A. LA PROFESSIONNALISATION : UN SUCCÈS RÉEL QU'IL FAUT CONFIRMER

Au terme des six années de transition devant permettre le passage de l'armée mixte à l'armée professionnelle, il est désormais possible de dresser un premier bilan tant quantitatif que qualitatif de la professionnalisation.

Le bilan quantitatif vise à répondre à deux questions :

- les armées disposent-elles de la totalité des effectifs prévus ?

- ont-elles atteint leurs objectifs sans dépassement de l'enveloppe financière allouée ?

À ces deux questions, il est permis de répondre positivement. Certes, des écarts, au demeurant minimes, sont constatés. Leur portée mérite d'être prise en compte, si on les compare à l'idéal qu'aurait représenté la réalisation parfaite d'objectifs définis six ans auparavant, mais elle est beaucoup moins significative au regard de l'ampleur considérable de la réforme qui a été réalisée.

Le bilan qualitatif fournit pour sa part d'autres enseignements. Il permet d'identifier certains points faibles auxquels il faudra remédier en particulier, le sous-effectif dans certaines catégories de personnels ou certaines spécialités et les exigences inhérentes à un armée professionnelle, en terme de conditions de vie et de travail.

1. Le bilan quantitatif : un format proche des objectifs, une enveloppe financière globalement respectée au titre III.

A la fin de l'année 2002, les armées disposaient, à quelques variations près, des effectifs professionnels définis en 1996. Cette transformation de la structure des personnels s'est opérée sans surcoût significatif par rapport aux prévisions.

a) Un format proche des objectifs

Par rapport à la cible définie en 1996, les lois de finances successives ont opéré quelques ajustements d'effectifs. Par ailleurs, les armées ont souffert tout au long de la période d'un écart entre le nombre de postes budgétaires et celui des personnels effectivement en fonction, mais ce déficit s'est progressivement atténué.

• Des effectifs budgétaires inférieurs de 1% aux effectifs programmés
Les tableaux suivants illustrent les écarts constatés entre les effectifs prévus par la loi de programmation 1997-2002 et ceux inscrits en loi de finances initiale pour 2002.

Situation des effectifs budgétaires par armée

 

Effectif
1996

Effectif
2002

Cible
LPM

Ecart

Air

Terre

Marine

Gendarmerie

Services communs

93 552

268 572

69 878

93 669

47 410

69 667

168 126

54 433

98 134

45 861

71 080

172 626

56 464

97 884

42 152

- 1 413

- 4 500

- 2 031

+ 250

+ 3 709

TOTAL

573 081

436 221

440 206

- 3 985

Situation des effectifs budgétaires par catégories

 

Effectif
1996

Effectif
2002

Cible
LPM

Ecart

Officiers

Sous-officiers

Militaires du rang

Volontaires

Appelés

Civils

38 456

214 828

44 552

-

201 498

73 747

37 738

200 516

92 184

24 788

-

80 995

38 189

199 296

92 527

27 171

-

83 023

- 451

+ 1 220

- 343

- 2 383

-

- 2 028

TOTAL

573 081

436 221

440 206

- 3 985

Comme on le voit, les effectifs budgétaires de 2002 sont inférieurs d'à peine 0,9 % à ceux prévus par la loi de programmation militaire 1997-2002. Quelle est l'origine de cet écart minime ?

Il faut tout d'abord rappeler qu'au fil des années, plusieurs mesures ont modifié le périmètre budgétaire du ministère de la défense. Au regard des moyens en personnels qui lui sont affectés, ces mesures sont totalement neutres . Sur le plan des effectifs budgétaires, elles se traduisent par l'inscription au budget de la défense d'environ 6 200 postes supplémentaires 1( * ) .

D'autres mesures, en revanche, modifient le format même des armées et se soldent par une réduction supérieure à 10 000 postes .

Si la gendarmerie (+ 1 405 postes) et le service de santé des armées (+ 200 postes d'infirmiers militaires) ont bénéficié de créations d'emplois non prévues en programmation, les mesures d'ajustement ont plutôt pris la forme de suppressions d'emplois.

L'abandon du projet de « rendez-vous citoyen » a libéré 2 700 emplois. La revue des programmes de 1998 a entraîné 1 577 suppressions de postes dans la Marine et à la DGA. Des crédits supplémentaires destinés à des actions de sous-traitance ont été accordés en contrepartie de la suppression de 1 470 postes.

