RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 23 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - EQUIPEMENT TRANSPORT ET LOGEMENT - Transports: transport aérien et météorologie et aviation civile
Yvon COLLIN
COMMISSION DES FINANCES DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 23 - 1997/1998
Table des matières
- PREMIERE PARTIE
-
LE BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
- I. PRESENTATION GENERALE : LES GRANDES MASSES BUDGÉTAIRES
- II. ANALYSE DÉTAILLÉE DES DEUX SECTIONS DU BUDGET ANNEXE
- III. LES OBSERVATIONS : UN BUDGET ANNEXE EN CRISE
-
DEUXIEME PARTIE :
LES CRÉDITS DE TRANSPORT AÉRIEN ET DE MÉTÉOROLOGIE DU BUDGET DU MINISTÈRE DE L'ÉQUIPEMENT, DES TRANSPORTS, DU LOGEMENT
ET DU TOURISME - EXAMEN EN COMMISSION
-
ANNEXE N° 1
DONNÉES RELATIVES
A LA SÉCURITÉ DU TRANSPORT AÉRIEN -
ANNEXE N°2 :
ÉLÉMENTS SUR LA PONCTUALITÉ
DU TRANSPORT AÉRIEN
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 23
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT :
II
.
- TRANSPORTS : TRANSPORT AÉRIEN ET MÉTÉOROLOGIE
et AVIATION CIVILE
Rapporteur spécial
: M. Yvon COLLIN
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
PREMIERE PARTIE
LE BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
I. PRESENTATION GENERALE : LES GRANDES MASSES BUDGÉTAIRES
A. LES DÉPENSES
Le budget annexe de l'aviation civile, dont les dépenses s'étaient accrues de 4,4 % l'an dernier, connaîtrait une progression de 5,9 % de 1997 à 1998, comme d'habitude désormais, beaucoup plus rapide que celle des dépenses publiques de l'Etat et du PIB. La croissance est également plus vive que celle du trafic dont l'évolution serait pourtant satisfaisante en 1998.
Evolution des dépenses du BAAC entre 1997 et 1998
(en millions de francs)
Variations |
||||
1997 |
1998 |
En niveau |
En % |
|
Dépenses de fonctionnement (1) |
5.912,8 |
6.231,8 |
+ 319 |
+ 5,4 |
Dépenses en capital |
2.083,7 |
2.237,7 |
+ 154 |
+ 7,4 |
Total |
7.996,5 |
8.469,5 |
+ 473 |
+ 5,9 |
(1) Le terme "dépenses de fonctionnement" est
plus
approprié que celui de "dépenses d'exploitation" directement issu
de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959.
Le total des dépenses s'élève à
8.469,5 millions de francs. L'accroissement des dépenses en
capital, qui représentent 26,4 % de l'ensemble des dépenses
contre 26,1 % en 1997, est cette année plus rapide que celle des
dépenses de fonctionnement.
B. LES RESSOURCES
Le budget annexe de l'aviation civile dispose de ressources
permettant d'en assurer une présentation comptable
équilibrée.
La présentation simplifiée suivante peut en être
donnée :
Recettes d'exploitation 1( * ) |
6.029,2 millions de francs |
Subvention reçue du budget général |
215 millions de francs |
Taxe de sécurité et de sûreté |
1.182,8 millions de francs |
Emprunts |
1.042,5 millions de francs |
Total |
8.469,5 millions de francs |
L'évolution des différentes catégories de ressources par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour 1997 est retracée dans le tableau ci-dessous.
Evolution des grandes catégories de ressources
1998/1997
Variations |
||||
1997 |
1998 |
En niveau |
En % |
|
Recettes d'exploitation |
5.949,2 |
6.029,2 |
+ 80 |
+ 1,3 |
Subvention reçue du budget général |
215 |
215 |
0 |
0 |
Taxe de sécurité et de sûreté |
848 |
1.182,8 |
+ 334,8 |
+ 39,5 |
Emprunts |
984,3 |
1.042,5 |
+ 58,2 |
+ 5,9 |
Total |
7.996,5 |
8.469,5 |
+ 473 |
+ 5,9 |
L'évolution des différentes ressources du BAAC est donc fort contrastée, ce qui conduit à une déformation de sa structure de financement.
Structure de financement du BAAC
Part dans le total des ressources
(en %)
1997 |
1998 |
Ecart en points |
|
Recettes d'exploitation |
74,4 |
71,2 |
- 3,2 |
Subvention reçue du budget général |
2,7 |
2,5 |
- 0,2 |
Taxe de sécurité et de sûreté |
10,6 |
14 (1) |
+ 3,4 |
Emprunts |
12,3 |
12,3 |
0 |
Total |
100 |
100 |
0 |
(1) 16,2 % des ressources propres du budget annexe de l'aviation civile.
C. LES GRANDES ACTIONS
Le BAAC a succédé au budget annexe de la
navigation aérienne. Il retrace désormais
l'intégralité des actions de la direction générale
de l'aviation civile, exception faite des crédits de construction
aéronautique civile qui figurent au budget du ministère des
transports, et non plus seulement l'activité de navigation
aérienne.
La répartition des crédits entre les différents
agrégats serait la suivante en 1998 :
BAAC 1998 - Répartition des actions *
(En millions de francs)
|
Dépenses ordinaires (exploitation) |
Crédits de paiement (dépenses en capital) |
|
|
|
Direction générale
|
1.818,6
|
371
|
2.189,6
|
25,85
|
6,8
|
TOTAL |
6.231,6 |
2.237,7 |
8.469,3 |
100,0 |
5,9 |
* aux arrondis près.
On le sait, la présentation des crédits budgétaires ne
permet pas d'identifier simplement les coûts des différentes
missions de la DGAC. Un travail de reconstruction est nécessaire que le
Sénat avait entendu faciliter en exigeant du gouvernement qu'il
dépose un rapport avant le 1er octobre de chaque année permettant
de faire le départ entre les coûts des missions régaliennes
et les coûts des prestations de service assurées par la DGAC.
Un certain défaut de ponctualité peut être reproché
au gouvernement : le rapport n'est pas remis dans les délais
impartis. Il importe de corriger ce défaut, qu'il faut reconnaître
minime, et il serait utile que le document budgétaire de base, "le
bleu", comprenne une annexe permettant d'expliciter le passage de la
présentation budgétaire des crédits à une
présentation du BAAC reposant sur les principes de la
comptabilité analytique.
En tout état de cause, le tableau ci-dessus fait apparaître
qu'une part très majoritaire des crédits budgétaires
est consacrée à la mission de navigation aérienne
,
l'agrégat "bases aériennes" étant, si l'on néglige
pour l'instant celui dénommé "direction générale",
le seul autre agrégat disposant de crédits significatifs.
La décroissance des crédits de contrôle technique, d'un
niveau déjà modeste, et de formation aéronautique se
confirme si bien que le maintien de ces missions pose problème.
Les crédits consacrés à l'action "bases
aériennes" poursuivent sur la voie de la forte augmentation
constatée l'an dernier.
Entre 1996 et 1998, ils connaîtraient
une progression de plus de 200 millions de francs correspondant à
une croissance de 50 %.
Quant aux crédits de navigation aérienne, si leur croissance
apparente est un peu moins rapide que celle de l'ensemble des moyens du BAAC,
ce constat doit être nuancé compte tenu des observations
exposées plus haut sur la discordance entre les crédits
budgétaires et les moyens réellement alloués aux
différentes missions de la DGAC. On y reviendra, mais
on peut
dès ce stade
relever le fort accroissement des crédits
budgétaires de navigation aérienne depuis 1993.
Dépenses de navigation aérienne
en millions de francs
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Différence 1998/1993 |
|
Dépenses d'exploitation |
3.027,2 |
3.292,2 |
3.552,8 |
3.850,6 |
3.881,0 |
4.077,2 |
1.050 |
Dépenses en capital |
1.140,0 |
1.140,0 |
1.139,0 |
1.185,0 |
1.335,0 |
1.370 |
230 |
Total |
4.167,2 |
4.432,2 |
4.691,8 |
5.035,6 |
5.216,0 |
5.447,2 |
1.280 |
C'est ainsi qu'en cinq ans, le niveau des crédits
annuels de navigation aérienne aura été accru de
1.280 millions de francs soit une augmentation de près de
31 %. Celle-ci se décompose elle-même en une croissance de
près de 35 % des crédits d'exploitation et de 20 % des
crédits consacrés aux opérations en capital.
La seule présentation des crédits budgétaires
consacrés à la navigation aérienne fait ainsi
apparaître
une déformation de la structure des moyens
consacrés à cette mission. Déjà très
fortement consommatrice de moyens d'exploitation en 1993
-72,6 % des
crédits sont alors consacrés à l'exploitation du
système-
la mission de navigation aérienne requiert en 1998
une part encore plus élevée de crédits consacrés
à l'exploitation (74,8 %).
Car si la croissance annuelle moyenne des opérations en capital
s'établit sur la période à 3,7 %, celle des
opérations d'exploitation s'élève, elle, à plus de
5,5 %.
II. ANALYSE DÉTAILLÉE DES DEUX SECTIONS DU BUDGET ANNEXE
La présentation du BAAC privilégie une distinction entre les opérations d'exploitation et les opérations en capital. Cette présentation, formellement conforme à l'article 21 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959, n'est cependant pas entièrement satisfaisante comme on le verra plus loin.
A. LES OPÉRATIONS D'EXPLOITATION
1. Les "recettes d'exploitation" :
Evolution des recettes d'exploitation de 1997 à
1998
1997 |
1998 |
Ecarts |
||
En niveau |
En % |
|||
Redevances de route
|
4.651,8
|
4.759
|
107,2
|
+ 2,3
|
Sous-total |
5.736 |
5.880 |
144,0 |
+ 2,5 |
Subvention du budget
général
|
215
|
215
|
0
|
0
|
Total |
6.970,3 |
7.424,9 |
454,6 |
6,5 |
Le document budgétaire retrace une évolution des
"recettes d'exploitation" -les guillemets sont nécessaires comme on le
verra plus bas- d'un rythme rapide (+ 6,5 %), en tout cas plus rapide
que celui des crédits d'exploitation.
Le produit des redevances de navigation aérienne
s'élèverait de 2,5 % et représenterait
5.880 millions en 1998.
Les recettes tirées des redevances de route
progresseraient de
2,3 % et s'établiraient à 4.759 millions de francs,
soit un supplément de 107,2 millions de francs. Cette
évolution refléterait, pour partie, une hausse de taux unitaire
de la redevance -de + 0,9%- et, pour le reste, la croissance de l'assiette
des redevances de route escomptée en 1998. Affectée d'un taux
implicite de 1,4 %, cette croissance apparaît bien inférieure
au développement attendu du trafic. Cette discordance peut s'expliquer
par des raisons techniques tenant soit à une révision des bases
de recettes pour 1997
2(
*
)
encore inconnues
à la date de confection du BAAC conduisant à une
réestimation à la baisse des produits effectivement perçus
cette année là par rapport au prévisions, soit à
une déformation du trafic contrôlé en faveur de vols moins
assujettis. Elle est toutefois importante. Elle s'éloigne beaucoup des
chiffres de prévision de trafic et n'est pas en ligne avec
l'accroissement des unités taxables constaté ces dernières
années.
Evolution de unités de services entre 1992 et 1996
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
UDS taxables |
+ 10,3 % |
+ 2,9 % |
+ 6,6 % |
+ 6,7 % |
+ 6,1 % |
Le tableau ci-dessus démontre que les unités de
services taxables se sont accrues en moyenne annuelle sur la période
1992/1996 de 6,5 %. L'hypothèse associée au projet de budget
annexe est bien en-deçà de ce résultat. Elle ne constitue
qu'une hypothèse dont l'ampleur de l'aléa qu'elle comporte peut
être illustrée en indiquant le produit des redevances de route qui
serait associé à une croissance de l'assiette de
5 %
3(
*
)
. Ceux-ci
s'élèveraient à 4.928,3 millions de francs soit un
supplément de recettes de 169,3 millions de francs par rapport aux
estimations du projet de budget pour 1998.
Le produit de la redevance pour services terminaux de la circulation
aérienne
-RSTCA- qui est due par un usager au titre d'un
atterrissage et d'un décollage jusqu'à une distance de
20 kilomètres autour des aérodromes s'accroîtrait de
3,3 %. Cette évolution suppose une augmentation du tarif de la
RSTCA de 1,1 % en métropole, le tarif unitaire pour l'outre-mer
s'accroissant de 9,97 %. On doit ici aussi relever qu'un aléa
entoure la prévision puisque celle-ci repose sur un pari sur les
capacités d'attraction de nos aéroports. En toute
hypothèse l'estimation de recettes paraît prudente.
La subvention du budget général
est calibrée,
comme l'an dernier, à 215 millions de francs. On en rappelle
l'évolution depuis 1992.
Subvention d'équilibre du BAAC
(en millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
253 |
305 |
265 |
260,6 |
260 |
215 |
215 |
La valeur de la subvention serait maintenue par rapport aux
prévisions de la loi de finances initiale pour 1997, année qui
avait vu la subvention accordée au BAAC diminuer
considérablement, de 17,3 %. On peut en accepter l'augure mais il
faut garder à l'esprit les réalités que sont une longue
suite "d'ajustements" de la subvention en cours d'exécution
budgétaire. En 1993, 43 millions de francs avaient
été annulés -14 % des crédits
envisagés ; en 1996, 39 millions de francs avaient
été annulés - 15 % des crédits initiaux ; la
situation pour 1997 n'apparaît guère plus prometteuse puisque
37,25 millions de francs ont été annulés par
arrêté le 9 juillet dernier soit, en pourcentage, 17,3 %
de la subvention prévue.
Les autres ressources
déclineraient de 14,1 % soit de
24,2 millions de francs pour un total de 147,1 millions de francs et,
ce, malgré une reprise de provisions à hauteur de
16,3 millions de francs.
Trois postes expliquent cette chute :
les recettes sur cessions qui passeraient de 11,6 à
1,4 million de francs ;
les "autres recettes d'exploitation qui "perdraient"
31,1 millions
de produits passant de 51,1 à 19,9 millions de francs ;
les produits financiers, en retrait de 4,5 millions de francs
à 6,5 millions de francs.
Ces recettes se caractérisent par une difficulté de
prévision très grande. C'est pourquoi une hypothèse
conventionnelle est posée en la matière, revalorisant de
2,2 % les montants constatés en 1996. Dans ce contexte, il est
significatif que les évaluations prévues pour 1998 se traduisent
par une moins-value de produits conséquente qui introduit une contrainte
financière à due concurrence et donc un appel à
financement alternatif.
La question se pose donc de la robustesse des estimations proposées .
La taxe de sécurité et de sûreté
s'accroîtrait, elle, considérablement
en produit puisque
celui-ci passerait de 848 à 1.182,8 millions de francs, soit
334,8 millions de francs supplémentaires et une croissance de
39,5 %. Son produit dépasserait celui de la RSTCA ; elle
deviendrait la deuxième source d'approvisionnement en ressources du BAAC.
