II. LES OBSERVATIONS
A. UNE PROGRESSION DES DÉPENSES MAÎTRISÉE SEULEMENT EN APPARENCE
1. La poursuite de l'accroissement des charges de personnel
Le BAAC est, pour moitié, un budget de rémunérations. Les charges de personnel s'accroîtraient de près de 8,4 % par rapport à 2001.
Evolution des charges de personnel depuis 1995
(en millions de francs)
année |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Evolution 2002/1995 |
Evolution
|
M
francs
|
3.311,6 504,9 |
3.632,5 553,8 |
3.766
|
3.990,6 608,4 |
4.198,8 640,1 |
4.361,1 664,8 |
4.559,9 695,2 |
4.946
|
+ 49,35 % |
+ 8,47 % |
La
hausse des charges salariales s'explique largement par la négociation
périodique de protocoles sociaux triennaux qui donne lieu à des
tensions auxquelles les gouvernements successifs se sont toujours
montrés très soucieux d'apporter une réponse non
conflictuelle.
L'augmentation des dépenses de personnel de 8,4 % en 2002
résulte principalement :
-
pour 2,4 %, de l'application des mesures
interministérielles
(participation aux charges de pension, extension
en année pleine des mesures de revalorisation de la fonction publique
2001 et 2002), pour 1,1 %, et des mesures d'ajustement spécifiques
à la DGAC prenant en compte l'évolution des qualifications et les
effets « glissement vieillesse technicité » (GVT),
pour 1,3 % ;
-
pour 5,7 %, des mesures résultant du protocole d'accord du
7 décembre 2000
applicables en 2001 et 2002 ;
-
pour 0,3 %, des mesures nouvelles hors protocole
.
Le protocole d'accord du 7 décembre 2000, établi entre le
Ministre de l'équipement, des transports et du logement et les
organisations syndicales représentatives des personnels de la direction
générale de l'aviation civile, comprend de
«
nouvelles avancées sociales pour les personnels de la
DGAC
», «
en vue des efforts qu'ils seront
amenés à consentir
».
Les extraits du protocole d'accord témoignent de ces avancées
sociales :
«
Le développement rapide de l'activité
aéronautique civile se traduit par une forte augmentation du niveau
d'activité de la DGAC, qui impose des moyens nouveaux et qui s'inscrira
en conséquence dans le cadre d'une politique dynamique de
création d'emplois.
La Direction Générale de l'Aviation Civile procédera ainsi
au cours des trois prochaines années aux recrutements définis en
annexe 1, qui prennent en compte les départs, les retraites par limite
d'âge, les changements de corps prévus ainsi que
l'aménagement et la réduction du temps de travail. Ce sont
globalement 1.339 agents qui seront recrutés à ce titre au cours
de la période ouverte par le présent accord.
Ces valeurs de recrutement ne prennent pas en compte les mouvements de
personnel non prévisibles, en particulier ceux qui interviennent au
titre des disponibilités, congés parentaux, détachements,
mobilité, décès, démissions, retraites
anticipées, nouveaux temps partiels.
Ces mouvements seront compensés, l'année suivante, dans chacun
des corps, par autant de recrutements
supplémentaires. »
En réponse à une question de votre rapporteur spécial, la
DGAC indique que les dépenses de personnel induites par le protocole
2000 auront progressé, à l'issue de la troisième
année, de 11 % par rapport à l'année 2000
5(
*
)
, dont près de la
moitié pour les seules créations d'emplois. Il convient de
relever que le protocole d'accord fixe également le cadre de mise en
place de l'aménagement du temps de travail au sein des services de la
DGAC.