En 2002, 2 835 postes de volontaires et 1 300 postes d'ouvriers qui demeuraient vacants ont été supprimés. Enfin, de 2000 à 2002, des mesures dites « de déflation nette» ont abouti à supprimer un total de 1 371 postes.

• Des effectifs réalisés inférieurs de 5% aux effectifs budgétaires
L'effectif moyen réalisé au 1 er août 2002 laisse apparaître un déficit de l'ordre de 5% qui appelle deux remarques : d'une part, les recrutements escomptés au cours du second semestre 2002 devraient permettre d'atténuer ce déficit, et d'autre part, il s'avère inférieur à celui qui a pu être constaté à plusieurs reprises lors de la période de transition, notamment sous l'effet d'un déflation plus rapide que prévue de la présence des appelés.

Le tableau ci-après donne un aperçu plus détaillé de ce déficit en personnels, plus accentué au sein des services communs, en particulier le service de santé, et de l'armée de l'air, alors qu'il demeure limité dans la gendarmerie.

En ce qui concerne les militaires du rang , l'achèvement en fin d'année 2002 de la dernière tranche de recrutement liée à la professionnalisation laisse espérer une meilleure réalisation des effectifs.

Deux catégories connaissent un fort déficit .

En ce qui concerne les volontaires , votre rapporteur a souligné depuis deux ans, s'agissant de l'armée de terre, que la cible définie était trop ambitieuse au regard du vivier potentiellement intéressé par un tel statut. Il se réjouit donc que les conséquences en aient été tirées, à partir de 2003, avec une réduction du nombre de postes et une augmentation des postes d'engagés.

La situation des personnels civils a quant à elle fait l'objet d'une préoccupation constante, au sein du Parlement, depuis cinq ans. Votre rapporteur n'insistera pas sur cette problématique largement commentée tout au long de la période de transition. On peut simplement constater que le déficit en personnels civils avait culminé à près de 12% des effectifs budgétaires en 1999 et qu'il a été ramené à 7% à l'été 2002. Au cours de l'année 2002, le gel d'un millier d'emplois de fonctionnaires et d'agents contractuels a été levé et le recrutement de 900 ouvriers d'Etat a été autorisé. Le nombre de postes mis aux concours a été notablement augmenté, ces concours se soldant malheureusement trop souvent encore par un rendement insuffisant et des délais d'organisation beaucoup trop longs. On peut toutefois espérer une poursuite de la résorption du déficit en personnels civils.

b) Une enveloppe budgétaire globalement respectée

La loi de programmation militaire 1997-2002 prévoyait d'allouer une enveloppe annuelle de 99 milliards de francs constants 1995 pour le titre III, actualisée chaque année par application de l'indice des prix à la consommation hors tabac, retenu dans le cadre de la construction budgétaire. En outre, il était prévu que le coût supplémentaire lié à la professionnalisation des armées serait gagé par les économies réalisées sur le fonctionnement suite à la réduction du format.

Evolution des dépenses du titre III (hors pension)

(en milliards d'euros courants)

 

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Loi de programmation

Loi de finances initiale

Exécution


15,55


15,58

15,89


15,64


15,81

16,50


15,72


15,85

16,58


15,97


16,00

16,56


16,22


16,09

16,74


16,42


16,46

17,44

La comparaison entre les annuités actualisées de la loi de programmation militaire et les ressources allouées chaque année par les lois de finances montre que l'enveloppe prévue par la loi de programmation pour le titre III a été respectée . A périmètre courant, le taux de couverture est pratiquement de 100 %.

En ce qui concerne l'exécution budgétaire, elle a été fortement conditionnée par la nécessité de financer le surcoût des opérations extérieures . Les ouvertures de crédits ont représenté en moyenne 330 millions d'euros par an pour un surcoût moyen de plus de 400 millions d'euros sur le titre III.

Incidence du surcoût des opérations extérieures
sur l'exécution budgétaire du titre III

(en millions d'euros courants)

 

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Surcoût au titre III

Crédits supplémentaires ouverts en gestion

419

303

247

222

423

405

413

341

406

350

537

575

Si l'on isole le facteur « opérations extérieures », correspondant à des charges exceptionnelles bien que récurrentes, on constate que la loi de programmation 1997-2002 a fait l'objet d'une exécution rigoureuse au titre III .

