VI. LES PARCS DE LOISIRS EN FRANCE
Dans le cadre de son rapport budgétaire, votre rapporteur spécial tient à revenir sur la question des parcs de loisirs, qu'elle a déjà évoquée dans ses précédents rapports, en particulier en ce qui concerne le parc du Futuroscope, qui a récemment connu de sérieuses difficultés. Cette année, le parc Disneyland annonce des pertes importantes: en 2002-2003, la perte s'élèverait à 56 millions d'euros. Cette situation s'avère très préoccupante, dans la mesure où ce complexe de loisirs a amplement bénéficié de l'aide de l'Etat. C'est dans ce contexte que votre rapporteur spécial tient à faire le point sur la situation des parcs de loisirs en France.
A. LE MARCHÉ DES PARCS DE LOISIRS EN FRANCE
Le marché français représente environ 10 % du marché européen avec près de 300 sites répertoriés. La plupart sont petits et saisonniers alors que le trio Disneyland Resort Paris, Grévin & Cie, Planète Futuroscope, capte plus de la moitié de la clientèle.
Le secteur des parcs à thème et des attractions touristiques regroupe une multitude d'établissements de taille et de nature très différentes :
- les parcs récréatifs se définissent comme des espaces clos, consacrés au jeu et à la distraction : plus marqués par leur vocation commerciale, ils sont moins orientés vers les loisirs de plein air qu'une base de loisirs ;
- les parcs animaliers , du type safari-parcs ;
- les parcs à dominante aquatique , dont les coûts d'exploitation sont proches de ceux d'une piscine de sports de loisirs ;
- les espaces d'attraction associés à une base de loisirs ;
- les parcs à vocation culturelle ou éducative , qui utilisent des attractions dans leur muséographie (automate, train...). Ces équipements conservent une vocation pédagogique qui les assimile davantage à des écomusées, la muséographie moderne intégrant de plus en plus les techniques ludiques et récréatives.
On dénombre ainsi une dizaine de parcs à thèmes de dimension nationale , une cinquantaine de parcs régionaux, une dizaine de parcs aquatiques, plus d'une centaine de parcs botaniques, plus de mille écomusées. Le nombre de parcs a doublé en dix ans avec près de deux cents sites répertoriés dans l'hexagone, dépassant largement les autres pays européens (89 parcs au Royaume-Uni, 36 en Allemagne et 27 en Espagne).
B. LA NAISSANCE DES PARCS DE LOISIRS
Le XIX e siècle a vu l'apparition de parcs de loisirs en centre ville : le Tivoli à Paris puis à Copenhague. Ils sont bâtis autour d'un même concept : un ticket d'entrée faible, des attractions, des restaurants et une offre de spectacles. Le concept du parc à thèmes est né en 1952 avec De Efteling aux Pays-Bas, mais le modèle moderne du parc d'attraction est né avec Disney en 1955 aux Etats-Unis. En 1975, avec l'ouverture de Disneyworld, le secteur est devenu une industrie qui se développe massivement en Europe.
En France, le premier parc de loisirs, la Mer de Sable d'Ermenonville, a ouvert ses portes en 1963, mais il faut attendre le début des années 90 pour assister au vrai démarrage de ce secteur, avec des succès inégaux (109 « sites de loisirs » en 1992 et 207 en 1999, selon le Syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels).
Aujourd'hui, si près de 200 parcs d'attractions sont répertoriés en France, nombre d'entre eux ont une renommée limitée à leur région. Plusieurs d'entre eux sont des zoos améliorés ou des musées remaniés. Seuls trois parcs français ont une audience nationale, voire internationale (Disneyland Paris, Parc Astérix et Futuroscope) et proposent un hébergement intégré.
Les parcs européens recensent annuellement 60 millions d'entrées, alors que le continent américain (Canada, Etats-Unis) comptabilise près de 1.800 parcs et accueille chaque année 350 millions de visiteurs pour un marché domestique de 300 millions d'habitants, soit un taux de fréquentation de + 100 % par an.
C. LA FRÉQUENTATION DES PARCS DE LOISIRS
Véritable phénomène de société, les parcs de loisirs connaissent un succès croissant. En Europe, plus de 105 millions de visiteurs les ont fréquentés en 2002. En France, le nombre de visiteurs est passé de 1 million en 1987 à 3 millions en 1999, et 34 millions en 2002. Selon les syndicats professionnels, un Français sur trois effectue au moins une visite par an dans un parc à thème, contre un européen sur deux, et trois ressortissants du Benelux sur quatre. Un américain se rend plus d'une fois par an dans un parc de loisirs.
