G. MAÎTRISE DU MILIEU AÉROMARITIME
1. L'indispensable modernisation de nos forces navales
Les
forces navales sont un élément essentiel des systèmes de
forces « projection et mobilité » et
« frappe dans la profondeur » au titre desquels sont
retenus plusieurs programmes majeurs menés par la marine et, notamment,
le deuxième porte-avions.
Affranchie des contraintes diplomatiques, la haute mer est en outre un milieu
relativement protégé des menaces. Les bâtiments
nécessitent un accompagnement par des
navires armés de
systèmes adaptés à la défense contre des
missiles
dont la portée et la précision sont accrue, et des
sous-marins.
La maîtrise du milieu aéro-maritime consiste à
acquérir et à garantir la liberté d'action des forces
projetées sur un théâtre d'opérations, à
garantir la sécurité des approches maritimes françaises.
Les missions dévolues à la majeure partie des équipements
retenus au titre du système de forces sont multiples et qu'ils
concourent à ce titre à plusieurs des systèmes
définis par le loi de programmation ; c'est donc au sens
étroit qu'il faut entendre la maîtrise de ce milieu, comme le
premier niveau d'implication des forces navales mais surtout, l'accompagnement
et la sécurité d'autres forces déployées.
Le
renouvellement de la flotte de surface
, à travers les
programmes de frégates, dont la disponibilité est fortement
dégradée par le vieillissement des bâtiments et la
nouvelle classe de sous-marins nucléaires d'attaque
ainsi que les
programmes d'armement qui leur sont liés sont les principales
priorités de ce système de forces. Longtemps, cet
impératif de modernisation de la flotte de surface a pesé sur le
choix de lancer ou non un programme de deuxième porte-avions. Il importe
en effet que le porte-avions ne soit pas réalisé au
détriment d'autres bâtiments.
Les ressources prévues pour le système de forces durant la
période 2003-2008 sont les suivantes:
( en millions d'euros 2003)
|
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Total |
AP |
774 |
2 040 |
1 663 |
741 |
1 925 |
1 150 |
8 294 |
CP |
1 075 |
1 123 |
1 116 |
1 073 |
1 241 |
1 256 |
6 886 |
MAÎTRISE DU MILIEU AÉROMARITIME- PRINCIPAUX PROGRAMMES
Cible 2015 |
Mission |
Coût global
|
Coût unitaire
|
CP
|
Commandes et livraisons |
Industriel |
Coopération |
17 frégates multimissions |
Lutte anti-sous-marine (8 unités) et action vers la terre (9 unités). |
5 300 |
|
1 238.2 |
4 commandes en 2004 et en 2007, 1 livraison en 2008 |
DCN et Chantiers de l'Atlantique |
Italie |
6 sous-marins nucléaires d'attaque |
Frappe dans la profondeur, protection de la FOST et maîtrise du milieu aéromaritime |
4 570 |
766 |
1 208.1 |
1 commande en 2005 et en 2007, 1 livraison prévue en 2012 |
DCN |
- |
4 frégates Horizon |
Frégates anti aériennes.
|
2 500
|
1250 |
1209.3 |
2
commandées avant 2003
|
DCN |
Italie
|
16 bâtiments anti-mines |
Modernisation de 13 bâtiments |
140,25 |
7.44 |
66.3 |
Commande globale en 1999, 1 livraison en 2002, 4 en 2003, 5 en 2004, 3 en 2005 |
Thomson Marconi Sonar, DCN |
- |
2. Le renouvellement de la flotte de surface et des systèmes d'armes
S'agissant de la flotte de surface, la marine est parvenue dès 2000 au format 2015 en termes quantitatifs. Certains bâtiments ont cependant été prolongés au maximum de leurs possibilités sans qu'il soit pour autant possible d'éviter la rupture capacitaire.
a) Les frégates antiaériennes : les programmes Horizon et PAAMS
Les
frégates antiaériennes ont pour vocation principale de
protéger une force navale contre les aéronefs et missiles
adverses et de participer à la gestion et au contrôle de l'espace
aérien.
