Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'assemblée nationale, TOME II - Cinéma-théâtre dramatique
VIDAL (Marcel)
AVIS 90-TOME II (1999-2000) - commission des affaires culturelles
Tableau comparatif au format Acrobat ( 187 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
PREMIÈRE PARTIE :
LE CINÉMA- I. UN CONTEXTE FAVORABLE À L'INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE
-
II. LE BUDGET DU CINÉMA POUR 2000
- A. LES CRÉDITS INSCRITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES
- B. LES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX INDUSTRIES CINÉMATOGRAPHIQUES
- III. LES ENJEUX DE LA POLITIQUE DU CINÉMA
-
DEUXIÈME PARTIE :
LE THÉÂTRE DRAMATIQUE- I. UNE INTERVENTION AUX LIMITES BUDGÉTAIRES MAL DÉFINIES
- II. LES CRÉDITS CONSACRÉS AU THÉÂTRE PUBLIC
- III. LA POLITIQUE DE SOUTIEN À LA CRÉATION ET À LA DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX TALENTS
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 90
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME II
CINÉMA - THÉÂTRE DRAMATIQUE
Par M. Marcel VIDAL,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar, vice-présidents ; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel Charzat, Gérard Collomb, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Jacques Donnay, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar, Jean-François Picheral, Guy Poirieux, Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
8
)
(1999-2000).
Lois de finances
.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le cinéma et le théâtre ont en commun de
bénéficier de dispositifs publics de soutien très
différents dans leur économie mais comparables dans leur
finalité qui est de garantir le pluralisme de la création et
l'élargissement de leurs publics.
Ces exigences constituent le fondement de l'intervention de l'Etat dans des
domaines où le libre jeu des règles du marché ne suffit
pas à lui seul à les satisfaire.
Cette conception du rôle de l'Etat en matière culturelle trouve
aujourd'hui un écho singulier dans les débats suscités par
les prochaines négociations commerciales internationales qui s'ouvriront
lors de la conférence de Seattle et dans la détermination du
gouvernement à faire prévaloir le principe de la diversité
culturelle.
Votre rapporteur ne pourra que se féliciter de la fermeté avec
laquelle le gouvernement a défendu auprès de ses partenaires
européens le droit pour les Etats de définir et de mettre en
oeuvre une politique culturelle et audiovisuelle. Cette position qui repose sur
la préservation de l'exception culturelle acquise lors du cycle de
l'Uruguay répond à une nécessité politique mais
également économique.
Les termes du mandat donné par les Etats membres à la commission
européenne le 26 octobre dernier comporte d'incontestables garanties.
Cependant, ce combat n'aura un sens que si les mécanismes de soutien au
théâtre, et plus particulièrement au cinéma, font
preuve de leur efficacité au regard des objectifs sur lesquels reposent
leur légitimité. A cet égard, le recul des parts de
marché du cinéma français comme les difficultés
auxquelles se heurtent les actions de démocratisation
théâtrale constituent autant de défis qui devront
être relevés. Cet effort d'adaptation des dispositifs d'aide exige
un travail d'évaluation auquel votre rapporteur espère pouvoir
contribuer.
PREMIÈRE PARTIE :
LE CINÉMA
I. UN CONTEXTE FAVORABLE À L'INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE
Après une période de baisse importante et
continue de
la fréquentation comme de la production, le secteur
cinématographique français connaît depuis plusieurs
années une nouvelle phase de croissance.
Cette tendance confirmée en 1998 se traduit notamment par une
vitalité de la production et une augmentation de la fréquentation.
Cependant, en dépit de ce bilan encourageant, la situation de
l'industrie française du cinéma demeure fragile. La part de
marché des films français sur le territoire national
connaît un fléchissement et les résultats à
l'exportation demeurent médiocres.
Par ailleurs, cette croissance de l'industrie cinématographique
française s'accompagne d'une transformation de l'économie de ce
secteur, notamment d'une tendance à la concentration et d'une
évolution de ses modalités de financement, deux évolutions
qu'il convient de surveiller au regard de l'exigence de pluralisme. Ce contexte
économique auquel viennent s'ajouter les effets de mutations
technologiques considérables implique donc une adaptation des
mécanismes de soutien à l'industrie cinématographique qui
constituent une des spécificités de la politique culturelle
française.
A. L'EXPLOITATION EN SALLES : UN NOUVEL ÉLARGISSEMENT DU PUBLIC DU CINÉMA
1. La croissance de la fréquentation est confirmée
a) Les chiffres de la fréquentation
Avec
170,1 millions d'entrées
et une recette globale de
près de 6 milliards de francs, la fréquentation
connaît en 1998 une
augmentation de plus de 14 %
par rapport
à 1997. Il s'agit là des meilleurs résultats atteints
depuis treize ans.
On rappellera qu'en 1997, la progression était déjà de
8 % par rapport à l'année précédente.
Les Français continuent à fréquenter les salles de
cinéma davantage que leurs voisins européens. En 1998, l'indice
de fréquentation, rapport entre le nombre d'entrées et la
population, s'élève en France à 3 contre 2,8 en Espagne,
2,3 au Royaume-Uni et moins de 2 dans les autres principaux pays voisins.
En 1998, pour la deuxième année consécutive,
l'accroissement de la fréquentation s'accompagne d'un
élargissement des publics du cinéma
. En effet, la
proportion de la population française qui est allée au moins une
fois au cinéma augmente significativement ; de 55,3 % en 1996
et de 57,1 % en 1997, elle s'établit désormais à
62,2 %. On relèvera, pour s'en féliciter, que l'ensemble des
catégories du public est concerné par cette évolution.
b) Un recul des films français
La
progression de la fréquentation s'effectue néanmoins au
détriment des films français
. L'évolution
constatée cette année est en effet pour une large part imputable
au succès rencontré par le film " Titanic " de James
Cameron qui a totalisé plus de 20 millions d'entrées.
La part de marché des films français
s'établit en
1998 à
24,7 %
, ce qui représente un recul de
28 % par rapport aux chiffres de 1997 (soit 34,5 % des entrées) et
apparaît comme le niveau le plus bas jamais atteint.
Jusqu'ici plus élevé que chez nos principaux voisins, le taux de
fréquentation des films nationaux tend donc désormais à
rejoindre la moyenne européenne, soit 22 % en 1997, en augmentation
au cours des dernières années en raison du succès
rencontré auprès du public par les oeuvres nationales.
2. La poursuite du développement des multiplexes
a) Les multiplexes sont à l'origine du dynamisme du secteur de l'exploitation
La
croissance du secteur de l'exploitation constatée en 1998 est pour une
large part imputable à l'expansion des multiplexes, consacrant ainsi une
évolution qui semble désormais irréversible.
En 1998, le rythme d'ouverture des nouvelles salles s'est maintenu à un
niveau élevé. Cette croissance résulte essentiellement du
développement des multiplexes. En effet, sur les 206 nouvelles salles
ouvertes en 1998, 124, soit 60 %, appartiennent à des multiplexes.
Par ailleurs, le phénomène apparaît avec plus
d'évidence encore lorsque l'on considère non pas le nombre
d'écrans mais le nombre d'établissements. En effet, alors que le
rythme de création de nouveaux écrans s'accélère,
le nombre d'établissements diminue. On recensait
2 150 établissements en activité
1(
*
)
en 1998, contre 2 159 en 1997. Ces deux
phénomènes ne sont contradictoires qu'en apparence : les
fermetures de salles concernent en général des petits
établissements et les ouvertures sont de plus en plus le fait des
multiplexes.
On a assisté au cours des derniers mois à une intensification du
développement de ce nouveau type de salles.
Depuis la mise en oeuvre de la loi du 5 juillet 1996 soumettant à
autorisation la création d'ensembles de salles de cinéma comptant
1 500 places ou plus et l'extension à 2 000 places
d'établissements existant depuis plus de 5 ans, les commissions
départementales d'équipement cinématographique (CDEC) ont
examiné 84 demandes d'autorisations. Le rythme de ces commissions s'est
accéléré depuis le second semestre de l'année 1998
et s'est considérablement renforcé au premier semestre 1999,
puisqu'on a recensé au cours de cette dernière période
sensiblement autant de demandes que sur les deux premières
années. Selon les premières estimations, le rythme
d'enregistrement des dossiers, au second semestre 1999, devrait se poursuivre
à un niveau équivalent (soit une quarantaine de demandes). Au
total, à la fin de l'année 1999, il est probable que près
de 120 dossiers auront été examinés en CDEC. Signalons que
cette augmentation importante des demandes d'autorisation n'est pas
liée, du moins pour le moment, à l'abaissement en juillet 1998 du
seuil à partir duquel une autorisation est nécessaire : 5
dossiers seulement sur les 59 examinés depuis la modification du seuil
présentent des capacités inférieures à 1 500
fauteuils.
Années |
1 er semestre |
2 e semestre |
1997 |
8 |
7 |
1998 |
10 |
19 |
1999 |
40 |
Estimation : 40 |
Au 30
juin 1999, sur les 84 demandes présentées, les commissions
départementales ont délivré 61 autorisations et rendu 23
avis défavorables. Après recours, le nombre des autorisations
s'élève à 50 et à 40, si l'on tient compte des
seules créations d'établissements nouveaux.
Compte tenu des risques de fléchissement de la fréquentation en
1999, le maintien d'un rythme aussi soutenu de créations de nouveaux
multiplexes ne peut qu'engendrer des craintes pour l'avenir du secteur de
l'exploitation, en particulier pour les petites et moyennes salles qui seraient
sans doute les premières victimes des effets d'un sur-équipement.
En tout état de cause, votre rapporteur souhaite rappeler que la
transposition de la logique de l'urbanisme commercial au secteur de
l'exploitation constitue une solution encore peu adaptée compte tenu de
la spécificité des équipements cinématographiques.
Dans le souci de promouvoir un développement plus cohérent des
multiplexes, une circulaire adressée aux préfets par la ministre
de la culture a rappelé les critères présidant à
l'octroi des autorisations, à savoir les conséquences du projet
en terme de concurrence, de concentration et d'aménagement du
territoire, circulaire qui pour l'heure n'a pas encore profondément
infléchi la pratique. Par ailleurs, afin de tenir compte des
conséquences de l'essor de ce nouveau type de salles sur la
diversité de l'offre cinématographique, une modification du
décret n° 83-13 du 10 janvier 1983 relatif aux groupements et
ententes de programmation a permis d'étendre aux propriétaires de
salles placés en situation de position dominante susceptible de
perturber le libre jeu de la concurrence
2(
*
)
l'obligation de souscrire des engagements de programmation, obligation qui
s'imposait jusque-là aux seuls groupements et ententes de programmation.
Ces initiatives, aussi pertinentes soient-elles, ne permettront pas de corriger
significativement les effets de la transposition de la logique de l'urbanisme
commercial au secteur de l'exploitation cinématographique.
La prise en compte de la spécificité culturelle des
établissements cinématographiques nécessite à
l'évidence un aménagement des dispositions législatives en
vigueur. Afin d'évaluer les possibilités de réforme en ce
domaine, la ministre de la culture a confié à M. Francis Delon,
président de la commission de classification des oeuvres
cinématographiques, une mission d'expertise et d'analyse sur
l'implantation des multiplexes dont les conclusions devraient être
connues d'ici la fin de l'année.
b) Les effets de cette évolution sont atténués par un contexte favorable à l'exploitation
•
Force est de constater que
l'accroissement du nombre des multiplexes
contribue de manière déterminante au dynamisme de l'exploitation.
Au 31 décembre 1998, les multiplexes représentent seulement
12 % de l'offre
cinématographique
mesurée en
termes d'écrans et de fauteuils mais totalisent
22 % de la
fréquentation globale
, contre respectivement 9,6 % et
17,3 % en 1997.
Si comme lors des précédentes années, l'incidence des
multiplexes sur la fréquentation demeure considérable, elle ne
constitue pas le seul facteur de la croissance significative constatée
en 1998.
