RAPPORT GENERAL N° 85 TOME III ANNEXE N° 3 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - AGRICULTURE ET PECHE
Joël BOURDIN
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N° 85 TOME III ANNEXE 3 - 1997/1998
Table des matières
- I. L'EVOLUTION DES CONCOURS PUBLICS A L'AGRICULTURE
-
II. LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU BUDGET 1998
- A. L'INSTALLATION DES JEUNES AGRICULTEURS
- B. LA SECURITE ET LA QUALITE DE L'ALIMENTATION
- C. LA MAITRISE DES POLLUTIONS D'ORIGINE AGRICOLE
- D. L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE
-
E. LES CREDITS POUR LA PECHE
- 1. Les actions structurelles de développement de la filière menées par le FIOM
- 2. L'incitation à la restructuration et à la modernisation de la filière
- 3. Les actions relatives à la flotte de pêche et aux investissements à terre
- 4. Le projet de loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines
- III. LES OBSERVATIONS DE LA COMMISSION DES FINANCES
- EXAMEN EN COMMISSION
- ARTICLE 62 A (RATTACHE)
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 3
AGRICULTURE ET PÊCHE :
Rapporteur spécial
: M. Joël BOURDIN
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
I. L'EVOLUTION DES CONCOURS PUBLICS A L'AGRICULTURE
A. DES DÉPENSES GLOBALES DÉCROISSANTES EN VOLUME
L'appréciation de l'évolution des concours publics à l'agriculture est un exercice délicat, dont on connaît bien les difficultés méthodologiques.
1. Une analyse rétrospective
Avant de présenter l'ensemble des concours publics à l'agriculture pour 1998, un exercice de modestie peut consister à analyser rétrospectivement la fiabilité de ce document.
(En milliards de francs - hors pêche)
LFI (1) |
% d'évolution affiché en LFI |
Exécution |
% d'évolution réel |
|
1992
|
148,3
|
+ 10,3
|
153,1
|
+ 7,6
|
(1) Montant LFI corrigé pour les retours communautaires : par exemple, à l'automne 1993, les versements pour 1994 étaient évalués à 53,4 milliards de francs pour 1994 et à 48,7 milliards de francs à l'automne 1994.
Source : Les concours publics à l'agriculture 1992-1996
2. Les perspectives pour 1998
L'arrivée à matûrité de la réforme de la Politique Agricole Commune et le choix d'un nouvel agrégat 1( * ) pour évaluer les "retours communautaires" sont peut être de nature à mieux asseoir les prévisions financières.
Dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la forêt
(en millions de francs)
1997 |
1998 |
1998/97
|
|
Ministère de l'agriculture et
de la Pêche
|
35.057,64
|
35.486,54
|
+ 1,22
(3)
|
Autres ministères :
|
3.575,56
|
3.660,9
|
+ 2,39
|
Estimation des dépenses agricoles de l'Union européenne bénéficiant à la France |
69.307 |
69.465 |
+ 0,23 |
Total
|
174.459,66
|
174.898,4
|
+ 0,25
|
(1) Non compris les crédits en faveur de la
pêche inscrits sur le budget de l'Agriculture et de la Pêche
(2) BAPSA net des cotisations agricoles et de la subvention du budget du
ministère de l'Agriculture
(3) Après amendement sur l'article d'équilibre du projet de loi
de finances.
Sous ces réserves méthodologiques,
l'ensemble des concours
publics
à l'agriculture pour 1998 exprimé en francs constants
s'inscrit donc en baisse.
3. Les difficultés de méthode
Le volume important de ces crédits ne saurait faire
oublier qu'ils ne sont pas représentatifs du soutien apporté
à l'agriculture comme secteur économique. Comme le fait
traditionnellement observer l'APCA (Assemblée permanente des chambres
d'agriculture), les crédits spécifiquement destinés
à l'agriculture peuvent être estimés, hors coût de
l'administration, à 80 milliards de francs soit 45 % de
l'ensemble des dépenses. Près de 86 % d'entre eux sont
liés à la PAC. Ce ne sont que 11,1 milliards qui, sur le
budget même du Ministère de l'Agriculture, peuvent être
imputés à l'agriculture, secteur économique. Mais il
existe aussi des crédits non imputables à l'agriculture
considérée en tant qu'activité économique.
En effet, dans les autres budgets ministériels, on n'affecte pas aux
différents secteurs les dépenses de protection sociale ou de
formation de leurs ressortissants. Ces crédits s'élèvent
à 94,5 milliards de francs, dont :
plus de 87 milliards pour le BAPSA ;
plus de 10,7 milliards pour l'enseignement et la recherche ;
1,7 milliard pour la Forêt ;
1,2 milliard pour les comptes spéciaux du Trésor :
Fonds Forestier National, Fonds National des adductions d'eau, les Haras.
Dans la typologie effectuée par le ministère de l'agriculture les
dépenses bénéficiant aux activités agricoles
productives sont évaluées à 75,5 milliards de francs
en 1996 (contre 71,5 en 1995). Cette nomenclature fait apparaître de
manière précise les différentes affectations de
dépenses (pour 1996).
Sources de financement par domaines et ensemble des
dépenses
bénéficiant à l'agriculture
CONCOURS NETS
|
Montant
|
dont budget national |
dont FEOGA
|
dont FEOGA
|
I. ACTIVITES AGRICOLES PRODUCTIVES |
75.502,2 |
12.881,3 |
61.099,7 |
1.521,2 |
1.1 Installation et modernisation des exploitations |
5.258,9 |
4.261,6 |
59,9 |
937,3 |
1.2 Régularisation des marchés et orientation des productions |
58.884,6 |
3.949,7 |
54.934,8 |
0,0 |
1.3 Maîtrise de l'offre |
5.334,5 |
436,9 |
4.897,3 |
0,3 |
1.4 Compensation de handicaps ou de contraintes spécifiques |
4.645,2 |
3.134,4 |
956,0 |
554,8 |
1.5 Aides transitoires non liées aux produits |
221,3 |
170,5 |
50,9 |
0,0 |
1.6 Calamités agricoles |
346,6 |
346,6 |
0,0 |
0,0 |
1.7 Lutte contre les maladies des végétaux et des animaux |
568,9 |
339,4 |
200,7 |
28,9 |
1.8 Autres financements à l'agriculture productive |
242,2 |
242,2 |
0,0 |
0,0 |
II. INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES |
802,3 |
524,0 |
0,0 |
278,3 |
2.1 Promotion des échanges et de la qualité des produits |
383,2 |
383,2 |
0,0 |
0,0 |
2.2 Investissements et autres financements en faveur des IAA |
419,1 |
140,8 |
0,0 |
278,3 |
III ACTIVITES HIPPIQUES |
886,3 |
886,3 |
0,0 |
0,0 |
3.1 Elevage |
196,3 |
196,3 |
0,0 |
0,0 |
3.2. Activités hippiques |
690,0 |
690,0 |
0,0 |
0,0 |
IV FORET PRODUCTIVE |
1.228,6 |
1.193,3 |
13,1 |
22,2 |
4.1 Production du bois |
908,6 |
895,5 |
13,1 |
0,0 |
4.2 Exploitation forestière, industrie du bois |
161,2 |
139,0 |
0,0 |
22,2 |
4.3 Autres financements en faveur de la forêt productive |
158,8 |
158,8 |
0,0 |
0,0 |
V. ESPACE RURAL ET FORESTIER |
2.442,0 |
897,4 |
0,0 |
1.544,6 |
5.1 Aménagement et protection de l'espace rural |
2.028,2 |
501,7 |
0,0 |
1.526,5 |
5.2 Aménagement et protection de l'espace forestier |
367,7 |
349,6 |
0,0 |
18,1 |
5.3 Autres financements en faveur de l'espace rural et forestier |
46,1 |
46,1 |
0,0 |
0,0 |
VI RECHERCHE ET ENSEIGNEMENT |
10.087,6 |
10.087,6 |
0,0 |
0,0 |
6.1 Recherche et appui technique |
3.897,8 |
3.897,8 |
0,0 |
0,0 |
6.2 Enseignement agricole |
6.189,8 |
6.189,8 |
0,0 |
0,0 |
VII SERVICES GENERAUX |
6.791,5 |
6.742,3 |
0,0 |
49,2 |
7.1 Personnel |
5.504,7 |
5.504,5 |
0,0 |
0,1 |
7.2 Autres dépenses des services généraux |
1.286,8 |
1.237,7 |
0,0 |
49,1 |
VIII PROTECTION SOCIALE ET SOLIDARITE |
73.150,9 |
72.685,5 |
465,3 |
0,0 |
8.1 Protection sociale |
71.088,6 |
71.088,6 |
0,0 |
0,0 |
8.2 Cessation d'activité agricole |
1.868,5 |
1.429,0 |
439,5 |
0,0 |
8.3 Aide alimentaire |
193,7 |
167,86 |
25,85 |
0,00 |
TOTAL DES CONCOURS NETS |
170.891,2 |
105.897,6 |
61.578,1 |
3.415,5 |
4. La recherche de l'efficacité de la dépense publique
Cette délimitation des concours publics à
l'agriculture étant ainsi opérée, il n'en convient pas
moins d'insister sur la nécessité de gérer au mieux ces
crédits et de rendre la dépense publique la plus efficace
possible. Le dernier rapport public de la Cour des Comptes relatif aux aides
aux agriculteurs corses ne devrait pas avoir pour effet de relancer le
débat récurrent sur le niveau excessif des aides à
l'agriculture, à la condition toutefois que les mesures correctrices
prises en 1996 trouvent leur plein effet et que la convention signée
entre toutes les parties prenantes soit strictement appliquée.
De longue date l'Etat a manifesté envers les agriculteurs corses une
sollicitude dont les résultats n'ont pas été à la
mesure des crédits engagés ; les aides accordées, pendant
plusieurs années, sur la base d'une circulaire interministérielle
du 24 juillet 1989 en sont un bon exemple.