Il est vrai que cette maîtrise du titre III a été obtenue au prix de certaines tensions. En effet, les crédits de fonctionnement ont diminué plus vite que prévu pour faire face à une hausse des rémunérations supérieure à celle qui avait été envisagée initialement

Sur la période de programmation, les crédits de rémunérations et charges sociales inscrits en lois de finances initiales ont progressé de près de 2 milliards d'euros, soit une augmentation de 17 % supérieure à celle du titre III dans son ensemble.

Mais il serait erroné de voir dans cette évolution la traduction d'un surcoût de la professionnalisation.

Pour plus de 40%, la variation des crédits de rémunérations et charges sociale résulte en effet d'une évolution mécanique liée à la revalorisation du point fonction publique et aux mesures générales d'ordre salarial et indemnitaire.

Elle résulte aussi, à hauteur d'un quart de sa valeur, de mesures de modification du périmètre telles que la budgétisation des activités étatiques de DCN et de la gendarmerie d'autoroute, ou l'augmentation de l'indemnité compensatrice de la CSG et de la cotisation employeur au fonds spécial de pensions des ouvriers d'Etat.

Pour un autre quart, elle correspond effectivement à la mise en oeuvre de la professionnalisation et des mesures d'accompagnement , dans le cadre d'un effort financier qui avait été prévu au titre des mesures d'effectifs elles mêmes, des aides au départ, de la mensualisation des militaires du rang et des crédits destinés à la réserve.

Enfin, un dixième de la variation est lié à des mesures d'améliorations de la condition des personnels et de remise à niveau des crédits à hauteur des besoins constatés, en particulier en matière indemnitaire (« rebasage » de 130 millions d'euros). Il faut préciser qu'aucun plan d'amélioration de la condition des personnels n'avait été prévu par la loi de programmation, mais que les premières mesures de revalorisation ont été prises dans le cadre de la loi de finances initiale pour 2002, puis ont été complétées en février 2002 par un plan financé par le collectif budgétaire de l'été dernier.

2. Le bilan qualitatif : des points faibles portant sur la réalisation des effectifs et sur les conditions de vie et de travail des militaires

Si la situation de la fin d'année 2002 a été proche de celle prévue par la loi de programmation 1997-2002, la marche vers cet objectif final ne s'est pas effectuée sans difficultés.

a) Certains points faibles demeurent en matière de réalisation des effectifs

Les armées ont globalement atteint les objectifs qui leur avaient été assignés.

Durant six ans, plus de 20 000 officiers et sous-officiers ont bénéficié des diverses mesures d'aide au départ anticipé , 14 000 d'entre eux ayant obtenu l'attribution du pécule d'incitation au départ, pour un coût global de près de 560 millions d'euros. Parallèlement, les recrutements d'officiers et de sous-officiers ont été satisfaisant, en nombre et en qualité, même si certaines spécialités connaissent des difficultés. On peut citer, pour les officiers, le déficit en médecins, et pour les sous-officiers, la forte concurrence avec le secteur civil pour les métiers de la mécanique, de l'électronique ou de l'informatique.

L'effectif des militaires du rang engagés a doublé en six ans, imposant l'augmentation du volume annuel des recrutements et l'allongement de la durée moyenne de service, portée de 5 à 8 ans. L'armée de terre enregistre actuellement environ 1,3 candidatures pour un poste, ratio qui est jugé acceptable. En ce qui concerne les premiers contrats d'engagés arrivant à échéance, elle constate des taux de renouvellement très satisfaisants, s'élevant à 73% en 2001 et à 82% en 2002.Dans la Marine, le ratio est plus élevé, tant pour les engagés initiaux de longue durée (2 candidats pour un poste en 2001 et 2,5 en 2002) que pour ceux de courte durée (1,4 candidat pour un poste en 2001 et 2,6 en 2002). Il est en revanche plus faible pour les contrats les plus courts (1,1 candidat pour un poste) qui représentent environ 400 recrutements par an. Dans l'armée de l'air, le recrutement des militaires techniciens de l'air est pour sa part devenu plus difficile, le nombre de candidatures ayant décru alors que celui des postes à pourvoir demeurait stable. On comptait ces deux dernières années environ 1,1 candidat pour un poste.

