DEUXIÈME PARTIE :
LE THÉÂTRE
DRAMATIQUE
L'intervention de l'Etat dans le domaine de l'art dramatique
poursuit plusieurs objectifs complémentaires : promouvoir la diffusion
du spectacle vivant et élargir les publics du théâtre ;
encourager la création dramatique et favoriser l'émergence de
nouveaux talents.
Pour assurer ces missions, la direction de la musique, de la danse, du
théâtre et des spectacles née en 1998 de la fusion de la
direction du théâtre et des spectacles et de la direction de la
musique et de la danse, s'appuie en particulier sur
le réseau des
scènes publiques
.
Des subventions sont directement accordées, d'une part, aux six grandes
institutions nationales que sont le conservatoire national d'art dramatique et
les cinq théâtres nationaux (Comédie Française,
théâtre de l'Odéon, théâtre national de
Chaillot, théâtre national de la Colline et théâtre
national de Strasbourg) et, d'autre part, au réseau de la
décentralisation dramatique qui se compose des centres dramatiques
nationaux et régionaux ainsi que des scènes nationales.
Le soutien à la diffusion et à la création
passe en
second lieu par l'aide accordée à plus de 600 compagnies
dramatiques indépendantes ainsi qu'au fonds de soutien au
théâtre privé.
Plusieurs dispositifs relatifs à l'écriture et aux auteurs
dramatiques ainsi qu'à l'enseignement de l'art dramatique viennent
compléter les moyens de la politique du théâtre.
I. UNE INTERVENTION AUX LIMITES BUDGÉTAIRES MAL DÉFINIES
A. UNE PROGRESSION BUDGÉTAIRE DIFFICILE À ÉTABLIR
1. Des crédits insaisissables
Comme
votre rapporteur l'avait souligné l'an dernier pour le regretter,
l'opacité de la présentation budgétaire des crédits
du ministère de la culture conjuguée à la création
d'une direction unique de la musique, de la danse, du théâtre et
des spectacles ne permet guère l'identification des crédits
consacrés au théâtre et rend délicate toute
tentative de mise en perspective d'une année sur l'autre.
Sans revenir sur les modifications apportées dans le passé
à la nomenclature budgétaire, on se contentera de rappeler que
les crédits d'intervention inscrits au titre IV, qui constituent
l'essentiel de la politique du théâtre (aides aux compagnies,
soutien au réseau de la décentralisation dramatique, aides
à l'écriture), sont désormais noyés au sein du
chapitre intitulé 43-20 article 20 pour les interventions
d'intérêt national et du chapitre 43-30 article 20 pour les
interventions déconcentrées, articles dont les crédits
s'élèvent respectivement à 680 millions de francs et
à 1 567 millions de francs.
Les procédures de déconcentration ont encore compliqué
l'exercice imposé à votre rapporteur dans la mesure où, en
pratique, la répartition des crédits d'intervention mais aussi
d'investissement n'est véritablement arrêtée qu'en
début d'exercice budgétaire.
Seuls demeurent donc parfaitement identifiables les crédits
4(
*
)
de fonctionnement consacrés aux
théâtres nationaux, établissements publics dont les
subventions de fonctionnement sont mentionnées dans le
" bleu ".
2. Les données disponibles
Compte
tenu de ces difficultés auxquelles ne remédient qu'imparfaitement
les réponses aux questionnaires budgétaires, il a
été à nouveau cette année très difficile
à votre rapporteur de prendre la mesure exacte de la progression des
crédits consacrés à la politique du théâtre,
progression qui s'inscrit dans la poursuite de l'effort engagé en faveur
du spectacle vivant.
D'après les informations communiquées par le ministère,
les crédits consacrés au spectacle vivant
s'élèveraient pour 2000 à 4 069,58 millions de
francs, en dépenses ordinaires et en autorisations de programme, soit
une progression de 4,33 % à structure constante.
Le tableau ci-après indique la répartition par chapitre des
crédits de la direction de la musique, de la danse, du
théâtre et des spectacles :
CRÉDITS DE LA DIRECTION DE LA MUSIQUE, DE LA DANSE, DU THÉÂTRE ET DES SPECTACLES
|
LFI
1998
|
LF 1999 |
PLF 2000 |
|||
TITRE III - CHAPITRE 36-60 |
|
|
|
|||
THÉÂTRES
|
|
|
82,578 |
|||
COMÉDIE FRANÇAISE |
140,216 |
142,554 |
136,610 |
|||
THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT |
61,166 |
63,150 |
66,151 |
|||
THÉÂTRE NATIONAL DE L'ODÉON |
54,285 |
54,632 |
57,193 |
|||
THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE |
39,699 |
41,970 |
45,370 |
|||
THÉÂTRE NATIONAL DE STRASBOURG |
50,254 |
50,590 |
51,589 |
|||
CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR D'ART DRAMATIQUE |
5,413 |
6,180 |
13,962 |
|||
SOUS-TOTAL THÉÂTRE |
351,033 |
359,076 |
453,453 |
|||
SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT ATTRIBUÉES À DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS DU SECTEUR DE LA MUSIQUE ET DE LA DANSE 6( * ) |
1 050,896 |
1 084,922 |
1 058,871 |
|||
TOTAL TITRE III |
1 401,934 |
1 444,04 |
1 512,329 |
|||
TITRE IV |
|
|
|
|||
CRÉDITS CENTRAUX
|
815,535
|
649,759
|
485,396
|
|||
TOTAL TITRE IV |
2 000,668 |
2 092,776 |
2 184,064 |
|||
TITRE V |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
1. MUSIQUE ET DANSE |
3 |
- |
21 |
- |
34,5 |
- |
2.