Revêtant la forme de prêts nouveaux pour l'essentiel, mais aussi
de subventions, ces aides ont été distribuées sans
rigueur, après une analyse exagérément optimiste de la
situation financière des exploitations. Les critères d'octroi de
l'aide ont été trop souvent ignorés ; les
procédures d'attribution n'ont guère été
respectées ; le contrôle de l'emploi des fonds a été
exercé avec une modération toute particulière. Aussi,
l'examen d'un large échantillon de dossiers a-t-il permis à la
Cour de relever des abus manifestes.
Depuis 1990, la dépense totale, -441 millions de francs, soit 2,38
fois le crédit initialement ouvert-, a atteint 261.000 francs par
exploitation aidée, c'est-à-dire dix fois plus que dans les
autres régions ; 70 % des agriculteurs à temps plein de
l'île en ont été les bénéficiaires.
Ces pratiques -que les services locaux du ministère de l'agriculture
n'ont pas découragées- ont eu pour effet d'accroître
l'endettement de nombre d'exploitants, qui paraissent s'être
habitués à demander et à obtenir périodiquement de
nouvelles mesures en leur faveur.
Aussi, un nouveau régime d'aides a-t-il été mis en place
en octobre 1994. Moins de deux ans plus tard, en juillet 1996, l'Etat est
à nouveau intervenu : c'est le douzième dispositif d'aide
accordé aux agriculteurs corses en difficulté en moins de trois
décennies.
(Rapport Public 1997 p 155)
B. UN BUDGET QUI RÉGRESSE EN FRANCS CONSTANTS
Compte tenu de l'imprécision relative aux retours communautaires transitant essentiellement par des fonds de concours, le budget exécuté s'écarte sensiblement du budget voté.
1. Les conditions d'exécution du budget
(En milliards de francs - avec pêche)
LFI |
% de variation n/n-1 |
Loi de règlement |
% de variation n/n-1 |
|
1993 |
39,9 |
+ 6,5 |
50,1 |
+ 22,5 |
1994 |
47,7 |
+ 19,5 |
52,25 |
+ 4,2 |
1995 |
38,8 |
- 18,7 |
41,04 |
- 21,5 |
1996 |
35,5 |
- 8,5 |
42,367 (1) |
+ 3 |
(1) en paiements.
L'essentiel des variations est imputable à l'évolution du
titre IV, ainsi que le met en évidence le tableau ci-après.
Exécution du titre IV
(en milliards de francs)
Dotation initiale |
Annulations |
Reports |
Fonds de concours |
LFR |
Autres mouvements |
Dotation nette |
|
1996
|
24,79
|
- 0,431
|
+ 1,879
|
+ 6,498
|
+ 0,435
|
+ 0,433
|
33,605
|
En 1996, les crédits ouverts du Titre IV ont
été supérieurs de près de 8 milliards à
la dotation initiale. L'écart a même dépassé
12 milliards de francs en 1993.
On notera en outre que le budget de l'agriculture est rarement
épargné par les régulations. Ainsi
l'arrêté du 9 juillet 1997
a-t-il
annulé
643 millions de francs de crédits en dépenses ordinaires
et 101 millions de francs en crédits de paiement, soit 2,1 %
des dotations initiales. De plus, si la discussion parlementaire avait permis
de majorer les crédits du FGER et de la politique industrielle, ces deux
chapitres ont quand même fait l'objet d'une régulation.
2. Les crédits proposés pour 1998
Pour 1998, le projet de budget du ministère de l'agriculture s'établit comme suit (après vote de 500 millions de francs de crédits nouveaux par l'Assemblée nationale) 2( * ) .
Evolution des crédits
Budget de l'agriculture et de la pêche
(après le vote par l'Assemblée nationale de la première
partie)
(en millions de francs)
1997 LFI |
PLF 1998 |
1998/1997
|
|
Dépenses ordinaires (DO) |
|||
Titre III - Moyens des services |
|||
Personnel |
7.915,16 |
8.076,88 |
2,04 |
Fonctionnement |
1.660,68 |
1.667,21 |
0,39 |
Total titre III |
9.575,84 |
9.744,10 |
1,76 |
Titre IV - Interventions publiques |
|||
Action éducative |
3.022,94 |
3.245,98 |
7,38 |
Action économique |
13.466,53 |
13.099,07 |
- 2,73 |
Action sociale |
8.126,12 |
8.596,12 |
+ 5,78 |
Total titre IV |
24.615,59 |
24.941,17 |
+ 1,32 |
Total dépenses ordinaires hors BAPSA/AAH |
24.027,43 |
24.143,279 |
0,48 |
Total dépenses ordinaires |
34.186,43 |
34.685,27 |
+ 1,46 |
Total dépenses en capital (AP) |
1.107,36 |
997 |
- 9,97 |
Total dépenses en capital (CP) |
1.057,51 |
987,1 |
- 6,66 |
Total budget (DO+CP) hors BAPSA/AAH |
25.084,94 |
25.130,37 |
0,18 |
Total budget (DO+CP) |
35.243,94 |
35.672,37 (1) |
+ 1,22 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche
(1) Y compris pêche
A l'issue de l'examen de la deuxième partie du projet de loi de
finances pour 1998, l'Assemblée Nationale a
majoré les
crédits du ministère de l'agriculture et de la pêche ainsi
qu'il suit :
Titre IV : + 1,75 millions de francs
- chapitre 43-23 article 30 pour 0,1 million de francs ;
- chapitre 44-41 article 22 pour 0,25 million de francs ;
- chapitre 44-53 article 30 pour 0,1 million de francs et article 90
pour 0,2 million de francs ;
- chapitre 44-80 article 21 pour 0,8 million de francs et article 40
pour 0,1 million de francs ;
- chapitre 44-92 article 20 pour 0,2 million de francs.
Titre VI : + 7,76 millions de francs
- chapitre 61-40 article 30 pour 4 millions de francs (AP et CP) ;
- chapitre 61-44 article 10 pour 3,58 millions de francs (AP et CP)
- chapitre 61-61 article 20 pour 0,18 millions de francs (AP et CP).
Au total, les crédits (DO + CP) ont été majorés de
9,51 millions de francs, ce qui porte le budget à
35.253,45 millions de francs.
Ces tableaux appellent les remarques générales suivantes :
3. L'évolution des crédits par Titre
- les
moyens des services
augmentent de 2,04 %
(contre 3,1 dans le budget général) en raison de la stagnation
des moyens de fonctionnement et d'une augmentation de 75 postes
budgétaires, principalement au profit de l'enseignement agricole ;
- les
dépenses du titre IV (interventions publiques)
s'accroissent de 1,32 % (+ 1,5 % pour le budget
général), grâce essentiellement à la forte
croissance des dotations d'action éducative (+ 7,38 %).
L'action sociale augmente de 1,32 % par conséquence de
l'augmentation de la subvention d'équilibre au BAPSA de 7,24 %
(7,806 milliards de francs), les autres composantes de cette politique
accusant toutes une baisse plus ou moins prononcée. Les crédits
d'action économique enregistrent en revanche une baisse significative
(- 2,46 %), explicable par la décroissance "mécanique"
des charges de bonification (- 3,8 %), la diminution des
indemnités compensatrices de handicaps naturels (- 5,5 %, mais
après prise en compte des retours communautaires plus importants, la
revalorisation des montants unitaires sera de + 1,5 % en 1998 contre
+ 2 % en 1997), et la chute de 1,9 % des crédits des
offices par produit
qui remet en cause notamment les contrats de plan
Etat-région
;
- les
dépenses en capital
(crédits de paiement) accusent
une baisse préoccupante de 6,6 % (- 0,4 % seulement pour
le budget général) et s'inscrivent donc dans un mouvement
tendanciel de régression. Rapportée à l'ensemble des
concours publics à l'agriculture, cette diminution en loi de finances
initiale est de 25,2 % depuis 1992 et de 28,8 % si l'on prend en
compte les charges de bonification (en francs courants).
Le budget stricto
sensu ne représente qu'environ 1/3 des dépenses assimilables
à des crédits des titres V et VI.
Pour 1998, cette régression ne provient pas des investissements
-faibles- exécutés directement par l'Etat (qui passent de 47,3
à 55 millions de francs), mais de certaines subventions
d'investissement, comme celle de la
prime d'orientation agricole
(P.O.A.)
-nationale et régionale- de 17 millions de francs,
alors même que le Parlement avait obtenu une "rallonge" de
20 millions de francs en loi de finances initiale 1997, des
sociétés d'aménagement régional
(- 21,7 millions de francs), et des
crédits forestiers
(- 19,4 millions de francs).
Cette décroissance constante, et le maintien d'un nombre
élevé de types d'interventions, devraient conduire à une
réflexion sur le rôle de l'Etat en matière
d'investissements à l'activité agricole au sens large.
Si l'on considère l'ensemble des titres V et VI, l'exécution
1996 indique (en crédits de paiement) :
(en milliards de francs)
Loi de finances initiale |
+ 1,250 |
Annulations |
- 0,121 |
Reports |
+ 0,938 |
Fonds de concours |
+ 1,796 |
Loi de finances rectificative |
+ 0,053 |
Transferts et répartitions |
- 0,015 |
Dotation nette |
+ 3,901 |
Paiements |
+ 2,352 |
Taux de consommation |
60,28 % |
La portée du "visa" du Parlement sur l'autorisation de dépense apparaît ainsi perfectible.