Le modèle 2015 comprend quatre bâtiments de ce type avec
l'objectif d'assurer la protection d'une force navale ; la protection
simultanée de deux groupes requerrait un minimum de six frégates.
Le
programme Horizon
en cours porte sur deux bâtiments, d'un
tonnage de 6 700 tonnes. Il a été lancé en septembre 2000
en coopération avec l'Italie, suite au retrait britannique du programme
en avril 1999, pour des entrées en service en 2006 et 2008.
Après le retrait du service actif en 2001 de la frégate
antiaérienne Suffren, la Marine doit faire face à un
déficit capacitaire qui ne sera comblé qu'avec l'entrée
en service, en 2006, de la première frégate Horizon
de la
série, le Forbin.
Le projet de loi de programmation militaire prévoit la
commande d'une
troisième frégate en 2007
, qui n'était pas
envisagée par le premier projet déposé par le
précédent gouvernement. Une quatrième frégate est
envisagée sur la période de programmation suivante.
Les frégates antiaériennes Cassard et Jean Bart seront
désarmées lors de l'entrée en service des troisième
et quatrième frégate Horizon. Aucun programme de modernisation
n'est prévu pour un prolongement au delà de la date de retrait du
service des différents bâtiments en raison, notamment, de
l'obsolescence de leur système d'armes.
Les dispositifs de protection des forces ont déjà
intégré des coopérations avec des navires alliés
lors d'opérations ponctuelles. Ainsi, une coopération de ce type
a été réalisée avec la Marine britannique lors du
conflit du Kosovo.
Le coût prévisionnel du programme s'établit à 1,9
milliard d'euros, dont 1,1 pour la fabrication.
Chaque frégate disposera d'un radar à haute performance et de
48 missiles Aster
du système PAAMS.
Le
système PAAMS
(principal anti-air missile system),
programme en coopération tripartite, équipera les
frégates antiaériennes Horizon et les destroyers britanniques
T45. Le système résulte de la combinaison d'un radar
multifonctions (Empar pour les frégates françaises et italiennes)
qui assure la surveillance, la détection, la poursuite et le rapport
d'interception et d'un missile (Aster 30) auxquels sont associés des
radars longue portée. Les performances attendues devraient permettre
d'assurer l'autodéfense et la défense locale contre des salves de
missiles anti-navire dans un rayon de 6.5 km et des interceptions
jusqu'à 70 km.
A terme, le système PAAMS constituera l'unique système d'armes de
défense antiaérienne moyenne portée de la marine
nationale. Le système équipant la troisième frégate
devrait être commandé en 2008.
Le programme comprend la fabrication de deux systèmes PAAMS, de deux
radars longue portée et de 120 Aster 30 pour un coût global de
650,3 millions d'euros courants.
b) Les frégates multimissions
Ce
programme organise le renouvellement des frégates dans deux composantes
de la maîtrise du milieu aéromaritime : l'action vers la
terre et l'action sous-marine.
Trois types de bâtiments actuels seront
remplacés à terme par les frégates multimissions
, d'un
tonnage de 5 000 tonnes : les frégates F 67, les avisos A 69 et les
frégates F 70.
Suite à l'accord intervenu lors du dernier sommet franco-italien, le 7
novembre 2002, le programme sera réalisé en coopération,
le besoin italien s'élevant à dix bâtiments.
L'action vers la terre recouvre les capacités de frappe dans la
profondeur, d'appui et de soutien des opérations de projection :
surveillance, recueil de renseignement, projection de forces spéciales,
escorte, maîtrise de la zone d'opérations continentale. Neuf
unités sont prévues pour cette version.
L'action sous-marine concerne la sûreté de la force
océanique stratégique et la protection anti-sous-marine des
opérations de projection et dans les opérations liées
à : protection du groupe aéronaval et du groupe amphibie,
protection des forces au contact et protection des voies de communication
maritimes. Huit unités sont prévues dans cette version, dont
quatre font l'objet de la première tranche du programme, la
première admission au service actif étant prévue fin 2008.
