CHAPITRE IER -
DES CRÉDITS " ABSORBÉS " PAR LA
RÉORGANISATION DU MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES
FINANCES
1. Des crédits " phagocytés ", qui ne font même plus l'objet d'une individualisation budgétaire
Alors
que La Poste et les technologies de l'information faisaient l'objet d'un
ministère à part entière dans le précédent
gouvernement, aussi bien que d'une section budgétaire distincte, la
réorganisation administrative et financière du ministère
de l'économie, des finances et de l'industrie menée ces deux
dernières années se traduit, cette année, par
une
absorption pure et simple de ces crédits au sein d'un ensemble si vaste
qu'il en devient même malaisé de les y identifier
.
En effet, alors que les crédits consacrés par l'Etat à La
Poste et aux télécommunications faisaient encore l'objet l'an
dernier d'un agrégat budgétaire au sein des crédits du
secrétariat d'Etat à l'Industrie, tel n'est même plus le
cas cette année : ils ont été
" rangés ", en vertu d'une logique qu'on peine à
discerner, au sein du
nouvel agrégat fourre-tout " Actions sur
l'environnement des entreprises et modernisation des PMI " du budget du
grand Bercy
!
Quand on sait que cet agrégat -par nature thématique !-
rassemble des dotations aussi diverses que les crédits aux écoles
des mines, le soutien de l'Etat à la normalisation et à la
métrologie, le développement de la productique, la
prévention des risques industriels, la dotation à l'Agence pour
la création d'entreprise ou l'aide à l'acquisition de
véhicules électriques, on mesure mieux l'incongruité d'une
telle nomenclature !
Un esprit malveillant pourrait même y voir une volonté
humoristique, les crédits du secteur postal étant rangés
dans l'agrégat de la " modernisation ", alors que les grands
choix politiques pour l'avenir du secteur postal tardent à
intervenir !
Même si la volonté politique compte plus -qui pourrait le
nier ?- que la présentation budgétaire, on peut se demander
jusqu'à quel point la deuxième n'est pas le simple reflet de la
première. A ce titre, l'évolution budgétaire actuelle est
assez inquiétante :
ne témoigne-t-elle pas du peu
d'importance que le Gouvernement attache à un secteur essentiel en
termes de services publics, de création de richesses et de niveau
d'emploi
, qui aurait besoin, à l'heure de bouleversements rapides du
paysage européen et mondial -on pense notamment à La Poste- d'une
véritable détermination politique ?
2. L'ancien agrégat " Poste et Télécommunications " : des crédits figés dans leur structure, en légère augmentation
Même si le travail d'analyse de votre rapporteur pour avis n'est pas facilité par l'opacité qui accompagne inévitablement une telle globalisation du contenu des chapitres budgétaires, on peut estimer que la reconstitution de l'agrégat " Poste et Télécommunications " utilisé l'an dernier 1( * ) conduit à constater une évolution de 4,12 % des crédits, qui viendraient s'établir pour 2000 à 2,774 milliards de francs. Les crédits s'établissent comme suit :
CRÉDITS POSTE ET TÉLÉCOMMUNICATIONS POUR 2000 (EN DO + CP)
(en millions de francs)
Chapitre budgétaire |
Intitulé |
|
Montant |
37-06 |
Autorité de régulation des télécommunications (ART) |
Rémunérations
|
48,6
|
36-10
art. 71
|
Agence nationale des fréquences (ANF) |
Fonctionnement
|
171,0
|
36-10
art. 72 et
|
Groupe des écoles de télécommunications (GET) |
|
486,6 |
44-80 art. 60 |
Aide au transport postal de la presse |
|
1 900,0 |
41-10 art 40 |
Dotation aux organisations internationales |
|
52,9 |
41-10 art 10 |
Organismes P et T d'outre-mer |
|
5,4 |
44-80 art 40 |
Subvention aux associations d'utilisateurs |
|
0,3 |
|
TOTAL |
|
2 774,2 |
La ventilation des crédits fait apparaître, comme chaque année, la prédominance de l'aide au transport de la presse dans le total des crédits, comme le montre le graphique ci-après :
Les
subventions concernent les organisations internationales, les organismes de
postes et télécommunications d'outre-mer et l'AFUTT,
l'Association française des utilisateurs des
télécommunications.
