AVIS N° 88 TOME VIII - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - DEFENSE MARINE
M. André BOYER, Sénateur
COMMISSION DES AFFAIRE ETRANGERES DE LA DEFENSE ET DES FORCES ARMEES 6 AVIS N° 88 TOME VIII - 1997-1998
Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS ET CONCLUSIONS
DE LA COMMISSION SUR LE BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 1998 1 -
CHAPITRE PREMIER -
LES GRANDES LIGNES DU BUDGET DE LA MARINE
POUR 1998 -
CHAPITRE II -
LES PERSONNELS DE LA MARINE- I. UNE MISE EN OEUVRE GLOBALEMENT SATISFAISANTE DE LA PROFESSIONNALISATION EN 1997
- II. UN BUDGET 1998 QUI DOTE LA MARINE DE MOYENS EN PERSONNELS CONFORMES AUX PRÉVISIONS
-
CHAPITRE III -
LES MOYENS D'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE - LES CONCLUSIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 88
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
DÉFENSE - MARINE
Par M. André BOYER,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Xavier
de Villepin,
président
; Yvon Bourges, Guy Penne, Jean Clouet,
François Abadie, Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Jacques Genton,
vice-présidents
; Michel Alloncle, Jean-Luc
Mélenchon, Serge Vinçon, Bertrand Delanoë,
secrétaires
; Nicolas About, Jean Arthuis, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Pierre Biarnès,
Didier Borotra, André Boyer, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel
Caldaguès, Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga,
MM. Charles-Henri de Cossé-Brissac, Pierre Croze, Marcel
Debarge, Jean-Pierre Demerliat, Xavier Dugoin, André Dulait, Hubert
Durand-Chastel, Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Philippe
de Gaulle, Daniel Goulet
,
Jacques Habert, Marcel Henry, Roger
Husson, Christian de La Malène, Edouard Le Jeune, Maurice
Lombard, Philippe Madrelle, Pierre Mauroy, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Paul
d'Ornano, Charles Pasqua, Alain Peyrefitte, Bernard Plasait, Régis
Ploton, André Rouvière, André Vallet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexes n°
s
43
et
44
) (1997-1998).
Lois de finances.
PRINCIPALES OBSERVATIONS ET CONCLUSIONS
DE LA COMMISSION
SUR LE BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 1998 1(
*
)
1/-
L'enveloppe globale des
crédits du titre
III
du ministère de la défense inscrits dans le projet de loi
de finances pour 1998, qui s'élève à 103,7 milliards de
francs, traduit la priorité affichée en faveur de la
professionnalisation des armées.
Toutefois,
la compression des dépenses de fonctionnement
(hors
rémunérations et charges sociales) est
préoccupante
et menace, avec l'insuffisance des crédits d'entretien programmé
des matériels,
l'entraînement et l'activité des
forces
.
La période de
transition
est par ailleurs fragilisée par
les conséquences potentielles, particulièrement pour
l'armée de terre, des dispositions adoptées en matière de
reports d'incorporation pour les jeunes gens titulaires d'un contrat de
travail
qui rendront nécessaire l'adoption de mesures de
compensation.
2/-
La
brutale diminution des crédits du titre V
(- 8,7%
en francs courants, -9,9% en francs constants), qui sont réduits
à 81 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour 1998,
donne à penser que les crédits d'équipement militaire ont
joué le rôle de
" variable d'ajustement " du budget
de l'Etat
. Il s'agit là d'un
signal négatif adressé
à la nation dans son ensemble
.
Au sein même des crédits d'équipement militaire,
les
crédits consacrés au nucléaire
subissent une
amputation encore supérieure de 13 %
(alors que la programmation
ne prévoyait qu'une diminution de 1,4%), évolution qui
représente un motif d'inquiétude pour l'avenir.
3/-
Cette réduction des crédits d'équipement
constitue
un mauvais signal adressé aux industries de la
défense
en raison :
- du
coût
de ces réductions budgétaires
en
matière
d'
emplois
,
- du
surcoût
des équipements faisant l'objet de mesures
d'étalement ou de moratoires,
- de la
perte de " lisibilité "
que la loi de
programmation avait précisément pour objet d'apporter aux
industriels,
- et de
l'affaiblissement
qui en résultera pour les industriels
français dans la perspective des restructurations indispensables de
l'industrie européenne de l'armement.
4/-
Le projet de budget de la défense pour 1998 constitue
surtout
un signal très négatif adressé à nos
armées
au moment même où un effort d'adaptation
exceptionnel leur est demandé.
Les orientations de ce budget, si elles n'étaient pas corrigées
après 1998, poseraient deux interrogations majeures pour l'avenir :
- ne risquent-elles pas de compromettre
la cohérence de la
réforme entreprise
dans son ensemble ?
- ne risquent-elles pas de remettre en cause
le futur modèle
d'armée professionnelle
lui-même ?
5/-
Si les économies imposées à la Défense
pour 1998 avaient - comme il est annoncé - un
caractère
exceptionnel
, leurs conséquences, pour regrettables et dommageables
qu'elles soient, seraient peut-être surmontables.
Si, en revanche, la Défense ne retrouvait pas
à partir de
1999
le niveau de ressources prévu par la loi de programmation
militaire 1997-2002,
l'ensemble de l'édifice et la loi de
programmation elle-même se trouveraient remis en cause
.
Or, la
loi de programmation
- contrairement à ses
devancières - comportait déjà une forte réduction
des crédits d'équipement militaire et constituait la traduction
d'une réforme d'ensemble devant aboutir à la mise en place d'un
nouveau modèle d'armée.
Son non respect ou - a fortiori - son
abandon ne pourrait donc conduire qu'à l'affaiblissement progressif de
notre défense ou à la révision à la baisse de ce
modèle d'armée
.
La commission réaffirme en conséquence son
ferme attachement
à l'exécution
intégrale de la loi de programmation
pour les années 1997-2002.
Sous le bénéfice de ces observations, la commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des forces armées a
émis un
avis défavorable
à l'adoption de l'ensemble
des crédits du ministère de la Défense pour 1998.
Mesdames, Messieurs,
Le projet de loi de finances pour 1998 se traduira par une contribution
importante du ministère de la Défense à la maîtrise
des finances publiques puisque l'ensemble de ses crédits diminuera d'un
peu plus de 3 %.
Cette diminution portera essentiellement sur les crédits
d'équipement, qui se situeront largement en retrait des dotations
prévues par la loi de programmation militaire 1997-2002 alors que les
ressources destinées aux dépenses de personnel et aux moyens de
fonctionnement seront préservées, afin de poursuivre la
professionnalisation des armées entamée en 1997.
C'est dans ce contexte qu'a été établi le budget de la
Marine pour 1998. Son évolution sera très comparable à
celle de l'ensemble des crédits de la Défense. Il
s'élèvera à 32,6 milliards de francs, soit environ 2,9
milliards de francs de moins que le budget voté en 1997, et restera donc
très en-deçà du niveau qui aurait découlé
d'une stricte application de la loi de programmation.
Comme les autres armées, la Marine voit ses moyens de fonctionnement
relativement épargnés par cette réduction de
crédits, si bien qu'elle devrait pouvoir poursuivre dans de bonnes
conditions son adaptation à un format réduit de 20 % et à
la professionnalisation. L'évolution des effectifs sera ainsi
rigoureusement conforme à celle prévue par la loi de
programmation. Comme l'an passé, elle aura pour trait dominant le
recrutement d'un nombre important de civils, dont beaucoup reprendront les
postes occupés jusqu'alors par des appelés : la volonté de
réaliser de la sorte le reclassement de personnels civils des arsenaux
dans la Marine demeure un défi majeur, relevé avec succès
en 1997 mais qui s'avère néanmoins difficile à mener
à bien dans la durée.
L'effort d'économies pèsera très lourdement sur les
crédits d'équipement. Il portera sur les études et les
développements, sur les fabrications et sur l'entretien programmé
des matériels et aura des conséquences importantes sur le
déroulement des programmes et sur l'activité de certains
bâtiments, sans pour autant remettre fondamentalement en cause les grands
choix effectués lors de l'adoption de la loi de programmation, du moins
si l'on considère que les réductions de crédits
présentent un caractère exceptionnel.
Votre rapporteur se propose de présenter brièvement les grandes
lignes du budget de la Marine pour 1998 avant d'analyser plus en détail
les différents aspects de l'évolution des personnels puis les
conséquences sur les moyens de fonctionnement et d'équipement,
des réductions de crédits qui interviendront l'an prochain.
CHAPITRE PREMIER -
LES GRANDES LIGNES DU BUDGET DE LA
MARINE
POUR 1998
Le recul de plus de 8 % du budget de la Marine par rapport à 1997 résulte pour une part de transferts de crédits vers la Délégation générale pour l'armement mais surtout d'importantes mesures d'économies sur les crédits de fonctionnement et sur les crédits d'équipement.
I. LA PHYSIONOMIE GÉNÉRALE : UN BUDGET TRÈS EN RETRAIT PAR RAPPORT A LA LOI DE PROGRAMMATION
Alors que les crédits du titre III doivent permettre de poursuivre la professionnalisation de la Marine, les crédits d'équipement du titre V se sont écartés, dès la gestion de 1997, des références posées par la loi de programmation. L'écart s'accentuera considérablement en 1998, même s'il faut tenir compte de modifications de la structure budgétaire.
1. Une " entrée " difficile dans la programmation en 1997
L'an passé, tout en se félicitant de la
rigoureuse concordance entre le projet de loi de finances pour 1997 et la loi
de programmation, votre rapporteur avait souligné l'incertitude qui
demeurait sur la gestion de l'exercice 1997, tant au cours des années
récentes les mesures de régulation budgétaire et les
modifications intervenues en cours d'exercice avaient profondément
modifié la portée les crédits votés par le
Parlement.
Au cours de cette année 1997, première annuité de la loi
de programmation, la Marine a dû faire face à plusieurs mesures
qui ont eu pour effet de réduire les crédits disponibles au titre
V.
Elle a en premier lieu abordé l'exercice 1997 avec
un report de
charges de plus de 470 millions de francs
afférents à
l'exercice 1996, alors que parallèlement, elle n'était pas
autorisée à utiliser les crédits de reports provenant de
la gestion de 1996 qui s'élevaient à plus de 1 milliard de francs.
En deuxième lieu, une
annulation de 453 millions de francs
sur
les crédits du titre V est intervenue en juillet 1997.
Enfin,
deux
annulations supplémentaires de l'ordre de 840
millions de francs
sur le titre V sont intervenues en octobre et en
novembre.
Cette ponction sur les ressources du titre V a cependant eu peu d'effet visible
sur la réalisation des programmes de la Marine, un certain nombre de
retards administratifs dans la passation des contrats ayant permis de
réduire les besoins financiers. Toutefois certaines mesures
d'étalement ou de moratoire ont déjà dû être
prises.
2. Un budget en recul de 8 % de 1997 à 1998
Le budget de la Marine pour 1998 diminue beaucoup plus
fortement que l'ensemble du budget de la défense,
particulièrement en ce qui concerne les crédits du titre V.
Évolution du budget de la Marine (en millions de F)
1997 |
1998 |
% |
|
Moyens ordinaires (titre III) |
13 213 |
13 085 |
- 1,0 |
Dépenses en capital (titres V et VI) |
22 318 |
19 555 |
- 12,4 |
Total |
35 531 |
32 640 |
- 8,1 |
Ce budget s'élève en effet à
32,640
milliards de francs
, soit une
diminution de 2,891 milliards de francs et
de 8,1 % par rapport à 1997
, alors que le budget de la
Défense ne recule que de 3,3 %. La part de la Marine dans le budget de
la Défense (hors pensions) passera ainsi de 18,6 % à 17,7 %.
Les ressources du titre III s'élèvent à 13,085 milliards
de francs et diminuent de 1 %, alors que pour l'ensemble du budget de la
Défense, les crédits du titre III augmentent de 1,5 %.
Celles des titres V et VI se montent à 19,555 milliards de francs et
reculent de 12,4 % alors que cette diminution est en moyenne de 8,7 % pour
l'ensemble du budget de la Défense.
