Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 19 - Emploi et solidarité : Ville
DOLIGÉ (Éric), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 19 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 189 Ko )Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
-
II. L'ÉVOLUTION DE L'EFFORT FINANCIER GLOBAL EN
FAVEUR DE LA VILLE
- A. LA CONTRIBUTION DES AUTRES MINISTÈRES
- B. LA CONTRIBUTION DE LA CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS
- C. LES DÉPENSES FISCALES ET COMPENSATIONS
- D. LA SOLIDARITÉ URBAINE
-
III. ARTICLES RATTACHÉS
- A. L'ARTICLE 71
-
B. L'ARTICLE 72
- 1. L'état du droit actuel
-
2. Modifications proposées
- a) L'inscription dans la loi des pratiques actuelles
-
b) Un nouveau contrat de droit privé
- (1) Un contrat de droit privé (comme pour le contrat emploi consolidé)
- (2) Trois différences par rapport à la pratique actuelle
- (a) Une durée de trois ans dans le cas des contrats à durée déterminée
- (b) Une disposition visant à empêcher des « emplois publics déguisés »
- (c) Le principe d'une aide financière
- 3. Position de votre rapporteur
- IV. UN SYSTÈME EXCESSIVEMENT COMPLEXE
- MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 19
EMPLOI ET SOLIDARITÉ :
III.- VILLE
Rapporteur spécial
: M. Éric DOLIGÉ
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
Des réformes dont le bien-fondé
semble
incertain
Votre rapporteur spécial s'interroge sur le bien-fondé des
réformes proposées par les articles 71 et 72 du présent
projet de loi de finances, rattachés au budget de la Ville.
Il souhaite tout d'abord souligner les lacunes de l'évaluation du
dispositif de zones franches urbaines, dont l'article 71 prévoit la
sortie progressive dans le cas des exonérations de cotisations
patronales
1(
*
)
(l'article 8 étant relatif
aux exonérations fiscales).
Il lui semble également nécessaire de souligner les limites du
dispositif prévu par l'article 72, qui tend à permettre aux
personnes publiques de recruter des « adultes-relais ». En
effet, cet article poursuit deux objectifs - accorder un emploi à des
chômeurs et favoriser la médiation - dont la conciliation pourrait
se révéler difficile. Par ailleurs, comme dans le cas des
emplois-jeunes, on peut s'interroger sur l'avenir des
bénéficiaires du dispositif après l'expiration de leur
contrat.
Une clarté encore insuffisante de la présentation des
crédits
Le présent projet de budget présente les crédits selon une
nouvelle nomenclature, afin notamment de préparer les évolutions
inscrites dans la nouvelle loi organique du 1er août 2001 relative aux
lois de finances.
Votre rapporteur spécial prend acte de cette réforme.
Il déplore cependant le caractère formel des indications figurant
dans le « jaune ». En particulier, on ne connaît ni le
détail des chapitres budgétaires concernés, ni s'ils
concernent exclusivement le champ de la politique de la ville, ni l'état
de leur consommation au cours des exercices précédents.
Une évaluation insuffisante
Cette remarque conduit votre rapporteur spécial à évoquer
la question de l'évaluation de la politique de la ville. Si le
ministère de la ville impose aux collectivités la
réalisation de nombreuses études, il ne remplit pas les
obligations qui devraient être les siennes concernant l'évaluation
des actions qu'il engage. Un exemple symptomatique est celui des zones franches
urbaines, que le gouvernement a décidé de supprimer, sans
véritablement savoir quel a été leur impact. Votre
rapporteur spécial estime donc nécessaire de mettre en oeuvre,
d'une part, un suivi de la consommation des crédits et, d'autre part,
une évaluation qualitative des résultats obtenus par les
différentes politiques menées. L'absence de mise en relation des
moyens mis en oeuvre avec les objectifs poursuivis et les résultats
obtenus conduit à une gestion erratique de l'argent des contribuables.
Les inconvénients de
« l'interministérialité »
Enfin, votre rapporteur considère que les problèmes de
financement des actions de la politique de la ville demeureront importants tant
que la conception interministérielle de la politique de la ville
impliquera, pour financer chaque action, de solliciter des crédits
auprès de plusieurs ministères. Ce mode de fonctionnement conduit
à des retards importants dans la mise en oeuvre des projets, et
accroît ainsi « l'inertie » de la politique de la
ville.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
•
En
2002
, les crédits inscrits au bleu
« ville » sont en hausse de seulement
1,31 %
par
rapport au budget voté de 2001.
Ce phénomène s'explique par le fait que le budget 2001 du
ministère de la ville a connu, par rapport à celui de 2000, une
augmentation particulièrement importante, de l'ordre de 70 %, pour
dépasser, en volume, 367 millions d'euros. Ce budget intégrait en
effet pour la première fois en année pleine les mesures
financières du comité interministériel des villes de
décembre 1999 :
grands projets de ville
et
opérations de renouvellement urbains
(90 millions d'euros),
fonds pour la revitalisation économique
(80 millions
d'euros).
• Le budget proposée pour l'année 2002 s'élève
à
372 millions d'euros.
Il convient de rappeler que, du fait du caractère
interministériel de la politique de la ville, les crédits
inscrits au « bleu » ville ne constituent qu'une partie des
crédits « spécifiques ville », qui ne
représentent eux-mêmes qu'une fraction de l'effort consenti par
l'Etat à la politique de la ville. Ce rapport prend en
considération l'ensemble de ces crédits, qui appartiennent donc
à des périmètres concentriques selon l'intensité de
leur lien à la politique des villes et au développement social
urbain.
En prenant en compte les autres sources de financement public comme les fonds
structurels européens ou les contributions des collectivités
locales, on atteint un total de
7 milliards d'euros
en faveur de la
politique de la ville, soit un montant conforme à l'objectif fixé
par le rapport Sueur. Les crédits inscrits au
« bleu » ville ne représentent que
6 % de
cet ensemble
, et constituent le coeur de la discussion budgétaire,
mais votre rapporteur considère qu'il est indispensable de prendre en
considération l'ensemble de l'effort financier de l'Etat étant
donné le caractère interministériel de la politique de la
ville.
A. EXAMEN PAR TITRE DES CRÉDITS INSCRITS AU BLEU "VILLE"
Les crédits du budget « ville » ont été presque multipliés par 5 depuis 1998, passant de 80 à 372 millions d'euros, comme l'indique le graphique ci-après.
Ville : Évolution des crédits 1998-2002
(en millions d'euros)
Source : « bleus budgétaires »
L'augmentation des crédits du présent projet de
budget
- on l'a vu de 1,31 % - provient de celle des
interventions publiques
(+
10,5 %), qui représentent les trois quarts des dépenses, alors
que les dépenses en capital et les moyens des services diminuent, comme
l'indique le tableau ci-après.
Comparaison entre les crédits votés pour 2001 et le projet de loi de finances pour 2002
en millions d'euros
DÉPENSES |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
2002/2001 en % |
Moyens des services |
21,92 |
14,88 |
-32,12 |
Interventions publiques |
266,61 |
294,61 |
10,50 |
Dépenses ordinaires |
288,53 |
309,49 |
7,26 |
Investissements exécutés par l'Etat |
|
|
|
CP |
0,92 |
0,00 |
-100 |
AP |
0,92 |
0,00 |
-100 |
Subventions d'investissement |
|
|
|
CP |
77,96 |
62,72 |
-19,55 |
AP |
176,20 |
228,67 |
29,78 |
Dépenses en capital |
|
|
|
CP |
78,88 |
62,72 |
-20,49 |
AP |
177,11 |
228,67 |
29,11 |
Total (CP) |
367,41 |
372,20 |
1,31 |
Source : « bleus »
budgétaires.
Il convient de souligner l'importance du poids relatif des dépenses
ordinaires dans l'ensemble du budget de la ville, de 83,15 %.
La nomenclature du budget « ville » a été
modifiée cette année, afin notamment de préparer les
évolutions inscrites dans la nouvelle loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances.
La simplification se traduit par une diminution du nombre de titres
dotés (3 au lieu de 4), du nombre de chapitres (3 au lieu de 5) et
d'articles de prévision (15 au lieu de 21).
Le regroupement du chapitre 37-60 (fonctionnement de la DIV) et d'une partie du
chapitre 37-82 (supprimé) permet ainsi de rendre plus lisibles les
moyens consacrés par l'Etat, tant au niveau central qu'aux niveaux
déconcentrés, à la mise en oeuvre et à l'animation
de la politique de la ville (moyens des services, formation, services publics
de quartier, communication).
La partie de l'ancien chapitre 37-82 relative au financement par l'Etat du
partenariat des contrats de ville (MOUS
2(
*
)
,
directions de projet, formation des personnels autres que ceux de l'Etat) est
désormais inscrite dans le chapitre 46-60, plus conforme à
l'accueil de crédits d'intervention de l'Etat pour des institutions
extérieures à celui-ci.
Le chapitre 46-60 (interventions en faveur de la ville et du
développement social urbain) est désormais plus ramassé,
avec la fusion des articles 10 (fonds d'intervention pour la ville) et 20
(développement social urbain en Ile-de-France), ce dernier article ayant
été destiné lors des exercices antérieurs à
lisser la budgétisation du FARIF (fonds pour l'aménagement de
l'Ile-de-France, précédemment ouvert sur le chapitre IX du compte
d'affectation spéciale n° 902-22) ; par ailleurs la fusion en
un article unique des articles 30 (partenariat) et 70 (innovation) permet de
disposer d'un outil unique et simplifié pour financer des actions qu'il
est nécessaire de continuer à mener au niveau national (appel
à projets relatifs aux modes de garde innovants, ateliers santé
ville, travail sur le phénomène des
« bandes », etc).
Le chapitre unique de titre V, 57-71, n'est pas doté en 2002, les
crédits de recherche et d'études étant désormais
inscrits en titre III. Ce chapitre reste cependant ouvert en 2002 afin de
permettre, s'agissant de crédits d'investissement, l'apurement des
programmes en cours.
Enfin, en ce qui concerne le titre VI, le regroupement des articles 10 et
50 obéit à la même logique consécutive à la
budgétisation des crédits de l'ex FARIF.
B. EXAMEN THÉMATIQUE DES CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE
Les différents crédits spécifiques « Ville » se répartissent de la manière suivante.