Palmarès des lieux récréatifs payants (en millions de visiteurs) |
||||||||
Sites |
1991 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Euro Disney Paris, Marne la Vallée |
- |
11.7 |
12.6 |
12.0 |
12.5 |
12 |
12.2 |
13.1 |
Planète Futuroscope, Poitiers |
1.05 |
2.8 |
2.9 |
2.6 |
2.3 |
2.3 |
2 |
1.5 |
Parc Astérix, Plailly |
1.4 |
1.8 |
1.9 |
1.7 |
2 |
1.7 |
1.8 |
1.7 |
Nausicaa Boulogne sur mer |
0.5 |
0.6 |
0.5 |
0.8 |
0.7 |
0.7 |
0.7 |
0.6 |
Source : AFIT, presse professionnelle, Coface SCRL-Axétudes |
Disneyland Paris reste leader du marché et première destination touristique européenne avec 13,1 millions de visiteurs en 2002 , dont 40 % de Français, très loin devant l'Universal Mediterranea en Espagne (3,2 millions d'entrées) et Europa-Park en Allemagne (3,1 millions de visiteurs).
En France, derrière Disneyland Paris, viennent les parcs Planète Futuroscope (plus de 2 millions de visiteurs) et Astérix (2 millions d'entrées pour une saison qui s'étale seulement d'avril à octobre).
Un Français sur trois effectue au moins une visite par an dans un parc. La clientèle est essentiellement française, familiale et régionale à l'exception de Disneyland. Les visiteurs reviennent plusieurs fois sur les sites (près de 40 % à Disneyland, 70 % au parc Astérix). On dénombre 70 % de clientèle individuelle et 30 % de groupes. Les 35 heures sont favorables aux parcs de loisirs : 29,3 % des Français qui bénéficient des 35 heures ont fréquenté un parc de loisirs en 2002 contre 23,2 % pour ceux restés aux 39 heures.
Contraints de maintenir des prix « raisonnables » pour ne pas perdre de clientèle, certains parcs n'hésitent pas à privilégier l'accroissement de leur capacité hôtelière pour garder les visiteurs sur place. Ils deviennent ainsi des destinations à part entière.
L'ambition de conforter le parc de loisirs comme une destination touristique passe aussi par le développement de nouvelles attractions. Un équipement existant est en effet obligé d'évoluer et de disposer tous les ans d'une attraction nouvelle afin de renouveler l'intérêt des visiteurs et d'augmenter le taux de visites.
Avec le passage aux 35 heures et le développement des courts séjours, les parcs ont leur carte à jouer en matière de destination à part entière : les tendances de la demande sont en effet des courts séjours de 2j/1n en famille, avec logement à proximité en petit déjeuner, transport en avion ou en TGV, et les entrées au parc.
L'offre augmente chaque année chez les spécialistes de la France (Visit France, Frantour, Selectour) et des courts séjours (Jet Tours, Boomerang,...), les loueurs d'appartements (Lagrange) et les autocaristes. Nouvelles Destinations à Montpellier édite depuis trois ans un catalogue consacré aux parcs d'attraction.
Certains parcs ont leurs charters : Planète Futuroscope a lancé le 6 avril 2002 une rotation hebdomadaire (samedi) au départ de Marseille, et envisage des affrètements depuis Lyon et Strasbourg.
Cet engouement pour les parcs de loisirs touche également le marché du tourisme d'affaires. Pour répondre à cette demande, beaucoup de sites s'équipent car ce nouveau marché comble les périodes creuses, valorise l'image du site et engendre de multiples retombées.
D. LE POIDS ECONOMIQUE DU SECTEUR
L'activité de l'ensemble des parcs de loisirs a été multipliée par neuf en dix ans et la demande soutenue laisse anticiper une tendance de croissance oscillant entre 4 % et 8 %. La France occupe le 5 ème rang derrière les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Belgique et l'Allemagne.
La vente des billets ne représente plus que la moitié du chiffre d'affaires des grands parcs, l'autre provenant des consommations sur place, des redevances et revenus de crédit-bail des hôtels. La logique des produits dérivés s'impose à tous.
Les investissements des grands parcs de loisirs ont été considérables dans les années 80, en moyenne 100 à 120 millions d'euros par établissement, auxquels s'ajoutent les 3 milliards d'euros d'Eurodisney. En 1998-1999, les investissements ont repris dans les grands parcs existants pour un montant de l'ordre de 830 millions d'euros.