C. UNE RÉGULATION BUDGÉTAIRE PARTICULIÈREMENT SIGNIFICATIVE EN 1997
1. Les caractéristiques de l'exécution 1997
L'exercice en cours a été marqué par deux arrêtés d'annulation (9 juillet et 19 novembre) dont le montant global (DO + CP) s'établit à 1.506,65 millions de francs soit 4,27 % des crédits ouverts dans la loi de finances initiale. Ce niveau de régulation est nettement supérieur à ceux constatés dans le passé. En 1996, le montant des annulations avait atteint 666,809 millions de francs soit 1,87 % des crédits ouverts. Si le montant des crédits ouverts en loi de finances initiale ne donne qu'une idée imparfaite des crédits disponibles, eu égard à l'importance des fonds de concours et des ouvertures de crédits en loi de finances rectificative, il n'en demeure pas moins que cette régulation n'est pas sans appeler quelques observations :
2. L'arrêté d'annulation du 9 juillet
Alors que la
maîtrise des pollutions d'origine
agricole
est une priorité incontestable, près de
55 millions d'autorisations de programme ont été
annulés en juillet et 18,250 millions de crédits de
paiement ont subi le même sort (chapitre 61-40).
De même, 8,06 millions de francs ont été
annulés en juillet sur le chapitre 34-14
(statistiques),
mais le
collectif de fin d'année ouvre 8 millions de francs au titre du
recensement général de l'agriculture, sur le même chapitre
34-14.
Enfin, 145 millions de francs ont été annulés au
titre du
FGER
, ce qui n'était manifestement pas conforme à
l'esprit de l'article 13 de l'ordonnance organique du 4 janvier 1959 qui
ne prévoit une telle possibilité d'annulation que pour des
crédits devenus "
sans objet
".
Dans l'arrêté d'annulation du 9 juillet, les principales
lignes budgétaires concernées ont ainsi été :
- les crédits d'amélioration des structures agricoles
(258 MF) ;
- le Fonds de gestion de l'espace rural (145 MF) ;
- les crédits des offices d'intervention agricole
(58 MF) ;
- les crédits de valorisation de la production
(54,27 MF) ;
- les moyens de fonctionnement du ministère (48,84 MF).
En dépenses en capital, les lignes ont subi, en règle
générale, une réduction de 25 % avec annulation des
crédits de paiement correspondants. Toutefois, la dotation
destinée aux travaux de sécurité en forêt et en
montagne, les crédits d'investissements en matière de recherche,
les crédits de la pêche, et la dotation spécifique aux
travaux de maintenance et de sécurité dans les
établissements d'enseignement supérieur, ont été
exonérés.
En dépenses en capital, les annulations les plus importantes concernent
(autorisations de programme) :
- l'aménagement de l'espace rural et de la forêt (69,96 MF) ;
- la modernisation des bâtiments d'élevage (55 MF) ;
- la politique industrielle (43,38 MF) ;
- le Conservatoire de la forêt méditerranéenne (15,5
MF).
3. L'arrêté d'annulation du 19 novembre
L'arrêté d'annulation du 19 novembre concerne essentiellement des constatations de moindres dépenses (570 millions de francs pour la subvention d'équilibre au BAPSA, 26 millions au titre des bourses scolaires) ou des prélèvements sur des réserves inemployées (105 millions de francs pour les offices, 15 millions pour le fonds de garantie des calamités agricoles).
D. LA REVISION DU DISPOSITIF "AGRI-ENVIRONNEMENTAL"
Le projet de loi de finances pour 1998 se traduit par un
crédit de 835 millions de francs inscrit au titre du "programme
agri-environnemental". Celui-ci prendrait la suite, avec une dotation
globale
identique, des actions "mesures agri-environnementales"
(120 millions de
francs en 1997) et "prime au maintien de l'élevage extensif"
(c'est-à-dire prime à l'herbe : 715 millions de francs en
1997).
En effet, de même que la préretraite et les aides au boisement des
terres agricoles, ces dispositifs s'inscrivaient dans les mesures
d'accompagnement de la réforme de la PAC de 1992, financées
seulement pour cinq ans (1992-1997). Une négociation est en cours
à Bruxelles sur le renouvellement de la participation financière
de l'Union européenne à ces actions et leur éventuel
recadrage. Dans ce contexte, le crédit global inscrit pour 1998
apparaît comme une dotation d'attente.
Comme le souligne le rapporteur spécial de l'Assemblée nationale,
une relance budgétaire est toutefois vraisemblablement nécessaire
à court terme, compte tenu d'une part de l'assèchement en 1996 et
1997 des crédits affectés aux programmes régionaux de
mesures agri-environnementales, d'autre part, s'agissant de la prime à
l'herbe, de l'intérêt que présente cet instrument, qui
préfigure peut-être certains des futurs soutiens à
l'élevage que devrait comporter une PAC rénovée : à
enveloppe budgétaire constante, le recul des effectifs
bénéficiaires permet d'envisager d'en assouplir les
critères ou d'en relever le montant.
La prime à l'herbe : bénéficiaires et
surfaces primées
Campagne |
Dossiers payés
|
Surfaces primées
|
1993 |
117.461 |
5,75 |
1994 |
117.606 |
5,90 |
1995 |
104.031 |
5,00 |
1996 (1) |
98.965 |
4,43 |
(1)
Données provisoires (31 janvier 1997)
|
Pour le moyen terme, c'est-à-dire les cinq prochaines
années, le Gouvernement souhaite privilégier cinq actions :
- la prime à l'herbe ;
- la conversion à l'agriculture biologique ;
- les plans de développement durable, qui s'inséreraient
dans le dispositif des mesures agri-environnementales après la phase
expérimentale ;
- les opérations régionales et locales ;
- la formation.
II. LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU BUDGET 1998
A. L'INSTALLATION DES JEUNES AGRICULTEURS
1. La progression des dotations
Les sommes versées au titre de l'aide à
l'installation (part communautaire comprise) ont connu l'évolution
suivante (en millions de francs) :
1995 |
893 |
1996 |
931 |
1997 (1) |
918 |
1998 (1) |
959 |
(1) Estimations
Cette évolution correspond à une reprise des installations
aidées depuis 1994 (8.700 premiers versements en 1996 contre 7.200)
sans retrouver les niveaux d'il y a 10 ans (14.400 premiers versements en
1987).
Si l'on tient compte des installations non aidées, le flux annuel
d'exploitants agricoles est le suivant :
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Nombre d'exploitants supplémentaires |
15.719 |
13.833 |
13.248 |
13.144 |
12.860 |
Cessations d'activités |
99.880 |
72.045 |
63.895 |
53.141 |
n.d. |
Ce tableau explique la baisse totale du nombre
d'exploitations
(923.000 en 1990, 705.000 en 1996) et justifie donc un effort permanent en
faveur de l'installation.
Le PLF prévoit donc de poursuivre l'effort entrepris et de tenter de
diversifier le profit des nouveaux installés. Les dotations seraient les
suivantes :
Crédits d'installation
(en millions de francs)
LFI 1997 |
PLF 1998 |
1998/1997 (en %) |
|
Dotation d'installation des jeunes agriculteurs |
645 |
645 |
|
Stages de préparation à l'installation |
79 |
100 |
26,6 |
Fonds pour l'installation en agriculture (FIA) |
- |
160 |
- |
Opérations groupées d'aménagement foncier (OGAF) |
45,23 |
45,23 |
- |
FIDIL (fonds pour l'installation et le développement des initiatives locales) |
150 |
- |
- |
Total |
919,23 |
950,23 |
3,4 |
Préretraites |
618,14 |
657,5 |
6,4 |
2. La mise en place du FIA (Fonds pour l'installation en agriculture)
On notera la
suppression du FIDIL
, alors même
qu'il commençait à produire ses premiers effets
bénéfiques (mise en place des programmes régionaux et
départementaux) et son remplacement par un
FIA
qui aurait pour
objet essentiel d'octroyer une prime à la transmission des exploitations
au profit des cédants afin de rémunérer leurs efforts de
recherche d'un successeur et de favoriser des installations en dehors du cadre
familial. Le montant de la prime serait de l'ordre de 50.000 francs et
serait versée après avis de la CDOA si le projet correspond
effectivement à une installation qui n'aurait pas eu lieu sinon.
L'objectif est de 3.000 installations supplémentaires.
Ce mécanisme nouveau devra faire ses preuves
, en évitant
les effets d'aubaine notamment au regard des installations non aidées
qui représentent près d'un tiers des nouvelles exploitations. Il
n'en est pas moins regrettable que la pérennité des actions du
FIDIL ne soit pas pleinement assurée.
Le succès de la politique d'installation dépendra en fait
beaucoup plus fortement, comme le précédent de 1992 nous
l'enseigne, des incertitudes liées à la réforme de la
réforme de la PAC.
3. La nécessité d'un document de synthèse
Depuis plusieurs années, votre rapporteur
spécial regrette l'absence d'un document de synthèse sur
l'ensemble des aides à l'installation. En effet, si les aides directes
apportées par l'Etat sont bien appréciées, il semble en
revanche difficile de rendre compte des diverses dispositions fiscales et
sociales qui dépendent de la situation individuelle de chaque jeune
agriculteur.
Les sommes en jeu ne sont pourtant pas négligeables : on peut estimer
à 200 millions de francs le coût de l'abattement sur les
bénéfices réalisés au cours de leurs soixante
premiers mois d'activité par les jeunes agriculteurs.
Ces lacunes statistiques devraient être bientôt comblées. En
effet, la Cour des Comptes procède actuellement à
l'évaluation du dispositif global en rapprochant les informations
émanant des services et organismes responsables des aides
économiques, des prestations sociales et des prélèvements
fiscaux.
B. LA SECURITE ET LA QUALITE DE L'ALIMENTATION
1. Un financement accru
Le financement de cette politique apparaît clairement comme une priorité, puisque l'agrégat correspondant connaît une hausse de 14,3 % . On notera, outre la création de 5 postes de vétérinaires inspecteurs titulaires, que les actions de lutte contre les maladies des animaux, de contrôle sanitaire des végétaux et de maîtrise de la qualité des produits enregistrent des augmentations très significatives.