1. Les moyens des services (titre III)
Les moyens des services s'élèvent dans le projet de loi de finances pour 2002 à 14,9 millions d'euros , contre 21,9 millions d'euros en l'an 2001.
a) Le redéploiement des dépenses de modernisation et d'animation de la politique de la ville
Cette
diminution provient essentiellement de la suppression du chapitre 37-82,
relatif aux « dépenses de modernisation et d'animation de la
politique de la ville».
Cette réforme s'explique par les difficultés d'utilisation des
crédits réservés aux actions liées aux projets de
services publics de quartier, en raison notamment de la complexité
juridique des imputations.
Cette suppression se fait de manière peu transparente quant à
l'évolution globale des crédits concernés.
En réponse au questionnaire budgétaire adressé en juillet
par votre précédent rapporteur spécial, le
ministère a indiqué qu'en 2002 les enveloppes du chapitre 37-82
seraient «
ventilées entre les chapitres 37-60 et 46-60
selon que les dépenses étaient assimilables à des
subventions, les autres actions étant imputées sur le chapitre
37-60, sur les articles existants ou sur de nouveaux articles à
créer
».
Il convient toutefois de souligner que cette ventilation n'apparaît pas
clairement à la lecture du « bleu »
budgétaire. En particulier, il ne semble pas possible d'indiquer le
montant des crédits redéployés vers le chapitre 46-60.
Tout ce que l'on peut constater, c'est que les redéploiements
identifiables de dépenses correspondant à l'ancien chapitre 37-82
sont inférieurs de près de 10 millions d'euros au montant de
ce chapitre en l'an 2001. En effet, l'ancien article « projets de
service public de quartier et dépenses déconcentrées
d'animation », de 15 millions d'euros en 2001, n'est remplacé
de manière visible que par un article 37-60-30
« fonctionnement des services publics de quartier :
crédits déconcentrés », de seulement 4,5
millions d'euros.
b) Les moyens de la délégation interministérielle à la ville (DIV)
Les
moyens de fonctionnement de la Délégation
interministérielle à la ville progressent de 165 %.
Créée par décret du 28 octobre 1988, la
délégation interministérielle à la ville (DIV) est
une structure administrative légère, qui ne possède pas
d'emplois propres mais dispose d'une centaine de fonctionnaires mis à
disposition par différents ministères. Sa mission consiste
à la fois à coordonner les interventions, à animer les
équipes, à évaluer les opérations, et à
préparer les travaux des instances de décision (Conseil national
des villes et Comités interministériels des villes).
Inscrits au chapitre 37-60 article 10, les crédits de fonctionnement de
la délégation interministérielle à la ville (DIV)
s'élèvent à 7,17 millions d'euros pour 2002, soit une
multiplication par 3 de la dotation de 2001. Cette forte augmentation
s'explique en particulier par une modification de la nomenclature :
suppression des budget de communication (chapitre 37-60, article 50) et de
financement des expertises et colloques (37-60, article 60) de la DIV.
2. Les interventions publiques (titre IV)
Les interventions publiques, de 294,6 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2002 (contre 266,4 millions en 2001), augmentent de 10,6 %.
a) Le fonds d'intervention pour la ville (FIV)
Cette
augmentation provient essentiellement de celle du
Fonds d'intervention pour
la ville (FIV)
, qui passe de 145,4 millions d'euros à
182,1
millions d'euros
, ce qui représente une augmentation de
18 %.
Le FIV est le principal pilier du budget du ministère. Il a
été mis en place en 1995 pour donner plus de souplesse à
la gestion des instruments contractuels de la politique de la ville en
améliorant la fongibilité des crédits
déconcentrés. Il finance, notamment, les contrats de ville. Il
s'agit de crédits entièrement déconcentrés aux
préfets et libres d'emploi. 60% environ vont aux associations et 40% aux
collectivités locales. Ils doivent servir à financer les
programmes inscrits chaque année dans les contrats de ville.
Il convient cependant de relativiser cette augmentation. En effet, celle-ci
s'explique en partie par le fait que les articles 46-60-10 (FIV) et 46-60-20
(DSU Ile-de-France) sont fusionnés, la nature des actions
financées géographiquement en région d'Ile-de-France
étant du même ressort que celle des actions financées hors
Ile-de-France (option déjà retenue dans la lettre plafond). Si
l'on défalque des crédits du FIV ceux qui étaient
attribués à la DSU Ile-de-France, l'augmentation est presque
réduite de moitié.
b) Le dispositif « adultes relais »
Le
dispositif «
adultes relais
» voit ses
crédits passer de 45,7 millions d'euros à
50,7 millions
d'euros
, ce qui représente une augmentation de
11 %.
En effet, l'autorisation du recrutement des adultes relais par les
collectivités locales et leurs établissements publics,
proposée par
l'article 72 du présent projet de loi de
finances
, devrait accélérer prochainement les recrutements.
Cet article, rattaché au budget de la ville, est commenté
à la
page
32
du présent rapport.
c) Le fonds de revitalisation économique
Les
crédits du fonds de revitalisation économique restent
stables
: les crédits d'intervention demeurent à 38,1
millions d'euros, les crédits de paiement pour les subventions
d'investissement à 38,1 millions d'euros , et les autorisations de
programme pour les subventions d'investissement à 19,1 millions
d'euros.
Le fonds de revitalisation économique était prévu par la
loi 2000-1208 du 13 décembre 2000, relative à la
solidarité et au renouvellement urbains (SRU). Il a pour objet de
contribuer à pérenniser et à développer la
présence d'activités économiques dans les quartiers
relevant de la politique de la ville.
Ce fonds doit permettre d'intervenir, notamment en complément des
actions de l'Etablissement public d'aménagement et de restructuration
des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA), en soutien aux petites
entreprises. Il peut octroyer des aides aux entreprises situées en zone
urbaine sensibles, tant en matière de fonctionnement qu'en
matière d'investissement (subventions à l'investissement
plafonnées à 30 % du montant de l'investissement, et à
150.000 francs). Ce fonds peut intervenir en atténuation des charges
locatives supportées par les PME.
d) Le soutien aux grands projets de villes
Les
crédits destinés au soutien aux grands projets de ville restent
également stables, à 10,67 millions d'euros.
Instaurés en 2001, les 50 grands projets de ville (GPV) remplacent les
14 grands projets urbains (GPU). Les grands projets de ville améliorent
et étendent la procédure des grands projets urbains. Ils
s'inscrivent dans un projet global de développement social et urbain
visant à réintégrer un ou plusieurs quartiers dans leur
agglomération, et permettent la mise en oeuvre d'opérations
lourdes de requalification urbaine. Ce dispositif, dont le champ d'action est
élargi, doit permettre une meilleure coordination avec les autres
actions menées dans le cadre des contrats de ville.
La conduite des grands projets de ville est organisée autour d'un
pilotage politique, d'un pilotage technique et d'une direction de projet. Le
groupement d'intérêt public (GIP) est la solution juridique
majoritairement retenue par les candidats aux grands projets de ville. Cette
structure doit permettre une conduite plus efficace des projets, et
éviter les blocages institutionnels qui ont pu entraver la mise en
oeuvre des grands projets urbains.
Votre rapporteur se félicite de la mise en oeuvre d'un grand programme
de renouvellement urbain. Cependant, la participation financière de
l'Etat n'est pas à la hauteur de l'ampleur des projets envisagés
par les communes, qui seront vraisemblablement confrontées à un
alourdissement de leurs charges de fonctionnement.
e) Autres interventions publiques
Les
crédits des opérations ville, vie, vacances (dites
« VVV ») restent stables, à 7,6 millions
d'euros.
Ces crédits, à l'origine destinés aux
opérations « anti-été chaud », sont
étendus à des actions d'animation et d'insertion au
bénéfice des jeunes tout au long de l'année.
En revanche, ceux de l'article 46-60-30 (partenariat national et innovation)
passent de 1,37 à 5,3 millions d'euros, ce qui correspond presque
à une multiplication par 4. Cela s'explique en partie par le fait que
les articles 30 (partenariat national) et 70
(innovation-expérimentation) sont fusionnés dans l'article 30. Si
l'on prend en compte cette nouvelle ventilation, l'augmentation des
crédits est plus de deux fois plus faible.
3. Les dépenses en capital
a) Les investissements exécutés par l'Etat
Le
chapitre 57-71, relatif aux investissements exécutés par l'Etat,
ne comporte qu'un article 10 consacré aux études, missions
d'analyse, audits et expertises commanditées par la DIV.
Alors que ses crédits étaient de 915 000 euros en 2001, tant pour
les autorisations de programme que pour les crédits de paiement, ils
sont nuls dans le projet de loi de finances pour 2002.
Cette évolution vient du fait que certaines actions financées sur
cette ligne pouvant s'apparenter à des missions d'assistance technique,
et par souci de cohérence générale avec les budgets des
autres ministères, il est proposé de supprimer prochainement ce
chapitre.
Dans une réponse au questionnaire adressé au mois de juillet par
votre précédent rapporteur spécial, le ministère
indique que «
les actions actuellement imputées sur le
titre V
» sont «
reventilées sur le chapitre
37-60-10
[Délégation interministérielle à la
ville et au développement social urbain]
au titre des missions
d'assistance technique, d'étude et de recherche
». Cet
article voit en effet ses crédits augmenter de près de 4,5
millions d'euros.
En vue de l'apurement des études en cours sur cette ligne, la DIV a
procédé à une enquête auprès des
préfets de département et de région, afin que les services
comptables déclarent terminées toutes les opérations
achevées. Ceci devrait permettre, non seulement de diminuer l'encours,
mais aussi d'anticiper le basculement sur le titre III des nouvelles
opérations.
De manière à ne pas alourdir la gestion locale, notamment par une
renumérotation de toutes les opérations en cours, il est
proposé que cette ligne perdure, sans dotation, le temps de
procéder à un apurement définitif.
b) Les subventions d'investissement accordées par l'Etat
Les
subventions d'investissement accordées par l'Etat figurent dans le
chapitre 67-10.