En 2001, l'investissement réalisé dans le secteur des parc à thème a été évalué (source CDC consultants) à un peu plus de 500 millions d'euros liés à l'ouverture du deuxième parc Disney et aux investissements nouveaux réalisés notamment par le groupe Grevin et compagnie.
Il convient de souligner le caractère de plus en plus capitalistique de cette activité: sur les dix dernières années, l'investissement réalisé dans les parcs récréatifs aura représenté en effet, en moyenne, 40 % du chiffre d'affaires total des activités concernées.
Il faut huit à dix ans pour installer un parc d'attractions de manière pérenne et la situation commence à se stabiliser à partir de la quatrième année.
La vogue des parcs à thème attire en nombre croissant les investisseurs, collectivités locales -à la recherche de relais de croissance dans leurs régions désertées- et groupes industriels, qui y voient un levier de développement idéal pour stimuler les économies locales et régionales. Les sommes en jeu et les enjeux sont énormes . Avec Disney (qui a ouvert les Walt Disney Studios), c'est un complexe commercial de plus de cent enseignes qui a vu le jour à Val d'Europe, ainsi qu'un parc international d'entreprises. Autour des bâtiments de la Planète Futuroscope, 150 sociétés des hautes technologies et douze centres de recherche sont venus s'installer.
De par l'importance des investissements et la vocation publique des parcs, il ne peut y avoir de création sans participation de fonds publics . Les collectivités sont ainsi appelées à mettre de l'argent avec peu ou pas de retour sur investissement mais beaucoup de retour sur l'image et le développement local en créant des équipements structurants visant à générer des flux touristiques supplémentaires qui vont alimenter l'économie de leur région. Ceci toutefois ne vaut que si le parc fonctionne correctement. Lorsque de sérieuses difficultés financières atteignent un parc de loisirs, la collectivité peut perdre beaucoup .
La situation économique des principaux parcs
Planète Futuroscope (Poitiers)
Le Planète Futuroscope espère un redressement de sa fréquentation en baisse, en juillet 2002, de 18 % comparé à juillet 2001. Aujourd'hui géré par une société d'économie mixte (60 % du capital est détenu par le département de la Vienne et 20% par la région Poitou-Charentes) le site emploi 475 CDI et 250 CDD. La nouveauté 2002 « Destination Cosmos » a coûté 7,6 millions d'euros. L'objectif est d'atteindre 3 millions de visiteurs en 2005 et de rester le deuxième parc de loisirs en France et le cinquième en Europe. L'investissement pour redresser le parc s'élève à 45,70 millions d'euros d'ici 2004 dont la moitié sera financée par le département et l'autre moitié par le repreneur.
Grévin et Cie
Le groupe Grévin et Cie (ex. Parc Astérix SA) a réalisé, en 2002, un CA consolidé de 110,5 millions d'euros et accueilli 5 millions de visiteurs (dont 1.750.000 pour le Parc Astérix). Spécialisé dans le divertissement familial, Grévin et Cie est le premier opérateur français de sites de loisirs et l'un des premiers groupes européens ; le groupe compte 500 collaborateurs permanents et emploie 1.500 saisonniers. Créé en 1989 avec le lancement du Parc Astérix, le groupe gère aujourd'hui onze sites en France, aux Pays-Bas, en Suisse et en Allemagne : Parc Astérix et l'hôtel des Trois Hiboux, Parc de Bagatelle, Musée Grévin, France Miniature, les Mystères de la mer (nouveau nom pour le grand aquarium de St-Malo), le Bioscope, l'Aquarium de Touraine et le Parc Mini-Châteaux, le Dolfinarium de Harderwijk, Avonturenpark Hellendoom, Aquaparc et Fort Fun.
Le groupe veut poursuivre une stratégie active d'acquisitions en Europe pour alimenter sa croissance. Objectif dans les cinq années à venir : détenir 5 % du marché européen des parcs de loisirs (pour 1,5 % aujourd'hui), avoir 15 millions de visiteurs et une croissance moyenne du CA annuel de 30 %.
