EXPOSÉ GÉNÉRAL
Mesdames, Messieurs,
Annoncé en octobre 1998 par M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire
d'Etat à l'outre-mer, le présent projet de loi d'orientation a
suscité beaucoup d'attentes, mais aussi beaucoup d'inquiétudes.
Au-delà des questions institutionnelles, la question du
développement économique des départements d'outre-mer
constitue un enjeu primordial pour leur avenir. La progression continue du
chômage, en particulier chez les jeunes, et la montée de
l'exclusion sont en effet les principaux défis auxquels sont
confrontées les sociétés ultra-marines. C'est le constat
qu'a pu dresser votre commission des Affaires sociales lors de sa
récente mission d'information en Guyane qui visait justement à
préparer l'examen du présent projet de loi
1(
*
)
.
C'est pourquoi votre commission a demandé à être saisie
pour avis du volet social de ce texte.
A l'origine, le projet de loi a été bien accueilli. Il a
immédiatement été l'occasion pour les acteurs locaux
d'exprimer leurs préoccupations quant aux moyens de favoriser le
développement durable des économies domiennes.
Pourtant, progressivement, les attentes fortes de nos compatriotes d'outre-mer
se sont transformées en inquiétudes ou tout au moins en
interrogations. La crainte que ce texte ne se transforme en une occasion
manquée s'est peu à peu fait jour.
Bien qu'annoncé voilà près de deux ans, le projet de loi
n'arrive en discussion au Parlement qu'en mai 2000. On aurait pu espérer
que la lenteur de sa gestation ait permis à la concertation de se
dérouler au mieux. C'est loin d'être évident.
Certes trois rapports intéressants ont été
rédigés. Le rapport Mossé
2(
*
)
était consacré au
développement économique. Le rapport de notre collègue
Claude Lise et du député Michel Tamaya
3(
*
)
abordait principalement les questions
institutionnelles. Le rapport Fragonard
4(
*
)
concernait avant tout la question de
l'emploi.
Certes, les assemblées locales ont été consultées
à deux reprises.
Mais cette phase de diagnostic et de concertation, pourtant si chère au
Gouvernement, semble aujourd'hui déboucher sur une phase de
décision quelque peu décevante.
Sur les huit assemblées locales consultées, seules deux ont en
effet donné un avis positif sur ce projet de loi.
Cette absence de consensus local témoigne des imperfections du texte qui
vous est soumis aujourd'hui.
Pour s'en tenir au domaine social, votre commission des affaires sociales croit
devoir insister sur certaines insuffisances manifestes du projet de loi.
La première insuffisance tient au souci trop évident d'un
affichage ambitieux qui tend à faire de ce texte le simple support
à des effets d'annonce.
Votre commission des Affaires sociales n'entrera pas ici dans le débat
-un peu spécieux- sur les avantages comparés des lois
d'orientation, des lois de programme et des lois de programmation. Car ce qui
importe avant tout, c'est l'impact de la législation. Elle observe
simplement que cet intitulé ambitieux " loi
d'orientation
"
semble en décalage avec le contenu plus
modeste du projet. Au demeurant, nombre de ses dispositions relèvent
souvent davantage du règlement, voire de la circulaire que de la loi.
Cette volonté d'affichage d'un effort présenté comme
"
sans
précédent
"
5(
*
)
se retrouve également dans les
incertitudes entourant le coût du dispositif.
Le Gouvernement,
pour souligner " cet effort sans précédent ", annonce
ainsi un coût budgétaire de 3,5 milliards de francs pour le seul
article 2 du projet de loi. Mais, sur la base des données fournies
par l'étude d'impact réactualisée, on ne retrouve, pour
l'ensemble du volet social du texte adopté par l'Assemblée
nationale, qu'un coût net de 2,7 milliards de francs pour l'ensemble
des finances publiques (budget de l'Etat mais aussi finances sociales qui sont
largement mises à contribution). C'est simplement l'équivalent de
6 % des crédits budgétaires de 2000 en faveur des DOM.
La seconde insuffisance tient au périmètre trop restreint du
projet de loi.
