DEUXIEME PARTIE :
LES CRÉDITS DE TRANSPORT AÉRIEN ET
DE MÉTÉOROLOGIE DU BUDGET DU MINISTÈRE DE
L'ÉQUIPEMENT, DES TRANSPORTS, DU LOGEMENT
ET DU TOURISME
I. LES CRÉDITS DU TRANSPORT AÉRIEN
A. LES CRÉDITS
1. Présentation générale
Crédits de paiement du transport aérien
1997 |
1998 |
Ecart en % |
|
Subvention au BAAC
Total |
215
|
215
|
0
|
Les crédits du transport aérien du
ministère de l'équipement, des transports, du logement et du
tourisme s'élèveraient à 1.664,5 millions de francs,
soit une stabilisation de leur niveau par rapport à 1997. Mais, dans
leur structure, ils seraient sensiblement modifiés.
Le montant de la
subvention versée au BAAC
serait
inchangé, à 215 millions de francs, obligeant à
accroître considérablement la fiscalité affectée
à ce budget annexe dans des conditions périlleuses (voir supra).
Le montant des
soutiens à la recherche-amont
serait
amputé de 230 millions de francs, soit une réduction du
tiers par rapport à leur niveau de 1997.
Les crédits prévus pour payer en 1998 les
échéances des
avances remboursables
augmenteraient,
passant de 719 à 966,5 millions de francs, soit plus
247,5 millions de francs ou encore une augmentation de 34,4 %.
Le montant des
subventions à des organismes tiers
serait
réduit de 10 millions de francs, soit de 23,3 %.
Par rapport à la présentation qui en était donnée
traditionnellement, le projet de loi de finances pour 1997 avait innové
en agrégeant les crédits par grands types de production. Il
n'était donc plus immédiatement possible d'identifier le
financement de chacun des projets soutenus par l'Etat. Le projet de budget pour
1998 n'a pas entièrement tenu compte des observations formulées
l'an dernier sur ce point, mais a cependant un peu amélioré la
présentation des crédits.
Après reconstruction, on peut donner de l'évolution des
crédits l'image qui suit :
Evolution des crédits de transport
aérien
Crédits de paiement
(en millions de francs)
1996 |
1997 |
1998 |
Ecart 1998/1997 |
|
Etudes et recherche amont |
11,2 |
1,0 |
451,0 |
+ 450 |
Hélicoptères |
68,0 |
94,0 |
+ 26 |
|
Moteurs |
374,0 |
149,0 |
40,0 |
- 109 |
Equipements de bord |
200,0 |
190,0 |
190,0 |
0 |
Aviation légère |
7,0 |
6,0 |
6,0 |
0 |
Aviations de transport |
434,0 |
318,0 |
642,5 |
+ 324,5 |
Subventions |
48,9 |
37,0 |
27,0 |
- 10 |
Total |
1.075,1 |
763,0 |
1.450,5 |
+ 687,5 |
Les crédits d'études et de recherche
qui
avaient presque disparus du budget, conséquence normale de leur
transfert au budget du ministère de la défense,
réapparaissent dans la loi de finances pour 1998 du fait d'un transfert
en sens inverse, résultat des débats tenus lors de l'examen de la
loi de programmation militaire. Ils s'élèvent à
451 millions de francs en crédits de paiement et à
686 millions de francs en autorisations de programme.
S'agissant des subventions
, leur montant s'infléchirait de
10 millions de francs, ce qui traduit une stabilisation du financement de
l'ONERA et une baisse des crédits consacrés à la
soufflerie européenne ETW.
Les avances remboursables représentent l'essentiel des crédits
avec 966,5 millions de francs.
2. L'exécution des crédits en 1997
L'exécution des crédits a été
marquée en 1997 par une série d'annulations.
L'annulation de crédits résultant de l'arrêté du
9 juillet 1997 a touché le chapitre 53-22 à hauteur de
194,5 millions en autorisations de programme et 257,25 en
crédits de paiement. Cette annulation a été
répartie de la manière suivante :
(en millions de francs)
AP |
CP |
|
Recherche amont de
l'aéronautique civile
|
33,5
|
116,25
|
Total |
194,5 |
257,25 |
5,5 millions de francs ont également
été annulés sur le chapitre de subventions.