En effet, on enregistre en 1998 une augmentation de 15 % du nombre
d'entrées annuel moyen par établissement, contre 8,5 % en
1997. Si l'on exclut les multiplexes, on constate une
augmentation
,
certes plus modeste, mais néanmoins
satisfaisante de la
fréquentation des cinémas " classiques
", soit
+7,7 % en 1998 contre +1,15 % en 1997. Cette évolution
s'explique pour une large part par les conditions d'exploitation du film
" Titanic " qui ont également bénéficié
à la petite et moyenne distribution.
• S'agissant de la
programmation des salles,
le mouvement de
concentration, s'il n'est pas enrayé, est atténué en 1998
grâce à l'extension du parc de multiplexes.
L'ouverture de nouveaux lieux de projection susceptibles d'attirer une
clientèle nombreuse demeure un enjeu prioritaire pour les groupements
nationaux de programmation. Ces derniers programment désormais 22,1 %
des salles existantes, contre 20,6 % en 1996 et 21,9 % en 1997. Une telle
évolution ne peut à terme qu'avoir des effets sur la
diversité de la diffusion cinématographique, effets qui sont
d'ores et déjà sensibles dans un contexte de croissance de la
fréquentation.
Toutefois, on relèvera que la part des recettes des grands groupes
nationaux est en légère diminution par rapport aux deux
années antérieures, soit 45,2 % en 1998 contre 46,6 % en 1997. En
effet, l'élargissement du marché consécutif aux
implantations relevant de nouveaux opérateurs a sensiblement
modifié à la baisse le taux de concentration observé
jusqu'ici.
Les autorisations accordés par les CDEC en 1999 vont probablement
renforcer ce phénomène. En effet, sur les 40 autorisations
accordées, 24 opérateurs sont recensés, ce qui
apparaît comme une diversification importante des demandeurs.
• Le développement des multiplexes n'a pas pour l'heure
modifié la
répartition de l'équipement
cinématographique sur le territoire.
En dépit de la création massive de multiplexes dans les zones
urbaines les plus peuplées déjà bien
équipées en salles de cinéma, cette répartition,
hors zones rurales, demeure assez harmonieuse. Ainsi, si le nombre de salles
est naturellement plus élevé dans les départements
très urbanisés, le nombre de fauteuils pour 100 habitants est
à peu près équivalent quelque soit la taille des
unités urbaines.
A la différence de la situation d'autres pays européens, les
salles ne sont pas absentes des petites agglomérations et des communes
rurales. A cet égard deux évolutions encourageantes peuvent
être soulignées. On assiste désormais à l'apparition
d'une nouvelle génération de multiplexes de dimensions plus
modestes, qui se développent dans des agglomérations de
près de 50 000 habitants. Par ailleurs, la création de
nouvelles salles dans les unités urbaines, petites et moyennes, se
poursuit, notamment grâce aux actions incitatives de l'Etat. En 1998, le
CNC a accordé des aides à la création de salles à
38 projets (soit 101 écrans), dont 23 sont situés dans des
communes de moins de 30 000 habitants, ce qui représente une
nette augmentation par rapport à 1997.
Par delà cet équilibre géographique global qui demeure
pour l'heure préservé, on peut s'interroger sur les effets du
développement des multiplexes sur la répartition des salles au
sein des agglomérations. A cet égard, les études du CNC
soulignent que les effets sur la concurrence sont très variables selon
le lieu d'implantation des multiplexes et la politique menée par les
salles situées à proximité.
Il a été observé que les multiplexes des centre-villes
provoquent en moyenne un transfert plus important que ceux installés
dans la périphérie des grandes villes.
De même, on constate que les salles concurrentes résistent
d'autant mieux qu'elles ont procédé à une
rénovation de leur équipement. Par ailleurs, les salles pourvues
d'une identité forte, à l'image de celles qui se consacrent aux
films d'art et d'essai, et mènent une politique d'animation dynamique
conservent une clientèle importante, et parfois même en
augmentation lorsqu'elles ont été modernisées.
B. LE DYNAMISME DE LA PRODUCTION NATIONALE
1. Des résultats encourageants pour le cinéma français
Parallèlement à l'augmentation de la
fréquentation, la production cinématographique connaît un
essor significatif.
En 1998,
183 films ont reçu l'agrément d'investissement
délivré par le CNC,
contre 163 films en 1997. De tels
chiffres n'avaient pas été atteints depuis 1980, année au
cours de laquelle 189 films avaient été agréés.
Cette progression résulte essentiellement du dynamisme des films
français (+20 %) alors que les coproductions à
majorité française connaissent un essor plus modéré
(+18 %) et que les coproductions à majorité
étrangère enregistrent un léger recul (- 3 %).
Cette vitalité de la production s'est traduite par une augmentation de
7 % du montant des capitaux investis dans les films agréés,
soit 4,9 milliards de francs contre 4,6 milliards de francs en 1997.
En dépit de cet accroissement sensible des investissements, l'inflation
des coûts de production constatée au cours des années
précédentes ne s'est pas poursuivie en 1998. Le coût moyen
des films a diminué en 1998 de 9,5 %, s'établissant à
28,6 millions de francs. En effet, l'essor de la production résulte
pour une large part de l'augmentation du nombre des longs métrages
produits avec des budgets moyens (soit entre 15 et 25 millions de francs).
Il faut également relever
l'important renouvellement de la
création nationale.
Le nombre de premiers films atteint en 1998 un niveau inégalé au
cours des deux dernières décennies
: 39,2 % des
films français. Par ailleurs, une augmentation soutenue du nombre de
seconds films semble indiquer également que le cinéma offre
aujourd'hui aux jeunes talents des opportunités sensiblement meilleures
que dans le passé. Cette évolution imputable pour une part aux
mécanismes de soutien public résulte aussi d'une diversification
des sources de financement des jeunes cinéastes, et notamment d'un
engagement plus large des chaînes de télévision : en
1998, Canal Plus a préacheté 44 premiers longs
métrages contre 40 en 1997 et les chaînes hertziennes sont
intervenues en faveur de 26 premiers films contre 22 en 1997. Par ailleurs,
TPS, nouvel acteur dans le financement du cinéma, a
préacheté quatre premiers longs métrages en 1998.
2. La stabilité des sources de financement de la production cinématographique
Les
principales évolutions qui ont marqué la structure du financement
des oeuvres cinématographiques au cours de la décennie se sont
poursuivies en 1998.
•
L'affirmation du rôle prépondérant des
chaînes de télévision dans le financement de la production
cinématographique
Au cours des dernières années, la part des chaînes de
télévision dans le financement du cinéma a fortement cru,
passant de 19 % en 1989 à 38,5 % en 1999, les conduisant ainsi
à se substituer aux producteurs et aux distributeurs. Cette
évolution apparaît encouragée pour l'heure par le
développement de nouvelles chaînes de télévision.
En 1998, la participation des chaînes de télévision a
continué à progresser ; elle s'élève à
38,5 %, contre 35,9 % en 1997. Cette évolution résulte d'une
croissance significative des investissements des chaînes en clair (+
20 %) et d'une progression plus modérée de ceux consentis
par Canal Plus (+ 8,6 %).
• La légère augmentation de
l'apport des producteurs
français
constatée en 1997 n'est pas
confirmée
en 1998. Renouant avec la tendance enregistrée depuis dix ans, leur part
recule à nouveau, s'élevant à
27,4 % en
1998
contre 39,7 % en 1987.
• Bien qu'elle demeure très inférieure à celle
qu'ils apportaient jusqu'au début des années 80,
la part des
distributeurs connaît une forte progression
, passant de 3,5 % en
1997 à 6,8 % en 1998. La reprise de la fréquentation, qui
incite les distributeurs à participer plus largement à la
production des oeuvres qu'ils diffusent, explique cette augmentation des
à-valoir qui ne concerne cependant, dans les faits, que quelques
long-métrages à gros budgets.
•
Les autres sources de financement du cinéma restent
proportionnellement stables
comme l'indique le tableau
ci-après :
STRUCTURE DE FINANCEMENT DES FILMS D'INITIATIVE
FRANÇAISE
(1988-1998)
(en pourcentage)
|
Apports des producteurs français |
SOFICA |
Soutien automatique |
Soutien sélectif |
Chaînes de télévision |
Cession droits vidéo |
A-valoir des distribu-teurs français |
Apports étrangers |
|
|
|
|
|
|
Copro-ductions |
Pré-achats |
|
|
|
1988 |
39,7 |
8,9 |
7,6 |
4,1 |
4,7 |
14,5 |
0,7 |
5,6 |
14,2 |
1989 |
36,2 |
7,5 |
9,5 |
4,7 |
3,6 |
14,2 |
1,8 |
1,9 |
20,6 |
1990 |
42,0 |
6,7 |
7,6 |
5,4 |
3,9 |
15,9 |
0,4 |
2,8 |
15,3 |
1991 |
33,0 |
5,9 |
7,6 |
4,7 |
4,6 |
18,9 |
0,7 |
4,4 |
20,2 |
1992 |
36,2 |
6,1 |
5,8 |
4,6 |
5,4 |
24,7 |
0,3 |
5,4 |
11,5 |
1993 |
33,1 |
5,2 |
7,7 |
5,5 |
5,6 |
25,2 |
0,3 |
5,1 |
12,3 |
1994 |
29,0 |
5,3 |
7,5 |
6,7 |
6,5 |
27,4 |
0,3 |
5,0 |
12,3 |
1995 |
26,6 |
5,6 |
8,7 |
5,7 |
6,8 |
30,1 |
0,2 |
4 |
12,3 |
1996 |
24,2 |
4,8 |
8,3 |
4,9 |
10,3 |
31,7 |
0,1 |
5,5 |
10,2 |
1997 |
33,0 |
4,5 |
7,7 |
5,2 |
7,2 |
28,7 |
0,4 |
3,5 |
9,8 |
1998 |
27,4 |
4,3 |
7,8 |
4,4 |
7 |
31,5 |
0,5 |
6,8 |
10,3 |
II. LE BUDGET DU CINÉMA POUR 2000
A. LES CRÉDITS INSCRITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES
Le
budget du cinéma pour 2000 s'élève à
1 686,2
millions de francs, en progression de 2,7 %
par rapport aux
crédits inscrits dans la loi de finances initiale pour 1999.
Sur ce budget, 1 399,1 millions de francs sont issus des recettes de la section
" cinéma " du compte d'affectation spéciale du
Trésor n° 902-10 destiné au soutien financier de
l'industrie cinématographique et de l'industrie des programmes
audiovisuels et 287,1 millions de francs correspondent aux dotations
budgétaires du ministère de la culture destinées au
financement des missions d'animation culturelle et de conservation et de
diffusion patrimoniale.
L'augmentation modeste du budget global consacré au cinéma
résulte d'une évolution divergente de ces deux composantes, comme
l'illustre le tableau suivant :
Crédits
|
1999 |
2000 |
2000/1999
|
Section cinéma au compte de soutien |
1 343,8 |
1 399,1 |
+ 4,1 |
Dotation du ministère de la culture affectée au cinéma (1) |
297,4 |
287,1 |
- 3,4 |
Budget du cinéma |
1 640,94 |
1 686,2 |
+ 2,7 |
(1)
en dépenses ordinaires et crédits de paiement
Compte tenu de l'importance relative des deux sources de financement de la
politique du cinéma, la croissance très nette des recettes de la
section " cinéma " du compte de soutien (+4,1%) fait plus que
compenser la diminution de la dotation versée par le ministère de
la culture au CNC (- 3,4 %).
1. Les recettes de la section " cinéma " du compte de soutien de l'industrie cinématographique et audiovisuelle poursuivent leur progression grâce à un contexte économique favorable
Les
recettes de la section cinéma devraient s'établir à
1 399,1 millions de francs, en progression de 4,1 % par rapport
à 1998.
Cette progression recouvre une évolution contrastée du produit
attendu des divers prélèvements alimentant le compte de soutien.
L'augmentation significative des recettes provenant de la taxe sur le chiffre
d'affaires des chaînes de télévision et celle plus
modérée du produit de la taxe spéciale additionnelle sur
le prix des places de cinéma font plus que compenser le recul des
recettes issues de la taxe sur les vidéogrammes.
