F. MAÎTRISE DU MILIEU AÉROTERRESTRE
1. Un système de forces fragilisé par un effort budgétaire insuffisant dans les années récentes
Les
capacités définies au sein du système de forces
« maîtrise du milieu aéroterrestre » ont pour
objectif de « pouvoir engager, dans les conditions du combat moderne,
à distance, dans la durée, le plus souvent en coalition, les
volumes de forces aéroterrestres requis ».
Le contrat opérationnel fixé à l'armée de terre
suppose la capacité de commander, de déployer à distance
et de soutenir dans la durée une
force opérationnelle
terrestre de 30 000 hommes relevables ou de 50 000 hommes non relevables
dans des situations de maîtrise de la violence de basse intensité
mais aussi d'actions de haute intensité, selon un modèle qui
allie coercition et protection à des degrés variables.
Configuré pour un combat classique centre-européen face à
des forces dotées de moyens comparables, le dimensionnement des forces
terrestres a du évoluer sous l'effet de la quasi-disparition de ce type
de menaces et d'une
nécessaire reconfiguration pour assurer des
missions plus lointaines, dans des environnements plus diversifiés et
plus incertains
.
Le système de forces « maîtrise du milieu
aéroterrestre » a souffert, au fil de l'exécution de la
loi de programmation militaire 1997 à 2002, de
révisions de
cibles
liées à la revue de programme et d'une
insuffisance
de moyens
qui a conduit, en gestion, à des décalages
importants sur les programmes : la production du missile antichar de
longue portée AC3G LP a été abandonnée, de
même que le programme de missile antichar de moyenne portée ( AC 3
G MP), les programmes d'engin porte blindés ou de coordination des feux
d'artillerie Martha ont fait l'objet de réduction de cible tandis que le
programme VBCI, la livraison des dépanneurs Leclerc, la
rénovation de l'AMX 10 RC et les valorisations du canon d'artillerie
AUF1 et du système Roland subissaient des retards compris entre deux et
trois ans.
2. Les objectifs et les apports du projet de loi de programmation
Le projet de loi de programmation s'inscrit, en matière aéroterrestre, dans le cadre des orientations du modèle 2015 qui a pris en compte la grande diversité des situations opérationnelles dans lesquelles peuvent être engagées les forces terrestres . Un nouvel équilibre sera opéré entre les moyens de combat de coercition, puissants et fortement protégés et les moyens de contrôle des milieux physiques et humains, plus légers et mobiles.
MAÎTRISE DU MILIEU AÉROTERRESTRE- PRINCIPAUX PROGRAMMES
Programmes |
Mission |
Coût global
|
Coût unitaire
|
CP
|
Commandes et livraisons |
Industriel |
Coopération |
120 hélicoptères de combat |
Combat mobile antichar et anti-blindé de toute classe |
6 236 |
Version HAP 17.4 Version HAC 20.3 |
2 750.6 |
80 (70
HAP+10 HAC) commandés en 1999, 2 livraisons en 2003, puis 7 par an
jusqu'en 2008
|
Eurocopter Tiger Gmbh |
Allemagne |
406 Chars Leclerc |
Combat mobile antichar et antiblindé de toute classe |
5 891 |
8.1 |
925.3 |
Dernières commandes en 2001, 45 livraisons en 2003 et 2004, 27 dernières en 2005 |
GIAT industries |
- |
20 Dépanneurs Leclerc |
Récupération, évacuation et assistance d'un char en panne |
171.2 |
5.27 |
94.6 |
Dernières commandes en 2001, 6 livraisons en 2003 et 9 en 2004 |
GIAT industries |
- |
700 VBCI |
Transport, protection et soutien feu des groupes de combat (550 VCI), poste de commandement (150 VPC) |
2 203 |
2.2
pour le VCI
|
550.9 |
Premières commandes en 2000, commandes de 331 VCI et de
102 VPC de 2005 à 2008
|
GIAT industries et RVI |
- |
500 VBL |
Surveillance, contrôle de zone, ouverture d'itinéraires dans un contexte sécurisé |
137.2 |
0.236
pour le VBL
|
134.4 |
Commande des VBL à partir de 2005
|
Panhard et Levassor |
- |