2. Des actions diversifiées
Enfin, les actions visant à la sélection animale
(chapitre 44-70, article 50) qui visent à améliorer la
qualité du lait et de la viande et à mieux adapter les animaux
aux systèmes de production, bénéficient de dotations
simplement maintenues à 92,2 millions de francs alors que les
crédits destinés au dispositif d'identification permanente
généralisée du bétail (IPG) sont
reconduits,à hauteur de 14 millions de francs (chapitre 44-70,
article 60).
La dotation affectée à l'identification des animaux voit son
montant (chapitre 44-50 - article 30) maintenue au
même niveau qu'en 1997 alors que :
- un nouveau dispositif se met en place en application du règlement
européen 820/97 ;
- l'étiquetage des viandes entre en vigueur en France ;
- la traçabilité est devenue le souci majeur des filières
animales ;
- le contrôle de l'attribution des primes est un enjeu majeur pour
l'administration française et européenne.
Des investissements vont donc être nécessaires tant au niveau
nationale qu'au niveau local. De plus, la mise en application du
règlement européen va se traduire par une augmentation importante
des coûts de fonctionnement du dispositif IPG. L'identification est en
effet le premier maillon de la qualité et de la sécurité
sanitaire des viandes et justifierait donc une attention plus soutenue des
pouvoirs publics.
Par ailleurs les économies réalisées d'année en
année sur la sélection génétique collective ont
vraisemblablement atteint leur maximum, sauf à remettre en cause une
politique qui a enregistré de brillants succès.
3. La mise en oeuvre du financement du service public de l'équarrissage
Dans son précédent rapport, votre rapporteur
spécial avait souhaité que ce financement n'incombe pas,
fût-ce pour partie, aux collectivités locales, et que les
ressources spécifiques soient nettement individualisées.
Selon les données disponibles, les produits de la taxe sur les achats de
viande encaissés par le comptable du Centre National pour
l'Aménagement des Structures des Exploitations Agricoles (CNASEA) pour
le financement du service public de l'équarrissage
s'élèvent à 273 millions de francs au
18 août 1997. Le rendement évalué à
700 millions de francs ne sera pas atteint cette année, même
si la détermination de ce rendement est difficile à
réaliser en 1997, car les versements actuels constituent encore des
rattrapages du fait de la sortie en avril seulement de l'instruction relative
au paiement de cette taxe. Une première estimation devrait conduire
à une rentrée inférieure à 500 millions de
francs pour l'année en cours. Il conviendra donc de s'assurer que ces
montants seront suffisants pour financer le nouveau dispositif.
Les représentants des commerçants et artisans qui
réalisent un chiffre d'affaires inférieur à
5 millions de francs sont obligés de tenir une comptabilité
d'engagement pour le versement de la taxe sur les achats de viande, alors
qu'ils n'y sont pas tenus de par leur statut. D'autre part, le tri entre les
produits assujettis à la taxe et les autres peut, de même
expliquer des retards dans le versement de la taxe. Les produits
recouvrés sont affectés dans un fonds rattaché au CNASEA
qui le gère dans un budget annexe. Il n'y a donc pas de risque
d'utilisation irrégulière et toutes les dépenses ont bien
trait au service public de l'équarrissage.
C. LA MAITRISE DES POLLUTIONS D'ORIGINE AGRICOLE
1. La poursuite du programme
Pour 1998, il est proposé de reconduire les montants
inscrits pour 1997, soit 175 millions de francs sur la ligne 61-40-30 et
150 millions sur le FNDAE.
La mise en oeuvre progressive du programme permet de montrer que cette
reconduction pourrait se traduire par des dépenses effectives plus
importantes. En effet, en 1996 les crédits de l'article 61-40 (y compris
les aides aux bâtiments en zone de montagne) n'ont été
consommés qu'à hauteur de 48 %, générant donc
d'importants crédits de report. Cette sous-consommation pourrait se
poursuivre, dans une moindre mesure, en 1997.
Pour la seule année 1997 c'est en fait une enveloppe globale de
281,3 MF (131,3 du chapitre 61.40 et 150 du FNDAE) qui a été
apportée par l'Etat, soit davantage que les 251,4 MF de
crédits d'Etat mis à disposition au cours de l'ensemble des trois
premières années du programme.
En 1997, les 150 MF du FNDAE apportés en complément ont
été destinés à 43 départements
appartenant à 12 régions. Au 22 août 1997, 10 de ces
départements avaient signé une convention bipartite
Etat/Région et/ou Etat/Département, ce qui a permis de leur
attribuer 42,3 MF. Il devrait en être de même pour les 33
autres départements avant octobre 1997.
Ce prélèvement, sur 3 ans, de 150 millions de francs
sur les recettes du FNDAE a bien évidemment affecté les
programmes départementaux pluriannuels d'adduction et d'assainissement.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur
spécial :
"
Dès lors, une baisse de dotation FNDAE oblige le département
soit à modifier son taux d'aide afin de garder la même enveloppe
globale de programmation, soit à baisser dans les mêmes
proportions l'enveloppe afin de conserver le taux d'aide fixé au
préalable. Ces deux possibilités ont été
adoptées par les Conseils généraux, certains allant
même jusqu'à se substituer au FNDAE pour maintenir la
programmation initiale.
En conclusion, la baisse d'autorisation de programme de 15 % engendre le
plus souvent une diminution des programmations départementales dans les
mêmes proportions, sans compensation possible d'autres sources de
financement. Ce constat méritera d'être affiné pour ce qui
concerne le bilan 1997 des dotations FNDAE et les exercices
ultérieurs."
2. Les redevances affectées au FNDAE
Le Sénat n'a toutefois pas jugé opportun de
majorer les tarifs de la redevance sur les consommations d'eau lors de l'examen
des articles de la première partie de la loi de finances. Comme l'a
indiqué notre collègue Jacques Oudin :
"
L'an dernier, le Gouvernement a prélevé sur les ressources du
fonds 150 millions de francs pour les affecter au programme de
maîtrise des pollutions d'origine agricole, ce qui contribue certes
à réduire la pollution en amont, mais a entraîné une
baisse des conventions de 15
%.
Cette situation est difficilement tenable. Le FNDAE permet une
péréquation intelligente entre zones urbaines et zones rurales.
Avec une revalorisation de 2 centimes de la taxe il pourrait mieux aider
les communes rurales à financer leurs investissements et à
préserver l'environnement. Vous allez sans doute me répondre que
cettte mesure aura un impact sur l'indice des prix : la hausse serait de
l'ordre du millionième ! Et je vous rappelle que nous avons
bloqué les redevances des agences de l'eau depuis l'an dernier. Ne
reprenez pas l'argument des reports de crédit : M. du Luart a
établi que si l'on reportait 70 % des crédits d'un exercice
sur l'autre, c'était un mécanisme normal puisqu'il s'agit d'un
compte spécial du Trésor."
Toutefois, le Secrétaire d'Etat au budget a estimé que :
"
M. Oudin est convaincu et convaincant, mais pas assez pour emporter
l'adhésion du Gouvernement. L'augmentation de 2 centimes quii vous
semble une peccadille rapporterait pourtant 80 millions, ce qui n'est pas
négligeable. Le prix de l'eau a déjà fortement
augmenté, il n'est pas sûr que nos concitoyens acceptent une
nouvelle hausse.
Comme l'a dit M. Oudin, le Fonds a été appelé à
financer les programmes de maîtrise des pollutions d'origine agricole
mais, en compensation, les agences de l'eau ont augmenté fortement leurs
interventions en milieu rural. Mes arguments de fond sont assez forts pour que
je ne parle pas des reports de crédits, qui sont de pure technique
financière. Je demande le rejet de cet amendement."
D. L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE
1. Les crédits inscrits pour 1998
L'effort de "volontarisme" tenté -et critiqué-
pour 1997 n'est pas reconduit pour 1998. L'agrégat enseignement
recherche s'accroît de 4,9 % pour atteindre 6,6 milliards de
francs. L'accroissement n'était que de 2,2 % pour 1997. Le nombre
d'élèves continue à s'accroître très
sensiblement (+ 4 % à la rentrée 1997, + 5,5 % à
la rentrée 1996)
3(
*
)
. A
l'intérieur de cet agrégat, on peut en outre souligner que
l'augmentation des crédits de fonctionnement destinés à
l'enseignement supérieur privé ne semble pas répondre
à l'attente des écoles d'ingénieurs en agriculture qui ont
présenté des demandes de revalorisation à hauteur de
60 millions de francs.
Traitant de la hausse "normée" de 2 % des effectifs pour 1997,
votre rapporteur spécial estimait que :
"
Cette rupture de tendance est un signal fort : la loi d'orientation
agricole devra à l'évidence refonder la politique de
l'enseignement agricole à moyen terme (choix des filières,
contraintes de l'aménagement rural, affirmation ou dilution de la
spécificité...)".
2. La nécessité d'une réflexion de fond
Cette "refondation" de l'enseignement agricole s'impose donc toujours avec la même acuité. Même si le rapprochement des séries statistiques est hasardeux, on peut cependant noter que de 1990 à 1996 les effectifs scolarisés se sont accrus de 28 % alors que les exploitations ont vu leur nombre diminuer de 21,5 %.
E. LES CREDITS POUR LA PECHE
Le secteur de la pêche semble demeurer l'une des priorités de la politique du Gouvernement et le niveau de l'ensemble des dotations accordées au secteur, tant en termes de dépenses ordinaires (150,4 MF) qu'en termes de crédits d'équipements (40,2 MF) est maintenu. Les priorités prévues concernent les actions structurelles de développement de la filière au travers du FIOM, les actions en faveur de la flotte de pêche et des investissements à terre ainsi que le suivi et le traitement statistique des captures dan sle cadre d'une convention conclue avec IFREMER.
1. Les actions structurelles de développement de la filière menées par le FIOM
Une part importante de la subvention au FIOM (125,1 MF)
sera consacrée aux actions structurelles permettant la modernisation et
la réorganisation de la filière :
- renforcement des mesures visant à améliorer la politique
de qualité et à valoriser les produits de la mer français,
impliquant l'ensemble des acteurs de la filière, du marin-pêcheur
au distributeur.