Cette augmentation proviendrait pour une part essentielle d'une hausse des
tarifs de la taxe que se propose d'introduire l'article 20 du projet de loi de
finances déposé par le gouvernement.
En effet, les tarifs actuellement en vigueur sont de 14 francs par
passager embarquant sur un vol commercial à destination du territoire
français et de 21 francs par passager embarquant sur un vol
commercial à destination de l'étranger.
Le gouvernement se propose d'abord d'assimiler les vols à destination
d'un territoire étranger mais relevant d'un autre Etat membre de la
Communauté européenne aux vols à destination du territoire
français pour autant que le tarif de la taxe est concerné.
Désormais, les tarifs des vols commerciaux à destination des
Etats membres de la communauté européenne seraient
indifférenciés.
Cette homogénéisation des
tarifs s'expliquerait par la volonté de mettre la taxe en
conformité avec les textes communautaires et plus
particulièrement avec le règlement (CE) n° 2408/92 du
23 juillet 1992 concernant l'accès des transporteurs aériens
communautaires aux liaisons aériennes intercommunautaires.
La Commission européenne estimerait que le fait de traiter moins
favorablement les services de transport aérien intra-communautaire par
rapport aux services de transport intérieur est incompatible avec le
principe de la libre prestation de services visé dans le
règlement précité.
Selon la Commission, ce type de
disposition crée un avantage particulier au marché
intérieur et aux services de transport aérien effectués en
France. Elle estimerait également que la modulation de taxe constitue
une infraction au droit de libre circulation dont bénéficient les
citoyens des Etats membres de l'Union européenne en vertu de
l'article 8 A du traité.
Ni l'une ni l'autre de ces appréciations ne paraît solide
.
Dans un contexte où les écarts de fiscalité et de
tarification des transports entre Etats européens apparaissent
conséquents, on ne peut prétendre sans offenser l'esprit qu'une
modulation non confiscatoire du niveau d'une taxe selon la destination prise
par un transport entrave la liberté d'aller et de venir des citoyens des
Etats membres de l'Union européenne.
Quant au prétendu avantage aux services de transport aérien
effectués en France, à supposer même que son existence soit
démontrée, il ne s'accompagnerait d'aucune discrimination entre
les nationaux et les entreprises des autres Etats membres, celles-ci se voyant
appliquer les mêmes tarifs que ceux appliqués aux entreprises
nationales.
En réalité, le gouvernement souhaite accroître les
tarifs de la taxe.
Le taux applicable aux vols à destination du
territoire français serait majoré de 6 francs et
s'établirait à 20 francs, soit une augmentation de
42,8 %. Le taux applicable aux passagers de vols commerciaux à
destination d'un autre Etat membre de la communauté européenne
serait identique, 20 francs, et diminuerait donc de 1 franc par
rapport au tarif en vigueur, soit une baisse de 4,8 %. Le taux applicable
aux vols vers d'autres destinations augmenterait, lui, de 66,6 % et
passerait de 21 à 35 francs.
A l'issue de ces différentes évolutions, la structure des
"recettes d'exploitation" du BAAC se trouverait sensiblement modifiée
par rapport à l'an dernier et plus encore par rapport à la
situation prévalant il y a deux ans.
Structure des "recettes d'exploitation" du BAAC
(en % du total)
1996 |
1997 |
1998 |
Ecarts en points 1998/1996 |
|
Redevances de route |
67,5 |
66,7 |
64,1 |
- 3,4 |
Redevances pour services terminaux |
14,9 |
15,5 |
15,1 |
+ 0,2 |
Sous-total |
82,4 |
82,2 |
79,2 |
- 3,2 |
Subvention du budget général |
3,9 |
3,1 |
2,9 |
- 1 |
Autres |
2,9 |
2,4 |
2 |
- 0,9 |
Taux de sécurité et de sûreté |
10,8 |
12,3 |
15,9 |
+ 5,1 |
Les produits des redevances restent la source principale d'alimentation du budget annexe. Mais, la part des recettes totales provenant de la taxe de sécurité et de sûreté s'accroît très vite gagnant plus de 5 points en deux ans, évolution qui, si l'on n'y prenait garde, devrait se poursuivre à l'avenir.
2. Les crédits d'exploitation4( * )
Evolution des "crédits d'exploitation"
(en millions de francs)
1996 |
1997 |
1998 |
Ecarts en % |
||
1998/1996 |
1998/1997 |
||||
Achats et services
|
797
|
758,3
|
754,2
|
- 5,4
|
- 0,5
|
Total |
5.838,7 |
5.912,8 |
6.214,5 |
+ 6,4 |
+ 5,1 |
La croissance des crédits d'exploitation marquerait une
accélération par rapport à l'évolution
constatée l'an dernier : elle s'établirait à
5,1 % en 1998 contre 1,27 % en 1997.
Pour plus de 64 % d'entre eux, les crédits d'exploitation
correspondent à des
charges de personnel
qui
s'élèvent à 47,1 % du total des crédits
figurant au BAAC. La croissance des dépenses de personnel serait
dynamique avec près de 6 % d'une année sur l'autre.
Le deuxième poste de dépenses par ordre d'importance avec
1.133,4 millions de francs est constitué des "
autres charges de
gestion courante
" qui, en retrait dans le budget pour 1997,
s'accroîtrait cette année de 6,3 %. L'essentiel des
crédits prévus ici est alloué à la
rémunération des prestations des organismes extérieurs qui
absorberaient 1.077,8 millions de francs, soit 95,1 % du total.
L'accroissement de ces charges serait de 2,3 %. Leur poids significatif
dans le BAAC traduit l'importance du recours à des organismes
extérieurs par la DGAC aux fins d'exercer ses missions et, en
particulier, celles de navigation aérienne.
En outre, on doit mettre en évidence la constitution d'une provision de
26 millions de francs représentative d'une subvention nouvelle qui
serait versée dans le cadre de la mission du service des bases
aériennes à des organismes tiers afin d'améliorer les
infrastructures ou la sûreté aéroportuaires.
En contraction significative l'an dernier, le poste
"achats et
services"
serait stabilisé au niveau de 1997 (754,2 millions de francs contre
758,3). Il en irait de même des crédits
de services
extérieurs
qui resterait à leur niveau (64,1 millions de
francs) de l'exercice précédent. L'effort d'économie
engagé sur les moyens de fonctionnement autres que les dépenses
de personnel serait ainsi moindre que l'an passé, les crédits
étant à peu près stables en francs courants.
Les
charges financières
qui s'étaient
considérablement accrues l'an dernier (+ 15,9 %)
poursuivraient leur progression sur un rythme certes plus modéré
(+ 6,1 %) mais restant soutenu. Il faut voir dans cette
évolution la combinaison d'une croissance du stock de dettes qui exerce
un effet de renchérissement des charges financières et d'une
diminution du coût de la dette consécutive à la
réduction des taux d'intérêt et à l'arrivée
à terme d'emprunts assortis de conditions financières
relativement onéreuses.
B. LES OPERATIONS EN CAPITAL
1. Les recettes de la section d'opérations en capital
Les recettes destinées à financer les
opérations en capital sont, principalement, issues d'un virement de la
section d'exploitation et du recours à l'emprunt.
Le virement de la section d'exploitation
correspond à
l'excédent des "recettes d'exploitation" par rapport aux "charges
d'exploitation". Il s'élèverait en 1998 à
1.193,2 millions de francs compte tenu d'une provision constituée
à hauteur de 17,3 millions déduite pour la première
fois cette année de la somme versée à la section des
opérations en capital. L'"excédent d'exploitation"
s'accroît de 12,8 % par rapport à 1997.
La croissance du montant du virement de la section d'exploitation du BAAC a
été très rapide ces dernières années.
"Excédent d'exploitation"
1996 |
1997 |
1998 |
Ecarts en %
|
910,8 |
1.057,4 |
1.193,2 |
+ 31 |
Entre 1996 et 1998, ce virement s'est accru de près
d'un tiers de la valeur atteinte lors de l'année de base.
Cette année encore, un dynamisme des "recettes d'exploitation"
excédant les besoins correspondant aux dépenses de fonctionnement
explique l'augmentation du virement. On revient plus loin dans ce rapport sur
ce phénomène et sur la signification qu'il convient de lui
attribuer.
Les produits attendus de l'emprunt
s'élèvent à
1.042,0 millions de francs, soit une croissance de 5,9 % d'une
année sur l'autre. Par rapport à 1996, la croissance de ces
produits s'établit à 14,4 %, ce qui signifie qu'une
modération, toute relative cependant, du rythme de croissance des
emprunts est recherchée cette année.
Structure du financement des opérations en capital
1996 |
1997 |
1998 |
Ecart en %
|
|
Autofinancement
|
50
|
50,7
|
53,3
|
+ 3,3
|
Total |
100 |
100 |
100 |
0 |
Le tableau qui précède atteste cette tendance.
2. Les dépenses en capital
Evolution des dépenses en capital
1996 |
1997 |
1998 |
Ecarts 1998/1996 |
Ecarts 1998/1997 |
|
Amortissement financier |
250 |
283,5 |
333,5 |
+ 33,4 |
+ 17,6 |
Investissements |
1.572,1 |
1.800,2 |
1.904,2 |
+ 21,1 |
+ 5,8 |
Total |
1.822,1 |
2.083,7 |
2.237,7 |
+ 22,8 |
+ 7,4 |
La croissance des dépenses en capital serait de
7,4 % par rapport à 1997, soit, malgré une diminution par
rapport au rythme observé l'an dernier, une progression plus soutenue
que celle enregistrée en moyenne par les crédits du BAAC.
Ce phénomène est dû à la forte tension
exercée sur le budget annexe par les opérations
d'amortissement financier
. Les crédits nécessaires pour
honorer l'endettement du budget annexe - 333,5 millions de
francs-s'accroissent de 17,6 % cette année et de 33,4 % par
rapport à 1996. Il s'agit du poste de dépenses le plus dynamique
de l'ensemble du BAAC.
Quant aux
investissements
, leur croissance qui avait été
particulièrement vive l'an dernier, avec 14,5 %, serait plus
modeste en 1998 (+ 5,8 %). Cependant, le niveau atteint par les
crédits d'investissement peut être jugé très
conséquent puisqu'il serait plus de trois fois supérieur à
celui qu'il atteignait en 1990.
Evolution des dépenses d'investissement
(en millions de francs)
1996 |
1997 |
1998 |
Ecarts en % 1998/1996 |
Ecarts en % 1998/1997 |
|
Direction générale |
37,5 |
44,4 |
37,5 |
0 |
- 15,5 |
Navigation aérienne |
1.385 |
1.305 |
1.370 |
- 1,1 |
+ 5 |
Contrôle technique |
3,62 |
3,2 |
2,7 |
- 25,4 |
- 15,6 |
Formation aéronautique |
33 |
20 |
11 |
- 66,6 |
- 45 |
Bases aériennes |
600,7 |
404,9 |
483 |
- 19,6 |
+ 19,3 |
dont subventions d'investissement |
28,2 |
3,2 |
3 |
- 89,4 |
- 6,2 |
Ce sont les opérations en capital conduites par le
service des bases aériennes qui s'accroîtraient le plus vite
(+ 19,3 %) après avoir beaucoup chuté entre 1996 et
1997 (- 32,7 %). Ces investissements se décomposeraient ainsi
que suit :
Infrastructures : 163 millions de francs
Siège : 130 millions de francs
Sûreté : 190 millions de francs
Total : 483 millions de francs.
Mais le plus gros des investissements concerne la navigation aérienne
dont les moyens à ce titre s'accroîtraient de 5 % et
retrouveraient presque le niveau atteint en 1996.
III. LES OBSERVATIONS : UN BUDGET ANNEXE EN CRISE
A. LE BAAC CONNAÎT UNE PROGRESSION EXCESSIVE DE SES DÉPENSES
1. La poursuite de l'accroissement des charges de personnel
Le BAAC est majoritairement, pour 53,4 % de ses moyens, un budget de rémunérations. Les charges de personnel s'accroîtraient de près de 6 % par rapport à 1997.
Evolution des charges de personnel depuis 1995
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Evolution 1998/1995 |
3.311,6 |
3.632,5 |
3.766 |
3.990,6 |
+ 20,5 % |
Les charges de personnel sont donc supérieures
d'1/5ème au niveau atteint en 1995, première année
d'application du protocole triennal du 3 novembre 1994.
L'évolution du nombre des emplois doit être rappelée :
ceux-ci sont passés de 9.917 en 1995 à 10.371 en 1998 soit une
croissance de 4,6 % et 454 emplois supplémentaires.
En s'en tenant aux seuls chapitres de rémunération directe,
c'est-à-dire hors cotisations et prestations sociales, les
évolutions significatives suivantes se dégagent :
1995 |
1997 |
1998 |
Ecart
1
|
Ecart
1
|
|
Rémunérations des titulaires et contractuels |
1.463,9 |
1.644,4 |
1.752,5 |
19,7 |
6,6 |
Rémunérations des personnels ouvriers |
170,7 |
186,3 |
191,9 |
12,4 |
3 |
Vacataires et divers |
12,7 |
19,2 |
18,9 |
48,8 |
- 1,6 |
Primes et indemnités |
886,3 |
1.074,8 |
1.164,6 |
31,4 |
8,3 |
Total |
2.533,6 |
2.924,7 |
3.127,9 |
23,4 |
6,9 |
(1) En pourcentage
Les éléments de la masse salariale ont donc crû davantage
que l'ensemble des charges de personnel, de 23,4 % entre 1995 et 1998
contre 20,5 % pour ces dernières.
Rapportée au nombre d'agents, la masse salariale hors cotisations
sociales donnait un coût par agent de 255.000 francs en 1995, de
284.920 francs en 1997 et de 301.000 francs en 1998 soit un niveau de
rémunération individuelle supérieur de 18 % au
montant atteint en 1995.
L'essentiel -près de 77 %- de la progression de la masse
salariale de la DGAC vient donc de la revalorisation des
rémunérations individuelles, le reste provenant de
l'accroissement des effectifs.
Ce n'est donc pas la nécessité
de mettre en place des capacités nouvelles de traitement du trafic qui
explique à titre principal le glissement de la masse salariale.
Ces évolutions sont évidemment peu raisonnables au regard des
contraintes financières du moment qui s'imposent tant à la
fonction publique qu'aux salariés des entreprises du transport
aérien
.
Elles sont d'autant moins satisfaisantes que se sont déroulées
récemment des négociations sous tension -comme l'a
démontré le dépôt de plusieurs préavis de
grève- visant à conclure un nouveau protocole catégoriel.
Ces négociations ont abouti à la signature d'un nouveau protocole
triennal le 3 novembre dernier. Ce protocole qui n'a pas encore fait
l'objet d'un chiffrage définitif devrait se traduire par une
augmentation des charges du budget annexe. Interrogé sur ce sujet, M. le
ministre de l'équipement a estimé à 50 millions de
francs le coût de ce protocole pour l'année prochaine.