Les entreprises du groupe Grévin et Cie : chiffre d'affaires et fréquentation |
|||
|
CA 2002
|
Nombre de visiteurs |
Part %
|
Parc Astérix |
60 |
1 750 000 |
55 |
Grand Aquarium Saint-Malo |
4,2 |
358 000 |
3,7 |
Grévin |
7,3 |
610 000 |
6,6 |
France Miniature |
2,6 |
200 000 |
2,3 |
Parc de Bagatelle |
6,7 |
365 000 |
6 |
Dolfinarium Harderwïjk |
16,5 |
850 000 |
14,5 |
Avonturenpark Hellendoorn |
5,8 |
350 000 |
5,2 |
Aquarium du Val de Loire et Mini-châteaux |
2,2 |
235 000 |
2 |
Fort Fun |
5,2 |
360 000 |
4,6 |
Aquaparc |
non consolidé |
310 000 |
non consolidé |
Affecté par une baisse de fréquentation en 2002 (1,75 million de visiteurs soit - 6,3 % sur 2001) à cause de l'ouverture de Walt Disney Studios, le groupe espère rebondir avec sa nouvelle attraction le Transdemonium (coût : 6 millions d'euros).
En août 2002, la Compagnie des Alpes (leader européen des domaines skiables) a réalisé une OPA sur le groupe : l'opération représente un investissement global d'environ 148 millions d'euros, financé à 50 % par une augmentation de capital de Compagnie des Alpes, qui possède désormais 95,87 % des actions de Grévin & Cie.
Nausicaa
Le chiffre d'affaires annuel est de 7,6 millions d'euros. Le centre générerait 7,9 millions d'euros de retombées annuelles pour le commerce local (soit 21.300 euros par jour) et une taxe professionnelle de 228.600 euros. Environ 150 personnes y sont employées à temps plein. Le budget dépenses 2002 a été de 9,9 millions d'euros; le chiffre d'affaires prévu en 2003 est de 8,5 millions d'euros. Pour ses 10 ans d'existence, le centre approchera le cap des 7 millions de visiteurs.
E. LES PERSPECTIVES D'EVOLUTION DU MARCHE
Le marché présente aujourd'hui deux caractéristiques majeures : il est dans une phase de stabilisation en terme de volume et il va connaître une phase de mutation.
1. Un marché en stabilisation
En 10 ans, le marché des parcs à thème est passé de 3 à près de 35 millions de visiteurs par an, soit une progression de plus de 10 % par an (cette progression est similaire à celle des casinos).
On a aussi assisté dans le même temps à une croissance importante de l'offre portée par le public, le privé ou des structures mixtes.
Il faut toutefois prendre la mesure de ces chiffres, quand on sait que Disneyland représente à lui seul 45 % du marché, que les 5 plus grands opérateurs concentrent 85 % des flux de clientèle, et que seul Disneyland est une destination touristique réelle attirant une clientèle étrangère de manière significative.
Seuls 15 sites environ génèrent une fréquentation supérieure à 300.000 visiteurs annuels.
Les conséquences principales de cette croissance exceptionnelle sont en fait davantage d'ordre qualitatif : le produit parc à thème semble s'être installé dans les habitudes de consommation des français. C'est aujourd'hui un acte de consommation habituel pratiqué par 1 Français sur 3 chaque année (1 sur 2 au Bénélux, 2 sur 3 dans les pays anglo-saxons). Par ailleurs, les clients se sont habitués à la qualité, et leur exigence en terme de rapport qualité/prix a augmenté. C'est pourquoi il est plus difficile aujourd'hui d'entrer sur le marché et cela coûte plus cher. Un client plus sélectif exige des « opérateurs de l'offre plus professionnels ».
2. Un marché en mutation
L'évolution de la démographie et celle des modes de vie marqués principalement par un nouveau rapport à l'espace et au temps, modifient sensiblement la relation de chacun aux loisirs et au temps libre. Si les comportements de consommation sont de plus en plus complexes et donc difficiles à analyser, les opérateurs constatent cependant un certain nombre de grandes tendances dans leur clientèle :
- une exigence renforcée en terme de « convenience », c'est à dire de confort : le produit doit être accessible dans son mode de commercialisation, de promotion, et proposer une offre de services sur place irréprochable (gestion des caisses, gestion des files d'attente,...). Les technologies de la communication renforcent d'ailleurs cette tendance structurelle ;
- un intérêt renforcé pour le ludique, le festif, l'éphémère et un relatif désintérêt pour le tout culturel ; ceci concerne les sites de divertissement mais également les centres commerciaux, les musées, les lieux publics ;
- une baisse des comportements traditionnels de consommation collective, c'est à dire une diminution des groupes scolaires, seniors ou comités d'entreprise ; au profit des familles, regroupements de familles autour des groupes dits « affinitaires ». Le consommateur d'aujourd'hui est plus mature, plus autonome ;
- un attrait pour les activités à faire et les expériences à vivre plutôt que les choses à voir ou à visiter ; la rencontre individuelle ou collective doit être plus émotionnelle, plus sensorielle et active ;
- un besoin de naturalité, une exigence de qualité environnementale apte à faciliter la convivialité, le partage d'un moment apaisant en famille et de nouvelles sociabilités ;
- le refus parfois du « tout marchand » au profit des loisirs gratuits où l'esprit de fête et le sentiment « affinitaire » priment sur l'acte d'achat (on assiste ainsi à de nombreuses organisations de manifestations gratuites par des bénévoles, mais qui engendrent d'importantes retombées économiques : nuit du roller chaque semaine à Paris).