- encouragement des démarches communes de commercialisation des
organisations de producteurs. Ceci concerne plus particulièrement les
espèces les plus sensibles pour lesquelles des schémas
d'intervention communs et des campagnes de promotion concertées sont
nécessaires.
2. L'incitation à la restructuration et à la modernisation de la filière
Amélioration de la connaissance, de la régulation et de l'orientation de l'offre, modernisation des entreprises de mareyage sont les lignes directrices de cette politique.
3. Les actions relatives à la flotte de pêche et aux investissements à terre
En matière de flotte de pêche, les crédits
destinés à l'ajustement des efforts de pêche
(22 millions de francs) sont maintenus de façon à assurer
l'adéquation entre les capacités de capture et l'état de
la ressource.
Cependant le maintien d'une flotte de pêche performante et
compétitive nécessite au minimum la reconduction de
crédits d'investissement tant pour la modernisation que pour le
renouvellement de l'outil existant. C'est dans cette perspective qsue les
engagements de l'Etat pour les équipements à terre dans le cadre
des contrats de plan Etat-régions seront respectés et que
l'ensemble des efforts de l'Etat en matière de crédits
d'investissement se maintient donc à 40,2 millions de francs.
4. Le projet de loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines
Grâce notamment aux initiatives de notre Commission des
Affaires Economiques et du Plan, sur le rapport du président Josselin de
Rohan, ce projet de loi a été sensiblement renforcé et la
loi du 5 novembre qui en résulte comporte notamment deux
avancées :
un dispositif fiscal spécifique pour les jeunes marins
pêcheurs qui s'installent
un équilibre entre la non patrimonialisation des droits de
pêche et les impératifs économiques de la profession.
III. LES OBSERVATIONS DE LA COMMISSION DES FINANCES
A. L'APPRÉCIATION DE LA DEPENSE FISCALE
1. La nécessité d'une réflexion théorique
Dans ses rapports précédents, votre commission
avait souhaité "progresser vers une meilleure connaissance de la
dépense fiscale en agriculture". Ces progrès sont modestes. Le
ministère de l'agriculture n'a pas souhaité répondre
à deux questions précises :
- un travail d'expertise est-il en cours, en liaison avec la Cour des
Comptes ?
- une analyse coût - efficacité des principales composantes
de la dépense fiscale est-elle envisagée ?
S'il est exact que cette approche soulève des difficultés
méthodologiques évidentes, on peut aussi estimer qu'une
initiative nationale unilatérale qui donnerait à la notion de
soutien agricole un contenu encore plus extensif que la norme
déjà utilisée dans les comparaisons internationales serait
inadéquate, dans le contexte actuel de négociations sur
l'harmonisation des politiques agricoles.
Il n'en demeure pas moins que le document très officiel "Voies et
moyens" fournit une liste détaillée de ces concours fiscaux, dont
les rapporteurs des deux Assemblées évoquent chaque année
le contenu. De surcroît, celle liste tend à majorer les
dépenses fiscales spécifiques à l'agriculture... Rien ne
s'opposerait donc véritablement à une analyse
détaillée de la dépense fiscale en agriculture.
2. Les principales composantes de la dépense fiscale
Cette dépense est de l'ordre de 4 milliards de
francs. Les principales mesures sont retracées dans le tableau
ci-après.
Mesure |
Articles du CGI |
1995 |
1996 |
1997 |
Impôt sur le revenu - Aide spécifique à l'investissement |
72 D |
830 |
800 |
800 |
Impôt sur le revenu - Abattement sur les bénéficies réalisés au cours des soixante premiers mois d'activité par les jeunes agriculteurs (exploitants établis jusqu'au 31 décembre 1999) |
73 B |
180 |
200 |
200 |
Impôt sur le revenu - Régime fiscal des stocks à rotation lente |
72 B, 72 B bis |
230 |
250 |
250 |
Impôt sur le revenu - Admission en déduction du revenu imposable des cotisations afférentes à un régime complémentaire d'assurance vieillesse non obligatoire (art. 1122-7 du code rural - Régime COREVA) |
75-OC |
60 |
70 |
80 |
Impôt sur le revenu - Mode d'évaluation des immo-bilisations amortissables en cas de passage du forfait à un régime d'imposition d'après le bénéfice réel |
38 sexdecies L de l'annexe III |
250 |
240 |
210 |
Impôt sur le revenu - Régime forfaitaire des bois et forêts |
76 |
570 |
570 |
535 |
Impôt de solidarité sur la fortune - Exonération des bois et forêts et des parts d'intérêts détenues dans un groupement forestier pour les 3/4 de leur valeur |
885 D, 885 H |
80 |
80 |
80 |
Impôt de solidarité sur la fortune - Exonération dans certaines conditions et dans certaines limites des biens ruraux loués par bail à long terme |
885 H |
50 |
55 |
55 |
Impôt de solidarité sur la fortune - Exonération dans certains cas, des parts de GFA pour une partie de leur valeur |
885 H |
10 |
10 |
10 |
Droits d'enregistrement - Exonération des bois et forêts et des parts de groupements forestier à hauteur des biens en nature de bois et forêts (pour 3/4 de leur valeur) |
793-1-3°, 793-2-2° |
130 |
110 |
110 |
Droits d'enregistrement - Exonération des parts de GFA sur une partie de leur valeur |
793-1-4° |
130 |
110 |
110 |
Droits d'enregistrement - Exonération des biens ruraux donnés à bail à long terme pour une partie de leur valeur |
793-2-3° |
380 |
300 |
300 |
Taxe sur les salaires - Exonération des employeurs agricoles non assujettis à la TVA |
231-3-a |
290 |
290 |
310 |
Taxe sur la valeur ajoutée - Imposition au taux réduit de certains produits à usage agricole tels que les engrais, amendements calcaires, produits antiparasitaires homologués ou autorisés, soufre, sulfate de soufre... |
278 bis-5° |
520 |
480 |
480 |
Taxe sur la valeur ajoutée - Imposition au taux réduit des éléments constitutifs des aliments pour le bétail |
278 bis-4° |
330 |
300 |
300 |
3. Le régime du forfait agricole
Le fascicule "voies et moyens" associé au projet
de loi
de finances pour 1997 considérait que le régime du forfait
agricole équivalait à une dépense fiscale de 1,9 milliard
de francs au titre de la réduction des charges d'exploitation et de
l'aide à l'investissement. Cette mention a disparu du document
annexé au projet de loi de finances pour 1998, sans explication
particulière. Interrogé par votre rapporteur spécial, le
ministère de l'agriculture a répondu d'une manière assez
sibylline :
"Il est procédé annuellement dans chaque département ou
région agricole, suivant une procédure administrative
menée par la commission départementale des impôts, à
la fixation des éléments de calcul du bénéfice
forfaitaire, pour chaque nature de culture ou d'exploitation.
Il s'agit le plus souvent d'un bénéfice moyen à l'hectare
déterminé d'après la valeur des récoltes
levées et des autres produits de la ferme pour chaque catégorie
d'exploitation, sous déduction des frais et des charges correspondants.
Le bénéfice forfaitaire de chaque exploitation est obtenu en
multipliant ces forfaits collectifs par le nombre d'hectares de l'exploitation.
Le mode de calcul forfaitaire "collectif" peut induire, par sa nature
même, une sous-évaluation dans certains cas, ou une
surévaluation dans d'autres cas."
B. L'EFFICACITE DES FINANCEMENTS CROISES
1. La nécessaire recherche de la synergie
Après une longue période d'opacité, les
concours des collectivités locales à l'agriculture sont mieux
connus depuis deux ans. Ils sont mieux connus en volume, mais l'effet de
synergie entre financements nationaux et locaux ne peut être
mesuré.
Ainsi, à la question de votre rapporteur spécial sur cette
synergie et sur la possibilité, notamment en matière
d'installation, que des objectifs contradictoires, puissent être parfois
poursuivis, le ministère de l'agriculture apporte l'admirable
réponse :
"La répartition des compétences entre les collectivités
locales et l'Etat, en oeuvre depuis les lois de 1983, a comme objectif de
mettre en pratique le principe de subsidiarité. Néanmoins, la
plupart des compétences sont partagées. Ceci permet en effet la
définition de politiques tenant compte des particularités
locales."
Il conviendrait donc probablement
d'activer le rôle des conseils
départementaux d'orientation agricole (CDOA).
2. Le rôle des CDOA
Selon les informations disponibles, l'information des CDOA peut être assurée par le Directeur départemental de l'agriculture et de la forêt. Le préfet doit être en effet destinataire des actes les plus importants des collectivités locales, afin d'en contrôler a posteriori la légalité. Ainsi, les Directions départementales de l'agriculture et de la forêt peuvent, à leur demande, renseigner les CDOA sur les objectifs et les moyens de l'intervention des collectivités locales en agriculture. La participation des élus aux CDOA contribue également à la bonne information de ces commissions. Les CDOA peuvent donc être, si elles le souhaitent, en mesure d'apprécier la cohérence des divers niveaux d'intervention sur l'agriculture locale.
3. L'approfondissement des recherches statistiques
Le montant des sommes en cause est important, puisqu'il est
de
l'ordre de
3 milliards de francs
. Les données disponibles
accusent toutefois un retard de plusieurs années, leur fiabilité
statistique est peut être encore perfectible, et leur champ incomplet
(enseignement agricole, appui aux industries agro-alimentaires).
Le document de synthèse sur les concours publics à l'agriculture
indique qu'une étude est en cours pour "aboutir à une
caractérisation plus précise des nouvelles formes de la
subsidiarité des interventions communautaires, nationales et locales en
agriculture".
Les résultats de cette étude permettront donc de mieux
apprécier les synergies entre les différents concours publics.
