le bilan de l'action gouvernementale et les perspectives de réforme
Le bilan de l'action gouvernementale (1995-1997)
En 1996, outre diverses mesures votées dans le cadre des
lois de finances et intéressant le commerce et l'artisanat, plusieurs
lois ont modifié les règles régissant le secteur des PME,
du commerce et de l'artisanat.
Pour l'essentiel, il s'agit de :
- la loi n° 96-314 du 12 avril 1996 portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier ;
- la loi n° 96-376 du 6 mai 1996 portant réforme de
l'apprentissage ;
- la loi n° 96-558 du 1er juillet 1996 relative à la
loyauté et à l'équilibre des relations commerciales ;
- la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au
développement et à la promotion du commerce et de
l'artisanat ;
- la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996 relative à la
mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville.
Le bilan de l'application des différentes mesures gouvernementales
prises depuis 18 mois peut être fait autour de quatre
thèmes : la mise en oeuvre du plan PME-Artisanat annoncé fin
1995 par le Premier Ministre, la réforme de la qualification artisanale
et de l'urbanisme commercial et la mise en place du nouveau système de
formation continue pour les artisans.
1. Le plan PME-Artisanat
Annoncé en octobre-novembre 1995, ce plan poursuivait
trois objectifs principaux
: favoriser la création
d'emplois, stimuler l'environnement juridique, fiscal et social du secteur et
renforcer sa compétitivité au plan européen.
En ce qui concerne les PME, il s'agissait de faciliter le financement et la
constitution de fonds propres, d'adapter la fiscalité des entreprises,
de clarifier les relations avec l'administration et de moraliser la concurrence.
Pour ce qui est
des fonds propres des PME,
l'essentiel se trouve dans la
création de la BDPME en juillet 1996 par association du CEPME et de la
SOFARIS.
L'adaptation de la
fiscalité des PME
ressort des
dispositions de la loi du 12 avril 1996 ( Baisse du taux du droit
d'enregistrement d'Etat sur les mutations à titre onéreux des
fonds de commerce, Encouragement à la création des fonds
d'investissement dédiés aux PME, Abattement supplémentaire
pour les donations-partage ) ou de la loi de finances pour 1997.
(Réduction de 33,3 % à 19 % du taux de l'impôt sur les
sociétés ayant un chiffre d'affaires inférieur à 50
millions de francs pour la partie du bénéfice
intégrée dans le capital ) . En ce qui concerne
les relations
avec l'administration et les collectivités,
l'essentiel est dans
l'atténuation des effets financiers du franchissement du seuil de 10
salariés .
La moralisation de la concurrence
a été
traitée par la loi du 1er juillet 1996 ( Interdiction des
déférencements abusifs, Rénovation des règles de
facturation, Réglementation des ventes à perte, Sanction des prix
abusivement bas et Encadrement du paracommercialisme, notamment pour les ventes
au déballage ).
Pour le volet "Artisanat", le plan a défini trois axes d'action
.
Tout d'abord, pour
le renforcement de l'identité artisanale,
deux
mesures ont, notamment, été prises : création du "droit de
suite" pour permettre aux artisans de rester inscrits au répertoire des
métiers et du fonds de promotion de l'artisanat.
L'amélioration du financement
se résume essentiellement au
nantissement du fonds artisanal, au relèvement du plafonds du
régime simplifié d'imposition et à la suppression de
l'exigibilité de la TVA sur la valeur des stocks en cas de cession de
l'entreprise . Enfin,
l'amélioration du statut du conjoint
se
retrouve dans le
nouveau système des prestations maternité
et la création d'une protection sociale complémentaire et d'une
protection retraite .
2. La réforme de la qualification artisanale (Loi n° 96-603 du 5 juillet 1996)
La définition de la qualification artisanale est un
élément important du statut de l'artisan ; cinq dispositions ont
été votées pour ce faire.
-
La qualification professionnelle obligatoire
. (art. 16) Un certain
nombre de professions impliquant la sécurité des consommateurs ou
employant des produits dangereux nécessite l'obtention d'une
qualification professionnelle aux caractéristiques définies par
décret.
-
L'immatriculation au répertoire des métiers
(art. 19) Il
s'agit de déterminer les conditions d'inscription au répertoire
et de tenue du répertoire.
-
La qualité d'artisan et d'artisan d'art
(art. 21-I) Cette
disposition définit les conditions d'obtention du titre d'artisan et
d'artisan d'art pour les personnes inscrites au répertoire des
métiers.
-
L'emploi du terme "artisanal"
(art. 21-II). L'emploi du terme
artisanal doit être subordonné au respect d'un cahier des charges
homologué qui déterminera les conditions essentielles de
l'exercice de l'activité considérée.
-
Le stage de préparation à l'installation
(art. 23) Cet
article prévoit le remplacement du stage d'initiation à la
gestion par un stage de préparation à la gestion.
Votre rapporteur spécial note que
quinze mois après le
vote de la loi aucun des décrets nécessaires à
l'application des dispositions énumérées
ci-dessus
n'ont été publiés.
