B. L'ALIMENTATION EN EAU POTABLE ET L'ASSAINISSEMENT

1. Objectifs et ressources du fonds

Le Fonds national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE) a été créé par le décret du 1er octobre 1954. Il s'agit d'un compte spécial du Trésor géré par le ministère chargé de l'Agriculture (compte 902-00).

Il a été conçu, dès son origine en 1954, comme un instrument financier de solidarité nationale destiné à aider les communes rurales à mettre en place leurs services publics de distribution d'eau. Son domaine d'intervention a été étendu à l'assainissement en 1979. En 1997, la compétence du Fonds a été étendue, pour une période de trois ans, à la lutte contre les pollutions d'origine agricole.

Prélevées sur l'ensemble de la population française, les ressources du fonds ne sont redistribuées qu'aux seules communes rurales.


Elles proviennent :

1) pour 51 % du produit d'une redevance sur les consommations d'eau distribuée dans toutes les communes urbaines et rurales bénéficiant d'une distribution publique d'eau potable, dont le taux de base est actuellement fixé à 14 centimes par mètre cube depuis le 1er janvier 1996 ;

2) pour 49 % d'un prélèvement sur les sommes engagées au Pari mutuel.

2. Fonctionnement

Depuis les lois de décentralisation, les aides du FNDAE sont réparties par département sous forme de dotations affectées à l'eau et à l'assainissement.

La répartition de ces enveloppes budgétaires entre les départements est proposée au ministère chargé de l'Agriculture par le Comité consultatif du fonds, présidé par un conseiller d'Etat honoraire et composé de représentants de l'Assemblée nationale, du Sénat, du Conseil économique et social, des ministères concernés et de diverses associations et fédérations.

Les agences de l'eau participent également au comité.

Les départements règlent ensuite, sur la base des propositions présentées par les collectivités locales concernées, la répartition de ces aides entre les communes rurales et leurs groupements qui réalisent des travaux d'eau potable et d'assainissement.

S'agissant de la dotation des fonds réservée au financement du plan de maîtrise des pollutions d'origine agricole, elle est répartie chaque année par les départements, sur la base des propositions présentées par les exploitants agricoles.

3. Les besoins des communes rurales

Les besoins de ces communes changent de nature, notamment en matière d'alimentation en eau potable, mais ils restent très importants, avec des exigences de qualité et de fiabilité accrues.

a) En matière d'alimentation en eau potable

Le taux global de desserte des communes rurales a atteint 98 % en 1990 au plan national, mais des besoins nouveaux et plus qualitatifs sont apparus à partir de la fin des années 1970. Les principales préoccupations sont :

- la qualité de l'eau distribuée, en application des nouvelles normes européennes ;

- la fiabilité des équipements de production et de transport.

Sous ces deux aspects, la situation des collectivités rurales est généralement plus préoccupante que celle des communes urbaines à plusieurs titres :

- les ressources en eau exploitées sont souvent vulnérables ;

- le service public en milieu rural est dans l'ensemble fortement fragmenté ;

- nombre de réseaux construits dans les années cinquante, et avant, sont devenus obsolètes.

b) En matière de collecte et de traitement des eaux usées

Environ 27 millions d'habitants résidant en zone rurale (permanents ou saisonniers) sont concernés en France par des équipements d'assainissement collectifs. Les taux de raccordement à un réseau d'assainissement et à une station d'épuration atteignent actuellement respectivement 67 % et 56 % pour cette population.

Les objectifs majeurs sont les suivants :

- améliorer les taux de raccordement des usagers aux ouvrages ;

- accroître la capacité d'épuration des stations ;

- élever les niveaux de traitement de celles-ci.

c) Un effort d'investissement considérable à accomplir

Les besoins annuels d'investissements à réaliser étaient destinés à 10 milliards de francs en moyenne pour la période 1990-1194 incluse.

- pour l'adduction d'eau : 5 milliards de francs par an, dont quatre pour l'amélioration et le renforcement des réseaux et 1 milliard de francs par an pour les dessertes nouvelles ;

- pour l'assainissement : 5 milliards de francs par an pour assurer la poursuite de la desserte, et adapter en conséquence les capacités d'épuration.

Le nouvel inventaire des besoins d'investissement pour l'alimentation en eau potable et l'assainissement des communes rurales publié en juillet dernier, permet d'estimer ce qui a été réellement fait durant cette période (environ 8 milliards de francs par an au total, contre 10 milliards de francs prévus) et les besoins prévisibles sur la période 1995-1999 (environ 11,5 milliards de francs par an).

Les contraintes réglementaires résultant notamment de la directive européenne du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux résiduaires urbaines et de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992, expliquent la progression des besoins d'investissements dans les années à venir.

Ces efforts sont et seront d'autant plus lourds à accomplir que les communes rurales supportent des surcoûts importants liés à :

- la faible densité et à la dispersion dans l'espace de la population à desservir ;

- un afflux important de population saisonnière à certaines périodes de l'année ;

- des problèmes de financement plus aigus que met en lumière et qu'accentue parfois la récente instruction comptable et budgétaire M49.

