2. Les besoins des entreprises
La Chambre de commerce et d'industrie de Paris a présenté une étude intéressante en décembre dernier sur cette question 13 ( * ) .
Cette étude fait ressortir que la pénurie de main-d'oeuvre se fait sentir non seulement dans des domaines où la formation demandée est élevée, tels que les services informatiques et l'édition de logiciels, mais aussi dans des activités où une qualification est plus aisée à acquérir : métiers d'employé polyvalent en hôtellerie ou de serveur en restauration ; métiers de bouche ; métiers de caissière et employés de libre service dans le secteur de l'alimentation ; divers métiers d'ouvrier non qualifié, de technicien ou d'agent de maîtrise dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ; métiers d'ouvrier non qualifié du bois, de la mécanique ou de l'électricité dans l'industrie où 72 % des établissements rencontrent une difficulté lors d'un recrutement ; emplois de conducteur de véhicule dans le secteur des transports.
Il ressort également de cette étude que dans divers secteurs, la moitié des emplois proposés sont à durée indéterminée.
Sur ce point, votre rapporteur ne peut que renvoyer à l'excellent rapport 14 ( * ) de notre collègue, M. Alain Gournac, qui a conduit à l'adoption d'une proposition de loi par notre Assemblée le 14 décembre dernier.
Le dernier paradoxe enfin est que les dispositifs d'aide à l'emploi qui sont si nombreux 15 ( * ) et dont on connaît la complexité ne permettent pas de réduire en profondeur le nombre de titulaires de minima sociaux alors que selon une étude de l'INSEE, les trois quarts des allocataires du RMI se déclarent bien à la recherche d'un emploi 16 ( * ) .
Parmi le quart restant, 33 % des allocataires déclarent avoir renoncé à la recherche d'un travail pour des raisons de santé, 19 % pour des raisons familiales (difficultés de faire garder les enfants notamment) et 9 % en raison de l'absence d'emploi dans leur domaine d'activité.
Il est important de souligner que, malgré les considérations de nature économique sur les effets de désincitation à la reprise d'un travail résultant des minima sociaux, beaucoup de titulaires du RMI et de l'ASS sont désireux de reprendre une activité professionnelle, parce que celle-ci leur apporte une reconnaissance sociale et un sentiment de dignité retrouvée que les équations ne peuvent prendre en compte.
Il est révélateur que dans l'analyse réalisée par l'INSEE sur les trajectoires de sortie du RMI 17 ( * ) , les deux tiers des titulaires du RMI qui ont repris un emploi s'estiment dans une meilleure situation financière que lorsqu'ils percevaient l'allocation et que 82 % des anciens bénéficiaires déclarent " qu'ils se sentent mieux " depuis qu'ils ont repris un travail.
Il est donc aujourd'hui d'autant plus important d'inventer des mécanismes nouveaux pour mettre en relation ce besoin de main-d'oeuvre exprimé par les entreprises et la ressource humaine considérable en valeur et en compétence que représentent les personnes bénéficiant des minima sociaux.
Tel est l'objet du revenu minimum d'activité présenté par le président et le rapporteur général de la commission des Finances.
* 13 Les difficultés de recrutement : quelles réalités ? Quels remèdes ? - Rapport présenté par M. Jean-Paul Vermès, au nom de la commission du travail et des question sociales et adopté par l'Assemblée générale du 21 décembre 2000 - Chambre de commerce et d'industrie de Paris.
* 14 Rapport n° 125 (2000-2001) fait au nom de la commission des Affaires sociales sur la proposition de loi de MM. Alain Gournac, Jean Arthuis, Pierre Laffitte, Henri de Raincourt et Josselin de Rohan, permettait de faire face aux pénuries de main-d'oeuvre et de lever les obstacles à la poursuite de la croissance économique.
* 15 Votre rapporteur a souhaité reprendre en annexe le " tableau de bord " publié mensuellement par la DARES qui récapitule l'ensemble des principales actions de la politique de l'emploi et le nombre de bénéficiaires.
* 16 INSEE Première n° 720, juin 2000.
* 17 INSEE Première, n° 632, février 1999.