Cette estimation, provisoire, mérite d'être confirmée et
complétée par une évaluation détaillée de
l'impact financier des différentes mesures du protocole et du coût
de cet accord pendant les années où ses dispositions exerceront
une influence sur les charges du budget annexe.
Le protocole récemment conclu comporte en effet de nombreuses mesures
susceptibles d'accroître ces charges, qu'il s'agisse de créations
d'emplois à la DGAC -voir tableau ci-dessous- ou de mesures
indemnitaires pour les personnels en activité ou les personnels en
retraite.
Recrutements DGAC associés au protocole du
3 novembre 1997
Corps |
1998 |
1999 |
2000 |
Total |
ICNA |
80 |
80 |
110 |
270 |
TEEAC |
70 |
70 |
70 |
210 |
IESSA |
30 |
30 |
30 |
90 |
IAC |
4 |
4 |
4 |
12 |
IEEAC |
12 |
12 |
12 |
36 |
ADM.C |
1 |
1 |
1 |
3 |
ATT. |
5 |
5 |
6 |
16 |
ASSIS. |
8 |
9 |
9 |
26 |
ADJ. |
15 |
15 |
15 |
45 |
OUVRIERS |
18 |
21 |
27 |
66 |
INFIRMIERS |
- |
1 |
- |
1 |
ASSIS. SOC. |
- |
1 |
- |
1 |
Total |
243 |
249 |
284 |
776 |
Il faut rappeler à ce propos que le coût du
précédent protocole avait été estimé
à 1,2 milliard de francs pour la période 1995-1998 et
que l'évaluation du surcoût supporté en 1998 du fait du
protocole du 3 novembre 1994 par rapport au niveau de charges atteint en
1995 avait été alors de 406 millions de francs.
Une estimation précise doit donc être fournie par le gouvernement
afin de permettre au Parlement d'évaluer un élément
important de détermination des charges publiques.
Il est d'ailleurs d'ores et déjà douteux que le projet de
budget annexe de l'aviation civile pour 1998 soit cohérent avec
l'évolution des charges qu'il devra supporter l'an prochain du fait du
nouveau protocole.
Sans doute, M. le ministre de l'équipement ayant estimé
à 50 millions de francs le coût de cet accord pour 1998 et
une "provision" de 78,9 millions de francs ayant été
inscrite aux chapitres indemnitaires du budget, un reliquat de l'ordre de
30 millions de francs serait-il, en théorie, disponible pour
financer l'augmentation des charges de personnel "hors protocole".
Néanmoins, la réalité de ce "reliquat" dépend de
l'exactitude de l'estimation du surcroît de charges résultant du
nouveau protocole qui n'apparaît pas entière garantie,
l'administration n'ayant semble-t-il pas procédé à un
calcul complet de ces charges. Cette lacune est d'ailleurs étonnante et
assez révélatrice du contexte du dialogue social à la
DGAC. On rappelle que l'effet du précédent protocole sur les
charges budgétaires lors de sa première année
d'application (1995) avait été évalué à
171 millions de francs, soit plus de trois fois l'estimation produite
cette année.
A supposer même que la réalité du reliquat
évoqué plus haut puisse être établie, il n'est pas
sûr qu'il suffise à couvrir les charges de personnel du BAAC en
1998.
Les "protocoles-DGAC" sont en effet des protocoles
"catégoriels" qui
s'inscrivent dans le cadre des règles générales de
fonctionnement de la fonction publique de l'Etat et du statut
général des fonctionnaires selon la terminologie
consacrée.
Il faut entendre par là qu'ils s'y ajoutent
.
Or, le budget annexe de l'aviation civile devra supporter en 1998 l'effet en
année pleine des revalorisations indemnitaires applicables à la
fonction publique au titre des mesures générales prises en sa
faveur (+ 1 % en 1997). En outre, il faut anticiper d'éventuelles
nouvelles mesures générales susceptibles d'intervenir en 1998.
Dans ces conditions, il est à craindre que l'évolution des
charges de personnel du budget annexe soit supérieure aux crédits
budgétés pour 1998.
Plus haut, on a souligné que l'accroissement de la
rémunération individuelle des agents de la DGAC avait
expliqué la hausse importante des charges salariales, prenant dans ce
phénomène une part beaucoup plus substantielle que celle prise
par l'augmentation des capacités, en bref du nombre des emplois.
Cela avait d'ailleurs conduit la Cour des Comptes à observer dans son
rapport de 1994 sur l'exécution du budget que :
"
L'augmentation de la masse salariale globale a été
considérable : exprimée en francs 1993 et rapportée
à une structure constante -comme si, en 1985, le BAAC existait
déjà-, elle est passée de 2,4 milliards de francs en
1985 à près de 3 milliards en 1993, alors que les effectifs
totaux payés sur ce budget évoluaient très faiblement
(9.426 agents en 1985 et 9.575 agents en 1993). De ce fait, le
coût moyen par agent, en francs 1993, est passé de
263.208 francs en 1985 à 308.721 francs en 1993.
A ces augmentations n'a pas correspondu une évolution réelle du
travail fourni."
Les clauses de l'accord conclu au début du mois de novembre laissent
craindre la poursuite de ce phénomène. Les recrutements
prévus sont en effet motivés pour l'essentiel par des mesures de
réduction du temps de travail et d'abaissement de l'âge de la
retraite.
Il n'est d'ailleurs pas exclu que les réserves de productivité
accumulées du fait des conditions de travail offertes au personnel de la
navigation aérienne pourraient permettre sans accroissement net des
emplois de faire face au trafic.
Il est essentiel que le nouveau
système d'évaluation que se propose de mettre en place la DGAC
permette une évaluation sur ce point et que celle-ci soit
diffusée
.
2. Un niveau élevé des dépenses d'investissement
Ces dépenses atteindraient 1.904,2 millions de francs, soit une hausse de 5,8 % par rapport à 1997.
a) Les investissements de navigation aérienne
Les investissements de navigation aérienne
nécessiteraient des autorisations de programme à hauteur de
1.300 millions de francs et donc stabilisées à leur niveau
de 1997 mais un montant de 1.370 millions de francs de crédits de
paiement qui s'accroîtraient ainsi de 5 %.
Une part importante des investissements de navigation aérienne consiste
à achever le programme "Operator Input and Display System" -ODS-
nouvelle dénomination du programme PHIDIAS. Initié au
début de la décennie, ce programme représente un
coût de 1,025 milliard de francs dont plus de la moitié
-530 millions de francs- pour des achats de matériels.
Les investissements réalisés dans le domaine de la navigation
aérienne sont à l'origine d'interrogations persistantes.
On
peut rappeler ici les principales observations que faisait à leur sujet
notre collègue Ernest Cartigny dans son rapport sur la navigation
aérienne :
Le projet CAUTRA-5
est un projet à très long terme, 2015,
et est l'homologue français du programme EATCHIP d'Eurocontrol.
La définition du stade ultime du schéma est encore, comme pour
l'EATMS d'Eurocontrol, un sujet de recherche.
On comprend mal ce qui justifie la redondance des efforts consentis pour
construire le schéma de navigation aérienne du futur.
Il est impératif de rechercher une meilleure cohérence des
dépenses d'investissement entre les programmes nationaux et les
programmes européens.
Le programme Phidias
a, quant à lui, été lancé
sans étude préalable permettant d'en évaluer les
coûts et avantages. D'une étude menée "a posteriori" on ne
peut au demeurant guère tirer de conclusions établissant
l'intérêt de Phidias. Il faut d'ailleurs observe que :
la mise en oeuvre de Phidias va susciter d'importants besoins de
qualification puisqu'un transfert de qualification sur Phidias sera
nécessaire, ce qui ne manquera pas de poser des problèmes de
personnel ;
les personnels montraient, semble-t-il, quelques réticences
à accepter une technologie qui, pourtant, améliore sensiblement
leurs conditions de travail ;
enfin, Phidias a été engagé sans
considération pour les règles d'harmonisation européenne,
ce qui pourrait avoir pour conséquence une obsolescence
prématurée des investissements et n'est pas de nature à
favoriser l'exploitation d'éventuelles retombées industrielles
hors de nos frontières.
L'argumentaire développé par la DGAC pour justifier ces
investissements dont la variable essentielle, les gains de productivité
qu'ils permettraient, suppose l'acceptation du personnel et dont l'impact
économique dépend des conditions de leur affectation, pourrait
apparaître désuet en cas de renforcement des missions
d'Eurocontrol.
b) Les investissements du service des bases aériennes
Estimés à 406,6 millions de francs en 1997, les investissements du service des bases aériennes passeraient à 483 millions de francs en 1998, soit une progression de 18,8 % et de 76,4 millions de francs en niveau.
Evolution des investissements des bases aériennes
1996 |
1997 |
1998 |
Ecarts en % |
||
1998/1996 |
1998/1997 |
||||
Infrastructures
Total |
123
|
140,6
|
163
|
32,5
|
15,9
|
La progression des investissements provient des
évolutions suivantes : un accroissement des dépenses
d'infrastructure de 22,4 millions de francs, des dépenses de
sûreté de 24 millions de francs et des dépenses
liées au siège de la DGAC de 30 millions de francs.
Alors que le coût des équipements de sûreté
jugés nécessaires est considérable du fait des besoins du
contrôle des bagages de soute et alors même que le produit de la
taxe de sécurité et de sûreté s'accroîtrait de
334,8 millions de francs, les moyens consacrés aux investissements
de sûreté ne s'accroissent que fort peu et paraissent insuffisants.
Les évolutions dernièrement intervenues dans le domaine de la
sûreté aéroportuaire sont extrêmement
préoccupantes.
Le désengagement de la DICCILEC au profit du recours à des
personnels privés sans qualification avérée pose un
problème de principe qui a été trop rapidement
résolu par la loi du 26 février 1996.
L'absence d'un programme cohérent de mise à niveau des
équipements et agencements de sûreté est l'autre grave
problème pendant avec les inconnues qui entourent le financement d'un
tel programme.
Un phénomène est en train de se développer au terme duquel
les niveaux de sûreté dans les différents plates-formes
aéroportuaires seraient très disparates. La responsabilité
des équipements de sûreté tend en effet à être
déléguée aux exploitants d'aéroports qui sont
incités à trouver les financements nécessaires
auprès des transporteurs aériens via l'instauration de redevances.
Une certaine confusion est à redouter du point de vue
opérationnel, mais aussi du point de vue financier.
Il est grand temps que des clarifications interviennent et c'est pourquoi
votre rapporteur spécial propose depuis trois ans la création
d'un compte d'affectation spéciale dédié à
l'amélioration de la sûreté aéroportuaire.
B. LA COMPLEXITÉ DU SYSTÈME DES REDEVANCES
Ayant succédé au BANA, le BAAC reste
majoritairement s'il ne l'est plus exclusivement -loin de là- le budget
de la navigation aérienne dont la nature des prestations avait
justifié le recours à la formule du budget annexe.
Les prestations en cause sont en effet financées au moyen de recettes
tirées de la tarification d'un prix aux usagers.
Cette tarification a, de fait, pris la nature de redevances au sujet
desquelles le Conseil d'Etat a, à plusieurs reprises, rappelé que
leur montant devait être proportionnel au service rendu. Sur la base de
ce principe, le Conseil d'Etat avait annulé, le 10 février
1995, l'arrêté du 21 décembre 1992 fixant les
conditions d'établissement et de perception de la redevance pour
services terminaux de la circulation aérienne aux motifs que :
les auteurs de l'arrêté n'avaient pas établi la
liste des aérodromes où les services de circulation
aérienne donnaient lieu à rémunération ;
l'imputation forfaitaire d'une partie des coûts exposés par la
DGAC pour calculer les coûts générés par le
contrôle d'approche n'offrait pas de garantie quant à l'exactitude
des charges résultant de cette activité.
En bref, se posait à l'évidence le problème d'un
calcul des coûts réels de la navigation aérienne
. Pour
contribuer à le résoudre, la Commission des finances du
Sénat, à l'instigation de votre rapporteur, avait souhaité
contraindre la DGAC à mieux formaliser les coûts de ses
différentes missions. La Haute Assemblée ayant souscrit à
ses intentions, l'article 99 de la loi de finances pour 1996 imposa à la
DGAC l'élaboration d'un état récapitulatif
présentant la répartition des coûts et des dépenses
budgétaires en distinguant ceux afférents aux prestations de
services rendus aux usagers par la direction générale et ceux
résultant des missions d'intérêt général
public assumées par elle.
Ce rapport, déposé, avec un retard certes regrettable, mais
minime, devait contribuer à hâter la construction d'une
comptabilité analytique par les services, à améliorer
l'information du Parlement et à constituer un élément fort
du dialogue entre la DGAC et les usagers. Même si, à l'analyse, il
ne satisfait pas pleinement l'ensemble de ces objectifs, il y contribue
beaucoup et il faut s'en satisfaire. D'ores et déjà, on peut
renouveler le souhait déjà exprimé l'an dernier que ce
rapport soit largement diffusé auprès des partenaires de la DGAC
afin qu'il joue pleinement son rôle dans le dialogue nécessaire
que doivent entretenir les acteurs du transport aérien.
Un enseignement fort résulte à l'évidence de ce
rapport, celui de la complexité du système de tarification de la
mission de navigation aérienne.
a) Les problèmes posés par l'identification des coûts de la navigation aérienne
Cette complexité provient d'abord de ce que
l'identification
des coûts de cette mission n'est pas simple. Elle
suppose en premier lieu de disposer d'une comptabilité analytique fiable
permettant d'isoler les coûts effectifs attachés à
cette mission. Les difficultés les plus sensibles rencontrées
dans cet exercice concernent l'identification des dépenses
d'administration générale résultant de l'exercice de la
mission de contrôle aérien dont 57,1 % des charges sont
considérés comme relevant de cette mission sans qu'on soit
toujours sûr que cette évaluation soit étayée sur
des bases entièrement solides. Seul un contrôle minutieux
permettrait d'accréditer ou de contester ce chiffre.
Mais d'autres conditions s'imposent pour que l'identification des
coûts de la navigation aérienne puisse être jugée
convenable. Il faut, en particulier, que le calcul des charges à
incorporer dans ces coûts soit pertinent.
Deux questions sont à évoquer :
- celle des investissements ;
- celle du calcul des intérêts.
S'agissant des investissements
, on ne peut en effet retenir l'ensemble
des charges budgétaires exposées dans l'intérêt du
contrôle aérien pour établir le montant des coûts du
contrôle. En effet, les recommandations de l'Organisation de
l'administration civile internationale -OACI- qui paraissent, sur ce point,
conformes à notre droit public précisent que la valeur d'origine
des immobilisations doit être amortie sur l'estimation de leur
durée de vie utile et que
les coûts d'amortissement ne doivent
commencer à courir qu'une fois l'installation mise en service
. Il
convient donc de vérifier que cette condition est toujours remplie avec
sincérité.