Les crédits d'avances remboursables
ont donc été
réduits de 141 millions de francs, soit 18,5 % des dotations
initialement prévues.
Quant aux crédits de recherche-amont
, il faut ajouter
l'annulation de 52,6 millions de francs réalisée par
l'arrêté du 19 novembre au montant des crédits
annulés en juillet, si bien que le total des réductions de moyens
s'élève à 168,8 millions de francs, soit près
de 25 % des crédits initialement prévus.
Ces différentes annulations posent le problème de la
capacité de l'administration à programmer convenablement l'action
de soutien à l'industrie aéronautique.
Sans doute faut-il nuancer.
Pour les avances remboursables
, il semble
que les annulations de crédits ne soient que le reflet des
difficultés des industriels à conduire les programmes
conventionnés sur la base des prévisions contractuelles. Cette
observation vaut tout particulièrement pour les programmes relatifs aux
moteurs. En 1997, ces derniers devaient théoriquement donner lieu
à 149 millions de francs d'avances remboursables. Cette
prévision s'est révélée excessive compte tenu des
développements réels si bien que les crédits ont pu
être réduits de 92 millions de francs (61 % des
dotations initiales). Cette annulation de conséquence est, en
particulier, venue de l'échec rencontré par la SNECMA dans le
développement du moteur CFM XX.
Le moteur CFM XX
Le projet de moteur CFM XX, d'une poussée voisine de
42.000 livres avait été étudié conjointement
par General Electric et Snecma dans le but de motoriser le projet de version
allongée de l'A340 alors en cours de définition par Airbus
Industrie.
L'évolution des spécifications de l'Airbus allongé et le
retard observé dans le calendrier de l'avion ont conduit au gel de ce
projet de moteur. Airbus industrie a marqué sa préférence
pour un dérivé sensiblement plus lourd. L'étude
préliminaire de ce moteur avait été confiée par
Airbus Industrie à General Electric jusqu'à fin
octobre 1996, cette clause d'exclusivité ayant été
prorogée. Les conditions de participation de Snecma à ce
programme de moteur devaient être précisées une fois ces
études terminées. Aucun des crédits réservés
pour le soutien du CFM XX (140 millions de francs en CP) n'a
été utilisé en 1996, compte tenu des orientations
nouvelles prises par Airbus Industrie et de ses incidences sur le projet de
moteur.
Dans le projet de budget pour 1997, une provision de 80 millions de
francs était inscrite. Elle n'a pas non plus été
utilisée. La décision de confier la motorisation du nouvel Airbus
à Rolls Royce a, de ce fait, sonné le glas pour ce projet.
Si les annulations de crédits d'avances remboursables peuvent
globalement être considérées comme la conséquence
normale des problèmes rencontrés dans le développement de
produits nouveaux, il faut veiller à ce qu'elles ne soient pas la
conséquence d'un ralentissement du soutien aux programmes accordé
par l'Etat.
En revanche,
pour ce qui concerne
les crédits de
recherche-amont
, les annulations de crédits ne peuvent être
considérées autrement que comme une réduction des soutiens
publics à un secteur de recherche essentiel pour l'avenir industriel,
dont la programmation devrait être soigneusement élaborée
et scrupuleusement respectée.
3. Le détail des crédits pour 1998
Le niveau des avances remboursables dépend des
conventions passées avec les industriels et des projets nouveaux ayant
reçu l'aval des pouvoirs publics.
Leur affectation était la suivante en 1997 :
Les avances remboursables en 1997
(en millions de francs)
AP |
CP |
||
Article 21 |
Hélicoptère EC 165 |
90 |
68 |
Article 36 |
Moteurs GE 90 |
91 |
69 |
Moteur du nouveau A340 ex CFM XX |
100 |
80 |
|
Total article 36 |
191 |
149 |
|
Article 60 |
Equipements de bord |
220 |
190 |
Article 81 |
Avions de transport A 330 - A 340 |
141 |
142 |
Avions de 100 places |
40 |
30 |
|
A 330-320 |
90 |
140 |
|
Total article 81 |
271 |
312 |
|
Article 84 |
Autres aéronefs |
||
Aviation légère |
6 |
6 |
|
TOTAL |
778 |
725 |
En 1998, ils devraient être calibrés comme indiqué ci-dessous :
Détail des avances remboursables prévues pour 1998
(en millions de francs)
Programmes |
AP |
CP |
Hélicoptère EC 165 |
103 |
94 |
Moteur GE 90 |
49 |
10 |
Nouveaux moteurs SNECMA (provision) |
40 |
30 |
Equipements (divers programmes) |
220 |
190 |
Avion de 100 places |
42 |
38 |
Airbus A330-200 |
80 |
100 |
Airbus A340-500 et 600 |
603 |
504,5 |
TOTAL |
1.137 |
966,5 |
Deux nouvelles catégories de programmes apparaissent et
deux catégories anciennes disparaissent.