•
Les recettes de la section cinéma du compte de soutien
bénéficieront :
- d'une
majoration du produit de la taxe spéciale additionnelle (TSA)
perçue sur le prix des places de cinéma de 2,7 %
. Son
montant est évalué à 629 millions de francs en 2000,
contre 612 millions de francs en 1998. Le rendement de cette taxe qui
bénéficie entièrement à la section cinéma
continue de progresser grâce à la poursuite escomptée de
l'augmentation de la fréquentation.
- et d'une
progression sensible (+ 7,3 % ) des recettes des taxes
et prélèvements opérés sur le chiffre d'affaires
des sociétés de télévision
au titre de la
redevance, de la diffusion des messages publicitaires et des abonnements. Son
produit, évalué à 1 890 millions de francs pour 2000,
sera affecté selon la même clé de répartition qu'en
1999 pour 36 % à la section cinéma du compte de soutien
(soit 680,4 millions de francs). Les chaînes thématiques
auxquelles la taxe s'applique pour la totalité de leurs recettes
d'abonnement devraient en 2000 contribuer à cette recette pour un
montant d'environ 100 millions de francs.
•
En revanche, les prévisions d'encaissement de la
taxe
sur les encaissements réalisés sur la commercialisation des
vidéogrammes
sont ramenées à 90,5 millions de francs,
contre 100 millions de francs en 1999.
Cette taxe comme en 1999 bénéficie à concurrence de
85 % à la section cinéma et de 15 % à la section
" audiovisuel " du compte de soutien.
2. Les dotations directes du ministère de la culture
Les
crédits inscrits au budget du ministère de la culture en faveur
du cinéma s'établissent en dépenses ordinaires et
crédits de paiement à
287,1 millions de francs, soit une
diminution de 3,4 %
par rapport à la loi de finances pour
l'année 1999.
Au sein de ce total, si les crédits d'intervention progressent, afin
notamment de renforcer les moyens consacrés aux programmes
d'éducation à l'image, les crédits d'investissement
reculent sensiblement.
- la
dotation de fonctionnement
du CNC s'établit
à 12,697
millions de francs, en très
légère diminution par rapport à la dotation prévue
par la loi de finances initiale pour 1999 (13,101 millions de francs) en
raison d'un transfert de crédits concernant les frais de fonctionnement
des conseillers cinémas en DRAC.
- les
crédits d'intervention
affectés au CNC pour le
secteur cinématographique
augmentent de 2,2 %
pour
s'établir à
219 millions de francs.
Sur cette enveloppe, la part des crédits d'intervention
gérés à l'échelon déconcentré
progresse : elle s'élèvera à 17 % en 2000,
contre 11,3 % en 1999.
- les
crédits d'équipement
gérés par le CNC
s'établissent en crédits de paiement à 55,5 millions de
francs, soit une
diminution de 20,6 %.
Ces crédits sont destinés aux opérations suivantes :
- pour 44 millions de francs, à la poursuite du plan de restauration des
films anciens ;
- pour 6 millions de francs, à l'enrichissement des collections
destinées à la Maison du Cinéma et aux
cinémathèques régionales ;
- pour 3 millions de francs au renouvellement des équipements de
l'ENSMIS (école nationale supérieure des métiers de
l'image et du son) ;
- pour 2,5 millions de francs aux travaux de sécurité et de
conservation réalisés au service des archives du film
situées à Bois d'Arcy.
B. LES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX INDUSTRIES CINÉMATOGRAPHIQUES
Le centre national de la cinématographie gère, sous la tutelle du ministère de la culture et de la communication, l'ensemble des moyens consacrés à la politique du cinéma. Ces crédits sont affectés, d'une part, au soutien financier aux sociétés de production, de distribution, d'exploitation cinématographique, afin d'accompagner leur développement industriel tout en préservant la diversité de la création, et, d'autre part, à des actions culturelles consacrées notamment à la préservation et à la promotion du patrimoine cinématographique, à la formation aux métiers du cinéma et à la promotion du cinéma en France et à l'étranger.
1. Le soutien à la production, à la distribution et à l'exploitation : un renforcement du soutien automatique à la distribution
•
L'évolution générale des crédits
Le tableau suivant détaille l'évolution des crédits du
compte de soutien affectés à l'industrie cinématographique
entre la loi de finances initiale pour 1999 et le projet de loi de finances
pour 2000.
DÉPENSES POUR 1999 DE LA SECTION CINÉMA
DU
COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N° 902-10
(en millions de
francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Variations en valeur |
Variations en % |
Art. 10 - Subventions et garanties de recettes |
276,76 |
283,25 |
+ 6,5 |
+ 2,34 |
Art. 20 - Soutien sélectif à la production : avance sur recettes |
145 |
145 |
- |
- |
Art. 30 - Subventions et garanties de prêts à la production, la distribution et l'édition sur support vidéographique de films de long métrage |
506,32 |
547,28 |
+ 40,96 |
+ 8 |
Art. 40 - Subventions et garanties de prêts à l'exploitation |
353,94 |
359,21 |
+ 5,27 |
+ 1,48 |
Art. 50 - Frais de gestion |
61,81 |
64,36 |
+ 2,55 |
+ 4,1 |
TOTAL |
1 343,8 |
1 399,1 |
+ 55,3 |
+ 4,1 |
L'augmentation des crédits de 4,1 %, soit 55,3 millions
de
francs, doit permettre de financer les mesures nouvelles suivantes :
- à l'article 30 : 40,96 millions de francs viennent abonder les
crédits destinés au retour automatique vers les producteurs et
les distributeurs, sachant que la dotation du soutien automatique
consacrée aux distributeurs passera de 60 millions de francs en
1999 à 100 millions de francs en 2000.
- à l'article 40 : 5,27 millions de francs sont destinés
à couvrir les droits nés au bénéfice des
exploitants ;
- à l'article 50 : 2,55 millions de francs majorent les frais de
gestion sans que le taux de prélèvement à ce titre sur le
compte ne soit modifié par rapport à 1999.
•
Un renforcement du soutien automatique à la
distribution
Le tableau ci-après indique la répartition des crédits de
la section cinéma par type d'aides et par secteur :
DU COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N° 902-10
(en millions de francs) |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Soutien automatique |
786,7 |
832,99 |
Producteurs |
410,81 |
411,78 |
Distributeurs |
60 |
100 |
Exploitants |
302,94 |
308,21 |
Editeurs vidéo |
13 |
13 |
Soutien sélectif |
508,24 |
514,75 |
|
|
|
Total hors frais de gestion |
1 281,99 |
1 334,74 |
TOTAL |
1 343,8 |
1 399,1 |
Source : CNC
L'augmentation des crédits de la section cinéma du compte de
soutien profite dans sa quasi-totalité au soutien automatique et en son
sein au soutien à la distribution.
En effet,
le soutien automatique à la production
s'élève en 2000 à 411,78 millions de francs, en
très faible progression.
En revanche, les crédits destinés au
soutien automatique
à la distribution
progressent significativement
(+ 40 millions de francs). Cette progression résulte de la
hausse des taux de retour prévue par l'arrêté du
28 mai 1999. Cette mesure est destinée à assurer une
meilleure exposition des films nationaux.
Les crédits affectés au
soutien automatique à
l'exploitation
(308,21 millions de francs) demeurent stables.
Les dotations réservées aux
procédures
sélectives
ne progressent que modérément
(+1,28 %). On relèvera toutefois que ces dotations
n'intègrent pas les remboursements des avances sur recettes
accordées depuis 1996. Ces remboursements, dont le montant a
augmenté à la suite de la réforme de l'avance sur
recettes, sont désormais rattachés directement en gestion
à la dotation " avance sur recette " et permettent donc
d'accroître les crédits disponibles ; en 2000, leur montant
devrait atteindre 10 millions de francs.
2. Les actions en faveur du patrimoine, de la formation et de la promotion du cinéma
a) L'action patrimoniale
Le CNC
conduit la politique du ministère de la culture et de la communication
en matière de patrimoine cinématographique.
Outre les actions spécifiques qu'il mène lui-même, il
assure également la tutelle, le soutien financier et la coordination de
l'action des grandes institutions patrimoniales consacrées au
cinéma : cinémathèque française,
bibliothèque du film, cinémathèque de Toulouse et Institut
Lumière de Lyon.
L'action patrimoniale s'oriente autour de deux axes : d'une part,
l'enrichissement et la conservation et, d'autre part, la valorisation et la
diffusion du patrimoine.
•
La conservation et l'enrichissement des collections
*
La conservation des collections
Depuis la loi du 20 juin 1992 et le décret du 31 décembre 1993,
le CNC a en charge la responsabilité du dépôt légal
des films sur support photochimique et assure, à ce titre, la
conservation et le catalogage des collections de films.
A ce titre, le CNC doit gérer des collections qui atteignent
désormais plus de 15 000 titres et croissent à un rythme de
plus de 1 000 titres par an.
En 2000, les
crédits consacrés au plan de restauration des
films,
qui a déjà permis d'assurer la sauvegarde de plus de
10 000 oeuvres, s'élèvent à
44 millions de
francs
, soit un niveau sensiblement équivalent aux crédits
inscrits dans la loi de finances initiale pour 1999.
Au-delà des problèmes techniques posés par la restauration
de films, les principales difficultés rencontrées par le CNC
résident dans le manque de locaux et de personnels dont il dispose pour
accomplir cette mission patrimoniale. On rappellera, à cet égard,
que le transfert du dépôt légal des films au CNC ne s'est
pas accompagné que d'un accroissement symbolique de ses moyens de
fonctionnement.
En 2000, aucune création d'emplois n'est prévue. En ce qui
concerne la maintenance des locaux existants et l'agrandissement des espaces de
conservation, le projet de loi de finances pour 2000 prévoit seulement
d'affecter 1,5 million de francs à la poursuite des travaux de mise aux
normes de sécurité des bâtiments du service des archives et
du dépôt légal et un million de francs à la
création de nouveaux espaces de conservation des films acétate.
*
L'enrichissement des collections
Le CNC mène une politique d'acquisition de collections de films, de
documents ou d'objets se rapportant au cinéma qui, pour certains,
contribuent à enrichir les collections des institutions dont il assume
la tutelle grâce à une politique de dépôt dont
bénéficient notamment la bibliothèque du film (BIFI) et la
cinémathèque française.
En 2000, 6 millions de francs seront consacrés à l'enrichissement
des collections en vue de l'ouverture de la future Maison du Cinéma.
•
La valorisation et la diffusion du patrimoine
La valorisation du patrimoine cinématographique était
assuré traditionnellement par des institutions prestigieuses telles que
la cinémathèque française, le musée du
cinéma ou encore la bibliothèque du film, institutions qui
devraient être fédérées à l'occasion de la
création de la "
Maison du cinéma
".
Cette institution -dont la réalisation a été maintes fois
reportée- s'installera dans le XIIe arrondissement de Paris dans les
locaux construits par l'architecte Franck Gehry pour l'American Center, dont le
réaménagement permettra de mettre à la disposition du
public des espaces de projection et des ressources documentaires.
Au-delà de ces missions, elle constituera le centre du réseau
cinéphile en France par les liens qui l'uniront notamment aux deux
cinémathèques régionales d'intérêt national
de Toulouse et Lyon mais également aux salles de cinéma
classées " recherche ", aux universités et à
l'édition cinématographique.
L'enveloppe consacrée au réaménagement et à
l'équipement du bâtiment s'élève à 160
millions de francs. En 2000, le projet de budget prévoit des
autorisations de programme d'un montant de 102 millions de francs,
inscrites sur les crédits de l'établissement public de
maîtrise d'ouvrage des travaux culturels qui conduira les travaux.
b) L'enseignement du cinéma
•
L'initiation
En matière d'initiation, le ministère de la culture a mis en
place, en collaboration avec le ministère de l'éducation
nationale, dans le cadre de la section L du baccalauréat, des
enseignements obligatoires relatifs au cinéma qui sont aujourd'hui
proposés dans 107 lycées à près de 9 000
élèves. Le ministère de la culture prend en charge la
rémunération des professionnels du cinéma qui participent
avec les enseignants à l'encadrement des élèves.