Comparaison des aides agricoles des départements et
des régions
1992-1995
(concours nets en MF)
Départements |
Régions |
Ensemble |
|||||||||||||
1992 |
1995 |
1992 |
1995 |
1992 |
1995 |
92-95 |
|||||||||
MF |
% |
MF |
% |
MF |
% |
MF |
% |
MF |
% |
MF |
% |
MF |
|||
1 |
Agriculture productive |
||||||||||||||
11 |
Installation-modernisation |
||||||||||||||
hydraulique |
409 |
260 |
271 |
255 |
680 |
515 |
165 |
||||||||
remembrement |
511 |
450 |
25 |
20 |
536 |
470 |
66 |
||||||||
installation |
61 |
65 |
45 |
95 |
106 |
160 |
-54 |
||||||||
bâtiments et matériel |
130 |
140 |
170 |
220 |
300 |
360 |
-60 |
||||||||
autres modernisations |
69 |
60 |
103 |
100 |
172 |
160 |
12 |
||||||||
TOTAL DE L'ENSEMBLE 11 |
1.180 |
60 |
975 |
55 |
614 |
71 |
690 |
74 |
1.794 |
63 |
1.665 |
62 |
129 |
||
12 |
Orientation de la production |
36 |
2 |
65 |
4 |
38 |
4 |
95 |
10 |
74 |
3 |
160 |
6 |
- 86 |
|
13 |
Maîtrise de l'offre |
17 |
1 |
15 |
1 |
34 |
4 |
9 |
0,9 |
51 |
2 |
24 |
1 |
27 |
|
14 |
Compensation des handicaps ou de contraintes spécifiques |
22 |
1 |
30 |
2 |
36 |
4 |
20 |
2 |
58 |
2 |
50 |
1,5 |
8 |
|
15 |
Soutien des revenus |
44 |
2 |
45 |
2 |
6 |
1 |
1 |
0,1 |
50 |
2 |
46 |
1,5 |
4 |
|
16 |
Calamités agricoles |
42 |
2 |
10 |
1 |
19 |
2 |
15 |
2 |
61 |
2 |
25 |
1 |
36 |
|
17 |
Lutte contre les maladies |
140 |
7 |
145 |
8 |
12 |
1 |
10 |
1 |
152 |
5 |
155 |
6 |
- 3 |
|
18 |
Autres financements |
||||||||||||||
- Laboratoires |
240 |
315 |
240 |
315 |
|||||||||||
- autres aides |
237 |
160 |
112 |
90 |
349 |
250 |
|||||||||
TOTAL DE L'ENSEMBLE 18 |
477 |
25 |
475 |
27 |
112 |
13 |
90 |
10 |
589 |
21 |
565 |
21 |
24 |
||
TOTAL DU DOMAINE 1 |
1.958 |
100 |
1.760 |
100 |
871 |
100 |
930 |
100 |
2.829 |
100 |
2.690 |
100 |
139 |
||
2 |
PROMOTION-VALORISATION DES PRODUITS |
41 |
75 |
90 |
75 |
131 |
150 |
- 19 |
|||||||
TOTAL GENERAL |
1.999 |
1.835 |
961 |
1.005 |
2.960 |
2.840 |
120 |
C. L'AVENIR DES DIRECTIONS DÉPARTEMENTALES DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORET
1. La variation des effectifs
Les effectifs globaux budgétaires du ministère
de l'agriculture devraient s'accroître de 75 unités en 1998,
ce qui recouvre des évolutions assez contrastées :
- administration
centrale :
|
- 30
|
2. La réforme des directions départementales
Votre rapporteur spécial note avec satisfaction que
les projets de "partition" des DDAF ont fait l'objet d'une
réexpertise
. Si des synergies doivent être recherchées
(police de l'eau, appui aux collectivités locales,
sécurité alimentaire), elles ne doivent pas avoir pour objet de
démanteler des DDAF qui fonctionnent généralement bien.
Les DDAF ont ainsi traité en 1996, à titre d'exemple, près
d'un million deux cent mille dossiers
correspondant aux mesures d'aides
aux producteurs financées sur fonds communautaires, pour un coût
-hors frais d'informatique- de
155 millions de francs
.
D. LES NOUVEAUX AVATARS DU FGER
1. L'évolution heurtée des crédits
Depuis sa création, le Fonds de Gestion de l'Espace Rural (FGER) a connu des fortunes diverses, les crédits étant faiblement consommés pour être reportés ou annulés.
(en millions de francs)
Année |
LFI |
Annulation crédits |
Crédits ouverts |
Crédits consommés |
1995 |
500 |
164 |
335 |
51 |
1996 |
388 |
170 |
502 |
199 |
1997 |
150 |
145 |
308 |
n.d. |
Votre rapporteur spécial ne peut que rappeler ses
positions précédentes sur cette procédure
spécifique, ce qui ne veut pas dire que ces crédits ne pourraient
être utilisés plus efficacement s'ils étaient
regroupés au sein d'autres procédures d'aménagement rural.
Toutefois, il apparaît qu'en 1996 près d'un tiers des actions du
FGER ont été conduites en synergie avec d'autres dispositifs
(plans de développement rural, OGAF, programmes leader). Il serait
souhaitable que cette tendance se poursuive. Mais des crédits ouverts de
308 millions de francs pour 98 attributaires (départements et
collectivités d'Outre-mer) ne représentent qu'une somme moyenne
de 3,1 millions de francs par département.
L'annulation, en juillet 1997, de 145 millions de francs sur la dotation
du FGER apparaît d'autant plus intéressante qu'elle correspond
presque exactement à la majoration de 150 millions de francs de
crédits opérée à l'Assemblée nationale
(100 millions) et au Sénat (50 millions).
La dotation ouverte pour 1998 s'établit à 140 millions de
francs. Les précédents ci-dessus rappelés ne permettent
pas d'anticiper sur le montant des crédits qui seront effectivement
consommés. Si l'on estime à 250 millions les crédits
qui pourraient être effectivement utilisés en 1997 (199 en 1996),
les crédits disponibles en 1998 seraient en baisse (58 de reports
+ 140 de dotation initiale).
Il serait, en conclusion, souhaitable que la nouvelle future loi
d'orientation agricole reprenne le dossier des procédures
d'aménagement rural et garantisse ainsi l'avenir du FGER.
2. Les incertitudes sur les missions
L'année dernière, sur l'initiative de la
Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, le Parlement a
adopté un article additionnel modifiant l'article L 112-16 du code rural
afin de mieux déterminer les compétences du FGER. Au lieu de
considérer que le fonds devait être "
en priorité
affecté aux agriculteurs"
, l'Assemblée Nationale avait
souhaité disposer que le fonds ne devait financer que des projets
"
dont les agriculteurs... sont parties prenantes
".
Cette modification rédactionnelle n'avait pas emporté la pleine
adhésion de votre rapporteur spécial qui avait souligné
que :
"
Cet article, qui n'a pas clairement sa place en loi de finances,
remplace
assez subtilement une "priorité" par des "parties
prenantes", afin de
renforcer la vocation agricole du fonds. Comme l'a indiqué le ministre :
"il n'était pas apparu souhaitable d'accorder une exclusivité aux
agriculteurs, le cadre global de la gestion de l'espace rural allant
au-delà du monde agricole".
Cette rédaction pourrait
présenter l'inconvénient de faire apparaître le FGER comme
un simple démembrement du budget de l'agriculture et souligner son
absence de spécificité et partant justifier la disparition
progressive de ses crédits".
L'Assemblée Nationale, en votant cette année un article
additionnel après l'article 49, se propose de revenir au texte initial
de l'article L 112-16, qui n'est autre que texte figurant dans la loi
"Pasqua"
sur l'aménagement du territoire.
Le Gouvernement n'a toutefois pas jugé cet article additionnel
très opportun. Le Secrétaire d'Etat au budget a notamment
déclaré :
"
Il se pose un problème juridique et un problème pratique.
Le problème juridique, d'abord. Si l'on étend le champ de ce
fonds sans inscrire de crédits nouveaux, c'est-à-dire si l'on
reste à enveloppe constante, cela pose un problème
vis-à-vis de la loi de finances.
Un problème pratique, ensuite -et c'est là l'essentiel. A cet
égard, je renouvelle l'engagement du ministre de l'agriculture et du
ministre de l'aménagement du territoire de faire en sorte que les
crédits de ce fonds soient utilisés intégralement. Le
Gouvernement n'a pas las volont -ni implicite ni a fortiori explicite- de
réduire les crédits du fonds de gestion de l'espace rural.
Dans les espaces ruraux, il y a toujours un agriculteur à
proximité.
Je pense qu'on peut, dans le cadre actuel, faire beaucoup plus que ce qu'a fait
la majorité précédente. C'est pourquoi je conseille le
retrait de cet amendement. A défaut, j'en demanderai le rejet."
Bref, en 1996 le gouvernement n'était pas d'accord avec sa
majorité à l'Assemblée Nationale qui entendait recentrer
l'action du FGER, alors qu'en 1997 le nouveau gouvernement n'est pas non plus
d'accord avec sa majorité à l'Assemblée Nationale qui
souhaite élargir les compétences du même FGER...
Il
convient toutefois de noter l'engagement ferme du gouvernement de ne
procéder à aucune régulation sur les crédits du
FGER.
E. LA REMISE EN ORDRE DES CREDITS DU FONDS FORESTIER NATIONAL
1. Un budget plus réaliste
L'écart entre le moment où le FFN est
établi et le moment où il est voté ainsi que sa
sensibilité à la conjoncture du marché du bois et des
dérivés expliquent pour partie un décalage constant entre
réalisations et prévisions.
Ainsi en 1996, les recettes n'ont atteint que 427 millions (514
prévus) et les emplois 382 millions (409 prévus), ce qui a
permis une certaine reconstitution de trésorerie.