Du fait de cette évolution, le titre V ne représente plus que 60
% des crédits de la Marine, contre 62,8 % l'an passé. Le budget
de la Marine reste toutefois caractérisé par une forte
prépondérance des dépenses en capital alors que celles-ci
ne représentent en moyenne que 44 % de l'ensemble du budget de la
Défense.
3. L'importante modification de la structure budgétaire
L'évolution de crédits d'une année sur
l'autre est affectée par des
opérations de transfert
qui
accentuent sensiblement la diminution des dotations.
La première de ces opérations est commune aux trois armées
qui vont transférer à la Délégation
générale pour l'armement leurs
crédits d'études
amont
pour ne conserver que les crédits d'études
technico-opérationnelles et de développements. Dans ce cadre, un
crédit de
239 millions de francs
a été
transféré à la DGA.
La seconde opération est spécifique à la Marine et
résulte de la séparation entre les activités industrielles
de la Direction des constructions navales et ses activités dites
" étatiques " de conception et le pilotage des programmes,
désormais exercées par le service des programmes navals de la
DGA. Jusqu'à présent, la DCN recevait sur son compte de commerce
des versements provenant du titre V de la Marine, au titre des études,
des fabrications ou de l'entretien programmé des matériels, ces
versements servant à réaliser les opérations industrielles
proprement dites mais également à rémunérer le
fonctionnement des services centraux de la DCN. Désormais, le titre V de
la Marine ne supportera plus que les charges industrielles relevant de la DCN.
Les personnels et le fonctionnement du service des programmes navals ne seront
plus financés par la DCN sur son compte de commerce mais par la DGA sur
ses crédits budgétaires. Ainsi,
825 millions de francs ont
été transférés de la Marine à la DGA
,
dont 190 millions de francs provenant du titre III (crédits d'entretien
programmé de matériel) et 635 millions de francs du titre V.
Au total, ces deux opérations de transferts portent donc sur
1,064 milliard de francs
dont 190 millions de francs sur le titre III
et 874 millions de francs sur le titre V.
4. Une " encoche " de 2,1 milliards de francs par rapport à la loi de programmation
Si l'on fait abstraction des opérations de transfert
évoquées ci-dessus, le recul du budget de la Marine, à
structure constante donc, se monte à 1,8 milliard de francs, soit un peu
plus de 5 %, avec une légère progression du titre III et une
diminution de 8,5 % du titre V, équivalente à celle de l'ensemble
des crédits d'équipement de la Défense.
Ce budget intègre par ailleurs deux mesures nouvelles qui n'avaient pas
été prévues en programmation :
. une dotation supplémentaire de 85 millions au titre III
destinée aux pécules d'incitation au départ, dont une
fraction à été répartie entre les armées
dans la loi de finances initiale alors qu'en 1997, une enveloppe globale
inscrite au budget des services communs avait été
distribuée aux armées en cours d'année.
. une enveloppe supplémentaire de 150 millions de francs au titre V pour
alimenter le Fonds d'adaptation industrielle consacré à la
restructuration de la Direction de constructions navales.
Au total, si l'on compare les crédits inscrits dans le projet de budget
pour 1998 et ceux qui étaient attendus dans le cadre de la
deuxième annuité de la loi de programmation, on constate :
. un titre III conforme aux prévisions,
. un
titre V diminué de 2,117 milliards de francs
par rapport
à ces mêmes prévisions.
II. LES DÉPENSES ORDINAIRES : DES DOTATIONS CONFORMES À LA LOI DE PROGRAMMATION
Les dépenses ordinaires du titre III passeront de
13,213 milliards de francs en 1997 à 13,085 milliards de francs en 1998,
soit une diminution de 1 % d'une année sur l'autre.
Évolution des dépenses ordinaires (en
millions de F)
1997 |
1998 |
% |
|
Rémunérations et charges sociales |
9902 |
10 077 |
+ 1,8 |
Fonctionnement
|
3 310
|
3 008
|
- 9,1
|
Total dépenses ordinaires |
13 213 |
13 085 |
- 1,0 |
1. La progression des rémunérations et charges sociales
Les rémunérations et charges sociales
constituent 77 % des dépenses ordinaires pour 1998 et
s'élèveront à 10,076 milliards de francs, soit une
progression de 1,75 %.
Cette évolution résulte de plusieurs mouvements :
. une diminution globale des effectifs militaires de la Marine, qui
représente une économie de l'ordre de 70 millions de francs,
. la réévaluation des rémunérations et l'incidence
de diverses mesures catégorielles,
. l'inscription d'une dotation de 85 millions de francs au titre des
pécules d'incitation au départ.
En revanche, la création nette de plus de 900 emplois civils dans la
Marine n'a pas d'impact sur l'enveloppe dédiée aux
rémunérations et charges sociales, les personnels civils des
armées étant tous rémunérés sur le budget
des services communs.
2. Un fort recul des crédits de fonctionnement
Les crédits de fonctionnement passeront de 3,310
milliards de francs en 1997 à 3,008 milliards de francs de 1998, soit
une
régression de 9,1 %.
Pour une large part, ce recul est imputable au transfert à la DGA de 190
millions de francs de crédits d'entretien programmé du
matériel, ces crédits étant affectés au service des
programmes navals et non plus versés au compte de commerce de la DCN.
Pour le reste, il découle de l'application de la loi de programmation,
la réduction des effectifs et du format des forces entraînant des
économies de fonctionnement, particulièrement sur l'alimentation
et l'entretien. Il faut noter toutefois que les dotations destinées aux
carburants progresseront de près de 30 millions de francs, afin de mieux
tenir compte du coût des produits pétroliers.
III. LES DÉPENSES EN CAPITAL : DES CRÉDITS INFÉRIEURS DE 10 % AU NIVEAU ATTENDU
Les dépenses en capital des titres V et VI, qui
s'élevaient à 22,138 milliards de francs en 1997, ne seront plus
que de 19,555 milliards de francs en 1998, soit une
diminution de 12,4
%.
Les autorisations de programme évoluent dans une même
proportion et passeront de 20,753 milliards de francs en 1997 à 18,105
milliards de francs en 1998.
Évolution des dépenses en capital
(en millions de F)
1997 |
1998 |
% |
|
Études et
développements
|
3 003
|
1 887
|
- 37,2
|
Total Titre V |
22 313 |
19 549 |
- 12,4 |
Titre VI |
6 |
6 |
+ 1,2 |
Total Dépenses en capital |
22 319 |
19 555 |
- 12,4 |
Si le transfert de 874 millions de francs de crédits de
paiement vers la DGA n'aura pas d'incidence sur le déroulement des
programmes, il n'en ira pas de même de la forte compression de
crédits imposée au titre V, qui représente un
"
manque à gagner " de 2,117 milliards de francs par
rapport aux prévisions actualisées pour la deuxième
annuité de la programmation
.
Les conséquences de cette réduction de crédits seront
visibles dès l'an prochain en ce qui concerne l'entretien
programmé des matériels. Elles entraîneront, à
partir de 1999, un retard dans la livraison de certains équipements et
imposent le décalage d'études et de développements.
1. La force océanique stratégique (FOST)
Les crédits affectés à la Fost
s'élèveront à 4,235 milliards de francs pour 1998 et
seront principalement consacrés au programme de construction des
sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de nouvelle
génération (SNLE-NG).
Si les dotations de la Fost devaient légèrement
décroître au cours de la programmation, le recul est beaucoup plus
fort que prévu puisqu'il atteint 25,6 % de budget à budget, soit
22,1 % à périmètre constant.
Cette forte réduction entraînera le décalage d'un an de
l'admission au service actif du troisième SNLE-NG, le Vigilant, et donc
le maintien durant une année supplémentaire d'un SNLE doté
du missile M4. Un moratoire sur le développement du programme
d'adaptation des SNLE-NG au futur missile M 51 a également
été décidé. Des étalements ont
été prévus pour certaines opérations d'adaptation
des capacités opérationnelles des bâtiments.
2. Les études et développements
Dotés de 1,887 milliard de francs, les crédits
d'études et de développements diminuent de plus de 37 % mais si
l'on fait abstraction des transferts à la DGA, le recul se limite
à 24,9 %.
Cette enveloppe sera désormais quasi exclusivement destinée aux
développements, les principaux programmes concernés en 1998
relevant surtout de l'aéronautique navale (Rafale et NH 90) et des
missiles (notamment missile PAAMS).
3. Les fabrications de la flotte
Les crédits destinés aux fabrications de la
flotte s'élèveront à 3,052 milliards de francs en 1998.
Près de la moitié d'entre eux seront consacrés à la
construction du porte-avions Charles de Gaulle, les programmes de
frégates de type " La Fayette " et de transport de chalands
de
débarquement bénéficiant également de dotations
importantes.
A structure constante, les crédits consacrés à la flotte
classique diminuent de 22,9 %. Les mesures d'économie entraîneront
un décalage de trois mois de l'admission au service actif du
porte-avions. Par ailleurs, le lancement de la modernisation des chasseurs de
mines tripartites sera retardé d'un an et la commande d'un
bâtiment océanographique a été suspendue.
4. Les fabrications de l'aéronautique navale
Les fabrications de l'aéronautique navale
bénéficieront d'une enveloppe de 4,036 milliards de francs en
augmentation de plus de 40 % par rapport à 1997.
Cette augmentation résulte essentiellement du fort accroissement des
dotations affectées au Rafale Marine (1,7 milliard de francs) ainsi que
d'un accroissement des crédits consacrés à l'acquisition
de deux avions de guet embarqués Hawkeye.
L'aéronautique navale ne sera cependant pas épargnée par
les réductions de crédits.
Celles-ci ont tout d'abord touché le programme Rafale, dans la mesure
où la première flottille qui sera comme prévu
opérationnelle en 2002, ne disposera pas du standard escompté, le
standard définitif n'étant livré qu'en 2004.
Par ailleurs, la commande de deux avions de surveillance maritime Falcon 50 a
été suspendue, ce qui aura pour principal inconvénient de
continuer à faire assurer par des Atlantique 2 des missions pour
lesquelles ils sont largement surdimensionnés.
5. Les munitions
Les crédits consacrés aux munitions s'élèveront à 936 millions de francs, soit 6,2 % de moins qu'en 1997. Ils sont relativement épargnés par les réductions budgétaires, l'essentiel des économies ayant été réalisé par une réduction attendue du coût de fabrication des missiles du programme FSAF (Famille sol air futur).
6. L'entretien programmé des matériels
Les dotations d'entretien programmé des
matériels inscrites au titre V s'élèveront à 3,561
milliards de francs en 1998, dont 1,894 milliards de francs pour l'entretien de
la flotte et 1,667 milliard de francs pour celui de l'aéronautique
navale. Ces dotations sont en retrait de 8,3 % par rapport à l'an
passé mais ajoutées à celles qui touchent le titre III,
c'est au total un recul de 12 % qui s'appliquera en 1998 à l'entretien
programmé des matériels.
Afin de ne pas pénaliser l'ensemble de la flotte par une baisse uniforme
des dotations d'entretien programmé, il a été
décidé de faire porter l'économie sur de grosses
opérations, qui seront reportées. Ces mesures concernent le
porte-hélicoptères Jeanne d'Arc ainsi que la frégate
antiaérienne Duquesne. Une mesure analogue pourrait s'appliquer à
une seconde frégate.
7. Les autres dépenses
Les autres dépenses en capital
s'élèveront à 1,827 milliard de francs en 1998, soit une
diminution de moins de 2 % par rapport à l'an passé.
Au sein de cet ensemble de dépenses, les crédits d'infrastructure
représenteront 708 millions de francs et régresseront de 4 % par
rapport à 1997.
Les dépenses dites " d'entretien programmé des
personnels ", qui concernent l'habillement, le couchage et
l'ameublement,
se monteront à 227 millions de francs, soit une diminution de 21 %
beaucoup plus forte que celle prévue par la programmation, une
économie supplémentaire de 20 millions de francs étant
réalisée sur cet article.
Par ailleurs, les dotations affectées au fonds d'adaptation industrielle
pour la restructuration de la Direction des constructions navales
s'élèveront à 454 millions de francs, soit près de
40 % de plus que l'an passé. En effet, une enveloppe
supplémentaire de 150 millions de francs a été
dégagée pour augmenter le niveau prévu en loi de
programmation.