C'est assez peu douteux s'agissant des investissements directement
financés par le BAAC. Ce l'est davantage s'agissant des investissements
effectués par Eurocontrol dans la mesure où la DGAC a pris le
parti d'incorporer aux coûts de la navigation aérienne la
totalité de sa contribution annuelle à Eurocontrol. Il faudrait
alors s'assurer que les appels à contribution de cette organisation
tiennent elles-mêmes compte des recommandations de l'OACI.
S'agissant du calcul des intérêts
, on rappelle que l'OACI
considère que les intérêts doivent être
calculés sur la base de la
valeur nette des immobilisations en
service au cours de l'exercice.
Cette règle est contestable en ce que l'application du taux
d'intérêt ne tient pas compte du niveau d'autofinancement des
immobilisations, étant uniforme quelque soit le mode de financement -sur
emprunt ou sur ressources propres- de l'investissement.
Or, en cas d'autofinancement sur ressources tirées des redevances, le
choix d'appliquer cette règle revient à faire supporter deux fois
le coût financier d'opportunité des investissements aux redevables
des redevances.
Enfin, surgit l'écueil du calcul des coûts
dénommés dans le
rapport "
éléments
supplétifs d'assiette
" et dont l'essentiel consiste dans les
coûts des prestations d'organismes extérieurs à la DGAC aux
premiers rangs desquels, le ministère de l'équipement et celui de
la défense. Leur prise en compte intégrale, alors même que
la DGAC ne supporte pas de dépenses à due proportion au profit de
ces deux ministères, est conforme au principe qui veut que l'ensemble
des coûts d'un service soit pris en compte pour en asseoir le tarif. On
doit cependant observer que, de ce fait, le budget annexe perçoit des
ressources qui excèdent les coûts propres exposés par la
DGAC et qu'ainsi, tout se passe comme si le ministère des transports
bénéficiait, du fait de ce mécanisme, d'une subvention de
la part des ministères de l'équipement et de la défense.
b) Les problèmes posés par l'imputation des coûts de navigation aérienne
Au-delà des problèmes posés par
l'identification des coûts de la mission de navigation aérienne,
se pose celui de l'imputation de ces coûts aux redevables des
redevances.
A ce propos, plusieurs difficultés doivent être relevées.
La première concerne le "
mécanisme correcteur"
.
Les
taux des redevances de navigation aérienne sont établis sur la
base de prévision de la façon suivante. Une fois
déterminées les assiettes des redevances, leur tarif
découle de prévisions portant sur le niveau des unités de
service taxables. Si une erreur survient sur l'un ou l'autre nombre de ce
rapport, il se peut que les produits appelés soient inférieurs ou
supérieurs aux coûts effectivement engagés pour satisfaire
la mission de contrôle aérien. Le déficit ou
l'excédent de produit est alors ajouté ou déduit de
l'assiette des redevances, avec un décalage de 2 ans. Par exemple,
en 1996, un surcroît de produits de 131 millions de francs
constaté en 1994 a dû être déduit des coûts de
la mission de navigation aérienne.
Sans doute conviendrait-il d'améliorer ce mécanisme en
affectant aux sommes qu'il concerne un taux d'intérêt
représentatif du coût d'opportunité que l'immobilisation de
ces montants suppose.
Une deuxième difficulté déjà relevée l'an
dernier concerne le sort des
créances impayées
. En les
intégrant dans la base de calcul des coûts de la navigation
aérienne, l'administration choisit de prélever auprès des
"
bons
payeurs
" des sommes représentatives, par
définition, de coûts qui ne leur sont pas imputables. Autrement
dit, une partie, certes minime, du tarif des redevances apparaît, non pas
comme la contrepartie d'un service rendu aux redevables, mais bien comme la
conséquence d'un mécanisme de solidarité collective entre
les usagers. Cette option, qui n'apparaît pas conforme aux principes de
calcul des redevances rappelées par le juge administratif, pourrait
constituer, pour l'administration, un élément désincitatif
à un recouvrement diligent de créances auprès des mauvais
payeurs.
Elle devrait être abandonnée.
Avec les difficultés posées par les
exemptions et
exonérations
,
on aborde une troisième
difficulté
, de taille puisque les montants concernés ont
atteint 675 millions de francs en 1996, qui voit la DGAC renoncer à
percevoir les redevances auprès de certains usagers pour des prestations
de contrôle aérien rendues par elle à ces usagers.
Les exemptions concernent la RSTCA qui n'est perçue que lorsque le
trafic d'un aéroport dépasse le seuil de 5.000 unités de
service par an en moyenne sur les trois dernières années.
Les exonérations s'appliquent à certains types de vol et, en
particulier, aux vols militaires.
Les exonérations de fait concernent l'outremer où les redevances
effectivement perçus ne couvrent que moins de 20 % des coûts
effectifs de la navigation aérienne.
S'il apparaît justifié de réduire les coûts
associés à ces prestations pour calculer les coûts
facturables par voie de redevances, il ne faut pas en déduire que ces
coûts n'existent plus "ipso facto". En réalité, ils
subsistent et doivent être couverts par d'autres ressources.
Trois conséquences nocives essentielles résultent de la
complexité du système des redevances :
elle pose d'abord un problème de compréhension aux redevables
qui nuit à l'acceptation des redevances ;
elle suppose des arbitrages parfois contestables qui entretiennent le doute et
la suspicion ;
elle s'accompagne de transferts peu transparents entre administrations.
Mais, surtout, elle pose un redoutable problème de financement au
budget annexe.
C. L'ÉCUEIL DU FINANCEMENT DE LA NAVIGATION AERIENNE
Le tableau, ci-dessous, tiré du rapport
déposé au mois d'octobre 1997 en application de l'article 99 de
la loi de finances pour 1996 est, à soi seul, éloquent.
Coûts |
Crédits budgétaires en 1998 |
Charges incorporables |
4.944 |
Coûts calculés |
1.517 |
Coûts supplétifs |
294 |
Assiette totale |
6.755 |
Recettes accessoires |
- 11 |
Mécanisme correcteur (1) |
- 93 |
Exemption et exonération |
- 707 |
Assiette réduite (facturée) |
5.944 |
(1) En 1998, à l'instar du mécanisme
correcteur existant pour la redevance de route, est introduit pour la
première fois un mécanisme correcteur sur la RSTCA
métropole dont le montant est déterminé au vu de la
situation réelle constatée en 1996 : - Mécanisme
correcteur route : - 73,5 MF ; - Mécanisme correcteur RSTCA : -
19,6 MF
On en tirera la leçon que si les coûts de la navigation
aérienne sont estimés à 6.755 millions de francs,
l'assiette servant au calcul des coûts facturés aux
bénéficiaires de ses prestations ne s'élève
qu'à 5.944 millions de francs, soit 811 millions de francs de
moins que les coûts effectivement engagés.
Il est d'ailleurs remarquable que subsiste un écart entre les
coûts facturés aux usagers tels que la comptabilité
analytique permet de les établir et le produit attendu des redevances en
1998. Cet écart s'élève à 64 millions de
francs et semble provenir d'un décalage temporel entre facturation et
enregistrement des recettes au tournant des années budgétaires
dans lesquelles s'inscrit l'exercice retracé en loi de finances.
En tout état de cause, si tous les bénéficiaires de
redevances devaient contribuer également aux coûts de la
navigation aérienne, le BAAC enregistrerait en 1998 un supplément
de recettes de 707 millions de francs ce qui permettrait soit une
modification, à la hausse, du taux d'autofinancement des
investissements, soit d'alléger les autres prélèvements
affectés au budget annexe.
Le produit des redevances avec 5.880 millions de francs attendus ne permet
pas de financer les dépenses budgétées au titre de la
navigation aérienne.
Les recettes dites d'exploitation de navigation aérienne sont la
contrepartie des coûts d'exploitation -fonctionnement plus
investissement- facturables aux usagers. Elles s'élèvent à
5.880 millions de francs et doivent être appréciées
compte tenu de la nécessité de financer un niveau de
crédits budgétaires consacrés à la navigation
aérienne de 6.773,1 millions de francs.
La discordance entre les deux chiffres ne doit pas étonner. Elle
provient du système de tarification décrit plus haut. Ce
système de tarification est lui-même imposé par le recours
au financement de la mission de navigation aérienne par redevances.
Cette discordance, doit-on observer, est une fonction directe du niveau
d'investissement de navigation aérienne une année donnée.
Plus celui-ci est élevé, plus l'écart se creuse entre les
ressources disponibles et les crédits à financer.
Comme les recettes propres sont insuffisantes pour financer les
investissements, le recours à d'autres sources de financement
s'impose.
On suppose que les recettes tirées de la taxe de
sécurité et de sûreté seront affectées
à d'autres missions que celle de navigation aérienne, ce qui
serait normal compte tenu du principe de financement de cette mission
résultant de la logique même du budget annexe. Les emprunts
nécessaires à la couverture des investissements de navigation
aérienne absorbent près de 86 % de la capacité
d'emprunt du budget annexe telle qu'elle ressort des choix opérés
pour calibrer le recours à l'endettement extérieur.
Ce phénomène d'insuffisance d'autofinancement des
crédits de la navigation aérienne contraint à retenir un
niveau d'autofinancement des opérations en capital résultant des
missions régaliennes
sensiblement élevé puisque de
l'ordre de 75 %
-contre seulement environ 45 % pour les
investissements de navigation aérienne.
Compte tenu de l'évolution qui affecte la subvention versée par
le budget général et les autres recettes,
il est alors
nécessaire d'accroître considérablement le taux de la taxe
de sécurité et de sûreté qui devient la ressource
essentielle du budget annexe sans laquelle son équilibre financier
serait menacé.
D. UNE AFFECTATION EN QUESTION
La formule du budget annexe constitue une exception
à la règle de non-affectation des recettes posée à
l'article 18 de l'ordonnance n° 59-2 portant loi organique relative
aux lois de finances.
Ce même article dispose en effet que certaines
recettes pouvant être directement affectées à certaines
dépenses, ces affectations spéciales "prennent la forme de
budgets annexes, de comptes spéciaux du Trésor ou de
procédures comptables particulières au sein du budget
général ou d'un budget annexe."
La formule du budget annexe permet donc
deux formes d'affectation
distinctes
:
l'affectation directe de certaines recettes à certaines
dépenses ;
l'affectation par procédure particulière.
Cette deuxième catégorie d'affectation est
décidée par voie réglementaire dans les conditions
prévues à l'article 19 de l'ordonnance.
Ce dernier article
précise que
les procédures particulières d'affectation
sont la procédure de fonds de concours et la procédure de
rétablissement de crédits.
Des définitions précises de ces procédures sont
données à l'article 19. Elles encadrent et limitent les
procédures particulières d'affectation et, par conséquent,
l'entorse qu'elles apportent au principe général de
non-affectation des recettes. Il va de soi que la taxe de
sécurité et de sûreté n'entre pas dans ce cadre
réservé, on le sait, aux ressources non fiscales.
Il reste à définir précisément quel est le
champ de l'affectation directe de recettes à certaines dépenses
qu'ouvre la formule du budget annexe.
Cette tâche n'est pas
aisée compte tenu du laconisme de l'ordonnance sur ce sujet. Son article
21 précise cependant que "
les budgets annexes comprennent, d'une
part, les recettes et les dépenses d'exploitation, d'autre part, les
dépenses d'investissement et les ressources spéciales
affectées à ces dépenses".
A la lecture de cet article, deux types de ressources semblent pouvoir
être affectées au BAAC : des ressources d'exploitation et des
ressources spéciales. Mais aucune définition explicite de ces
ressources n'est donnée par le texte. Il faut donc tenter une
exploration de la logique particulière du budget annexe pour comprendre
ce que peuvent être ces ressources.
L'article 20 dispose que "
les opérations financières de
services de l'Etat que la loi n'a pas dotés de la personnalité
morale et dont l'activité tend essentiellement à produire des
biens ou rendre des services
donnant lieu au paiement de prix, peuvent
faire l'objet de budgets annexes
."
L'article 20 invite donc à considérer que les recettes
d'exploitation sont les recettes perçues en contrepartie de la
tarification d'un prix censé rémunérer l'exploitation du
service rendu aux bénéficiaires des prestations de la DGAC.
Cette interprétation est confortée par l'accolement des termes
"d'exploitation" au mot "recettes" alors que, pour le budget
général, le mot "recettes" n'est accompagné d'aucun
élément de précision. De plus, le texte concernant les
budgets annexes vise les "dépenses d'exploitation" là où,
pour le budget général, sont visées les dépenses
ordinaires.
Le lexique des budgets annexes diffère donc de celui du budget
général et c'est logique dans la mesure où les budgets
annexes retracent les opérations financières de services qui, par
leur nature, offrent des prestations "donnant lieu au paiement d'un
prix", ce
que ne fait pas le budget général.
Les recettes d'exploitation seraient donc principalement des redevances de
navigation aérienne, d'autres ressources
tirées de
l'exploitation
entreprise par la DGAC pouvant y être ajoutées
comme des recettes issues des autres prestations de service.
Dans cette acception, le concept de recettes d'exploitation diffère
profondément de celui de recettes de fonctionnement.
Cette lecture du texte de l'article 21 de l'ordonnance n'est pas la seule
mais elle paraît plus heureuse que celle qui considérerait comme
d'étroits synonymes les termes "recettes d'exploitation" et
"recettes de
fonctionnement". En effet, si cette dernière interprétation
devait être privilégiée, les recettes d'exploitation ne
pourraient couvrir aucune des charges d'investissement du budget annexe qui
devraient toutes être financées à partir des "ressources
spéciales" visées par l'article 21 de l'ordonnance. Dans
cette hypothèse, les deux sections du budget annexe, la section
d'exploitation et celle des opérations en capital, devraient être,
chacune, équilibrées par des recettes propres sans
possibilité de transfert d'une section à l'autre.
Quoiqu'il en soit, la taxe de sécurité et de sûreté
constitue, à l'évidence, un élément de
fiscalité et non une redevance pour services rendus. Elle ne peut
être considérée comme une recette d'exploitation. Au
demeurant, si elle devait être assimilée à une redevance,
l'ensemble de son régime juridique devrait être modifié
tandis que, sur le fond, son tarif devrait être invalidé par les
juges alors compétents puisque entièrement dépourvu du
nécessaire élément de proportionnalité avec le
soi-disant service rendu dont elle deviendrait la contrepartie.
En tout cas,
le produit de la taxe ne pouvant être considéré comme une
recette d'exploitation ne saurait couvrir les dépenses d'exploitation du
BAAC, c'est-à-dire les dépenses liées à la mission
de navigation aérienne.
La question se pose donc de savoir si tel est bien le cas.
Le problème majeur posé par cette question est parallèle
à celui examiné pour les recettes : il consiste à savoir
ce que sont les dépenses d'exploitation du budget annexe.
L'article 21 de l'ordonnance distingue clairement les dépenses
d'exploitation des dépenses d'investissement pour indiquer quelles
dépenses peuvent figurer à un budget annexe
5(
*
)
.
