B. L'ANNÉE 1998 : UNE RÉGULATION BUDGÉTAIRE ANTICIPÉE ET AGGRAVÉE
Dans un budget en projet globalement en baisse sensible, le titre III et le titre V évoluent, toutefois, on l'a noté, de façon différente et contradictoire : le premier reste à peu près stable, le second décroît fortement. Mais au sein du titre III le poids des rémunérations écrase les crédits de fonctionnement qui régressent. Quant au titre V il est en passe d'obérer de façon irréversible les capacités opérationnelles et industrielles de notre pays.
1. La baisse des crédits de fonctionnement anticipe la diminution du format des armées
Les crédits de fonctionnement, dans un titre III
globalement stable, diminuent de 5 %.
Cette diminution est proportionnellement supérieure à celle des
effectifs (- 4,4 %).
A cette première constatation déjà négative, s'en
ajoute une seconde : la diminution des effectifs sera étalée sur
toute l'année 1998 alors que la diminution des crédits de
fonctionnement devra être notifiée dès le début de
l'année aux chefs de corps et commandants d'unités qui verront
leurs budgets de fonctionnement subir d'emblée cet amoindrissement des
ressources. Les principaux flux nécessaires à la vie des
armées se trouveront donc immédiatement restreints et les
conditions de vie et de travail s'en trouveront
détériorées (déplacements, instruction,
entraînement, entretien courant, chauffage etc.).
2. La chute du titre V va obérer les capacités opérationnelles et industrielles
Le nouvel allongement des durées de fabrication, la
nécessité, corrélative, de maintenir en service des
équipements obsolètes, la réduction sévère
des stocks de munitions, le laminage des études et des
développements vont se conjuguer en 1998 pour altérer les
capacités tant opérationnelles qu'industrielles.
La diminution des crédits frappe d'abord les programmes, moins
spectaculaires mais tout aussi nécessaires que les " grands
programmes ". Il s'agit des programmes dits de " cohérence
opérationnelle " : ceux destinés à la valorisation et
à la mise en œuvre des équipements et à la
protection des hommes : contre-mesures, missiles et munitions, défense
NBC, vision nocturne etc.
Mais, pour autant, les grands programmes ne seront pas épargnés.
Nous avons mentionné précédemment, armée par
armée, les réductions de commandes et les reports de livraisons
qui vont obliger à maintenir en service, encore plus longtemps, des
équipements coûteux à entretenir et de moins en moins
performants.
Faudra-t-il abréger un engagement extérieur faute de moyens
suffisamment soutenus ? Devenir tributaire de nos alliés pour certaines
capacités ?
Nos capacités industrielles quant à elles seront touchées
aussi bien en termes de compétences qu'en termes d'emplois ; on rappelle
qu'une réduction d'un milliard de francs en investissements,
entraîne, à terme, la suppression d'environ 2 500 emplois
directs ou indirects, et d'emplois de haute qualification, à haute
valeur ajoutée ;
ce sont donc 20 000 emplois que la
réduction du budget d'équipement risque de faire
disparaître
.
Détruisant toute fiabilité dans les prévisions, le budget
en projet ne fait que désorganiser encore davantage les bureaux
d'études et les chaînes de fabrication, compliquer les projets de
restructuration pourtant indispensables et contrarier tout gain de
productivité, facteur de baisse des coûts.