Enfin, on rappellera pour mémoire que les seuls crédits inscrits
au titre VI pour la Marine concernent la subvention d'investissement au
musée de la Marine qui passera de 6 à 6,07 millions de francs de
1997 à 1998. Mais il faut ajouter qu'en 1997, ce crédit a
été amputé de moitié par une mesure d'annulation.
Une subvention de 12,7 millions de francs est également inscrite au
titre III pour le musée de la Marine.
CHAPITRE II -
LES PERSONNELS DE LA MARINE
Au cours de l'année 1997 a été
engagée la profonde réorganisation des personnels de la Marine
qui, par la professionnalisation et la réduction du format des forces,
doit conduire, au terme de six années, au modèle
arrêté par la loi de programmation.
Les mutations à entreprendre dans la Marine n'ont sans doute pas la
même ampleur que dans l'armée de terre, qu'il s'agisse du
remplacement des appelés ou de la déflation des effectifs de
sous-officiers. La Marine connaît cependant des contraintes
particulières, liées par exemple aux conditions d'organisation et
de fonctionnement des bâtiments. Elle présente également la
particularité de devoir intégrer en son sein une forte
présence civile, dont une bonne part proviendra de mutations d'ouvriers
des arsenaux en restructuration.
Au vu du déroulement de l'année 1997, on peut considérer
que la mise en oeuvre de la professionnalisation de la Marine a
été globalement satisfaisante. Les mesures d'effectifs et les
crédits prévus par le projet de budget pour 1998 doivent
permettre de poursuivre le mouvement amorcé dans de bonnes conditions,
bien que déjà apparaissent certaines difficultés pour
pourvoir certains types d'emplois destinés à du personnel civil.
I. UNE MISE EN OEUVRE GLOBALEMENT SATISFAISANTE DE LA PROFESSIONNALISATION EN 1997
Les mesures mises en oeuvre en 1997 pour faire face à la diminution des effectifs d'appelés et pour accueillir des personnels de la Direction des contributions navales ont permis d'atteindre les objectifs fixés par la loi de programmation.
A. LES CONTRAINTES DE LA PROFESSIONNALISATION
La réduction du format de la Marine, la suppression progressive de la ressource constituée par le contingent et la part croissante réservée au personnel civil entraînent une réorganisation profonde des effectifs, qu'il faut concilier avec les objectifs de bonne gestion des ressources humaines.
Évolution des effectifs de la Marine de 1996 à
2002
(loi de programmation 1997-2002)
1996 |
% |
2002 |
% |
|
Officiers |
4 844 |
6,9 |
4 961 |
8,8 |
Officiers-mariniers |
32 530 |
46,6 |
30 136 |
53,4 |
Quartiers-maîtres et matelots engagés |
8 103 |
11,6 |
7 998 |
14,2 |
Appelés et volontaires |
17 906 |
25,6 |
1 775 |
3,1 |
Civils |
6 495 |
9,3 |
11 594 |
20,5 |
Total |
69 878 |
100 |
56 464 |
100 |
1. Une transformation profonde de la structure des effectifs
La Marine doit tout d'abord gérer les
conséquences de la suppression du service militaire sous sa forme
actuelle.
Certes, le contingent ne fournit à la Marine qu'un quart de ses
effectifs, ce qui est notablement inférieur à la proportion
constatée dans les autres armées, mais son rôle ne doit pas
être sous-estimé. Les appelés sont présents dans
l'ensemble des unités, aussi bien à terre qu'à bord des
bâtiments. Les aspirants du contingent et les appelés de haut
niveau (scientifiques du contingent) assimilés aux officiers compte tenu
de leurs fonctions représentent près de 20 % des effectifs
d'officiers. La part des appelés est également importante dans
l'exercice de certaines fonctions techniques. Plus de 15 % des appelés
de la Marine sont volontaires pour les opérations d'intervention
extérieures et un quart d'entre eux sont volontaires pour un service
long, ce qui contribue à la stabilité des équipages et
renforce l'efficacité dans l'emploi occupé. D'une manière
générale, on considère que les appelés
embarqués à bord des bâtiments exercent des fonctions
à part entière et devront donc être remplacés nombre
pour nombre par du personnel militaire engagé, le recours à des
personnels civils étant exclu pour ce type d'emploi. La diminution du
nombre d'appelés à raison de 3 200 par an implique donc la
professionnalisation rapide des équipages, prioritairement sur les
bâtiments contribuant aux forces projetables essentielles.
Parallèlement, la réduction du format de la Marine se traduira
par une diminution de près de 8 % des effectifs d'officiers-mariniers,
concentrée sur les spécialités les plus touchées
par la restructuration : les sous-marins et l'aéronautique navale.
Mais le trait dominant de l'évolution des effectifs pour les prochaines
années reste le recours croissant à du personnel civil, puisque
plus de la moitié des créations de postes de civils
prévues par la loi de programmation seront réalisés dans
la Marine et que celle-ci comportera, comparée aux deux autres
armées et à la Gendarmerie, la plus forte proportion de civils
(20,5 % des effectifs en 2002). Cette orientation qui va influer lourdement sur
la gestion des effectifs de la Marine jusqu'en 2002 tient tout autant à
la volonté de réserver les tâches purement militaires aux
personnels militaires en ayant recours, chaque fois que cela est possible,
à du personnel civil, qu'au souci de résorber les sureffectifs de
la Direction des constructions navales en reclassant certains de ses personnels
dans les armées.
En résumé, la professionnalisation impliquera de faire appel,
pour remplir les fonctions très diverses assurées par les
appelés, soit à des militaires engagés, seuls à
même de servir à bord des bâtiments, soit à des
civils qui seront principalement d'anciens ouvriers de la DCN.
2. Les conséquences sur le recrutement et la gestion des carrières
Outre les incidences sur la répartition entre les
différentes catégories de personnels, la professionnalisation
menée dans un contexte de réduction des effectifs
entraînera des conséquences importantes sur le recrutement et la
gestion des carrières.
La Marine doit tout d'abord impérativement maintenir un flux de
recrutement, y compris pour les catégories dont les effectifs diminuent
, afin de conserver une moyenne d'âge (actuellement 29 ans avec les
appelés et 32 ans sans les appelés) compatible avec
l'efficacité opérationnelle des équipages.
Ainsi, en dépit de la diminution globale du nombre d'officiers-mariniers
et de matelots engagés, le flux de recrutement de matelots sera maintenu
à 2 500 par an, dont 800 pour l'école de maistrance
chargée de former les personnels destinés à devenir
officiers-mariniers et 1 700 en qualité d'engagés initiaux de
longue durée pour des contrats de 4 ou 8 ans. Parallèlement, une
partie des postes correspondant à des emplois d'appelés et ne
nécessitant pas de qualification sera pourvue par des contrats courts de
deux ans.
Ce type de recrutement a concerné près de 700 postes en 1997 et
en 2002 le flux annuel au titre des contrats courts devrait s'élever
à 1 250 jeunes par an.
Le recours à des engagés de courte durée pour les emplois
peu ou pas qualifiés permet de maintenir des perspectives
d'évolution de carrière convenables pour les engagés
classiques et donc de pérenniser un recrutement de qualité.
B. L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS EN 1997
L'évolution des effectifs en 1997 aura été marquée par la mise en oeuvre de trois mesures nouvelles : les pécules d'incitation au départ pour les officiers mariniers, la mise en place des contrats courts et les mutations provenant de la DCN.
1. Les départs d'officiers-mariniers
Destiné à favoriser les départs
volontaires d'officiers-mariniers, le pécule mis en place pour la
durée de la loi de programmation a été attribué
cette année à plus de 330 officiers-mariniers, ce qui
correspondait aux objectifs retenus par la Marine. Parallèlement,
près de 60 départs étaient réalisés dans le
cadre des dispositions de la loi de 1970 permettant l'accès à des
emplois publics et, en milieu d'année, plus de 50 officiers-mariniers
avaient obtenu un transfert vers une autre armée. A la même date,
le nombre d'officiers-mariniers bénéficiant du congé de
reconversion s'élevait à plus de 700.
En outre, les actions du service d'aide à l'insertion et à la
reconversion du personnel militaire de la Marine (SAIRM) se sont
intensifiées, le nombre de sous-officiers placés dans le secteur
civil ayant sensiblement augmenté depuis 1995.
2. La mise en place des contrats courts
L'année 1997 a vu s'effectuer les premiers recrutements
d'engagés sur des contrats courts de 2 ans, sur des postes peu
qualifiés et offrant peu de possibilités de progression
professionnelle.
La Marine s'est adressée à un public de jeunes dépourvus
de qualification professionnelle. Elle a signé à cet effet un
accord cadre avec le délégation interministérielle
à l'insertion des jeunes, qui permet à des jeunes inscrits dans
les structures d'insertion de postuler auprès de la Marine pour une
première expérience professionnelle d'une durée de deux
ans. A l'issue de leur contrat, les intéressés disposeront ainsi
d'une qualification et d'une référence professionnelle reconnue
sur le marché du travail.
Le nombre d'emplois concernés s'est élevé à 690 en
1997, le flux de recrutement ayant vocation à atteindre 1 250 jeunes par
an dans un avenir proche.
Trois catégories d'emplois sont concernées :
- à bord des bâtiments, des emplois d'agents d'exploitation
relevant du service général (agent de restauration,
secrétaire, magasinier, peintre) et de manoeuvriers de pont d'envol,
- à terre, des emplois de protection des bases (contrôle et
filtrage, veille des alarmes, patrouille).
Pour 1997, les recrutements ont porté sur 390 emplois de service
général, 150 emplois de manutention aéronautique et 150
emplois de protection.
3. L'accueil de personnels civils de la DCN
A hauteur des quatre cinquièmes, le recrutement de
personnels civils s'est effectué en 1997 par mutation interne au
ministère de la Défense, essentiellement depuis la DCN, la part
réservée aux concours externes étant inférieure
à 20 % des recrutements.
Pour faciliter le reclassement des personnels de la DCN, la Marine avait
proposé, au titre des vacances susceptibles d'intervenir en 1997 et
1998, plus de 2 300 postes, dont 1 500 postes d'ouvriers.
Au 1er septembre 1997, 646 mutations provenant de la DCN avaient
été réalisées, dépassant
légèrement l'objectif qui avait été
arrêté. L'intégration de ces personnels au sein des
unités de la Marine s'est opérée sans difficulté,
30 % des ralliements ayant cependant nécessité des actions de
formation, notamment sur la bureautique, la conduite automobile et
l'habilitation technique.
Toutefois, un certain décalage est apparu entre la répartition
géographique des offres émises par la Marine et celle des
volontariats issus de la DCN. Les postes proposés à Toulon ou
à Paris n'ont guère suscité de demandes alors qu'ils
paraissent insuffisants à Cherbourg.
II. UN BUDGET 1998 QUI DOTE LA MARINE DE MOYENS EN PERSONNELS CONFORMES AUX PRÉVISIONS
Les emplois et les crédits prévus pour 1998 seront conformes à la loi de programmation et devraient donc permettre de poursuivre correctement la professionnalisation, même si plusieurs éléments d'incertitude apparaissent, principalement sur la possibilité de pourvoir en nombre suffisant les postes offerts aux personnels civils.
A. DES EFFECTIFS ET DES CRÉDITS CONFORMES À LA LOI DE PROGRAMMATION
Le tableau des effectifs de la Marine évoluera conformément aux prévisions de la programmation, ce qui entraînera une légère augmentation des crédits de rémunérations et de charges sociales.
1. L'évolution des effectifs de la Marine
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des effectifs de la Marine au cours de l'année 1998.
Évolution des effectifs de la Marine
1997 |
1998 |
Variation |
|
Officiers |
4 916 |
4 985 |
+ 69 |
Officiers-mariniers |
32 784 |
32 605 |
- 179 |
Équipage |
7 928 |
7 928 |
- |
Appelés |
14 698 |
11 498 |
- 3 200 |
Civils |
7 258 |
8 179 |
+ 921 |
67 584 |
65 195 |
- 2 389 |
L'augmentation des effectifs d'officiers qui avait
été amorcée dans les années passées se
poursuit, conformément à l'orientation définie par la loi
de programmation. Il faut en effet rappeler que, contrairement à
l'armée de terre et à l'armée de l'air, la Marine verra le
nombre de ses officiers augmenter d'ici 2002, afin d'améliorer le taux
d'encadrement depuis longtemps inférieur à celui des grandes
marines occidentales et de pourvoir aux besoins d'officiers de marine dans les
états-majors interarmées et dans des organisations
interalliées.
