2. La reconversion
Ce "raccourcissement" des carrières, corrélatif à la nouvelle configuration des armées est évidemment lié à la reconversion dans la vie civile. Le binôme carrière militaire-reconversion est désormais indissociable dans la nouvelle conception du métier -temporaire- des armes.
La possibilité d'exercer un nouveau métier, une "seconde carrière", s'avérera plus justifiée et plus nécessaire encore que par le passé ; non seulement parce qu'elle concernera davantage de militaires mais aussi parce qu'elle concernera des militaires qui quittent l'armée plus jeunes que dans le passé. Au terme de leur carrière, la pension qu'ils percevront sera proportionnelle à un temps de service qui ira en se réduisant. L'accès à un nouveau métier sera indispensable pour permettre à certains officiers ou sous-officiers de faire face à leurs charges.
Or cette seconde carrière est souvent mal perçue. Pour d'aucuns, en autorisant un cumul "emploi retraite" elle fausserait le marché du travail et empêcherait l'accès à l'emploi de demandeurs plus jeunes. Ce jugement résiste mal à l'examen objectif. Lorsqu'un ancien militaire accède à un emploi civil, c'est aussi l'expérience qu'il a acquise, la formation qu'il a reçue, notamment par les dispositifs de formation dispensée au cours de ses années militaires, qui incite l'employeur à le recruter. Surtout, de plus en plus, la "seconde carrière" doit être perçue comme la contrepartie légitime du service rendu dans les armées, toujours aussi exigeant et désormais plus précaire.
Il conviendra donc de donner dans les faits toute sa réalité au principe énoncé à l'article 71 du Statut général des militaires selon lequel "le droit d'accéder à un emploi est garanti aux militaires admis d'office, ou sur leur demande, à la position statutaire de retraité, avant l'âge fixé par la loi pour bénéficier de la pension de vieillesse du régime général de la sécurité sociale." Le principe souffre en effet, ici et là, d'entorses à sa mise en oeuvre : soit par le biais de certaines conventions collectives écartant le recrutement de militaires retraités, soit par l'assimilation de la pension à un avantage vieillesse entraînant, en cas de perte de l'emploi civil, une réduction substantielle de l'allocation chômage avant même l'âge de soixante ans. L'assemblée Nationale a ajouté au projet de loi, deux dispositions sur ce sujet, précisant clairement que l'état d'ancien militaire ne saurait entraîner une quelconque réduction ou restriction quant à l'allocation de revenus de remplacement après une perte d'emploi.