III. LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES INDUSTRIES DU BOIS

Comme le souligne le rapport de M. Jean-Louis Bianco 2 ( * ) , les industries du bois réussissent à se maintenir, parfois même à se développer, malgré des difficultés structurelles fortes que sont la dispersion de la propriété forestière, la faible intégration de la filière, le peu de forêts mono-spécifiques productives et la tendance à une diminution de la demande de bois d'oeuvre.

L'ensemble de l'industrie, dans un contexte de forte concurrence internationale, sont obligées d'adopter une stratégie de coût minimum.

Les industries de première transformation

L'exploitation et la récolte de bois

La France est le 10 e producteur mondial de bois et le 5 e exportateur de bois brut.

Depuis 1985, elle est exportatrice nette de bois brut en valeur.

Les entreprises ayant une activité d'exploitation forestière (c'est-à-dire d'achat de bois sur pied, d'abattage -éventuellement sous-traité- et de revente de bois abattu) sont au nombre de 5.525 en 1998, elles emploient pour cette activité 6.829 salariés permanents), alors que la récolte fluctue entre 30 et 35 millions de m 3 sur la même période. Une partie de la chute des effectifs correspond à l'installation d'anciens salariés comme entrepreneurs de travaux forestiers indépendant.

Il s'avère indispensable de renforcer ce maillon, qui reste l'un des plus faibles de la filière, notamment à travers la mise en oeuvre d'un statut de l'exploitation forestière.

L'industrie du sciage

En 1998, on dénombre 2.945 entreprises ayant une activité de sciage qui réalisent un chiffre d'affaires global, avec les parquets et lambris, de 18,5 milliards de francs. Elles emploient pour l'activité de sciage 17.281 salariés permanents, et produisent en 1998 10,2 millions de m 3 de sciages (3 e production de l'Union européenne, après l'Allemagne et la Suède) et 7,6 millions de tonnes de produits connexes. La moitié de la production est assurée par 10 % des entreprises. Le mouvement de concentration et de réduction des effectifs est net (5.241 entreprises exerçaient une activité de sciage en 1980, et elles employaient pour cela 25.824 salariés permanents), alors que la production stagne.

Elles ont réalisé (avec les parquets et les lambris), en 1998, 926 millions de francs d'investissements. Les plus dynamiques d'entre elles font d'importants efforts à l'exportation , en particulier vers le Moyen Orient et vers l'Asie.

En 1999, le solde de la balance commerciale était déficitaire de 2,4 milliards de francs pour les sciages résineux et de 390 millions de francs pour les sciages feuillus.

Ce secteur se caractérise par des montants d'investissements qui l'apparentent à une industrie lourde, et par des besoins de main d'oeuvre importants. Se côtoient des scieries modernisées et compétitives sur le marché international et de petites scieries desservant des artisans et des marchés locaux, qui exercent également une activité d'exploitant forestier.

Un effort d'investissement très important doit être accompli pour promouvoir des produits plus élaborés que le sciage brut et pour proposer des produits de qualité, normalisés, séchés et rabotés, similaires aux productions scandinaves.

L'industrie des panneaux

En France, en 1997, 68 entreprises de plus de vingt salariés emploient 8.568 personnes. Elles ont produit, en 1997, 4,6 millions de m 3 de panneaux à base de bois (2 e producteur de l'Union européenne, après l'Allemagne, soit 12 % de la production de l'Union européenne) et réalisé un chiffre d'affaires de 9,45 milliards de francs.

L'effort à l'exportation est notable depuis 1980 et l'industrie des panneaux présente un taux de couverture de 123 %. Ce secteur est le deuxième exportateur parmi les industries du bois.

L'industrie papetière (pâtes, papiers et cartons)

L'industrie papetière se composait en 1999 de 115 entreprises employant 24.000 personnes et exploitant 142 usines et 225 machines à papier pour un chiffre d'affaires hors taxes de 37,3 milliards de francs. Industrie lourde, elle est de celles qui structurent le tissu économique par ses effets amont sur les matières premières (bois, énergie, vieux papiers, etc...) dont elle consomme de grandes quantités, ses effets aval sur l'industrie de la transformation qui emploie en France près de 70.000 personnes et ses effets latéraux par toute l'activité de services, de maintenance et de sous traitance qu'elle génère.

L'industrie du papier consomme 10 millions de tonnes de bois par an, dont 6,7 millions de tonnes de rondins, mais les conditions de mobilisation de ce bois restent peu performantes.