F. LES PROJETS DE CRÉATION DE PARCS DE LOISIRS
Disney mis à part, les nouveaux projets sont le fruit de financements public/privé, sous-tendus par une volonté de développement économique régional, culturel et écologique.
a) Bioscope (Alsace)
Ce parc dédié à la santé, à la nature et à l'environnement n'ouvrira ses portes qu'en juin 2005, à Ungersheim près de Mulhouse. Le report d'ouverture tient au fait que les terrains choisis pour l'implantation sont des terres agricoles qui devront faire l'objet d'une procédure administrative pour pouvoir être constructibles.
Le coût prévisionnel s'élève à 30,5 millions d'euros financés par la région Alsace, le département et le concessionnaire, Grévin & Cie dans le cadre d'une concession de 30 ans. C'est la première décision de partenariat entre des collectivités locales et un groupe privé, autour d'un projet de parc d'attractions. Le groupe Grévin & Cie s'était vu confier en mars 2001, dans le cadre juridique d'une délégation de service public, la conception, la réalisation et la gestion du futur parc à thème, qui entend allier divertissement et pédagogie sur l'environnement. Le site devrait attirer 500.000 visiteurs l'année d'ouverture et 1 million de visiteurs dix ans plus tard, avec un agrandissement et de nouvelles attractions.
Ce parc s'étendra sur 150 hectares et entend drainer de nouveaux flux touristiques grâce à une synergie avec la « Biovalley » du Rhin supérieur qui regroupe les six premiers groupes internationaux de l'industrie pharmaceutique (25.000 salariés).
b) Cathédraloscope (Dol-de-Bretagne, Ille-et-Vilaine)
Il s'agit d'un centre d'explication des cathédrales. 50.000 visiteurs sont escomptés. La première tranche coûtera 1,7 million d'euros.
Ces nouveaux investissements massifs ont stimulé le marché, se sont traduits par une augmentation globale des tarifs d'entrée et un allongement de la durée moyenne de visite, à l'exception notable de quelques parcs connaissant une baisse de fréquentation.
D'autres grands projets de parcs récréatifs et d'équipements thématiques éducatifs sont en cours de montage et devraient ouvrir d'ici environ 5 ans, citons notamment : le Bioscope en Alsace, le Parc du végétal à Angers, le Parc du Quaternaire en Haute Loire, Animal Explora en Haute Marne, le Parc de découverte aéronautique et spatiale à Toulouse en liaison avec la Cité de l'Espace.
c) Les Jardins Virtuels (Calais)
Ils sont parrainés par le conseil général et le conseil régional qui entendent dynamiser le tourisme du littoral de la Côte d'Opale en s'appuyant sur les infrastructures déjà en place. Développés sur 60 hectares, ce parc sera décliné sur le thème de « l'homme jardinier de la nature » et les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il compte générer près de 740.000 visites la première année, en 2003, pour atteindre les 1.250.000 entrées en 2007.
d) Naturascope (Vienne)
Le Naturascope sera dédié à la nature et à l'environnement, avec une ouverture au public des premières installations prévue à l'automne 2003, et de la totalité du parc en mai 2004. L'investissement initial s'élève à 49,5 millions d'euros : la communauté des communes de Loudun participe à 25 % du montant total et le conseil général réinvestit les 42,2 millions d'euros, issus de la vente du Futuroscope au groupe Amaury pour financer sa quote-part. Le prix d'entrée aux alentours de 15 euros à l'ouverture et de 20 euros par la suite devrait permettre d'atteindre l'équilibre d'exploitation dès le départ. La fréquentation attendue s'élève à 300.000 à 350.000 visiteurs dès 2004, et les création d'emplois doivent atteindre 150 à 200 emplois directs dès le départ.
