II. DES MUTATIONS FRANÇAISES À PARACHEVER
A. FRANCE TÉLÉCOM : UNE CROISSANCE FORTE, MAIS UNE STRATÉGIE INTERNATIONALE ENCORE EN DEVENIR
1. Une activité toujours " tirée " par les mobiles et Internet
Les
résultats semestriels publiés par France Télécom en
septembre 1999 attestent de la toujours vigoureuse croissance de ses
activités et de sa rentabilité :
Le chiffre d'affaires consolidé
du groupe atteint, au premier
semestre 1998, 12.980 millions d'euros, en hausse de 9,2% par rapport
à la même période de 1998 (11.883 millions d'euros). A
périmètre et taux de change constants, la croissance
s'établit à 7,4 %.
L'" EBITDA
17(
*
)
"
progresse de
10,1 % à 4.907 millions d'euros contre 4.457 millions
d'euros sur les six premiers mois de 1998, principalement grâce à
l'amélioration sensible de la rentabilité de l'activité
mobiles en France.
Le résultat opérationnel
s'établit à
2.404 millions d'euros pour le premier semestre 1999, en augmentation de
14,3 % par rapport au premier semestre de 1998 (2.104 millions
d'euros).
Le résultat avant impôts, participation et
intérêts minoritaires
, progresse de 10,1 % à
2.101 millions d'euros contre 1.908 millions d'euros au premier
semestre 1998.
Le résultat net consolidé part du Groupe
reste stable
(+0,2 %) à 1.158 millions d'euros, sous l'effet d'une hausse
du taux effectif d'imposition et d'une diminution des plus-values de cessions
réalisées.
Pour le téléphone fixe, la transmission de données et
Internet :
Après quelques années de baisse du chiffre d'affaires due au
rééquilibrage tarifaire engagé fin 1996, l'objectif de
stabilisation des revenus de la téléphonie fixe en France est
atteint.
Par ailleurs, on note une amélioration de la
productivité et donc du résultat opérationnel courant -en
baisse de 7,4 % à 2.438 millions d'euros-.
Le
développement de l'Internet et des nouveaux usages
compense le
ralentissement de la croissance de l'activité liée à la
téléphonie fixe traditionnelle.
Le trafic de l'Internet permet
plus de 40 % de la croissance du trafic téléphonique
global
au cours du premier semestre 1999.
Le service d'accès à Internet Wanadoo compte
768.000 abonnés à fin juin 1999, en progression de
55 % en six mois.
Ce succès confirme la place de leader de
France Télécom, avec près de 37 % du marché
français des fournisseurs d'accès Internet. En termes d'audience,
Wanadoo et Voilà sont en tête des portails de langue
française, avec plus de quatre millions de pages vues par jour.
Au premier semestre 1999, le nombre de liaisons louées haut et moyen
débit progresse de 42 %. Dans le même temps, le volume de
transmission de données Internet a été multiplié
par trois.
Votre rapporteur se félicite de l'engagement de l'opérateur
historique dans l'Internet, qui constitue un levier puissant pour le rattrapage
du retard français en la matière.
Pour la téléphonie mobile :
Soutenu par la forte croissance du parc d'abonnés, le chiffre d'affaires
d'Itinéris progresse de 43,4 % à 2.337 millions
d'euros. L'augmentation de la rentabilité est très nette :
le résultat opérationnel courant atteint 374 millions
d'euros contre 70 millions d'euros un an auparavant, soit une progression
de 432 %.
En deux ans, le nombre de clients Itinéris a ainsi été
multiplié par plus de 3,5. Par ailleurs, la mise en place d'un programme
efficace de fidélisation des clients a permis de réduire d'un
sixième le taux de résiliation d'un semestre à l'autre, et
ce malgré le développement des cartes prépayées.
Au-delà de ce palmarès, votre rapporteur pour avis
s'inquiète de la dégradation du climat social au sein de
l'entreprise dont les personnels ont, rappelons-le, conservé un statut
de fonctionnaires
.
2. L'international : un passage à la vitesse supérieure ?
Loin de
votre rapporteur pour avis l'idée de nier les progrès à
accomplir pour le développement européen de France
Télécom !
En effet, le chiffre d'affaires international représente
désormais 10,4 % de celui du groupe.
Le nombre d'abonnés (fixes, mobiles et Internet) à France
Télécom est en croissance de 263 % en Europe (220.000) entre
98 et 99.
Outre les récents rachats ou prises de participation
évoqués (E-Plus en Allemagne et NTL en Grande-Bretagne),
l'opérateur est en effet déjà présent en Belgique
(Robistar), en Suisse (Multilink), en Italie (Wind), en Grèce (Panafon),
en Espagne (Uni 2), au Portugal (Optimus), aux Pays-Bas (Casema, Delft
Dutehtone et réseaux câblés de La Haye), en Norvège
(Eltele) et en Suède et Finlande via Global One. France
Télécom détient également une part significative de
Telecom Argentina.
Toutefois, la rupture avec Deutsche Telekom a bel et bien laissé
l'opérateur orphelin d'une véritable stratégie
internationale. Outre le sérieux handicap -en voie d'être
comblé par le rachat d'E-Plus- de la non présence sur le
marché allemand, c'est toute la stratégie extérieure qui
s'est trouvée fragilisée.
Dans le contexte actuel de fusions-acquisitions, et compte-tenu des
survalorisations boursières des sociétés du secteur, les
marges de manoeuvre de France Télécom pour financer son
développement international ne sont pas infinies. Outre les ressources
propres de l'opérateur, les recettes de la vente éventuelle de la
participation détenue dans Deutsche Telekom, l'opérateur peut
théoriquement compter, le cas échéant, sur la marge qui
existe entre la participation actuelle de l'Etat (62 %) et la part qu'il
doit conserver au capital (plus de la moitié) en vertu de la loi.
La particularité de l'entreprise nationale, souhaitée en 1996 par
votre Haute Assemblée en raison de ses missions de service public
(entreprise possédée aux deux tiers de l'Etat et composée
majoritairement de fonctionnaires) n'a pour l'instant pas été un
handicap à son développement. Votre commission pour avis est
toutefois attentive, dans le contexte actuel, à cet aspect de la
question.