C. LA GUYANE : UNE PHASE DE STAGNATION AVEC DE FORTES DISPARITÉS SECTORIELLES
La Guyane traverse une phase de stagnation voire de
récession économique depuis maintenant quatre ans et
l'année 1996 s'inscrit dans le prolongement des deux années
précédentes. Le département n'a donc pas retrouvé
le chemin de la croissance après la récession des années
1992-1993, alors que les tensions sociales devenaient beaucoup plus vives
à partir du mois de septembre 1996.
D'une façon générale, l'activité économique
a peu évolué. Ainsi, en dépit d'une hausse des prix
maîtrisé (+ 1,0 % en 1996) et d'une augmentation
sensible du SMIC horaire (+ 9,4 % entre décembre 1995 et
décembre 1996), la consommation est restée stable. Par
ailleurs, et pour la troisième année consécutive,
l'investissement n'a pas repris en Guyane.
Sur le plan social, l'année 1996 s'est caractérisée par
une forte détérioration du climat général, avec une
augmentation très nette du nombre de conflits sociaux, une grande
grève lycéenne et plusieurs journées d'émeutes
à Cayenne durant le mois de novembre.
Il convient de rappeler que les transferts publics net en provenance de la
métropole représentent déjà plus du quart du PIB de
la Guyane.
1. Des évolutions économiques contrastées selon les secteurs d'activité
A l'image des années précédentes, les
différents secteurs d'activité ont connu des évolutions
assez contrastées.
L'activité spatiale, principal secteur économique de la Guyane,
a réalisé le même nombre de tirs que l'année
précédente. Toutefois, son programme de qualification du nouveau
lanceur européen Ariane 5 a subi un retard important en raison de
l'échec du premier lancement. Au total, néanmoins la
régularité de l'activité spatiale depuis plusieurs mois
bénéficie à l'ensemble de l'économie locale et plus
particulièrement aux secteurs des services et du tourisme.
Dans l'ensemble, les filières exportatrices ont enregistré des
résultats satisfaisants. En effet, la pêche crevettière
réalise à nouveau des prises supérieures au total
admissible de captures. De même, le secteur rizicole a connu un second
cycle de production excellent et ses exportations sont en progression de
20 %. L'activité aurifère reste bien orientée, avec
une intensification des travaux d'exploration.
En revanche, la filière forestière est en repli avec une baisse
d'activité et la disparition d'entreprises importantes.
Pour sa part, le secteur du BTP subit toujours les conséquences
négatives de la fin de la période des grands travaux. Le volume
d'activité reste faible et les effectifs ont pratiquement
été réduits d'un tiers en deux ans.
De plus, le développement du secteur " informel " semble
s'accélérer. Ce phénomène touche maintenant non
seulement le BTP, mais également les services et la restauration. Les
artisans sont les premiers touchés par cette évolution.
Enfin, les événements du mois de novembre à Cayenne
semblent avoir durablement affecté le secteur du tourisme et de
l'hôtellerie et contrarié les efforts entrepris par les
professionnels du secteur depuis plusieurs années. Néanmoins, la
fréquentation touristique du département a progressé de
10% contre 8,2 % l'année précédente.
2. La progression du chômage reste liée à l'évolution démographique
La forte progression démographique que connaît la
Guyane et la crise économique qui prévaut dans le
département depuis 1992 pèsent largement sur la situation du
marché de l'emploi. Depuis 1991, la situation de l'emploi s'est
dégradée à la suite d'une baisse de la demande tant
publique (rigueur budgétaire des collectivités locales) que
privée. Ainsi, le taux de chômage en Guyane a plus que
doublé, passant de 9,7 % en 1991 à
22,1 % en
décembre 1996
. L'état de marche de l'emploi guyanais
semble se rapprocher progressivement de celui des autres DOM, même si le
taux de chômage reste encore largement inférieur en Guyane
à celui de l'ensemble des DOM (31,7 % en décembre 1996).
En juin 1997, le nombre de demandeurs d'emploi s'est élevé
à 12.314 soit une augmentation de 20 % par rapport à
juin 1996.
A moyen terme, les perspectives d'évolution de la population active
-lors du dernier recensement, les jeunes de moins de 15 ans
représentaient un tiers de la population- imposent la mise en oeuvre
d'une politique volontariste de l'emploi et la recherche de secteurs
économiques créateurs d'emplois pour intégrer cette main
d'oeuvre croissante.
3. Hors activité spatiale, une dégradation de la balance commerciale
Malgré la baisse des importations (hors activité
spatiale), la tendance à la baisse du taux de couverture, amorcée
en 1995, s'est confirmée en 1996 avec la diminution des exportations.
Ainsi, en 1996, le taux de couverture représentait 19,4 % hors
activité spatiale contre 20,3 % l'année
précédente.
En comptabilisant les importations de marchandises liées à
l'activité spatiale, la balance commerciale de la Guyane serait
déficitaire de 9,66 milliards de francs. Toutefois, ce
résultat ne comprend pas les exportations de services, notamment celles
liées à l'activité spatiale. Or, ces dernières
peuvent être évaluées à partir du chiffre d'affaires
d'Arianespace (environ 7 milliards de francs). En les incluant, la balance
commerciale de la Guyane serait déficitaire d'environ 2,6 milliards
de francs, soit un taux de couverture approchant 75%.