Malheureusement, l'ordonnance organique n'en donne
pas de définition.
Elle tend même à brouiller l'intelligence du problème
puisque la distinction qu'elle opère entre les dépenses
d'exploitation et les dépenses d'investissement donne à penser
que les charges d'investissement seraient à exclure du champ des
dépenses d'exploitation des prestations de navigation aérienne.
Dans cette hypothèse, les dépenses d'investissement devraient
n'être financées que par les ressources spéciales
qu'évoque l'ordonnance.
On sait bien qu'il n'en est rien et que si les crédits
budgétaires d'investissement doivent être distingués des
dépenses d'exploitation, celles-ci sont néanmoins tributaires
pour partie des dépenses d'investissement.
En bref, les dépenses d'exploitation doivent être
distinguées des dépenses de fonctionnement : il faut y ajouter
les charges des opérations en capital qui concourent à rendre
possible l'exploitation du service rendu aux usagers.
Une autre interprétation serait ruineuse pour le budget annexe. On sait
que,
dans la pratique, la part des recettes dites d'exploitation qui
excède les besoins de fonctionnement courant du BAAC, est virée
en recette de la section d'investissement. Si une conception des recettes
d'exploitation tendant à les assimiler aux recettes de fonctionnement
courant devait prévaloir les principes d'affectation posés par
l'article 21 de l'ordonnance devraient interdire cette pratique
qui
reviendrait à affecter à des dépenses d'investissement
d'autres ressources que les ressources spéciales mentionnées par
l'ordonnance.
L'interprétation qu'on propose de retenir conduit à ceci que,
les dépenses d'exploitation seraient constituées de l'ensemble
des coûts d'exploitation du service de la navigation aérienne et
les recettes d'exploitation, des redevances et autres recettes directement
tirées de l'exploitation du service.
Evidemment, cette interprétation laisse entière
une
difficulté considérable sur le plan des principes.
On ne peut en effet considérer que les autres opérations
financières actuellement retracées par le budget annexe
correspondent à une quelconque exploitation.
Ce problème lassant avait été perçu lorsque le
BANA avait été transformé en BAAC.
Dans l'avis du Conseil d'Etat du 17 juillet 1990, la Haute
Assemblée avait considéré que :
"
Si, en revanche, les missions de la Direction Générale, en
ce qui concerne la sûreté des passagers dans les aéroports,
ne peuvent être regardés comme tendant à rendre des
services donnant lieu au paiement d'un prix, dès lors qu'en ce domaine
le législateur a créé la taxe définie à
l'article 302 Bis K du Code Général des Impôts, ces
activités ne représentent, du point de vue tant des moyens en
personnel que des charges financières,
qu'une part très faible
de l'ensemble de l'activité
de la direction générale
de l'aviation civile qui serait reprise dans le budget annexe ;
il s'ensuit
que, même en tenant compte de cette part des missions de la direction
générale les conditions définies à
l'article 20 resteraient remplies
; par suite, il est loisible au
législateur de créer un budget annexe pour les opérations
financières de la direction générale de l'aviation civile
correspondant à l'ensemble des missions ci-dessus rappelées et de
décider que les recettes correspondant au produit de la taxe de
sûreté sur les aéroports seront affectées à
ce budget".
Dès l'origine, l'avis du Conseil d'Etat pouvait ne pas emporter
complètement la conviction.
La Haute Assemblée se réfère en effet à
l'article 20 de l'ordonnance et néglige l'article 21.
Or,
si son interprétation de l'article 20 peut satisfaire, même
si le choix de conférer à l'adverbe "essentiellement" le sens de
l'adverbe "principalement" plutôt que celui, plus philosophique de
"naturellement" peut être contesté,
le défaut de
référence à l'article 21 pose
problème
. Le Conseil s'il précise la nature du
prélèvement affecté -une taxe- s'abstient de dire dans
quelle catégorie de recettes entre la taxe de sécurité et
de sûreté, -recette d'exploitation ou ressource spéciale
affectée aux dépenses d'investissement-, et n'évoque pas
les questions posées par des dispositions qui définissent le
contenu des dépenses qui figurent dans un budget annexe, les
dépenses d'exploitation
et les
dépenses
d'investissement, non plus d'ailleurs que les règles d'affectation des
ressources à chacune de ces dépenses.
Comme aucune des dépenses régaliennes assumées par le
budget annexe ne peut être assimilée soit à une
dépense d'exploitation, soit à une dépense
d'investissement nécessaire à l'exploitation d'un service, ces
dépenses ne peuvent doncêtre retracées par le budget annexe
que moyennant "l'oubli" des dispositions de l'article 21 de
l'ordonnance.
Il y a sans doute, du fait de l'interprétation très large du
champ des opérations pouvant être retracées dans les
budgets annexes, une contradiction entre cet article 21 et
l'article 20 que le Conseil a alors choisi de résoudre en
privilégiant celui-ci plutôt que celui-là.
Le problème demeure cependant et s'est trouvé aggravé par
l'ampleur prise par la part des dépenses régaliennes dans le
budget annexe et du financement trouvé dans la taxe de
sécurité et de sûreté.
Sur ce sujet, il faut souligner que, dans son avis, le Conseil d'Etat avait
considéré que ses observations ne pouvaient valoir que pour
autant que les activités autres que de prestations de service conservent
une place très faible dans l'ensemble de l'activité de la DGAC et
que, parallèlement, la taxe de sûreté procure une part
très faible des recettes du budget.
Ce n'est évidemment plus le cas et, par conséquent, l'entorse
au principe de non-affectation des recettes pourrait bien
dégénérer en une fracture du BAAC.
On ne pourrait "sauver" l'affectation à ce budget annexe de la
taxe
de sécurité et de sûreté qu'en considérant
celle-ci comme une de ces ressources spéciales que vise
l'article 21 de l'ordonnance organique.
Mais, il faudrait alors que son produit soit affecté aux seules
dépenses d'investissement -ce qui est loin d'être le cas-, ce qui
supposerait, au demeurant, que le budget annexe puisse abriter des
dépenses d'investissement conséquentes destinées à
autre chose qu'à l'exploitation d'un service faisant l'objet de
prestations donnant lieu au "paiement de prix".
On l'a compris, l'affectation de la taxe de sécurité et de
sûreté en plus des questions financières qu'elle pose au
BAAC soulève un problème constitutionnel substantiel.
E. LA NÉCESSITÉ DE CRÉER UN COMPTE SPÉCIAL DU TRÉSOR DÉDIÉ À LA SÛRETÉ.
Mais, au-delà des problèmes
évoquées, il faut bien reconnaître que
le
versement indifférencié du produit de la taxe au BAAC n'est
pas satisfaisant sur le fond
.
La sûreté du transport aérien doit être une
priorité
compte tenu des graves enjeux qui s'y attachent tant pour
les passagers que pour la Nation. Or, le programme de sûreté ne
bénéficie que médiocrement des produits de la taxe dont
l'utilisation à des usages alternatifs le prive des financements
nécessaires.
Instituée en 1987, au taux de 5 francs par passager de vols
internationaux et de 3 francs par passager de vols commerciaux
domestiques, la taxe de sûreté est devenue, en 1992, ce qu'elle
est aujourd'hui : la taxe de sécurité et de
sûreté.
Entre-temps, son tarif avait été doublé en 1990.
En son temps, la commission des finances avait exprimé les plus grandes
réserves sur la transformation opérée en 1992, craignant
un certain mélange des genres. En effet, la décision alors prise
conduisait à ce que la taxe désormais prélevée
cesse de ne financer que ce pourquoi elle avait été
créée, à savoir la mise en place d'équipements
servant à assurer la sûreté dans les aéroports.
L'évolution ultérieure de la taxe devait confirmer le
bien-fondé de ces alarmes. Le produit de la taxe a
considérablement augmenté. Il est passé, entre 1987 et
1995, de 62 à 652,5 millions de francs, soit plus qu'un
décuplement. Cette tendance s'est poursuivie ces dernières
années à mesure que des relèvements de son taux
étaient proposés.
Produit estimé de la taxe de sécurité et de sûreté
(en millions de francs)
1996 |
1997 |
1998 |
Ecarts |
728,6 |
848 |
1.182,8 |
+ 454,2 |
En deux ans, le produit de la taxe croîtrait de
62,3 %. Peu de prélèvements obligatoires paraissent aussi
dynamiques. Les investissements réalisés en matière de
sûreté n'ont, de loin s'en faut, pas évolué
parallèlement et sont très inférieurs au niveau atteint
par les recettes issues de la taxe.
C'est donc l'équilibre financier
du budget annexe qui nécessite principalement l'alourdissement de cet
élément de fiscalité.
Cette situation traduit une dilution des actions destinées à
améliorer la sûreté du transport aérien. Or, ces
actions devraient constituer une priorité.
C'est pourquoi votre rapporteur suggère tous les ans que le
gouvernement, qui en a seul le droit, prenne l'initiative d'isoler les
dépenses devant concourir à la sûreté
aéroportuaire en créant un fonds spécial voué
à cela
. Que tout aussi régulièrement, les ministres
successifs se refusent à satisfaire ce souhait ne l'empêchera pas
de le réitérer cette année.
Ce fonds serait financé partiellement par une taxe de
sûreté et partiellement par une contribution du budget
général qui manifesterait l'engagement financier de la
collectivité nationale au service d'une cause qui la concerne,
puisqu'elle dépasse la seule collectivité des usagers du
transport aérien. Il comporterait un chapitre destiné au
financement des équipements et un chapitre regroupant des moyens servant
au soutien du fonctionnement des systèmes.
Cette solution apporterait une clarification bien nécessaire qui
permettrait à l'Etat d'afficher sans détours sa volonté de
conduire une politique volontaire d'amélioration de la
sûreté aéroportuaire.
Il permettrait, en outre, d'éviter certaines dérives actuellement
constatées, au terme desquelles les exploitants d'aéroports
lèvent des redevances destinées à financer des
équipements de sûreté qu'ils mettent en place dans un
contexte de dispersion des initiatives.
Il s'agit bien là de dérives puisque l'usage de redevances pour
services rendus devrait être exclu lorsqu'il s'agit de financer des
dépenses qui sont effectuées essentiellement dans
l'intérêt général des usagers du transport
aérien, des populations survolées et, au fond, de la
collectivité nationale toute entière.
Elles sont d'autant moins acceptables que l'amélioration de la
sûreté aéroportuaire suppose, à l'évidence,
une action coordonnée et des solutions financières
réalistes.
DEUXIEME PARTIE :
LES CRÉDITS DE
TRANSPORT AÉRIEN ET DE MÉTÉOROLOGIE DU BUDGET DU
MINISTÈRE DE L'ÉQUIPEMENT, DES TRANSPORTS, DU LOGEMENT
ET DU
TOURISME
I. LES CRÉDITS DU TRANSPORT AÉRIEN
A. LES CRÉDITS
1. Présentation générale
Crédits de paiement du transport aérien
1997 |
1998 |
Ecart en % |
|
Subvention au BAAC
Total |
215
|
215
|
0
|
Les crédits du transport aérien du
ministère de l'équipement, des transports, du logement et du
tourisme s'élèveraient à 1.664,5 millions de francs,
soit une stabilisation de leur niveau par rapport à 1997. Mais, dans
leur structure, ils seraient sensiblement modifiés.
Le montant de la
subvention versée au BAAC
serait
inchangé, à 215 millions de francs, obligeant à
accroître considérablement la fiscalité affectée
à ce budget annexe dans des conditions périlleuses (voir supra).
Le montant des
soutiens à la recherche-amont
serait
amputé de 230 millions de francs, soit une réduction du
tiers par rapport à leur niveau de 1997.
Les crédits prévus pour payer en 1998 les
échéances des
avances remboursables
augmenteraient,
passant de 719 à 966,5 millions de francs, soit plus
247,5 millions de francs ou encore une augmentation de 34,4 %.
Le montant des
subventions à des organismes tiers
serait
réduit de 10 millions de francs, soit de 23,3 %.
Par rapport à la présentation qui en était donnée
traditionnellement, le projet de loi de finances pour 1997 avait innové
en agrégeant les crédits par grands types de production. Il
n'était donc plus immédiatement possible d'identifier le
financement de chacun des projets soutenus par l'Etat. Le projet de budget pour
1998 n'a pas entièrement tenu compte des observations formulées
l'an dernier sur ce point, mais a cependant un peu amélioré la
présentation des crédits.
Après reconstruction, on peut donner de l'évolution des
crédits l'image qui suit :
Evolution des crédits de transport
aérien
Crédits de paiement
(en millions de francs)
1996 |
1997 |
1998 |
Ecart 1998/1997 |
|
Etudes et recherche amont |
11,2 |
1,0 |
451,0 |
+ 450 |
Hélicoptères |
68,0 |
94,0 |
+ 26 |
|
Moteurs |
374,0 |
149,0 |
40,0 |
- 109 |
Equipements de bord |
200,0 |
190,0 |
190,0 |
0 |
Aviation légère |
7,0 |
6,0 |
6,0 |
0 |
Aviations de transport |
434,0 |
318,0 |
642,5 |
+ 324,5 |
Subventions |
48,9 |
37,0 |
27,0 |
- 10 |
Total |
1.075,1 |
763,0 |
1.450,5 |
+ 687,5 |
Les crédits d'études et de recherche
qui
avaient presque disparus du budget, conséquence normale de leur
transfert au budget du ministère de la défense,
réapparaissent dans la loi de finances pour 1998 du fait d'un transfert
en sens inverse, résultat des débats tenus lors de l'examen de la
loi de programmation militaire. Ils s'élèvent à
451 millions de francs en crédits de paiement et à
686 millions de francs en autorisations de programme.
S'agissant des subventions
, leur montant s'infléchirait de
10 millions de francs, ce qui traduit une stabilisation du financement de
l'ONERA et une baisse des crédits consacrés à la
soufflerie européenne ETW.
Les avances remboursables représentent l'essentiel des crédits
avec 966,5 millions de francs.
2. L'exécution des crédits en 1997
L'exécution des crédits a été
marquée en 1997 par une série d'annulations.
L'annulation de crédits résultant de l'arrêté du
9 juillet 1997 a touché le chapitre 53-22 à hauteur de
194,5 millions en autorisations de programme et 257,25 en
crédits de paiement. Cette annulation a été
répartie de la manière suivante :
(en millions de francs)
AP |
CP |
|
Recherche amont de
l'aéronautique civile
|
33,5
|
116,25
|
Total |
194,5 |
257,25 |
5,5 millions de francs ont également
été annulés sur le chapitre de subventions.
Les crédits d'avances remboursables
ont donc été
réduits de 141 millions de francs, soit 18,5 % des dotations
initialement prévues.
Quant aux crédits de recherche-amont
, il faut ajouter
l'annulation de 52,6 millions de francs réalisée par
l'arrêté du 19 novembre au montant des crédits
annulés en juillet, si bien que le total des réductions de moyens
s'élève à 168,8 millions de francs, soit près
de 25 % des crédits initialement prévus.