Sur ce programme de grande ampleur (5,3 milliards d'euros), la démarche
adoptée vise à une maîtrise des coûts qui explore
plusieurs directions : une même plate-forme propulsée est
dotée de fonctions de base communes aux dix-sept bâtiments. Les
objectifs de disponibilité technique, fixés à 350 jours
par an sont ambitieux et se rapprochent des normes civiles afin d'éviter
les longues immobilisations et permettre la réalisation à bord de
l'essentiel des opérations de maintenance pour un coût
limité. Le rythme de production prévu, un bâtiment et demi
par an, devrait également permettre de maintenir l'enveloppe
financière du programme.
En matière de systèmes d'armes et d'équipements,
l'objectif est de s'appuyer au maximum sur les programmes en cours (torpilles
MU 90, missile Aster, lanceurs Sylver, SIC...).
Avec les frégates Horizon, les frégates multimissions seront un
des porteurs privilégiés de l'hélicoptère NH 90.
L'ensemble des bâtiments a également vocation à recevoir le
missile de croisière naval à partir de 2011
, date
d'admission au service actif du premier bâtiment en version action vers
la terre.
Le programme en est au stade des études amont, qui portent notamment sur
le « tout électrique », le lanceur vertical
polyvalent ou encore sur le type d'armement en appui pour la protection des
bâtiments. Le début du stade de réalisation est
envisagé pour 2004 et la première livraison fin 2008.
Le coût prévisionnel du programme est de 5 308 millions d'euros.
c) Le programme d'avion de guet embarqué Hawkeye
L'avion de guet Hawkeye participe à la
maîtrise du
milieu aéromaritime en assurant les missions suivantes : la
sûreté de la force navale par la détection des missiles,
aéronefs et bâtiments de surface, l'élaboration et la
diffusion de la situation tactique sur la zone d'opérations, le
contrôle des avions d'interception et des avions d'attaque au sol.
Le E2-C Hawkeye, dont deux exemplaires sont en service depuis mars 2000, est
acheté « sur étagère » dans le cadre
de commandes communes avec l'armée américaine. Le
troisième avion du programme
, commandé en 2000, devrait
être
livré à la fin de l'année 2003
.
Le coût global du programme, qui comprend un certain nombre de
prestations de service, s'élève à 987,3 millions
d'euros.
3. Les autres composantes du systèmes de forces : sûreté de la FOST et lutte anti-sous-marine
a) Le programme « Barracuda »
Les
sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) constituent la composante
sous-marine du système de force « maîtrise du milieu
aéromaritime » en concourant à la
sûreté de la force océanique stratégique (FOST)
et au soutien d'une force aéronavale
.
Le programme de sous-marin d'attaque futur a été lancé en
octobre 1998. Il est destiné à remplacer les six SNA de type
« Rubis » avec une
première livraison
prévue en 2012
, suivie d'une livraison tous les deux ans. Le
programme a subi un retard important lors des études de
définition qui rend la date de 2012 plus incertaine et risque d'affecter
le bon déroulement du contrat opérationnel si la construction ne
débute pas de façon effective en 2005.
Doté d'une autonomie de 70 jours avec un équipage de 60 hommes,
le SNA sera équipé de torpilles lourdes, de missiles anti-navire
et de missiles de croisière. Ses moyens de communication seront
renforcés et il sera doté de capacités de renseignement.
Pour ce type de bâtiment, la propulsion nucléaire, qui garantit
autonomie et discrétion, constitue, pour les forces navales, un atout
irremplaçable.
Le coût du programme est estimé à 4 570 millions d'euros.
b) Les programmes de torpilles
Le
développement de la torpille légère MU 90, (fusion des
programmes Murene et A290 italien en 1991) est achevé depuis fin 1997.
Sa mission est la défense anti-sous-marine qu'elle devrait assurer,
à terme, sur l'ensemble des bâtiments et aéronefs de la
marine.
Les premières installations à bord des MU 90, produites pour la
France, l'Italie, l'Allemagne, le Danemark, la Pologne et l'Australie, sont
prévues pour 2003.