4. Les actions du FNDAE et la répartition de ses dotations

a) Les dotations Eau potable-Assainissement

A la mi-1991, des conventions pluriannuelles ont été mises en place avec des départements afin de concentrer l'attribution des crédits publics sur des axes prioritaires définis localement et souffrant de retards spécifiques (par exemple : l'assainissement de toutes les collectivités riveraines dans le cadre d'un contrat de rivière, l'amélioration de la qualité de l'eau potable distribuée par l'adjonction de traitements tertiaires, etc.). Le but de ces conventions était également d'améliorer la programmation des travaux ainsi que les délais d'utilisation des crédits du FNDAE, pour éviter les reports, et de faciliter la coordination des interventions de divers partenaires (agences de l'eau notamment).

Les départements volontaires pour entrer dans cette démarche ont obtenu une majoration importante de leur dotation FNDAE sous réserve d'un apport identique en valeur absolue du Conseil général. En 1991, 25 départements ont vu leur projet de convention se concrétiser. Au terme de l'année 1993, 65 départements étaient entrés dans ce processus de conventionnement, qui s'achevait théoriquement fin 1994. Dans l'attente des résultats de l'inventaire au 1er janvier 1995 de l'assainissement et de l'alimentation en eau potable dans les communes rurales, les conventions signées avec les départements ont été prolongées d'un an jusqu'au 1er janvier 1996.

Le comité de fonds, après avoir analysé la première phase de conventionnement 1991-1995 et constaté que cette forme de contractualisation était jugée bénéfique, a souhaité pouvoir renouveler cette contractualisation en assouplissant un certain nombre de règles, concernant notamment la parité d'intervention des départements et les taux moyens d'intervention, et en conservant une bonification des dotations pour les départements qui conventionnent, ainsi que des actions d'accompagnement et tout spécialement la sensibilisation des élus et la formation des personnels communaux. Les comptes rendus d'exécution doivent permettre d'obtenir régulièrement au plan national une information exhaustive et annuelle de l'utilisation des fonds et de la situation de l'alimentation en eau potable et de l'assainissement des collectivités locales rurales.

Aussi, en 1996, le dispositif de conventionnement a été reconduit pour cinq ans, en donnant la priorité aux départements conventionnés précédemment. Il a donné lieu à de nouvelles conventions permettant d'actualiser les thèmes d'intervention. En 1997, on compte 72 départements ayant conventionné, dont dix nouveaux -trois départements auparavant conventionnés ayant renoncé à cette contractualisation-.

Cette nouvelle phase de conventionnement a été mise à profit pour organiser une nouvelle clé de répartition des dotations départementales. Cette clé tient compte des prévisions d'investissement exprimées par les collectivités rurales pour la période 1995-1999 dans le cadre de l'inventaire 1995, traduisant ainsi la vocation du FNDAE à être un fonds de péréquation et de solidarité nationale.

Les dotations des départements non conventionnés sont restées constantes entre 1990 et 1995. Elles ont été modifiées par la nouvelle clé de répartition mise en place en 1996.

b) Les dotations Plan de Maîtrise des Pollutions d'Origine agricole

La loi de finances pour 1997 a prévu le financement du plan de maîtrise des pollutions d'origine agricole par le FNDAE, en lui réservant une enveloppe de 150 millions de francs s'ajoutant au financement de l'Etat (chapitre 61-40).

Cette dotation complémentaire, prévue pour trois ans (1997-1998-1999), permet d'accélérer la mise en oeuvre du PMPOA.

Cette nouvelle action du fonds s'est traduite par une baisse uniforme des dotations départementales " Eau potable - Assainissement " de l'ordre de 15 %.

Elle a pour conséquence une diminution du nombre ou du volume des programmations départementales pour les collectivités éligibles aux aides du fonds, sachant que les agences de l'eau ne pourront prendre le relais, leurs interventions venant toujours en complément et non en substitution des subventions préalablement dégagées par le département ou le FNDAE.

c) Les autorisations de programmes 1995 - 1996 - 1997

Les autorisations de programme disponibles en 1995, 1996 et 1997 ont été réparties comme suit :

1995

1996

1997

Crédits disponibles

- Crédits votés en LFI

- réductions d'AP

- AP reportées année précédente

Total disponible

870,0

10,6

25,4

906,0

921,0

5,380

45,847

972,227

975,0

41,449

1 016,449

Affectation des crédits

Dotation eau potable - Assainissement

- Dotations départements non conventionnés

- Dotations départements conventionnés

- grands ouvrages

- Intempéries

Total Dotation Eau potable - Assainissement

Dotation PMPOA

- Plan de maîtrise des pollutions d'origine agricole

197,3

629,3

22,5

11,1

860,2

0

157,100

746,060

14,385

13,232

930,777

0

143,700

688,570

7,179

2,789

842,238

42,2700

Etat d'avancement

Total réparti

860,2

930,777

884,508

Reste non réparti

45,8

41,45

131,941

Les données relatives à la répartition des crédits de l'exercice 1997 sont partielles, arrêtées à la date du 22 août 1997.