Les sociétés domiennes sont des sociétés
dynamiques. On sait ainsi que le rythme de la croissance économique y
est plus élevé qu'en métropole depuis dix ans. Leur
développement économique viendra donc prioritairement des acteurs
locaux et, en premier chef, des entreprises. Mais cela n'en nécessite
pas moins un accompagnement de la part de la métropole.
Ce soutien aurait dû, pour votre commission, prendre une triple
forme :
- d'abord, un
plan de rattrapage
pour remettre à niveau les
équipements et les services collectifs qui restent la condition
nécessaire à la création d'un environnement
économique et social favorable. Votre commission a pu, notamment,
constater combien, en Guyane, un tel rattrapage était nécessaire
sur le plan sanitaire ;
- ensuite, la mise en place d'un dispositif de
soutien aux
investissements
qui devrait prendre la forme d'une défiscalisation
dans le prolongement de la loi " Pons " ;
- enfin, des mécanismes
d'aides à l'emploi
adaptés au contexte particulier de l'outre-mer et, plus encore, de
chaque département d'outre-mer tant ceux-ci connaissent des situations
particulières.
Or force est de constater que seul ce troisième volet est abordé
par le présent projet de loi, le soutien aux investissements
étant reporté au mieux au projet de loi de finances pour 2001 et
l'exigence d'un rattrapage ayant mystérieusement disparu du discours
gouvernemental, celui-ci s'en remettant largement aux contrats de plan et aux
actions communautaires.
La troisième insuffisance est aussi évidente. Il s'agit, en
matière sociale, d'un projet inabouti.
Votre commission des Affaires sociales reconnaît que, dans ce domaine,
les orientations du Gouvernement vont dans un sens que ne pourra
qu'apprécier notre Haute Assemblée : l'abaissement du
coût du travail, l'incitation à la reprise d'activité, le
soutien à la création d'entreprise, la recherche de
l'égalité sociale sont autant de pistes auxquelles votre
commission attache traditionnellement une grande importance.
Elle ne peut donc que partager ces orientations et savoir gré au
Gouvernement de les avoir reprises à son compte. Elle constate ainsi
avec satisfaction qu'il a choisi de pérenniser les principaux
dispositifs de la loi " Perben " et même de les amplifier.
Dès lors, on ne peut que déplorer qu'il n'en ait pas tiré
toutes les conséquences et qu'il ait préféré
s'arrêter au milieu du gué, alors que l'urgence sociale imposait
d'agir vite et fort. Ce projet aurait pu être plus ambitieux. Il est
à craindre que son impact ne soit trop faible pour répondre au
défi de l'emploi outre-mer et pour construire ce "
modèle
original de développement
" que le Président de la
République appelait de ses voeux voici quelques semaines encore.
Aussi, se fondant sur une très large consultation des forces vives et
des élus des DOM par votre rapporteur, votre commission des Affaires
sociales a choisi d'enrichir ce texte pour en renforcer la portée.
I. LA SITUATION SOCIALE PROFONDÉMENT DÉGRADÉE DES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER REND NÉCESSAIRE DES RÉPONSES RAPIDES ET FORTES
A. LES PERSPECTIVES DE L'EMPLOI DEMEURENT TRÈS PRÉOCCUPANTES
1. Un chômage très élevé
Les deux tableaux ci-dessous permettent d'apprécier la réalité pour le moins inquiétante de la situation de l'emploi.