Compte tenu des départs prévisibles, la Marine devrait
procéder au recrutement de 240 officiers en 1998, dont 80 par le biais
de l'Ecole Navale, 56 par l'Ecole militaire de la flotte, 79 en qualité
d'officiers de réserve en situation d'activité (ORSA), 20 au
choix et 5 sur titres.
Votre rapporteur note avec satisfaction que contrairement à l'an
passé, le nombre de postes à l'Ecole navale a été
augmenté et passera de 75 à 80, ce qui semble cohérent
avec les besoins liés aux emplois de haut niveau dans les
états-majors. Toutefois cette augmentation sera gagée par une
diminution équivalente des postes ouverts à l'Ecole militaire de
la flotte.
La déflation des effectifs d'officiers-mariniers se poursuivra à
un rythme modéré, l'effort de réduction devant devenir
plus soutenu dans cette catégorie à partir de 2000, après
la " mise en sommeil " du porte-avions Foch. Comme l'an
passé,
les spécialités les plus concernés devraient être
les forces sous-marines et l'aéronautique navale.
La stabilité des effectifs d'équipage dissimule un double
mouvement :
- la diminution du nombre de maistranciers de quartiers-maîtres et de
matelots engagés,
- le recrutement de 830 engagés sur contrats courts de 2 ans, s'ajoutant
aux 690 emplois déjà pourvus l'an passé. Les postes
concernés se répartissent entre 500 emplois de service
général, 180 emplois de manutention aéronautique et 150
emplois de protection.
Le nombre d'appelés diminue de 3 200 unités en 1998, comme en
1997. Cette diminution est absorbée par la suppression des postes
d'appelés des unités désarmées et par la
professionnalisation des autres postes, sachant que pour les postes
embarqués, le principe d'un remplacement nombre pour nombre d'un
appelé par un militaire professionnel avait été retenu. Au
cours de l'année 1998, près de 600 postes embarqués
devront être professionnalisés, principalement sur le Foch, ainsi
que sur le Charles de Gaulle.
Enfin, 921 postes de personnels civils supplémentaires seront
créés en 1998 ce qui, compte tenu des vacances actuelles ou
à venir en cours d'année, devront porter la capacité de
recrutement de la Marine à plus de 1 200 postes l'an prochain
D'après les informations dont dispose votre rapporteur, le nombre de
postes offerts aux divers concours (ingénieurs d'études et de
fabrications, techniciens supérieurs d'études et de fabrication,
secrétaires administratifs, adjoints administratifs) devrait se situer
comme en 1997 autour de 170. Les autres postes vacants devraient en principe
être pourvus par mutations internes mais les prévisions concernant
notamment la DCN sont loin de s'accorder au nombre de places disponibles.
Enfin, au titre de la politique de recrutement mise en oeuvre en 1998, on
signalera que la féminisation des emplois se poursuivra. Celle-ci
conserve tous les types d'emplois, à l'exception du pilotage d'avions
embarqués, des postes sur sous-marins et des emplois de fusiliers-marins
et commandos. Cinq bâtiments de combat embarquent déjà des
équipages mixtes. La proportion de femmes dans les personnels militaires
de la Marine s'établit à 7 % des effectifs et devrait
régulièrement augmenter pour atteindre 10 %.
2. Les charges de personnels
Le montant des rémunérations et charges sociales
inscrites au budget de la Marine s'élève à 10,076
milliards de francs pour 1998, soit une progression de 1,8 % par rapport
à 1997.
Cette enveloppe n'inclut pas la rémunération des personnels
civils pris en charge, comme les personnels civils des autres armées,
par le budget des services communs. Son évolution ne retrace donc que
l'impact financier des mesures concernant les seuls personnels militaires de la
Marine.
La légère progression des rémunérations et charges
sociales en 1998 résultera de plusieurs mouvements jouant en sens
inverse :
- la réduction du format induite par la loi de programmation permettra
une économie de 66 millions de francs,
- les revalorisations indemnitaires provoqueront une charge
supplémentaire de 94 millions de francs,
- la mensualisation de la solde des élèves-officiers et des
militaires du rang entraînera une dépense supplémentaire de
153 millions de francs,
- un crédit supplémentaire de 85 millions de francs a
été prévu dans la loi de finances initiale au titre de
l'attribution des pécules d'incitation au départ, alors que l'an
passé, la Marine avait bénéficié d'un transfert en
cours d'exercice depuis le budget des services communs,
- enfin, une " mesure d'économie " de 118 millions de
francs,
liée au redéploiement des effectifs et au désarmement de
plusieurs bâtiments a été appliquée sur l'enveloppe
des rémunérations des personnels.
Par ailleurs, on peut noter qu'une mesure nouvelle de 10 millions de francs sur
les crédits fonctionnement de la Marine et été
prévue au titre de dépenses de sous-traitance. Il
s'agit-là de permettre le financement d'activités qui, du fait de
la professionnalisation et de la réduction des effectifs, ne peuvent
plus être assurées par du personnel de la Marine.
Enfin, la diminution globale des effectifs se traduira par une réduction
de 5,4 % des crédits d'alimentation qui passeront de 589 millions de
francs en 1997 à 557 millions de francs en 1998.
B. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
Si l'on peut considérer que le projet de loi de finances pour 1998 mettra en place les moyens financiers et les postes budgétaires correspondant à l'application normale de la loi de programmation, votre rapporteur souhaiterait toutefois remarquer que pour l'année prochaine, une incertitude demeure sur le niveau réel des personnels civils dont disposera la Marine. Par ailleurs, la question des volontaires comme celle des réserves restent toujours en suspens.
1. Vers un fort déficit en personnels civils dans la Marine en 1998 ?
Cette interrogation est justifiée par l'existence d'un
déficit en personnels civils déjà significatif
dans
la Marine, les effectifs réalisés restant inférieurs aux
effectifs budgétaires. Ainsi,
250 postes de personnels civils se
trouveraient vacants au ler janvier 1997
, dont 200 postes ouvriers. Cette
situation est due aux interdictions d'embauchage en vigueur depuis plusieurs
années, la Marine n'étant autorisée à recruter par
voie externe qu'un nombre limité de civils, le reste des postes devant
être pourvus par mutation interne au ministère de la
Défense.
Si l'on ajoute à ce déficit au ler janvier dernier, les 300
postes devant devenir vacants en cours d'année et les 761 postes de
civils supplémentaires créés conformément à
la loi de programmation, on aboutit à plus de 1300 recrutements
possibles en 1997. Or, les recrutements externes par concours ne portant que
sur 170 emplois, cela signifie que 1100 postes devaient être pourvus par
mutations internes en 1997. A l'évidence, malgré un nombre de
candidatures provenant de la DCN en nombre supérieur aux
prévisions, ces mutations seront loin d'atteindre ce chiffre si bien que
selon l'Etat-major de la Marine,
le déficit en personnels civils
devrait se situer autour de 300 postes à la fin de l'année
1997.
Pour 1998, il faudra pourvoir ces 300 postes vacants, les 921 postes
créés par le présent budget et les postes
libérés par les départs naturels, soit un total encore
plus important qu'en 1997, qui pourrait être supérieur à
1500 postes.
Or, les recrutements par concours ne devraient pas augmenter significativement.
Quant aux mutations internes, il apparaît qu'en l'état actuel des
choses, les candidatures devraient être moins nombreuses qu'en 1997, si
bien que le départ en fin d'année risque de s'accentuer.
Le
risque d'un fort déficit en personnel civil dans la Marine
provient de la conjugaison de trois facteurs :
· l'augmentation importante des postes civils depuis 1997 ;
· la difficulté de réaliser les mutations internes,
notamment depuis la DCN ;
· et l'interdiction d'augmenter les recrutements externes.
S'agissant des
mutations internes
, nous avons vu qu'au cours de
l'année 1997 les prévisions de reclassement d'ouvriers de la DCN
avaient été réalisées et même
dépassées, mais on peut penser que des conditions aussi
favorables ne seront pas réunies en 1998.
Le flux de candidatures
risque de se tarir
, les personnels les plus intéressés
s'étant déjà manifestés en 1997. Par ailleurs, il
n'y a pas
adéquation géographique
entre les postes offerts
par la Marine et les sites de la DCN en sureffectifs. Des emplois
proposés à Toulon et à Paris ne trouvent pas preneurs, en
raison des difficultés soulevées par une éventuelle
mobilité géographique des personnels des arsenaux de l'ouest de
la France. D'autre part, bon nombre de postes proposés par la Marine ne
correspondent pas aux qualifications des ouvriers de la DCN ; il en va ainsi
dans les emplois liés à l'entretien ou à la restauration,
qui constituent un besoin essentiel pour la Marine au moment où celle-ci
perd le concours des appelés.
Au total, la Marine ne prévoirait guère plus de 500 mutations en
provenance de la DCN, ce qui serait très insuffisant pour pourvoir les
emplois civils disponibles.
En l'absence de mesures nouvelles, l'accentuation du déficit en
personnels civils semble inéluctable
et pourrait perturber fortement
le fonctionnement des unités. Il faut ajouter que le problème
pourrait s'aggraver si les nouvelles modalités de reports
d'incorporation par les jeunes titulaires d'un contrat de travail aboutissant
à priver la Marine d'appelés nantis d'une qualification
professionnelle et utilisables immédiatement sur des emplois ouvriers ou
dans les métiers de la restauration.
Un trop fort déficit en personnel civil exigerait alors des mesures
palliatives qui, pour l'instant, ne sont pas à l'ordre du jour. On peut
penser à un recours plus important à la sous-traitance, mais il
faudrait alors débloquer les crédits nécessaires, ou
encore à des mesures incitatives plus adaptées, allant
au-delà de ce que permettent les mutations volontaires des personnels de
la DCN. Enfin, on peut également évoquer des levées
partielles des interdictions d'embauche dans certains cas particuliers, lorsque
les perspectives de mutations internes sont faibles pour des raisons
géographiques ou de profils de postes.
On peut cependant se féliciter que les dotations du fonds d'adaptation
industrielle consacré à la restructuration de la DCN, qui
s'élevaient à 327 millions de F en 1997, aient été
portées à 454 millions de F pour 1998, ce qui pourrait
faciliter les mutations vers les armées. Au cours de l'année
1997, cette enveloppe imputée sur les crédits d'équipement
de la Marine aura été consacrée pour 230 millions de F au
dégagement des cadres, pour 50 millions de F aux départs
volontaires et pour 50 millions de F seulement aux mutations vers les
armées.
2. Deux questions en suspens : les volontaires et les réserves
La loi de programmation avait prévu la présence
de 1775 volontaires dans la Marine en 2002. Sur cette base, la Marine avait
prévu une montée en charge progressive de ces postes qu'elle
envisageait de répartir entre 150 postes de haut niveau, 1000 postes
embarqués, 100 à 150 postes de gendarmes maritimes auxiliaires et
475 à 525 postes à terre assujettis à des contraintes
opérationnelles et de disponibilité (transmetteurs, guetteurs,
marins pompiers notamment).
Toutefois, le nouveau projet de loi sur le service national a sensiblement
modifié l'approche du volontariat, notamment du point de vue de sa
rémunération qui passerait de 2 000 F mensuels dans le
projet du gouvernement précédent à 4 000 F mensuels
dans l'esprit du gouvernement actuel. Il s'agirait notamment de rapprocher,
sinon d'harmoniser, les conditions d'emploi et de rémunération du
volontariat de défense et celles des nouvelles activités
envisagées pour l'emploi des jeunes dans le secteur civil.
Le statut du volontariat de défense et ses conditions de mise en oeuvre
restent à définir et on peut se demander comment se distingueront
les volontaires des engagés, particulièrement dans la Marine qui
développe des contrats courts de 2 ans pour certaines fonctions peu
qualifiées.
A l'évidence, il conviendra de clarifier cette question et d'adapter en
conséquence la politique de recrutement mise au point par la Marine pour
faire face à la professionnalisation.
Le second point en suspens concerne les
réserves
, en l'attente du
projet de loi qui devrait être présenté au Parlement au
cours du 1er semestre 1998.
