B. L'ÉROSION DE LA BIODIVERSITÉ : UN CONSTAT ALARMANT

Environ 1,8 million d'espèces animales et végétales différentes ont à ce jour été décrites à la surface de la planète et ce long travail de recensement des espèces est loin d'être terminé. On évalue en effet à 10 millions le nombre d'espèces vivantes.

La communauté scientifique estime que la moitié des espèces vivantes que nous connaissons pourrait disparaître d'ici un siècle, compte tenu du rythme actuel de leur disparition 100 à 1000 fois supérieur au taux naturel d'extinction. Cette érosion accélérée de la biodiversité n'est pas naturelle. Elle est liée quasiment exclusivement aux activités humaines.

L'érosion de la biodiversité en 10 chiffres


• La Terre a perdu 52 % des effectifs de ses espèces sauvages entre 1970 et 2010.


• Une espèce animale ou végétale disparaît toutes les 20 minutes.


• Le nombre total d'espèces menacées est passé de 5 205 en 1996 à 22 784.


• En 2009, la France se situait au huitième rang des pays hébergeant le plus grand nombre d'espèces menacées.


• 1 057 espèces menacées au niveau mondial sont présentes en France, en métropole et en outre-mer.


• 15 % des espèces ultramarines sont en danger.


• Un tiers des espèces présentes dans les Terres australes et antarctiques françaises sont menacées.


• 41 % des amphibiens, 13 % des oiseaux et 25 % des mammifères sont menacés d'extinction au niveau mondial.


• 31 % des requins et raies, 33 % des coraux constructeurs de récifs et 34 % des conifères sont menacés.


• Le nombre d'abeilles a diminué de 20 % en France en 20 ans.

Sources : liste rouge mondiale 2015 des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature, rapport « Planète vivante » 2014 du Fonds pour la nature (WWF)

Certains experts estiment que le monde est entré dans une phase de 6 ème extinction de masse . Une extinction de masse est un événement d'une durée brève à l'échelle des temps géologiques, soit quelques millions d'années, au cours duquel au moins 75 % des espèces animales et végétales présentes sur la terre et dans les océans disparaît. Pour mémoire, il y a 65 millions d'années, la dernière extinction massive a marqué la fin des dinosaures.

Les milieux naturels sont également fragilisés ou détruits par les activités humaines. Sur l'ensemble de la planète, 60 % d'entre eux ont été dégradés au cours des cinquante dernières années et près de 70 % sont exploités au-delà de leur capacité, notamment les milieux forestiers. Chaque année en France, près de 60 000 hectares de terres agricoles et de milieux naturels sont transformés en routes, habitations, zones d'activités. Environ 165 hectares sont détruits chaque jour.

L'une des principales menaces qui s'exercent sur la biodiversité réside en effet dans la fragmentation, la destruction ou la modification des habitats des espèces. Les raisons en sont nombreuses : intensification des activités agricoles et sylvicoles, surpêche, pollutions, changement climatique, mais aussi et surtout artificialisation du territoire. Les sols artificialisés ont ainsi augmenté de 68 000 hectares par an en moyenne de 2006 à 2012 pour atteindre 9,1 % du territoire métropolitain en 2012.

En conséquence, les trois quarts des habitats naturels français se trouvent dans un état de conservation défavorable, contre seulement 22 % dans un état favorable, selon une évaluation réalisée sur la période 2007-2012, dans le cadre de la directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages. Les milieux les plus dégradés sont les dunes, les tourbières et bas-marais calcaires, ainsi que les habitats marins et côtiers.

La France, qui tient sa diversité spécifique en particulier de ses territoires d'outre-mer, se situe au 8 ème rang des pays abritant le plus grand nombre d'espèces mondialement menacées selon la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Avec respectivement 493 et 172 espèces menacées, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française arrivent en tête. Au niveau européen, la France métropolitaine est au 4 ème rang, avec 230 espèces mondialement menacées.

La dernière édition 2014 de l'Environnement en France, relève néanmoins une amélioration pour certaines espèces, grâce aux politiques de protection et de restauration des milieux mises en place. Ainsi, depuis trente ans, on constate une augmentation des effectifs des oiseaux d'eau hivernants, dont la France abrite la plus importante population d'Europe. De même, la loutre et le castor recolonisent les cours d'eau dans les bassins de la Loire, de la Garonne et du Rhône. Le bouquetin des Alpes et, plus généralement, les ongulés de montagne comme le chamois ou l'isard voient leurs populations augmenter. Le dispositif des aires marines protégées a également été particulièrement bénéfique à certaines espèces, comme le mérou brun et le corb en Méditerranée.

La situation spécifique des mangroves et des coraux

La France est le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans les trois océans, ce qui confère à ces récifs une diversité exceptionnelle. Les récifs coralliens et leurs lagons couvrent près de 55 000 km² soit près de 10 % de la surface des récifs mondiaux. À titre d'exemple, 20 % des atolls coralliens du monde sont situés en Polynésie, et la barrière de Nouvelle-Calédonie est la seconde plus grande barrière récifale du monde.

Les récifs coralliens sont, avec les forêts tropicales, les écosystèmes les plus riches et les plus productifs de la planète. Leur biodiversité est exceptionnelle : un tiers des espèces marines connues vit dans les récifs, soit près de 100 000 espèces.

Les mangroves et les herbiers sont les écosystèmes associés aux récifs coralliens. Les mangroves sont en amont du lagon, sur le littoral. Ce sont des sortes de forêts aquatiques, entre eau douce et eau de mer. Les herbiers sont quant à eux des prairies marines regroupant de nombreuses espèces de plantes sous l'eau.

Les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers garantissent aux communautés humaines locales de nombreux services et contribuent au développement économique (tourisme et loisirs marins, approvisionnement en nourriture et pêche artisanale, protection des littoraux contre la houle). Les services rendus par les 4 500 km² de récifs de Nouvelle-Calédonie sont ainsi estimés entre 190 et 320 millions d'euros par an. Ceux de Martinique, avec les écosystèmes de mangroves et herbiers, produisent 245 millions d'euros par an.

La situation est cependant alarmante. Les récifs coralliens régressent fortement et continuellement. En 2011, 60 % des récifs coralliens étaient menacés dans le monde. D'ici le milieu du siècle, 75 % pourraient atteindre un degré de menace critique et disparaitre. À la source de ces menaces : l'urbanisation du littoral, l'agriculture intensive, les pollutions notamment chimiques, la destruction et la fragmentation des habitats, la surexploitation des ressources, les espèces exotiques envahissantes ou encore le changement climatique.

Source : Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR)

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