Au total,
les autorisations de programme passent de 176 millions d'euros
à 228,7 millions d'euros
. Finançant les contrats de ville,
GPV
3(
*
)
et ORU
4(
*
)
,
ce chapitre est le second pilier du budget du ministère, composé
pour l'essentiel de la section investissement du fonds interministériel
pour la ville (FIV) et des crédits de renouvellement urbain (art 10 et
30), pour
189,04 millions d'euros
(
en
autorisations de
programme
) de crédits entièrement déconcentrés
aux préfets et libres d'emploi. Ils doivent servir à financer les
programmes inscrits chaque année dans les contrats de ville et les
dépenses du programme de renouvellement urbain du ministère et
des grands projets de ville. Ils constituent avec les crédits de
fonctionnement correspondants le fonds d'intervention pour la ville (FIV) au
sens large.
En revanche,
les crédits de paiement diminuent
, passant de
78 millions d'euros à
62,7 millions d'euros
. Cette
diminution s'explique par le fait que
l'article 50, relatif à la DSU
Ile-de-France, disparaît, du fait de sa fusion avec le FIV
(article
10), évoquée ci-avant dans le cas des crédits
d'interventions publiques. En effet, la suppression de cet article est plus que
compensée par l'augmentation des autorisations de programme de l'article
10. En revanche, alors que l'article 50 correspondait à 11,4 millions
d'euros de crédits de paiement en 2001, l'article 10 voit ses
crédits de paiement diminuer de 7 millions d'euros (passant de 26,6
à 19,6 millions d'euros).
Il convient de souligner l'existence d'une enveloppe de 38,11 millions
d'euros (en autorisations de programme, générant
19,06 millions d'euros de crédits de paiement), qui constitue le
volet investissement du
Fonds de revitalisation économique
,
destiné aux quartiers prioritaires de la politique de la ville.
II. L'ÉVOLUTION DE L'EFFORT FINANCIER GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE
L'effort
financier en faveur de la ville qui figure dans le
« jaune » budgétaire pour 2002 est
résumé dans le
gr aphique ci-après
. Le montant
total dépasse
7 milliards d'euros.
Cet effort ne provient pas seulement de l'Etat, puisque les
collectivités territoriales y contribuent à hauteur de 1 100
milliards d'euros en 2002, contre 975 en 2001. Les versements communautaires et
les prêts de la Caisse des dépôts et consignations sont
également comptabilisés. Concernant les prêts consentis
à des taux favorables, la prise en compte du montant total des dotations
gonfle l'effort financier total, puisque la subvention ne correspond en fait
qu'au différentiel entre le taux préférentiel du
prêt et celui des prêts du marché.
Enfin, contrairement à ce que fait le « jaune », les
crédits de solidarité urbaine ne devraient pas être
comptabilisés dans l'effort financier de l'Etat.
L'effort financier de l'Etat stricto sensu
correspond donc seulement aux
crédits budgétaires des ministères et à
l'évaluation de la dépense fiscale, soit
un montant global de
4 363,11 millions d'euros, en hausse de 1,3 % par rapport à
2001.
Etat récapitulatif de l'effort financier en faveur de la politique de la
ville
(en millions d'euros)
Source : jaunes « état récapitulatif de l'effort
financier consacré
à la politique des villes et du développement social
urbain »
Il convient de souligner que l'état récapitulatif de l'effort
budgétaire consacré à la politique de la ville ne fournit
que des données en «
dépenses ordinaires et
autorisations de programme
» et ne donne aucune indication
relative aux montants des «
dépenses ordinaires et
crédits de paiement
» qui représentent
le
montant réel des dépenses que le gouvernement est autorisé
à engager au cours de l'exercice
.
Cette présentation ne permet pas une appréciation
véritablement exacte de l'effort financier global, car elle conduit
à un
gonflement artificiel des montants inscrits au
« jaune ».
A. LA CONTRIBUTION DES AUTRES MINISTÈRES
La
contribution des différents ministères à la politique de
la ville est récapitulée à l'intérieur de trois
agrégats distincts.
1.
L'agrégat A1 «
crédits
spécifiques ville
» a déjà été
analysé dans la première partie de ce rapport.
2.
L'agrégat A2 ("
crédits contractualisés
relevant de divers ministères
") retrace les crédits
contractualisés au sein des engagements "politique de la ville" de
chaque contrat de plan Etat-Région et le financement des contrats de
ville du XIIème plan. Les crédits de cet agrégat
présentent un lien étroit avec les instruments de la politique de
la ville, et s'élèvent à 67,4 millions d'euros en
2002, comme en 2001.
3.
Les
crédits relevant de divers ministères
contribuant à la politique de la ville
(agrégat A3) sont
en hausse de 0,76 %, à 2,37 milliards d'euros.
Ces crédits
représentent la majeure partie des dépenses de l'Etat en faveur
de la politique de la ville
.
Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville
en millions d'euros
Source : jaunes « état
récapitulatif de
l'effort financier consacré à la politique des villes et du
développement social urbain »
Les autres sections du ministère de l'emploi et de la solidarité
(en particulier les programmes « emplois jeunes » et
« TRACE ») contribuent massivement à la politique de
la ville, puisque leur contribution s'établit à 815,61 millions
d'euros, en progression de 0,6 %, et représentera donc, en 2002,
plus de deux fois le montant des crédits inscrits au bleu
« Ville » (372,204 millions d'euros).
B. LA CONTRIBUTION DE LA CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS
La
Caisse des dépôts et consignations joue un rôle important
dans financement de la politique de la ville à travers une série
de prêts, attribués dans le cadre de programmations
concertées établies avec la Délégation
Interministérielle à la Ville :
- les prêts projets urbains (PPU) sont destinés au
financement de l'ensemble des investissements (hors logement) liés
à la politique de la ville. Les estimations de consommation pour 2002
s'élèvent à 503,08 millions d'euros, soit exactement le
même montant qu'en 2001 (contre 489,51 millions en 1999).
- les prévisions de consommation des prêts renouvellement
urbain (PRU), dont les prêts démolition-reconstruction,
s'élèvent pour 2002 à 503,08 millions d'euros, soit
une légère progression par rapport à 2001 (491,42 millions
d'euros), ce qui marque un infléchissement de leur croissance (en l'an
2000, la dépense a été de 327,61 millions d'euros).
La participation de la Caisse des dépôts et consignations au
financement de la politique de la ville est estimée en l'an 2002
à 1,16 milliard d'euros (soit 350,63 millions d'euros en
équivalent subventions), contre 1,11 milliard d'euros (soit 297, 58
millions d'euros en équivalent subventions) en 2001.
C. LES DÉPENSES FISCALES ET COMPENSATIONS
Selon le
« jaune », les exonérations fiscales et sociales et
les compensations seraient de 788,86 millions d'euros en l'an 2001 et de
788,94 millions d'euros
en l'an
2002.
Il s'agit en quasi-totalité des régimes de zones franches
urbaines (ZFU) et de zones de redynamisation urbaine (ZRU), que le
présent projet de loi de finances, dans ses articles 8 et 71, et le
projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2002,
dans son article 7, proposent de fusionner en un régime unique.
1. Les zones de redynamisation urbaine et les zones franches urbaines
Les
zones de redynamisation urbaine (ZRU)
et les
zones franches urbaines
(ZFU)
, qui
en font partie
,
ont été
instaurées par la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996 relative
à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville.
Ces zones sont incluses dans l'ensemble, plus vaste, des
zones urbaines
sensibles (ZUS)
, caractérisées par la présence de
grands ensembles ou de quartiers d'habitat dégradé et par un
déséquilibre accentué entre l'habitat et l'emploi
5(
*
)
.
- • Les zones de redynamisation urbaine (ZRU) correspondent à celles des zones urbaines sensibles qui sont confrontées à des difficultés particulières, appréciées en fonction notamment d'un indice synthétique, établi dans des conditions fixées par décret. La liste de ces zones est également fixée par décret.
Les zones de redynamisation urbaine (ZRU)
Exonérations fiscales et sociales et compensations,
en millions d'euros
Source : Ministère délégué à la
ville, Bilan des zones franches urbaines, rapport au Parlement, juillet
2001
- • Les zones franches urbaines (ZFU) ont été créées, au sein des ZRU, dans des quartiers de plus de 10 000 habitants particulièrement défavorisés au regard des critères pris en compte pour la détermination des zones de redynamisation urbaine. La liste des 44 ZFU est annexée à la loi relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville, leur délimitation étant opérée par décret en Conseil d'Etat 7( * ) . La principale exonération dans les ZFU est celle des cotisations patronales , qui concerne les entreprises qu'elles soient nouvelles ou non , seulement pour les 50 premiers salariés, et dure 5 ans (pour un coût de l'ordre de 150 millions d'euros par an de 1998 à 2001). Le coût total du dispositif est de l'ordre de 300 millions d'euros par an. Le graphique ci-après indique les évolutions des différentes composantes du dispositif depuis 1997.
Les zones franches urbaines (ZFU)
Exonérations fiscales et sociales et compensations,
en millions d'euros
Source : Ministère délégué à la ville,
Bilan des zones franches urbaines,
Rapport au Parlement, juillet 2001
Il convient en outre d'indiquer l'existence d'une
clause d'embauches
locales
, ces dernières devant s'élever à au moins
20 %
des embauches totales.
2. La « moralisation » du dispositif des ZFU
S'appuyant sur les conclusions et recommandations des deux
rapports
d'inspection administrative (IGA-IGF, IGAS) remis au Gouvernement début
1999 et sur des expertises complémentaires menées sous
l'égide de la Délégation interministérielle
à la Ville, le Gouvernement a proposé un certain nombre de
mesures dites de « moralisation » du dispositif des zones
franches urbaines.
Ces dispositions ont été adoptées dans la loi n°
2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et
au renouvellement urbains (loi SRU), dans ses articles 86 à 92, et
portent sur :
- la suppression du régime d'exonérations fiscales en cas de
transfert de l'entreprise d'une zone franche urbaine vers une autre zone
franche urbaine ;
- le maintien d'une exonération totale des charges patronales pour les
créations nettes d'emploi et sa réduction de moitié pour
les emplois transférés ;
- la suppression du régime d'exonérations sociales en cas de
transfert de l'entreprise d'une zone franche urbaine vers une autre zone
franche urbaine sans accroissement de l'effectif ;
- la suppression du droit à exonération des charges sociales
patronales pour les embauches nouvelles si l'entreprise a procédé
à un licenciement dans les 12 mois précédents ;
- la fixation d'un nombre d'heures minimum de travail hebdomadaire pour la
comptabilisation des embauches de résidents des ZFU ouvrant droit
à l'application de la clause d'embauche locale de 20% ;
- l'instauration d'une déclaration préalable aux embauches
exonérées - à l'instar de ce qui existe pour d'autres
dispositifs d'aides à l'emploi ;
- l'instauration d'une déclaration récapitulative annuelle des
mouvements de main d'oeuvre pour les établissements implantés
dans une zone franche urbaine.