Charges résultant du protocole d'accord de la DGAC en année pleine (en millions d'euros)
|
|
PLF 2002 |
|
|
|
Années |
LFI 2001 |
Au titre de 2001 |
2002 |
2003 |
Cumul |
Créations d'emplois |
50 |
32 |
80 |
74 |
236 |
Mesures catégorielles |
35 |
67 |
80 |
61 |
243 |
Total |
85 |
99 |
160 |
135 |
479 |
Source : DGAC
Les recrutements prévus par la DGAC au cours de la période
2001-2003 sont répartis comme suit :
Corps |
Effectifs réels au 01/01/2001 |
2001 |
2002 |
2003 |
Total des créations |
Ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (ICNA) |
4.291 |
210 |
210 |
210 |
630 |
Techniciens supérieurs des études et de l'exploitation civile (TSEEAC) |
1.611 |
80 |
80 |
80 |
240 |
Ingénieurs électroniciens des systèmes de la sécurité aérienne (IESSA) |
1.419 |
45 |
45 |
45 |
135 |
Ingénieurs des études et de l'exploitation de l'aviation civile (IEEAC) |
774 |
24 |
24 |
24 |
72 |
Enseignants de l'Ecole nationale de l'aviation civile (ENAC) |
10 |
5 |
5 |
5 |
15 |
Administrateurs civils |
30 |
1 |
1 |
1 |
3 |
Attachés d'administration de l'aviation civile |
198 |
9 |
9 |
9 |
27 |
Assistants d'administration de l'aviation civile |
346 |
20 |
20 |
20 |
60 |
Adjoints d'administration de l'aviation civile |
162 |
20 |
20 |
20 |
60 |
Ouvriers |
956 |
30 |
30 |
30 |
90 |
Médecin |
13 |
1 |
0 |
0 |
1 |
Infirmiers |
15 |
2 |
1 |
1 |
4 |
Assistant(e) de service social |
12 |
0 |
1 |
1 |
2 |
Total 6( * ) |
11.207 |
447 |
446 |
446 |
1.339 |
Source : DGAC
L'évolution des effectifs réels, en équivalent temps plein
(ETP) a suivi en 2001 la même tendance que celle des deux
dernières années, avec une légère augmentation de
1,5 % (10.415 ETP en 2000, 10.563 ETP en 2001).
L'accroissement des effectifs est justifié par la
nécessité de mettre en place des capacités nouvelles de
traitement du trafic. Votre rapporteur spécial considère
cependant
qu'une évaluation des conditions de formation et de travail
des agents du contrôle aérien devrait être entreprise au
préalable
.
Outre ces créations d'emplois, de nombreuses mesures de revalorisation
des rémunérations sont prévues par le protocole. Elles
s'ajoutent aux mesures générales de revalorisation de la fonction
publique. Il convient cependant de noter que le chapitre
64-10 « revalorisation des rémunérations
publiques » (crédits à répartir) n'est pas
doté en loi de finances pour 2002.
Une part significative de la progression de la masse salariale de la DGAC
résulte de la revalorisation des rémunérations
individuelles
. Celle-ci résulte d'ailleurs surtout de la très
forte augmentation des rémunérations accessoires (primes et
indemnités). Ce phénomène ne peut manquer
d'inquiéter. Alors que se profilent pour les années à
venir de nombreux départs en retraite, la composition du régime
indemnitaire des agents entraîne une
déconnexion de plus en
plus nette entre leurs revenus d'activité et leurs revenus de
remplacement
calculés sur une assiette plus réduite et moins
dynamique. Ce phénomène entretient des revendications sociales
qui n'ont été que partiellement satisfaites dans le passé
au moyen de « demi-mesures ». Un risque important en
résulte, avec la perspective d'une nette augmentation des crédits
pour pensions.
Votre rapporteur spécial constate que les conditions dans lesquelles est
gérée la masse salariale du BAAC débouchent sur
des
évolutions peu raisonnables au regard des contraintes financières
du moment qui s'imposent tant à la fonction publique qu'aux
salariés des entreprises du transport aérien
.
2. Une progression modérée des dépenses de fonctionnement des services
Les dépenses de fonctionnement des services progressent de 3,7 % en 2002, pour atteindre 130 millions d'euros. Elles résultent, pour l'essentiel, de la croissance des emplois de la DGAC.