Rénovation 256 AMX 10 RC |
Fiabilisation du châssis et intégration d'un système d'information |
236.5 |
0.86 |
163.7 |
Commandes jusqu'en 2006, livraisons de 2003 à 2008 |
GIAT industries |
- |
28 200 équipements Félin |
Système d'arme combattant |
462.9 |
0.016 |
221.1 |
Livraisons en 2006, dernières en 2015 |
|
- |
Valorisation 104 AUF1 et 70 AUF2 |
Augmentation de la portée
|
250.1 |
AUF2 : 1.73
|
178.6 |
AUF1 :
10 dernières commandes en 2006, livraisons de 2003 à 2007
|
GIAT industries |
- |
7000 lance roquettes multiple de nouvelle génération et 57 conduites de tir |
Attaque dans la profondeur de cibles pas ou peu durcies |
495.8 |
0.053
pour la roquette
|
160.1 |
Commandes des roquettes en 2004 et premières livraisons
en 2006
|
LMMFC (Lockeed Martin) pour la roquette, EADS pour la conduite de tir |
Allemagne, Italie, Royaume-uni, Etats-unis pour la composante
roquette
|
10 radars de contrebatterie COBRA |
Localisation des batteries adverses et acquisition d'objectifs pour la contrebatterie |
394 |
16 |
99.4 |
Commandes en 1998, livraisons de 2003 à 2005 |
EuroArt Gmbh (Thalès, EADS et Lockeed Martin |
Allemagne, Royaume-uni |
9 systèmes Atlas Canon |
Automatisation de la gestion des tirs d'artillerie |
303.2 |
33.68 |
162.5 |
Dernières commandes en 2002, livraisons de 2000 à 2005 |
Thalès |
- |
3750 obus à effet dirigé ACED |
Attaque et neutralisation par le toit des chars, blindés légers ou des automoteurs d'artillerie |
186.1 |
0.028 |
87.7 |
Dernières commandes en 2001, livraisons de 2002 à 2006 |
BOFORS- GIAT industries |
- |
157 VAC |
Combat débarqué en terrain difficile |
87.5 |
0.38 en
version logistique
|
80 |
Commandes en 2004 et 2005, livraisons de 2005 à 2008 |
Hägglunds Vehicle AB |
- |
Les
ajustements
nécessaires tirés des
enseignements des conflits récents seront pris en compte, par exemple
pour répondre aux hypothèses de confrontation en zone urbaine ou
montagneuse.
Deux priorités d'équipement guideront les programmes
d'équipement aéroterrestre lors de la prochaine loi de
programmation :
- la cohérence globale des capacités au niveau tactique, qui se
traduira par un effort accru sur
la
fonction combat
débarqué
, et notamment sur les véhicules
blindés de combat et de transport (Véhicule blindé de
combat d'infanterie, véhicule articulé-chenillé pour les
actions en terrain difficile) et l'équipement du combattant (programme
Felin). Il s'agira également d'améliorer la
précision
des feux indirects
, c'est à dire effectués hors de la vision
de l'objectif, pour aller d'une pratique de feux de saturation vers des feux de
précision, moins consommateurs en munitions et plus efficaces. C'est
notamment l'enjeu du missile à fibre optique (Polyphème) et des
munitions antichar à effet dirigé (Aced Bonus) et à
guidage laser (Krasnopol) ;
- la
cohérence des forces de coercition
, autour du Leclerc, qui
devra être renforcée en vue de permettre
l'interopérabilité interarmes, d'améliorer la protection
et la mobilité des blindés légers associés, de
renforcer les capacités de franchissement tactique (engins de
franchissement Sprat).
Sur la période, les crédits consacrés au système de
force « maîtrise du milieu aéroterrestre »
seront les suivants :
(en millions d'euros 2003)
|
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Total 2003-2008 |
AP |
1 207 |
1 045 |
1 427 |
1 771 |
1 024 |
1 095 |
7 568 |
CP |
1 118 |
1 258 |
1 158 |
1 172 |
1 258 |
1 302 |
7 266 |
3. Les principaux programmes
a) Les blindés lourds
Le
char Leclerc, qui remplace l'AMX 30 B2 reste un équipement
déterminant pour la capacité de coercition. Ce char de combat
combine une grande mobilité tactique avec une capacité de tir
développée et un niveau de protection élevé,
notamment contre les menaces nucléaires, bactériologiques et
chimiques.