3. Un dispositif qui a favorisé l'emploi dans les zones franches urbaines
La dernière évaluation du dispositif présentée par le gouvernement est le Bilan des zones franches urbaines , remis au Parlement au mois de juillet de l'année 2001.
a) Les lacunes de l'évaluation
Il
convient tout d'abord de souligner les lacunes de l'évaluation.
Ainsi, selon ce rapport, en l'absence d'un système d'information
destiné à faciliter le suivi du dispositif, «
il
n'est pas aisé de dresser un bilan exact de ces régimes
dérogatoires en termes d'implantation et de développement des
entreprises, d'évolution de l'emploi salarié et non
salarié, d'impact sur les quartiers et les villes
concernées
».
En particulier,
ce rapport n'indique pas d'estimation du nombre d'emplois
créés grâce aux deux dispositifs.
Si, de l'avis
général,
la création d'emplois dans les ZRU semble
avoir été «
très faible
»
8(
*
)
,
la situation est
plus nuancée
dans le cas des
ZFU.
b) Le doublement du nombre d'emplois depuis 1997 dans les zones franches urbaines
Les
informations essentielles du rapport s'agissant des
ZFU
sont les
suivantes :
- 49 000 salariés bénéficiaient des exonérations en
1999 ;
- le nombre de salariés et d'entreprises aurait doublé dans les
ZFU depuis 1997. Ainsi, dans les 15 ZFU étudiées (sur un total de
44), 5.076 emplois supplémentaires auraient été
créés depuis 1997. De même, selon ce rapport, l'ACOSS
évalue le nombre total de salariés dans les ZFU à 31.000
en 1997 et 57.000 en 1999. Il convient cependant de souligner que, selon les
informations fournies par la délégation interministérielle
à la ville à votre commission des finances, ces chiffres ont
depuis été légèrement revus à la baisse,
comme l'indique le tableau ci-après.
Nombre total de salariés dans les zones franches urbaines (effectif reconstitué ACOSS)
Source |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Emplois créés entre 1997 et 1999 |
Emplois créés entre 1997 et 2000 |
Rapport au Parlement (1) |
31 000 |
44 000 |
57 000 |
- |
26 000 |
- |
Réponse de la DIV à votre commission des finances |
31 000 |
42 635 |
50 131 |
54 706 |
19 131 |
23 706 |
(1)
Ministère délégué à la ville, Bilan des
zones franches urbaines, rapport au Parlement, juillet 2001
- 30 % de ces emplois concerneraient les habitants des ZFU (la loi imposant un
taux de 20 %) ;
- les transferts d'entreprises en ZFU seraient peu nombreux (seulement
21,8 % des entreprises créées dans les ZFU). 78,8 % des nouvelles
entreprises en ZFU seraient des créations (le solde consistant en
des reprises) ;
- la clause d'emploi d'au moins 20 % d'habitants des ZFU aurait
été respectée, le pourcentage moyen étant de 31,9 %.
Autres informations du rapport au Parlement
80 % des
entreprises implantées en ZFU ont moins de 5 salariés.
Les secteurs dont le nombre d'entreprises a le plus augmenté sont le BTP
et les services aux entreprises (en particulier les services de nettoyage et de
gardiennage). Le commerce de détail a en revanche vu son nombre
d'entreprises diminuer.
4. La réforme proposée par le gouvernement
La
réforme proposée par le gouvernement poursuit un double
objectif :
- éviter une sortie brutale des dispositifs d'exonérations
fiscales et sociales pour les entreprises implantées en zones franches
urbaines, par un mécanisme de sortie dégressive sur 3 ans ;
- instaurer un régime fiscal et social unique à compter du
1
er
janvier 2002 dans les zones de redynamisation urbaine (qui
comprennent les actuelles ZFU).
Il convient de souligner que cette réforme serait mise en oeuvre par
plusieurs textes :
- la
sortie dégressive
du dispositif ZFU le serait, dans le cas
des
cotisations sociales
, par
l'article 71
du projet de loi de
finances pour 2002, rattaché au budget de la ville (
cf.
commentaire page
28
du présent rapport
) ;
- l'instauration du régime unique est proposée, pour son volet
social, par l'article 7 du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002 ;
- le volet fiscal de la réforme (sortie dégressive et nouveau
régime unique) est proposé par l'article 8 du projet de loi de
finances pour 2002.
Le tableau ci-après synthétise les principaux
éléments du dispositif actuel et du dispositif proposé.
Nouveau régime envisagé et prolongation dégressive
Mesures fiscales et sociales |
Zones
franches urbaines
|
Zones
de redynamisation urbaine
|
« Nouveau régime unique » au 1 er janvier 2002 |
Dispositions de sortie ZFU et ZRU |
Exonérations de cotisations sociales |
|
|||
Texte réformant le dispositif |
|
|
Article 7 du PLFSS pour 2002 + décret |
Article 71 du PLF 2002 (rattaché au budget de la Ville) (1) |
Cotisations sociales |
- 5 ans
d'exonération à 100 %*, dans la limite de 50 salariés
et de 1,5 fois le SMIC.
|
- 1 an
d'exonération pour les créations d'emploi dans la limite de
50 salariés et de 1,5 fois le SMIC.
|
Pour les
entreprises appliquant une durée de travail de 35 heures
hebdomadaires au plus :
|
Uniquement en ZFU :
|
Cotisations sociales personnelles maladie-maternité des artisans et commerçants |
- 5 ans d'exonération dans la limite de 1,5 fois le SMIC |
- |
(2)
|
(2)
|
(1)
cf. commentaire page
28
du présent rapport.
(2) Amendement du gouvernement adopté par l'Assemblée nationale
en première lecture.
Mesures fiscales et sociales |
Zones
franches urbaines
|
Zones
de redynamisation urbaine
|
« Nouveau régime unique » au 1 er janvier 2002 |
Dispositions de sortie ZFU et ZRU |
|
Modifications prévues par l'article 8 du présent projet de loi de finances |
|||||
Impôt sur les bénéfices (impôt sur les sociétés, impôt sur le revenu : BIC-BNC) |
5 ans
d'exonération
|
5 ans
d'exonération
|
Uniquement en ZFU :
|
||
|
|
|
Ouverture des droits limitée à fin 2004 |
|
|
Taxe professionnelle |
5 ans d'exonération
- réservée aux entreprises de moins de
50 salariés à la date de leur
création.
|
5 ans
d'exonération
|
En ZFU
et ZRU :
|
||
|
|
|
Ouverture des droits limitée à fin 2004 |
|
|
Taxe foncière sur les propriétés bâties |
5 ans d'exonération totale |
- |
- |
||
Mesures fiscales et sociales |
Zones
franches urbaines
|
Zones
de redynamisation urbaine
|
« Nouveau régime unique » au 1 er janvier 2002 |
Dispositions de sortie ZFU et ZRU |
|
Modification de nature réglementaire, annoncée dans l'exposé des motifs de l'article 68 du présent projet de loi de finances |
|||||
Prime à l'embauche |
- |
- |
L'employeur bénéficiera de la prime maximum afférente au CIE pour tout demandeur d'emploi résident en ZUS qui a cumulé 12 mois de chômage dans les 18 derniers mois précédant son recrutement. |
- |
Sources :
Ministère délégué à la ville, Bilan des
zones franches urbaines, rapport au Parlement, juillet 2001
Projet de loi de finances pour 2002
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2002
D. LA SOLIDARITÉ URBAINE
La
dotation de solidarité urbaine
(DSU), instituée par la loi
d'orientation pour la ville de 1991, a pour but d'améliorer les
conditions de vie dans les communes confrontées à une
insuffisance de ressources et à des charges sociales
élevées. Elle est répartie entre les communes de 5.000
à 9.999 habitants d'une part, et les communes de plus de 10.000
habitants d'autre part, en fonction de critères
d'éligibilité tels que le pourcentage de
bénéficiaires d'aides au logement dans la commune, le potentiel
fiscal, le parc de logements sociaux et le revenu moyen par habitant.
Les crédits alloués à la DSU en 2002 devraient
s'élever à 606,9 millions d'euros, soit une
progression
de
6 %.
En Ile-de-France, les crédits du
Fonds de solidarité des
communes de la région Ile-de-France
, alimenté par un
prélèvement sur les ressources fiscales des communes de la
région, sont
stables
en 2002.
Pour 2002, les dotations de la DSU et du FSRIF sont estimées , au
total, à 745,01 millions d'euros, ce qui représente une
augmentation de 4,3 %.
III. ARTICLES RATTACHÉS
A. L'ARTICLE 71
1. le droit actuel
Le régime des exonérations de cotisations patronales dans le cadre des ZFU résulte de l'article 12 de la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996 relative au pacte de relance pour la ville.
a) Principaux points du dispositif
Les
exonérations concernent les
cotisations à la charge de
l'employeur
au titre :
- des assurances sociales ;
- des allocations familiales ;
- des accidents du travail ;
- du versement de transport et des contributions ;
- des cotisations au Fonds national d'aide au logement.
L'exonération ne porte que sur la part de salaire inférieure ou
égale à
1,5 SMIC.
L'exonération concerne les salariés dont le contrat de travail
est à
durée indéterminée
ou a
été conclu pour une durée déterminée d'au
moins
douze mois.
L'exonération s'applique pendant une période de
cinq ans
.
Le délai commence à courir, pour les entreprises présentes
dans la ZFU au 1
er
janvier 1997, à compter de cette date. En
cas d'implantation ou de création d'entreprise entre le 1
er
janvier 1997 et le 1
er
janvier 2002, il court à compter de
celle-ci.
En l'état actuel de la législation, l'ouverture des droits sera
impossible à compter du 1
er
janvier 2002 (
V
de
l'article 12 de la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996).
b) Conditions d'éligibilité au régime actuel
(1) Les entreprises concernées
(a) Entreprises exonérées de plein
droit
Certaines entreprises sont exonérées de plein
droit.
