b) Une exposition très forte des jeunes les moins qualifiés au risque de chômage
Cette aggravation récente du chômage des jeunes ne dément pas l'extrême vulnérabilité des jeunes les moins qualifiés au risque de chômage, bien au contraire. En mars 2002, un jeune non diplômé avait deux fois plus de risque d'être chômeur qu'un jeune bachelier et plus de sept fois qu'un jeune diplômé de l'enseignement supérieur .
Chômage des jeunes de 16 à 22 ans
selon le niveau de formation
Mars 2002 |
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Nombre de chômeurs |
Taux de chômage |
|
Diplôme supérieur |
406 |
4.4 % |
Bac + 2 |
12.046 |
12,8 % |
Bac, Brevet professionnel |
49.979 |
16.3 % |
CAP- BEP |
89.007 |
20,2 % |
BEPC seul |
43.080 |
22,9 % |
Aucun diplôme ou CEP |
113.237 |
31,9 % |
Ensemble |
307.755 |
22,1 % |
Source INSEE, enquête emploi
Cette forte exposition des jeunes les moins qualifiés au risque de chômage dans un contexte de croissance ralentie ne saurait surprendre.
D'une part, ils sont les premiers à être victimes de la réorientation progressive, constatée ces dernières années, des mesures d'aides à l'emploi vers les publics plus qualifiés. Ainsi, le dispositif « Nouveaux services - Emplois jeunes », qui occupe désormais une place centrale dans les mesures d'insertion, a surtout profité aux jeunes les plus qualifiés 5 ( * ) : environ les trois quarts des bénéficiaires ont un niveau de formation égal ou supérieur au baccalauréat. Dès lors, et alors même que les jeunes les moins qualifiés apparaissent comme les plus vulnérables face au risque de chômage, ils ont pourtant été progressivement écartés des dispositifs d'aide à l'emploi des jeunes et deviennent alors logiquement les premières victimes d'un retournement de conjoncture.
D'autre part, le coût du travail non qualifié reste élevé en France, dans un contexte où la concurrence est de plus en plus mondialisée. Aussi toute fragilisation de la croissance avec ses inéluctables conséquences en termeS de compétitivité, touche de plein fouet l'emploi non qualifié en réduisant d'autant les perspectives d'embauche des personnes les moins qualifiées, et notamment des jeunes dont le manque d'expérience apparaît alors comme un risque supplémentaire pour l'employeur.
* 5 Comme l'a excellemment souligné notre collègue Alain Gournac, au nom de votre commission, dans son rapport d'information d'octobre 2000 « Bilan à mi-parcours des emplois-jeunes : pour une sortie en bon ordre » (Sénat, n° 25, 2000-2001).