3. Une forte progression des contributions à des organismes extérieurs
Les contributions au bénéfice des « organismes extérieurs » augmentent de 7,6 %. Cette progression résulte, pour l'essentiel, de la participation de la France à Eurocontrol 7( * ) ( + 2,59 millions d'euros), des coûts des services rendus par Aéroports de Paris et Météo France (respectivement, + 2,30 et + 1,49 millions d'euros) et de la prise en compte de nouvelles dispositions contractuelles liant la Direction générale de l'aviation civile aux autorités suisses en application d'un protocole triennal 2002-2004 (+ 7,07 millions d'euros).
4. L'évolution des opérations du budget annexe en 2001 est partiellement optique
Depuis
la loi de finances pour 1999, des novations très importantes dans le
système de financement des infrastructures nécessaires au
transport aérien français sont intervenues. Il convient de les
prendre en compte afin d'apprécier les variations du BAAC.
Une taxe d'aéroport affectée aux différents
aéroports métropolitains a été créée.
Elle est constitutive d'une double curiosité juridique selon laquelle,
d'une part, des charges correspondant à des missions
d'intérêt général
incombant par nature
à
l'Etat
, selon la jurisprudence du Conseil d'Etat, (comme la
lutte anti-terroriste) ne sont pas retracées dans son budget et, d'autre
part, des personnes totalement privées se voient désignées
comme bénéficiaires d'une imposition. Cette loi de finances a, de
plus, institué un nouveau compte d'affectation spéciale le
«
Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport
aérien
» (FIATA), qui finance :
-
les dépenses directes de l'Etat
en fonctionnement et en capital
concernant les services de sécurité-incendie-sauvetage et la
sûreté, à l'exception des dépenses de
personnel ;
-
les subventions aux gestionnaires d'aérodromes
en
matière de sécurité-incendie-sauvetage, de
sûreté, de lutte contre le péril aviaire et de mesures
effectuées dans le cadre des contrôles environnementaux ;
-
les restitutions des sommes indûment perçues ;
-
les dépenses diverses ou accidentelles.
Le FIATA est financé au moyen d'une partie du produit de la taxe
d'aviation civile (TAC) - voir
infra
- dont la quotité de
répartition est fixée chaque année par les lois de
finances. En 2001, la réduction des crédits du FIATA avait
conduit à augmenter la part de la TAC versée au BAAC. Cette
augmentation, qui dispensait le gouvernement d'augmenter le taux de la TAC
-v.
infra
-, reflète notamment le désengagement de
l'Etat du financement des dépenses de sûreté
aéroportuaire. Ce désengagement n'a fait que traduire une
débudgétisation supplémentaire, rendue possible par
l'affectation directe de la taxe d'aéroport.
Le FIATA fait l'objet d'importantes critiques,
l'évaluation des
besoins de financement correspondant à son champ d'intervention
étant marqué par une grande
opacité
. La Cour
des comptes a contrôlé les opérations de ce compte
d'affectation spéciale pour les années 1995 à 2000. Les
observations effectuées suite à ce contrôle ont
été transmises aux commissions des finances de l'Assemblée
nationale et du Sénat, en application de l'article R. 135-1 du code des
juridictions financières
8(
*
)
.
Extraits du référé :
contrôle de
la Cour des comptes sur le compte
d'affectation spéciale
n° 902-25.
Nouvellement dénommé Fonds d'intervention pour
les
aéroports et le transport aérien (FIATA), le Fonds est
désormais alimenté par une fraction, définie annuellement,
de la nouvelle taxe de l'aviation civile (...). Il est chargé à
partir de 1999, non seulement d'octroyer des concours financiers à des
dessertes locales déficitaires, mais aussi de financer des
dépenses intéressant la sécurité - incendie -
sauvetage et la sureté, que ces dernières soient assurées
sous la responsabilité directe de l'Etat ou sous celle des
aéroports.
Cette évolution, qui visait à donner plus de souplesse et
d'efficacité au dispositif de péréquation, devait
permettre en outre de prendre en charge les missions d'intérêt
général relatives à la sécurité - incendie
- sauvetage dont le financement par la redevance pour services terminaux de la
circulation aérienne affectée au budget annexe de l'aviation
civile avait été mis en cause par le Conseil d'Etat le 20 mai
1998.