Tout d'abord, elles doivent répondre aux
critères
suivants
:
- activités visées au deuxième alinéa du
I
de l'article 44
octies
du code général des
impôts (définissant les activités concernées
par les exonérations d'impôt sur les bénéfices dans
le cadre des ZFU)
9(
*
)
;
- présence d'un établissement au moins dans la ZFU à la
date de sa délimitation ;
- emploi, à cette date, d'un effectif total de cinquante salariés
au plus.
Ensuite,
l'une
des
deux conditions
suivantes doit être
remplie :
- soit l'activité de l'entreprise relève des secteurs dont la
liste est annexée à la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996
relative au pacte de relance pour la ville (à vocation sociale ou
employant une main-d'oeuvre peu qualifiée)
10(
*
)
;
- soit, du 1
er
janvier 1994 au 31 décembre 1996, la part du
chiffre d'affaires afférent aux livraisons intracommunautaires et
à l'exportation réalisé n'excède pas 15 % du
chiffre d'affaires total.
(b) Conditions auxquelles d'autres entreprises peuvent bénéficier des exonérations
A
certaines conditions, d'autres entreprises peuvent également
bénéficier des exonérations, si leur domaine
d'activité est concerné par l'exonération d'imposition des
bénéfices du régime ZFU.
Le premier cas de figure concerne les entreprises présentes dans la ZFU
dès l'origine et employant alors un maximum de 50 salariés, si
elles réalisent des embauches ayant pour effet d'accroître
l'effectif employé dans la ZFU (la date de référence
étant celle de délimitation de la ZFU). L'exonération
concerne en ce cas les seules embauches.
L'autre cas de figure concerne les entreprises qui s'implantent ou sont
créées dans une zone franche urbaine ou y créent un
établissement postérieurement à la date de sa
délimitation. La condition d'effectif initial de 50 salariés est
maintenue, la référence étant la date de l'implantation ou
de la création.
(2) Dispositions destinées à éviter certains effets pervers
L'exonération ZFU n'est pas applicable dans le cas des
emplois transférés par une entreprise dans une ZFU pour lesquels
l'employeur a bénéficié de l'exonération
prévue dans le cadre des ZRU et des zones de revitalisation rurale
(ZRR), ou du versement de la prime d'aménagement du territoire.
Par ailleurs, lorsque le salarié a été employé dans
la même entreprise dans les douze mois précédant son emploi
dans une ZFU, le taux de l'exonération ZFU est fixé à 50 %
du montant des cotisations, versements et contributions (disposition applicable
à compter du 1
er
janvier 2001).
En outre, lorsqu'une entreprise ayant bénéficié de
l'exonération ZFU s'implante dans une autre ZFU, le droit à
l'exonération cesse d'être applicable aux gains et
rémunérations versés aux salariés dont l'emploi est
transféré dans la nouvelle ZFU. L'exonération est en
revanche applicable aux gains et rémunérations des
salariés embauchés dans la nouvelle ZFU qui ont pour effet
d'accroître l'effectif de l'entreprise au-delà de l'effectif
employé dans la précédente ZFU.
Enfin, l'exonération n'est pas applicable aux embauches
effectuées dans les douze mois suivant la date à laquelle
l'employeur a procédé à un licenciement, sauf pour
inaptitude médicalement constatée ou faute grave.
2. Le dispositif proposé
a) Une prolongation dégressive sur trois ans
A la
suite du comité interministériel des villes du 29 juin 2000, le
présent article propose d'instaurer une extinction progressive des
exonérations. Il s'agit d'éviter une augmentation trop brutale
des charges sociales pesant sur les entreprises concernées.
Le
V
de l'article 12 de la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996
relative au pacte de relance pour la ville serait complété afin
qu'à l'issue de la période de cinq ans actuellement
prévue, le bénéfice de l'exonération soit maintenu
de manière dégressive pendant les trois années suivantes,
au taux de 60 % la première année, de 40 % la deuxième
année et de 20 % la troisième année. Ainsi, le dispositif
prendrait fin au plus tard le 31 décembre 2009 pour les embauches
intervenues au 31 décembre 2001.
Cependant, lorsque le taux de l'exonération est fixé à 50%
du montant des cotisations (ce qui concerne, on l'a vu, les salariés qui
ont été employés dans la même entreprise dans les
douze mois précédant leur emploi dans une ZFU), les taux de 60 %,
40 % et 20 % sont respectivement remplacés par des taux de 30 %, 20 % et
10 %.
b) La possibilité d'opter pour les exonérations prévues pour les entreprises ayant réduit la durée de leur temps de travail
Au cours
de la période d'exonération dégressive, les entreprises
éligibles à celle-ci et qui remplissent les conditions
prévues pour bénéficier des exonérations de
cotisations sociales relatives aux entreprises passées aux trente-cinq
heures
11(
*
)
pourraient opter soit pour le
bénéfice des dispositions du présent article, soit pour le
bénéfice de l'allégement prévu à l'article
L. 241-13-1 du code de la sécurité sociale, applicable aux
entreprises passées aux trente-cinq heures.
Il convient de préciser que l'article 7 du projet de loi de financement
de la sécurité sociale pour 2002 prévoit de modifier le
deuxième alinéa de l'article L. 241-13-1 du code de la
sécurité sociale, afin d'instaurer une majoration de
l'allégement lié aux 35 heures pour les entreprises
situées en ZRU. En effet, les entreprises situées dans une ZRU
bénéficient actuellement d'exonérations plus favorables
que l'allégement lié aux 35 heures. Il est donc proposé,
dans l'article 7 du projet de loi de financement de la sécurité
sociale, de créer une majoration de cet allégement lié aux
35 heures, sur le modèle retenu pour les entreprises similaires
situées en zone de revitalisation rurale, afin d'inciter au passage aux
35 heures. Le montant de cette majoration, qui doit être fixé par
décret, serait de 214 euros (1400 francs) par an et par salarié.
Celle-ci d'appliquerait aux entreprises situées dans les ZFU, dans la
mesure où le périmètre des ZRU englobe celui des ZFU.
Afin de ne pas alourdir les formalités des entreprises, celles-ci
n'auraient pas de déclaration supplémentaire à remplir
afin d'indiquer, de ces deux régimes, celui pour lequel elles optent.
En effet, le présent article propose de préciser que l'envoi de
la déclaration mentionnée au
XI
de l'article 19 de la loi
du 19 janvier 2000 (précisant les conditions au titre desquelles
s'applique l'allégement, notamment la durée collective du travail
applicable et la date d'application de celle-ci, ainsi, le cas
échéant, que le nombre d'emplois créés ou
préservés) vaut option pour l'allégement prévu
à l'article L. 241-13-1 du code de la sécurité sociale,
pour l'ensemble des salariés de l'entreprise ou de
l'établissement y ouvrant droit. Cette option serait irrévocable.
À défaut d'envoi de cette déclaration, l'employeur serait
réputé avoir opté pour l'application de
l'exonération à taux réduit pour la période de
trois ans, dans le cadre du régime des ZFU.
c) Une exonération compensée par l'Etat
Le
coût de cette prolongation s'élèverait, selon le
gouvernement, à 49 millions d'euros au titre de l'année
2002, sous forme de compensation aux régimes de sécurité
sociale du coût des exonérations.
Cette compensation explique que le dispositif proposé ait
été inscrit en projet de loi de finances.
La commission vous propose d'adopter cet article, sous réserve d'un
amendement de coordination avec le vote survenu en première partie sur
l'article 8.
B. L'ARTICLE 72
Le présent article propose d'introduire dans le code du travail un article autorisant diverses catégories d'employeurs, limitativement énumérées, à recruter par des contrats de droit privé des personnes sans emploi, âgées de 30 ans au moins et résidant en zone urbaine sensible, pour exercer des activités d'adultes-relais.
1. L'état du droit actuel
Le
comité interministériel des villes du 14 décembre 1999 a
décidé le lancement d'un dispositif de soutien aux fonctions
dites d'adultes-relais dans les quartiers prioritaires de la politique de la
ville.
Il s'agissait de permettre le recrutement de 10 000 adultes-relais en trois
ans, dont 4 000 pour la mise en place des contrats locaux de
sécurité.
a) Des objectifs ambigus
La circulaire DIV/DPT-IEDE/2000/231 du 26 avril 2000 indique, notamment, les objectifs du dispositif.
(1) Améliorer les rapports sociaux dans les quartiers relevant de la politique de la ville
Selon
cette circulaire, «
les missions confiées aux
adultes-relais visent globalement à améliorer, dans les
quartiers relevant de la politique de la ville, les rapports sociaux dans les
espaces publics ou entre les habitants et les services publics. Il s'agit
notamment de :
- accueillir, écouter, exercer toute activité qui concourt au
lien social dans une association ou un équipement de proximité
- informer et accompagner les habitants dans leurs démarches, faciliter
le dialogue entre services publics et usagers, et notamment établir des
liens entre les parents et les services qui accueillent leurs enfants
- contribuer à améliorer ou à préserver le cadre de
vie
- prévenir et aider à la résolution des petits conflits de
la vie quotidienne par la médiation et le dialogue
- faciliter le dialogue entre les générations, accompagner et
renforcer la fonction parentale par le soutien aux initiatives prises envers ou
par les parents
- contribuer à renforcer la vie associative de proximité et
développer la capacité d'initiative et de projet dans le quartier
et la ville
».
Des missions spécifiques ont été confiées à
certains adultes relais dans le domaine des relations école-famille, en
application du plan gouvernemental de lutte contre la violence,
présenté en l'an 2000 par le ministre de l'éducation
nationale et le ministre délégué à la ville.
(2) Employer des chômeurs ne pouvant pas bénéficier du programme « nouveaux services - emplois jeunes »
Cependant, ce dispositif a également pour objectif
d'employer
des chômeurs résidant dans les quartiers de la politique de la
ville, trop âgés pour bénéficier du programme «
nouveaux services - emplois jeunes ». En effet, les
bénéficiaires doivent répondre aux trois exigences
suivantes.
Tout d'abord, les personnes recrutées doivent être sans emploi.
Ensuite, le programme, destiné aux adultes, n'est pas accessible aux
jeunes (moins de 26 ans), susceptibles de bénéficier de
programmes spécifiques, et notamment du programme « nouveaux
services - emplois jeunes ». La directive demande aux préfets de
veiller à ce que la fonction d'adulte-relais soit
réservée, sauf cas justifiés, à des personnes de
plus de 30 ans.
