I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
•
En
2002
, les crédits inscrits au bleu
« ville » sont en hausse de seulement
1,31 %
par
rapport au budget voté de 2001.
Ce phénomène s'explique par le fait que le budget 2001 du
ministère de la ville a connu, par rapport à celui de 2000, une
augmentation particulièrement importante, de l'ordre de 70 %, pour
dépasser, en volume, 367 millions d'euros. Ce budget intégrait en
effet pour la première fois en année pleine les mesures
financières du comité interministériel des villes de
décembre 1999 :
grands projets de ville
et
opérations de renouvellement urbains
(90 millions d'euros),
fonds pour la revitalisation économique
(80 millions
d'euros).
• Le budget proposée pour l'année 2002 s'élève
à
372 millions d'euros.
Il convient de rappeler que, du fait du caractère
interministériel de la politique de la ville, les crédits
inscrits au « bleu » ville ne constituent qu'une partie des
crédits « spécifiques ville », qui ne
représentent eux-mêmes qu'une fraction de l'effort consenti par
l'Etat à la politique de la ville. Ce rapport prend en
considération l'ensemble de ces crédits, qui appartiennent donc
à des périmètres concentriques selon l'intensité de
leur lien à la politique des villes et au développement social
urbain.
En prenant en compte les autres sources de financement public comme les fonds
structurels européens ou les contributions des collectivités
locales, on atteint un total de
7 milliards d'euros
en faveur de la
politique de la ville, soit un montant conforme à l'objectif fixé
par le rapport Sueur. Les crédits inscrits au
« bleu » ville ne représentent que
6 % de
cet ensemble
, et constituent le coeur de la discussion budgétaire,
mais votre rapporteur considère qu'il est indispensable de prendre en
considération l'ensemble de l'effort financier de l'Etat étant
donné le caractère interministériel de la politique de la
ville.
A. EXAMEN PAR TITRE DES CRÉDITS INSCRITS AU BLEU "VILLE"
Les crédits du budget « ville » ont été presque multipliés par 5 depuis 1998, passant de 80 à 372 millions d'euros, comme l'indique le graphique ci-après.
Ville : Évolution des crédits 1998-2002
(en millions d'euros)
Source : « bleus budgétaires »
L'augmentation des crédits du présent projet de
budget
- on l'a vu de 1,31 % - provient de celle des
interventions publiques
(+
10,5 %), qui représentent les trois quarts des dépenses, alors
que les dépenses en capital et les moyens des services diminuent, comme
l'indique le tableau ci-après.
Comparaison entre les crédits votés pour 2001 et le projet de loi de finances pour 2002
en millions d'euros
DÉPENSES |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
2002/2001 en % |
Moyens des services |
21,92 |
14,88 |
-32,12 |
Interventions publiques |
266,61 |
294,61 |
10,50 |
Dépenses ordinaires |
288,53 |
309,49 |
7,26 |
Investissements exécutés par l'Etat |
|
|
|
CP |
0,92 |
0,00 |
-100 |
AP |
0,92 |
0,00 |
-100 |
Subventions d'investissement |
|
|
|
CP |
77,96 |
62,72 |
-19,55 |
AP |
176,20 |
228,67 |
29,78 |
Dépenses en capital |
|
|
|
CP |
78,88 |
62,72 |
-20,49 |
AP |
177,11 |
228,67 |
29,11 |
Total (CP) |
367,41 |
372,20 |
1,31 |
Source : « bleus »
budgétaires.
Il convient de souligner l'importance du poids relatif des dépenses
ordinaires dans l'ensemble du budget de la ville, de 83,15 %.
La nomenclature du budget « ville » a été
modifiée cette année, afin notamment de préparer les
évolutions inscrites dans la nouvelle loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances.
La simplification se traduit par une diminution du nombre de titres
dotés (3 au lieu de 4), du nombre de chapitres (3 au lieu de 5) et
d'articles de prévision (15 au lieu de 21).
Le regroupement du chapitre 37-60 (fonctionnement de la DIV) et d'une partie du
chapitre 37-82 (supprimé) permet ainsi de rendre plus lisibles les
moyens consacrés par l'Etat, tant au niveau central qu'aux niveaux
déconcentrés, à la mise en oeuvre et à l'animation
de la politique de la ville (moyens des services, formation, services publics
de quartier, communication).
La partie de l'ancien chapitre 37-82 relative au financement par l'Etat du
partenariat des contrats de ville (MOUS
2(
*
)
, directions de projet, formation
des personnels autres que ceux de l'Etat) est désormais inscrite dans le
chapitre 46-60, plus conforme à l'accueil de crédits
d'intervention de l'Etat pour des institutions extérieures à
celui-ci.