Ces différentes annulations posent le problème de la
capacité de l'administration à programmer convenablement l'action
de soutien à l'industrie aéronautique.
Sans doute faut-il nuancer.
Pour les avances remboursables
, il semble
que les annulations de crédits ne soient que le reflet des
difficultés des industriels à conduire les programmes
conventionnés sur la base des prévisions contractuelles. Cette
observation vaut tout particulièrement pour les programmes relatifs aux
moteurs. En 1997, ces derniers devaient théoriquement donner lieu
à 149 millions de francs d'avances remboursables. Cette
prévision s'est révélée excessive compte tenu des
développements réels si bien que les crédits ont pu
être réduits de 92 millions de francs (61 % des
dotations initiales). Cette annulation de conséquence est, en
particulier, venue de l'échec rencontré par la SNECMA dans le
développement du moteur CFM XX.
Le moteur CFM XX
Le projet de moteur CFM XX, d'une poussée voisine de
42.000 livres avait été étudié conjointement
par General Electric et Snecma dans le but de motoriser le projet de version
allongée de l'A340 alors en cours de définition par Airbus
Industrie.
L'évolution des spécifications de l'Airbus allongé et le
retard observé dans le calendrier de l'avion ont conduit au gel de ce
projet de moteur. Airbus industrie a marqué sa préférence
pour un dérivé sensiblement plus lourd. L'étude
préliminaire de ce moteur avait été confiée par
Airbus Industrie à General Electric jusqu'à fin
octobre 1996, cette clause d'exclusivité ayant été
prorogée. Les conditions de participation de Snecma à ce
programme de moteur devaient être précisées une fois ces
études terminées. Aucun des crédits réservés
pour le soutien du CFM XX (140 millions de francs en CP) n'a
été utilisé en 1996, compte tenu des orientations
nouvelles prises par Airbus Industrie et de ses incidences sur le projet de
moteur.
Dans le projet de budget pour 1997, une provision de 80 millions de
francs était inscrite. Elle n'a pas non plus été
utilisée. La décision de confier la motorisation du nouvel Airbus
à Rolls Royce a, de ce fait, sonné le glas pour ce projet.
Si les annulations de crédits d'avances remboursables peuvent
globalement être considérées comme la conséquence
normale des problèmes rencontrés dans le développement de
produits nouveaux, il faut veiller à ce qu'elles ne soient pas la
conséquence d'un ralentissement du soutien aux programmes accordé
par l'Etat.
En revanche,
pour ce qui concerne
les crédits de
recherche-amont
, les annulations de crédits ne peuvent être
considérées autrement que comme une réduction des soutiens
publics à un secteur de recherche essentiel pour l'avenir industriel,
dont la programmation devrait être soigneusement élaborée
et scrupuleusement respectée.
3. Le détail des crédits pour 1998
Le niveau des avances remboursables dépend des
conventions passées avec les industriels et des projets nouveaux ayant
reçu l'aval des pouvoirs publics.
Leur affectation était la suivante en 1997 :
Les avances remboursables en 1997
(en millions de francs)
AP |
CP |
||
Article 21 |
Hélicoptère EC 165 |
90 |
68 |
Article 36 |
Moteurs GE 90 |
91 |
69 |
Moteur du nouveau A340 ex CFM XX |
100 |
80 |
|
Total article 36 |
191 |
149 |
|
Article 60 |
Equipements de bord |
220 |
190 |
Article 81 |
Avions de transport A 330 - A 340 |
141 |
142 |
Avions de 100 places |
40 |
30 |
|
A 330-320 |
90 |
140 |
|
Total article 81 |
271 |
312 |
|
Article 84 |
Autres aéronefs |
||
Aviation légère |
6 |
6 |
|
TOTAL |
778 |
725 |
En 1998, ils devraient être calibrés comme indiqué ci-dessous :
Détail des avances remboursables prévues pour 1998
(en millions de francs)
Programmes |
AP |
CP |
Hélicoptère EC 165 |
103 |
94 |
Moteur GE 90 |
49 |
10 |
Nouveaux moteurs SNECMA (provision) |
40 |
30 |
Equipements (divers programmes) |
220 |
190 |
Avion de 100 places |
42 |
38 |
Airbus A330-200 |
80 |
100 |
Airbus A340-500 et 600 |
603 |
504,5 |
TOTAL |
1.137 |
966,5 |
Deux nouvelles catégories de programmes apparaissent et
deux catégories anciennes disparaissent.
Les nouveaux programmes concernent :
Les A 340-500 et A 340-600. Il s'agit de versions allongées
du quadrimoteur A 340, l'A 340-600 devant pouvoir transporter
383 passagers en tri-classe ou 435 passagers en bi-classe sur
13.500 kilomètres.
Les nouveaux moteurs à développer par la SNECMA sans plus de
précision sur la nature de ces propulsions.
Quant aux programmes qui disparaissent, il s'agit :
Des A 330-A 340 dont le développement est achevé.
Du moteur CFM XX qui a connu des aléas des versions successivement
annoncées du nouveau gros porteur d'Airbus (v. supra).
Les autres principaux programmes bénéficiant d'avances
remboursables seraient :
L'A 330-200
L'A 330-200 est une version à rayon d'action augmenté de
l'Airbus A 330. Cet appareil pourra effectuer des étapes de
11.700 kilomètres, soit 3.000 kilomètres de plus que la
version de base. Ce rayon d'action est sensiblement supérieur à
celui des Boeing B 767-300 ER. L'économie d'exploitation de
l'A 330-200 sera plus grande (de 7,5 % par rapport à son
concurrent). Le marché est estimé aux environs de
300 unités. Au 1
er
juillet 1997, le programme
A 330-200 avait déjà enregistré près de
50 commandes fermes. L'A 330-200 a été lancé le
24 novembre 1995. Le calendrier actuel prévoit une entrée en
service en avril 1998. Le premier vol a été réalisé
le 13 août 1997. Le coût des travaux à la charge
d'Aérospatiale est de 1 milliard de francs courant
représentant environ 40 % du programme. Le soutien de l'Etat
s'inscrit à hauteur de 33 % des dépenses, en
conformité avec les dispositions de l'accord bilatéral du
17 juillet 1992, soit un montant de 300 millions de francs.
Les crédits consacrés en gestion 1996 au programme
A 330-200, soit 160 millions de francs en autorisations de programme
et 80 millions de francs en crédits de paiement, ont
été dégagés par sous-répartition au sein du
chapitre 53-22. Une dotation de 90 millions de francs en autorisations de
programme et de 140 millions de francs en crédits de paiement
était inscrite en loi de finances 1997. Les montants prévus en
1998 sont respectivement de 80 et 100 millions de francs.
L'avion de 100 places
Le programme d'avion de 100 places doit être réalisé dans
le cadre d'une coopération entre les industries chinoise et
européenne. La coopération se fera du côté
européen par le biais d'une société spécialement
créée pour cette opération et appelée Airbus
Industrie Asia (AIA). Cette société détenue à
raison de 62 % par Airbus Industrie et 39 % par l'industriel italien
Allnia assurera 39 % du projet, alors que la Chine, par
l'intermédiaire d'AVIC, sera responsable de 46 % de
l'opération. Le complément, soit 15 %, reviendra à
Singapore Technologie Ltd (STPL). Ce partage revient à attribuer
24 % du projet à Airbus, soit de l'ordre de 8 % par avionneur
membre du consortium. Les partenaires du projet ont signé à
Beijing le 15 mai 1997 un accord cadre qui définit les principes de
la coopération. Les industriels poursuivent les discussions avec
l'objectif de définir les règles précises de la
coopération avant la fin de l'année. Les crédits ouverts
pour 1998 sont de 38 millions de francs en hausse de 8 millions par
rapport à des dotations qui, en 1997, n'ont pu être jusqu'à
présent, consommées du fait des retards qui ont été
pris, et qui ont conduit, d'ailleurs, à annuler 20 millions de
francs en cours d'exercice.
Le moteur GE 90
Le GE 90 est un moteur civil de très forte poussée,
développé par General Electric en coopération avec Snecma,
en vue de la motorisation des avions très gros porteurs. Grâce
à ce nouveau moteur, la gamme du motoriste s'étend au-delà
du CF 6-80 qui était jusque là le plus puissant réacteur
civil produit par General Electric. Le GE 90 est installé sur les
gros bi-moteurs B777 fabriqués par Boeing. Sur ce marché le
GE 90 est en concurrence avec le PW4000 développé par le
motoriste Pratt & Whitney et le Trent 700 de Rolls-Royce. Les premiers
GE 90 ont été livrés en 1995 à la compagnie
British Airways, client de lancement de ce programme. Depuis, le moteur a fait
l'objet de 221 commandes fermes et 47 exemplaires ont
été livrés. La compétition reste toujours
très vive entre les trois motoristes qui se répartissent le
marché à raison de 30 % pour General Electric, 41 %
pour Pratt et Whitney et 29 % environ pour Rolls-Royce. Snecma participe
à hauteur de 25 % du programme. Les autres partenaires principaux
sont IHI (Japon) et FIAT (Italie) qui prennent chacun environ 8 % des
parts.
Snecma a obtenu la responsabilité partielle ou complète du
développement et de la fabrication de composants majeurs du moteur parmi
lesquels le compresseur haute-pression et la soufflante en matériaux
composites. Son statut est celui de partenaire à risque. L'industriel
doit à ce titre supporter 25 % environ des coûts de
développement. En contrepartie des dépenses qu'elle supporte pour
le développement et la production des composants de série, Snecma
reçoit près de 25 % des recettes.
En 1996, 185 millions de francs en autorisations de programme et
234 millions de francs en crédits de paiement étaient
réservés à ce programme ; la dotation 1997
était, quant à elle, de 91 millions de francs en
autorisations de programme et de 69 millions de francs en crédits
de paiement. Le soutien de l'Etat entrant dans sa phase terminale, les
crédits ouverts en 1998 ne s'élèvent plus qu'à
10 millions de francs en crédits de paiement.
L'EC 165
L'hélicoptère EC165 est le successeur du Dauphin dans la
catégorie des hélicoptères moyens de 4 à 6 tonnes.
Capable d'accueillir 12 passagers, sa charge utile est de 2,5 tonnes. Cet
hélicoptère livrable à partir de l'an 2000 affichera une
vitesse de 330 km/h et une distance franchissable de 890 km. Le
niveau acoustique de l'appareil se situe à -8 db par rapport aux normes
de l'IACI. Le marché potentiel est estimé à plus de 600
unités.
En 1997, année de début de soutien, ce programme avait fait
l'objet d'une dotation de 90 millions de francs en autorisations de
programme de 68 millions de francs en crédits de paiement,
ramenée à 67 millions de francs en autorisations de
programme et 51 millions de francs en crédits de paiement par suite
d'une annulation de crédits de 23 millions de francs et
17 millions de francs respectivement.
Les crédits prévus
en 1998 sont en forte hausse. Ce dernier phénomène enseigne que
les annulations de crédits, lorsqu'elles concernent des avances
remboursables accordées à des programmes connaissant un
développement normal, ne constituent que des transferts de charges d'un
exercice budgétaire sur l'autre.
Les équipements de bord
Cette ligne budgétaire a pour objet d'aider les industriels
français à développer, seuls ou en coopération, les
équipements de bord destinés essentiellement aux Airbus, mais
également aux autres avions français ou étrangers sur
lesquels ils peuvent être retenus.
Les montants en autorisations de programme et crédits de paiement
figurant sur cette ligne s'élevaient à près de
200 millions de francs et 183 millions de francs en 1996 compte tenu
des mouvements de sous-répartition intervenus en gestion. En 1997,
205 millions de francs en autorisations de programme et 190 millions
de francs en crédits de paiement avaient été
consacrés à ce secteur, compte tenu d'une annulation de
15 millions de francs en autorisations de programme et 10 millions de
francs en crédits de paiement. Les crédits prévus pour
1998 seraient stabilisés au niveau de 1997. Ils représentent
près de 20 % des avances remboursables totales.
B. UNE ÉVOLUTION UN PEU DÉCEVANTE DES CRÉDITS
Les crédits du transport aérien manifeste le
niveau de soutien public que l'Etat souhaite accorder à la construction
aéronautique civile.
La commission des finances a récemment adopté un rapport
consacré à ce sujet.
Ses principales conclusions étaient les suivantes :
Un réexamen des règles internationales
qui encadrent la
politique de soutien public s'impose qu'il s'agisse de l'accord
euro-américain du 17 juillet 1992 ou de l'adaptation des
règles européennes relatives aux aides publiques.
Le soutien public à la construction aéronautique civile doit
être augmenté
et mis à niveau afin de contrer les
effets sur notre compétitivité des soutiens publics
accordés par nos concurrents et de permettre à nos constructeurs
de poursuivre un développement sans lequel les acquis seraient perdus.
En effet, l'avenir de nos entreprises aéronautiques est certes
conditionné par des efforts de maîtrise des coûts mais aussi
par leur capacité à développer leurs chiffre d'affaires,
ce qui suppose de diversifier une offre encore insuffisante.
Il apparaît prioritaire de développer l'A3XX et de mettre la
SNECMA en mesure de suivre l'offre mondiale.
La panoplie de notre soutien public doit être diversifiée.
Une mise à niveau des fonds propres des entreprises s'impose
, qui
doit s'accompagner, si les entreprises concernées devaient rester, pour
l'essentiel publiques, d'une clarification des rapports entre l'Etat et ces
entreprises et, en particulier, d'une réforme des modalités de
contrôle de l'Etat passant par l'affirmation d'un "chef de file" qui
devrait être le ministre chargé de la conception de la politique
dans le domaine de l'aéronautique civile.
La proportion des aides indirectes doit être accrue
puisque les
avances remboursables sont, en l'état, soumises à de stricts
plafonds. Mais, cela suppose une meilleure programmation des soutiens à
la recherche au niveau national et européen.
L'environnement des entreprises de construction aéronautique doit
être amélioré.
L'environnement européen doit être fortifié.
- Il est nécessaire de construire de vrais ensembles
européens sans que les difficultés rencontrées par ce
processus obèrent les développements industriels
nécessaires.
- Une diplomatie aéronautique doit émerger à
l'échelle européenne sur le modèle de la diplomatie
Boeing.
- Une plus grande harmonisation en Europe doit marquer différentes
procédures qui constituent l'environnement du transport
aérien : la certification, mais aussi les procédés de
navigation aérienne et la promotion à l'exportation des normes et
procédés européens.
Au plan national, certaines mesures s'imposent.
- Le principe de la fusion Aérospatiale-Dassault doit être
approuvé.
- Nous devons nous doter d'un pôle permanent d'expertise et d'animation
de notre politique de soutien à l'industrie aéronautique civile,
les processus de décision en ce domaine n'apparaissant pas pleinement
satisfaisants. L'administration principalement chargée de la conception
de notre politique en ce domaine, la Direction des programmes
aéronautiques civils du ministère des transports, doit se voir
reconnaître une responsabilités éminente et ses moyens
propres doivent être renforcés sans accroissement net des
fonctionnaires publics.