En outre, en partenariat avec le ministère de l'éducation
nationale et les collectivités locales, sont mis en oeuvre dans le cadre
scolaire des programmes spécifiques de sensibilisation aux oeuvres
cinématographiques. Ces programmes qui ont pour objectif de donner au
jeune public une culture cinématographique diversifiée ont
concerné en 1998 plus de 600 000 élèves. Ces
dispositifs devraient être étendus en 2000 : " Ecole et
cinéma " bénéficiera à 60 départements,
contre 54 en 1999 ; " Collège au cinéma "
s'étendra à 80 départements, contre 75 en 1999 et, enfin,
" Lycéens au Cinéma " concernera 15 régions,
contre 12 en 1999.
En 1999, 25 millions de francs ont été consacrés par
le CNC à ces programmes.
•
L'enseignement professionnel
L'enseignement professionnel du cinéma relève de l'école
nationale supérieure des métiers de l'image et du son (ENSMIS),
établissement public à caractère industriel et commercial
qui a succédé en 1998 à la FEMIS, qui avait
elle-même pris la suite de l'IDHEC en 1987.
Le budget global de l'ENSMIS s'est élevé en 1999 à 57,1
millions de francs, financé pour 60 % par une subvention du
ministère de la culture, pour 12 % par la taxe d'apprentissage et
pour 28 % par des ressources diverses (ressources propres,
mécénat, droits de scolarité...).
En 2000, la subvention de fonctionnement de l'Etat s'élèvera
à 34,47 millions de francs, soit une diminution de 1,9 % par
rapport à 1999.
Les missions de l'ENSMIS, désormais installée dans les locaux
rénovés des anciens studios Pathé à Paris, ont
été fixées par le décret n° 98-371 du 13
mai 1998. Au-delà de sa vocation première d'établissement
d'enseignement, lui est reconnue une responsabilité en matière de
diffusion de la culture cinématographique et de recherche
pédagogique.
Compte tenu de la technicité croissante des métiers du
cinéma, la qualité aujourd'hui unanimement reconnue de
l'enseignement dispensé par l'ENSMIS exige un effort particulier
d'adaptation et de modernisation des équipements pédagogiques,
faute de quoi les diplômes délivrés seront
dévalués. Votre rapporteur sera donc particulièrement
vigilant à l'effort d'équipement consenti en ce domaine dans les
années à venir.
c) L'appui accordé aux initiatives locales
Le CNC
soutient les initiatives locales en faveur du cinéma grâce aux
conventions qu'il passe avec les collectivités territoriales mais
également aux concours qu'il accorde à l'Agence pour le
développement régional du cinéma, association dont la
mission est de veiller au maillage cinématographique du territoire.
•
La politique de partenariat conduite par le CNC
Les collectivités territoriales ont depuis plusieurs années fait
du soutien au cinéma un des axes de leurs politiques culturelles.
Tournées d'abord vers l'animation culturelle, leurs interventions visent
désormais à faire du cinéma un véritable pôle
de développement économique.
Néanmoins, compte tenu des contraintes auxquelles elles se heurtent en
ce domaine -notamment celles liées aux contraintes juridiques dans
lesquelles sont insérées leur action- et du rôle
incontournable qu'il joue dans l'économie de ce secteur, le CNC demeure
un appui déterminant et un partenaire incontournable dans la mise en
place de politiques locales de soutien au cinéma.
Le CNC mène depuis 1989 une politique conventionnelle destinée
à renforcer la coopération entre les collectivités
territoriales et l'Etat. A ce jour, 147 conventions ont été
signées avec près de 80 collectivités territoriales.
Principalement axées sur des opérations de promotion des oeuvres
cinématographiques et d'initiation du public, elles ne concernent encore
que marginalement le soutien à la production.
Les crédits consacrés par le CNC à cette politique
demeurent modestes, environ cinq millions de francs par an, et leur
évolution ne correspond guère au soutien croissant apporté
par les collectivités territoriales au cinéma.
Si le montant des aides versées en ce domaine par les
collectivités locales n'est pas connu avec précision faute de
renseignements statistiques suffisants, tout laisse à penser que bien
qu'inégalement réparties sur le territoire, ces aides ont
significativement progressé au cours des dernières années.
Selon les chiffres de la dernière enquête périodique
réalisée par le ministère de la culture sur les
dépenses culturelles des collectivités territoriales, les
régions avaient dépensé pour le cinéma environ 74
millions de francs, les départements, 60 millions de francs et les
communes, près de 222 millions de francs. Ce dernier chiffre est
à considérer avec précaution dans la mesure où
l'étude a été réalisée à partir d'une
étude exhaustive des dépenses des villes de plus de 80 000
habitants et de sondages pour les villes de 10 000 à 80 000
habitants ; par ailleurs, il est fort probable que les communes de moins
de 10 000 habitants non prises en compte dans l'enquête
interviennent également. Compte tenu de ces observations
méthodologiques, les dépenses des communes pourraient être
estimées à environ 300 millions de francs, ce qui porte
à 434 millions de francs le montant total des dépenses des
collectivités territoriales en faveur du cinéma, soit un montant
bien supérieur à celui des crédits du CNC (hors compte de
soutien).
Le rôle des collectivités locales est particulièrement
déterminant dans le secteur de l'exploitation. En effet, la couverture
du territoire en équipements cinématographiques résulte
pour une large part de l'initiative des collectivités territoriales qui
ont permis, dans un contexte de baisse de la fréquentation, de
préserver dans des régions peu équipées un parc de
salles. En 1997, sur les 4 650 salles actives, 28 % étaient
exploitées par des collectivités locales, soit en régie
directe, soit à travers une gestion associative.
Par ailleurs, la loi du 13 juillet 1992 relative à l'action des
collectivités territoriales en faveur de la lecture publique et des
salles de spectacle cinématographique dite loi Sueur permet aux
collectivités locales de subventionner des entreprises d'exploitation
cinématographique de taille modeste, c'est-à-dire celles dont les
établissements réalisent moins de 2 200 entrées
par semaine. Ces dispositions qui, au demeurant, pourraient être
modifiées dans le sens d'un relèvement des seuils sont toujours
d'actualité.
Dans le domaine du soutien à la production cinématographique pour
laquelle elles témoignent un intérêt de plus en plus
marqué, l'action des collectivités territoriales se heurte aux
dispositions limitant leurs interventions économiques. Le cadre
juridique actuel permet difficilement de trouver une forme comptable
légale pour les aides qu'elles seraient amenées à verser
à des sociétés de production, sauf à conclure une
convention avec l'Etat à l'image de celle conclue entre l'Etat et la
région Rhône - Alpes. En attendant une modification des
dispositions législatives en vigueur qui pourrait intervenir à
l'occasion de l'examen du projet de loi sur les interventions
économiques des collectivités territoriales en cours d'examen
intergouvernemental qui assimile le soutien à la production
cinématographique à un investissement immatériel, le CNC
encourage le développement des activités de production en
régions. Ainsi, les actions de soutien à la production et
notamment d'accueil de tournages figurent désormais de plus en plus
fréquemment au rang des opérations prévues dans le cadre
des conventions conclues avec les collectivités locales.
•
Le rôle de l'Agence pour le développement
régional du cinéma
L'Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC),
par sa mission de soutien à la diffusion et à l'exploitation,
concourt également à l'animation des politiques locales en faveur
du cinéma en assurant le maintien d'une offre cinématographique
dans les villes petites et moyennes.
Depuis la clarification de ses missions intervenue en 1998 à la suite de
critiques exprimées par la Cour des Comptes sur son fonctionnement, elle
est désormais principalement chargée de soutenir, par la mise en
circulation de copies de films et l'organisation d'opérations
d'animation, l'activité de diffusion des salles de cinéma des
zones rurales et des villes petites et moyennes. Le soutien à la
diffusion repose sur deux types d'aides destinées à
l'édition de copies de film, la première concernant les salles
des zones rurales et des petites villes qui réalisent moins de
35 000 entrées par an, et l'autre bénéficiant aux
établissements des villes moyennes. Au 9 août 1999, l'ADRC avait
pris en charge le tirage de 1 743 copies, dont 822 pour des salles rurales ou
situées dans de petites villes, et 651 pour des salles situées
dans des villes moyennes. Le nombre total de copies commandées sur
l'ensemble de l'année devrait avoisiner 2 500, contre 1 460 en
1998. Ces chiffres attestent du renforcement de cette mission qui, jusque
là réservée aux films " porteurs ", a
été élargie aux films du répertoire
cinématographique.
Dorénavant, l'instruction des dossiers de demande d'aide
sélective aux salles relève du CNC, l'ADRC ne jouant plus en ce
domaine qu'un rôle d'expertise et de conseil en matière
d'architecture et d'implantation pour les collectivités et les
exploitants qui le souhaitent.
d) La promotion du cinéma français
•
La promotion
En liaison avec les professionnels, le CNC mène des actions en faveur de
la promotion du cinéma, en particulier à travers un concours
actif apporté à la création des festivals de cinéma
ou par la participation à des opérations de promotion telles que
la fête du cinéma. En 1999, le CNC a consacré 15 millions
de francs à ces actions qui ont concerné près de
45 manifestations.
La mission de promotion du cinéma français est également
assurée par des associations bénéficiant du concours
financier du CNC, à l'image de l'association du festival international
du film qui organise le festival de Cannes.
•
L'exportation
L'exportation constitue un enjeu essentiel pour le dynamisme du cinéma
français. Pour cette raison, on ne peut que se féliciter des
résultats encourageants obtenus en 1997
par les films
français sur le marché international.
Le chiffre d'affaires annuel lié aux ventes de longs métrages
à l'étranger est passé de 663 millions de francs en 1996
à 1,11 milliard de francs en 1997, soit une croissance de 67 %.
Cette croissance sans précédent résulte pour l'essentiel
de la très forte progression des ventes de longs métrages
français qui ont doublé grâce au succès du film de
Luc Besson, le " Cinquième élément ". Les
recettes réalisées grâce à la réexportation
de films étrangers dont les droits sont détenus par des
sociétés nationales ont enregistré une hausse moindre mais
qui reste significative (+ 31 %).
Si l'on excepte les recettes liées au film de Luc Besson qui
représentent plus de 50 % des recettes à l'exportation des
films français, on constate, au-delà de la stabilité du
montant du chiffre d'affaires, une progression du nombre de titres pouvant
être qualifiés de succès à l'étranger. Le
nombre de films ayant réalisé plus d'un million de francs de
recettes à l'exportation est passé de 47 en 1995 à 73 en
1997. Il s'agit là indéniablement du signe d'une exportation plus
diversifiée et plus dynamique qui est pour une part imputable à
l'apparition de sociétés exportatrices plus puissantes et au
renforcement du réseau de distribution.
Si l'on excepte l'effet " Cinquième
élément ",
la répartition des recettes à
l'exportation des films français par zone géographique demeure
stable
en 1997. L'Europe demeure le principal débouché des
films français : elle représente 46 % du total des
ventes à l'exportation (54 % hors " Cinquième
élément ").
EVOLUTION DES RECETTES À L'EXPORTATION DES FILMS
FRANÇAIS
(en millions de francs)
|
Exportation de films français |
Exportation de films étrangers |
Total des exportations |
1988 |
353 |
46 |
399 |
1989 |
436 |
65 |
501 |
1990 |
395 |
65 |
460 |
1991 |
359 |
125 |
484 |
1992 |
423 |
149 |
572 |
1993 |
367 |
209 |
576 |
1994 |
368 |
232 |
600 |
1995 |
361 |
224 |
585 |
1996 |
412 |
251 |
663 |
1997 |
820 |
330 |
1110 |
(Source CNC)
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES RECETTES
D'EXPORTATION
POUR 1997
(en millions de francs)
|
1996 |
1997 |
Europe |
227 (55 %) |
374 (45,6 %) |
Amérique du Nord |
53 (13 %) |
184 (22,4 %) |
Asie |
78 (19,5 %) |
172 (20,9 %) |
Amérique latine |
13 (3,2 %) |
34 (4,1 %) |
Océanie |
5 (1,2 %) |
23 (2,8 %) |
Afrique |
7 (1,6 %) |
6 (0,7 %) |
Divers |
29 (7 %) |
27 (3,5 %) |
TOTAL |
412 |
820 |
•
Unifrance
, association type " loi de 1901 ",
fédérant producteurs et exportateurs, joue un rôle central
dans la politique de développement de l'exportation conduite par le CNC.
