B. UNE ÉVOLUTION UN PEU DÉCEVANTE DES CRÉDITS
Les crédits du transport aérien manifeste le
niveau de soutien public que l'Etat souhaite accorder à la construction
aéronautique civile.
La commission des finances a récemment adopté un rapport
consacré à ce sujet.
Ses principales conclusions étaient les suivantes :
Un réexamen des règles internationales
qui encadrent la
politique de soutien public s'impose qu'il s'agisse de l'accord
euro-américain du 17 juillet 1992 ou de l'adaptation des
règles européennes relatives aux aides publiques.
Le soutien public à la construction aéronautique civile doit
être augmenté
et mis à niveau afin de contrer les
effets sur notre compétitivité des soutiens publics
accordés par nos concurrents et de permettre à nos constructeurs
de poursuivre un développement sans lequel les acquis seraient perdus.
En effet, l'avenir de nos entreprises aéronautiques est certes
conditionné par des efforts de maîtrise des coûts mais aussi
par leur capacité à développer leurs chiffre d'affaires,
ce qui suppose de diversifier une offre encore insuffisante.
Il apparaît prioritaire de développer l'A3XX et de mettre la
SNECMA en mesure de suivre l'offre mondiale.
La panoplie de notre soutien public doit être diversifiée.
Une mise à niveau des fonds propres des entreprises s'impose
, qui
doit s'accompagner, si les entreprises concernées devaient rester, pour
l'essentiel publiques, d'une clarification des rapports entre l'Etat et ces
entreprises et, en particulier, d'une réforme des modalités de
contrôle de l'Etat passant par l'affirmation d'un "chef de file" qui
devrait être le ministre chargé de la conception de la politique
dans le domaine de l'aéronautique civile.
La proportion des aides indirectes doit être accrue
puisque les
avances remboursables sont, en l'état, soumises à de stricts
plafonds. Mais, cela suppose une meilleure programmation des soutiens à
la recherche au niveau national et européen.
L'environnement des entreprises de construction aéronautique doit
être amélioré.
L'environnement européen doit être fortifié.
- Il est nécessaire de construire de vrais ensembles
européens sans que les difficultés rencontrées par ce
processus obèrent les développements industriels
nécessaires.
- Une diplomatie aéronautique doit émerger à
l'échelle européenne sur le modèle de la diplomatie
Boeing.
- Une plus grande harmonisation en Europe doit marquer différentes
procédures qui constituent l'environnement du transport
aérien : la certification, mais aussi les procédés de
navigation aérienne et la promotion à l'exportation des normes et
procédés européens.
Au plan national, certaines mesures s'imposent.
- Le principe de la fusion Aérospatiale-Dassault doit être
approuvé.
- Nous devons nous doter d'un pôle permanent d'expertise et d'animation
de notre politique de soutien à l'industrie aéronautique civile,
les processus de décision en ce domaine n'apparaissant pas pleinement
satisfaisants. L'administration principalement chargée de la conception
de notre politique en ce domaine, la Direction des programmes
aéronautiques civils du ministère des transports, doit se voir
reconnaître une responsabilités éminente et ses moyens
propres doivent être renforcés sans accroissement net des
fonctionnaires publics.
Le projet de budget pour 1998 ne satisfait que peu ces conclusions.
S'il faut se féliciter des crédits dégagés pour
les versions allongées de l'A 340, deux caractéristiques du
projet de budget laissent un certain goût d'amertume :
- la baisse des crédits de recherche-amont qui accroîtra
l'écart considérable -et encore accru du fait de la fusion
Boeing-MDD- en notre défaveur par rapport aux États-Unis ;
- l'absence de moyens pour l'A3XX, futur gros-porteur européen dont le
développement est nécessaire pour contrer la concurrence
exercée par Boeing, avec son 747 qui monopolise le quart du
marché mondial.
Plus globalement, des mesures doivent être prises pour affirmer la
dimension européenne de l'industrie aéronautique civile.