Il semblerait que l'orientation retenue consiste à réduire
très sensiblement le nombre de réservistes, tant en ce qui
concerne l'ensemble de la réserve gérée, qui était
de 105 000 hommes en 1996 et qui passerait à 65 000 hommes en
1998 que pour la "première réserve" dont les emplois passeraient
de 27 000 en 1997 à 16 500 en 1998, et à moins de
10 000 à terme. Ces emplois seront définis de manière
à optimiser le rôle de la réserve au sein d'une Marine
professionnelle. Ils serviront notamment à des renforts
opérationnels au profit d'opérations en mer ou
d'opérations terrestres de protection, à des renforts
d'états-majors organiques ou de directions et services, ainsi
qu'à des renforts en spécialistes dans divers domaines. Ces
renforts constitueront une composante à part entière de la Marine
et auront vocation à être utilisés dans tous les types de
situations. Cette réforme impliquerait des entraînements plus
réguliers ainsi qu'une plus grande disponibilité garantie par la
signature d'un engagement spécial dans la réserve.
CHAPITRE III -
LES MOYENS D'ÉQUIPEMENT DE LA
MARINE
La loi de programmation militaire 1997-2002 a retenu une
importante réduction du format de la Marine
, sensible tant du
point de vue de la flotte, qui passera de 100 à 80 bâtiments, que
de l'aéronautique navale, dont le nombre d'appareils sera réduit
dans les mêmes proportions puisqu'il ne serait plus que de l'ordre de 240
contre 300 aujourd'hui.
Votre rapporteur avait tenu à souligner l'an passé que
pour
autant, aucune des missions fondamentales de la Marine n'avait
été modifiée
. La dissuasion, qui repose
désormais plus largement encore sur la force océanique
stratégique et la capacité d'embarquer l'arme nucléaire
aéroportée, demeure l'élément central de notre
stratégie. La priorité donnée aux capacités de
projection de forces renforce le rôle du groupe aéronaval et du
groupe amphibie. L'accent mis sur le rôle du renseignement impose la
présence de bâtiments sur les espaces et les approches maritimes.
Enfin, l'intégralité des missions de protection de la Marine
demeurent, compte tenu de l'importance du domaine maritime de notre pays.
Le maintien des missions dans le cadre d'un format réduit impose la
modernisation des équipements et l'acquisition de matériels
performants
, et tel était l'objectif retenu par la loi de
programmation militaire.
Le projet de budget pour 1998 met en place des crédits qui permettront
de poursuivre cette modernisation de la Marine. Sans remettre en cause aucun
des programmes qui concourent au modèle de Marine futur, il comporte
cependant de
sévères réductions de financement
, par
rapport aux prévisions de la loi de programmation, qui ne seront pas
sans conséquences sur l'évolution des moyens d'équipement
de la Marine.
En effet, au regard des ressources prévues en programmation, c'est un
effort d'économie de plus de 2,1 milliards de F
qui est
imposé à la Marine sur ses crédits d'équipement
en 1998.
Cette réduction de crédits de 2,1 milliards de F portera :
· à hauteur de 500 millions de F environ,
sur les
crédits d'entretien programmé des matériels
, y compris
ceux de la FOST, ce qui se traduira notamment par la suspension des
opérations portant sur 2 voire 3 bâtiments, qui resteront ainsi
à quai pendant tout ou partie de l'année 1998 ;
· à hauteur de
1,6 milliards de F
sur les
crédits
d'études et de construction
, ce qui aura pour effet de retarder,
d'étaler ou de suspendre des programmes ;
S'agissant des programmes, les mesures d'économies auront pour
conséquences principales :
· le
report
de 2002 à 2003 de
l'admission au service
actif du 3e SNLE/NG "le Vigilant"
,
· un
moratoire sur le développement de l'adaptation des SNLE/NG
au futur missile M51,
·
un
décalage
de trois mois
sur l'admission au
service actif du porte-avions "Charles de Gaulle"
,
· un
retard
d'un an pour le lancement de la
modernisation des
chasseurs de mines tripartites,
·
la
suspension de la commande d'un bâtiment
océanographique
,
· un
décalage sur l'équipement au standard
définitif
de la première flottille de
Rafale
,
· la
suspension de la commande
de 2 avions de surveillance
maritime
Falcon 50.
Votre rapporteur se propose d'analyser plus précisément l'impact
de ces mesures en présentant tout d'abord l'évolution des
capacités de la Marine en 1998 avant de détailler le
déroulement des principaux programmes.
I. L'ÉVOLUTION DES CAPACITÉS DE LA MARINE EN 1998
L'évolution des capacités de la Marine en 1998 sera marquée par la poursuite de la réduction du format, et par une baisse des crédits d'entretien programmé des matériels, de fonctionnement et d'infrastructure.
A. LA POURSUITE DE LA RÉDUCTION DU FORMAT
La Marine a pris le parti de rallier au plus tôt son futur format, réduit de 20 % par rapport à celui de 1996, afin de rester dans le cadre des dotations définies par la loi de programmation tant pour les dépenses en personnel que pour les crédits d'entretien. Une forte réduction a été opérée en 1997 et elle se poursuivra en 1998, pour la flotte comme pour l'aéronautique navale.
1. La flotte
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution de la flotte d'ici à 2002 et 2015 pour les principaux bâtiments de combat et de soutien, telle qu'elle résulte de la loi de programmation.
Évolution de la flotte jusqu'en 2015
(rapport annexé à la loi de programmation 1997-2002)
Bâtiments de combat et de soutien |
1996 |
2002 |
2015 |
SNLE |
5 |
4 |
4 |
Sous-marins nucléaires d'attaque |
6 |
6 |
6 |
Sous-marins diesel |
6 |
- |
- |
Porte-avions |
2 |
1 * |
2 * |
Frégates antiaériennes |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins |
11 |
8 |
8 |
Frégates de 2e rang et avisos |
17 ** |
14 |
14 |
Bâtiments antimines |
16 |
14 |
16 |
TCD |
4 *** |
4 |
4 |
* Le Foch sera en veille en 2002 et le second porte-avions
est
planifié pour 2015, sous réserve que les conditions
économiques le permettent
** non comprises 2 frégates type " La Fayette " livrées
fin 1996
*** dont le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc
L'année 1997
a été marquée par
d'importants retraits anticipés du service actif :
SNLE "Le
Foudroyant", porte-avions "Clemenceau", sous-marins diesel
"Agosta" et
"Sirène", frégate anti-sous-marins "Aconit", aviso
"Detroyat",
pétrolier ravitailleur "Durance", bâtiments de soutien
"Rance" et
"Rhône". Parallèlement ne sont entrés en service que le
SNLE/NG "le Triomphant", les frégates légères de type La
Fayette "Surcouf" et "Courbet", les chasseurs de mines
tripartites
"Capricorne", "Orphée" et "Verseau" rachetés à la
marine
belge ainsi que des patrouilleurs côtiers de gendarmerie et des
patrouilleurs de service public.
Au total, au cours de l'année 1997, les retraits ont
représenté un tonnage de près de 2,5 fois supérieur
aux livraisons.
L'année 1998 verra la livraison d'un seul bâtiment, le
transport de chalands de débarquement "Siroco"
, alors que
seront
retirés les sous-marins diesel "Beveziers" et "Psyché", le
chasseur de mines "Cerès", un engin de débarquement d'infanterie
et de chars ainsi que 2 remorqueurs côtiers. Compte tenu de l'importance
de la livraison du Siroco, le tonnage global de la Marine augmentera
légèrement.
Le tableau suivant récapitule l'évolution de la flotte en 1997 et
1998.
Évolution de la flotte en 1997 et 1998
1/1/1997 |
31/12/1997 |
31/12/1998 |
|
SNLE |
4 |
4 |
4 |
Sous-marins d'attaque |
12 |
10 |
8 |
Porte-avions |
2 |
1 |
1 |
Transports de chaland de débarquement* |
4 |
4 |
5 |
Frégates antiaériennes |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins |
11 |
10 |
10 |
Frégates de 2e rang |
18 |
19 |
19 |
Bâtiments antimines |
16 |
15 |
14 |
Bâtiments logistiques |
10 |
7 |
7 |
Bâtiments de souveraineté |
22 |
22 |
22 |
Petites unités |
7 |
7 |
7 |
Service public |
6 |
6 |
6 |
TOTAL |
116 |
109 |
107 |
* dont porte-hélicoptères Jeanne d'Arc |
2. L'aéronautique navale
La loi de programmation retient également le principe
de la réduction du format de l'aéronautique navale.
Pour l'
aviation embarquée
, le nombre d'avions devrait être
ramené à 58 en 2002, dont 12 Rafale, contre 75 aujourd'hui,
l'objectif 2015 étant de disposer de 60 Rafale. Par ailleurs, les
appareils de guet aérien Hawkeye seront au nombre de 2 en 1998 et de 3
après 2002. Le nombre d'hélicoptères restera autour de la
soixantaine d'ici 2002.
Pour
l'aviation de patrouille maritime
, le format définitif
fixé à 22 Atlantique 2 sera atteint dès 1999.
En ce qui concerne l'aviation embarquée, l'année 1997 a
été marquée par la livraison de 11 Super Etendard
modernisés et de 8 hélicoptères Panther. En 1998, 2 avions
de guet aérien Hawkeye seront livrés. C'est essentiellement
à partir de 1999, avec le retrait des Crusader que le nombre d'appareils
diminuera sensiblement.
Pour l'aviation de patrouille maritime, 6 Atlantique 2 seront "mis sous
cocon"
d'ici 1999, ce qui signifiera que ces appareils seront tenus en réserve,
soit pour une vente éventuelle, soit pour compenser l'attrition.
B. LA DIMINUTION DES DOTATIONS D'ENTRETIEN, DE FONCTIONNEMENT ET D'INFRASTRUCTURE
Les crédits qui concourent à l'entretien, au fonctionnement courant et à l'amélioration de l'infrastructure de la flotte et de l'aéronautique navale diminueront sensiblement en 1998.
1. Un nouveau recul des dotation d'entretien programmé des matériels
Le tableau ci-dessous récapitule l'évolution des crédits d'entretien programmé des matériels, titre III et titre V confondus, pour la flotte classique, l'aéronautique navale et la FOST.
Évolution des crédits d'entretien
programmé des matériels
T.III
|
TV
|
Total
|
TIII
|
TV
|
Total
|
% |
|
EPM flotte classique |
895 |
2 358 |
3 253 |
639 |
1 894 |
2 533 |
- 22,1 |
EPM aéronautique navale |
66 |
1 524 |
1 590 |
59 |
1 667 |
1 726 |
+ 8,6 |
Total hors FOST |
961 |
3 882 |
4 843 |
698 |
3 561 |
4 259 |
- 12,1 |
EPM FOST |
- |
1 405 |
1 405 |
- |
1 188 |
1 188 |
- 15,6 |
TOTAL EPM |
961 |
5 287 |
6 248 |
698 |
4 749 |
5 447 |
- 12,8 |
La diminution des crédits d'entretien programmé
des matériels sera donc de 12,1 % hors FOST et de 15,4 % pour la FOST en
1998.
Pour une part, elle provient d'un transfert de crédits à la DGA
au titre du fonctionnement du service des programmes navals
(budgétisation de la DCN étatique) qui porte au total sur 335,1
millions de F (190 millions de F au titre III et 145,1 millions de F au titre
V).
Indépendamment de ce transfert, les dotations demeurent
inférieures de 500 millions de F environ au niveau prévu pour la
deuxième annuité de la loi de programmation.
Alors que les dotations de l'aéronautique navale sont maintenues au
niveau requis, c'est essentiellement l'entretien de la flotte classique qui
subira cette diminution de ressources, pour un montant d'environ
350 millions de F.
Afin de ne pas pénaliser l'ensemble des unités, la Marine a
choisi de concentrer l'effort d'économies sur de grosses
opérations qui devraient se dérouler en 1998 et qui seront
reportées. Cette décision conduit à surseoir à la
remise en état du porte-hélicoptères Jeanne d'Arc et
à interrompre son activité. La frégate antiaérienne
Duquesne sera également maintenue à quai et il pourrait en
être de même, pour une partie de l'année, de la
frégate antiaérienne Suffren.