e) Le Parc du végétal (Maine et Loire)
Son ouverture est envisagée en 2007 sur le site de l'ancien aérodrome d'Angers-Avrillé, au nord d'Angers. Ce parc aura pour thème « l'homme et le végétal ». Son concept hybride relève à la fois du « Futuroscope végétal » et d'une jardinerie ludique. Le parc de 15 hectares disposera d'un accès routier direct (contournement d'Angers de l'A11). L'investissement estimé atteindra 120 millions d'euros, qui seront financés pour moitié par les collectivités locales et par le secteur privé. L'objectif est d'attirer 740.000 visiteurs dès la première année et 810.000 en 2010. Le parc aurait pour vocation de fixer les touristes en Anjou d'autant qu'une zone de 2,8 hectares réservée à l'hôtellerie est prévue.
Au total, plusieurs grandes tendances de fond sont à signaler :
- une ingénierie public/privé de plus en plus complexe dans la conception, la réalisation et l'exploitation de ces projets étant donné la hauteur des investissements nécessaires, le niveau des risques dus à la sensibilité du produit (météorologie, tourisme international, contexte économique) et la multitude des fonctions que souhaitent assurer ces équipements ;
- l'exigence de plus en plus forte d'un renouvellement d'attractivité permanent des sites existants ;
- un mouvement de concentration chez les opérateurs privés qui a déjà commencé avec le rachat des parcs Walibi par le groupe américain Six Flags et le rachat du groupe Grevin et Compagnie par la Compagnie des Alpes
- l'intégration de plus en plus forte de ces équipements aux territoires qui les accueillent, avec des conséquences extrêmement importantes sur l'emploi, l'impact auprès des PME locales, les effets synergiques entre le développement touristique et les autres composantes du développement économique.
G. L'IMPACT LOCAL DES PARCS DE LOISIRS
1. Les retombées sur l'emploi
L'emploi généré par les parcs de loisirs est un enjeu majeur pour les collectivités. Un emploi permanent génère entre 1 et 3 emplois saisonniers.
A titre d'exemple, le Futuroscope est non seulement une attraction touristique de premier plan, mais aussi un moteur de développement économique pour ce département rural de 300.000 habitants. Si le site subit actuellement une crise (200 emplois sur 800 supprimés par le nouveau propriétaire, le groupe Amaury), il aurait généré plus de 15.000 emplois sur la zone d'activités qui entoure le parc (70 entreprises privées, une dizaine d'hôtels, un palais des congrès, un téléport, un pôle d'enseignement et de recherches, une école d'ingénieurs, des laboratoires scientifiques et le siège du Centre national d'enseignement à distance (CNED)).
Avec le premier parc Disney, on estimait à 40.000 le nombre total d'emplois induits (12.000 directement dans le parc, le reste dans les entreprises qui se sont greffées sur le site). Avec le second parc, ce chiffre dépasserait les 45.000.
Vulcania, ouvert en février 2002, a engagé 135 personnes en CDI et emploie entre 50 et 190 saisonniers selon la période de l'année. La SEM Volcans estime qu'un poste créé dans le parc induit indirectement trois embauches aux alentours.
Tous ces emplois représentent une première chance pour beaucoup de jeunes non qualifiés. Aujourd'hui, environ 25.000 Français travaillent au coeur des parcs de loisirs, 50.000 en haute saison. Toutefois, il faut noter la persistance des insuffisances en matière de contrat de travail et de formation pour la très grande partie de ces emplois.
Bien que beaucoup plus modeste, l'impact sur le milieu local des équipements de taille plus réduite peut être significatif. Dans les zones rurales, certains parcs sont les premiers employeurs de la commune ; ils participent largement au maintien des commerces locaux. Les parcs requièrent une main d'oeuvre saisonnière considérable ; seulement 10 à 15 % des postes correspondent à des emplois permanents (administratifs, commerciaux et techniques). Certains parcs assurent une mission de formation et de première insertion professionnelle.
2. Les retombées en termes d'image sur le tourisme régional
Elles varient en fonction de la taille de l'équipement et sont devenues indiscutables pour Eurodisney et le Futuroscope.
Les parcs récréatifs ou culturels constituent un élément nécessaire de l'offre touristique et de loisirs d'un département par l'intérêt qu'ils suscitent auprès des familles et des enfants. Même s'ils ne motivent pas forcément le séjour touristique dans une région, ils participent à son attrait au même titre que les autres équipements.