Les crédits de
l'Autorité de régulation des
télécommunications
(ART), autorité administrative
indépendante chargée de la régulation du secteur,
augmentent de 1,8 % au total
, pour permettre notamment la
création de deux emplois budgétaires nouveaux qui s'ajouteraient
aux 142 actuels. Rappelons que les emplois de l'Autorité se
répartissent de la façon suivante : outre les cinq membres
du collège, l'ART dispose d'une quinzaine d'administrateurs des PTT,
d'un administrateur civil, d'une soixantaine d'attachés et
secrétaires et de contractuels (environ 40 personnes).
L'Agence nationale des fréquences
(ANF), établissement
public chargé de la gestion du spectre de fréquences
radioélectriques, voit ses crédits
augmenter substantiellement
(+13,43 %)
compte-tenu d'une part de l'évolution des salaires
de ses personnels et d'autre part de la reprise par l'ANF de l'activité
de réglementation radio-maritime, anciennement exercée par
FranceTélécom, qui suscite la création de 41 emplois.
Les crédits d'équipement (57 millions de francs) permettront
quant à eux, comme en 1999, de poursuivre les opérations de
contrôle et réaménagement du spectre de fréquences
radio-électriques.
Le groupement des écoles de télécommunications
bénéficie quant à lui d'une
augmentation de
7,62 %
de ses crédits, qui est liée au transfert de
26 emplois en provenance du Centre national d'études en
télécommunications (CNET) de France Télécom.
La dotation de l'Etat pour couvrir les frais du
transport postal de la
presse
remonte à 1,9 milliards de francs.
Votre commission
pour avis avait dénoncé la baisse -unilatéralement
décidée par l'Etat dans l'attente de la conclusion du contrat de
plan avec l'opérateur public- de ce poste budgétaire ces deux
dernières années. Elle prend acte de son rétablissement au
niveau prévalant avant 1998.
Cette somme, bien qu'importante, ne couvre en réalité pas la
totalité des frais supportés par l'opérateur public au
titre du transport de la presse, comme l'illustre le tableau suivant :
RÉPARTITION DU COÛT DU TRANSPORT POSTAL DE LA PRESSE
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997* |
1998* |
1999* |
Coût global |
6 735 |
6 686 |
7 067 |
7 350 |
7 387 |
7 424 |
7 461 |
Recettes |
1 748 |
1 765 |
1 875 |
1 952 |
2 137 |
2 322 |
2 507 |
Contribution de l'Etat |
1 700 |
1 900 |
1 900 |
1 900 |
1 900 |
1 850 |
1 850 |
Part restante à la charge de La Poste |
3 287 |
3 021 |
3 292 |
3 498 |
3 350 |
3 252 |
3 104 |
En % du total |
49 % |
45 % |
47 % |
48 % |
45 % |
44 % |
42 % |
*
chiffres provisoires
Source : La Poste
Cette situation est-elle compatible avec l'irruption de la concurrence dans
le secteur postal ?
Votre commission pour avis a déjà maintes fois répondu
négativement à cette question.
A ces crédits de l'agrégat budgétaire " Poste et
Télécommunications ", il faut ajouter ceux dévolus
à la recherche en télécommunications, ainsi que les
crédits consacrés aux développements des technologies de
l'information.
3. La recherche en télécommunications
Depuis
1998, le Gouvernement a mis en place le réseau national de recherche en
télécommunications (RNRT), réseau doté notamment de
crédits de recherche interministériels, qui s'intéresse
à la recherche amont en matière de
télécommunications.
Ce réseau vise à inciter les laboratoires publics, les grands
groupes (industriels et opérateurs) et les PME à coopérer
autour de priorités communes pour conduire des projets de recherche,
avec le soutien des pouvoirs publics.
