B. L'ÉLARGISSEMENT PROGRESSIF DES PAYS BÉNÉFICIAIRES DE LA BERD
Initialement centrée sur l'Europe de l'Est, la BERD a élargi son champ d'action à l'Asie centrale, au Moyen-Orient, à l'Afrique du Nord, à la Mongolie et à la Turquie, cette dernière étant actuellement, avec l'Ukraine, son principal pays d'opérations.
La vocation de la BERD est en premier lieu d'appuyer les pays en transition économique, c'est-à-dire ceux ayant des besoins de financements importants pour renforcer leur économie de marché et développer leurs infrastructures, que ne leur permettent pas de couvrir le recours aux marchés financiers et les investissements étrangers. Parmi les pays d'opération de la banque, certains ont atteint un niveau de développement suffisant pour pouvoir subvenir à leurs besoins de financements sans solliciter l'appui d'institutions financières de développement tels que la BERD.
La République tchèque a par exemple officiellement cessé d'être considéré comme un pays bénéficiaire de la BERD en 2007 car elle avait atteint un niveau de revenu comparable à celui des pays d'Europe de l'Ouest. D'autres pays, comme l'Estonie, la Slovénie et la Slovaquie, ont également vu leur situation économique et leur capacité à mobiliser des financements privés s'améliorer suffisamment pour conduire à un désengagement de la Banque, ceux-ci pouvant en plus compter sur des subventions européennes. La BERD continue toutefois de soutenir ponctuellement des projets dans ces pays.
La Banque, dont le champ d'action s'est élargi, concentre donc ses efforts sur des pays ayant encore des besoins importants, comme l'Ukraine, l'Égypte, la Mongolie ou certains pays des Balkans.
Depuis sa création, la BERD a financé environ 7000 projets dans plus de 40 pays, investissant près de 200 milliards d'euros dans le développement économique.
Parmi ses projets les plus emblématiques, on peut citer le financement du nouveau sarcophage de Tchernobyl, un projet essentiel pour sécuriser le réacteur accidenté en 1986. Elle a ainsi mobilisé plus de 2 milliards d'euros, en grande partie via le Fonds international de soutien à Tchernobyl, dont elle assure la gestion. La BERD a coordonné les financements internationaux et veillé à la bonne exécution du projet, qui est considéré comme un succès en matière de coopération internationale et de sûreté nucléaire.
Dans le domaine de l'énergie, la BERD a entre autres soutenu en Turquie le développement de parcs éoliens et solaires pour diversifier le mix énergétique du pays et réduire sa dépendance aux énergies fossiles. En Égypte, elle a contribué au financement du complexe solaire de Benban, l'un des plus grands parcs solaires au monde, qui alimente des millions de foyers en électricité propre.
Dans le domaine des transports, elle a notamment aidé à moderniser le réseau ferroviaire de plusieurs pays des Balkans, permettant un transport plus rapide et moins polluant.
En Europe de l'Est, elle a facilité le développement de PME en proposant des lignes de crédit adaptées, favorisant ainsi la création d'emplois et la croissance économique locale. Tous ces projets illustrent la mission de la BERD : stimuler le développement économique tout en favorisant la durabilité et l'innovation dans les pays en transition.
La BERD intervient aussi dans certains contextes de crise, apportant notamment un soutien clé à l'Ukraine, où elle a déployé plus de 6 milliards d'investissements depuis le début de la guerre d'agression déclenchée par la Russie en février 2022. Elle finance en particulier des infrastructures critiques, notamment dans le secteur de l'énergie, mais aussi des projets de soutien à sécurité alimentaire, au commerce et au développement du secteur privé. Pour appuyer le soutien de la BERD à l'Ukraine, la France a octroyé à la Banque deux enveloppes de garantie pour un montant total de 350 millions d'euros. La dernière enveloppe de 250 millions d'euros, signée en juillet 2024, est entre autres dédiée à des co-financements avec Proparco et au soutien d'un programme innovant d'assurance couvrant les risques de guerre, lancé en décembre 2024 et que la France a été l'un des premiers pays à soutenir.