Ces chiffres démontrent la relative étroitesse du vivier de recrutement des armées pour leurs militaires du rang engagés, même si, pour l'instant, tous les postes offerts ont pu être pourvus. La pérennisation de ce recrutement demeure donc un défi majeur pour les années à venir, qui impose des mesures appropriées d'attractivité des carrières et de fidélisation des personnels.

Si la réalisation des effectifs de militaires professionnels s'est déroulée de manière satisfaisante, trois points faibles persistent et continuent de peser sur le bon fonctionnement de l'armée professionnelle.

Le premier point faible concerne la composante civile et demeure préoccupant, même si le déficit s'atténue. Aux facteurs qui ont été précédemment signalés, à savoir essentiellement les restrictions apportées aux recrutements, s'ajoutent des causes plus structurelles. Les contraintes liées à l'affectation géographique des personnels civils paraissent fortes, soit qu'elles freinent la mobilité interne au sein du ministère de la défense, soit qu'elles découragent les candidats potentiels à certains concours, voire même leurs lauréats. Se posent également des problèmes d'adéquation qualitative entre certaines activités jusqu'alors confiées à des appelés et la ressource disponible sur le marché du travail.

Ce déficit persistant pénalise fortement les capacités opérationnelles, car il implique l' affectation de militaires professionnels à des tâches de soutien qui ne leur étaient pas dévolues. L'armée de terre a du ainsi redéployer plus de 2 300 militaires, soit le volume d'une demi-brigade, au profit des directions chargées du matériel et du soutien des forces, amputant d'autant le réservoir de forces projetables.

Par ailleurs, il serait insuffisant de n'aborder la question des personnels civils qu'à travers les objectifs quantitatifs de réalisation des postes non pourvus. Ces personnels doivent bénéficier, en matière de gestion des ressources humaines, d'un suivi tout aussi attentif que celui porté, au cours de la professionnalisation, aux personnels militaires.

Votre rapporteur estime que la composante civile des armées , qui représente près d'un cinquième des effectifs, devra faire l'objet d'une attention particulièrement soutenue dans les années à venir . Alors que ces personnels relèvent d'une extrême diversité de statuts, ce qui rend parfois complexe l'articulation entre leur gestion et les besoins des armées, il serait souhaitable d' engager une réflexion de fond sur les moyens d'optimiser leur insertion dans le dispositif de l'armée professionnelle.

Le deuxième point faible concerne les volontaires . Après les premiers recrutements opérés en 1999, les limites du vivier potentiel de cette catégorie sont vite apparues. S'il est vrai que le volontariat fait souvent office de prélude à l'engagement, son statut manque d'attractivité pour prétendre intéresser un effectif aussi important que celui qui avait été défini à l'origine, et qui s'élevait à plus de 27 000 hommes. Votre rapporteur, s'agissant de l'armée de terre, a insisté au cours des deux dernières années pour que des solutions satisfaisantes soient apportées aux difficultés rencontrées pour cette catégorie de personnels. En effet, les volontaires ne constituent pas une force d'appoint mais font partie intégrante du format des forces, au même titre que les autres personnels militaires. Un déficit prolongé ne saurait donc être accepté.

Enfin, la réserve opérationnelle constitue le troisième point faible de la professionnalisation. Le format prévu pour la réserve opérationnelle est de 100 000 volontaires ayant souscrit un engagement à servir dans la réserve. L'objectif pour 2008 est de 82 000 réservistes, mais on n'en dénombrait moins de 28 000 au 1er juillet 2002, soit à peine 34% de la cible.

Situation des effectifs de la réserve opérationnelle au 1 er juillet 2002

 

Cible 2008

Situation 2002

%

Officiers

13 650

8 952

65,6

Sous-officiers

28 450

11 759

41,3

Militaires du rang

39 900

7 195

18,0

Total

82 000

27 906

34,0

C'est essentiellement le faible nombre de militaires du rang qui entrave la montée en puissance de la réserve opérationnelle, et c'est donc sur cette catégorie, ainsi que sur celle des sous-officiers, que devra porter l'effort de recrutement. Si les enjeux relatifs à la réserve ont quelque peu été occultés, les années passées, par ceux de la professionnalisation, il importe désormais de donner corps à cette composante très importante de notre armée. Pour reprendre l'expression d'un haut responsable des armées, le réserviste est un militaire à part entière mais à temps partiel. Comme le montrent des exemples étrangers, la réserve doit désormais prendre toute sa place dans un outil de défense moderne et performant.

b) Un sentiment de relative dégradation des conditions de vie et de travail des militaires

Au delà de la réalisation des recrutements nécessaires, le succès de la professionnalisation doit également s'apprécier au vu d'un environnement d'ensemble, intégrant l'équipement, l'entraînement et les conditions de vie du militaire professionnel.