Situation de l'emploi dans les DOM au 31 mars 2000
Données observées |
Guadeloupe |
Martinique |
Guyane |
Réunion |
Total DOM |
Métropole |
Demandeurs d'emploi
|
51.425 |
47.436 |
12.891 |
94.539 |
206.291 |
2.448.200 |
Evolution mensuelle (%) |
2,0 % |
4,2 % |
0,4 % |
- 1,9 % |
0,5 % |
- 2,0 % |
Evolution sur 12 mois (%) |
- 1,8 % |
- 3,5 % |
- 2,1 % |
- 3,1 % |
- 2,8 % |
- 14,9 % |
Indicateur de chômage % (2) |
28,8 % |
27,9 % |
21,9 % |
35,8 % |
30,7 % |
10,1 % |
Dont
nombre de jeunes
|
6.616 |
5.269 |
1.625 |
18.682 |
32.192 |
402.600 |
Evolution sur 12 mois (%) |
- 13,2 % |
- 12,6 % |
- 13,7 % |
- 2,3 % |
- 7,1 % |
- 19,8 % |
Jeunes de moins de 25 ans/DEFM (%) |
12,9 % |
11,1 % |
12,6 % |
19,8 % |
15,6 % |
16,4 % |
Dont chômeurs de longue durée |
29.544 |
29.321 |
4.087 |
42.799 |
105.751 |
892.500 |
Evolution sur 12 mois (%) |
0,6 % |
- 0,3 % |
- 23,0 % |
- 7,3 % |
- 4,1 % |
- 19,4 % |
Chômeurs de longue durée/DEFM (%) |
57,5 % |
61,8 % |
31,7 % |
45,3 % |
51,3 % |
36,5 % |
Demandeurs d'emploi indemnisés (3) |
17.063 |
17.673 |
4.376 |
48.978 |
88.090 |
1.936.294 |
Taux de couverture (%) (4) |
33,18 % |
37,26 % |
33,95 % |
51,81 % |
42,70 % |
79,09 % |
(1) Les
statistiques DOM ne sont pas corrigées des variations
saisonnières.
Source : secrétariat d'Etat à
l'outre-mer
(2) DEFM/Population active estimée au 31/03/97 qui est à
distinguer du taux de chômage au sens du BIT.
(3) Recouvre les demandeurs d'emploi percevant l'allocation unique
dégressive (AUD), l'allocation aux chômeurs âgés
(ACA), l'allocation spécifique de solidarité (ASS), l'allocation
d'insertion (AI).
(4) Rapport entre les demandeurs d'emploi indemnisés et le total des
demandeurs d'emploi.
Evolution du chômage de 1995 à 1999 dans les DOM
Année
|
Nombre de chômeurs (1) |
Evolution par rapport à l'année précédente |
1995 |
182.882 |
+ 1,9 % |
1996 |
196.451 |
+ 7,4 % |
1997 |
207.294 |
+ 5,5 % |
1998 |
211.260 |
+ 1,9 % |
1999 |
210.634 |
- 0,3 % |
(1) Il
s'agit des demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) catégorie 1.
Source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer
Si la progression du chômage semble se ralentir depuis quelques mois, il
n'en reste pas moins stabilisé à un niveau très
élevé et le différentiel avec la métropole ne fait
que s'accroître : alors que le nombre de chômeurs diminuait de
15 % entre mars 1999 et mars 2000 en métropole, il ne reculait que
de 2,8 % dans les DOM.
Certes, ces statistiques doivent être interprétées avec
prudence (
cf. encadré ci-dessous
). Mais elles n'en
révèlent pas moins l'ampleur du défi que représente
la lutte contre le chômage.
La difficile évaluation du chômage dans les DOM
Les
statistiques relatives à l'emploi ne permettent de saisir
qu'imparfaitement la réalité du chômage outre-mer. Ils sont
en effet affectés par
deux biais,
l'un tendant à
surestimer le taux de chômage, l'autre tendant à le sous-estimer.
D'une part,
l'importance du travail informel
reste conséquente
dans les DOM. Une étude de l'INSEE des Antilles-Guyane de septembre 1998
avance par exemple que 30 % des allocataires du RMI exerceraient un
travail informel. Une autre enquête menée à la
Réunion en 1995 a évalué à 27.000 le nombre de
personnes concernées par le travail illégal pour une population
active de 175.000 personnes.
D'autre part,
le nombre de demandeurs d'emplois inscrits à l'ANPE ne
permet pas de comptabiliser tous les chômeurs.
Il semble en effet que
le nombre de " chômeurs découragés " soit plus
important outre-mer qu'en métropole. Cela tiendrait à la
conjonction de deux phénomènes : la pénurie des
offres d'emplois proposées par le service public de l'emploi et la
faible indemnisation du chômage.