Configuré pour le combat contre des chars sophistiqués, le char
Leclerc ne répond cependant pas à l'ensemble des besoins des
forces terrestres, diversifiés sous l'effet des changements qui ont
affecté le contexte stratégique.
Le programme Leclerc, conçu en 1982, a été notablement
révisé, la cible initiale de 1 400 ayant été
ramenée à 406 unités par la dernière loi de
programmation militaire.
De nombreuses difficultés ont en outre émaillé ce
programme pour lequel les livraisons se seront étalées sur 14 ans
(1991-2005) ce qui a eu pour effet de renchérir notablement les
coûts : le coût unitaire (8,1 millions d'euros selon le
ministère de la défense, près de 15 millions d'euros selon
les estimations de la Cour des comptes en tenant compte de l'ensemble du
programme), le coût de la maintenance d'éléments
hétérogènes selon les séries. Sur le total des 406
chars livrés, seuls 320 seront finalement opérationnels dans les
forces (soit 8 groupements à 40 chars en ligne), 40 étant
dévolus à la formation et au soutien, et 46, les plus anciens,
étant désormais considérés comme inutilisables par
l'armée de terre.
Les 117 derniers chars Leclerc seront livrés sur le début de la
période de programmation, les 27 dernières livraisons
étant prévues en 2005.
Au programme de char Leclerc est associé un
programme de
dépanneurs
désormais réduit à 20 unités
(au lieu de 30 initialement) pour un montant total de 171,2 millions d'euros.
15 unités devraient être livrés sur les deux
premières années de programmation, le solde des commandes ayant
été passé en 2001. Construit sur le même
châssis que le char, le dépanneur a des caractéristiques
techniques de mobilité et de survie adaptées à ses
missions de récupération, d'évacuation et d'assistance
à un char en panne ou endommagé dans un environnement
d'insécurité. Le dépanneur a la capacité de
remorquer un char de 60 tonnes.
L'équipement des forces terrestres en blindés lourds devrait donc
être achevé sur le début de la période de
programmation. Si cette capacité était nécessaire à
nos forces, elle n'en est pas moins emblématique de dérapages
budgétaires importants liés à un étalement excessif
du programme, la décision de réduction de cible étant
intervenue tardivement.
b) Les blindés légers
Le
parc actuel des blindés légers de l'armée de terre
comporte environ 6 000 véhicules de divers types assurant des missions
de combat, de transport de troupes et de reconnaissance. Ce parc se
caractérise par le
vieillissement et
l'hétérogénéité de matériels
,
d'autant plus difficiles à maintenir qu'ils sont
fortement
sollicités en opérations extérieures
.
La prochaine période de programmation prévoit le
remplacement
des équipements dont la situation est la plus critique
: les
blindés chenillés AMX 10 P et PC destinés au transport et
à l'appui de l'infanterie des unités blindées et
mécanisées dont le parc est très ancien et le VBL, plus
récent, mais très sollicité et en nombre insuffisant. Les
autres équipements feront, au mieux, l'objet de programmes de
rénovation, leur remplacement devant s'effectuer sur la période
de programmation ultérieure.
En dépit des efforts importants prévus par le projet de loi, mais
en raison des retards pris ces dernières années,
la
relève de notre parc de blindés légers par des
matériels modernes commencera à peine en fin de
programmation
et s'étalera sur de nombreuses années, le cas
le plus flagrant étant à cet égard le nouvel engin
blindé roues-canon dont la livraison n'est prévue qu'en 2020. La
remise à niveau des ressources financières prévue par le
projet de loi permettra surtout de limiter une inévitable érosion
capacitaire compte tenu du vieillissement des matériels.
(1) Le programme de véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI)
Le
VBCI est destiné à remplacer les AMX 10 P dont 400 sont
actuellement en service dans les forces, déclinés dans
différentes versions. Entrés en service en 1973, les AMX 10 P
chenillés sont frappés d'obsolescence sur différents
points ce qui pèse sur leur disponibilité.
Les VBCI seront disponibles en deux versions : une version de combat
d'infanterie (VCI), destinée à assurer le transport, la
protection et le soutien des groupes de combat d'infanterie et une version
poste de commandement (VPC), équipée du système
d'information régimentaire (SIR), prévu en dotation dans les
unités d'infanterie et de chars Leclerc.