Le chapitre 46-60 (interventions en faveur de la ville et du
développement social urbain) est désormais plus ramassé,
avec la fusion des articles 10 (fonds d'intervention pour la ville) et 20
(développement social urbain en Ile-de-France), ce dernier article ayant
été destiné lors des exercices antérieurs à
lisser la budgétisation du FARIF (fonds pour l'aménagement de
l'Ile-de-France, précédemment ouvert sur le chapitre IX du compte
d'affectation spéciale n° 902-22) ; par ailleurs la fusion en
un article unique des articles 30 (partenariat) et 70 (innovation) permet de
disposer d'un outil unique et simplifié pour financer des actions qu'il
est nécessaire de continuer à mener au niveau national (appel
à projets relatifs aux modes de garde innovants, ateliers santé
ville, travail sur le phénomène des
« bandes », etc).
Le chapitre unique de titre V, 57-71, n'est pas doté en 2002, les
crédits de recherche et d'études étant désormais
inscrits en titre III. Ce chapitre reste cependant ouvert en 2002 afin de
permettre, s'agissant de crédits d'investissement, l'apurement des
programmes en cours.
Enfin, en ce qui concerne le titre VI, le regroupement des articles 10 et
50 obéit à la même logique consécutive à la
budgétisation des crédits de l'ex FARIF.
B. EXAMEN THÉMATIQUE DES CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE
Les différents crédits spécifiques « Ville » se répartissent de la manière suivante.
1. Les moyens des services (titre III)
Les moyens des services s'élèvent dans le projet de loi de finances pour 2002 à 14,9 millions d'euros , contre 21,9 millions d'euros en l'an 2001.
a) Le redéploiement des dépenses de modernisation et d'animation de la politique de la ville
Cette
diminution provient essentiellement de la suppression du chapitre 37-82,
relatif aux « dépenses de modernisation et d'animation de la
politique de la ville».
Cette réforme s'explique par les difficultés d'utilisation des
crédits réservés aux actions liées aux projets de
services publics de quartier, en raison notamment de la complexité
juridique des imputations.
Cette suppression se fait de manière peu transparente quant à
l'évolution globale des crédits concernés.
En réponse au questionnaire budgétaire adressé en juillet
par votre précédent rapporteur spécial, le
ministère a indiqué qu'en 2002 les enveloppes du chapitre 37-82
seraient «
ventilées entre les chapitres 37-60 et 46-60
selon que les dépenses étaient assimilables à des
subventions, les autres actions étant imputées sur le chapitre
37-60, sur les articles existants ou sur de nouveaux articles à
créer
».
Il convient toutefois de souligner que cette ventilation n'apparaît pas
clairement à la lecture du « bleu »
budgétaire. En particulier, il ne semble pas possible d'indiquer le
montant des crédits redéployés vers le chapitre 46-60.
Tout ce que l'on peut constater, c'est que les redéploiements
identifiables de dépenses correspondant à l'ancien chapitre 37-82
sont inférieurs de près de 10 millions d'euros au montant de
ce chapitre en l'an 2001. En effet, l'ancien article « projets de
service public de quartier et dépenses déconcentrées
d'animation », de 15 millions d'euros en 2001, n'est remplacé
de manière visible que par un article 37-60-30
« fonctionnement des services publics de quartier :
crédits déconcentrés », de seulement 4,5
millions d'euros.
b) Les moyens de la délégation interministérielle à la ville (DIV)
Les
moyens de fonctionnement de la Délégation
interministérielle à la ville progressent de 165 %.
Créée par décret du 28 octobre 1988, la
délégation interministérielle à la ville (DIV) est
une structure administrative légère, qui ne possède pas
d'emplois propres mais dispose d'une centaine de fonctionnaires mis à
disposition par différents ministères. Sa mission consiste
à la fois à coordonner les interventions, à animer les
équipes, à évaluer les opérations, et à
préparer les travaux des instances de décision (Conseil national
des villes et Comités interministériels des villes).
Inscrits au chapitre 37-60 article 10, les crédits de fonctionnement de
la délégation interministérielle à la ville (DIV)
s'élèvent à 7,17 millions d'euros pour 2002, soit une
multiplication par 3 de la dotation de 2001. Cette forte augmentation
s'explique en particulier par une modification de la nomenclature :
suppression des budget de communication (chapitre 37-60, article 50) et de
financement des expertises et colloques (37-60, article 60) de la DIV.