La Cour a examiné, pour les six exercices écoulés depuis
la création du fonds en 1995 tout à la fois les aspects
financiers de la gestion du compte et l'adaptation de ce dernier aux objectifs
fixés par le législateur.
Elle constate, sur la base de l'analyse des données globales de
l'exécution budgétaire, que les recettes ne correspondent pas au
niveau réel des besoins à financer.
Au cours des cinq premières années, la consommation des
crédits ouverts n'excède pas 40 %, la situation de l'exercice
2000, avec un taux de 59,4 %, apparaissant à cet égard tout
à fait exceptionnelle. Par ailleurs, le niveau des reports augmente
constamment d'un exercice à l'autre : de 120,5 milliards de
francs au 1
er
janvier 1996, il atteint, malgré
l'élargissement des missions du Fonds, 193,6 milliards de francs au
1
er
janvier 2000 et 224,5 milliards de francs au 1
er
janvier 2001.
Le montant du prélèvement opéré
sur l'usager au travers des opérateurs du transport aérien
apparaît donc disproportionné et excessif.
Le faible niveau de consommation des crédits démontre aussi
l'inadaptation par rapport aux réalités du transport
aérien et aux objectifs initiaux du Fonds, d'un dispositif de subvention
qui semble se révéler à l'usage peu attractif.
La réduction sensible, au fil des ans, des sommes effectivement
consacrées au soutien des lignes aériennes d'aménagement
du territoire, comme du nombre des opérateurs et des liaisons
conventionnées, amène à s'interroger sur la
validité des critères d'attribution des concours financiers
gérés par le Fonds.
Malgré l'importance des moyens financiers dont il dispose, ce dernier
n'a pas eu d'effet tangible sur la création de liaisons aériennes
nouvelles : ainsi, son intervention ne s'inscrit pas de manière
probante dans le cadre plus général d'une politique
d'aménagement du territoire qui s'accompagnerait du renforcement des
réseaux sur l'ensemble du territoire
.
A cet égard, la Cour constate que la Délégation à
l'aménagement du territoire et à l'action régionale, qui
avait joué un rôle déterminant dans la mise au point du
dispositif initial et en particulier dans la fixation à un niveau
élevé - contre l'avis de la Direction générale de
l'aviation civile - du montant de la taxe par passager, ne paraît pas se
considérer comme impliquée dans sa mise en oeuvre. Ainsi, le
Délégué n'a pas répondu au relevé de
constatations provisoires transmis par la Cour le 3 mars 2000 et au
questionnaire qui l'accompagnait.
L'évolution des missions du Fonds que consacre la réforme de 1999
contribue au demeurant à accentuer le décalage existant entre les
objectifs initiaux et la réalité actuelle.
Conçu comme
un instrument de soutien à l'aménagement du territoire, le compte
d'affectation spéciale constitue désormais principalement le
support du financement, au moyen de recettes, affectées, de missions
régaliennes
; dotées à raison d'un peu plus de 17
% en 1999, ces dernières se voient attribuer plus de 63 % des
crédits du Fonds par la loi de finances pour 2001.
Cette situation qui n'est pas conforme aux dispositions de l'ordonnance
n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de
finances conduit à s'interroger sur la légitimité du
dispositif mis en place et sur l'existence même d'un compte d'affectation
spéciale.
Celui-ci tend en effet, de plus en plus nettement à
couvrir des dépenses relevant par nature du budget
général, dans la mesure où les autres missions du Fonds
deviennent marginales.
Au terme de son contrôle, la Cour préconise donc de supprimer
le compte d'affectation spéciale 902-25 afin de permettre un retour aux
principes fondamentaux du droit budgétaire.
Les observations de la Cour des comptes ne font que confirmer les critiques que
votre rapporteur spécial émet régulièrement
à propos du FIATA et, de manière générale, sur la
prise en charge des dépenses régaliennes de l'Etat par des
recettes affectées.