Le budget d'Unifrance est financé à 80 % par une subvention
du CNC et à 20% par des ressources propres.
La contribution du CNC au budget de l'association a connu une forte progression
entre 1994 et 1997, qui s'est stabilisée depuis. Elle s'élevait
en 1999 à 49 millions de francs, soit une augmentation de 3,95 %
par rapport à 1997. En 2000, elle devrait être maintenue au
même niveau qu'en 1999.
Les missions d'Unifrance s'articulent autour de trois axes : la promotion,
la communication et l'information autour des films français. Les actions
très diverses que mène l'association vont de l'organisation de
manifestations annuelles consacrées au cinéma français
(festivals d'Acapulco et de Yokohama) à l'élaboration
d'opérations de communication, en passant par la mise en place d'un
suivi des résultats obtenus à l'étranger par les films
français. Par ailleurs, Unifrance est associée par le CNC
à la gestion des aides à l'exportation des films français
à l'étranger.
• Depuis 1997, le CNC a mis en place un dispositif d'aides directes
à l'exportation. Les crédits destinés à financer
ces aides s'élevaient en 1999 à 18 millions de francs,
contre 14 millions de francs en 1998.
Ce dispositif s'articule autour de deux aides :
- une aide sélective destinée à soutenir les
stratégies des producteurs et des exportateurs français par le
financement de matériel de prospection (sous-titrage,
plaquette...) ;
- une aide sélective à la distribution destinée aux
distributeurs étrangers qui souhaitent améliorer la diffusion des
films français à l'étranger.
Plus marginalement, il existe également une aide prenant la forme
d'attribution de copies gratuites pour les distributeurs des pays de l'Est,
d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Amérique latine.
III. LES ENJEUX DE LA POLITIQUE DU CINÉMA
A. L'ADAPTATION DES DISPOSITIFS DE SOUTIEN AUX ÉVOLUTIONS DU SECTEUR
Les
évolutions qui affectent depuis le début des années
quatre-vingt le secteur du cinéma imposent une adaptation des
mécanismes de soutien afin d'en garantir l'efficacité. Cette
adaptation est désormais bien engagée.
En effet, les mécanismes de l'avance sur recettes ont été
modifiés en 1997. La réforme du soutien à l'exploitation
rendue nécessaire du fait du développement des multiplexes a
été menée à bien en 1998. La procédure de
l'agrément a été profondément remaniée par
le décret n° 99-130 du 24 février 1999 afin d'en
simplifier et d'en clarifier les modalités selon des principes que votre
rapporteur a rappelé dans ses précédents rapports.
Cette année, les difficultés croissantes que connaît le
secteur de la distribution, et en particulier les distributeurs
indépendants, comme les résultats commerciaux décevants
des films français ont conduit à améliorer sensiblement
les modalités de soutien à ce secteur. Par ailleurs, a
été engagée une réflexion sur les modalités
d'une réforme des aides sélectives à l'exploitation.
1. L'amélioration des modalités du soutien automatique au secteur de la distribution
a) La modification du barème de l'aide automatique à la distribution
Le
secteur de la distribution étant soumis à un fort mouvement de
concentration, l'objectif visé par le soutien public est de
préserver l'existence de distributeurs indépendants afin de
garantir une offre cinématographique diversifiée susceptible
d'élargir les débouchés de la distribution des films
français.
Le secteur de la distribution apparaît aujourd'hui comme un secteur
très hétérogène. Si la plupart des 161 entreprises
que comptait ce secteur en 1998 sont de dimensions modestes -51 d'entre elles
n'avaient distribué qu'un seul titre- les dix premières
sociétés ont réalisé 91,5 % des recettes, les
deux premières en représentant à elles seules 44 %.
La concentration de ce secteur a été accentuée par les
difficultés économiques liées à la baisse de la
fréquentation à partir des années 1990. Ses
conséquences sur la diversité de l'offre cinématographique
sont d'autant plus inquiétantes que le secteur de l'exploitation
connaît lui aussi une évolution comparable et que les
sociétés de distribution les plus puissantes appartiennent
à des entreprises pratiquant l'intégration verticale (Gaumont,
UGC, Pathé ou les " majors " américaines). La situation
des distributeurs, et plus particulièrement celle des
" indépendants ", s'en trouve fragilisée alors
même que l'essor des multiplexes entraîne un nouvel accroissement
des risques financiers par la forte hausse des frais d'édition et de
promotion qu'il implique.
Dans le souci de compenser une part de ces risques et de consolider la
situation financière des entreprises, le barème de l'aide
automatique a été modifié par arrêté en
juillet dernier. Cette modification accentue le caractère
dégressif de l'aide afin d'en accroître le caractère
redistributif. On rappellera que les entreprises de distribution n'ont
accès au soutien qu'à la condition d'avoir investi dans le film
concerné et ne peuvent l'utiliser qu'en le réinvestissant dans de
nouveaux films.
Le nouveau barème qui s'applique à tous les films sortis en
première exclusivité en 1999 prévoit pour calculer les
droits à soutien des distributeurs :
- un taux de 150 % -au lieu de 75 %- appliqué au produit de la
TSA jusqu'à ce que le film atteigne 7 millions de francs de
recettes en salles (environ 200 000 entrées) ;
- un taux de 25 % -au lieu de 50 %- pour les recettes comprises entre
7 et 20 millions de francs (de 200 000 à 600 000
entrées) ;
- un taux inchangé de 15 % lorsque les recettes excèdent
20 millions de francs.
Il est encore trop tôt pour estimer les effets de cet aménagement
de l'aide automatique. On ne peut qu'espérer que, correspondant à
la reprise des à-valoir constatée en 1998, il incitera les
distributeurs à reprendre une part plus active dans le financement de la
production.
b) La reconduction du dispositif relatif aux sorties estivales
Afin
d'assurer une meilleure répartition sur l'année des sorties de
films français, la mesure prévoyant une majoration du soutien
automatique à la distribution pour les sorties estivales a
été reconduite pour 1999 et 2000.
Les producteurs et les distributeurs de films agréés
bénéficient d'une majoration de 50 % du soutien automatique
de leurs films lorsque ces derniers sortent entre le 12 mai et le 11 août
1999.
Répondant à des objectifs légitimes mais de portée
limitée, les aménagements apportés en 1999 aux
mécanismes du soutien automatique répondent au souci
d'atténuer les effets des évolutions économiques qui
affectent l'industrie du cinéma en fonction des objectifs qui guident
depuis près de cinquante ans l'action de l'Etat en ce domaine et qui
sont le dynamisme de la création nationale et le pluralisme de l'offre
cinématographique. Ces adaptations au coup par coup s'avèrent
inévitables dans la mesure où les mécanismes de soutien
n'ont pas pour objet d'agir directement sur les structures économiques,
mais de corriger les conséquences les plus néfastes de leur
évolution, à savoir le creusement de l'écart entre des
groupes intégrés de plus en plus puissants et des entreprises
indépendantes affaiblies.
2. Vers une réforme des aides sélectives à l'exploitation
Le
soutien sélectif à l'exploitation a été mis en
place à partir de 1969 pour tempérer les rigidités du
soutien automatique qui, dans les faits, favorisait la concentration de la
branche.
Les aides sélectives à l'exploitation, qui représentent
151 millions de francs en 1999, sont attribuées selon diverses
procédures. La plus importante, l'aide sélective aux salles
situées dans les zones insuffisamment équipées, est une
aide à l'investissement. Par ailleurs, certaines salles
bénéficient également de subventions de fonctionnement
annuelles : aides aux salles " art et essai " primes
d'encouragement à l'animation et à la diffusion
cinématographique ou encore aides aux salles indépendantes
parisiennes.
Dans le souci de mieux adapter l'ensemble de ces dispositifs aux mutations
récentes qui ont affecté le secteur de l'exploitation, la
ministre de la culture et de la communication a confié une mission
à deux experts
3(
*
)
dont les conclusions
ont été rendues publiques en février dernier.
Outre des propositions de simplification du dispositif, leurs
préconisations s'orientent autour de deux axes principaux :
- en premier lieu, réformer les procédures d'attribution des
aides afin de faire prévaloir un critère lié à
l'indépendance des exploitants concernés par ce dispositif ;
- et en second lieu, permettre à l'aide sélective d'apporter son
concours à des projets de modernisation ambitieux à condition que
les bénéficiaires prennent des engagements en matière de
programmation.
De telles propositions exigent une refonte d'ensemble des multiples dispositifs
existants. Bien que nécessaire pour remédier aux
inconvénients de la mosaïque réglementaire actuelle, elle se
traduira inévitablement par un redéploiement des aides dont les
conséquences n'ont pas encore été mesurées.
B. VERS UNE NOUVELLE " CHRONOLOGIE " DES MÉDIAS
Les
relations entre la télévision et le cinéma sont
progressivement devenues depuis plus d'une dizaine d'années un des
éléments clés de l'équilibre économique de
l'industrie cinématographique française.
Ces relations qui constituent une spécificité du système
français ont largement contribué à soutenir la production
nationale. Elles reposent sur des obligations imposées aux chaînes
de télévision, d'une part, en matière de diffusion des
oeuvres cinématographiques afin d'assurer des débouchés
aux films nationaux dans des conditions préservant les
intérêts du secteur de l'exploitation et, d'autre part, en
matière d'investissement dans la production.
L'ambition de ce dispositif est bien entendu de permettre le maintien d'un
équilibre économique entre cinéma et
télévision, équilibre aujourd'hui remis en cause notamment
par le développement de nouveaux services de télévision
(télévision à péage, numérique,
systèmes satellitaires).
Un des éléments de cet équilibre réside dans ce que
l'on appelle la chronologie des médias, c'est-à-dire l'ensemble
des règles qui fixent les délais dans lesquels sont
exploités par les différents médias les oeuvres
cinématographiques.
Sur ce point, la directive 97/36/CE du 30 juin 1997 qui a modifié la
directive 89/552/CEE du 3 octobre 1989 dite " directive
Télévision sans frontière " a introduit une
innovation lourde de conséquence : en effet, elle renvoie à
la négociation contractuelle la fixation de ces délais alors que
jusque-là n'étaient prescrits au niveau européen que des
délais minimaux de référence. Depuis le 1
er
janvier 1999, cette disposition est devenue d'application immédiate,
faute de transposition en droit français. A donc cessé de
s'appliquer la réglementation fixée en application de la loi de
1986 relative à la liberté de communication par le décret
n° 87-36 du 26 janvier 1987, applicable aux seules chaînes
hertziennes, les autres chaînes étant déjà
régies par des accords contractuels.
Cependant, si elle laisse à la négociation contractuelle la
fixation des délais de diffusion, la directive n'en incite pas moins les
Etats à susciter la signature d'accords-cadres entre les professionnels
concernés. Son considérant 32 précise, en effet que
" la question des délais spécifiques à chaque type
d'exploitation télévisée des oeuvres
cinématographiques doit, en premier lieu, faire l'objet d'accords entre
les parties intéressées et les milieux professionnels
concernés ".
Ces accords apparaissent comme le seul moyen de promouvoir des délais
harmonisés, permettant autant que possible de préserver les
intérêts des professionnels du cinéma.
La transposition de la directive, qui est prévue par l'article 14 du
projet de loi modifiant la loi du 30 septembre 1986 relative à la
liberté de communication, en cours d'examen en première lecture
par le Sénat, va dans ce sens. L'article 70-1 de la loi de 1986 dans sa
rédaction proposée par l'article 14 du projet de loi
précise que
" lorsqu'il existe un accord entre une ou plusieurs
organisations professionnelles de l'industrie cinématographique et un
éditeur de services portant sur les délais applicables à
un ou plusieurs types d'exploitation télévisuelle des oeuvres
cinématographiques, les délais de diffusion prévus par cet
accord s'imposent à l'éditeur de services ".