THÉÂTRE ET SPECTACLES
|
8,00
|
|
8,37
|
|
|
|
SOUS-TOTAL THÉÂTRE |
27,3 |
- |
44,76 |
- |
21,5 |
- |
TOTAL TITRE V |
30,30 |
|
65,76 |
|
56 |
|
TITRE
VI
|
116 |
67 |
|
74 |
145,4 |
82 |
2.
THÉÂTRE ET SPECTACLES
|
|
|
|
|
|
|
SOUS-TOTAL THÉÂTRE |
54,4 |
5 |
109,1 |
30 |
171,8 |
26 |
TOTAL TITRE VI |
173,10 |
72,00 |
235,30 |
104,00 |
317,20 |
|
•
Les crédits inscrits en
titre III
(moyens des services) de la
direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles
consacrés au théâtre incluent les
subventions de
fonctionnement versées aux cinq théâtres nationaux et au
conservatoire national supérieur d'art dramatique
. Ces
crédits s'élèveront en 2000 à
382,309 millions
de francs,
soit une
augmentation
à structure
constante
7(
*
)
de
6,4 %
par rapport à 1999. Cette augmentation permet notamment
de compenser la perte de recettes résultant de l'instauration d'un tarif
unique à 50 francs le jeudi, qui a été estimée
à 7 millions de francs.
• En ce qui concerne les dépenses du
titre IV
(interventions publiques) en progression de 4,3 % en 2000, la
présentation du " bleu budgétaire " comme celle des
réponses du ministère de la culture au questionnaire de votre
rapporteur ne permettent pas avec certitude d'établir la part des
crédits affectés à la politique du théâtre.
Sur les 80 millions de mesures nouvelles qui
bénéficieront au spectacle vivant, près de
33 millions de francs devraient être consacrés à la
politique du théâtre
. Néanmoins, l'affectation de ces
mesures nouvelles en titre IV entre les différentes actions n'est pas
encore définitivement arrêtée et n'a été
communiquée à votre rapporteur qu'à titre indicatif.
Les mesures nouvelles dégagées en 2000 devraient permettre :
- de renforcer le soutien aux compagnies conventionnées
(+ 12 millions de francs) ;
- de remettre à niveau la contribution de l'Etat aux scènes
nationales les moins dotées (+ 13,6 millions de francs) ;
- d'accompagner, pour les centres dramatiques nationaux, la réforme du
contrat de décentralisation (+ 5,9 millions de francs) ;
- et d'accroître l'aide aux auteurs ( 1 million de francs).
On relèvera par ailleurs que les arts de la rue et les arts du cirque
bénéficieront de mesures nouvelles qui s'élèvent
respectivement à 4 millions de francs et à 3 millions
de francs.
Les
dépenses d'investissement
consacrées au
théâtre telles qu'elles figurent dans le tableau ci-dessus
connaissent une
progression significative qui profite essentiellement aux
opérations d'aménagement et de rénovation des
théâtres ne relevant pas directement de la tutelle de l'Etat
.
Elles s'élèvent pour 2000 en autorisations de programme à
193,3 millions de francs, en progression de 25 % par rapport à
1998
.
La dotation inscrite au
titre V
(investissements exécutés
par l'Etat) s'élève à 21,5 millions de francs (soit
-51,2 %). La diminution des crédits s'explique essentiellement par
l'achèvement du centre de réserve de costumes de scène de
Moulins qui figurait parmi les grands projets en région. Les
crédits disponibles en 2000 sont destinés à poursuivre
d'une part les travaux d'aménagement et de restauration des
théâtres nationaux (12,8 millions de francs) et du
théâtre du Rond-Point (7 millions de francs) et, d'autre
part, les opérations de mise aux normes de sécurité des
locaux du conservatoire national d'art dramatique (1,7 million de francs).
Les crédits inscrits au
titre VI
(subventions d'investissement
accordées par l'Etat) s'élèvent pour 2000 à
171,8 millions de francs en autorisations de programme, soit
+ 57,4 %
par rapport à 1999. Cette progression
permettra de
conforter la politique d'équipement conduite en
partenariat avec les collectivités locales
. En effet, l'enveloppe
destinée à l'aménagement des salles municipales, des
scènes nationales, des centres dramatiques nationaux et
régionaux, des théâtres privés et des arts de la rue
et du cirque s'élève à 144,8 millions de francs en
autorisations de programme, soit une augmentation de 47,6 % par rapport
à 1999. Elle permettra non seulement la poursuite d'opérations
déjà engagées (restructuration du Cargo à Grenoble,
scène nationale de Nantes, centre dramatique régional de
Lorient...) mais aussi le lancement d'opérations nouvelles de
rénovation (théâtre de Morlaix, aménagement de
l'ilôt de la friche de la Belle de Mai de Marseille) ou
d'équipement (scène nationale de Bar-le-Duc).