La torpille lourde vise à neutraliser des cibles de surface ou
sous-marines. La F17 mod2 actuellement en service, ne devrait pas pouvoir
être maintenue au delà de 2008. Mise en oeuvre, tant par les SNLE
que par les SNA, la future torpille lourde devra être d'une plus grande
autonomie et d'une plus grande discrétion. Grâce aux performances
de son système de guidage, elle est capable d'opérer, dans des
conditions proches de celles d'un missile, dans des fonds faibles face à
des cibles de taille réduite.
Le coût d'acquisition « sur étagères »
s'élève à 180 millions d'euros.
c) La modernisation des chasseurs de mines tripartites (CMT)
Les
missions de guerre des mines visent à assurer en permanence la
sûreté de déploiement de la FOST par la surveillance
anti-mines de routes ou de zones, la réduction des risques de mines et
le guidage de convois. La modernisation des chasseurs de mines porte
principalement sur le système d'armes et vise à maintenir
à niveau les capacités de détection de mines devenues plus
furtives.
La marine dispose actuellement de 13 bâtiments de ce type, admis au
service actif entre 1984 et 1988. Une coopération analogue à
celle qui a présidé à la construction des bâtiments,
avec la Belgique et les Pays-Bas, n'a pu être reconduite.
Le programme CMT vise l'adaptation des 13 bâtiments sous la forme d'une
commande globale, selon un calendrier qui va d'octobre 2002 à août
2005. Les chasseurs de mines devront être équipés d'une
capacité de traitement d'informations en provenance de véhicules
de porteurs de sonars dont 10 unités seront acquises. La modernisation
porte également sur le remplacement du sonar de coque
« détecteur » et du système tactique, la
numérisation du sonar de coque « classificateur »,
le remplacement d'une partie du système de pilotage automatique,
l'amélioration de la chaîne de visualisation du véhicule
d'intervention et la mise en place d'une capacité d'entraînement
à bord.
Le coût global de l'opération est de 134,4 millions d'euros pour
un coût unitaire de 7,3 millions d'euros.
4. La protection des approches maritimes
Pour
la protection des approches maritimes, la marine nationale est le seul acteur
à pouvoir intervenir depuis la haute mer et à disposer des moyens
hauturiers lourds nécessaires à l'action de l'Etat en mer.
Les
approches maritimes françaises
, qui apparaissaient jusque
là relativement préservées,
se sont
révélées vulnérables
comme en a
témoigné l'échouage de l'East Sea à
proximité d'un sémaphore qui n'était pas
opérationnel. Devant ce constat, dressé dès avant les
événements du 11 septembre, la marine a
réactivé ses capacités de surveillance des côtes.
L'anticipation, depuis la haute mer par le renseignement et la
coopération internationale, des divers trafics (stupéfiants,
trafics humains) a permis récemment l'interception de navires .
Le réarmement des sémaphores la nuit, effectif depuis plus d'un
an, s'accompagne désormais de leur équipement en radars et en
dispositif d'échanges de données. Intégrés dans une
chaîne d'informations, ils pourront procéder à l'avenir
à des échanges avec les navires et les avions de la Marine dans
le cadre du projet Spatio-nav. Le coût global de la première phase
de SPATIO s'élève à 18,30 millions d'euros dont 3,05 sont
prévus en crédits de paiement 2003.
Face aux
besoins croissants de moyens nautiques pour la surveillance des
zones maritimes du littoral à la haute mer
, la marine renforce ses
capacités en renouvelant, pour 22 unités et pour un montant de
27 millions d'euros, les vedettes côtières de la Gendarmerie
maritime. A partir de 2003, quatre vedettes seront livrées chaque
année.
L'ensemble du littoral français est donc désormais placé
sous une surveillance permanente qui montera en puissance à mesure de
l'avancement du programme Spatio. En liaison avec le projet Trafic 2000
piloté par le ministère des transports, la chaîne
sémaphorique modernisée devrait se placer au coeur d'un
dispositif permettant de disposer, en permanence de données
précises sur l'ensemble des navires circulant à proximité
des côtes françaises.