Parmi les thèmes traités, le RNRT s'intéresse au futur
d'Internet (haut débit, qualité garantie, accès à
tous les citoyens), aux prochaines générations de
téléphones mobiles multimédia, aux constellations de
satellites et à la convergence de l'audiovisuel, des
télécommunications et de l'informatique.
Le RNRT entreprend trois sortes d'actions :
-
des appels à projets
, lancés chaque année,
pour susciter de nouvelles actions de recherche coopératives, qui
pourront recevoir un soutien financier des pouvoirs publics, après
labellisation par le comité d'orientation.
Depuis sa création, deux appels à projets ont été
lancés, ainsi qu'un appel commun au RNRT et à l'ANVAR,
spécifiquement destiné aux projets d'innovation portés par
une PME.
97 projets ont ainsi été " labellisés "
depuis la création du RNRT, 57 en 1998 et 40 en 1999.
L'appel à projet RNRT-ANVAR a également rencontré un vif
succès : 119 projets portés par une PME ont
été présentés, et 50 ont été retenus
par le comité de présélection. Leur instruction est en
cours.
-
des journées d'information et des colloques
sont
organisés afin de préparer les thèmes prioritaires, de
présenter l'avancement des projets en cours et d'ouvrir le dialogue au
sein de la communauté de recherche en technologies de
l'information ;
- l'animation du réseau de recherche
est une des missions du
RNRT.
Les crédits budgétaires affectés au soutien de projets de
recherche en télécommunications labellisés par le
Réseau national de recherche en télécommunications
proviennent de plusieurs ministères. Ils sont les suivants :
- en 1998 : 200 millions de francs ont été
engagés pour soutenir les projets labellisés, dont
150 millions de francs par le Secrétariat d'Etat à
l'Industrie et 50 millions de francs par le ministère chargé
de la recherche ;
- en 1999 : 270 millions de francs sont prévus pour
soutenir la seconde série de projets labellisés dont
150 millions pour le Secrétariat d'Etat à l'industrie et
120 millions de francs pour le ministère chargé de la
recherche ;
- en 2000 : l'effort devrait être poursuivi, le
Secrétariat d'Etat à l'Industrie soutenant les projets sur la
base des labels délivrés en 1999 et 2000.
4. Les crédits des technologies de l'information
Même si ces crédits ne relèvent pas non
plus, au
sens strict, de feu l'agrégat " Poste et
Télécommunications ", votre rapporteur pour avis souhaite
toutefois mentionner pour mémoire, compte tenu de leur importance
stratégique, l'existence de crédits budgétaires de l'Etat
consacrés au développement des technologies de l'information.
Ces crédits sont malheureusement difficilement identifiables, car ils
relèvent de chapitres budgétaires de différents
ministères, au sein desquels ils ne sont d'ailleurs pas toujours
individualisés.
Le chapitre budgétaire 66-01, article 80, " Recherche
industrielle et innovation " du ministère de l'économie, des
finances et de l'industrie est notamment concerné, de même que le
chapitre 66-01, article 10 " Actions en faveur de l'innovation -
ANVAR ".
Votre rapporteur pour avis ne manquera pas d'interroger le Gouvernement pour
avoir des données chiffrées plus précises sur cet
aspect.
Parmi les actions financées, on peut citer :
- un appel à projet pour l'utilisation collective d'Internet par
les PME ;
- le programme de recherche " Société de
l'Information " ;
- le soutien à l'initiative Eurêka (programme ITEA) ;
- les crédits liés au développement du nouveau
réseau RENATER 2.
Rappelons que le fonds pour la recherche technologique notamment, finance
prioritairement les initiatives du secteur des nouvelles technologies.
En réponse aux questions des parlementaires, M. Christian Pierret a
indiqué qu'
1,5 milliard de francs
étaient, au total,
mobilisés par le budget de l'Etat pour soutenir les projets relatifs aux
technologies de l'information : le ministre a précisé que,
outre les financements en provenance du RNRT, le guichet
" société de l'information " était doté
de 300 millions de francs, le projet PRIAMM de 115 millions de
francs, et le chapitre budgétaire 66-01 de 1,8 milliard de francs,
dont une large partie est dédiée à la
société à la société de l'information.