Ce dispositif ne permet que de se prémunir contre des accords
dérogatoires aux accords passés entre professionnels et ne
confère à l'Etat aucune prérogative pour résoudre
les éventuelles difficultés qui pourraient résulter de la
coexistence d'accords contradictoires. Par ailleurs, la loi ne précise
pas les sanctions dont est assortie l'obligation pour les éditeurs de
respecter les termes des accords professionnels auxquels ils sont parties.
Sans attendre l'adoption définitive de ces dispositions, certaines
organisations professionnelles ont d'ores et déjà conclu des
accords avec les diffuseurs.
Pour les services de télévision hertziens en clair, un premier
accord est intervenu le 8 janvier 1999 entre les différentes
organisations professionnelles du cinéma réunies au sein du
bureau de liaison des industries cinématographiques (BLIC) l'association
des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP), TF1, France
Télévision, La Cinquième, M6 et la Sept-Arte, qui retient
un dispositif identique à celui en vigueur avant l'entrée en
vigueur des dispositions de la nouvelle directive Télévision sans
frontière.
En ce qui concerne les chaînes à péage consacrées au
cinéma, deux accords ont été conclu, l'un le 15 mars 1999
entre le BLIC, l'ARP et le bouquet TPS et le second, le 13 avril 1999,
entre le bureau de liaison des organisations du cinéma (BLOC) et Canal
satellite. Les règles de diffusion qu'ils fixent et qui, il convient de
le noter, ne constituent qu'un des aspects de ces accords, diffèrent.
Afin d'harmoniser les règles applicables, le CNC a suscité
l'organisation de négociations entre les organismes
représentatifs de la profession et les diffuseurs, négociations
qui devraient aboutir d'ici la fin de l'année.
Votre rapporteur souligne l'intérêt pour le cinéma
français de parvenir à l'adoption de dispositions
harmonisées, qui permettraient d'éviter les inconvénients
d'un système régi par des accords ponctuels entre producteurs et
diffuseurs risquant fort en pratique de se solder par un alignement par le
bas.
C. LA DÉFENSE DES DISPOSITIFS DE SOUTIEN DANS LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES INTERNATIONALES
1. Les échéances internationales : le prochain cycle de négociations de l'organisation mondiale du commerce
Le
prochain cycle des négociations commerciales de l'OMC sera lancé
lors de la conférence de Seattle qui se tiendra du 30 novembre au
3 décembre prochain et qui arrêtera la portée, les
modalités et le calendrier des futures négociations.
Lors du précédent cycle de négociations dit
l'" Uruguay round ", la Communauté européenne et les
Etats membres n'avaient pas pris d'engagement de libéralisation dans le
secteur des services audiovisuels. Par ailleurs, des exceptions à la
clause de la nation la plus favorisée prévue par l'accord sur les
services (GATS) avaient été stipulées dans le souci de
préserver la réglementation européenne (directive TSF),
les instruments communautaires de soutien (plan MEDIA) mais également
les dispositifs nationaux de soutien à l'industrie
cinématographique et audiovisuelle. En conséquence, les Etats
membres et la Communauté européenne n'étaient jusqu'ici
pas liés par des obligations spécifiques d'accès au
marché ou par une clause de traitement national dans le domaine des
services audiovisuels.
Votre rapporteur s'était félicité l'an dernier de la
fermeté dont le gouvernement français avait fait preuve pour
défendre le principe désigné alors sous le terme
d'" exception culturelle " lors des négociations de
l'accord multilatéral sur les investissements conduite dans le cadre de
l'OCDE qui finalement n'ont pas abouti.
L'enjeu des négociations qui s'ouvrent est de savoir si les services
culturels entrent, au même titre que l'ensemble des services, dans le
champ de l'accord général sur le commerce des services et donc de
déterminer s'ils seront soumis aux mêmes règles et
principes, à savoir la clause de la nation la plus favorisée et
la non-discrimination. De tels principes interdiraient la mise en oeuvre de
politiques culturelles dans le secteur audiovisuel reposant sur des accords de
coproduction avec certains pays, l'instauration de quotas de diffusion
d'oeuvres selon leur origine ou l'octroi de subventions sélectives.
Dans la mesure où elle ne sera présente dans la
négociation qu'au travers de l'Union européenne qui
négocie au nom des quinze, la France devra faire partager à ses
partenaires sa position sur le principe d'exception culturelle.
A cet égard, votre rapporteur se félicite des termes du compromis
fixant le mandat confié par le conseil à la commission afin de
préparer le nouveau cycle de négociations adopté le 26
octobre 1999. Ce texte précise que : "
l'Union
veillera, pendant les prochaines négociations de l'OMC, à
garantir, comme dans le cycle d'Uruguay, la possibilité pour la
communauté et ses Etats membres de préserver et de
développer leur capacité à définir et mettre en
oeuvre leurs politiques culturelles et audiovisuelles pour la
préservation de leur diversité culturelle
".
Votre rapporteur relève qu'il est sans précédent que les
Etats de l'Union s'accordent aussi clairement sur le maintien du principe
d'exception culturelle obtenu lors du précédent cycle de
négociations. Il s'agit là sans doute du fruit du travail de
persuasion entrepris par la France auprès de ses partenaires.
Le mandat donné par le conseil à la commission répond
à deux exigences posées par le gouvernement. En premier lieu, il
affirme l'objectif de la préservation de la " diversité
culturelle ", concept nouveau destiné à éviter les
confusions entre une méthode de négociation à savoir
l'absence d'offre de libéralisation en matière culturelle et la
finalité même de la négociation. En second lieu, il
signifie en pratique une absence d'offre de libéralisation de l'Union
européenne dans les secteurs de la culture ou de l'audiovisuel et le
maintien des précédentes exceptions à la clause de la
nation la plus favorisée afin de permettre le traitement
préférentiel de certains Etats. Par ailleurs la formulation
retenue permet d'offrir des garanties notamment si de nouveaux sujets devaient
être abordés dans la négociation tels l'investissement et
les subventions.
En effet, sur cette dernière question, la plus grande vigilance est de
rigueur. Au-delà de l'objectif du maintien d'une clause d'exception
culturelle dont bénéficierait, comme lors de l'accord
signé en 1993, les services audiovisuels, le gouvernement devra veiller
à ce que des décisions prises dans d'autres secteurs soumis
à négociation ne soient pas susceptibles d'avoir des incidences
sur les mécanismes de soutien dont bénéficient les
services audiovisuels.
Ce risque ne doit pas être minimisé ; il est en effet fort
probable que des tentatives de démantèlement de notre dispositif
de soutien au secteur audiovisuel se manifestent notamment lors
d'éventuels débats sur le commerce électronique et les
nouveaux services. A cette occasion, des Etats pourraient être
tentés d'exclure du régime des services les services offerts par
internet au motif qu'il s'agirait en fait de biens virtuels dont le
régime relèverait du GATT qui va plus loin dans la
libéralisation que le GATS. Ainsi pourraient être
exploitées les incertitudes liées à la convergence
technologique pour remettre en cause la spécificité des secteurs
audiovisuels et, en compartimentant les supports, obtenir des engagements de
libéralisation motivés par le souci de ne pas entraver le
développement des nouveaux services. Face à ces risques, la
France devra faire admettre un principe de neutralité technologique afin
d'éviter qu'à chaque support de diffusion soient attachées
des règles commerciales spécifiques.
De même, lors des éventuels débats sur les subventions et
sur les investissements, la France sera attentive à ce que la logique de
plafonnement des subventions propre aux accords du GATT sur les marchandises ne
soit pas transposée à l'accord sur les services, ce qui ne
manquerait pas d'avoir des conséquences non négligeables sur nos
dispositifs de soutien à l'industrie cinématographique qui
dépassent aujourd'hui largement les plafonds envisagés à
l'OMC.
A l'évidence la contradiction qui existe entre les objectifs de
diversité culturelle défendus par la France et les principes du
libre échange qui président à ces négociations
apparaît de plus en plus difficile à réduire notamment en
raison des évolutions technologiques qui affectent le secteur de
l'audiovisuel et des télécommunications.
Compte tenu de la complexité des négociations à venir et
des risques de remise en cause de notre politique culturelle qu'elles
comportent, votre rapporteur ne peut que souscrire aux conclusions du rapport
sur les négociations commerciales multilatérales remis par Mme
Catherine Lalumière et M. Jean-Pierre Landau au ministre de
l'économie et des finances qui plaide pour que
" soit
défini, pour les échanges internationaux de biens culturels, un
régime spécifique et approprié "
qui pourrait
être négocié dans le cadre de l'UNESCO et dont
"
les principes et les modalités (de ce nouvel instrument
juridique) pourraient éventuellement ensuite être
transférés dans le système de l'OMC ".
Votre rapporteur souhaite donc que les efforts du gouvernement soient soutenus
afin que les acquis du cycle de l'Uruguay puissent être maintenus lors
des négociations à venir. A ce titre, il exprime le souhait que
le Parlement soit informé dans les délais les plus brefs du
déroulement des négociations. Compte tenu des enjeux qu'elles
représentent, la représentation nationale ne peut être
tenue à l'écart de ces négociations. Les assemblées
parlementaires constituent en effet un relais indispensable pour informer
l'opinion publique de leur déroulement, ce qui permettra de mieux en
faire comprendre les enjeux.
2. Le renforcement des dispositifs européens
La
défense du principe de diversité culturelle dans les
négociations commerciales à venir dépend pour une large
part de la capacité de la France à convaincre ses partenaires
européens du bien-fondé de ses positions.
A cet égard, le renforcement des dispositifs communautaires de soutien
à l'industrie cinématographique européenne apparaît
déterminant pour conduire nos partenaires à admettre la
pertinence des interventions publiques en ce domaine.
Pour l'heure, le programme européen d'aides cinématographiques et
audiovisuelles, MEDIA II, qui a débuté en 1996 et
s'achèvera à la fin de l'an 2000 poursuit des objectifs modestes.
Les aides remboursables à la production sont de faibles montants et les
aides à la distribution encore insuffisamment développées
pour promouvoir une véritable politique de circulation des oeuvres
européennes à l'intérieur de l'Union.
Votre rapporteur souhaite que les orientations du nouveau programme
Média III pour les années 2001 à 2005 prennent en compte
la nécessité de renforcer les aides à la distribution et,
éventuellement, à la diffusion télévisée ce
qui permettra au dispositif de soutien européen de renforcer de
manière significative au sein de l'Union l'audience des oeuvres des
Etats membres.
DEUXIÈME PARTIE :
LE THÉÂTRE
DRAMATIQUE
L'intervention de l'Etat dans le domaine de l'art dramatique
poursuit plusieurs objectifs complémentaires : promouvoir la diffusion
du spectacle vivant et élargir les publics du théâtre ;
encourager la création dramatique et favoriser l'émergence de
nouveaux talents.
Pour assurer ces missions, la direction de la musique, de la danse, du
théâtre et des spectacles née en 1998 de la fusion de la
direction du théâtre et des spectacles et de la direction de la
musique et de la danse, s'appuie en particulier sur
le réseau des
scènes publiques
.
Des subventions sont directement accordées, d'une part, aux six grandes
institutions nationales que sont le conservatoire national d'art dramatique et
les cinq théâtres nationaux (Comédie Française,
théâtre de l'Odéon, théâtre national de
Chaillot, théâtre national de la Colline et théâtre
national de Strasbourg) et, d'autre part, au réseau de la
décentralisation dramatique qui se compose des centres dramatiques
nationaux et régionaux ainsi que des scènes nationales.
Le soutien à la diffusion et à la création
passe en
second lieu par l'aide accordée à plus de 600 compagnies
dramatiques indépendantes ainsi qu'au fonds de soutien au
théâtre privé.
Plusieurs dispositifs relatifs à l'écriture et aux auteurs
dramatiques ainsi qu'à l'enseignement de l'art dramatique viennent
compléter les moyens de la politique du théâtre.