Les nouveaux programmes concernent :
Les A 340-500 et A 340-600. Il s'agit de versions allongées
du quadrimoteur A 340, l'A 340-600 devant pouvoir transporter
383 passagers en tri-classe ou 435 passagers en bi-classe sur
13.500 kilomètres.
Les nouveaux moteurs à développer par la SNECMA sans plus de
précision sur la nature de ces propulsions.
Quant aux programmes qui disparaissent, il s'agit :
Des A 330-A 340 dont le développement est achevé.
Du moteur CFM XX qui a connu des aléas des versions successivement
annoncées du nouveau gros porteur d'Airbus (v. supra).
Les autres principaux programmes bénéficiant d'avances
remboursables seraient :
L'A 330-200
L'A 330-200 est une version à rayon d'action augmenté de
l'Airbus A 330. Cet appareil pourra effectuer des étapes de
11.700 kilomètres, soit 3.000 kilomètres de plus que la
version de base. Ce rayon d'action est sensiblement supérieur à
celui des Boeing B 767-300 ER. L'économie d'exploitation de
l'A 330-200 sera plus grande (de 7,5 % par rapport à son
concurrent). Le marché est estimé aux environs de
300 unités. Au 1
er
juillet 1997, le programme
A 330-200 avait déjà enregistré près de
50 commandes fermes. L'A 330-200 a été lancé le
24 novembre 1995. Le calendrier actuel prévoit une entrée en
service en avril 1998. Le premier vol a été réalisé
le 13 août 1997. Le coût des travaux à la charge
d'Aérospatiale est de 1 milliard de francs courant
représentant environ 40 % du programme. Le soutien de l'Etat
s'inscrit à hauteur de 33 % des dépenses, en
conformité avec les dispositions de l'accord bilatéral du
17 juillet 1992, soit un montant de 300 millions de francs.
Les crédits consacrés en gestion 1996 au programme
A 330-200, soit 160 millions de francs en autorisations de programme
et 80 millions de francs en crédits de paiement, ont
été dégagés par sous-répartition au sein du
chapitre 53-22. Une dotation de 90 millions de francs en autorisations de
programme et de 140 millions de francs en crédits de paiement
était inscrite en loi de finances 1997. Les montants prévus en
1998 sont respectivement de 80 et 100 millions de francs.
L'avion de 100 places
Le programme d'avion de 100 places doit être réalisé dans
le cadre d'une coopération entre les industries chinoise et
européenne. La coopération se fera du côté
européen par le biais d'une société spécialement
créée pour cette opération et appelée Airbus
Industrie Asia (AIA). Cette société détenue à
raison de 62 % par Airbus Industrie et 39 % par l'industriel italien
Allnia assurera 39 % du projet, alors que la Chine, par
l'intermédiaire d'AVIC, sera responsable de 46 % de
l'opération. Le complément, soit 15 %, reviendra à
Singapore Technologie Ltd (STPL). Ce partage revient à attribuer
24 % du projet à Airbus, soit de l'ordre de 8 % par avionneur
membre du consortium. Les partenaires du projet ont signé à
Beijing le 15 mai 1997 un accord cadre qui définit les principes de
la coopération. Les industriels poursuivent les discussions avec
l'objectif de définir les règles précises de la
coopération avant la fin de l'année. Les crédits ouverts
pour 1998 sont de 38 millions de francs en hausse de 8 millions par
rapport à des dotations qui, en 1997, n'ont pu être jusqu'à
présent, consommées du fait des retards qui ont été
pris, et qui ont conduit, d'ailleurs, à annuler 20 millions de
francs en cours d'exercice.