H. LES DIFFICULTÉS DE « DISNEYLAND PARIS »
1. Les chiffres clés du parc Disneyland Paris
- Première destination touristique européenne avec 13,1 millions de visiteurs en 2002 ;
- Site de 1.943 hectares ;
- 5ème opérateur français (480.150 clients français en 2002) ;
- 60 % de visiteurs étrangers ;
- plus de 110 millions de visiteurs depuis l'ouverture ;
- 12.000 salariés ;
- 725 métiers représentés ;
- Le plus grand site hôtelier d'Europe : 7 hôtels à thèmes (5.800 chambres) ;
- Le « plus grand restaurant de France » : 69 lieux de restauration. Son CA évalué à 1 milliard de francs le place parmi les dix premiers groupes de restauration français ;
- Leader européen du tourisme d'affaires avec 2 centres de congrès : 1.500 conventions et séminaires par an, soit près de 110.000 nuitées ;
- 52 boutiques (16.513 références ; 27,2 millions d'articles vendus chaque année) ;
- grand centre de divertissement : (Disney Village rassemble 7 restaurants, un cinéma de 15 salles, 2 festivals qui ont accueilli 32 000 participants au festival Celtic et 40.000 au festival Latina) ;
- un golf de 27 trous ;
- un lac de quatre hectares.
2. La création du parc Disneyland Paris
Eurodisney S.C.A. (la « Société ») et ses filiales détenues à 100 % (le « Groupe ») ont commencé l'exploitation commerciale de Disneyland Paris le 12 avril 1992. Le groupe exploite à Marne-la-Vallée le complexe Disneyland Resort Paris, qui comprend deux parcs à thèmes, sept hôtels à thèmes, le centre de divertissements Disney Village, deux centres de congrès et un parcours de golf. Le groupe gère également le développement immobilier et l'extension des infrastructures du complexe. Après des débuts hasardeux (perte nette de 800 millions d'euros la première année), et un investissement initial de 4 milliards d'euros, la restructuration financière de 1994 continue d'avoir un impact significatif sur le résultat net du groupe.
3. La situation économique et sociale
Le nouveau parc à thème contribue à une hausse du chiffre d'affaires annuel de 7 % dans un environnement touristique peu favorable. La marge opérationnelle a diminué à 175,7 millions d'euros contre 185,2 millions d'euros pour l'exercice précédent reflétant une légère amélioration de la marge opérationnelle du secteur tourisme compensée par une baisse prévue de la marge générée par les activités de développement immobilier. Les charges exceptionnelles de pré-ouverture du deuxième parc (37,2 millions d'euros) ont pesé sur le résultat net de l'exercice 2002. Fin septembre 2002, la dette nette atteignait 1,6 fois les fonds propres (1,4 milliard d'euros).
Le parc Walt Disney Studios n'a pas généré de chiffre d'affaires (CA) avant le second semestre de l'exercice 2002. L'augmentation du CA des parcs à thèmes par rapport au second semestre de l'exercice précédent a atteint 13,1 %, une progression significative mais inférieure aux prévisions.
Résultat de l'exercice 2002 (en millions d'euros) |
|||||||
|
2002 |
2001 |
2000 |
||||
Chiffre d'affaires |
1 076 |
1 005,2 |
959,2 |
||||
Résultat avant loyers de crédit-bail et charges financières |
175,7 |
185,2 |
175,8 |
||||
Résultat net |
33,1 |
30,5 |
38,7 |
||||
Investissements** dont investissements Parc Walt Studios Disney |
1.700 |
243,9 191,2 |
206,5 167,7 |
||||
** y compris les charges différées |
|
|
|
||||
Répartition du chiffre d'affaires par activité en 2002 (en %) |
|||||||
Parcs à thèmes |
49% |
||||||
Hôtels et village |
38% |
||||||
Immobilier |
3% |
||||||
Autres |
10% |
||||||
Répartition du chiffre d'affaires par secteur (en millions d'euros) |
|||||||
|
2002 |
2001 |
Variation en % |
||||
Parc à thèmes |
526 |
476,4 |
10,4 |
||||
Hôtels et village |
411,7 |
386,5 |
6,5 |
||||
Autres |
111 |
105,1 |
5,6 |
||||
Tourisme |
1 048,7 |
968 |
8,3 |
||||
Activités de développement immobilier |
27,3 |
37,2 |
26,6 |
||||
Total CA |
1 076 |
1 005,2 |
7 |
Les charges d'exploitation augmentent de 4,7 % à 820,0 millions d'euros, soit une augmentation de 36,6 millions d'euros par rapport à l'exercice précédent. Cette augmentation résulte principalement de la progression des coûts salariaux, du coût de revient des ventes et des dépenses de marketing (qui ont progressé en raison de dépenses média plus importantes pour mettre l'accent sur une offre globale produits et lancer le Parc Walt Disney Studios) du manque d'innovation en matière culturelle et du coût trop élevé des tarifs et droits d'entrée.