Enfin, les adultes-relais doivent résider soit dans un territoire
prioritaire de la politique de la ville, soit dans un territoire
bénéficiant d'un programme de prévention soutenu par la
politique de la ville.
b) Un régime juridique variable
(1) Les adultes-relais dans le secteur privé
La circulaire DIV/DPT-IEDE/2000/231 du 26 avril 2000 précitée a fixé les conditions de mise en oeuvre de la décision du comité interministériel des villes du 14 décembre 1999 par des associations ou des organismes privés chargés d'une mission de service public .
(a) Le recrutement
Les
structures souhaitant recruter un ou plusieurs adultes-relais doivent
présenter un projet. L'Etat apporte aux structures, dont le projet a
été retenu, une aide forfaitaire au financement des postes pour
une période de trois ans renouvelable.
En plus des associations, peuvent bénéficier de ce dispositif les
autres organismes de droit privé à but non lucratif, certains
groupements d'employeurs et des personnes morales de droit prive
chargées de la gestion d'un service public.
Le préfet de département fait procéder par les services
déconcentrés à l'instruction du dossier. Il recueille
l'avis des collectivités locales et des autres partenaires financiers
impliqués dans le projet (conseils généraux et caisses
d'allocations familiales par exemple).
La décision d'attribution de l'aide est prise par le préfet.
Les projets retenus font l'objet d'une convention par poste d'adulte-relais
créé, signée entre l'organisme employeur et l'Etat,
représenté par le préfet du département.
La convention, qui ne peut être rétroactive, est conclue pour une
durée de 36 mois à compter de sa date d'effet, et peut être
renouvelée.
(b) Le cadre juridique
La
nature du contrat de travail relève du droit commun et de la libre
négociation entre l'employeur et le salarié.
Ce contrat peut être conclu à temps partiel, dans la limite
inférieure d'un mi-temps.
L'aide de l'Etat est forfaitaire. Elle est versée à compter de la
création des postes d'adultes relais pour les périodes pendant
lesquelles le poste est effectivement occupé et au prorata du temps de
travail prévu au contrat par rapport au plein temps fixé à
35 heures hebdomadaires.
Pour la réalisation de cette action, l'Etat s'engage à accorder,
pour chaque recrutement, une aide pour trois ans renouvelable. Le montant
annuel de l'aide par poste de travail à temps plein est fixé
à 95.010 francs (soit 14.484,18 euros). Ce montant est revalorisé
annuellement au 1
er
juillet, proportionnellement à
l'évolution du salaire minimum de croissance depuis le 1
er
juillet de l'année précédente, et arrondi au franc le plus
proche.
(2) Les adultes-relais dans les collectivités locales et les établissements publics
La
circulaire DIV/2001/316 du 4 juillet 2001 relative à
l'élargissement du programme adultes relais a demandé aux
préfets de favoriser le recrutement d'adultes-relais par des
collectivités locales et des établissements publics, sous la
forme de contrats emploi consolidés, tels que définis par
l'article L 322-4-8-1 du Code du Travail.
Le recrutement de ces personnes, dans le cadre d'un projet conforme aux termes
de la circulaire DIV/DPT-IEDE/2000/231 du 26 avril 2000 précitée,
donne lieu pour leur employeur au bénéfice d'une aide de l'Etat
de 80 % du coût de l'embauche, à l'instar des dispositions du
5
ème
alinéa de l'article 6 du décret
n°98-1109 du 9 décembre 1998, relatif aux contrats emploi
consolidé.
Cette aide fait l'objet d'une enveloppe complémentaire du
ministère délégué à la ville. Elle est
complétée par la prise en charge forfaitaire des frais des
actions d'accompagnement et de formation. L'ensemble de ces aides sont
versées par le CNASEA (Centre national pour l'aménagement des
structures des exploitations agricoles)
12(
*
)
,
à l'instar de ce qui se pratique en 2001 pour ces contrats
aidés.
2. Modifications proposées
Le présent article propose de créer dans le code du travail un article L. 12-10-1, reconnaissant à certaines personnes publiques, aux associations et aux organismes privés chargés d'une mission de service public le droit de recruter des adultes relais.
a) L'inscription dans la loi des pratiques actuelles
Le présent article propose tout d'abord d'inscrire dans la loi les principaux éléments de la pratique actuelle.
(1) Des employeurs analogues à ceux concernés par les contrats emploi consolidés
Il
prévoit que les personnes publiques susceptibles d'embaucher des adultes
relais sont les collectivités territoriales et les établissements
publics de coopération intercommunale, ainsi que leurs
établissements publics, les établissements publics locaux
d'enseignement, les établissements publics de santé, les offices
publics d'habitation à loyer modéré, les offices publics
d'aménagement et de construction, les organismes de droit privé
à but non lucratif et les personnes morales de droit privé
chargées de la gestion d'un service public.
Cette situation correspond quasiment à la pratique actuelle. Comme on
l'a vu, les adultes relais sont actuellement employés par des organismes
privés (associations, organismes privés chargés d'une
mission de service public) ou publics, dans ce dernier cas dans le cadre de
contrats emploi consolidés. Par ailleurs, les articles L. 322-4-7 et
L322-4-8-1 du code du travail prévoient que les contrats emploi
consolidés concernent les collectivités territoriales, les autres
personnes morales de droit public, les organismes de droit privé
à but non lucratif et les personnes morales chargées de la
gestion d'un service public. La différence par rapport au dispositif
proposé est que si les contrats emploi consolidés peuvent
concerner toutes les personnes morales de droit public (à l'exclusion de
l'Etat), les adultes relais ne pourraient être recrutés que par
les personnes morales de droit public limitativement
énumérées par le présent article.
(2) La reprise des principales dispositions de la la circulaire DIV/2001/316 du 4 juillet 2001
Le
présent article propose également d'inscrire dans la loi les
principales dispositions de la circulaire DIV/2001/316 du 4 juillet 2001
précitée.
Tel est tout d'abord le cas des trois conditions relatives au recrutement : les
bénéficiaires devraient être âgés d'au moins
trente ans, sans emploi et résidant en zone urbaine sensible au sens de
l'article 42-3 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire.
Tel est également le cas des activités exercées par les
personnes recrutées : selon le présent article, les adultes
relais viseraient à améliorer, dans les zones urbaines sensibles
et les autres territoires prioritaires des contrats de ville, les relations
entre les habitants de ces quartiers et les services publics ainsi que les
rapports sociaux dans les espaces publics ou collectifs.
b) Un nouveau contrat de droit privé
(1) Un contrat de droit privé (comme pour le contrat emploi consolidé)
Comme les contrats emploi consolidé 13( * ) et les contrats d'adultes relais conclus par des associations ou organismes privés chargés d'une mission de service public, les contrats de travail proposés par le présent article sont des contrats de droit privé, soit à durée indéterminée, soit à durée déterminée.
(2) Trois différences par rapport à la pratique actuelle
Le dispositif prévu par le présent article diffère de la pratique actuelle sur deux points.
(a) Une durée de trois ans dans le cas des contrats à durée déterminée
Le
premier est celui de la durée des contrats, quand ils sont à
durée déterminée.
Lorsque les contrats emploi consolidé sont conclus pour une durée
déterminée, leur durée initiale est d'un an. Ils sont
renouvelables chaque année par avenant dans la limite d'une durée
totale de cinq ans. De même, les contrats à durée
déterminée de droit commun durent dix-huit mois.
En revanche, les contrats proposés par le présent article sont
conclus, quand leur durée est déterminée, dans la limite
d'une durée de trois ans, renouvelable une fois.
Les bénéficiaires de ces contrats de travail auraient donc un
emploi plus stable que ceux actuellement employés dans le cadre d'un
contrat emploi consolidé ou d'un contrat de travail à
durée déterminée de droit commun.
(b) Une disposition visant à empêcher des « emplois publics déguisés »
Ensuite,
le présent article vise à empêcher certains abus
constatés dans le cas des contrats emploi consolidés.
En effet, ces derniers pouvant être à durée
indéterminée
14(
*
)
, ils
n'évitent pas le risque d'une « titularisation » de
fait des personnes concernées.
Le présent article propose de préciser que les
collectivités territoriales et les autres personnes morales de droit
public susceptibles d'employer des adultes relais, à l'exception des
établissements publics à caractère industriel et
commercial, ne peuvent conclure que des contrats à durée
déterminée dans le cadre de ce dispositif.
(c) Le principe d'une aide financière
Enfin,
le présent article prévoit que les employeurs
bénéficient d'une aide financière de l'État.
Il ne précise pas quels seraient la nature et le montant de celle-ci.
Cette lacune peut sembler quelque peu paradoxale, dans la mesure où il
est indiqué dans l'exposé des motifs que le coût
estimé pour l'État de cette extension du dispositif des
adultes-relais est de 5 millions d'euros.
3. Position de votre rapporteur
Votre
rapporteur considère que cette mesure présente un
intérêt, celui de faire participer davantage les adultes aux
missions de médiation. En effet, ces missions délicates sont trop
souvent confiées à des emplois-jeunes qui ne
bénéficient pas toujours de l'expérience nécessaire
à ce type d'emploi. Cependant, votre rapporteur est sceptique sur les
modalités de mise en oeuvre de ces mesures. D'une part, son coût
pour l'Etat sera élevé, puisqu'il sera, à terme, de 150
millions d'euros. D'autre part, les objectifs visés par ce dispositif ne
semblent pas clairement définis : s'agit-il prioritairement d'une mesure
en faveur de l'emploi des personnes dans les quartiers relevant de la politique
de la ville ou d'une mesure axée sur le développement des
pratiques de médiation ? Si ces deux objectifs ne sont pas
nécessairement incompatibles, ils peuvent ne pas être atteints de
manière conjointe.
En outre, votre rapporteur ne peut que s'interroger sur l'avenir de ces
adultes, dont le statut semble calqué sur celui des emplois-jeunes.
Cette question se doit d'être posée, au même titre que celle
de l'avenir des emplois-jeunes, qui est malheureusement éludée
par le gouvernement. Or, les emplois financés au moyen de ce dispositif
ne pourront vraisemblablement pas, pour une grande partie d'entre eux,
être solvabilisés à l'issue du contrat de 3 ans.
La commission vous propose d'adopter cet article.