2. Les interventions publiques (titre IV)
Les interventions publiques, de 294,6 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2002 (contre 266,4 millions en 2001), augmentent de 10,6 %.
a) Le fonds d'intervention pour la ville (FIV)
Cette
augmentation provient essentiellement de celle du
Fonds d'intervention pour
la ville (FIV)
, qui passe de 145,4 millions d'euros à
182,1
millions d'euros
, ce qui représente une augmentation de
18 %.
Le FIV est le principal pilier du budget du ministère. Il a
été mis en place en 1995 pour donner plus de souplesse à
la gestion des instruments contractuels de la politique de la ville en
améliorant la fongibilité des crédits
déconcentrés. Il finance, notamment, les contrats de ville. Il
s'agit de crédits entièrement déconcentrés aux
préfets et libres d'emploi. 60% environ vont aux associations et 40% aux
collectivités locales. Ils doivent servir à financer les
programmes inscrits chaque année dans les contrats de ville.
Il convient cependant de relativiser cette augmentation. En effet, celle-ci
s'explique en partie par le fait que les articles 46-60-10 (FIV) et 46-60-20
(DSU Ile-de-France) sont fusionnés, la nature des actions
financées géographiquement en région d'Ile-de-France
étant du même ressort que celle des actions financées hors
Ile-de-France (option déjà retenue dans la lettre plafond). Si
l'on défalque des crédits du FIV ceux qui étaient
attribués à la DSU Ile-de-France, l'augmentation est presque
réduite de moitié.
b) Le dispositif « adultes relais »
Le
dispositif «
adultes relais
» voit ses
crédits passer de 45,7 millions d'euros à
50,7 millions
d'euros
, ce qui représente une augmentation de
11 %.
En effet, l'autorisation du recrutement des adultes relais par les
collectivités locales et leurs établissements publics,
proposée par
l'article 72 du présent projet de loi de
finances
, devrait accélérer prochainement les recrutements.
Cet article, rattaché au budget de la ville, est commenté
à la
page
32
du
présent rapport.
c) Le fonds de revitalisation économique
Les
crédits du fonds de revitalisation économique restent
stables
: les crédits d'intervention demeurent à 38,1
millions d'euros, les crédits de paiement pour les subventions
d'investissement à 38,1 millions d'euros , et les autorisations de
programme pour les subventions d'investissement à 19,1 millions
d'euros.
Le fonds de revitalisation économique était prévu par la
loi 2000-1208 du 13 décembre 2000, relative à la
solidarité et au renouvellement urbains (SRU). Il a pour objet de
contribuer à pérenniser et à développer la
présence d'activités économiques dans les quartiers
relevant de la politique de la ville.
Ce fonds doit permettre d'intervenir, notamment en complément des
actions de l'Etablissement public d'aménagement et de restructuration
des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA), en soutien aux petites
entreprises. Il peut octroyer des aides aux entreprises situées en zone
urbaine sensibles, tant en matière de fonctionnement qu'en
matière d'investissement (subventions à l'investissement
plafonnées à 30 % du montant de l'investissement, et à
150.000 francs). Ce fonds peut intervenir en atténuation des charges
locatives supportées par les PME.
d) Le soutien aux grands projets de villes
Les
crédits destinés au soutien aux grands projets de ville restent
également stables, à 10,67 millions d'euros.
Instaurés en 2001, les 50 grands projets de ville (GPV) remplacent les
14 grands projets urbains (GPU). Les grands projets de ville améliorent
et étendent la procédure des grands projets urbains. Ils
s'inscrivent dans un projet global de développement social et urbain
visant à réintégrer un ou plusieurs quartiers dans leur
agglomération, et permettent la mise en oeuvre d'opérations
lourdes de requalification urbaine. Ce dispositif, dont le champ d'action est
élargi, doit permettre une meilleure coordination avec les autres
actions menées dans le cadre des contrats de ville.
La conduite des grands projets de ville est organisée autour d'un
pilotage politique, d'un pilotage technique et d'une direction de projet. Le
groupement d'intérêt public (GIP) est la solution juridique
majoritairement retenue par les candidats aux grands projets de ville. Cette
structure doit permettre une conduite plus efficace des projets, et
éviter les blocages institutionnels qui ont pu entraver la mise en
oeuvre des grands projets urbains.
Votre rapporteur se félicite de la mise en oeuvre d'un grand programme
de renouvellement urbain. Cependant, la participation financière de
l'Etat n'est pas à la hauteur de l'ampleur des projets envisagés
par les communes, qui seront vraisemblablement confrontées à un
alourdissement de leurs charges de fonctionnement.
e) Autres interventions publiques
Les
crédits des opérations ville, vie, vacances (dites
« VVV ») restent stables, à 7,6 millions
d'euros.