Après une longue période de crise, entre 1970 et 1987, cette industrie s'est restructurée sous l'influence dominante de capitaux étrangers. Au début des années 1990, des investissements réalisés pour un montant total supérieur à 17 milliards de francs ont permis de moderniser les sites de production.

Depuis 1997, la remontée progressive des prix des papiers et cartons a permis une légère amélioration des résultats de l'industrie papetière, avec cependant des bilans contrastés selon les secteurs d'activité et le degré d'intégration des entreprises situées tant en amont qu'en aval.

Compte tenu des retards accumulés, les restructurations qui se poursuivent sont dominées par des grands groupes étrangers, notamment scandinaves, et le secteur est désormais détenu à 70 % par des capitaux étrangers.

Les industries de la seconde transformation

Le secteur de la construction représente le marché principal des entreprises de transformation du bois. Le secteur de l'ameublement, qui en constitue le second grand marché, a connu, après plusieurs années de stagnation, un effet de rattrapage important en 1998 (+4,5 %) suivi d'une pause en 1999 (+1 %).

Le commerce extérieur reste excédentaire, à hauteur de 615 millions de francs, grâce à des branches d'activité, telles que la menuiserie ou les emballages en bois.

Menuiserie et charpente industrielle

Ce secteur est constitué par un peu plus de 200 sociétés, pour la plupart des PMI. Seules, 17 d'entre elles dépassent 200 salariés, en réalisant plus de 50 % du chiffre d'affaires de ce secteur.

Parquetterie

Cette branche réalise un chiffre d'affaires estimé à près de 3 milliards de francs et la balance commerciale reste stable grâce aux bons résultats du secteur des parquets.

Ce produit connaît effet une relance générale depuis plusieurs années en Europe au travers essentiellement du parquet flottant.

Emballage bois

Cette branche, qui réalise près de 6 milliards de chiffre d'affaires, représente environ 9 % du secteur de l'emballage. Elle est constituée de petites sociétés à caractère familial, puisque la quasi totalité d'entre elles emploient moins de cent salariés.

Le solde du commerce extérieur connaît de très forts excédents, pour l'essentiel imputables au secteur de la tonnellerie.

Ce secteur traditionnel du savoir-faire français, a réalisé en 1999 près de 1,8 milliard de francs de chiffre d'affaires. Il est devenu extrêmement porteur en raison de la forte demande, au plan mondial, de vins de qualité obtenus grâce aux tonneaux en bois. Cette croissance du marché est évaluée entre 10 et 15 % par an pour les années à venir. La moitié du marché mondial (800.000 fûts) est réalisée à partir de chêne français.

Les industries de l'ameublement

Composée de nombreuses entreprises, pour la plupart de très petite taille (695 entreprises de plus de 20 salariés dont 80 % d'entre elles emploient un effectif inférieur à 100 personnes), l'industrie française de l'ameublement a créé 5.000 nouveaux emplois nets sur les deux ans écoulés (3.000 emplois en 1998 et 2.000 emplois en 1999).

Au plan industriel comme au plan marketing et commercial, les entreprises du secteur ont maintenu leurs efforts de modernisation, consacrant d'importants moyens à l'amélioration de la conception de leurs produits, la mise en place de nouveaux outils industriels et de systèmes informatiques pour mieux gérer leurs process de production, et à l'amélioration de la logistique et de leurs services commerciaux.

Les industriels français de l'ameublement bénéficient de la conjoncture économique favorable tant pour la consommation de meubles d'habitat, que de mobiliers de bureaux.

La production de mobiliers à usage domestique et professionnel s'élève à 41,2 milliards de francs en 1999, ce qui place cette industrie au troisième rang européen derrière l'Allemagne et l'Italie.

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En conclusion de cette partie consacrée à une brève présentation des caractéristiques de la forêt française et de la filière bois, on ne peut que souligner la pertinence de l'une des principales recommandations du rapport de M. Jean-Louis Bianco déjà cité. Il souligne qu'un des axes majeurs de la stratégie forestière française doit être consacré au renforcement de la productivité de l'ensemble de la filière. Pour financer cet effort de compétitivité et d'emploi dans la filière, des moyens financiers conséquents doivent être dégagés par la puissance publique .

Or, souligne le rapport, la France est l'un des Etats européens qui dépense le moins pour la forêt ; par hectare, l'Allemagne dépense quatre fois et la Suisse dix fois plus.

Tous financements confondus, l'investissement supplémentaire pour financer une stratégie forestière ambitieuse est évalué à 1 milliard de francs par an.

* 2 " La forêt : une chance pour la France " ; M. Jean-Louis Bianco (août 1998).

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