Le projet de budget pour 1998 ne satisfait que peu ces conclusions.
S'il faut se féliciter des crédits dégagés pour
les versions allongées de l'A 340, deux caractéristiques du
projet de budget laissent un certain goût d'amertume :
- la baisse des crédits de recherche-amont qui accroîtra
l'écart considérable -et encore accru du fait de la fusion
Boeing-MDD- en notre défaveur par rapport aux États-Unis ;
- l'absence de moyens pour l'A3XX, futur gros-porteur européen dont le
développement est nécessaire pour contrer la concurrence
exercée par Boeing, avec son 747 qui monopolise le quart du
marché mondial.
Plus globalement, des mesures doivent être prises pour affirmer la
dimension européenne de l'industrie aéronautique civile.
Les tableaux ci-dessous démontrent sans doute que les entreprises
européennes sont en voie de redressement.
Résultats des principaux avionneurs.
Boeing
(1)
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions de
dollars)
|
22.681
|
19.515
|
21.924
|
Résultat net (millions de dollars) |
1.095 |
783 |
856 |
Effectifs |
147.000 |
109.400 |
119.400 |
(1) La nouvelle entité Boeing résultant de la fusion avec McDonnell Douglas devrait réaliser en 1997 un chiffre d'affaires de l'ordre de 34 milliards de dollars.
McDonnell Douglas
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions de
dollars)
|
13.000
|
14.300
|
16.162
|
Résultat net (millions de dollars) |
788 |
- 416 |
598 |
Effectifs |
63.900 |
63.600 |
65.800 |
Aerospatiale (1)
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions de
francs)
|
50.885
|
49.226
|
48.653
|
Résultat net total (millions de francs) |
613 |
- 1.442 |
- 535 |
Dont part du groupe |
812 |
- 981 |
- 483 |
Effectifs |
37.700 |
38.600 |
39.500 |
(1) En 1997, le groupe Aérospatial devrait réaliser un chifre d'affaires total de l'ordre de 56 milliards de francs.
British aerospace
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions de
livres)
|
7.441
|
6.627
|
7.873
|
Résultat net (millions de livres) |
311 |
140 |
138 |
Effectifs |
47.000 |
45.400 |
47.900 |
DASA (1)
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (millions
de DM)
|
13.053
|
15.307
|
17.394
|
Résultat net (millions de DM) |
1.202 |
- 4.182 |
- 438 |
Effectifs |
45.000 |
50.800 |
75.600 |
(1) La baisse du chiffre d'affaires résulte du
changement de périmètre. Ainsi dans la branche
aéronautique civile cette évolution est due à
l'arrêt des activités Fokker et Dornier.
CASA
En 1996, CASA a réalisé un chiffre d'affaires de
4 milliards de francs, soit une augmentation de 2 % par rapport à
1995. Les activités aéronautiques civiles contribuent pour
56 % au chiffre d'affaires total. Le groupe espagnol, dont les effectifs
s'élèvent à 7.900 personnes, a enregistré un
bénéfice de 178 millions de francs, en hausse de 16 %
par rapport à 1995.
Résultat des principaux motoristes
SNECMA
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (en
millions de
francs)
|
18.709
|
17.996
|
18.922
|
Résultat net (en millions de francs) |
- 280 |
- 853 |
- 2.190 |
Effectifs |
21.050 |
21.900 |
23.700 |
Rolls & Royce
(1)
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (en millions de livres) |
4.291 |
3.597 |
3.163 |
Résultat net (en millions de livres) |
- 44 |
144 |
81 |
Effectifs |
42.600 |
43.200 |
43.500 |
(1) Le résultat négatif de Rolls & Royce est lié à la décision du groupe de se retirer de l'activité "grandes turbines électriques à vapeur". La cession programmée de cette activité a donné lieu à d'importantes provisions de 263 millions de livres
GE Aircraft Engines
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (MS) |
6.302 |
6.098 |
5.714 |
Résultat opérationnel (MS) |
1.225 |
1.176 |
935 |
Effectifs |
23.000 |
23.000 |
23.000 |
Pratt & Whitney
1996 |
1995 |
1994 |
|
Chiffre d'affaires (MS) |
6.200 |
6.170 |
5.846 |
Résultat opérationnel (MS) |
637 |
530 |
380 |
Effectifs |
29.900 |
29.900 |
30.000 |
Mais, l'écart de performance est considérable
par rapport aux entreprises américaines même si la gestion sociale
à l'américaine démontre actuellement ses limites.
Dans cet écart, il entre pour beaucoup le poids du passé
où les entreprises américaines ont, grâce à un
soutien public considérable bénéficié d'une avance
de marché décisive.
Mais il y entre également pour beaucoup de montant très
substantiel des subventions accordées par le département
américain de la défense.
II. LES CREDITS DE METEOROLOGIE
Evolution des crédits de
météorologie
1997 |
1998 |
Ecart en % |
|
Subvention de fonctionnement |
|||
Dépenses de personnel |
834,6 |
843 |
1 |
Fonctionnement courant |
91,2 |
84,8 |
- 7 |
Sous-total |
925,8 |
927,8 |
- |
Subvention d'investissement |
|||
Dotations aux investissements hors recherche |
15 |
0 |
- |
Dotations |
219,7 |
234 |
6,5 |
Sous-total recherche |
231,7 |
234 |
- |
Total |
1.160,5 |
1161,8 |
- |
Le montant des crédits de météorologie
resterait inchangé par rapport à l'an dernier. Ils atteignent
cependant un niveau conséquent à peine inférieur à
celui des moyens publics consacrés à l'aéronautique civile.
Votre rapporteur se propose d'effectuer un contrôle de ces crédits
au cours de l'année prochaine.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mercredi 22 octobre 1997
ous la
présidence de
M. Christian Poncelet, président
, la
commission a procédé à l'examen des crédits du
ministère de l'équipement, des transports, du logement et du
tourisme consacrés au transport aérien et à la
météorologie et à celui du projet de budget annexe de
l'aviation civile pour 1998, sur le rapport de
M. Yvon Collin,
rapporteur spécial.
S'agissant des crédits du transport aérien, M. Yvon Collin a
indiqué qu'ils étaient stables par rapport à 1997 et ne
représentaient qu'un peu plus de la moitié du montant atteint en
1995.
Ayant souligné que les crédits de transport aérien du
ministère de l'équipement, hors subvention au budget annexe de
l'aviation civile, étaient pour l'essentiel des crédits de
soutien à la construction aéronautique civile et que leur examen
pouvait être conduit, à la lumière du rapport
récemment adopté par la commission sur l'aide publique à
l'industrie aéronautique civile, il a rappelé les conclusions
essentielles de ce rapport :
· la mise en évidence que le chiffre d'affaires prévisible
du secteur aéronautique s'élèverait pour les vingt ans
à venir à 1.100 milliards de dollars ;
· le constat de l'extrême concurrence sur un marché où
les soutiens publics influent beaucoup sur le succès ou l'échec
des compétiteurs ;
· le regret d'une certaine inadéquation de notre système
d'aides, tant en volume que du fait de ses mécanismes.
Il a donc jugé que la baisse des crédits de recherche-amont,
observable dans le budget 1998, paraissait injustifiable compte tenu de la
nécessité de poursuivre un effort soutenu en ce domaine pour
rester dans la course imposée par la concurrence.
Ayant observé que les crédits d'avances remboursables
progressaient, il a considéré que leur niveau ne manifestait en
rien une réelle volonté de contrer Boeing sur le terrain de sa
domination commerciale du marché, à savoir son segment haut,
celui des 747.
Il a alors estimé que de ce fait, le projet de budget lui paraissait
décevant soulignant que les industriels dont les résultats
commençaient à peine à se redresser supporteraient en 1998
des remboursements d'avances supérieurs à ce qui leur serait
octroyé, le solde atteignant près de 1,6 milliard de francs au
profit de l'Etat.
S'agissant des crédits de la météorologie, M. Yvon Collin
a précisé qu'il s'agissait, depuis la transformation
opérée en 1993, de verser des subventions à un
établissement public administratif, Météo France, et que
celles-ci seraient stabilisées à 1,16 milliard de francs en 1998.
Il a considéré que ce niveau de subventionnement paraissait
compatible avec un maintien de l'activité et des programmes, observant
que la dépense publique en faveur de Météo France
s'établissait à un niveau élevé. Il a dit son
intention d'en exercer un contrôle approfondi afin de vérifier que
le niveau des crédits était bien justifié au regard des
potentialités de développement des ressources propres de
l'établissement.
Passant à l'examen du budget annexe de l'aviation civile, le rapporteur
spécial a rappelé qu'il recouvrait des actions de prestations de
services, en particulier dans le domaine de la navigation aérienne et
des actions administratives d'ordre régalien.
Il a indiqué que le montant des crédits s'élèverait
à près de 8,5 milliards de francs, en hausse de 5,9 % par rapport
à 1997, que la section d'exploitation s'élèverait à
73,5 % de l'ensemble des dépenses et que les charges de personnel, d'un
montant de près de 4 milliards de francs, absorberaient ainsi environ
47,1 % des dépenses totales et 64 % des seules dépenses
d'exploitation.
Précisant que les effectifs s'élèveraient à 10.371
personnes en 1998, soit une croissance nette de 106 emplois par rapport
à 1997, il a relevé que l'essentiel de cette augmentation
provenait de la création nette de 147 emplois au bénéfice
de la navigation aérienne.
Ajoutant que par rapport à 1997, l'accroissement des charges de
personnel se monterait à 6 % et que la progression de la seule masse
salariale serait encore plus soutenue avec une augmentation de près de 7
%, il a souligné que les trois-quarts de cet accroissement
résulteraient de l'amélioration de la situation individuelle des
agents, le reste venant de l'augmentation des effectifs.
Il a constaté que les dépenses en capital s'accroîtraient
elles aussi fortement de + 7,4 %, la progression des dépenses
d'amortissement étant particulièrement marquée avec + 17,6
%, les crédits d'études et d'équipements, s'accroissant
quant à eux de 5,8 %, pour atteindre le niveau élevé de
1.904,2 millions de francs.
Il a alors jugé que la progression des crédits du budget annexe
de l'aviation civile pouvait apparaître excessive dans un contexte
financier de rigueur marqué par les efforts de productivité
très contraignants entrepris par les usagers des services rendus par
l'administration de l'aviation civile.
Observant que l'évolution de la masse salariale était de ce point
de vue emblématique, il a concédé qu'elle résultait
essentiellement d'un protocole triennal signé en novembre 1994 dont,
à plusieurs reprises, avaient été dénoncés
les excès. Remarquant que, lors de la discussion du budget en
séance publique, l'année dernière, Mme le ministre
chargée du transport aérien avait considéré que ce
protocole avait permis de maintenir la paix sociale, il en a conclu que, dans
ces conditions, nul ne s'étonnerait qu'un nouveau protocole soit en
cours de négociation, que celui-ci s'accompagne de dépôts
réitérés de préavis de grève de la part des
contrôleurs aériens et que ses résultats, à ce jour
inconnus, se traduisent par la poursuite d'une forte augmentation des charges
du budget annexe. Il a alors ajouté que les crédits
budgétaires pour 1998 pourraient ne pas suffire à financer ces
nouvelles charges.
Il a enfin souligné que si l'effort d'investissement consenti en
matière de navigation aérienne posait aux yeux de certains des
problèmes de cohérence et d'efficience, celui consacré
à améliorer la sûreté aéroportuaire peinait
à trouver le rythme nécessaire à une action efficace en ce
domaine.
Puis M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a fait remarquer que la
structure de financement du budget annexe se déformait, la part des
recettes d'exploitation -les redevances- se repliant alors que le produit de la
fiscalité affectée au budget annexe progressait, dans un contexte
où la subvention accordée à ce budget par le budget
général tendait vers zéro.
Il a considéré que l'accroissement de la fiscalité
affectée au budget annexe posait un vrai problème
constitutionnel, car la taxe de sécurité et de
sûreté, désormais deuxième ressource de ce budget
annexe, ne pouvait être considérée comme une de ces
recettes d'exploitation qui seules, avec les ressources spéciales
affectées à la couverture des investissements, ont vocation,
selon l'article 21 de l'ordonnance du 2 janvier 1959, à figurer parmi
les recettes d'un budget annexe.
Il a indiqué que cette difficulté était d'une ampleur
toute particulière du fait de la progression considérable du
produit de la taxe sous l'effet d'un accroissement continu de ses taux que le
projet de loi de finances pour 1998 entendait poursuivre en son article 20.
Il a alors rappelé que pour résoudre ces difficultés, il
avait suggéré, au nom de la commission, une solution alternative
consistant dans la création d'un compte spécial du Trésor
chargé de retracer les efforts nécessaires pour améliorer
la sûreté aéroportuaire.
Il a ajouté que cette initiative aurait, au demeurant, le mérite
de sanctuariser un programme de sûreté dont la réalisation
souffrait du fait du détournement de ses moyens à d'autres fins.
Il a précisé que les recettes du compte proviendraient d'une taxe
de sécurité et de sûreté allégée par
rapport à son niveau actuel, les ressources complémentaires qui
seraient nécessaires devant manifester l'attachement de la
collectivité nationale à assurer un haut degré de
sûreté dans un secteur où le terrorisme avait toujours su
trouver des cibles privilégiées.
Il a conclu qu'ainsi le désengagement financier de l'Etat ne
succéderait pas à son désengagement opérationnel
qu'il fallait bien constater, et qu'à titre personnel, il
déplorait.
Revenant sur le financement du budget annexe, il a formulé une
observation estimant que le système des redevances de navigation
aérienne était excessivement complexe et débouchait sur
une impasse de financement.
La complexité des redevances, a-t-il rappelé, a
débouché sur une multitude d'incompréhensions et de
contentieux.
C'est pourquoi, a-t-il indiqué, la commission avait amendé avec
succès le projet de loi de finances pour 1996 en demandant qu'un rapport
présentant dans le détail la comptabilité analytique de la
direction générale de l'aviation civile fût
élaboré pour que chacun soit en mesure de distinguer le
coût des prestations dont les redevances forment la contrepartie du
coût des autres missions de la direction générale de
l'aviation civile.
Se félicitant que, grâce à cette initiative, les parties en
présence disposent désormais d'un outil de
référence à partir duquel peut s'engager un dialogue
fructueux, il a jugé qu'une fois la clarification faite sur le
système des redevances, un problème substantiel demeurait :
l'insuffisance de leur produit pour couvrir les crédits
budgétés de navigation aérienne.
Il en a déduit qu'il fallait donc, pour financer ceux-ci, recourir
à l'emprunt, ce qui était de nature à obérer
l'équilibre du budget annexe et rendait nécessaire
l'alourdissement de la fiscalité affectée à lui afin de
financer les autres missions de la direction générale de
l'aviation civile.
