E. LA REMISE EN ORDRE DES CREDITS DU FONDS FORESTIER NATIONAL
1. Un budget plus réaliste
L'écart entre le moment où le FFN est
établi et le moment où il est voté ainsi que sa
sensibilité à la conjoncture du marché du bois et des
dérivés expliquent pour partie un décalage constant entre
réalisations et prévisions.
Ainsi en 1996, les recettes n'ont atteint que 427 millions (514
prévus) et les emplois 382 millions (409 prévus), ce qui a
permis une certaine reconstitution de trésorerie.
Le budget 1998 prévoit un FFN plus modeste, mais peut être plus
réaliste.
(en millions de francs)
Recettes |
Prévisions 1998 |
Prévisions 1997 |
Emplois |
Prévisions 1998 |
Prévisions 1997 |
Taxe forestière |
300 |
317 |
Dépenses ordinaires |
152,1 |
152,1 |
Remboursement des prêts |
88,54 |
91,3 |
CPSV |
||
Divers |
1,5 |
1,5 |
CPMN |
369,9 |
291,7 |
Taxe de défrichement |
32 |
34 |
|||
Total général |
422 |
443,8 |
Total général |
422 |
+ 43,8 |
2. La modification de l'assiette de la taxe de défrichement
L'Assemblée nationale a voté un amendement
réduisant de 0,5 million de francs le produit de la
taxe de
défrichement
et donc à due concurrence le montant de travaux
envisageables.
L'article additionnel introduit à l'Assemblée nationale par
M. Henri Emmanuelli, député des Landes, tend à
remplacer les termes : "équipements d'intérêt public"
par les mots "aménagement ou constructions destinés à un
service public ou répondant à un besoin collectif de nature
économique ou sociale".
Cette nouvelle définition aurait pour effet de réduire de
500.000 francs le rendement de la taxe de défrichement en 1998, en
le portant de 32 à 31,5 millions de francs. Cette taxe alimentant
le Fonds forestier national, compte d'affectation spéciale, les
dépenses de ce Fonds seront réduites à due concurrence.
Cette définition nouvelle n'est ni zonée
(elle s'applique
à tout le territoire national)
ni précise
("besoin
collectif de nature économique ou sociale"). Il conviendra donc
d'être vigilant sur ses modalités d'application. En effet, le
rendement de la taxe de défrichement n'est pas toujours conforme aux
prévisions, en raison d'interprétation divergentes selon les
départements. Dans mon rapport spécial sur le budget de
l'agriculture pour 1997, j'avais souligné que :
"
Avec le temps se sont développées certaines pratiques qui
n'ont pas de fondement réglementaire. Dans certains départements,
les défrichements effectués par les SAFER ont été
exemptés de la procédure d'autorisation de défrichement.
Il existe même des pratiques totalement illégales, reposant sur
l'assimilation de tout défrichement à but agricole à la
remise en culture d'anciens vergers.
De même, les dispositions de
l'article L. 314-4 concernant les équipements
d'intérêt public sont parfois abusivement étendues à
toute opération menée par des collectivités locales
,
sans tenir compte de la définition jurisprudentielle restrictive de
l'intérêt public. Le service en charge de la réglementation
sur le défrichement n'est pas systématiquement informé de
certaines opérations de défrichement à but agricole,
connues du service d'économie agricole de la DDAF, alors qu'elles ne
rentrent pas dans le cadre des exemptions prévues par le code
forestier
".
L'article adopté par l'Assemblée nationale "valide" de fait des
procédures qui avaient pris quelques libertés avec le droit
positif.
3. La recherche d'une ressource pérenne
Le problème de l'affectation d'une ressource
pérenne au FFN n'est pas encore résolu.
Le ministère de l'agriculture ne semble pas hostile au principe d'une
réduction de 1,2 à 1 % de la taxe sur les scieurs. Ainsi
qu'il a été répondu à votre rapporteur
spécial :
"
Une réduction du taux de 0,2 % représente un effort
budgétaire de 28 millions de francs. Aussi, dans la mesure
où la reprise économique permettrait une remontée des
recettes de la taxe, un retour au taux de 1 % paraît à terme
envisageable sans remettre en cause l'équilibre du compte spécial
du Trésor
".
En revanche, le secrétaire d'Etat chargé du budget a
montré que cette attitude ouverte demeurait cantonnée au niveau
des principes. Il a en effet déclaré à la tribune de la
Haute Assemblée
4(
*
)
:
"
Les professionnels ont fait un effort, la taxe passant de 1 % en
1993
à 1,65 % en 1994, avant de baisser progressivement jusqu'à
son niveau actuel. L'Etat, lui aussi, a fait un effort, de l'ordre de
230 millions de francs, d'abord en affectant au FFN le produit de la taxe
de défrichement, ensuite en prenant en charge les dépenses de
personnel dudit fonds.
Les efforts ont ainsi été équitablement
partagés ; et on ne peut réduire la taxe sans
dégrader la situation financière du FFN. Tout en comprenant le
plaidoyer en faveur des entreprises de sciage, je ne peux que souhaiter le
retrait de l'amendement ; je m'y déclarerai, à
défaut, défavorable."
D'une manière générale, la politique forestière
n'apparaît pas être une priorité
du projet de loi de
finances pour 1998 (diminution des crédits globaux en loi de finances
initiale de 65 millions de francs). Le versement compensateur à
l'ONF passe de 851 à 846 millions de francs. Il semble que ce
montant ne couvre pas la totalité de la différence entre les
frais de l'Office dans les forêts des collectivités locales et les
contributions de celles-ci : le solde négatif pour l'Office serait de
85 millions de francs environ en 1998 (83,4 millions de francs en
1997).