I. UNE INTERVENTION AUX LIMITES BUDGÉTAIRES MAL DÉFINIES
A. UNE PROGRESSION BUDGÉTAIRE DIFFICILE À ÉTABLIR
1. Des crédits insaisissables
Comme
votre rapporteur l'avait souligné l'an dernier pour le regretter,
l'opacité de la présentation budgétaire des crédits
du ministère de la culture conjuguée à la création
d'une direction unique de la musique, de la danse, du théâtre et
des spectacles ne permet guère l'identification des crédits
consacrés au théâtre et rend délicate toute
tentative de mise en perspective d'une année sur l'autre.
Sans revenir sur les modifications apportées dans le passé
à la nomenclature budgétaire, on se contentera de rappeler que
les crédits d'intervention inscrits au titre IV, qui constituent
l'essentiel de la politique du théâtre (aides aux compagnies,
soutien au réseau de la décentralisation dramatique, aides
à l'écriture), sont désormais noyés au sein du
chapitre intitulé 43-20 article 20 pour les interventions
d'intérêt national et du chapitre 43-30 article 20 pour les
interventions déconcentrées, articles dont les crédits
s'élèvent respectivement à 680 millions de francs et
à 1 567 millions de francs.
Les procédures de déconcentration ont encore compliqué
l'exercice imposé à votre rapporteur dans la mesure où, en
pratique, la répartition des crédits d'intervention mais aussi
d'investissement n'est véritablement arrêtée qu'en
début d'exercice budgétaire.
Seuls demeurent donc parfaitement identifiables les crédits
4(
*
)
de fonctionnement consacrés aux
théâtres nationaux, établissements publics dont les
subventions de fonctionnement sont mentionnées dans le
" bleu ".
2. Les données disponibles
Compte
tenu de ces difficultés auxquelles ne remédient qu'imparfaitement
les réponses aux questionnaires budgétaires, il a
été à nouveau cette année très difficile
à votre rapporteur de prendre la mesure exacte de la progression des
crédits consacrés à la politique du théâtre,
progression qui s'inscrit dans la poursuite de l'effort engagé en faveur
du spectacle vivant.
D'après les informations communiquées par le ministère,
les crédits consacrés au spectacle vivant
s'élèveraient pour 2000 à 4 069,58 millions de
francs, en dépenses ordinaires et en autorisations de programme, soit
une progression de 4,33 % à structure constante.
Le tableau ci-après indique la répartition par chapitre des
crédits de la direction de la musique, de la danse, du
théâtre et des spectacles :
CRÉDITS DE LA DIRECTION DE LA MUSIQUE, DE LA DANSE, DU THÉÂTRE ET DES SPECTACLES
|
LFI
1998
|
LF 1999 |
PLF 2000 |
|||
TITRE III - CHAPITRE 36-60 |
|
|
|
|||
THÉÂTRES
|
|
|
82,578 |
|||
COMÉDIE FRANÇAISE |
140,216 |
142,554 |
136,610 |
|||
THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT |
61,166 |
63,150 |
66,151 |
|||
THÉÂTRE NATIONAL DE L'ODÉON |
54,285 |
54,632 |
57,193 |
|||
THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE |
39,699 |
41,970 |
45,370 |
|||
THÉÂTRE NATIONAL DE STRASBOURG |
50,254 |
50,590 |
51,589 |
|||
CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR D'ART DRAMATIQUE |
5,413 |
6,180 |
13,962 |
|||
SOUS-TOTAL THÉÂTRE |
351,033 |
359,076 |
453,453 |
|||
SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT ATTRIBUÉES À DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS DU SECTEUR DE LA MUSIQUE ET DE LA DANSE 6( * ) |
1 050,896 |
1 084,922 |
1 058,871 |
|||
TOTAL TITRE III |
1 401,934 |
1 444,04 |
1 512,329 |
|||
TITRE IV |
|
|
|
|||
CRÉDITS CENTRAUX
|
815,535
|
649,759
|
485,396
|
|||
TOTAL TITRE IV |
2 000,668 |
2 092,776 |
2 184,064 |
|||
TITRE V |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
1. MUSIQUE ET DANSE |
3 |
- |
21 |
- |
34,5 |
- |
2.
THÉÂTRE ET SPECTACLES
|
8,00
|
|
8,37
|
|
|
|
SOUS-TOTAL THÉÂTRE |
27,3 |
- |
44,76 |
- |
21,5 |
- |
TOTAL TITRE V |
30,30 |
|
65,76 |
|
56 |
|
TITRE
VI
|
116 |
67 |
|
74 |
145,4 |
82 |
2.
THÉÂTRE ET SPECTACLES
|
|
|
|
|
|
|
SOUS-TOTAL THÉÂTRE |
54,4 |
5 |
109,1 |
30 |
171,8 |
26 |
TOTAL TITRE VI |
173,10 |
72,00 |
235,30 |
104,00 |
317,20 |
|
•
Les crédits inscrits en
titre III
(moyens des services) de la
direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles
consacrés au théâtre incluent les
subventions de
fonctionnement versées aux cinq théâtres nationaux et au
conservatoire national supérieur d'art dramatique
. Ces
crédits s'élèveront en 2000 à
382,309 millions
de francs,
soit une
augmentation
à structure
constante
7(
*
)
de
6,4 %
par rapport
à 1999. Cette augmentation permet notamment de compenser la perte de
recettes résultant de l'instauration d'un tarif unique à 50
francs le jeudi, qui a été estimée à 7 millions de
francs.
• En ce qui concerne les dépenses du
titre IV
(interventions publiques) en progression de 4,3 % en 2000, la
présentation du " bleu budgétaire " comme celle des
réponses du ministère de la culture au questionnaire de votre
rapporteur ne permettent pas avec certitude d'établir la part des
crédits affectés à la politique du théâtre.
Sur les 80 millions de mesures nouvelles qui
bénéficieront au spectacle vivant, près de
33 millions de francs devraient être consacrés à la
politique du théâtre
. Néanmoins, l'affectation de ces
mesures nouvelles en titre IV entre les différentes actions n'est pas
encore définitivement arrêtée et n'a été
communiquée à votre rapporteur qu'à titre indicatif.
Les mesures nouvelles dégagées en 2000 devraient permettre :
- de renforcer le soutien aux compagnies conventionnées
(+ 12 millions de francs) ;
- de remettre à niveau la contribution de l'Etat aux scènes
nationales les moins dotées (+ 13,6 millions de francs) ;
- d'accompagner, pour les centres dramatiques nationaux, la réforme du
contrat de décentralisation (+ 5,9 millions de francs) ;
- et d'accroître l'aide aux auteurs ( 1 million de francs).
On relèvera par ailleurs que les arts de la rue et les arts du cirque
bénéficieront de mesures nouvelles qui s'élèvent
respectivement à 4 millions de francs et à 3 millions
de francs.
Les
dépenses d'investissement
consacrées au
théâtre telles qu'elles figurent dans le tableau ci-dessus
connaissent une
progression significative qui profite essentiellement aux
opérations d'aménagement et de rénovation des
théâtres ne relevant pas directement de la tutelle de l'Etat
.
Elles s'élèvent pour 2000 en autorisations de programme à
193,3 millions de francs, en progression de 25 % par rapport à
1998
.
La dotation inscrite au
titre V
(investissements exécutés
par l'Etat) s'élève à 21,5 millions de francs (soit
-51,2 %). La diminution des crédits s'explique essentiellement par
l'achèvement du centre de réserve de costumes de scène de
Moulins qui figurait parmi les grands projets en région. Les
crédits disponibles en 2000 sont destinés à poursuivre
d'une part les travaux d'aménagement et de restauration des
théâtres nationaux (12,8 millions de francs) et du
théâtre du Rond-Point (7 millions de francs) et, d'autre
part, les opérations de mise aux normes de sécurité des
locaux du conservatoire national d'art dramatique (1,7 million de francs).
Les crédits inscrits au
titre VI
(subventions d'investissement
accordées par l'Etat) s'élèvent pour 2000 à
171,8 millions de francs en autorisations de programme, soit
+ 57,4 %
par rapport à 1999. Cette progression
permettra de
conforter la politique d'équipement conduite en
partenariat avec les collectivités locales
. En effet, l'enveloppe
destinée à l'aménagement des salles municipales, des
scènes nationales, des centres dramatiques nationaux et
régionaux, des théâtres privés et des arts de la rue
et du cirque s'élève à 144,8 millions de francs en
autorisations de programme, soit une augmentation de 47,6 % par rapport
à 1999. Elle permettra non seulement la poursuite d'opérations
déjà engagées (restructuration du Cargo à Grenoble,
scène nationale de Nantes, centre dramatique régional de
Lorient...) mais aussi le lancement d'opérations nouvelles de
rénovation (théâtre de Morlaix, aménagement de
l'ilôt de la friche de la Belle de Mai de Marseille) ou
d'équipement (scène nationale de Bar-le-Duc).
B. UN SOUCI DE CLARIFICATION DES MODALITÉS D'INTERVENTION DE L'ETAT : UN CHANTIER ENCORE INACHEVÉ
1. Une volonté de clarifier les modalités d'intervention de l'Etat
A la
suite du décret n° 97-34 du 15 janvier 1997, la
déconcentration est devenue un principe fondamental de l'organisation
administrative de l'Etat. Ce texte entré en vigueur le 1
er
janvier 1998 prévoit en effet que l'ensemble des décisions
individuelles de l'Etat
8(
*
)
sont prises par le
préfet.
Parachevant un mouvement engagé depuis plus d'une vingtaine
d'années, le décret du 19 décembre 1997 a
précisé les conditions d'application de ce principe
général pour le ministère de la culture.
En raison de ses modalités et en particulier de l'importance de l'aide
à la création et à la diffusion, la politique du
théâtre avait vocation, plus que d'autres secteurs d'intervention
du ministère de la culture, à se prêter à cette
évolution.
En 1999, la direction de la musique, de la danse, du théâtre et
des spectacles a attribué 63 % de ses crédits
9(
*
)
à l'échelon
déconcentré
contre en moyenne 43 % pour l'ensemble des
crédits du ministère de la culture. En 2000, cette proportion
devrait atteindre 75 % : sur les 80 millions de francs de mesures
nouvelles dont bénéficiera la direction, 10 millions de francs
sont imputés sur crédits centraux et 70 millions de francs sur
crédits déconcentrés.
Cette année a été poursuivi le transfert aux directions
régionales des affaires culturelles de la gestion du réseau des
scènes nationales, des centres dramatiques nationaux et des compagnies
nationales, processus qui devrait être achevé en 2000. Seuls
restent gérés en administration centrale les organismes de
rayonnement national ou international, ainsi que les commandes et les aides
à la création et aux auteurs.
Votre rapporteur s'était félicité de la relance de la
déconcentration, évolution susceptible de rapprocher l'Etat de la
réalité des institutions culturelles subventionnées.
Cependant, il avait souhaité que puissent être rapidement mis en
place des instruments permettant au ministère de mieux orienter et
évaluer la politique culturelle afin notamment de répondre aux
inquiétudes des professionnels du secteur artistique et culturel, dont
certains s'étaient publiquement interrogés sur les
conséquences de ce nouveau fonctionnement de l'Etat en termes de
continuité de la politique du théâtre et des spectacles.
Afin de répondre aux craintes d'une politique culturelle à
géométrie variable et dans le même temps de tenter de
clarifier les conditions de partenariat entre l'Etat et les
collectivités territoriales, le ministère de la culture a
élaboré dès l'année dernière une
charte
des missions de service public
, document destiné à fixer le
cadre général de l'intervention de l'Etat en matière de
spectacle vivant, qui est entré en vigueur le 1
er
janvier
1999.
Cette charte pose les principes qui doivent régir les
responsabilités des équipes et des structures
subventionnées, la gestion des établissements assurant des
missions de service public et les obligations incombant à l'Etat.
Néanmoins, dans la mesure où sous bien des aspects, ses
dispositions comme ses conditions de mise en oeuvre demeuraient floues, elle
était indissociable d'une refonte des outils de la politique de soutien
à la création dramatique.
S'agissant des réseaux nationaux (théâtres nationaux,
scènes nationales), les procédures nouvelles de recrutement des
directeurs ont été modifiées afin d'en accentuer la
transparence (règles de publicité, présélection,
audition, agrément) et les critères de sélection,
définis au regard des principes de la charte. En outre, se mettent
progressivement en place les contrats d'objectifs destinés à lier
l'Etat, les collectivités territoriales et les scènes nationales.