En outre, les chiffres donnés par l'ANPE reposent sur une
évaluation de la population active en 1997 et non sur les
résultats du recensement de 1999.
A l'évidence, les données relatives au chômage dans les DOM
doivent être interprétées avec la plus extrême
prudence.
Cette persistance d'un chômage élevé est d'autant plus
préoccupante que les économies ultra-marines créent des
emplois à un rythme soutenu.
Ces créations d'emplois relèvent très largement du secteur
privé. Ainsi, de 1992 à 1998, les effectifs salariés du
secteur privé ont augmenté de plus de 25 %. En 1998,
l'emploi privé a augmenté de 5,5 %.
Evolution des effectifs salariés du secteur privé
|
Guadeloupe |
Martinique |
Guyane |
Réunion |
Total DOM |
1992 |
48.675 |
43.381 |
13.296 |
81.087 |
186.439 |
1993 |
52.136 |
50.988 |
13.176 |
77.196 |
193.496 |
1994 |
53.724 |
50.346 |
14.450 |
82.637 |
201.157 |
1995 |
55.866 |
56.202 |
15.303 |
89.918 |
217.289 |
1996 |
62.324 |
58.378 |
16.352 |
83.925 |
220.979 |
1997 |
63.156 |
55.929 |
16.266 |
86.632 |
221.983 |
1998 |
66.285 |
60.647 |
16.574 |
90.749 |
234.255 |
Source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer.
2. Des perspectives inquiétantes
Ce
sombre constat invite d'autant moins à l'optimisme qu'en dépit de
nombreux atouts, les DOM souffrent de trois handicaps qui pèsent
très lourdement sur le marché du travail et sur ses perspectives
d'évolution.
•
Le poids des structures démographiques
La croissance démographique restera durablement supérieure
à celle de la métropole. Entre 1990 et 1999, la population
domienne a augmenté de 14,3 % contre 3,4 % seulement pour la
population métropolitaine.
La
population dans les DOM
(1990-1999)
|
Guadeloupe |
Martinique |
Guyane |
Réunion |
Total DOM |
Population (recensement 1990) |
386.987 |
359.572 |
114.678 |
597.823 |
1.459.060 |
Population (recensement 1999) |
422.496 |
381.427 |
157.213 |
706.300 |
1.667.436 |
Variation 1990-1999 |
35.509 |
21.855 |
42.535 |
108.477 |
208.376 |
due au solde naturel |
44.181 |
32.930 |
32.256 |
91.814 |
201.376 |
due au solde migratoire |
- 8.672 |
- 11.075 |
10.279 |
16.663 |
7.195 |
Taux de variation (en %) |
0,98 |
0,66 |
3,59 |
1,86 |
1,59 |
dû au solde naturel (%) |
1,22 |
0,99 |
2,72 |
1,57 |
1,54 |
dû au solde migratoire (%) |
- 0,23 |
- 0,33 |
0,87 |
0,29 |
0,05 |
Source : INSEE
La baisse de l'indice de fécondité ne doit pas faire illusion.
Même s'il diminue pour se rapprocher de celui de métropole, la
croissance de la population devrait rester rapide. La population est, en effet,
jeune : en 1996, les moins de 25 ans représentent 50 % de la
population en Guyane, 46 % à la Réunion, 42% en Guadeloupe
et 38 % en Martinique. Aussi, même si les femmes ont moins d'enfants
qu'auparavant, il existe beaucoup plus de femmes en âge d'en avoir. Le
taux de natalité devrait donc se maintenir à un niveau
élevé.
La croissance démographique alimente alors largement la progression du
chômage. Elle se traduit, en effet, par une augmentation de la population
active qui n'est plus compensée par les créations nettes
d'emplois. Le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail est
désormais, chaque année, supérieur au nombre de postes
disponibles ou créés.
•
La faiblesse des qualifications
Le chômage élevé des habitants d'outre-mer s'explique
également par leur faible qualification.