En fin d'année 1997, le montant d'autorisation de programme non utilisées sera réduit à la seule réserve constituée pour faire face aux intempéries.

Avec une dotation annuelle comprise entre 0,9 et 1 milliard de francs, le FNDAE couvre un peu moins de 9 % des besoins des communes rurales.

La loi sur l'eau n° 92-3 du 3 janvier 1992 a prescrit dans tous les départements un travail de zonage, distinguant les secteurs voués à l'assainissement collectif et les zones d'assainissement non collectif. Des orientations ont été prises aussi bien dans l'exploitation de l'inventaire des besoins d'investissement que dans la possibilité de financer les études de zonage précitées, pour que l'intervention du FNDAE ne conduise pas à privilégier l'assainissement collectif, dès lors que l'assainissement autonome peut se révéler aussi efficace et moins coûteux.

La politique de conventionnement engagée en 1991 et renouvelée en 1996 permet de continuer à jouer un rôle essentiel, par effet d'entraînement et de planification des investissements (identification des thèmes prioritaires) dans l'équipement en assainissement et eau potable des communes rurales.

Votre rapporteur pour avis souhaite que le Gouvernement s'attache à renforcer la cohérence entre les programmes financés par le FNDAE et ceux financés par les agences de l'eau en matière d'eau potable et d'assainissement.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS EN LOI DE FINANCES DISPONIBLES ET DÉLÉGUÉS

(en millions de francs)

Année

LFI

LFR

AP non utilisées l'année précédente

Réduction d'AP

AP disponibles

AP déléguées

1982

644,000

644,000

644,000

1983

600,000

- 134,000

466,000

466,000

1984

606,000

- 106,000

500,000

499,966

1985

610,000

0,034

610,034

610,001

1986

630,200

0,033

630,233

630,232

1987

678,365

678,365

663,365

1988

678,166

15,000

693,166

693,166

1989

700,000

700,000

700,000

1990

735,000

24,758

759,758

759,250

1991

805,000

41,000

0,508

846,508

845,232

1992

867,000

27,600

1,276

5,000

900,876

900,590

1993

870,000

29,953

0,286

900,239

900,239

1994

960,000

0,306

960,306

934,851

1995

870,000

25,455

10,577

906,032

860,185

1996

921,000

45,847

966,847

843,675

1997

975,000

41,449

1 016,449

884,508

Nota : les AP non utilisées respectivement en 1994 et 1995 correspondent éventuellement au gel nécessaire pour permettre la reconstitution du fonds de roulement.

RECETTES DU FNDAE

Année

Redevance

PMU

Divers, Prêts

TOTAL

1982

212 130 000,00

310 640 000,00

3 170 000,00

525 940 000,00

1983

206 350 000,00

345 830 000,00

3. 160 000,00

555 340 000,00

1984

228 080 000,00

373 870 000,00

3 160 000,00

605 110 000,00

1985

214 820 000,00

374 280 000,00

3 160 000,00

592 260 000,00

1986

237 820 000

379 700 000,00

3 160 000,00

620 680 000,00

1987

247 280 000,00

346 230 000,00

5 640 000,00

599 150 000,00

1988

257 729 698,00

412 598 088,00

690 488,00 018

671 274,00

1989

303 689 102,00

432 068 790,00

3 165 510,00

738 923 402,00

1990

336 669 286,00

462 350 491,00

2 474 638,00

801 494 415,00

1991

385 074 000,00

476 249 000,00

137 000,00

861 460 000,00

1992

408 970 000,00

488 120 000,00

20 000,00

897 110 000,00

1993

375 471 025,00

467 039 700,00

25 000,00

842 535 725,00

1994

415 915 663,00

456 393 048,00

164 162,00

872 472 873,00

1995

455 040 000,00

449 580 000,00

0,00

904 620 000,00

1996

474 636 000,00

456 830 000,00

0,00

931 466 000,00

La diminution des crédits de près de 1 % inscrits au projet de loi de finances pour 1998 est jugée peu satisfaisante par votre rapporteur pour avis.

C. LES ORDURES MÉNAGÈRES

Votre rapporteur pour avis rappelle que les communes et leurs groupements vont devoir faire face à des investissements importants pour satisfaire aux objectifs de la loi.

Les projets d'installations d'élimination des déchets ménagers et assimilés, dont ceux des communes rurales, qui répondent aux critères retenus par le comité consultatif de modernisation de la gestion des déchets pourront donc bénéficier du fonds de modernisation. Les ressources de ce fonds seront d'ailleurs accrues : le taux de la taxe sur le stockage des déchets ménagers et assimilés a été augmenté par la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement.

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