S'agissant de la Jeanne d'Arc, dont la remise en état était
nécessaire en raison de corrosions importantes constatées sur des
collecteurs de vapeur, son indisponibilité impose de modifier le
déroulement de la campagne du groupe écoles d'application des
officiers de marine. Une moitié de la promotion demeurera à quai
sur la Jeanne d'Arc pour suivre une formation générale, l'autre
moitié de la promotion étant embarquée à bord de
trois bâtiments (les frégates Duguay-Trouin et Germinal et le
pétrolier-ravitailleur Marne), une permutation intervenant au milieu de
la campagne. Ce prélèvement d'unités les rendra
indisponibles pour d'autres missions.
Par ailleurs, l'indisponibilité du Duquesne et du Suffren réduit
de moitié le nombre de frégates antiaériennes disponibles,
ce qui ne sera pas dépourvu de conséquences
opérationnelles, notamment l'impossibilité d'engager
simultanément le groupe aéronaval et le groupe amphibie faute
d'une protection antiaérienne suffisante.
Enfin, une réduction significative sera opérée sur les
crédits d'entretien programmé de la FOST. Elle devrait se
traduire par un report sur la modification de matériels et sur la
livraison de rechanges.
2. Une quasi-stabilité des crédits de fonctionnement courant
Votre rapporteur avait souligné l'an passé que
des crédits de fonctionnement courant connaissaient une insuffisance
structurelle, que l'on peut évaluer à 150 millions de F, et qui
se traduit par un déficit sur la plupart des articles, regroupés
au chapitre 34.05, à l'exception de ceux portant sur les combustibles et
les carburants.
S'il est logique que les crédits de fonctionnement courant
régressent dans un contexte de diminution du format, on doit
néanmoins constater que le budget pour 1998 ne permettra pas de
rattraper le retard enregistré ces dernières années.
En effet, si l'on constate une quasi-stabilité des crédits de
fonctionnement courant, qui s'élèveront à 1,740 milliard
de F en 1998, soit 0,4 % de moins qu'en 1997, celle-ci résulte de
mouvements contradictoires.
Les articles consacrés aux combustibles de la flotte et aux carburants
de l'aéronautique navale font l'objet d'une mesure nouvelle de
32,6 millions de F, si bien qu'ils progresseront de 7,5 % l'an
prochain. En réalité, cette mesure ne traduit qu'un ajustement
minimal à l'évolution du coût des produits
pétroliers car l'hypothèse retenue pour le cours du dollar (5,82
francs) et le prix du baril (18 dollars) peut encore paraître
insuffisamment réaliste.
Toujours au chapitre du fonctionnement courant, une mesure nouvelle de 10
millions de F est prévue au titre des dépenses de sous-traitance,
qui pourraient être appelées à se développer avec la
réduction des effectifs et la professionnalisation.
Une mesure nouvelle de 2 millions de F intervient également au titre des
locations immobilières.
Parallèlement, l'application de la loi de programmation entraîne
une réduction des crédits de 43 millions de F, à laquelle
s'ajouteront plusieurs mesures d'économies.
Au total, on peut craindre des tensions dues à une insuffisance de
crédits sur les dépenses comme les frais de déplacement,
qui recouvrent notamment les participations d'officiers à des
réunions de niveau international (OTAN, UEO), les prises à bail
pour le personnel outre-mer, l'entretien immobilier et les affrètements
de service public.
3. Les crédits d'infrastructure
Les crédits d'infrastructure passeront de 757 à
708 millions de F de 1997 à 1998, soit un recul de 4 %.
L'année 1997 aura vu l'achèvement de deux opérations
importantes : la réfection du radier du grand bassin Vauban-est à
Toulon et la rénovation du bâtiment élèves de
l'école navale à Brest.
Au cours de l'année 1998, plusieurs gros travaux devraient
également s'achever :
· à la base aéronavale de Lann Bihoué, pour
l'accueil des avions de guet Hawkeye (24,3 millions de F) et avec la
construction d'un entrepôt pour matériels aéronautiques (59
millions de F) en raison du transfert de l'établissement principal de
l'aéronautique navale de Quimper ;
· à Brest, avec la réfection du quai est de la Pyrotechnie
Saint-Nicolas (32,1 millions de F) ;
· et à Toulon, avec la remise à niveau du petit bassin
Vauban II (28,5 millions de F) ;
Se poursuivront également, en vue d'un achèvement en 1999 :
· les travaux liés à l'accueil du porte-avions Charles de
Gaulle à Toulon (93,8 millions de F dont 82,1 millions de F pour
l'aménagement du quai Milhaud 6),
· les travaux à la base support de Fort de France (51,9 millions
de F).
Enfin, parmi les opérations importantes lancées en 1998, on peut
citer la construction d'un bâtiment pour la première flottille de
Rafale qui sera achevé en 2000 sur la base aéronavale de
Landivisiau (60 millions de F) et la modernisation du CES et de l'école
de sécurité à Toulon (80 millions de F) en vue d'un
achèvement en 2001.
Les réductions de crédits conduisent cependant à
différer environ 30 millions de F de travaux qui devaient
intervenir en 1998.
II. LA MISE EN OEUVRE DES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT
Le tableau ci-dessous récapitule la répartition
des crédits de paiements entre les différents grands programmes
d'équipement de la Marine en 1998.
Les programmes de construction des sous-marins nucléaires lanceurs
d'engins de nouvelle génération et du porte-avions Charles de
Gaulle absorbent l'essentiel des crédits de construction de la flotte
alors que le programme Rafale et l'acquisition des avions de guet Hawkeye
constituent les principaux consommateurs de crédits pour
l'aéronautique navale.
Par rapport aux dotations prévues en programmation, les principales
réductions de crédits ont affecté le programme SNLE NG
(près de 400 millions de francs en moins auxquels s'ajoutent les
crédits relatifs au programme d'adaptation au missile M 51 qui est
retardé d'un an) la construction du Charles de Gaulle (près de
170 millions de francs) et le programme Rafale (environ 150 millions de francs
en moins).
RÉPARTITION DES CRÉDITS DE PAIEMENTS
GRANDS PROGRAMMES
PROGRAMMES |
CP 98
|
SNLE NG |
2527 |
Sous-marin d'attaque futur |
13 |
PAN Charles de Gaulle |
1510 |
Frégates anti-aériennes HORIZON |
120 |
Frégates type la Fayette |
389 |
Transport de chalands de débarquement SIROCO |
402 |
Rafale Marine |
2127 |
Avion de Guet embarqué HAWKEYE |
982 |
Modernisation Super Etendard |
105 |
Hélicoptère NH 90 |
134 |
Crotale naval - VT1 |
374 |
Anti-navire futur (ANF) |
71 |
Torpille MU 90 |
178 |
Missile porte torpille MILAS |
56 |
Famille sol-air futur (FSAF) |
263 |
Principal anti air missile system (PAAMS) |
197 |
A. LES BÂTIMENTS
1. La force océanique stratégique.
Prévoyant initialement la réalisation de 6
unités, le programme des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins
de nouvelle génération a été limité
temporairement à quatre exemplaires en 1991.
Cet objectif a été confirmé en 1996 par le conseil de
défense et retenu par la loi de programmation, le nombre de quatre SNLE
étant le minimum requis pour pouvoir maintenir un et, si
nécessaire, deux SNLE en permanence à la mer.
Le premier bâtiment de la série, le TRIOMPHANT, commandé en
1987, a été admis au service actif en mars 1997 puis inclus dans
le cycle opérationnel.
La date d'admission au service actif du Téméraire dont les essais
devraient débuter en 1998 est toujours fixée à avril 1999.
En revanche, en raison des réductions de crédit touchant le Titre
V, l'admission au service actif du VIGILANT devrait être retardée
d'un an, de 2002 à 2003. Cette mesure sera sans conséquence
significative sur le plan opérationnel en raison du maintien en service
pour la durée nécessaire du TONNANT
Enfin, la commande du 4ème SNLE devrait intervenir en 2000, comme
prévu par la loi de programmation, pour une admission au service actif
en juillet 2007.
2. Le porte-avions nucléaire (PAN)
Le porte-avions est l'élément essentiel du
groupe aéronaval dont la mission s'inscrit dans la politique d'action de
la France.
Par sa présence, il entretien la menace de la puissance de feu de ses
avions d'assaut, qui peut se concrétiser à tout instant en mer et
dans la profondeur d'un territoire.
Il participe aussi à la dissuasion nucléaire en mettant en oeuvre
des avions capables de tirer l'ASMP.
La présentation aux essais officiels du Charles de Gaulle reste
fixée au ler juillet 1998. En revanche, compte tenu des ajustements
budgétaires ayant présidé à l'élaboration du
projet de loi de finances pour 1998, l'admission au service actif est
retardée de trois mois et interviendra fin 1999. A cette date, il
prendra la relève du porte-avions Foch qui sera mis en réserve
jusqu'à la première longue indisponibilité pour entretien
du PAN.
3. Les sous-marins d'attaque.
A l'horizon 2015, la Marine doit disposer de 6 sous-marins
nucléaires d'attaque dont les missions principales sont d'apporter leur
soutien à la FOST et au groupe aéronaval, d'être en mesure
d'effectuer des opérations de rétorsion et d'interdiction, de
participer aux opérations spéciales et enfin de contribuer au
recueil de renseignement.
Pour remplacer les SNA, dès 2007, une étude préliminaire
de faisabilité a été réalisée et devrait
déboucher prochainement sur l'expression du besoin militaire du
sous-marin d'attaque futur qui serait à propulsion nucléaire.
4. Les frégates antiaériennes de type Horizon.
Réalisées en coopération avec l'Italie et
le Royaume-Uni, les frégates Horizon auront pour mission d'assurer la
défense aérienne au sein du groupe aéronaval ou de toute
autre force navale.
Dotées d'un système d'arme antiaérien composé de
missiles ASTER 15 et ASTER 30, elles sont destinées ainsi remplacer les
frégates type " Suffren " en service depuis 1968 et à
permettre de revenir à un nombre suffisant de bâtiment
antiaériens.
La France a prévu l'acquisition de 4 unités mais seulement deux
frégates sont prévues au titre de la loi de programmation. Des
retards sont intervenus pendant la phase de définition en raison de
difficultés rencontrées avec nos partenaires britanniques dans
l'expression des performances du système antiaérien principal
(PAAMS). Il y a lieu de penser aujourd'hui que ces difficultés ont
été levées et que les signatures du contrat de
développement PAAMS et du contrat pour la définition
générale du bâtiment pourront intervenir rapidement. La
première commande est inscrite au projet de budget de 1998 ; la
deuxième devrait survenir en 2000 , les livraisons devant avoir lieu
respectivement en 2005 et 2007.
5. Les frégates type la Fayette.
Destinées à participer, hors Europe, au
contrôle des espaces maritime et au règlement de crises
limitées, ces frégates devaient, à l'origine du programme,
être au nombre de six.
Faute de ressources financières suffisantes, la loi de programmation a
fixé à cinq le nombre d'unités de la série.
Ces frégates ont déjà été commandées
et les trois premières, la Fayette, Surcouf et Courbet, ont
été admises au service actif.
Les deux dernières, Aconit et Guépratte, seront admises au
service actif respectivement en 1999 et 2002.
6. Le transport de chalands de débarquement TCD " Siroco ".
La mission principale du Siroco dont les
caractéristiques techniques sont très proches de celles de la
" Foudre ", sera de transporter puis de mettre à terre les
premiers échelons lourds d'une intervention terrestre. Il constituera
avec les trois autres TCD et le porte-avions l'une des pièces
maîtresses de la projection de forces à partir de la mer.
Le programme, limité à un seul exemplaire, s'achèvera en
mai 1998 avec la livraison du bâtiment par la DCN BREST, chargée
de sa construction.
Le coût total du programme évalué à 1945 MF de
francs de 1997 n'a pas subi de variation.
Enfin, l'étude d'un nouveau TCD destiné à remplacer
l'Orage et l'Ouragan est en cours.
B. LES AÉRONEFS
1. Le Rafale Marine.
Avion de combat embarqué polyvalent, biréacteur
de la classe 15 T, le Rafale a pour mission la supériorité
aérienne, la projection de puissance conventionnel et nucléaire
et la reconnaissance.