5. Les dépenses en capital sont davantage maîtrisées
Le niveau des crédits pour dépenses en capital s'élève à 289,57 millions d'euros, en diminution de 9,3 % en crédits de paiement et de 7,9 % en autorisations de programme.
a) Les dépenses d'amortissement financier
Les
dépenses d'amortissement financier correspondent au remboursement en
capital des dettes du BAAC. Leur progression est considérable
(+ 33,8 % en 1999 ; + 21,4 % en 2000, + 9,2 % en
2001). S'élevant à 91,47 millions d'euros en 2002, les
charges d'amortissement financier progresseraient encore de 1,4 %. Cette
tendance reflète l'endettement passé du budget annexe.
Le tableau qui suit retrace la progression de l'endettement brut au
31 décembre de chaque année.
9(
*
)
( en millions de francs et en millions d'euros)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1.852,9 282,5 |
1.668,9 254,4 |
1.861,3 283,8 |
2.439,4 371,9 |
3.098,1 472,3 |
3.798,8 579,1 |
4.507,8 687,2 |
4.891,5 745,7 |
4.349,6 663,1 |
4.368,0 665,9 |
4.403,4 671,3 |
De
1992 à 1998, l'endettement a été multiplié par plus
de 2,4. Depuis, l'endettement du BAAC a été stabilisé.
L'évolution des charges d'amortissement enregistrée depuis 1992
rend compte de la croissance de l'endettement du BAAC de 1992 à 1999.
Evolution des charges d'amortissement
( en millions de francs et en millions d'euros)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
174,9 26,7 |
183,9 28,0 |
187,7 28,6 |
261,9 39,9 |
252,3 38,5 |
283,5 43,2 |
333,5 50,8 |
446,2 68,0 |
514,9 78,5 |
591,9 90,2 |
600
|
De 1992 à 2002, les charges d'amortissement ont été multipliées par 3,4. Votre rapporteur insiste sur le fait que la réduction de l'endettement du BAAC doit être poursuivie afin de mettre un terme définitif à la croissance des charges d'amortissement qui grèvent chaque année davantage le montant des crédits disponibles.
b) Les dépenses d'investissement
Elles s'élèveraient à 198,1 millions d'euros , soit une chute de 7,3 % après la diminution de 2,8 % enregistrée en 2001 .
(1) Les investissements de navigation aérienne
Les
investissements de navigation aérienne nécessiteraient des
autorisations de programme
à hauteur de
155,5 millions
d'euros,
en diminution par rapport à leur niveau de 2001
(- 11,3 %). Les crédits de paiement s'élèvent
à 158,5 millions d'euros, en diminution de 19,4 %.
Les principales actions engagées concernent la poursuite du plan de
renouvellement des aides radio classiques à l'atterrissage et la mise en
oeuvre de systèmes de radionavigation sur les aérodromes qui en
étaient dépourvus ; la poursuite des acquisitions de radars
pour améliorer la sécurité et la fluidité des
mouvements des aéronefs ; l'acquisition de stations
opérationnelles pour parfaire la surveillance du trafic
aérien ; le renouvellement du système de traitement radar
(STR), du système de traitement des plans de vol (STPV), et du
système des positions de contrôle (ODS) ainsi que la
première tranche du développement du futur système
européen des plans de vols (EFPDS).
Une part importante des investissements de navigation aérienne concerne
le programme "
Operator Input and Display System
" (ODS). Le coût de
ce programme pour la France pour la première phase correspondant
à la période 1990-2003 est aujourd'hui estimé à
133 millions d'euros. Plus de la moitié de ce montant
(84 millions d'euros) est consacrée à l'achat des
matériels (écrans couleur de haute définition, machines
graphiques, stations de travail et équipements de réseaux
locaux), qui sont ou seront déployés dans les cinq centres de
contrôle, à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle, à
l'Ecole nationale de l'aviation civile (pour la formation des
contrôleurs) et au service technique de la navigation aérienne
(pour les développements, les tests et la maintenance).
Pour la deuxième phase du programme ODS, s'étendant sur la
période 2001-2006, les coûts de développement des logiciels
sont évalués à 18 millions d'euros, répartis
sur les exercices 2001 à 2005. Par ailleurs, la maintenance des
équipements et des logiciels représentera environ 9 millions
d'euros de dépense annuelle à compter de 2002.