4. Les difficultés actuelles de Disneyland Paris
Pour la première fois depuis 1994, le groupe qui exploite le parc Disneyland Paris a annoncé qu'il ne serait pas en mesure de respecter certains de ses engagements bancaires en 2003 et 2004 (notamment le remboursement d'un crédit de 167,7 euros) en raison d'une baisse de fréquentation. Le groupe, qui a réalisé pour le troisième trimestre de son exercice 2002-2003 un chiffre d'affaires en baisse de 7 % à 275,6 millions d'euros a précisé qu'il ne prévoyait pas de plan social. Avec 2,2 milliards d'euros de dette pour une capitalisation de 570 millions d'euros, un simple rééchelonnement des échéances financières ne sera sans doute pas suffisant pour permettre à la société de disposer de la marge de manoeuvre nécessaire à la réalisation de ses objectifs commerciaux et financiers. Les seuls leviers d'amélioration, peu compatibles avec la crise touristique actuelle, sont donc à trouver dans une hausse de la fréquentation et l'augmentation de la dépense par visiteur.
La firme américaine (The Walt Disney Company) avait pourtant déjà renoncé aux redevances du dernier trimestre 2003 et décalé d'un an le paiement des redevances dues en 2004.
Votre rapporteur spécial s'inquiète vivement au sujet de la situation actuelle du parc . Il apparaît aujourd'hui que, sans l'aide de la maison mère, et sans un moratoire provisoire consenti par les banques, la société serait depuis plusieurs mois sans trésorerie .
Après quelques mois de « rodage », le second parc à thème dédié au cinéma s'avère être un échec, la fréquentation totale étant retombée au dessous du niveau de 1998-1999. L'écart entre les dépenses moyennes des Américains chez eux et des Européens à Marne-la-Vallée paraît bien de nature structurelle. Dans ces conditions, le sort de Disneyland Paris semble aujourd'hui plus lié aux négociations que la société mènerait avec la maison mère et avec ses créanciers.
5. Les enjeux actuels du groupe
Or, le parc est devenu le plus gros employeur privé de Seine-et-Marne avec 12.000 « cast members », dont 10.000 en contrat à durée indéterminée (CDI). Dans le secteur de l'hôtellerie et des loisirs, Disneyland Paris représente 44,5 % des emplois de Seine-et-Marne. 90 % des postes sont occupés par les résidents d'Ile-de-France. A chaque emploi direct chez Disney correspondent 2,83 emplois à l'extérieur du parc .
Pour Studios Disney, 1.100 personnes en CDI ont été recrutées à côté des 4.000 saisonniers de l'été. Plus de 5.000 emplois ont été créés depuis l'ouverture (1.000 directement).
L'accès à Disneyland Paris est en constante amélioration : de nouvelles destinations desservies par le TGV, de nouveaux échangeurs autoroutiers et l'ouverture d'une deuxième gare RER Val d'Europe-Serris/Montévrain début 2001. Ces réalisations ont vu le jour dans le cadre de la politique touristique départementale du 10e contrat de plan Etat-régions.
Pour l'ouverture du deuxième parc à thème, Walt Disney Studios, dédié au cinéma, en avril 2002, le groupe a recruté 1.100 personnes en CDI. 4.500 emplois supplémentaires étaient attendus ainsi qu'une retombée fiscale annuelle de 53,4 millions d'euros pour l'Etat et les collectivités locales. Le coût a avoisiné 630 millions d'euros.
Les quelques éléments ici présentés donnent la mesure des enjeux liés au complexe Disneyland Paris : emplois, investissements des collectivités locales sans précédent : les pertes du groupe, qui atteignent 56 millions d'euros pour l'année 2002-2003, font peser de graves risques sur l'ensemble d'une région, dont l'économie est désormais tributaire d'un groupe privé soumis aux aléas de la demande touristique.