La cible du programme est de 700 véhicules, 150 VPC et 550 VCI. Les
premières livraisons sont au mieux attendues en 2006
, le
programme ayant déjà subi un décalage de deux ans. Huit
régiments devraient être équipés en 2008, au rythme
de 100 livraisons annuelles à partir de 2007, la livraison des derniers
exemplaires étant prévue en 2013.
Le coût total du programme est de 2,2 milliards d'euros, le coût
unitaire étant de 2,28 millions d'euros pour la version VCI et de 1,6
million d'euros pour le VPC.
A plus long terme, il serait possible de décliner, à partir du
VBCI d'autres versions qui pourraient assurer le remplacement de tout ou partie
du parc de VAB.
(2) Le véhicule blindé léger (VBL)
Le
parc de VBL est relativement récent puisque l'âge moyen des
matériels s'élève à 8 ans. Ce véhicule
remplit des missions de surveillance, de contrôle de zone, d'ouverture
d'itinéraire dans un contexte sécurisé. Il est
particulièrement mobile et polyvalent. Il est en outre adapté aux
besoins de projection de forces puisque amphibie, hélitransportable,
aérotransportable, largable et parachutable. Le VBL existe en version
« châssis long » (Véhicule blindé
léger long VB2L) qui permet l'installation de moyens radios et de postes
de travail nécessaires aux différents niveaux de commandement.
Particulièrement sollicités, notamment en opérations
extérieures, les VBL vieillissent et sont en nombre insuffisant.
En 1997, deux ans près la clôture du programme, une commande
supplémentaire de 210 VB2L a été passée. Le
programme VBL en cours porte également sur 210 VBL et 290 VB2L en
version poste de commandement. Il s'agit d'un marché de fabrication sans
phase de développement, ni de définition. Il vise à
poursuivre l'équipement des régiments, à permettre de
disposer d'un volant d'engins pour remplacer ceux en position de maintenance
ainsi qu'à favoriser la mise en place d'une nouvelle politique de
relève avec matériels pour diminuer le temps de projection des
équipements et de mieux répartir leur temps d'utilisation.
En fin de période de programmation, l'armée de terre devrait
disposer de 1515 engins.
Le coût global du programme s'élève à 137 millions
d'euros pour les 500 véhicules avec un coût unitaire moyen de 236
000 euros pour le VBL et de 281 000 euros pour le VB2L.
(3) Le véhicule articulé chenillé (VAC)
Cet
équipement vise à répondre à un
besoin
spécifique de mobilité tactique en terrain difficile
mis en
lumière par les engagements de forces dans les Balkans et en Asie
centrale. Le VAC offre en outre des capacités amphibies adaptées
pour prendre part à l'apport français à l'Europe de la
défense dans ce domaine. Il est constitué de deux modules
articulés ; le module avant permet d'emporter quatre personnels, le
module arrière, huit personnels ou une charge utile de 1400 kg dans la
version logistique.
La cible retenue pour cet équipement dans le modèle 2015 est de
223,
157 seront acquis au cours de la prochaine période de
programmation
pour un coût prévisionnel de 87,2 millions
d'euros. Le coût unitaire est de 0,83 million pour la version logistique
et de 0,69 million pour la version blindée.
(4) La rénovation des blindés AMX 10 roues-canon (RC)
Engin blindé à roues de la classe 17 tonnes,
équipé d'un canon de 105 mm, l'AMX 10 RC est entré en
service en 1982. Le programme de rénovation porte sur le châssis
et la tourelle pour améliorer les moyens de communication avec
l'intégration d'un système d'information ainsi que sa protection
et sa mobilité et
prolonger sa disponibilité jusqu'en
2020
.
Ce n'est en effet qu'à cette échéance lointaine que
l'engin blindé roues-canon (EBRC), programme successeur, prendra la
relève de cet équipement ainsi que celle de l'ERC 90 Sagaie,
blindé d'intervention d'urgence de l'armée de terre dont la
maintenance ne devrait plus pouvoir être assurée après 2010
en raison des caractéristiques spécifiques de sa motorisation.
L'armée de terre souffrira après cette date d'un déficit
capacitaire sur les blindé à roues, compensé dans un
premier temps par la rénovation des AMX 10 RC.