Le moteur GE 90
Le GE 90 est un moteur civil de très forte poussée,
développé par General Electric en coopération avec Snecma,
en vue de la motorisation des avions très gros porteurs. Grâce
à ce nouveau moteur, la gamme du motoriste s'étend au-delà
du CF 6-80 qui était jusque là le plus puissant réacteur
civil produit par General Electric. Le GE 90 est installé sur les
gros bi-moteurs B777 fabriqués par Boeing. Sur ce marché le
GE 90 est en concurrence avec le PW4000 développé par le
motoriste Pratt & Whitney et le Trent 700 de Rolls-Royce. Les premiers
GE 90 ont été livrés en 1995 à la compagnie
British Airways, client de lancement de ce programme. Depuis, le moteur a fait
l'objet de 221 commandes fermes et 47 exemplaires ont
été livrés. La compétition reste toujours
très vive entre les trois motoristes qui se répartissent le
marché à raison de 30 % pour General Electric, 41 %
pour Pratt et Whitney et 29 % environ pour Rolls-Royce. Snecma participe
à hauteur de 25 % du programme. Les autres partenaires principaux
sont IHI (Japon) et FIAT (Italie) qui prennent chacun environ 8 % des
parts.
Snecma a obtenu la responsabilité partielle ou complète du
développement et de la fabrication de composants majeurs du moteur parmi
lesquels le compresseur haute-pression et la soufflante en matériaux
composites. Son statut est celui de partenaire à risque. L'industriel
doit à ce titre supporter 25 % environ des coûts de
développement. En contrepartie des dépenses qu'elle supporte pour
le développement et la production des composants de série, Snecma
reçoit près de 25 % des recettes.
En 1996, 185 millions de francs en autorisations de programme et
234 millions de francs en crédits de paiement étaient
réservés à ce programme ; la dotation 1997
était, quant à elle, de 91 millions de francs en
autorisations de programme et de 69 millions de francs en crédits
de paiement. Le soutien de l'Etat entrant dans sa phase terminale, les
crédits ouverts en 1998 ne s'élèvent plus qu'à
10 millions de francs en crédits de paiement.
L'EC 165
L'hélicoptère EC165 est le successeur du Dauphin dans la
catégorie des hélicoptères moyens de 4 à 6 tonnes.
Capable d'accueillir 12 passagers, sa charge utile est de 2,5 tonnes. Cet
hélicoptère livrable à partir de l'an 2000 affichera une
vitesse de 330 km/h et une distance franchissable de 890 km. Le
niveau acoustique de l'appareil se situe à -8 db par rapport aux normes
de l'IACI. Le marché potentiel est estimé à plus de 600
unités.
En 1997, année de début de soutien, ce programme avait fait
l'objet d'une dotation de 90 millions de francs en autorisations de
programme de 68 millions de francs en crédits de paiement,
ramenée à 67 millions de francs en autorisations de
programme et 51 millions de francs en crédits de paiement par suite
d'une annulation de crédits de 23 millions de francs et
17 millions de francs respectivement.
Les crédits prévus
en 1998 sont en forte hausse. Ce dernier phénomène enseigne que
les annulations de crédits, lorsqu'elles concernent des avances
remboursables accordées à des programmes connaissant un
développement normal, ne constituent que des transferts de charges d'un
exercice budgétaire sur l'autre.
Les équipements de bord
Cette ligne budgétaire a pour objet d'aider les industriels
français à développer, seuls ou en coopération, les
équipements de bord destinés essentiellement aux Airbus, mais
également aux autres avions français ou étrangers sur
lesquels ils peuvent être retenus.
Les montants en autorisations de programme et crédits de paiement
figurant sur cette ligne s'élevaient à près de
200 millions de francs et 183 millions de francs en 1996 compte tenu
des mouvements de sous-répartition intervenus en gestion. En 1997,
205 millions de francs en autorisations de programme et 190 millions
de francs en crédits de paiement avaient été
consacrés à ce secteur, compte tenu d'une annulation de
15 millions de francs en autorisations de programme et 10 millions de
francs en crédits de paiement. Les crédits prévus pour
1998 seraient stabilisés au niveau de 1997. Ils représentent
près de 20 % des avances remboursables totales.