Il est destiné à remplacer les Crusader qui seront retirés
du service en 1999 puis les Super Etendard au milieu de la prochaine
décennie.
Le nombre de Rafale marine était de 86 à la date de lancement de
la production, en 1992. Il a été réduit à 60 lors
de l'élaboration de la loi de programmation.
L'échéancier de livraison des 12 premiers appareils dont 10 ont
déjà été commandés est le suivant :
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1 |
3 |
5 |
3 |
Ainsi, la première flottille de 12 appareils sera
complète en 2002, soit 3 ans après l'admission au service actif
du porte -avions Charles de Gaulle. Les livraisons seront reprises en 2005
jusqu'en 2012, au rythme de 6 environ par an.
En raison des ajustements budgétaires, les Rafale ne seront disponibles
dans la version " interception " la plus évoluée qu'en
2004. Ce n'est qu'à cette date qu'ils bénéficieront de la
liaison automatique de transmission de données numériques
(liaison 16) leur permettant notamment de recevoir directement les informations
captées par les avions de guet Hawkeye.
2. L'avion de guet embarqué Hawkeye
Cet aéronef, grâce à des moyens de
détection lointaine et des liaisons de transmission automatique de
données particulièrement performants, apportera au groupe
aéronaval une capacité de sûreté sans commune mesure
avec celle existant aujourd'hui.
Cet appareil embarqué, le seul répondant au besoin
opérationnel exprimé par la Marine, sera apte à
contrôler les avions d'interception et à guider les
aéronefs de combats au cours de leur mission d'assaut. Enfin, Il pourra
élaborer la situation tactique de la zone d'opérations.
A l'origine ce programme prévoyait l'acquisition de 4 appareils à
la société Northrop Grumman par l'intermédiaire de l'US
Navy selon la procédure " Foreign Military Sales ".
Le nombre a été ramené à 3 exemplaires, les
livraisons des deux premiers avions devraient intervenir en 1998. Ils seront
opérationnels sur le Charles de Gaulle dès mi-1999.
Le coût total du programme s'élève à 5705 millions
de francs de 1997. Outre l'acquisition des avions, il comprend notamment
l'approvisionnement des rechanges, la formation du personnel volant et
technique, les moyens d'environnement technique et la fourniture d'un
simulateur de mission.
3. La modernisation des Super-Etendard
Le programme de modernisation des Super Etendard a pour but
de
rendre l'avion plus performant dans l'accomplissement de ses missions d'assaut
contre des objectifs navals ou terrestres et de frappe nucléaire.
Les modifications portent principalement sur le remplacement du radar, la
modernisation du calculateur et du système d'attaque.
L'ensemble du parc de Super Etendard sera modernisé, soit 53 appareils.
37 Super Etendard modernisés ont été livré depuis
1992. Les livraisons devraient s'achever en 1998.
D'un coût total de 2879 millions de francs de 1997, le programme
présente un dépassement de 4 %, le coût unitaire ayant
augmenté de 2 %.
4. L'hélicoptère NH 90
Système d'arme essentiel des bâtiments de surface
de combat, le NH 90 en version marine assurera les principales missions
suivantes :
- lutte anti-sous-marins et lutte anti-navires ;
- transport opérationnel et logistique à la mer ;
- secours et sauvetage ;
- contribution à la sûreté d'une force navale dans le
domaine de la guerre électronique.
Destiné à remplacer les Lynx et les Super Frelon, cet appareil de
9 tonnes équipera le porte-avions, les transports de chalands de
débarquement et les bâtiments d'escadre de 1er rang.
La cible du programme, initialement de 60 appareils pour la Marine, a
été ramenée à 27 appareils dont 14 en version lutte
anti-sous-marins et anti-navires et 13 en version transport logistique et
opérationnel.
Il convient de rappeler que ce programme, lancé en coopération
sous l'égide de l'OTAN, réunit quatre pays, France, Italie,
Allemagne et Pays Bas, et concerne quatre industriels.
La mise au point du NH 90 se déroule normalement ; les deux premiers
prototypes ont déjà effectué de nombreux vols depuis 1995
pour le prototype n° 1 et mars 1997 pour le prototype n° 2.
L'ensemble du programme représente pour la France les coûts
suivants :
- développement : 5065 millions de francs 1997 ;
dont 2024 millions de francs pour Marine ;
- industrialisation : 1553 millions de francs 1997 ;
- prix unitaire : 196 millions de francs 1997.
Il n'existe aucune possibilité d'abaisser le coût du
développement. En revanche, des travaux visant à minimiser les
coûts de l'industrialisation et de production sont en cours.
Les premières livraisons pour la Marine sont attendues à partir
de 2005, selon un calendrier permettant d'assurer le remplacement en temps
voulu des appareils anciens, Lynx et Super Frelon.
C. LES SYSTÈMES D'ARMES
1. Le missile Crotale naval/VT1
Dérivé du Crotale qui équipe actuellement
10 frégates anti-sous-marins et le FOCH, le Crotale Naval/VT1 est un
système d'arme courte portée destiné à
l'autodéfense des cinq frégates type " la Fayette ".
Le programme en cours concerne l'acquisition de 1250 missiles VT1
" hypervéloce ", plus performants que le missile V3.
L'échéancier de commande et de livraison est le suivant :
Années |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Commandes |
0 |
6 |
53 |
40 |
33 |
18 |
||
Livraisons |
0 |
6 |
53 |
40 |
33 |
18 |
2. Le missile anti-navires futur (ANF)
Appelé à remplacer les missiles de la famille
Exocet, le système missile anti-navires futur est destiné
à équiper l'ensemble des unités de la Marine,
bâtiments de surface, sous-marins, aéronefs, d'une arme de
supériorité dans le domaine de la lutte anti-navire.
La version embarquée sur les bâtiments de surface doit entrer en
service en 2005. Ultérieurement seront développées les
versions aéroportée et lancée à partir de
sous-marins. Les avions d'assaut RAFALE en seront dotés en 2008, les
avions de patrouille maritime ATLANTIQUE et les sous-marins à une date
ultérieure.
D'une portée accrue par rapport à celle de l'exocet, ce missile
supersonique, possédant d'excellentes capacités de
pénétration et de manoeuvrabilité, sera propulsé
par un statoréacteur.
Ce programme est directement lié au programme de développement au
profit du missile ASMP amélioré d'un vecteur à
statoréacteur (VESTA)
Le lancement du programme, initialement prévu en 1996, a
été reporté en raison notamment du retrait de l'Allemagne
de ce programme en coopération.
Un dossier d'orientation, élaboré dans un cadre purement
national, se traduira par la réalisation des études de
définition. Le développement devrait débuter à la
mi - 1998 pour une mise en service en 2005 et pour pouvoir équiper,
éventuellement, les frégates HORIZON.
Le coût total pour la marine est de l'ordre de 4 500 millions de francs.
Le coût unitaire d'un missile, d'environ 10 millions de francs, est
inférieur à celui d'un Exocet. Le besoin en missile mer-mer est
évalué à 235.
3. La torpille MU 90
Destinée à la destruction des sous-marins
quelles que soient les zones dans lesquelles ils évoluent la torpille MU
90, développée en coopération par la France et l'Italie,
pourra peut être lancée par des porteurs de différents
types : avions de patrouille maritime, hélicoptères,
frégates anti-sous-marins et missiles porte-torpille MILAS.
Les essais militaires ont débuté en janvier 1997. Le lancement de
la production est prévu à l'automne 1997 avec une première
commande globale pluriannuelle de 600 torpilles, soit 300 exemplaires pour
chaque pays. Les premières livraisons devraient intervenir dès
2000.
Les coût total du programme de développement et
d'industrialisation s'élève à 4280 millions de francs
1997. Le montant cumulé prévisionnel des dépenses jusqu'en
fin de programme est de 9511 millions de francs 1997.
4. Le missile porte torpille MILAS
Successeur du missile MALAFON, le MILAS, missile porteur de
la
torpille MU90, est développé en coopération par la France
et l'Italie.
D'une portée supérieure à 35 km, ce missile est
conçu pour l'attaque à grande distance de sous-marins par les
bâtiments de combat spécialisés dans la lutte
anti-sous-marins.
La Marine a prévu d'acquérir 94 missiles de ce type, mais les
premières commandes n'interviendront pas avant 2002.
Le montant cumulé prévisionnel des dépenses de
développement jusqu'en fin de programme est évalué
à 676 millions de francs 1997.
Les coûts d'industrialisation et de fabrication sont en cours de
négociation avec l'industriel.
Toutefois, le prix unitaire du missile sans torpille est, selon l'estimation
actuelle, compris entre 8 à 12 millions de francs
5. Le programme " Famille Sol Air Futur " (FSAF)
La France et l'Italie sont associées depuis 1988 pour
conduire ce programme destiné à doter les forces armées
des deux pays d'un système de défense aérienne
adapté à la menace missiles des années 2000 - 2010.
Il s'agit de fournir aux marines française et italienne un
système de défense contre les attaques aériennes et les
missiles anti-navires.
Le besoin naval de défense de zone, initialement inclus dans ce
programme, a été pris en compte par un programme
séparé le PAAMS (Principal Anti Air Missile Système)
auquel le Royaume Uni et associé.
Ce système d'arme courte portée multicible doit équiper le
Charles de Gaulle et 10 frégates.
Seul le système d'armes du Charles de Gaulle a été
commandé, les autres bâtiments devraient recevoir leur
équipement après 2005.
Le coût de développement pour la Marine est estimé à
2344 millions de francs.
6. Le PAAMS (Principal Anti-Air Missile System)
Le PAAMS a pour objectif de doter les frégates
antiaériennes type " Horizon d'un système de défense
anti-aérienne de zone face à des missiles aérodynamiques
supersoniques.
Le système comprend une conduite de tir équipé d'un radar
multifonctions, 6 lanceurs verticaux et 48 missiles ASTER.
La France et l'Italie ont choisi le radar issu du programme " Famille
Sol
Air Futur " (FASF) alors que le Royaume Uni a obtenu de développer
son propre radar.
Les dernières propositions financières couvrant le
développement et la fourniture des 3 systèmes tête de
série ont ramené le coût à 8000 millions de francs.
La part de la France, estimée environ à 2000 millions de francs,
tient compte des droits d'entrée qui devront être acquittés
par le Royaume Uni pour bénéficier des retombées du
programme FASF.
LES CONCLUSIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
Le projet de budget de la Marine pour 1998 offre une image
contrastée.
Les dotations inscrites au titre des dépenses ordinaires doivent
permettre de poursuivre dans de bonnes conditions l'adaptation des effectifs au
nouveau modèle issu de la professionnalisation et à la
réduction du format. L'inquiétude, sur ce point, tient moins aux
crédits budgétaires qu'à la capacité de
réaliser effectivement les recrutements prévus par la loi de
finances, en trouvant pour les postes que la Marine doit pourvoir, suffisamment
de volontaires au sein de la Direction des constructions navales. Devant le
risque d'accentuation du déficit déjà constaté en
personnels civils, il sera sans doute nécessaire d'adapter les
règles qui président actuellement aux recrutements, afin de ne
pas affecter le bon fonctionnement des unités.
Mais le budget de la Marine étant avant tout un budget d'investissement,
il sera bien entendu surtout marqué par la diminution des crédits
d'équipement, inférieurs de près de 10 % au niveau
prévu en programmation.
Certes, à ce stade, la ponction importante opérée sur le
titre V ne remet pas fondamentalement en cause le modèle défini
par la loi de programmation.
Les capacités opérationnelles essentielles ne seront pas
amoindries et les grandes échéances concernant les SNLE/NG, le
porte-avions et le Rafale marine sont globalement confirmées, même
si certains retards interviennent. Le maintien de la livraison des avions de
guet embarqués Hawkeye traduit la priorité accordée au
renforcement de la cohérence des systèmes d'information et
permettra d'améliorer considérablement les capacités de
détection au profit du groupe aéronaval.
Les grands programmes conduits en coopération ne sont pas
affectés par les diminutions de crédits, qu'il s'agisse de la
frégate anti-aérienne HORIZON, de l'hélicoptère NH
90, des systèmes de missiles antiaériens (FSAF et PAAMS) et de la
torpille légère MU 90 qui bénéficiera de la
procédure de commande globale pluriannuelle.
