouille maritime, hélicoptères,
frégates anti-sous-marins et missiles porte-torpille MILAS.
Les essais militaires ont débuté en janvier 1997. Le lancement de
la production est prévu à l'automne 1997 avec une première
commande globale pluriannuelle de 600 torpilles, soit 300 exemplaires pour
chaque pays. Les premières livraisons devraient intervenir dès
2000.
Les coût total du programme de développement et
d'industrialisation s'élève à 4280 millions de francs
1997. Le montant cumulé prévisionnel des dépenses jusqu'en
fin de programme est de 9511 millions de francs 1997.
4. Le missile porte torpille MILAS
Successeur du missile MALAFON, le MILAS, missile porteur de
la
torpille MU90, est développé en coopération par la France
et l'Italie.
D'une portée supérieure à 35 km, ce missile est
conçu pour l'attaque à grande distance de sous-marins par les
bâtiments de combat spécialisés dans la lutte
anti-sous-marins.
La Marine a prévu d'acquérir 94 missiles de ce type, mais les
premières commandes n'interviendront pas avant 2002.
Le montant cumulé prévisionnel des dépenses de
développement jusqu'en fin de programme est évalué
à 676 millions de francs 1997.
Les coûts d'industrialisation et de fabrication sont en cours de
négociation avec l'industriel.
Toutefois, le prix unitaire du missile sans torpille est, selon l'estimation
actuelle, compris entre 8 à 12 millions de francs
5. Le programme " Famille Sol Air Futur " (FSAF)
La France et l'Italie sont associées depuis 1988 pour
conduire ce programme destiné à doter les forces armées
des deux pays d'un système de défense aérienne
adapté à la menace missiles des années 2000 - 2010.
Il s'agit de fournir aux marines française et italienne un
système de défense contre les attaques aériennes et les
missiles anti-navires.
Le besoin naval de défense de zone, initialement inclus dans ce
programme, a été pris en compte par un programme
séparé le PAAMS (Principal Anti Air Missile Système)
auquel le Royaume Uni et associé.
Ce système d'arme courte portée multicible doit équiper le
Charles de Gaulle et 10 frégates.
Seul le système d'armes du Charles de Gaulle a été
commandé, les autres bâtiments devraient recevoir leur
équipement après 2005.
Le coût de développement pour la Marine est estimé à
2344 millions de francs.
6. Le PAAMS (Principal Anti-Air Missile System)
Le PAAMS a pour objectif de doter les frégates
antiaériennes type " Horizon d'un système de défense
anti-aérienne de zone face à des missiles aérodynamiques
supersoniques.
Le système comprend une conduite de tir équipé d'un radar
multifonctions, 6 lanceurs verticaux et 48 missiles ASTER.
La France et l'Italie ont choisi le radar issu du programme " Famille
Sol
Air Futur " (FASF) alors que le Royaume Uni a obtenu de développer
son propre radar.
Les dernières propositions financières couvrant le
développement et la fourniture des 3 systèmes tête de
série ont ramené le coût à 8000 millions de francs.
La part de la France, estimée environ à 2000 millions de francs,
tient compte des droits d'entrée qui devront être acquittés
par le Royaume Uni pour bénéficier des retombées du
programme FASF.