Ces crédits, à l'origine destinés aux
opérations « anti-été chaud », sont
étendus à des actions d'animation et d'insertion au
bénéfice des jeunes tout au long de l'année.
En revanche, ceux de l'article 46-60-30 (partenariat national et innovation)
passent de 1,37 à 5,3 millions d'euros, ce qui correspond presque
à une multiplication par 4. Cela s'explique en partie par le fait que
les articles 30 (partenariat national) et 70
(innovation-expérimentation) sont fusionnés dans l'article 30. Si
l'on prend en compte cette nouvelle ventilation, l'augmentation des
crédits est plus de deux fois plus faible.
3. Les dépenses en capital
a) Les investissements exécutés par l'Etat
Le
chapitre 57-71, relatif aux investissements exécutés par l'Etat,
ne comporte qu'un article 10 consacré aux études, missions
d'analyse, audits et expertises commanditées par la DIV.
Alors que ses crédits étaient de 915 000 euros en 2001, tant pour
les autorisations de programme que pour les crédits de paiement, ils
sont nuls dans le projet de loi de finances pour 2002.
Cette évolution vient du fait que certaines actions financées sur
cette ligne pouvant s'apparenter à des missions d'assistance technique,
et par souci de cohérence générale avec les budgets des
autres ministères, il est proposé de supprimer prochainement ce
chapitre.
Dans une réponse au questionnaire adressé au mois de juillet par
votre précédent rapporteur spécial, le ministère
indique que «
les actions actuellement imputées sur le
titre V
» sont «
reventilées sur le chapitre
37-60-10
[Délégation interministérielle à la
ville et au développement social urbain]
au titre des missions
d'assistance technique, d'étude et de recherche
». Cet
article voit en effet ses crédits augmenter de près de 4,5
millions d'euros.
En vue de l'apurement des études en cours sur cette ligne, la DIV a
procédé à une enquête auprès des
préfets de département et de région, afin que les services
comptables déclarent terminées toutes les opérations
achevées. Ceci devrait permettre, non seulement de diminuer l'encours,
mais aussi d'anticiper le basculement sur le titre III des nouvelles
opérations.
De manière à ne pas alourdir la gestion locale, notamment par une
renumérotation de toutes les opérations en cours, il est
proposé que cette ligne perdure, sans dotation, le temps de
procéder à un apurement définitif.
b) Les subventions d'investissement accordées par l'Etat
Les
subventions d'investissement accordées par l'Etat figurent dans le
chapitre 67-10.
Au total,
les autorisations de programme passent de 176 millions d'euros
à 228,7 millions d'euros
. Finançant les contrats de ville,
GPV
3(
*
)
et ORU
4(
*
)
, ce chapitre est le second pilier
du budget du ministère, composé pour l'essentiel de la section
investissement du fonds interministériel pour la ville (FIV) et des
crédits de renouvellement urbain (art 10 et 30), pour
189,04 millions d'euros
(
en
autorisations de
programme
) de crédits entièrement déconcentrés
aux préfets et libres d'emploi. Ils doivent servir à financer les
programmes inscrits chaque année dans les contrats de ville et les
dépenses du programme de renouvellement urbain du ministère et
des grands projets de ville. Ils constituent avec les crédits de
fonctionnement correspondants le fonds d'intervention pour la ville (FIV) au
sens large.
En revanche,
les crédits de paiement diminuent
, passant de
78 millions d'euros à
62,7 millions d'euros
. Cette
diminution s'explique par le fait que
l'article 50, relatif à la DSU
Ile-de-France, disparaît, du fait de sa fusion avec le FIV
(article
10), évoquée ci-avant dans le cas des crédits
d'interventions publiques. En effet, la suppression de cet article est plus que
compensée par l'augmentation des autorisations de programme de l'article
10. En revanche, alors que l'article 50 correspondait à 11,4 millions
d'euros de crédits de paiement en 2001, l'article 10 voit ses
crédits de paiement diminuer de 7 millions d'euros (passant de 26,6
à 19,6 millions d'euros).
Il convient de souligner l'existence d'une enveloppe de 38,11 millions
d'euros (en autorisations de programme, générant
19,06 millions d'euros de crédits de paiement), qui constitue le
volet investissement du
Fonds de revitalisation économique
,
destiné aux quartiers prioritaires de la politique de la ville.