b) Des trajectoires d'accès à l'emploi trop souvent lentes et heurtées
Ces spécificités soulignent, en définitive, la lenteur et les ruptures des trajectoires d'insertion des jeunes, souvent marquées par une succession de périodes plus ou moins longues de chômage, d'inactivité ou de travail précaire.
Votre rapporteur observe à ce propos que la conjoncture économique ne contribue qu'à modifier à la marge ces difficultés d'insertion.
Ainsi, une récente étude du CEREQ 2 ( * ) , qui permet de suivre les parcours des jeunes sortis de formation initiale en 1998, montre que les trajectoires d'insertion de la génération 1992 et de la génération 1998 ne sont pas fondamentalement différentes, même si les derniers ont pu mieux profiter de la reprise économique. De fait, elle souligne notamment que « leur insertion professionnelle s'est plus ou moins améliorée selon de niveau et la spécialité de leur formation ». Ainsi, au cours de leurs trois premières années de vie active, les jeunes non diplômés de la génération 98 n'ont passé que 34 % de cette période en emploi « ordinaire » pour 26 % au chômage, contre respectivement 33 % et 34 % pour les jeunes de la génération 1992.
Cette enquête montre ainsi que, sur une génération, près de 20 % des jeunes, surtout les moins qualifiés, rencontrent de graves difficultés d'insertion, même dans un contexte économique favorable, auxquelles les politiques de soutien à l'emploi des jeunes n'apportent en définitive pas de réponse adaptée.
LES TRAJECTOIRES D'ACCÈS À L'EMPLOI « Les premiers résultats de l'enquête Génération 98 du CEREQ confirment le rôle protecteur du diplôme. Si, globalement, les jeunes qui sont sortis de formation initiale en 1998ont pu, dans le contexte récent de reprise économique, accéder plus rapidement et plus durablement à l'emploi que les générations antérieures , on observe néanmoins une accentuation des disparités dans l'insertion professionnelle selon les niveaux de formation (...). « Les travaux du CEREQ sur la génération sortie en 98 du système scolaire permettent enfin d'identifier quatre trajectoires différenciées d'accès à l'emploi. « - 55 % de la génération 98 a accédé immédiatement et durablement à l'emploi après la sortie du système éducatif. Cette trajectoire concerne surtout les jeunes sortant de l'enseignement supérieur. Dans cette catégorie, 47 % n'ont connu qu'un seul employeur et 53 % ont été mobiles. Parmi ceux qui sont restés dans leur première entreprise, la moitié a été recrutée d'emblée en contrat à durée indéterminée (les plus diplômés), un tiers a commencé avec un contrat temporaire, transformé ensuite en CDI, un cinquième est resté avec un statut précaire. Quant à ceux qui ont changé d'employeur au cours des trois premières années de vie active, les deux tiers ont changé d'employeur après un an -le plus souvent à la fin d'un contrat temporaire-, le tiers restant a rompu un CDI. Ces mobilités ont permis d'accéder à des emplois plus stables et à des rémunérations supérieures ; « - un quart des jeunes a connu aussi une trajectoire convergeant vers l'emploi, mais de manière différée. Au-delà des jeunes partant effectuer leur service national, cette trajectoire concerne à la fois des jeunes qui ont travaillé quelques mois, ont connu une interruption, puis reviennent à l'emploi (bacheliers ou jeunes de niveau bac) et des jeunes qui tardent à trouver leur premier emploi (BEP et CAP tertiaire) ; « - 17 % des jeunes ont des parcours marqués par le chômage ou l'inactivité, dont 6 % qui basculent hors de l'emploi environ deux ans et demi après leur entrée dans la vie active (niveau CAP, BEP et sortants de l'enseignement supérieur sans diplôme), 7 % des jeunes qui connaissent un chômage persistant (jeunes filles ayant un CAP ou un BEP tertiaire), 4 % de jeunes qui traversent de longues périodes d'inactivité professionnelle (retrait du marché de l'emploi) pour des motifs familiaux, une absence de motivation, des problèmes de santé ou qui ont suivi des formations hors emploi ; « - 4 % des jeunes se distinguent par des trajectoires de retour en formation, dont la moitié (surtout des bacheliers) reprend des études et la moitié (plutôt des non diplômés) effectue des stages.» Source : Rapport de la Commission nationale pour l'autonomie des jeunes, avril 2002. |
* 2 « Génération 98 : à qui a profité l'embellie économique ? », Bref n° 181, décembre 2001.