Pourtant, une large concertation
avec les organisations professionnelles avait été engagée
dès le vote de la loi.
3. La réforme des règles régissant l'urbanisme commercial (Loi n° 96-603 du 5 juillet 1996)
La loi n° 073-1193 du 27 décembre 1973 dite loi
"Royer" a instauré un régime d'autorisation d'exploitation pour
la création et l'extension des magasins de commerce de détail
au-delà de certains services de surface de vente (1.000 m² et
15.000 m² dans les communes de plus de 40.000 habitants).
Ces dispositions
ont été, d'abord,
modifiées
- en 1990
par la loi du 31 décembre 1990 dite loi "Doubin"
qui
a instauré la notion d'ensemble commercial soumis aux seuils
d'autorisation ;
-
en 1993
par la loi du 29 janvier 1993 dite loi "Sapin"
qui a
modifié la composition des commissions départementales
d'urbanisme commercial et dessaisi le ministre de son pouvoir de
décision.
Malgré ces modifications
, les
dérives
constatées dans l'équipement commercial
ont perduré
; le déséquilibre entre les différentes formes de commerce
s'est accentué au point que la densité d'hypermarchés pour
100.000 habitants place la France en tête de tous les pays
industrialisés.
Face à cette situation,
la réforme
, réalisée
en
1996
, s'est réalisée
en deux temps :
- la loi du 12 avril 1996
a abaissé les seuils d'autorisation
à 300 m² et a "gelé" pour 6 mois les demandes auprès
des commissions.
- la loi du 5 juillet 1996
a, après ces mesures provisoires,
définit un nouveau régime législatif.
Elle
instaure deux principes
: la prise en compte des effets sur
l'emploi et la modernisation des équipements commerciaux des projets.
Elle
pérennise le seuil d'autorisation de 300 m².
Elle
élargit le champ d'application du régime
d'autorisation
aux hôtels et salles de cinéma.
Elle
modifie la composition et le fonctionnement
des commissions
départementales d'équipement commercial (CDEC) en ayant pour but
de rééquilibrer la représentation des
intérêts représentés et de renforcer les
règles de majorité.
Elle
prévoit
, enfin, un régime de
sanctions plus
sévères
(par jour et par m² illicite).
Pour ce qui est des effets des nouvelles dispositions, il convient de noter
qu'en 1996, le fonctionnement des CDEC a été quasiment interrompu
à cause du gel des autorisations puis des délais de mise en place
du nouveau dispositif de la loi du 5 juillet 1996. Ainsi, 472 projets ont
été autorisés pour 576.000 m² en 1996 contre 773
projets et 815.500 m² en 1995. En 1997, les effets des modifications de
fonds apportées par la loi du 5 juillet 1996 devraient commencer
à se faire sentir comme le montre les premiers chiffres disponibles.
4. Le nouveau dispositif de formation continue des artisans
La formation professionnelle continue des artisans s'adresse aux
chefs d'entreprises, à leurs conjoints et à leurs auxiliaires
familiaux.
Avant 1997,
la formation professionnelle continue des artisans
était organisée de la façon suivante :
- les fonds d'assurance formation (FAF) étaient départementaux ou
régionaux (102) pour les FAF interprofessionnels et nationaux (18) pour
les FAF professionnels ;
- le financement des FAF était assuré par un
prélèvement sur le droit fixe de la taxe pour frais de chambres
de métiers dans une fourchette de 50 à 80 % ; la
répartition se faisait pour 25 % pour les FAF nationaux et 75 % pour les
FAF interprofessionnels.
A l'évidence, ce dispositif était complexe par le nombre
d'organismes concernés et son financement trop dépendant de la
taxe pour frais de chambres de métiers.
L'article 132 de la loi de finances pour 1997
a modifié le
dispositif en le calquant sur celui qui existe dans le commerce depuis 1992.
Désormais, la structure de financement de la formation est
assurée :
- par des fonds d'assurance-formation régionaux et non plus
départementaux quand il s'agit d'une formation-chambres des
métiers ;
- par trois fonds d'assurance-formation quant il s'agit d'une
formation-organisation professionnelle artisanale. Ces fonds sont celui du
bâtiment qui existait déjà, le fonds "alimentation" qui
regroupera quatre fonds existants (boulangerie, boucherie, pâtisserie,
charcuterie) et le fonds des "services" qui regroupera une dizaine de
fonds
existant actuellement.
Le financement de la formation artisanale est calculé sur le montant
annuel du plafond de la sécurité sociale. Le taux sera de
0,29 %, soit 0,145 % pour les fonds régionaux et 0,145 %
pour les trois fonds professionnels.
Trois objectifs sont poursuivis :
- distinguer le financement de la formation continue du fonctionnement des
chambres de métiers ;
- assurer une répartition équilibrée de la collecte
entre les FAF - chambres de métier et les FAF- organisations
professionnelles ;
- resserrer la gestion et la mutualisation de la collecte.