Les investissements nationaux réalisés par les pays
européens dans le domaine de la navigation aérienne sont
justifiés par la nécessité d'absorber l'augmentation du
trafic. Votre rapporteur spécial considère qu'une meilleure
intégration des investissements de navigation aérienne en Europe
apporterait de réelles économies.
(2) Les investissements du service des bases aériennes
Dans le domaine des bases aériennes, le niveau des dépenses d'investissement est de 21,34 millions d'euros en autorisation de programme et de 22,11 millions d'euros en crédits de paiement, soit des réductions respectives de - 1,1 % et de - 7,3 %.
Evolution des investissements des bases aériennes
(en
millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Ecarts en % |
|
|
|
|
|
|
|
|
1999/1996 |
2002/2001 |
Infrastructures
Total |
21,43
|
24,85
|
26,42
|
18,10
|
16,77
|
17,54
|
+ 23,3
|
+ 4,6
|
L'évolution soulignée dans le tableau ci-dessus
est
peu significative compte tenu des transferts de charge entre le budget de
l'Etat et les aéroports qui sont intervenus à l'occasion de la
réforme du système de financement des infrastructures
aéroportuaires réalisée en 1999.
La dotation pour l'année 2002 doit permettre de financer :
- les travaux d'infrastructure et les acquisitions foncières sur les
aérodromes concédés et sur les aérodromes en
régie ;
- l'entretien du patrimoine de la DGAC ;
- la poursuite des contrats de plan ;
- la poursuite jusqu'à leur terme des opérations de
sûreté initialisées sur le BAAC, avant la création
du FIATA, pour lesquelles 4,57 millions d'euros ont été
alloués.
(3) Le contrôle technique et la formation aéronautique
Le
niveau d'investissement du contrôle technique est en accroissement dans
le projet de budget pour 2002, tant en autorisations de programme
(1,22 millions d'euros) qu'en crédits de paiement
(0,92 millions d'euros). Cette dotation doit permettre notamment la
poursuite du financement du développement de logiciels informatiques,
des études liées à la lutte contre les nuisances sonores,
du renouvellement du parc automobile et des travaux au centre des examens
aéronautiques d'Orly.
S'agissant de la formation aéronautique, les dotations sont de
3,27 millions d'euros en autorisations de programme et de
3,58 millions d'euros en crédits de paiement. Cette dotation doit
permettre la modernisation de la flotte, l'adaptation des matériels de
simulation aux normes européennes, l'entretien et la remise aux normes
des centres de formation et la mise en place de dispositifs de
téléformation.
B. LA VULNÉRABILITÉ DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
1. Des redevances en permanence contestées
La
multiplication des contentieux et des annulations prononcés par les
juridictions administratives témoigne de la vulnérabilité
des recettes du BAAC. Votre rapporteur spécial souligne que les
redevances ne permettent pas d'assurer la sécurité juridique
indispensable aux missions de la DGAC.
De nombreux sujets d'interrogation demeurent sur la conformité de leur
assiette avec les principes juridiques qui en gouvernent la définition.
Ainsi, dix huit des dix neufs requêtes (la plus ancienne datant du
13 octobre 1998, la plus récente, du 23 avril 1999) tendant
à l'annulation de décisions par lesquelles le ministre
chargé de l'aviation civile avait rejeté les oppositions
formées par les compagnies requérantes contre les titres de
perception émis par l'agent comptable de la DGAC pour le paiement de la
redevance pour services terminaux de la circulation aérienne (RSTCA) au
titre de l'année 1998 n'ont pas encore été jugés
par les tribunaux administratifs de Paris et de Fort-de-France. Seul le
tribunal de Saint-Denis-de-la-Réunion a, dans son jugement du 2 mai
2001, fait droit à la requête qu'avait déposée la
compagnie Air Liberté le 23 avril 1999. Cette compagnie avait
formé opposition le 21 août 1998 contre un titre de perception
émis le 29 juillet 1999 au titre de la RSTCA. Une décision
implicite de rejet de cette opposition avait été acquise le 21
février 1999, que la compagnie requérante avait contestée.