Les tableaux ci-dessous démontrent sans doute que les entreprises
européennes sont en voie de redressement.
Résultats des principaux avionneurs.
Boeing
(1)
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions de
dollars)
|
22.681
|
19.515
|
21.924
|
Résultat net (millions de dollars) |
1.095 |
783 |
856 |
Effectifs |
147.000 |
109.400 |
119.400 |
(1) La nouvelle entité Boeing résultant de la fusion avec McDonnell Douglas devrait réaliser en 1997 un chiffre d'affaires de l'ordre de 34 milliards de dollars.
McDonnell Douglas
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions de
dollars)
|
13.000
|
14.300
|
16.162
|
Résultat net (millions de dollars) |
788 |
- 416 |
598 |
Effectifs |
63.900 |
63.600 |
65.800 |
Aerospatiale (1)
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions de
francs)
|
50.885
|
49.226
|
48.653
|
Résultat net total (millions de francs) |
613 |
- 1.442 |
- 535 |
Dont part du groupe |
812 |
- 981 |
- 483 |
Effectifs |
37.700 |
38.600 |
39.500 |
(1) En 1997, le groupe Aérospatial devrait réaliser un chifre d'affaires total de l'ordre de 56 milliards de francs.
British aerospace
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions de
livres)
|
7.441
|
6.627
|
7.873
|
Résultat net (millions de livres) |
311 |
140 |
138 |
Effectifs |
47.000 |
45.400 |
47.900 |
DASA (1)
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions
de DM)
|
13.053
|
15.307
|
17.394
|
Résultat net (millions de DM) |
1.202 |
- 4.182 |
- 438 |
Effectifs |
45.000 |
50.800 |
75.600 |
(1) La baisse du chiffre d'affaires résulte du
changement de périmètre. Ainsi dans la branche
aéronautique civile cette évolution est due à
l'arrêt des activités Fokker et Dornier.
CASA
En 1996, CASA a réalisé un chiffre d'affaires de
4 milliards de francs, soit une augmentation de 2 % par rapport à
1995. Les activités aéronautiques civiles contribuent pour
56 % au chiffre d'affaires total. Le groupe espagnol, dont les effectifs
s'élèvent à 7.900 personnes, a enregistré un
bénéfice de 178 millions de francs, en hausse de 16 %
par rapport à 1995.
Résultat des principaux motoristes
SNECMA
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (en
millions de
francs)
|
18.709
|
17.996
|
18.922
|
Résultat net (en millions de francs) |
- 280 |
- 853 |
- 2.190 |
Effectifs |
21.050 |
21.900 |
23.700 |
Rolls & Royce
(1)
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (en millions de livres) |
4.291 |
3.597 |
3.163 |
Résultat net (en millions de livres) |
- 44 |
144 |
81 |
Effectifs |
42.600 |
43.200 |
43.500 |
(1) Le résultat négatif de Rolls & Royce est lié à la décision du groupe de se retirer de l'activité "grandes turbines électriques à vapeur". La cession programmée de cette activité a donné lieu à d'importantes provisions de 263 millions de livres
GE Aircraft Engines
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (MS) |
6.302 |
6.098 |
5.714 |
Résultat opérationnel (MS) |
1.225 |
1.176 |
935 |
Effectifs |
23.000 |
23.000 |
23.000 |
Pratt & Whitney
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (MS) |
6.200 |
6.170 |
5.846 |
Résultat opérationnel (MS) |
637 |
530 |
380 |
Effectifs |
29.900 |
29.900 |
30.000 |
Mais, l'écart de performance est considérable
par rapport aux entreprises américaines même si la gestion sociale
à l'américaine démontre actuellement ses limites.
Dans cet écart, il entre pour beaucoup le poids du passé
où les entreprises américaines ont, grâce à un
soutien public considérable bénéficié d'une avance
de marché décisive.
Mais il y entre également pour beaucoup de montant très
substantiel des subventions accordées par le département
américain de la défense.