Les dotations annuelles affectés aux FAF ont cru de 1990 à 1996
de 6 % en moyenne suivant en cela l'augmentation de la taxe pour frais de
chambre de métiers. Pour 1997, seront collectés 376 millions de
francs, soit une augmentation de 12,9 % par rapport à 1996 qui
résulte de l'augmentation de la contribution par entreprise (423 francs
en 1996, 478 francs en 1997). Cette hausse assez forte des dotations
affectées aux FAF viendra, comme signalé
précédemment, abonder les crédits budgétaires du
chapitre 44-01 article 10 "Aides à la formation" qui ont diminué.
Dotations affectées aux FAF artisanat
(en millions de francs |
||||||
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997* |
||
FAF Chambres des métiers |
195,4 |
209,9 |
213,3 |
217,9 |
188,1 |
|
FAF Organisations professionnelles |
104,4 |
105,8 |
110,0 |
115,2 |
188,1 |
|
TOTAL |
299,8 |
315,7 |
323,3 |
333,1 |
376,2 |
|
Evolution |
+ 6,7 % |
+ 5,3 % |
+ 2,4 % |
+ 3 % |
+ 12,9 % |
La création des FAF - Chambres de métiers, prévue pour le 30 juin 1997, en a été retardée. La difficulté proviendrait de la définition du statut juridique des FAF ; les projets en cours s'orientent vers le statut "loi 1901" pour les FAF nationaux et le rattachement aux chambres de métiers pour les FAF régionaux.
Le basculement des FAF départementaux vers les FAF régionaux a été fixé au 31 décembre 1998 ; le ministère a prévu de respecter ce délai pour l'application totale de l'article 132.
En revanche, le nouveau système de financement a été mis en place dès le 1er janvier 1997 et est venu alimenter la structure de formation continue "ancienne formule".
Votre rapporteur spécial ne peut que regretter le retard pris dans l'application de cette réforme, préjudiciable au bon fonctionnement du dispositif de formation professionnelle continue de l'artisanat.
Les perspectives de réforme
1. L'urbanisme commercial
La loi du 5 juillet 1996 relative à la promotion du
commerce et de l'artisanat qui a profondément remanié les
règles de l'urbanisme commercial ne sera pas reformé dans
l'immédiat. Lors des récentes assises nationales du commerce, le
nouveau Gouvernement a indiqué qu'un rapport lui serait remis, d'ici la
fin de l'année sur l'état d'avancement des
expérimentations
des
schémas d'équipement
commercial
. A partir de ce document, les pouvoirs publics et les
professionnels examineront ensemble "s'il convient d'aller plus loin et
avec
quels outils" a déclaré Mme Marylise Lebranchu, secrétaire
d'Etat chargé des PME, du commerce et de l'artisanat.
Votre
rapporteur spécial
souhaiterait avoir, de manière
prioritaire, communication de ce rapport.
Le secrétaire d'Etat a également indiqué qu'elle ne
solliciterait pas les préfets pour qu'ils forment des recours contre les
décisions favorables des commissions départementales
d'équipement commercial, sauf si l'autorisation constituait une menace
pour les zones de chalandise. En revanche, une
circulaire
leur sera
prochainement envoyée demandant que les
dossiers d'équipement
commercial
soient mieux justifiés et prennent en compte des
éléments d'appréciation exacts et compréhensibles
par tous notamment en matière d'urbanisme, d'environnement, mais aussi
d'emploi. Pour ce faire,
l'observatoire des surfaces commerciales
sera
remplacé par un
observatoire national du commerce,
qui sera
changé de suivre l'évolution de l'
emploi
dans le commerce.
2. La simplification administrative
Remis en octobre dernier au secrétaire d'Etat
chargé des PME, le rapport du député du Nord, M. Dominique
BAERT, sur la simplification des formalités des entreprises, recense 55
propositions. Ce rapport souligne que les efforts de modernisation que
l'administration, notamment d'Etat, a accompli ces quinze dernières
années doivent être renforcées. Il relève notamment
que la démarche de simplification ne peut relever du seul appareil
d'Etat. Il lui faudra des partenaires désireux, eux aussi de faire
bouger les choses.
Le constat de la simplification aujourd'hui engagée est mitigé.
Les résultats obtenus, notamment la mise en place de "guichets
uniques"
n'ont pas été à la hauteur des objectifs affichés.
Ils n'ont surtout pas répondu aux attentes des entreprises.
C'est dans ce contexte que le Premier ministre a clôturé les
assises du commerce en annonçant que le Gouvernement présenterait
le
3 décembre
prochain, une
communication
en
Conseil
des ministres
, sur la simplification des formalités des entreprises.
Il a assuré qu'une réforme profonde de l'action publique sera
conduite en ce sens à la fin de l'année. Parmi les pistes
évoquées, le gouvernement retiendrait notamment
l'affranchissement pour les très petites entreprises (TPE) de tout
calcul de la paie et des cotisations sociales, la simplification accrue des
emplois occasionnels, la centralisation chez le Trésorier payeur
général de diverses procédures annuelles et l'unification
des dates de paiement pour les impôts et les cotisations sociales.