Il a conclu que deux écueils découlaient de cette situation :
· d'une part, l'apparition d'une dynamique dangereuse des charges
financières supportées par le budget annexe qui, à terme,
pèseraient très lourdement sur les usagers ;
· et, d'autre part, l'apparition d'une véritable fracture, et non
plus d'une entorse, au principe de non affectation des recettes fiscales.
Il a alors estimé qu'il n'y avait guère d'autres moyens
d'apporter une solution à ces problèmes que d'envisager une
profonde réforme des conditions de tarification des prestations de
navigation aérienne, jugeant que celle-ci supposerait sans doute une
réforme institutionnelle.
Un large débat s'est alors ouvert.
Mme Maryse Bergé-Lavigne a salué le travail du rapporteur
spécial tout en indiquant toutefois que le niveau des crédits de
soutien à la construction aéronautique lui paraissait traduire
une politique suffisamment volontariste de la part de l'Etat.
Concédant que le développement de l'A3XX était
nécessaire, elle a mis en lumière l'ampleur des coûts du
projet et jugé que sa réalisation supposait la transformation
d'Airbus en une société de plein exercice à même
d'emprunter pour mener à leur terme des projets de cette envergure.
Ajoutant que l'ampleur des remboursements des industriels en 1998 était
le reflet des avances accordées à eux dans le passé, elle
s'est interrogée sur l'adaptation du système des avances
remboursables à la française dans un contexte où nos
concurrents s'affranchissent de ses rigueurs.
M. René Régnault s'est voulu l'interprète des usagers du
transports aérien en déplorant la constance des retards subis par
eux et a souhaité obtenir des explications de la part des responsables.
M. François Trucy a confirmé l'irritation des usagers et s'est
inquiété de la dérive constatée sur le poste
endettement du budget annexe.
En réponse aux intervenants, M. Yvon Collin, rapporteur spécial,
a, tout d'abord, indiqué que le coût de l'A 3 XX était
estimé à quelque 50 milliards de francs par le GIE Airbus et que,
compte tenu de la part des droits d'Aérospatiale dans Airbus, les
coûts de l'A 3 XX pour Aérospatiale seraient de l'ordre de 20
milliards de francs .
Il a alors rappelé que comme l'Etat ne pouvait apporter un soutien de
plus du tiers du coût du programme, le coût supporté par lui
pour l'A 3 XX ne dépasserait pas 6,5 milliards de francs
Il en a conclu que si le programme se réalisait sur quatre ans, cela
représenterait 1,6 milliard par an et observé que la somme que
verserait Aérospatiale en 1998 à l'Etat du fait du remboursement
d'avances antérieures s'élèverait à 2 milliards de
francs.
Il a jugé que compte tenu des enjeux du développement d'un
concurrent au 747, 25 % du marché et un élément de
concurrence par les prix sur le reste du marché, il fallait lancer l'A3
XX et qu'il s'agirait là d'un investissement public pertinent.
Il a enfin indiqué que les retards nuisaient beaucoup à l'image
du transport aérien surtout dans le cas des vols court-courrier. Il a
rappelé qu'une infinité de causes pouvait être
isolées et souhaité que chacun contribue à résorber
celles qui lui sont imputables.
La commission a alors décidé de réserver son vote sur les
crédits du transport aérien et de la météorologie,
ainsi que sur le budget annexe de l'aviation civile jusqu'après
l'audition du ministre de l'équipement, des transports et du logement,
prévue pour le 6 novembre 1997.
Réunie le
mercredi 12
novembre 1997
sous la
présidence de
M. Christian Poncelet, président,
la
commission, ayant, sur proposition de M. Alain Lambert, rapporteur
général, adopté deux amendements de réduction des
crédits respectivement de la section 4 et de la section 5 du
budget du ministère de l'équipement, des transports, du logement
et du tourisme, a alors décidé de proposer au Sénat
l'adoption des crédits desdites sections et du budget annexe de
l'aviation civile pour 1998.
ANNEXE N° 1
DONNÉES RELATIVES
A LA SÉCURITÉ DU TRANSPORT AÉRIEN
Le niveau de sécurité de la circulation
aérienne est traditionnellement évalué sur la base du
nombre d' "airprox" enregistré. Une procédure "airprox" est
déclenchée par un commandant de bord lorsque celui-ci estime que
la sécurité de son aéronef a été ou aurait
pu être compromise par un risque d'abordage entre aéronefs.
Cet indicateur doit être considéré avec prudence en raison
du faible nombre d'airprox enregistré, qui dépendent en outre de
paramètres sociologiques difficiles à évaluer (tels que,
notamment, le climat général entre contrôleurs et pilotes,
des consignes ponctuelles de compagnies ou de syndicats de pilotes concernant
tel ou tel type d'incidents) qui peuvent entraîner un suivi plus ou moins
rigoureux des incidents.
Enfin, il faudrait tenir compte de l'augmentation d'une année sur
l'autre du nombre d'avions équipés de systèmes
anti-collision (TCAS), systèmes qui permettent aux commandants de bord
de connaître la position relative des autres avions, et leur permettent
donc d'identifier plus facilement les situations d'airprox, y compris celles
qu'ils n'auraient pas détectées auparavant.
L'évolution des airprox durant les 8 dernières années
est la suivante :
Airprox |
En
|
Approche |
Total Civils |
Civils/
|
Total |
Par million de vols en route |
1989 |
25 |
63 |
88 |
22 |
110 |
74 |
1990 |
17 |
49 |
66 |
25 |
91 |
58 |
1991 |
14 |
62 |
76 |
11 |
87 |
54 |
1992 |
14 |
44 |
58 |
17 |
75 |
44 |
1993 |
12 |
57 |
69 |
26 |
95 |
57 |
1994 |
14 |
52 |
66 |
22 |
88 |
50 |
1995 |
12 |
42 |
54 |
18 |
72 |
39 |
1996 |
21 |
64 |
85 |
18 |
103 |
53 |
1997
|
15 |
56 |
71 |
18 |
89 |
65 |
On doit constater une forte augmentation du nombre d'airprox
en 1996 et en début 1997, par rapport au niveau atteint en 1995 qui
avait, il est vrai, été inhabituellement bas. L'administration de
l'aviation civile indique qu'il est prématuré de conclure
à une détérioration du niveau de sécurité.
Elle s'appuie pour cela sur un autre indicateur considéré comme
plus fiable, les alertes "filet de sauvegarde", qui, lui, reste
stable.
Le filet de sauvegarde est une fonction du système "CAUTRA"
d'assistance
automatisée au contrôle pour la
phase en route
qui sert
à attirer l'attention du contrôleur sur d'éventuels risques
de collision qu'il n'aurait pas détectés. Ces alertes sont
enregistrées automatiquement puis analysées. Elles constituent un
échantillon statistique représentatif et systématique.
Le nombre d'alertes "filet de sauvegarde" conséquences d'espacements
insuffisants entre avions est donné dans le tableau suviant
(événements par million de mouvements traités).
1989 |
22 |
1990 |
32 |
1991 |
42 |
1992 |
35 |
1993 |
30 |
1994 |
38 |
1995 |
37 |
1996 |
35 |
1997 (7 mois) |
31 |
A l'inverse des statistiques d'airprox, ce tableau semble
montrer un maintien, voire une amélioration du niveau de
sécurité.
En tout état de cause, l'administration considère que l'ensemble
des éléments dont elle dispose ne permet pas de dégager
une tendance significative de variation du niveau de sécurité
dans un sens ou dans l'autre, sur l'ensemble de la période
considérée.
La situation en Europe est encore plus délicate à
appréhender car certains Etats ne communiquent pas les chiffres
correspondants. Néanmoins, selon les sources de l'IATA (International
Air Transport Association) représente un grand nombre de compagnies
aériennes, mais n'incluent que les airprox dans lesquels une compagnie
membre est concernée, l'évolution des airprox en Europe serait la
suivante :
1989 |
238 |
1990 |
245 |
1991 |
200 |
1992 |
190 |
1993 |
196 |
1994 |
221 |
1995 |
235 |
1996 |
non encore disponibles |
L'ensemble des données récapitulées plus
haut indiquent qu'une étroite corrélation existe entre le nombre
des incidents et celui des flux. Cette situation est alarmante si l'on prend en
considération les perspectives de développement du trafic
aérien.
A cet égard, les risques de collision entre aéronefs apparaissent
concentrés lors des phases d'approche, ce qui devrait être
toujours gardé à l'esprit lorsque la question des
capacités aéroportuaires est débattue.
Encore doit-on observer que les données transmises pour évaluer
le niveau de sécurité du transport aérien en
réponse à la question de votre rapporteur spécial sont
insuffisantes puisque se résumant à l'un des incidents parmi bien
d'autres dont l'évolution doit être prise en considération
pour se forger un jugement dans ce domaine.
A cet égard, il faut saluer l'initiative de l'OACI consistant à
faire de l'amélioration de la sécurité du transport
aérien une de ses priorités.
La DGAC, confrontée à l'arrivé de nouveaux exploitants
opérant dans un contexte de concurrence de plus en plus vive, devrait
s'attacher à en faire de même.
Cette action est conduite par elle grâce aux moyens consacrés au
contrôle technique qui sont en constante diminution. Malgré cette
évolution défavorable à laquelle n'est certainement pas
étrangère, la suppression de la redevance de contrôle
technique, une certaine optimisation des moyens a permis de programmer un
développement des activités de contrôle qui passeraient de
1.200 opérations à 1.650 entre 1996 et 1997. Il reste
à veiller que ces contrôles soient efficaces, ce qu'un examen
détaillé que se propose d'entreprendre votre rapporteur l'an
prochain devrait permettre de vérifier.
ANNEXE N°2 :
ÉLÉMENTS SUR
LA PONCTUALITÉ
DU TRANSPORT AÉRIEN
La ponctualité toutes causes confondues (TCC) du
transport aérien a relativement peu évolué au cours de
l'année 1996. Le retard moyen par vol réalisé a
été compris en 12 et 14 minutes. A peu près 25 %
des vols ont été retardés de plus quinze minutes tous les
mois. Le pourcentage de vols retardés de plus de 60 minutes a pour
sa part été compris entre 3 et 4 %.
Les retards dans le transport aérien peuvent avoir de multiples causes.
Plus de 70 ont été dénombrées. On rencontre le plus
fréquemment des causes liées à l'appareil (problème
technique), au traitement du passager (retard à l'enregistrement,
à l'embarquement, problème de sûreté...), à
la météorologie et aux infrastructures, au sol (problèmes
aéroportuaires) ou en l'air (contrôle aérien)...
Des statistiques fines ne sont disponibles que pour les retards dûs au
contrôle aérien (ATC).
Les retards générés par l'ATC sont
généralement liés aux phénomènes de pointe
de trafic. C'est ainsi qu'ils sont traditionnellement en hausse
l'été. La part de l'ATC dans l'ensemble des retards est alors
variable selon le mois : elle représente de 20 à 40 %.
Globalement donc, de 5 à 13 % de vols ont été
retardés de plus de 15 minutes par l'ATC au cours de 1996.
La ponctualité observée au premier semestre de 1997 se
dégrade.
Alors que des chiffres satisfaisants ont été enregistrés
au cours des quatre premiers mois de 1997, une nette baisse de
ponctualité est observée depuis le mois de mai. 30 % des
vols ont été retardés de plus de 15 minutes en mai.
Ils ont été 40 % en juin et 38 % en juillet.
La dégradation survenue ces derniers mois semble selon la DGAC trouver
son origine dans les nombreuses difficultés que l'ensemble des
compagnies aériennes françaises a connu (nombreux mouvements
sociaux, pénurie de pilotes à Air France...) et qui auraient
entraîné de très nombreux problèmes d'exploitation.
Mais, elle est également liée, pour ce qui concerne le mois de
juin, aux pannes informatiques survenues à deux reprises au centre en
route de la navigation aérienne d'Athis-Mons ainsi qu'aux mauvaises
conditions météorologiques qui ont fortement perturbé
l'écoulement du trafic en région parisienne et dans le sud-est.
La ponctualité du transport aérien est évidemment un
enjeu central pour ce mode de transport dont l'un des atouts, la
rapidité des trajets, serait altéré si les performances
étaient en la matière insuffisante.
Les baromètres utilisés pour apprécier ces
dernières ne sont pas adaptés
. Ils mesurent en effet les
retards au départ et n'estiment pas les retards à
l'arrivée. Or, ceux-ci doivent être pris en compte si l'on veut
avoir une image fidèle de la ponctualité du transport
aérien.
L'information sur la ponctualité du transport aérien devrait
donc être améliorée d'autant plus que les retards sont
nocifs pour l'environnement. L'analyse en la matière est d'ailleurs
capitale car seule de nature à permettre de poser un diagnostic fiable
sur les problèmes si souvent évoqués liés à
l'encombrement des infrastructures.
Un Comité des usagers du transport aérien (COMUTA) a d'ailleurs
été créé par décision du ministre
chargé des transports en date du 2 novembre 1995.
Ce Comité constitue une structure de dialogue et de concertation entre
personnalités représentatives du secteur du transport
aérien, dont les réflexions sont destinés à
éclairer les autorités responsables et à leur
suggérer dans tous les domaines des mesures visant à
améliorer la qualité des services offerts aux passagers du
transport aérien. Sa compétence est donc très large et sa
composition l'est tout autant car le Comité regroupe tous les
partenaires du transport aérien (compagnies, aéroports,
représentants de l'aviation légère, Direction
générale de l'aviation civile...), les passagers, et des
personnalités qualifiées.
Depuis sa création, le Comité des usagers du transport
aérien a semble-t-il tenu plusieurs séances de travail, au rythme
d'une réunion trimestrielle et a principalement consacré ses
premières réflexions aux mesures à mettre en oeuvre pour
développer l'information des passagers, en particulier sur les retards
dans le transport aérien, et de manière générale,
pour améliorer la qualité du service fourni aux passagers dans
les aéroports.
Il serait souhaitable que les comptes-rendus des travaux du Comité
soient largement diffusés et transmis systématiquement aux
rapporteurs chargés au Parlement de suivre les questions d'aviation
civile.
Une des tâches prioritaires du Comité devrait être
d'évaluer l'ensemble des données permettant d'estimer le
degré de saturation des infrastructures du transport aérien mais
aussi d'encombrement des routes aériennes. Il serait très utile
de disposer d'un rapport d'ensemble sur cette question au cours de
l'année prochaine.
1
Y compris les produits financiers.
2
Une telle révision paraît probable compte tenu d'une
déformation du trafic en défaveur des routes surplombant notre
territoire.
3
En retenant comme base de progression les prévisions de
recette de la loi de finances pour 1997.
4
Le terme de "crédits d'exploitation" issu de
l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 n'est pas satisfaisant. Il
vaudrait mieux, à ce stade, évoquer des crédits de
fonctionnement.
5
Et dans le même temps indiquer les recettes pouvant
être affectées à chaque type de dépenses.