Le juge administratif a considéré que la RSTCA portait sur des
droits et obligations de caractère civil au sens des stipulations de
l'article 6-1 de la convention européenne de sauvegarde des droits
de l'homme et des libertés fondamentales (CEDH), en écartant
l'application de l'article 2 de la loi de validation n° 98-1171 du 18
décembre 1998, au motif que l'intérêt financier au titre de
cette loi ne constituait pas un intérêt général et
suffisant.
Afin de faire valoir ses droits, la DGAC s'est immédiatement pourvue en
appel devant la cour administrative de Bordeaux.
Par ailleurs, lors d'un jugement daté du 27 juin 2000, le tribunal
administratif de Paris a rejeté vingt requêtes tendant à
l'allocation d'une indemnité visant à la réparation du
préjudice résultant d'un trop perçu de la RSTCA
résultant des titres de perception rectificatifs adressés aux
compagnies requérantes en juin 1996, sur la base de
l'arrêté du 21 février 1996, au motif que dix neuf des
vingt compagnies requérantes n'avaient pas fait opposition à ces
recours dans les délais réglementaires, et étaient
désormais forcloses à le faire.
La compagnie Air Liberté a vu sa demande rejetée au motif que la
requérante n'avait pas contesté la conventionnalité de la
loi de validation du 18 décembre 1998 au regard des stipulations de
l'article 6-1 de la convention européenne des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. En conséquence, la compagnie Air
Liberté a formé appel devant la cour administrative d'appel de
Paris et y a soulevé le moyen tiré de l'inconventionnalité
de l'article 2 de la loi de validation.
Dans sa présentation du projet de budget pour 2001, votre rapporteur
spécial avait indiqué qu'il lui semblait que le Conseil d'Etat,
à travers sa Section du Rapport et des Etudes, avait
considéré la loi de validation du 18 décembre 1998
comme incompatible avec la Convention européenne de Sauvegarde des
Droits de l'Homme et des Libertés. Il avait ajouté que, dans ces
conditions, d'éventuels refus de restitution des sommes litigieuses
pourraient donner lieu à des contentieux dont le sort dépendrait
de la norme que les juridictions choisiraient de privilégier.
Il apparaît clairement que, en application de l'article 55 de la
Constitution, la justice administrative a affirmé la
supériorité de la Convention européenne de Sauvegarde des
Droits de l'Homme et des Libertés. Si cette solution était
confirmée par le Conseil d'Etat, les dispositions de l'article 2 de la
loi de validation de 1998 seraient inopérantes, et des décisions
défavorables à la DGAC seraient probablement rendues.
2. Les limites posées à l'affectation de la fiscalité au BAAC
Le
Conseil constitutionnel a, dans sa décision sur la loi de finances pour
1998, rappelé que l'affectation des recettes fiscales à un budget
annexe ne devait pas excéder un certain niveau.
La création du FIATA apporte sans doute sur ce point une certaine marge
en ce sens qu'elle permet de financer à travers la fiscalité des
dépenses qu'un budget annexe ne saurait comporter en trop grande
quantité sans risque juridique.
Néanmoins, la vulnérabilité des redevances perçues
par le budget annexe associée à la montée en charge de
dépenses d'investissement ou financières qu'il sera
délicat de financer par leur moyen conduisent à nourrir des
inquiétudes sur la pérennité du BAAC.
Le projet de budget annexe de l'aviation civile pour l'année 2002 se
caractérise donc principalement par :
- le maintien de la fiscalité affectée au niveau de
l'année 2001 ;
- la suppression de la subvention du budget général ;
- la stabilisation de l'endettement ;
- le respect du protocole d'accord de la DGAC du 7 décembre 2000, qui
entraîne une forte croissance des dépenses de personnel.
Compte tenu de la croissance des dépenses de personnel et de la faible
progression de l'autofinancement, les investissements du BAAC sont en
légère diminution.