Ainsi, en 1990, plus de 50 % des hommes de 23 à 27 ans et 40 % des
femmes du même âge n'avaient aucun diplôme dans les DOM.
Cette faiblesse se retrouve également pour les jeunes entrant sur le
marché du travail.
Alors que le chômage des jeunes s'explique en grande partie par leur
qualification insuffisante, on observe un
essoufflement préoccupant
des formations en alternance
qui sont pourtant bien adaptées aux
contextes locaux.
Flux
annuel d'utilisation des mesures de formation et d'insertion
concernant les
jeunes
Libellé |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Contrats d'apprentissage |
4.511 |
4.888 |
4.179 |
3.792 |
Contrats de qualification |
1.446 |
1.449 |
1.758 |
1.681 |
Contrats d'adaptation |
118 |
41 |
47 |
52 |
Contrats d'orientation |
74 |
19 |
121 |
357 |
Crédit formation individualisé |
4.082 |
3.146 |
3.426 |
nd |
Stage 16-25 ans |
96 |
13 |
- |
- |
Stage d'accès à l'entreprise |
- |
- |
53 |
3.631 |
Source : Rapport Fragonard et ministère de
l'emploi
et de la solidarité.
Le fléchissement de l'apprentissage est tout particulièrement
inquiétant. Les effectifs entrés en apprentissage ont
diminué de 9,3 % en 1998.
•
Le coût du travail dans un environnement concurrentiel
particulier
Les économies d'outre-mer ont pour caractéristique d'être
très peu diversifiées. Outre les secteurs du BTP et du tourisme,
ce sont souvent les productions naturelles qui constituent l'essentiel de leur
activité : la banane à la Guadeloupe et en Martinique, la
filière canne-sucre-rhum aux Antilles et à la Réunion, la
pêche à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Or, ces productions naturelles sont tout particulièrement
exposées à la concurrence internationale, et notamment à
celle des pays voisins des départements, territoires et
collectivités d'outre-mer.
Dans ce contexte régional de vive concurrence internationale, qui tend
désormais à s'étendre au secteur du tourisme
au-delà des seules productions naturelles, la France d'outre-mer
apparaît très handicapée par le coût du travail.
Le coût du travail y est, en effet, très sensiblement plus
élevé que chez leurs concurrents directs : Maurice, Madagascar,
les Comores, les Seychelles pour la Réunion, les Antilles et
l'Amérique centrale pour les départements français
d'Amérique.
Une évaluation réalisée par le secrétariat d'Etat
à l'outre-mer montre que les coûts salariaux à l'île
Maurice sont en moyenne de trois à quatre fois moins
élevés qu'à la Réunion et environ 50 fois moins
élevés à Madagascar.
Concernant la zone Caraïbe, les coûts salariaux sont les plus bas
en Haïti et à Cuba (moins de 200 francs par mois). A Sainte-Lucie,
à la Dominique, au Surinam, à Trinidad et Tobago, Antigua, les
coûts salariaux sont de trois à quatre fois moins
élevés que dans les départements d'outre-mer.
A Saint-Maarten (partie hollandaise de Saint-Martin), Curaçao et Aruba,
Saint-Kitts et aux Antilles néerlandaises, le coût du travail est
à peu près deux fois moins élevé qu'aux Antilles.
La revalorisation du SMIC, puis son alignement sur le niveau de
métropole, n'ont fait qu'accentuer cet écart salarial.
Ce dernier participe alors doublement à la croissance du chômage
que connaît l'outre-mer.
D'une part, il accroît l'attractivité des départements
d'outre-mer pour les populations environnantes et alimente alors des flux
d'immigration très importants qui gonflent à leur tour le
chômage. C'est ce phénomène qui se déroule
actuellement avec une forte intensité en Guyane.
D'autre part, le coût du travail contribue à dégrader la
compétitivité-prix des produits et des services de la France
d'outre-mer vis-à-vis de leurs concurrents régionaux. Il se
traduit donc soit par des restructurations, soit par des faillites qui tendent
à accroître le chômage.