Le budget 1998 prévoit un FFN plus modeste, mais peut être plus
réaliste.
(en millions de francs)
Recettes |
Prévisions 1998 |
Prévisions 1997 |
Emplois |
Prévisions 1998 |
Prévisions 1997 |
Taxe forestière |
300 |
317 |
Dépenses ordinaires |
152,1 |
152,1 |
Remboursement des prêts |
88,54 |
91,3 |
CPSV |
||
Divers |
1,5 |
1,5 |
CPMN |
369,9 |
291,7 |
Taxe de défrichement |
32 |
34 |
|||
Total général |
422 |
443,8 |
Total général |
422 |
+ 43,8 |
2. La modification de l'assiette de la taxe de défrichement
L'Assemblée nationale a voté un amendement
réduisant de 0,5 million de francs le produit de la
taxe de
défrichement
et donc à due concurrence le montant de travaux
envisageables.
L'article additionnel introduit à l'Assemblée nationale par
M. Henri Emmanuelli, député des Landes, tend à
remplacer les termes : "équipements d'intérêt public"
par les mots "aménagement ou constructions destinés à un
service public ou répondant à un besoin collectif de nature
économique ou sociale".
Cette nouvelle définition aurait pour effet de réduire de
500.000 francs le rendement de la taxe de défrichement en 1998, en
le portant de 32 à 31,5 millions de francs. Cette taxe alimentant
le Fonds forestier national, compte d'affectation spéciale, les
dépenses de ce Fonds seront réduites à due concurrence.
Cette définition nouvelle n'est ni zonée
(elle s'applique
à tout le territoire national)
ni précise
("besoin
collectif de nature économique ou sociale"). Il conviendra donc
d'être vigilant sur ses modalités d'application. En effet, le
rendement de la taxe de défrichement n'est pas toujours conforme aux
prévisions, en raison d'interprétation divergentes selon les
départements. Dans mon rapport spécial sur le budget de
l'agriculture pour 1997, j'avais souligné que :
"
Avec le temps se sont développées certaines pratiques qui
n'ont pas de fondement réglementaire. Dans certains départements,
les défrichements effectués par les SAFER ont été
exemptés de la procédure d'autorisation de défrichement.
Il existe même des pratiques totalement illégales, reposant sur
l'assimilation de tout défrichement à but agricole à la
remise en culture d'anciens vergers.
De même, les dispositions de
l'article L. 314-4 concernant les équipements
d'intérêt public sont parfois abusivement étendues à
toute opération menée par des collectivités locales
,
sans tenir compte de la définition jurisprudentielle restrictive de
l'intérêt public. Le service en charge de la réglementation
sur le défrichement n'est pas systématiquement informé de
certaines opérations de défrichement à but agricole,
connues du service d'économie agricole de la DDAF, alors qu'elles ne
rentrent pas dans le cadre des exemptions prévues par le code
forestier
".
L'article adopté par l'Assemblée nationale "valide" de fait des
procédures qui avaient pris quelques libertés avec le droit
positif.
3. La recherche d'une ressource pérenne
Le problème de l'affectation d'une ressource
pérenne au FFN n'est pas encore résolu.
Le ministère de l'agriculture ne semble pas hostile au principe d'une
réduction de 1,2 à 1 % de la taxe sur les scieurs. Ainsi
qu'il a été répondu à votre rapporteur
spécial :
"
Une réduction du taux de 0,2 % représente un effort
budgétaire de 28 millions de francs. Aussi, dans la mesure
où la reprise économique permettrait une remontée des
recettes de la taxe, un retour au taux de 1 % paraît à terme
envisageable sans remettre en cause l'équilibre du compte spécial
du Trésor
".
En revanche, le secrétaire d'Etat chargé du budget a
montré que cette attitude ouverte demeurait cantonnée au niveau
des principes. Il a en effet déclaré à la tribune de la
Haute Assemblée
4(
*
)
:
"
Les professionnels ont fait un effort, la taxe passant de 1 % en
1993
à 1,65 % en 1994, avant de baisser progressivement jusqu'à
son niveau actuel. L'Etat, lui aussi, a fait un effort, de l'ordre de
230 millions de francs, d'abord en affectant au FFN le produit de la taxe
de défrichement, ensuite en prenant en charge les dépenses de
personnel dudit fonds.
Les efforts ont ainsi été équitablement
partagés ; et on ne peut réduire la taxe sans
dégrader la situation financière du FFN. Tout en comprenant le
plaidoyer en faveur des entreprises de sciage, je ne peux que souhaiter le
retrait de l'amendement ; je m'y déclarerai, à
défaut, défavorable."
D'une manière générale, la politique forestière
n'apparaît pas être une priorité
du projet de loi de
finances pour 1998 (diminution des crédits globaux en loi de finances
initiale de 65 millions de francs). Le versement compensateur à
l'ONF passe de 851 à 846 millions de francs. Il semble que ce
montant ne couvre pas la totalité de la différence entre les
frais de l'Office dans les forêts des collectivités locales et les
contributions de celles-ci : le solde négatif pour l'Office serait de
85 millions de francs environ en 1998 (83,4 millions de francs en
1997).
F. LES CRÉDITS SOPEXA
1. La nécessité d'un soutien aux exportations agro-alimentaires
Fort d'un solde excédentaire de 58,5 milliards de
francs en 1996, notre commerce extérieur agro-alimentaire ne repose pas
sur quelques grands groupes ou entreprises à taille internationale mais
sur une multitude de PME et d'exploitations individuelles pour lesquelles
l'accès à ces débouchés est largement
conditionné par le soutien public et l'action dans un cadre collectif.
Ainsi recense-t-on, dans ce secteur, 15.670 entreprises exportatrices
parmi lesquelles 2.100 réalisent un chiffre d'affaires égal ou
supérieur à 10 millions de francs. Pour illustrer cette
spécificité, le secteur des boissons est exemplaire :
premier poste en valeur à l'exportation (vins, spiritueux et autres
boissons), il compte plus de 5.000 exportateurs dont près de
3.000 viticulteurs.
Cette structure "éclatée" rend donc
particulièrement
indispensable les actions de promotion collective
conduites par la SOPEXA
(Société pour l'expansion des ventes de produits agricoles et
alimentaires).
2. L'évolution des dotations budgétaires
La dotation budgétaire aux actions de promotion des
exportations s'inscrit depuis de nombreuses années sur une pente
descendante. Pour 1998 elle s'établit à 157,8 millions de
francs (contre 197,8 en loi de finances initiale 1997), soit une baisse de
40 millions de francs. Environ 85 % de cette somme est
affectée à la SOPEXA.
En 1996, son budget s'est élevé à 610 millions de
francs, dont la subvention directe du ministère de l'agriculture,
165 millions de francs, ne représente que le quart, le solde
pour :
- 128 millions de francs provenant des offices par produits ;
- 165 millions de francs provenant des interprofessions ;
- 70 millions de francs provenant des entreprises.
Une mission commune d'inspection (Agriculture-Finances) doit remettre
prochainement ses conclusions sur l'avenir de la SOPEXA, ses missions et ses
modes de financement. Une
baisse trop brutale de ses dotations d'origine
publique n'est pas acceptable en l'état
. En revanche, compte tenu de
la situation de nos finances publiques, le rôle respectif de l'Etat et
des entreprises peut utilement faire l'objet d'une expertise pour les
années à venir, en s'inspirant peut être du modèle
de l'ANDA.
Le tableau ci-après met en évidence à la fois la
maîtrise des frais de fonctionnement, la baisse constante mais
régulière de la dotation publique ainsi que le
développement considérable de l'activité. Il souligne en
outre la rupture de tendance difficilement compréhensible que
représenterait une baisse de 40 millions de francs sur un an de la
subvention de l'Etat.
(En millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1992/1997 |
|
Budget général |
476 |
497 |
566 |
614 |
610 |
627 |
+ 31,7 % |
Dotation publique
|
186
|
177
|
181
|
177
|
165
|
168
|
- 9,4 %
|
Budget de fonctionnement |
154 |
157 |
162 |
170 |
160* |
163 |
+ 5,3 % |
*Diminution due au changement de régime de TVA qui
correspond au non-assujettissement à la TVA de la dotation du
ministère de l'agriculture avec en contrepartie le paiement de la taxe
sur les salaires correspondant à environ 10 % de la masse salariale
brute.
Une des pistes de réflexion pourrait donc être celle d'un
contrat d'objectif pluriannuel entre la SOPEXA et les pouvoirs publics
fixant, dès 1998, les objectifs et les moyens budgétaires pour
une période de cinq ans, permettant ainsi de conduire les
évolutions et les réformes dans la durée.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 29 octobre 1997, sous la
présidence de M. Christian Poncelet, président, la
commission a procédé à l'examen des crédits du
budget du ministère de l'agriculture et de la pêche.
M. Joël Bourdin, rapporteur spécial, a tout d'abord fait
état des difficultés méthodologiques d'appréciation
des concours publics à l'activité agricole. Ceux-ci
s'inscriraient globalement en baisse en 1998, en francs constants, puisque leur
montant n'augmenterait que de 0,25 %. Le budget stricto sensu,
après le vote de l'article d'équilibre par l'Assemblée
nationale, s'inscrit en hausse de 1,22 %, ce qui traduit une
légère régression en francs constants. Cette hausse
recouvre cependant des évolutions fort différentes par titre,
plus particulièrement pour les interventions publiques (titre IV).
En effet, si les dépenses d'action éducative et sociale
connaissent des hausses sensibles, les dépenses d'action
économique s'inscrivent, elles, en baisse de 2,73 %.
Après avoir souligné que cette baisse était de nature
à remettre en cause partiellement certains contrats de plan
Etat-région, M. Joël Bourdin, rapporteur spécial, a
regretté que les dépenses en capital continuent d'être
orientées à la baisse (- 6,6 %). Il a estimé que
cette situation devait provoquer une réflexion d'ensemble sur le
rôle de l'Etat en matière d'aide aux investissements liés
à l'activité agricole lato sensu.
