B. L'APPRENTISSAGE RÉCIPROQUE DU FRANÇAIS ET DE L'ALLEMAND : UNE SITUATION PRÉOCCUPANTE
La déclaration de Schwerin sur les langues partenaires française et allemande relevait « le recul de l'apprentissage de la langue allemande en France », ainsi que « la tendance croissante, en Allemagne, à l'abandon de la langue française avant le baccalauréat ».
Dans son rapport d'information sur l'enseignement des langues étrangères en France effectué au nom de la commission des affaires culturelles 2 ( * ) , notre collègue Jacques Legendre a dressé un constat analogue.
« En France, l'allemand semble en passe de devenir une langue rare et sinistrée dans les établissements français : ses effectifs sont passés en 2002 sous la barre symbolique du million d'élèves. Si plus de 14 % des élèves l'étudiaient en première langue dans les années 70, ils ne sont plus qu'un peu plus de 8 % actuellement ; la chute est encore plus spectaculaire en deuxième langue : de 36 % des élèves en 1970 à 20 % en 1995 et 13,5 % en 2001 ; l'allemand connaît le même sort en LV3, passant de 18 % jusqu'en 1990 à 7,4 % en 1999 ».
S'agissant de l'étude du français en Allemagne, notre collègue estime que « le Français résiste difficilement », alors que « l'anglais s'impose en première langue ». Il note que « le nombre d'élèves de second cycle apprenant notre langue a diminué de 12 % entre 1990 et 1995, alors que celui des anglicistes a augmenté de 6 % ; mais le français reste encore bien établi en LV2 : 43 % des lycéens apprenaient le français en 2000-2001 (96 % l'anglais, 26 % le latin, et seuls 3,9 % l'espagnol, 3,4 % le russe et 1,1 % l'italien), même si seul un élève sur cinq environ suit des cours de français sans rupture jusqu'à l'Abitur ».
Rappelant que l'allemand est la première langue en Europe, et qu'elle est appelée à renforcer sa position avec l'élargissement vers l'est, notre collègue Jacques Legendre juge cette situation paradoxale, d'autant qu'ont été mis en place de multiples dispositifs particuliers , dans l'esprit du traité de l'Elysée faisant de la connaissance de la langue partenaire une condition fondamentale d'une coopération efficace entre les deux pays.
Il en est ainsi des lycées dotés de sections « AbiBac » qui conduisent à la délivrance simultanée du baccalauréat et de l'Abitur. Il en existe dans 26 établissements français, relevant de 12 académies, et dans 3 lycées français en Allemagne. Cette formation a permis à environ 500 jeunes Français et Allemands d'obtenir simultanément les deux diplômes en 2003. Le ministère de l'éducation nationale souhaite pouvoir offrir cette formation dans l'ensemble des académies à moyen terme.
En outre, parmi les 20 lycées dotés de sections internationales , 3 proposent une section d'allemand, le partenaire allemand mettant des enseignants allemands à disposition.
Enfin, les sections européennes d'allemand sont présentes en France dans 855 collèges et lycées, dont 34 lycées professionnels.
À ces structures spécifiques s'ajoutent les actions conduites sous l'égide de l'Office franco-allemand pour la jeunesse. Il organise chaque année environ 200.000 échanges, dont la moitié s'effectuent dans le cadre scolaire. Par ailleurs, depuis 1999, le programme Voltaire propose des séjours de longue durée (6 mois) à des élèves de seconde, sur le principe d'un tandem entre élèves français et allemands. Cette formule ne concerne cependant que 400 jeunes chaque année.
* 2 Document Sénat n°63 (2003-2004) déposé le 12 novembre 2003.