Le programme de rénovation des AMX 10 RC porte sur la totalité du
parc, soit 256 véhicules pour des livraisons qui s'échelonnent de
2003 à 2008.
Le coût total du programme s'élève à 236,5 millions
d'euros, soit un coût unitaire moyen de 0,68 million d'euros.
c) Les hélicoptères de combat
Les
hélicoptères de transport de l'armée de terre sont
rattachés au systèmes de forces projection-mobilité.
L'
hélicoptère de combat Tigre
répond aux besoins de
la lutte anti-chars et anti-blindés de toute classe. Il s'agit de
pourvoir au remplacement de la totalité du parc Gazelle avec un appareil
capable de remplir la plupart des missions du combat terrestre :
reconnaissance, escorte de transport tactique, appui feu air-sol, combat
anti-hélicoptère, attaque en profondeur et combat antichar.
Le développement de ce programme a été lancé en
1988 pour deux versions : une version anti-char (HAC) et une version
appui-protection (HAP) destinée à la protection de l'infanterie,
notamment contre les hélicoptères. La cible 2025 était de
215 appareils, 115 dans la version HAP et 100 dans la version HAC, le
modèle 2015 en prévoit respectivement 70 et 50.
La première commande passée en 1999 pour 80 appareils,
privilégie la version appui-protection tant pour le nombre que pour
l'échéance de livraison puisque les 10 HAC prévus ne
devraient être livrés qu'en 2011 alors que
les premiers Tigre
HAP sont attendus en 2003
.
La qualification du besoin d'hélicoptères de combat a du
évoluer sous l'effet du changement de nature du contexte
stratégique. La révision de cible de la version HAC n'en tire
cependant pas toutes les conséquences et aura des répercussions
évidentes sur le coût unitaire ainsi que sur les coûts de
maintenance d'un parc composé de façon
hétérogène.
Le coût total du programme Tigre est évalué à plus
de 7 milliards d'euros, dont environ 1,5 milliard d'euros pour le
développement. Le coût unitaire est estimé à 17,4
millions d'euros pour la version HAP et à 20,3 millions d'euros pour la
version HAC
.
L'industriel a développé pour l'export une
version
polyvalente du Tigre, dite HAD
, appui-destruction, plus proche de la
version appui-protection mais qui comprend, en cas de besoin, une
capacité d'emport de missiles capables de détruire des
véhicules blindés, des postes de commandement ou des
installations radars.
L'Australie a décidé de se doter d'une telle version et l'Espagne
se montre intéressée, pour autant que la France s'y rallie elle
aussi.
Votre rapporteur a fait valoir à plusieurs reprises
l'
opportunité de reconsidérer les choix français en
matière d'hélicoptère de combat afin de tirer toutes les
conséquences
des changements de contexte intervenus, des enjeux
industriels ainsi que de la nécessité de rationaliser les
questions de maintenance. Le
choix de la version HAD
permettrait
d'envisager un partage des coûts de développement et de disposer
d'un parc homogène. Le programme Tigre a déjà souffert
d'un excessif étalement dans le temps. L'affichage plus rapide de choix
clairs permettrait de donner une visibilité plus grande tant à
l'industriel qu'à nos forces ou à des partenaires
éventuels.
d) Le fantassin à équipements et liaisons intégrées (FELIN)
La
phase de définition de ce nouveau programme a été
lancée en 2001, la réalisation devant débuter en 2003 pour
des premières livraisons en 2005.
Félin est un système d'arme combattant destiné à
équiper les combattants des unités débarquées de
l'infanterie, des unités d'artillerie, du génie et de l'arme
blindée cavalerie. Il vise à une adaptation optimale à la
diversité des situations opérationnelles en
améliorant les possibilités de protection, d'observation, de
communication, d'agression et de mobilité.
L'équipement se compose d'une tenue de combat, d'une structure
d'accueil, d'un équipement de tête, d'équipements
électroniques et d'un armement individuel. Il permet en particulier de
bonnes capacités d'observation et de désignation des objectifs de
tir. Avec armes et munitions, son poids total atteint 23 kg. Le programme
comprend également des équipements chefs de groupe et collectifs.