En revanche, il est clair que les moratoires ou les retards ne seront pas
dépourvus de conséquences opérationnelles.
L'indisponibilité du Duquesne et vraisemblablement du Suffren amoindrira
très sévèrement nos capacités de défense
antiaérienne, en réduisant de moitié le nombre de
frégates pouvant protéger le groupe aéronaval ou le groupe
amphibie.
La défense antiaérienne du groupe aéronaval sera d'autre
part affectée par les décisions concernant le programme Rafale.
Dès la loi de programmation apparaissait déjà un "trou"
entre le retrait des Crusader en 1999 et la constitution de la première
flottille de Rafale en 2002, ce qui conduisait à limiter les
possibilités d'emploi du Charles de Gaulle en cas de menace
aérienne importante. Cet inconvénient sera accentué par le
retard dans la livraison du standard le plus évolué pour le
Rafale. A plus long terme, l'avenir du groupe aéronaval reste bien
entendu conditionné par la décision de construire ou non un
second porte-avions.
Plus généralement, il faut bien constater que les
économies réalisées en 1998 ne feront la plupart du temps
que reporter des charges inéluctables, avec souvent pour
conséquences des intérêts moratoires et des surcoûts.
Enfin, il est évident que la portée des mesures prises pour 1998
ne sera pas la même selon que ces mesures ne constitueront qu'une
"encoche" dans la loi de programmation ou qu'elles seront
pérennisées pour plusieurs années.
Lors de sa présentation du projet de budget, le ministre de la
Défense avait indiqué que "
les choix proposés
permettent de maintenir les objectifs du modèle d'armée
arrêté en 1996, même si la progression vers ce modèle
est retardée".
Il ajoutait que les mesures prises
"ne
pourraient
être amplifiées ni même prolongées sans dommages".
Au-delà de ce budget incontestablement porteur d'incertitudes, la "revue
des programmes" engagée dès cet automne par le ministère
de la Défense devra très clairement faire apparaître les
implications financières des grands choix effectués pour le
modèle de Marine futur.
EXAMEN EN COMMISSION
La commission des affaires étrangères, de la
défense et des forces armées a examiné le présent
avis lors de sa réunion du mercredi 12 novembre 1997.
A l'issue de l'exposé du rapporteur pour avis, un débat s'est
engagé avec les commissaires.
M. André Dulait s'est inquiété des conséquences
pour les programmes futurs de la diminution des crédits d'études
et de développement et il a souhaité savoir si celle-ci
était spécifique à la Marine.
M. Charles Henri de Cossé-Brissac a déploré le retard dans
la livraison du sous-marin nucléaire lanceurs d'engins de nouvelle
génération " le Vigilant " en soulignant les graves
conséquences qu'il entraînerait sur le plan de charge des
établissements d'Indret et de Cherbourg de la direction des
constructions navales.
M. Daniel Goulet a souhaité savoir si la construction d'un
bâtiment océanographique était définitivement
abandonnée ou seulement reportée.
M. Jean Clouet a demandé des précisions sur les engagements dans
la Marine. Il a déploré le maintien à quai du
navire-école la " Jeanne d'Arc ", en soulignant la
portée du préjudice ainsi causé, compte tenu notamment du
rôle de représentation à l'étranger de ce
bâtiment.
M. André Boyer, rapporteur pour avis, a alors apporté les
précisions suivantes :
- la diminution des crédits d'études et de développement
était commune au budget des différentes armées et ses
conséquences ne pourraient être mesurées dans
l'immédiat, en raison de l'échéance lointaine de la
plupart des programmes concernés,
- la décision de commander un bâtiment océanographique
était repoussée d'un an,
- la Marine recruterait, pour des emplois militaires, des engagés sur
contrat court de deux ans et accueillerait par ailleurs, pour des emplois
civils, des personnels des arsenaux volontaires pour une mutation dans la
Marine,
- la remise en état de la " Jeanne d'Arc " était rendue
nécessaire en raison de corrosions importantes constatées sur des
collecteurs de vapeur et, compte tenu du coût de l'opération et
des réductions de crédits d'entretien programmé, la Marine
avait choisi de reporter cette remise en état, tout en permettant aux
élèves officiers de recevoir leur formation sur d'autres
bâtiments.
M. Michel Caldaguès a contesté que la remise en état de la
" Jeanne d'Arc ", qui aurait sans doute pu être
effectuée durant les périodes d'inactivité du
bâtiment, nécessite une suspension de l'activité de la
" Jeanne d'Arc " durant une année complète. Il s'est
interrogé sur les motifs de cette décision, à ses yeux
lourde de conséquences. Approuvé par MM. Jean Clouet et Daniel
Goulet, il s'est déclaré peu convaincu par les raisons purement
techniques avancées, dans un domaine qui relève aussi d'une
décision politique.
M. Jean Clouet, président, a alors rappelé que la commission ne
voterait sur l'ensemble des crédits de la défense pour 1998
qu'après avoir entendu tous ses rapporteurs pour avis.
*
* *
La commission a ensuite examiné l'ensemble des crédits du ministère de la défense pour 1998, au cours de sa réunion du mercredi 26 novembre 1997.
M. Xavier de Villepin, président, a exprimé les raisons de sa forte inquiétude devant le projet de budget proposé.
S'agissant des crédits du titre III, dont l'enveloppe
globale traduisait la priorité affichée en faveur de la
professionnalisation, il a néanmoins exprimé une double
préoccupation : d'une part, la compression des crédits de
fonctionnement (hors rémunérations et charges sociales) qui, avec
l'insuffisance des crédits d'entretien programmé des
matériels, menaçait l'activité des forces ; d'autre part,
les conséquences potentielles, particulièrement pour
l'armée de terre, des dispositions adoptées en matière de
reports d'incorporation pour les jeunes gens titulaires d'un contrat de
travail, qui fragilisaient la période de transition et rendaient
nécessaire l'adoption de mesures de compensation.
En ce qui concerne les crédits du titre V -qui connaissaient une brutale
diminution (de 8,7 % en francs courants et de 9,9 % en francs constants)- M.
Xavier de Villepin, président, a formulé les observations
suivantes :
- il a d'abord déploré que les crédits d'équipement
militaire jouent le rôle de " variable d'ajustement " du
budget
de l'Etat, ce qui constituait un signal négatif adressé à
la nation dans son ensemble ; il a particulièrement souligné les
conséquences de ces coupes budgétaires sur les crédits
consacrés au nucléaire (- 13 %), évolution qui constituait
un important sujet d'inquiétude pour l'avenir ; il a également
regretté les incidences de ces diminutions de crédits sur les
programmes spatiaux militaires et sur le programme Rafale ;
- M. Xavier de Villepin, président, a ensuite estimé que le
projet de budget de la défense pour 1998 constituait un mauvais signal
adressé aux industries de la défense pour quatre raisons : le
coût élevé, et quasi mécanique, de ces
réductions budgétaires en termes d'emplois, le surcoût
inévitable des équipements faisant l'objet de mesures
d'étalement ou de moratoires, la perte de
" lisibilité " que la loi de programmation avait
précisément pour objet d'apporter aux industriels, et enfin
l'affaiblissement qui en résultera pour les industriels français
dans la perspective des restructurations indispensables de l'industrie
européenne de l'armement ;
- puis M. Xavier de Villepin, président, a souligné que ce projet
de budget constituait surtout un signal très négatif
adressé à nos armées au moment même où un
effort exceptionnel leur était demandé ; il a estimé que
les orientations de ce budget, si elles n'étaient pas corrigées
après 1998, poseraient des interrogations majeures pour l'avenir : ne
risqueraient-elles pas de compromettre la cohérence de la réforme
entreprise dans son ensemble ? ne risqueraient-elles pas de remettre en cause
le futur modèle d'armée lui-même ?
- M. Xavier de Villepin, président, a estimé que toutes ces
interrogations revenaient finalement à poser la question de la
validité de la théorie dite de l' " encoche " ; il a
estimé que, si les économies imposées à la
défense en 1998 avaient un caractère exceptionnel, leurs
conséquences, pour regrettables et dommageables qu'elles soient,
seraient peut-être surmontables ; si, en revanche, la défense
ne retrouvait pas, à partir de 1999, le niveau de ressources
prévu par la loi de programmation 1997-2002, l'ensemble de la
réforme engagée se trouverait gravement fragilisée et la
dernière loi de programmation devrait être
considérée comme caduque.
Or, a souligné M. Xavier de Villepin, président, la
dernière loi de programmation -contrairement à ses
devancières- comportait déjà une forte réduction
des crédits d'équipement militaire et constituait la traduction
d'une réforme d'ensemble devant aboutir à la mise en place d'un
nouveau modèle d'armée. Son non-respect ou -a fortiori- son
abandon ne pourrait donc conduire qu'à l'affaiblissement progressif de
notre défense ou à la révision de ce modèle
d'armée. Il a en outre estimé que, si l'élaboration
éventuelle d'une nouvelle programmation venait à être
envisagée, il vaudrait mieux alors renoncer à sa traduction
législative, devenue sans valeur.
Concluant son propos, M. Xavier de Villepin, président, a estimé
que la commission n'avait d'autre choix que de rejeter les crédits du
ministère de la défense pour 1998 et l'a invitée à
réaffirmer son ferme attachement au respect de la loi de programmation
votée en 1996. Il a enfin suggéré à la commission,
pour expliquer son avis négatif, d'adopter les principales observations
qu'il venait de présenter et de les faire figurer dans chacun de ses
rapports pour avis au titre des conclusions de la commission.
M. Bertrand Delanoë a alors indiqué que, s'il partageait certaines
des inquiétudes exprimées par M. Xavier de Villepin,
président -pour des raisons qui étaient d'ailleurs
antérieures au projet de budget pour 1998-, il était globalement
en désaccord avec les conclusions proposées et approuvait la
démarche générale suivie par le Gouvernement. Il a
relevé que les programmes conduits en coopération avec nos
partenaires européens étaient poursuivis de manière
satisfaisante. Il a estimé que les difficultés rencontrées
venaient essentiellement de la méthode employée pour
professionnaliser nos forces armées qui ne pouvait aboutir qu'à
des pressions de plus en plus fortes sur les crédits
d'équipement. M. Bertrand Delanoë a conclu en
considérant qu'une " épreuve de vérité "
était souhaitable et ne devrait écarter aucun des choix
nécessaires, qu'il s'agisse des missions assignées à nos
forces ou des équipements retenus.
M. Michel Caldaguès a indiqué qu'il partageait pleinement chacune
des observations formulées par M. Xavier de Villepin, président.
Il a estimé que le budget très inquiétant qui était
présenté trouvait son origine, non pas dans la méthode
suivie pour professionnaliser nos armées, mais, beaucoup plus largement,
dans la mise en cause progressive des différentes
spécificités des forces françaises et dans le processus de
" mutualisation " des forces qui ne pouvait conduire, de
manière insidieuse, qu'à la réduction de notre effort
national de défense. Il a enfin souligné que la politique
conduite par le Gouvernement en matière de dépenses publiques
civiles conduisait inévitablement à la compression de nos
dépenses militaires.
M. Jean Faure a exprimé son entier soutien à chacune des
conclusions présentées par M. Xavier de Villepin,
président. S'agissant des crédits consacrés au
nucléaire, il a estimé indispensable de respecter les calendriers
prévus et souligné, dans ce domaine plus que dans tout autre,
l'enjeu majeur que représentait la question de la transmission du savoir
et du maintien des compétences scientifiques.
M. Philippe de Gaulle a relevé qu'une quinzaine d'années auront
été nécessaires entre le lancement du programme Rafale et
la constitution de la première flottille de ces appareils.
M. Claude Estier a enfin indiqué que les commissaires socialistes ne
s'associaient pas aux conclusions proposées par M. Xavier de Villepin,
président.
La commission a alors adopté, le groupe socialiste votant contre, les
principales observations présentées par M. Xavier de Villepin,
président, et décidé de les faire figurer en tête de
chacun de ses rapports pour avis sur le budget de la défense pour 1998,
au titre des conclusions de la commission.
Elle a enfin émis un avis défavorable à l'adoption de
l'ensemble des crédits du ministère de la défense pour
1998.
1
Texte adopté par la commission au
cours de sa réunion du mercredi 26 novembre 1997, le groupe socialiste
votant contre.