IV. UN SYSTÈME EXCESSIVEMENT COMPLEXE
Votre rapporteur prend acte de la progression des crédits du budget de la ville en 2002, qui confirme la volonté du gouvernement d'afficher le caractère prioritaire de la politique de la ville. Cependant, il remarque que cet affichage n'a pas toujours les répercussions attendues sur le terrain , et que l'utilisation qui est faite des moyens consacrés à la politique de la ville n'est pas toujours satisfaisante.
A. L'INTERMINISTÉRIALITÉ, LES INSUFFISANCES DE L'ÉVALUATION DE LA POLITIQUE DE LA VILLE ET LES DÉFAUTS DE LA CONTRACTUALISATION
1. La politique de la ville, ou le trop-plein d'études et le manque d'évaluation
La mise
en oeuvre de la politique de la ville se caractérise, d'une part, par le
foisonnement excessif des études, tant préalables à la
mise en oeuvre de procédures que générales, et, d'autre
part, par une absence quasi-totale des dispositifs d'évaluation
a
posteriori
.
La DIV a, en particulier, constaté que,
dans certains territoires
classés en contrats de ville, les crédits mis en oeuvre par
l'ensemble des ministères -celui de la ville y compris- étaient
inférieurs à ceux des territoires « de droit
commun »
. En effet, le fait qu'un territoire soit inscrit en
contrat de ville peut conduire les autres ministères à diminuer
leurs propres crédits au bénéfice des territoires de droit
commun, en considérant que ces territoires bénéficient
d'affectations de crédits spécifiques dans le cadre de la
politique de la ville. Cet «
effet
d'éviction
» va à l'encontre de la logique
même de la politique de contractualisation. Votre rapporteur
considère qu'
il est très surprenant de constater
l'échec de la politique de la ville sur certains quartiers presque
« par hasard »
. Une telle situation démontre,
s'il en était encore besoin, le caractère indispensable du
développement de l'évaluation des politiques menées, d'une
part, et la mise en oeuvre d'un véritable suivi de la consommation des
crédits, d'autre part.
Le fait que la politique de la ville s'inscrive dans une démarche
transversale et donc, interministérielle, ainsi que dans une logique de
contractualisation au niveau local, rend difficile le suivi et
l'évaluation des projets. Or, votre rapporteur considère que
cette complexité institutionnelle ne la rend que plus
nécessaire.
2. L'interministérialité, facteur de complexification des financements de la politique de la ville
En
dépit des réformes introduites au cours des deux dernières
années (création du fonds d'intervention pour la ville -FIV-
notamment), les modalités de financement de la politique de la ville
demeurent insatisfaisantes.
D'une part, la complexité et la lenteur des procédures de demande
de subvention demeurent un obstacle, notamment pour les associations
participant à la réalisation des objectifs de la politique de la
ville. La délégation des crédits
déconcentrés, souvent tardive, empêche toute
visibilité quant aux montants des crédits disponibles dans les
départements.
D'autre part, le financement des opérations plus importantes demeure
complexe, compte tenu de la dispersion des sources de financement.
Votre rapporteur souhaite que des réformes de grande ampleur soient
étudiées afin de poursuivre la simplification du financement de
la politique de la ville. La mutualisation des fonds en provenance des
différents ministères et des collectivités au niveau
local, pourrait permettre une plus grande fongibilité des
crédits, et de réduire les délais liés à la
disponibilité des crédits.
Cependant,
une telle mesure ne pourrait être mise en oeuvre
qu'accompagnée d'un dispositif d'évaluation et de suivi de
l'utilisation des crédits particulièrement rigoureux, que votre
rapporteur appelle de ses voeux.
3. Les effets pervers de la contractualisation généralisée
La
politique de contractualisation menée par l'actuel gouvernement est
sous-tendue par une logique de collaboration et de coordination entre les
différents acteurs de la politique de la ville au niveau local. Elle
permet ainsi de définir des objectifs, des méthodes et des
répartitions de compétence entre les différentes parties
prenantes.
Cependant, la logique de contractualisation « à tout
va » emporte des effets pervers nombreux, liés à la
superposition des contrats dont le périmètre géographique,
ainsi que les parties prenantes, ne sont pas identiques. Pour un seul quartier,
huit contrats différents peuvent s'appliquer, certains
« s'emboitant » avec plus ou moins de succès les uns
dans les autres.
Les conséquences d'un tel foisonnement de procédures
contractuelles sont doubles :
- d'une part, il conduit à une
multiplication des études
préalables
particulièrement coûteuses
pour les
collectivités. Or, les contrats ne conduisent pas nécessairement
à un accroissement des moyens mis en oeuvre sur le territoire des
collectivités parties prenantes. A cet égard, l'exemple des
contrats locaux de sécurité (CLS) est édifiant : le
diagnostic préalable à la conclusion de ces contrats s'est
avéré un document coûteux et bien souvent, vide et inutile,
et aucun moyen supplémentaire de l'Etat n'est venu concrétiser
les ambitions affichées dans ces contrats.
- d'autre part, il conduit à des incohérences fâcheuses et
déconcertantes, lorsque les services déconcentrés de
l'Etat tiennent des discours contradictoires à l'égard des
collectivités locales.
B. LES AVANCÉES EN MATIÈRE DE RENOUVELLEMENT URBAIN NE RÉPONDENT PAS AUX BLOCAGES INSTITUTIONNELS ET FINANCIERS
1. Les effets pervers des dispositions de la loi « solidarité et renouvellement urbain »
La loi
n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la
solidarité et au renouvellement urbains (loi SRU) prévoit une
obligation de construire 20 % de logements sociaux sur le territoire de
chaque commune. Le Sénat a proposé, à l'occasion de la
discussion de cette loi, de mettre cette disposition en oeuvre au niveau de
l'agglomération, afin de permettre davantage de souplesse et une
meilleure prise en compte des réalités locales. En effet, une
obligation de construction imposée à chaque commune peut
être difficile à réaliser, compte tenu des contraintes
foncières auxquelles celle-ci peut être confrontée.
Par ailleurs, cette disposition est susceptible d'emporter des effets pervers
importants : les communes riches, qui vont être contraintes de
construire des logements HLM neufs, vont vraisemblablement attirer les
locataires les plus solvables des HLM des communes voisines plus pauvres. Par
conséquent,
il existe un risque réel que cette disposition
provoque un accroissement de la ségrégation sociale, plutôt
qu'une réduction de cette fracture
.
Enfin, les sanctions prévues envers les communes ne se conformant pas
aux obligations prévues par la loi apparaissent peu dissuasives au
regard du coût de construction des logements.
La volonté louable de construire des logements sociaux risque donc de se
retourner contre la politique de la ville.
2. Un dispositif insuffisant en matière de restructuration de l'habitat
Votre rapporteur se félicite de l'existence d'un grand programme de renouvellement urbain. Les grands projets de ville apparaissent constituer un outil adapté à la mise en oeuvre d'actions de restructuration urbaines lourdes. Cependant, la participation financière de l'Etat n'est pas à la hauteur de l'ampleur des projets envisagés par les communes, qui seront vraisemblablement confrontées à un alourdissement de leurs charges de fonctionnement .
3. Les blocages institutionnels et financiers en matière de construction-démolition
Votre
rapporteur constate que les opérations de
reconstruction-démolition sont davantage reconnues que par le
passé comme un moyen efficace d'amélioration des conditions de
vie des habitants, et, par là, comme un moyen de lutte contre la
délinquance et l'insécurité. Votre rapporteur constate en
effet que
la dédensification de l'habitat urbain constitue une
réponse primordiale au développement du sentiment
d'insécurité dans les villes et les banlieues
.
Des financements sont prévus, en particulier par la Caisse des
dépôts et consignations, afin de mettre en oeuvre des
opérations de reconstruction-démolition. Cependant, de nombreux
obstacles expliquent l'insuffisance de ces opérations : localement,
la réticence des directions départementales de
l'équipement, entraîne souvent des délais
particulièrement longs.
De récentes évaluations chiffrent entre 150.000 et 200.000 les
besoins en matière de reconstruction-démolition. Près de
8.000 opérations devraient être engagées sur l'ensemble de
l'année 2000, et le gouvernement prévoit 10.000 à 12.000
opérations pour l'année 2001. De tels chiffres sont largement
insuffisants pour une véritable reconstruction de nos villes.
Il
conviendrait de mettre en oeuvre un véritable « Plan
Marshall » dans les quartiers, devant permettre de franchir deux
obstacles majeurs : la lourdeur des procédures administrative
déjà évoquée plus haut, et le coût
considérable des opérations de démolition
, qui demeure
un obstacle important, en dépit des prêts accordés par la
Caisse des dépôts et consignations. En effet, au coût de la
reconstruction-démolition proprement dit s'ajoute le manque à
gagner correspondant aux loyers des logements détruits, qui sont
largement amortis. En revanche, les logements nouvellement construits ne
commencent en moyenne à être rentables qu'à compter d'un
délai de 6 à 10 ans, et ne sont amortis qu'après 20
à 25 ans.
* *
*
En
conclusion, comme son prédécesseur, notre collègue Alain
Joyandet, votre rapporteur spécial considère qu'une politique de
la ville ambitieuse et efficace doit nécessairement passer
par des
moyens d'action renforcés à la disposition du ministre de la
ville, de façon à pallier les effets négatifs de
l'interministérialité
.
Cette réforme devrait s'accompagner d'une simplification des dispositifs
et des structures existantes et d'une vraie politique du logement en faveur des
quartiers sensibles, avec la mise en oeuvre à grande échelle
d'opérations de reconstruction-démolition.
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
I. MODIFICATION DES CRÉDITS
Les crédits du titre IV du budget de la Ville ont été majorés, à titre non reconductible, de 30.400 euros sur le chapitre 46-60 « actions en faveur de la ville et du développement social urbain », dont 7.600 euros sur l'article 10 « fonds d'intervention pour la ville » et 22.800 euros sur l'article 30 « partenariat national et innovation ».
II. MODIFICATION DES ARTICLES
A. MODIFICATION DE L'ARTICLE 72
L'article 72, étendant aux personnes publiques la
possibilité de recruter des « adultes-relais », a
été modifié par six amendements.