La cible d'équipements est de 28 200 unités dont 11 168
systèmes complets, 17 017 systèmes partiels et 3 000
équipements chefs de groupe et collectifs pour un coût
prévisionnel de réalisation de 457,3 millions d'euros. Le
coût unitaire d'un équipement félin est de 17 680 euros. La
commande des 1 000 premiers systèmes devrait intervenir en 2003 pour une
livraison en 2006. Deux ans plus tard, les deux-tiers des compagnies
d'infanterie devraient être équipés.
e) L'artillerie et les missiles
Les programmes en cours dans l'artillerie et les missiles visent à renforcer la précision des feux tout en allongeant la distance de tir. Comme l'a précisé le chef d'état-major de l'armée de terre devant notre commission, il s'agit de passer des feux massifs de saturation étalés sur le terrain aux feux de précision à des distances accrues, tout en limitant les dommages collatéraux et en réduisant le besoin logistique .
(1) Le système d'artillerie Atlas-canon
Le
programme Atlas canon est un système d'automatisation de la gestion des
tirs d'artillerie qui permet le traitement des demandes de tir en temps
réel par la mise en relation de la gestion de l'information et des
communications des régiments d'artillerie avec les moyens d'acquisition
d'objectifs, de commandement, de support logistique et de tir.
Le système doit être adaptable à des configurations
diversifiées de moyens d'artillerie suivant le niveau des forces
engagées, le type de manoeuvre considéré et
l'évolution de la manoeuvre. Il doit être interopérable
avec les autres systèmes de commandement de l'armée de terre.
Un système est constitué de 30 stations-shelter, chacune
étant dotée de moyens radio et informatiques. Dans sa
première version, les systèmes pris en compte sont le TRF1 et
l'AUF1 ; une version ultérieure prendra en compte l'AUF2.
Le programme a été lancé en 1995 pour le
développement et en 2000 pour la production de neuf systèmes.
Sept systèmes seront livrés au cours de la prochaine
période de programmation
, le dernier régiment à
équiper sera livré en 2005.
Le coût prévisionnel global du programme est de 303,2 millions
d'euros.
(2) L'obus antichar à effet dirigé (ACED)
Issu
d'une coopération franco-suédoise, l'obus antichar à effet
dirigé est un obus « cargo » de 155 mm conçu
pour l'attaque et la neutralisation par le toit des chars, blindés
légers ou des automoteurs d'artillerie, à l'arrêt ou en
mouvement. Il pourra être utilisé de jour comme de nuit, sur tous
les terrains et par l'ensemble des régiments d'artillerie canon de
l'armée de terre.
Le largage des sous-munitions de l'obus peut s'effectuer jusqu'à 15 km
au dessus de la zone de tir. L'exploration de la surface du sol permet de
détecter les cibles et de projeter les charges.
Le développement du programme a été lancé en 1993,
sa production en juillet 1998 pour des
premières livraisons en
2002
.
Les besoins ont été révisés à plusieurs
reprises : de 9 000 à 7 500 lors du lancement de ma production,
puis à 5 500 en mars 2002. Le projet de loi de programmation retient une
cible de 3 750 obus compte tenu de l'accroissement des capacités de
l'obus et d'une amélioration à venir de la capacité de
discrimination des sous-munitions qui permettrait de réduire les
consommations.
Le coût unitaire contractuel de la version de base est de 28 100 euros.
Le coût prévisionnel du développement est de 46,2 millions
d'euros, le coût de la production est de 139,9 millions d'euros.
(3) La modernisation du canon de 155
Le
système AUF1, qui consiste en une tourelle montée sur
châssis AMX et équipée d'un canon de 155 mm avec chargement
automatique des charges et des obus, a pour mission de fournir des feux d'appui
et indirects au contact, des feux dans la profondeur, de couvrir des
opérations de maintien de la paix et de participer à des actions
ponctuelles de destruction à caractère préventif ou de
rétorsion.
Le canon 155 AUF1, en service depuis 15 ans, fait l'objet d'un programme de
rénovation qui porte sur 174 exemplaires. Le programme vise à
augmenter la portée des système actuels et se décompose en
deux volets : une partie du parc (104) conserve l'artillerie actuelle,
l'autre partie (AUF2 pour 70 exemplaires intègre une nouvelle artillerie
au standard OTAN (52 calibres).
La livraison des exemplaires rénovés sera
échelonnée sur toute la durée de la programmation à
venir . Le coût total du programme est de 250,1 millions d'euros avec un
coût unitaire qui varie selon les versions entre 0,51 et 1,62 million
d'euros.
