C. L'AVENIR DES DIRECTIONS DÉPARTEMENTALES DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORET
1. La variation des effectifs
Les effectifs globaux budgétaires du ministère
de l'agriculture devraient s'accroître de 75 unités en 1998,
ce qui recouvre des évolutions assez contrastées :
- administration
centrale :
|
- 30
|
2. La réforme des directions départementales
Votre rapporteur spécial note avec satisfaction que
les projets de "partition" des DDAF ont fait l'objet d'une
réexpertise
. Si des synergies doivent être recherchées
(police de l'eau, appui aux collectivités locales,
sécurité alimentaire), elles ne doivent pas avoir pour objet de
démanteler des DDAF qui fonctionnent généralement bien.
Les DDAF ont ainsi traité en 1996, à titre d'exemple, près
d'un million deux cent mille dossiers
correspondant aux mesures d'aides
aux producteurs financées sur fonds communautaires, pour un coût
-hors frais d'informatique- de
155 millions de francs
.
D. LES NOUVEAUX AVATARS DU FGER
1. L'évolution heurtée des crédits
Depuis sa création, le Fonds de Gestion de l'Espace Rural (FGER) a connu des fortunes diverses, les crédits étant faiblement consommés pour être reportés ou annulés.
(en millions de francs)
Année |
LFI |
Annulation crédits |
Crédits ouverts |
Crédits consommés |
1995 |
500 |
164 |
335 |
51 |
1996 |
388 |
170 |
502 |
199 |
1997 |
150 |
145 |
308 |
n.d. |
Votre rapporteur spécial ne peut que rappeler ses
positions précédentes sur cette procédure
spécifique, ce qui ne veut pas dire que ces crédits ne pourraient
être utilisés plus efficacement s'ils étaient
regroupés au sein d'autres procédures d'aménagement rural.
Toutefois, il apparaît qu'en 1996 près d'un tiers des actions du
FGER ont été conduites en synergie avec d'autres dispositifs
(plans de développement rural, OGAF, programmes leader). Il serait
souhaitable que cette tendance se poursuive. Mais des crédits ouverts de
308 millions de francs pour 98 attributaires (départements et
collectivités d'Outre-mer) ne représentent qu'une somme moyenne
de 3,1 millions de francs par département.
L'annulation, en juillet 1997, de 145 millions de francs sur la dotation
du FGER apparaît d'autant plus intéressante qu'elle correspond
presque exactement à la majoration de 150 millions de francs de
crédits opérée à l'Assemblée nationale
(100 millions) et au Sénat (50 millions).
La dotation ouverte pour 1998 s'établit à 140 millions de
francs. Les précédents ci-dessus rappelés ne permettent
pas d'anticiper sur le montant des crédits qui seront effectivement
consommés. Si l'on estime à 250 millions les crédits
qui pourraient être effectivement utilisés en 1997 (199 en 1996),
les crédits disponibles en 1998 seraient en baisse (58 de reports
+ 140 de dotation initiale).
Il serait, en conclusion, souhaitable que la nouvelle future loi
d'orientation agricole reprenne le dossier des procédures
d'aménagement rural et garantisse ainsi l'avenir du FGER.
2. Les incertitudes sur les missions
L'année dernière, sur l'initiative de la
Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, le Parlement a
adopté un article additionnel modifiant l'article L 112-16 du code rural
afin de mieux déterminer les compétences du FGER. Au lieu de
considérer que le fonds devait être "
en priorité
affecté aux agriculteurs"
, l'Assemblée Nationale avait
souhaité disposer que le fonds ne devait financer que des projets
"
dont les agriculteurs... sont parties prenantes
".
Cette modification rédactionnelle n'avait pas emporté la pleine
adhésion de votre rapporteur spécial qui avait souligné
que :
"
Cet article, qui n'a pas clairement sa place en loi de finances,
remplace
assez subtilement une "priorité" par des "parties
prenantes", afin de
renforcer la vocation agricole du fonds. Comme l'a indiqué le ministre :
"il n'était pas apparu souhaitable d'accorder une exclusivité aux
agriculteurs, le cadre global de la gestion de l'espace rural allant
au-delà du monde agricole".
Cette rédaction pourrait
présenter l'inconvénient de faire apparaître le FGER comme
un simple démembrement du budget de l'agriculture et souligner son
absence de spécificité et partant justifier la disparition
progressive de ses crédits".
L'Assemblée Nationale, en votant cette année un article
additionnel après l'article 49, se propose de revenir au texte initial
de l'article L 112-16, qui n'est autre que texte figurant dans la loi
"Pasqua"
sur l'aménagement du territoire.
Le Gouvernement n'a toutefois pas jugé cet article additionnel
très opportun. Le Secrétaire d'Etat au budget a notamment
déclaré :
"
Il se pose un problème juridique et un problème pratique.
Le problème juridique, d'abord. Si l'on étend le champ de ce
fonds sans inscrire de crédits nouveaux, c'est-à-dire si l'on
reste à enveloppe constante, cela pose un problème
vis-à-vis de la loi de finances.
Un problème pratique, ensuite -et c'est là l'essentiel. A cet
égard, je renouvelle l'engagement du ministre de l'agriculture et du
ministre de l'aménagement du territoire de faire en sorte que les
crédits de ce fonds soient utilisés intégralement. Le
Gouvernement n'a pas las volont -ni implicite ni a fortiori explicite- de
réduire les crédits du fonds de gestion de l'espace rural.
Dans les espaces ruraux, il y a toujours un agriculteur à
proximité.
Je pense qu'on peut, dans le cadre actuel, faire beaucoup plus que ce qu'a fait
la majorité précédente. C'est pourquoi je conseille le
retrait de cet amendement. A défaut, j'en demanderai le rejet."
Bref, en 1996 le gouvernement n'était pas d'accord avec sa
majorité à l'Assemblée Nationale qui entendait recentrer
l'action du FGER, alors qu'en 1997 le nouveau gouvernement n'est pas non plus
d'accord avec sa majorité à l'Assemblée Nationale qui
souhaite élargir les compétences du même FGER...
Il
convient toutefois de noter l'engagement ferme du gouvernement de ne
procéder à aucune régulation sur les crédits du
FGER.