Quatre amendements du gouvernement ont apporté les modifications
suivantes :
- encadrement de ces recrutements par des conventions conclues entre l'Etat et
l'employeur (afin de préciser les objectifs d'intérêt
général des activités qui seraient confiées aux
adultes-relais) ;
- non-cumul, sur un même poste, de l'aide prévue pour les
adultes-relais et d'autres aides de l'Etat à l'emploi ;
- exemption des contrats à durée déterminée de la
prime de précarité ;
- alignement du régime juridique des contrats de travail des
adultes-relais sur celui de ceux des emplois-jeunes (autorisation d'une
période d'essai de seulement un mois pour les contrats à
durée déterminée et possibilité, pour les
salariés comme pour les employeurs, de rompre le contrat à chaque
échéance annuelle).
Deux amendements, présentés par M. Pierre Bourguignon, rapporteur
spécial, ont apporté les modifications suivantes :
- extension de la possibilité d'accès aux postes d'adultes-relais
aux personnes titulaires d'un contrat emploi-solidarité ou d'un contrat
emploi consolidé (l'article initial prévoyant que ce dispositif
concerne les seuls chômeurs), ainsi qu'à celles résidant
dans un territoire prioritaire des contrats de ville autre que les zones
urbaines sensibles ;
- exonération des charges fiscales et parafiscales dans le cas des aides
que l'Etat verse pour l'emploi d'adultes-relais.
Votre commission des finances vous propose d'adopter cet article sans
modification.
B. ADOPTION D'UN ARTICLE 71 BIS
L'Assemblée nationale a adopté un amendement du
gouvernement tendant à insérer un article 71
bis
.
Cet amendement propose d'étendre le dispositif de sortie
dégressive du dispositif d'exonérations sociales prévu
pour les zones franches urbaines aux artisans et commerçants. Il
précise que les taux d'exonération seraient de 60% la
première année suivant la période d'exonération de
cinq ans, 40 % la deuxième, et 20 % la troisième.
Cet amendement prévoit également, dans le cadre du nouveau
régime d'aide applicable aux zones de redynamisation urbaine, une
exonération de cotisations sociales au titre de l'assurance maladie et
maternité pour les artisans et commerçants (identique à
celle existant dans les zones franches urbaines).
Votre commission des finances vous propose d'adopter cet article, sous
réserve d'un amendement de coordination avec le vote survenu en
première partie sur l'article 8.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 14 novembre 2001 sous la présidence de
M.
Alain Lambert, président, la commission a
examiné les
crédits de l'emploi et de la solidarité : III.-Ville et articles
71 et 72 rattachés
, sur le rapport de
M. Éric
Doligé, rapporteur spécial.
M. Éric Doligé, rapporteur spécial
, a indiqué
que les crédits du budget de la ville s'élevaient à 372
millions d'euros. Il a précisé que, selon le « jaune
», l'ensemble des dépenses de l'Etat relatives à la
politique de la ville était supérieur à 4 milliards
d'euros, et celui des dépenses publiques relatives à la politique
de la ville, de l'ordre de 7 milliards d'euros. Il a ajouté que le
budget de la ville ne correspondait donc qu'à environ 5 % des
dépenses consacrées à la ville.
Il a constaté que ce budget était nettement moins dynamique que
l'année dernière (+ 1,3 %, au lieu de + 70 %). Il a
précisé que ce ralentissement s'expliquait par la croissance
exceptionnelle constatée en 2001, provenant du fait que ce budget
intégrait pour la première fois en année pleine certains
dispositifs, en particulier les grands projets de ville, les opérations
de renouvellement urbain et le fonds pour la revitalisation économique.
Il a indiqué que deux articles du projet de loi de finances pour 2002
étaient rattachés au budget de la ville : l'article 71, relatif
à la sortie progressive du régime des zones franches urbaines
(ZFU) dans le cas des exonérations de cotisations sociales, et l'article
72, relatif à l'extension aux personnes publiques du dispositif dit des
« adultes-relais ».
Il a rappelé que les zones franches urbaines faisaient partie des zones
de redynamisation urbaine (ZRU), l'ensemble de ces zones
bénéficiant d'exonérations fiscales et sociales, plus
favorables dans le cas des zones franches urbaines que dans celui des autres
ZRU. Il a indiqué que le gouvernement proposait de mettre fin au
dispositif des zones franches urbaines, pour remplacer les régimes ZFU
et ZRU actuels par un régime unique, correspondant à celui des
zones de redynamisation urbaine, légèrement renforcé. Il a
précisé que cette réforme serait mise en oeuvre par
diverses dispositions, dont l'article 71 du projet de loi de finances pour
2002. Il a souligné l'insuffisance de l'évaluation du dispositif
de zones franches urbaines. Il a indiqué que l'emploi y avait
doublé depuis 1997, pour un coût annuel de 300 millions d'euros.
Observant que le gouvernement n'avait pas publié d'estimation du nombre
d'emplois créés grâce à ce dispositif, il s'est
interrogé sur le bien-fondé de la réforme proposée
par le gouvernement.
Il a rappelé que l'autre article rattaché au budget de la ville
était l'article 72, relatif aux adultes-relais. Il a indiqué que
les adultes-relais étaient d'anciens chômeurs, recrutés
pour améliorer, dans les zones urbaines sensibles et les autres
territoires prioritaires des contrats de ville, les relations entre les
habitants de ces quartiers et les services publics, ainsi que les rapports
sociaux dans les espaces publics ou collectifs. Il a souligné
l'ambiguïté du dispositif, qui visait à la fois à
satisfaire des besoins en matière de médiation et à
réduire le taux de chômage, et s'est interrogé sur la
compatibilité de ces deux objectifs. Il s'est également
demandé ce qu'il allait advenir de ces personnes quand elles sortiraient
du dispositif, ces contrats n'étant prévus que pour une
durée de trois ans. Il a indiqué que l'article 72 du projet de
loi de finances pour 2002 avait pour objet de permettre l'embauche
d'adultes-relais par des personnes publiques. Il a précisé que
cela correspondait, d'ores et déjà, à une pratique, par le
recours au système des contrats emploi consolidé. Il a
ajouté que si les contrats emploi consolidé présentaient,
notamment, l'inconvénient de pouvoir être conclus pour une
durée indéterminée, ceci n'était, sauf exception,
pas possible dans le cas des adultes-relais.
Le rapporteur spécial a ensuite considéré que la
lisibilité et le suivi des crédits consacrés à la
politique de la ville n'étaient pas satisfaisants. Il a estimé
que le « jaune » fournissait des indications purement formelles. Il a
en particulier indiqué qu'on ne connaissait pas le détail des
chapitres budgétaires concernés ; on ignorait s'ils concernaient
exclusivement, ou non, le champ de la politique de la ville ; on ne disposait
pas de l'état de leur consommation au cours des exercices
précédents. Ainsi, il a considéré que l'annonce
d'un montant de 7 milliards d'euros d'effort public au bénéfice
de la politique de la ville constituait un affichage politique dont il
était impossible de vérifier la réalité sur le
terrain.
Il a déploré les lacunes de l'évaluation de la politique
de la ville. Il a souligné que si le ministère de la ville
imposait aux collectivités la réalisation de nombreuses
études, il ne remplissait pas les obligations qui devraient être
les siennes concernant l'évaluation des actions qu'il engageait. Il a
cité pour exemple le cas des zones franches urbaines, que le
gouvernement avait décidé de supprimer, sans véritablement
savoir quel avait été leur impact. Il a jugé
nécessaire de mettre en oeuvre, d'une part, un suivi de la consommation
des crédits et, d'autre part, une évaluation qualitative des
résultats obtenus par les différentes politiques menées.
Il a estimé que l'absence de mise en relation des moyens avec les
objectifs poursuivis et les résultats obtenus conduisait à une
gestion erratique de l'argent des contribuables.
Pour conclure,
M. Eric Doligé, rapporteur spécial
, a
souligné les difficultés résultant de la complexité
des modalités de financement de la politique de la ville. Il a
considéré qu'en dépit des réformes introduites au
cours des deux dernières années, comme la création du
fonds d'intervention pour la ville, celles-ci demeuraient insatisfaisantes,
à cause de la lenteur des procédures de demande de subvention, et
de la complexité du financement des opérations importantes,
résultant de la dispersion des sources de financement. Il a
exprimé le souhait que des réformes soient étudiées
afin de poursuivre la simplification du financement de la politique de la ville.
La commission, suivant la proposition de son rapporteur spécial,
a
alors décidé de proposer au Sénat de rejeter les
crédits du budget de la ville pour 2002, et d'adopter sans modification
les articles 71 et 72 rattachés.
1
L'article 8 du présent projet de
loi
de finances concerne les seules exonérations fiscales.
2
Maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale, visant à
favoriser la résorption de l'habitat insalubre.
3
Grands projets de ville
4
Opérations de renouvellement urbain.
5
La liste des zones urbaines sensibles a été
fixée par le décret n° 96-1156 du 26 décembre 1996
complété par le décret n° 2000-796 du 24 août
2000.
6
Décrets n° 96-1157 du 26 décembre 1996 pour la
France métropolitaine et n° 96-1158 du même jour pour les
départements d'outre-mer.
7
Décret n° 96-1154 du 26 décembre 1996,
modifié par le décret n° 97-1323 du 31 décembre 1997
pour la France métropolitaine et par le décret n° 96-1155 du
26 décembre 1996, modifié par le décret n° 97-1322 du
31 décembre 1997, pour les départements d'outre-mer.
8
Selon les termes du rapport au Parlement du ministère
délégué à la Ville (juillet 2001).
9
Il s'agit des contribuables exerçant une activité
industrielle, commerciale ou artisanale, à l'exception des
activités de crédit-bail mobilier et de location d'immeubles
à usage d'habitation, ainsi que des contribuables exerçant une
activité professionnelle non commerciale (comme les professions
libérales).
10
Construction, commerce et réparation automobile, commerce
de détail et réparation d'articles domestique, hôtels et
restaurants, transport de voyageurs par taxis, santé et action sociale,
assainissement, voirie et gestion des déchets, activités
associatives, activités récréatives, culturelles et
sportives, services personnels.
11
Conditions prévues aux articles 19 et 21 de la loi n°
2000-37 du 19 janvier 2000 relative à la réduction
négociée du temps de travail.
12
Afin de tirer parti de l'existence de structures de gestion
locales et de moyens informatiques dont les services de l'Etat ne disposaient
pas, les paiements aux employeurs relatifs aux contrats emploi
solidarité ont été confiés à cet organisme,
tâche sans rapport avec sa vocation initiale.
13
Article L322-4-8-1 du code du travail.
14
Contrairement aux contrats emploi
solidarité.