Les armées ont connu tout au long de la période de transition un sous-effectif permanent , dû à la déflation plus rapide que prévue des effectifs d'appelés (dispositions octroyant des reports aux titulaires de contrats de travail puis suspension anticipée, en 2001, du service national) et à la difficulté à pourvoir les postes en personnels civils (gel des embauches en l'absence de transferts en provenance des services industriels de l'Etat).

Extrêmement lourde du point de vue des mesures de réorganisation et de restructuration, avec ce qu'elles impliquent en contraintes de mobilité et en incidence sur la vie familiale, cette période s'est caractérisée par un surcroît de participation aux opérations extérieures , notamment du fait de l'ouverture d'un nouveau théâtre d'opérations au Kosovo, qui a mobilisé jusqu'à près de 5 000 hommes. Les armées ont été, dans le même temps, fortement sollicitées pour des missions intérieures : tempêtes de la fin d'année 1999, pollution consécutive au naufrage de l'Erika, inondations dans la Somme, évacuation des munitions chimiques de Vimy, explosion de l'usine AZF de Toulouse, plan « Statère » de gardiennage des centres de stockage de monnaie à l'occasion du passage à l'euro, plan Vigipirate renforcé.

Conjuguées au sous-effectif, ces missions ont entraîné une sur-activité des unités . Ainsi, certaines spécialités de l'armée de terre particulièrement sollicitées, comme l'infanterie, ont été soumises à un rythme trop élevé d'engagement extérieur (un séjour à l'extérieur par an, au lieu d'un tous les 16 mois) venant s'ajouter aux activités de service et de sécurité publique sur le territoire national.

À ces difficultés conjoncturelles, qui devraient s'atténuer avec l'allègement, décidé par l'OTAN, de son dispositif dans les Balkans, se sont ajoutées les contraintes imposées aux crédits de fonctionnement et à l'équipement, notamment l'entretien des matériels.

Le nombre de jours d'activité réalisés par les forces s'est régulièrement érodé à partir de 1996, avant qu'un redressement ne soit opéré à partir de 2001. La disponibilité des matériels s'est fortement dégradée. Les restrictions opérées jusqu'en 2000 sur les crédits de vie courante (entretien des locaux, équipement bureautique, frais de déplacement) ont pesé sur l'environnement quotidien.

Au total, un sentiment de dégradation de l'outil de travail s'est développé.

C'est dans ce contexte difficile qu'a été posée de plus en plus clairement la question de la condition militaire . Votre commission y a accordé une attention soutenue et a alerté à plusieurs reprises le gouvernement sur la nécessité d'y apporter rapidement des réponses.

Sur un plan général, la communauté militaire n'a pas senti qu'elle bénéficiait d'une attention comparable à celle des autres secteurs professionnels. Le traitement budgétaire réservé au ministère de la défense a conforté cette appréciation. Sur un plan plus particulier, la quasi-absence de mesures catégorielles en faveur des militaires de 1997 à 2001 tranchait avec l'attention portée, sur le plan social, à différents secteurs de la vie civile et diverses réformes mises en oeuvre durant la dernière législature, celle des 35 heures étant bien entendu la plus emblématique.

Tout ces éléments ont conduit à la crise de confiance qui s'est développée, au cours de l'automne et de l'hiver 2001, au sein des armées, bien au delà du seul cas de la gendarmerie.

Ces attentes ont en partie été comblées par le plan d'amélioration de la condition militaire, au travers de mesures indemnitaires et d'une revalorisation des qualifications et spécialités. Les mesures ciblées, dont beaucoup répondaient à des demandes anciennes, représentent toutefois moins de la moitié de l'enveloppe consacrée à ce plan, qui se trouve largement absorbée par les mesures relatives au temps d'activité et d'obligations professionnelles des militaires (TAOPM), destinées à compenser dans les armées la non-application des 35 heures.

Ainsi, la réponse apportée peut apparaître à la fois trop tardive, puisqu'il a fallu régler en urgence une crise sans précédent dans les armées, et trop influencée par les interférences avec la mise en place des 35 heures.

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