Le rapporteur spécial a ensuite décrit les principales
orientations du projet de budget pour 1998. En matière d'installation,
il s'est interrogé sur la poursuite des actions du FIDIL (Fonds pour
l'installation et le développement des initiatives locales) qui
pourraient être compromises par la création d'un nouveau fonds, le
Fonds pour l'installation en agriculture (FIA). Il s'est interrogé sur
la pertinence de l'objectif consistant à favoriser des installations
hors du cadre familial. M. Joël Bourdin, rapporteur spécial, a
alors dressé un bilan détaillé de la mise en oeuvre du
programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole, en
s'interrogeant plus particulièrement sur les conséquences pour
les collectivités locales de la mise à contribution du Fonds
national pour le développement des adductions d'eau.
Après avoir décrit l'évolution des crédits
à l'enseignement agricole et à la formation professionnelle
(+ 4,9 %), il a rappelé la nécessité de
"refonder" l'enseignement agricole sur des bases claires et souligné
les
incertitudes qui pouvaient planer sur la mise en oeuvre des orientations
retenues pour l'enseignement supérieur. Le rapporteur spécial a
ensuite présenté plusieurs observations, qui ont
été retenues par la majorité de la commission. Dans ce
cadre il a souhaité que l'appréciation de la dépense
fiscale en agriculture fasse enfin l'objet de travaux d'expertise et
regretté l'insuffisance des réponses du ministère aux
questions posées sur l'articulation des financements croisés
Etat-collectivités locales.
M. Christian Poncelet, président, est intervenu pour regretter
cette transmission incomplète de renseignements techniques et a fait
approuver par la commission le report du vote sur le budget de l'agriculture et
de la pêche jusqu'à l'obtention des réponses aux questions
posées par la commission.
M. Joël Bourdin, rapporteur spécial, a poursuivi son rapport
oral en rappelant qu'une nouvelle réflexion s'imposait quant à la
partition des directions départementales de l'agriculture et de la
forêt (DDAF) et que les avatars du Fonds de gestion de l'espace rural,
dont les crédits étaient la cible privilégiée des
régulations budgétaires, justifiaient une réflexion
d'ensemble dont le projet de loi d'orientation agricole devrait fournir le
cadre. Le rapporteur spécial a souligné que les prévisions
de recettes et de dépenses du Fonds forestier national
témoignaient d'un plus grand réalisme. A ce propos il a
insisté sur la nécessité de pérenniser les
ressources de ce compte d'affectation spéciale et de régler enfin
le problème de la contribution financière des entreprises de la
filière bois. Il a conclu son exposé liminaire en regrettant que
la diminution des crédits de promotion des exportations
agro-alimentaires intervînt avant même que ne soient connus les
résultats de la mission d'inspection diligentée aux fins de
réévaluer les missions et les financements de la
Société pour la promotion des exportations agro-alimentaires
(SOPEXA).
Un débat s'est alors instauré, auquel ont pris part
MM. Christian Poncelet, président, Roland du Luart, Emmanuel Hamel,
Michel Sergent, Jacques Chaumont et Roger Besse. En réponse aux
intervenants, le rapporteur spécial est convenu des risques que
présenterait pour l'agriculture française la mise en application
des orientations contenues dans le document communautaire dit "Agenda
2000",
plus particulièrement en ce qui concerne l'élevage bovin. Il a
mis en lumière les difficultés croissantes rencontrées
pour installer des jeunes à la terre, malgré les concours
complémentaires de certains départements, difficultés qui
risquent d'être accrues par la période d'incertitude ouverte par
la renégociation de la politique agricole commune. Il a manifesté
son accord avec l'ensemble des intervenants quant à la
nécessité de conforter les ressources du Fonds national pour le
développement des adductions d'eau (FNDAE) au regard des
conséquences financières induites par les nouvelles normes
communautaires de santé publique. Il a enfin décrit les
consommations différenciées des crédits consacrés
respectivement au Programme de maîtrise de pollution d'origine agricole
(PMPOA) et aux bâtiments d'élevage en zone de montagne, les
premiers étant fortement surévalués alors que la modestie
des seconds créait parfois des phénomènes de file
d'attente.
La commission a alors décidé de réserver son vote sur les
crédits de l'agriculture jusqu'à l'obtention de réponses
aux questions posées par la commission.
Réunie le jeudi 20 novembre 1997, sous la présidence de
M. Jean Cluzel, vice-président, la commission a
procédé à l'examen définitif du projet de loi de
finances pour 1998.
Au budget de l'agriculture et de la pêche, elle a adopté un
amendement de réduction de crédits de 140 millions de francs
portant sur les mesures nouvelles du titre III, puis un amendement
réduisant les mesures nouvelles du titre IV de 359 millions de
francs. Elle a ensuite examiné un article rattaché, 62 A, au
budget de l'agriculture, tendant à insérer au code rural un
article permettant de revaloriser certaines pensions de niveau modeste. Puis,
elle a décidé de recommander au Sénat d'adopter le budget
de l'agriculture et de la pêche ainsi modifié, de même que
l'article 62 A rattaché.
ARTICLE 62 A (RATTACHE)
Cet article dispose que les personnes dont la retraite a pris
effet avant le 1er janvier 1998 bénéficient, à
compter de cette même date, d'une majoration de la retraite forfaitaire
qui leur est servie à titre personnel, lorsqu'elles justifient de
périodes de cotisations à ladite retraite ou de périodes
assimilées déterminées par décret et qu'elles ne
sont pas titulaires d'un autre avantage servi à quelque titre que ce
soit par le régime d'assurance vieillesse des membres non
salariés des professions agricoles. Toutefois, le bénéfice
d'une retraite proportionnelle acquise à titre personnel et
inférieure à un montant fixé par décret ne fait pas
obstacle au versement de ladite majoration. Ce décret fixe le montant de
la majoration en tenant compte des durées justifiées par
l'intéressé au titre du présent article et du montant de
la retraite proportionnelle éventuellement perçue.
Lors de sa réunion du 20 novembre 1997, la Commission des Finances
a adopté cet article sans modification. Les motivations de cet article
additionnel sont développées dans mon rapport spécial sur
le BAPSA.
La majoration des pensions de retraite bénéficiera aux conjoints
ayant travaillé sur les exploitations, aux anciens aides familiaux,
comme à ceux d'entre eux ayant été chefs d'exploitation
seulement pendant quelques années, dès lors que ces
retraités ont consacré la totalité ou l'essentiel de leur
carrière à l'agriculture.
Cette majoration sera, pour une pleine carrière (37,5 ans), de
5.100 francs par an. Son montant sera dégressif pour les personnes
ayant une carrière comprise entre 37 années et demi et
32 années et demie.
Ainsi, un retraité ayant travaillé 37 années et demie
en qualité de conjoint participant à l'exploitation
perçoit, pour cette année, 18.150 francs et aurait dû
percevoir, pour 1998, 18.650 francs avec la majoration prévue par
la loi de finances pour 1997. Grâce au relèvement qui sera
réalisé en application de la présente disposition, il
verra, en 1998, sa pension portée à 23.750 francs.
Ces relèvements bénéficieront à 275.000 petits
retraités agricoles, dont 168.000 conjoints ayant participé
aux exploitations, 13.000 anciens aides familiaux et
94.000 retraités ayant eu une carrière mixte en tant que
conjoint ou aide familial, d'une part, et chef d'exploitation pendant une
brève période, d'autre part.
Cette mesure entraînera en 1998 des dépenses
supplémentaires de 760 millions de francs, ce qui, compte tenu des
économies sur le fonds de solidarité, correspondra à un
coût net de 680 millions de francs.
Elle est financée :
- d'une part, par l'abondement du chapitre 46-96 "Prestations
vieillesse
versées aux non-salariés du régime agricole" à
hauteur de 680 millions de francs ;
- d'autre part, par la réduction du chapitre 46-01 "Prestations
maladie, maternité, soins aux invalides versées aux exploitants
agricoles et aux membres non salariés de leur famille", de
180 millions de francs, cette diminution résultant de la
régularisation de la dotation globale hospitalière au titre de
1996.
1
Dans cette nouvelle présentation
des dépenses bénéficiant à l'agriculture, on note
la substitution, d'une "estimation des dépenses agricoles de l'Union
européenne bénéficiant à la France"
(c'est-à-dire les "retours" communautaires à notre agriculture)
à "l'estimation des versements de ressources propres à l'Union
européenne affectés à des dépenses agricoles"
(c'est-à-dire la part de la contribution française à
l'Union européenne qui serait affectée à des
dépenses agricoles) jusque là proposée
2
Compte tenu d'une économie de constatation de
180 millions de francs, les sommes supplémentaires affectées
à la revalorisation des retraites s'établissent à
680 millions de francs en net des moindres retours du FSV (soit
772 millions de francs en brut).
3
D'après les données encore provisoires, les
effectifs globaux sont en hausse de 3,6 % et atteignent
174.966 élèves. Ceux de l'enseignement public progressent de
3,1 % du CNEAP de 2,95 %, de l'UNREP de 1,37 %, de l'UNMFREO
(Maisons familiales) de 5,06 %. Ces chiffres sont à comparer
à la progression asutorisée par les protocoles signés
entre les Fédérations privées et le Ministre de
l'Agriculture qui était limitée à 3 % pour 1997. Il
en résultera pour l'UNMFREO une limitation à 44.600 des effectifs
finançables en 1997-1998 par l'Etat pour 45.483 élèves
présents. Il se confirme donc que si les différentes composantes
de l'enseignement agricole ont bien freiné la progression des effectifs
par rapport à 1996 (elle était alors de 5,5 %), les
objectifs d'une véritable maîtrise n'ont pas été
atteints par toutes.
4
Compte rendu analytique de la séance du 26 novembre.