Par ailleurs,
cinq canons de 155 de type Caesar
(Camion
équipé d'un système d'artillerie) ont été
commandés par l'armée de terre en 2000 pour
l'expérimentation d'un matériel qui pourrait constituer la
relève des canons de 155 tractés, et devraient parvenir à
mi-vie en 2010. Intégré à la plate-forme d'un camion, le
Caesar est doté d'une grande mobilité stratégique et
tactique. Il peut être aérotransporté.
Les exemplaires commandés devraient être livrés en 2003,
pour un coût global de 19,31 millions d'euros et un coût unitaire
de 3,86 millions d'euros.
(4) Le programme lance roquettes multiple de nouvelle génération (LRM NG)
L'objectif de cette arme est de détruire les
blindés, de ralentir l'adversaire et de neutraliser les forces d'appui
et de soutien. Elle est portée par un engin blindé.
Les roquettes de nouvelle génération doivent permettre l'attaque
dans la profondeur (15 à 60km) de cibles peu ou pas durcies avec une
portée améliorée, un nombre de munitions limité et
des effets collatéraux réduits. Le programme inclut la
modernisation de la conduite de tir qui bénéficiera
également aux autres munitions en service dans l'armée de
terre ;
Des roquettes d'exercice devraient faire l'objet d'achats sur
étagères à compter de 2003.
Le développement de la roquette de nouvelle génération a
été lancé en 1998, les premières livraisons
devraient intervenir en 2006. Le lancement du développement de la
modernisation des conduites de tir est prévu en 2003, pour des
premières livraisons en 2007
. Le coût du
développement pour les deux premiers aspects du programme est de 52,87
millions d'euros.
Les coûts unitaires de production prévisionnels sont (en euros
1997) de 53 400 euros pour les roquettes , de 650 000 euros pour les
conduites de tir et de 11 000 euros pour les roquettes d'exercice.
(5) Le missile à fibre optique Polyphème
Ce
missile léger sol-sol filoguidé d'une
portée de 60
km
en est au stade du pré développement. Ses applications
pour l'artillerie sont les attaques de précision dans la profondeur. Il
est prévu par le modèle 2015.
Considéré comme « imbrouillable » grâce
à un
guidage par fibre optique
, il est d'une précision de
l'ordre du mètre. Installé sur un camion et
aérotransportable, il permet l'intervention tardive de l'homme
grâce aux images transmises par une caméra infrarouge
montée sur l'engin, ce qui devrait limiter les dommages
collatéraux.
Etant donné l'état d'avancement du programme,
les
premières livraisons ne pourraient être envisagées qu'en
toute fin de programmation (2008)
.
(6) Les capacités antichars
Des
missiles anti-char de troisième génération de moyenne et
de longue portée étaient prévus par le modèle 2015.
Le missile de moyenne portée a été abandonné et
l'arrivée du missile de longue portée devrait coïncider avec
la livraison du premier hélicoptère Tigre dans sa version
antichar, en 2011.
Dix postes de tir ont été commandés pour le moment. Lors
du lancement du programme, en 1998, les besoins de l'armée de terre
étaient évalués à 345 postes de tir et 13 800
munitions, dont le choix n'est pas encore arrêté.
(7) Le radar de contrebatterie Cobra
Le
radar de contrebatterie Cobra a pour mission la localisation des batteries
adverses composées de canons, mortiers ou lance roquettes multiples. Il
peut également informer sur la position des brouilleurs. Il remplit tout
d'abord une mission de renseignement à laquelle vient
éventuellement s'ajouter l'acquisition d'objectifs pour la
contrebatterie, notamment pour les régiments de lance-roquettes
multiples.
Il est constitué d'un ensemble radar installé sur un
véhicule à roues. Sa précision est de l'ordre de cinquante
mètres à une distance de quinze kilomètres.
Le développement du programme a été lancé en mai
1988, la production a commencé en novembre 1997 et a subi plusieurs
retards qui tiennent à des problèmes de mise au point. Sur les 10
systèmes commandés en 1998, 3 devraient être livrés
en 2003, soit avec un retard de deux ans, sous réserve de la
résolution des difficultés techniques.
Le coût prévisionnel global est de 394 millions d'euros, chaque
radar avec son environnement est estimé à 19 millions
d'euros.