Dans le même souci de promouvoir une contractualisation plus
précise et se prêtant de fait mieux à une
évaluation, tous les contrats de décentralisation dramatique des
centres dramatiques dont le mandat du directeur arrivait à
échéance ont été évalués par
l'inspection de la création et des enseignements artistiques avant toute
décision de renouvellement ou de non-reconduction.
Par ailleurs, afin de remédier aux rigidités des modalités
de subventionnement et de mieux les adapter aux résultats des
équipes, la réforme de l'aide aux compagnies dramatiques,
déjà partiellement mise en oeuvre dès l'année
dernière, a été précisée par une circulaire
adressée par la ministre aux préfets de région le 12 juin
1999. Sans présenter le détail du nouveau dispositif, sur lequel
votre rapporteur reviendra, on soulignera qu'elle répond à la
volonté salutaire d'accroître le caractère incitatif de ces
aides.
Répondant également à la volonté de clarifier ses
relations avec les structures subventionnées comme de tirer les
conséquences de la création de la nouvelle direction de la
musique, de la danse, du théâtre et des spectacles, a
été également engagée une réforme des
modalités du soutien aux lieux de diffusion. Consacrant l'abandon de la
catégorie des " théâtres missionnés ", a
été élaboré un nouveau label dit des
" scènes conventionnées ". Attribué pour une
période de deux ans, ce label devrait concerner à terme environ
150 scènes, notamment celles dont le caractère
pluridisciplinaire compliquait les relations avec l'administration. Il sera
attribué par voie contractuelle aux scènes présentant des
garanties minimales en matière de qualité de la programmation, de
rayonnement local, d'indépendance artistique et de professionnalisme de
la gestion. Là encore, il s'agit de rendre les mécanismes de
soutien moins rigides et de permettre au ministère d'exercer
réellement sa mission d'animation et d'orientation.
2. Des incertitudes pour l'avenir
L'augmentation des dotations consacrées au spectacle
vivant
en 1999 et en 2000 permet la remise à niveau longtemps ajournée
des aides versées par l'Etat aux structures théâtrales.
Cependant, des incertitudes pèsent encore sur l'équilibre
financier de ces structures qui devront faire face à l'application du
nouveau statut fiscal des associations, aux conséquences de la
réduction du temps de travail ainsi qu'aux modifications susceptibles
d'affecter le régime des intermittents du spectacle.
•
Les charges engendrées par les nouvelles règles
fiscales applicables aux associations
Comme le laissait craindre l'analyse de votre rapporteur, une lecture
pessimiste des nouvelles dispositions relatives à la fiscalité
des associations s'impose. L'instruction du 15 septembre 1998 puis celle du
16 février 1999 précisant les conditions d'imposition des
activités lucratives des associations entreront en vigueur le
1
er
janvier 2000, la date initialement fixée ayant
été reportée compte tenu des difficultés que
suscitaient leurs dispositions.
Force est de constater que l'application des critères qu'elles
définissent devrait se traduire par l'assujettissement aux impôts
commerciaux de nombreuses associations culturelles ayant une activité
dans le domaine du théâtre, à titre principal pour celles
dont la gestion n'a pas un caractère désintéressé
ou à titre accessoire pour les activités de celles dont la
gestion est désintéressée -ce qui correspondra sans doute
à un petit nombre d'entre elles.
En effet, les documents élaborés par le ministère des
finances pour préciser les conditions d'application de ces instructions
indiquent qu'en ce qui concerne les activités artistiques et
culturelles,
" l'appréciation des critères permet donc
d'orienter l'analyse vers l'assujettissement des structures professionnelles,
sauf circonstances particulières, et vers le non-assujettissement des
structures caractérisées par la pratique en amateur même si
ces dernières font appel épisodiquement à des
professionnels dès lors que le volume des activités payantes
reste faible et que l'activité demeure occasionnelle ".
Pour l'heure, les incidences de ce nouveau régime fiscal pour les
structures théâtrales constituées sous forme d'association
-qui sont pourtant fort nombreuses- n'ont pas été
mesurées, faute notamment d'une connaissance statistique précise
de ces structures.
En ce qui concerne les plus petites d'entre elles, ces mesures ne devraient pas
avoir de conséquences majeures grâce à la
possibilité d'exonération de taxe professionnelle ouverte par la
loi de finances pour 1999 au profit des entreprises de spectacle. On
relèvera qu'afin de faire bénéficier de cette mesure le
plus grand nombre possible d'associations, le projet de loi de finances
prévoit à titre exceptionnel que les délibérations
des collectivités locales relatives à cette exonération
auront pu valablement être prises jusqu'au 15 octobre 1999 -au lieu du
1
er
juillet 1999 comme la loi de finances pour 1999 le
prévoyait- pour être applicables en 2000. En effet, peu de
collectivités locales avaient, à cette date, pris des
délibérations en ce sens.
Par ailleurs, en ce qui concerne les associations sans but lucratif, votre
rapporteur se félicitera que l'article 8 du projet de loi de finances
pour 2000 prévoit une exonération d'impôts commerciaux pour
les activités lucratives accessoires si leurs recettes n'excèdent
pas 250 000 francs par an. Cette exonération concerne
également la taxe professionnelle et la taxe sur la valeur
ajoutée. Une telle disposition apparaît également de nature
à atténuer les difficultés que risquaient
d'entraîner les nouvelles règles fiscales pour les structures
théâtrales les plus modestes.
•
Les conséquences incertaines de l'application de la
réduction du temps de travail
Les modalités d'application de la réduction du temps de travail
dans les structures théâtrales à l'instar des
conséquences des nouvelles règles fiscales applicables aux
associations, n'ont pas encore fait l'objet d'appréciation par le
ministère qui, interrogé sur ce point par votre rapporteur, a
déclaré ne pas être à même de fournir une
estimation de leur coût.
Votre rapporteur ne peut qu'inciter le ministère à étudier
avec soin cette question qui risque de se traduire pour les structures
théâtrales par des difficultés notamment pour les plus
petites d'entre elles dont l'équilibre budgétaire est
déjà précaire.
•
Vers un règlement des difficultés du régime
des intermittents ?
Le théâtre dramatique, comme l'ensemble du secteur du spectacle
vivant, se caractérise par une organisation du travail spécifique
fondée en grande partie sur le salariat intermittent.
Ce salariat, qui repose sur des contrats à durée
déterminée, entrecoupés par des périodes de
chômage, est par nature précaire et a justifié la mise en
place d'un régime spécifique d'indemnisation.
Les difficultés économiques qui ont affecté le secteur du
spectacle vivant et de l'audiovisuel, et la progression rapide de la
précarité de l'emploi qui en a résulté ont eu pour
effet d'aggraver le déséquilibre structurel des annexes VIII et X
de l'UNEDIC.
A la suite de la menace formulée par les organisations patronales en
novembre 1996 de ne pas les reconduire, le gouvernement a pris l'engagement de
mettre en oeuvre des mesures destinées à remédier aux
difficultés de ce régime, engagement qui avaient permis la
reconduction des annexes jusqu'au 31 décembre 1998.
Plusieurs des mesures annoncées ont été mises en oeuvre.
L'ordonnance sur les spectacles a été réformée par
la loi du 18 mars 1999. Grâce au regroupement des organisations
patronales au sein de la FESAC (fédération des entreprises du
spectacle vivant, de la musique, de l'audiovisuel et du cinéma), une
commission mixte paritaire a pu être mise en place afin de
déterminer les conditions dans lesquelles les employeurs peuvent
recourir au contrat de travail à durée déterminée,
conditions désormais formalisées dans l'accord signé le 12
octobre 1998. Enfin, rendue obligatoire par arrêté du
15 janvier 1999, la généralisation du guichet unique pour
les déclarations et le recouvrement des cotisations des organisateurs
occasionnels de spectacles vivants est désormais possible.
Les annexes ont été à nouveau reconduites le 20 janvier
1999 jusqu'au 31 décembre 1999. Cette reconduction prend en compte d'une
part les dispositions adoptées le 27 avril 1997 relatives au mode de
calcul de l'allocation journalière de chômage des techniciens de
l'audiovisuel sur la base du salaire réel et, d'autre part, les termes
de l'accord du 12 octobre 1998 sur le contrat dit " d'usage ".
Les représentants des employeurs ont assorti cette reconduction de
conditions : les résultats de l'année 1999 devront
refléter les effets positifs des mesures prises pour améliorer le
dispositif d'indemnisation et une négociation entre les partenaires
sociaux devra aboutir à la réduction du déficit en trois
ans de l'ordre de 50 %. C'est donc au vu des résultats obtenus en
ce sens en 1999 que le MEDEF devrait fixer sa position d'ici la fin de
l'année.
Sans préjuger de l'issue des négociations entre les partenaires
sociaux, on soulignera qu'outre l'accord destiné à
préciser les conditions d'application du contrat d'usage, les mesures
prises, si elles sont destinées à clarifier le dispositif, ne
devraient pas se traduire par une réduction significative des
périodes d'indemnisation.
II. LES CRÉDITS CONSACRÉS AU THÉÂTRE PUBLIC
A. LES THÉÂTRES NATIONAUX
1. Les subventions de fonctionnement
Les
théâtres nationaux, aujourd'hui au nombre de 5, sont
constitués, pour certains depuis une date relativement récente,
en établissements publics à caractère industriel et
commercial. Si ces établissements assument une même mission de
service public, chacun d'entre eux s'est vu attribuer une vocation artistique
particulière.
La Comédie française
, seule institution à disposer
d'une troupe permanente, présente des oeuvres du patrimoine mais
également des pièces contemporaines admises à son
répertoire par son comité de lecture. Au-delà, elle joue
un rôle indéniable de conservatoire vivant de tous les
métiers artistiques, artisanaux et techniques du spectacle vivant.
Le théâtre national de Chaillot
doit rassembler un
très large public par une programmation diversifiée et remplir
ainsi une mission de grand théâtre populaire.
Le théâtre national de la Colline
se consacre à la
création d'oeuvres du XXème siècle et en particulier
d'auteurs vivants.
Le théâtre national de l'Odéon
est devenu
" théâtre de l'Europe " en 1990 afin de produire,
coproduire ou diffuser de grands spectacles européens classiques ou
contemporains et d'accueillir des artistes européens.
Le théâtre national de Strasbourg
, seul
théâtre national créé à ce jour en
région, a pour vocation la recherche théâtrale
contemporaine. Il comprend une Ecole supérieure formant des
comédiens, des scénographes et des régisseurs.
Relevant de la responsabilité directe de l'Etat, ces
établissements jouent un rôle déterminant dans la politique
conduite par le ministère de la culture dans le domaine du
théâtre. Pour cette raison, votre rapporteur considère
comme particulièrement opportune l'instauration à partir du
1
er
janvier 2000 d'un tarif unique fixé à 50
francs le jeudi. Il forme le voeu que cette initiative soit suivie dans
l'ensemble des réseaux de la diffusion dramatique. L'incidence de cette
mesure, évaluée à 7 millions de francs, fait l'objet comme
on l'a déjà indiqué d'une compensation sur la subvention
de fonctionnement des théâtres nationaux.
En 2000, les
subventions de fonctionnement accordées
aux
cinq
théâtres nationaux s'élèvent,
à structure
budgétaire constante à
368,35 millions de francs
,
soit une progression de
4,3 %
par rapport à 1999.
Le tableau suivant retrace l'évolution des subventions d'exploitation
des cinq théâtres nationaux :
Théâtres dramatiques nationaux |
1997 |
Variations
|
1998 |
Variations
|
1999 |
Variations
|
2000 |
Variations 1999-2000
|
Comédie Française (1)(2) |
136,72 |
- 2,2 |
140,21 |
+ 2,6 |
142,55 |
+ 1,66 |
148,053 |
+ 3,86 |
Théâtre de Chaillot (1) |
61,10 |
- 0,4 |
61,16 |
+ 0,1 |
63,15 |
+ 3,23 |
66,151 |
+ 4,75 |
Théâtre de l'Europe (1) |
51,81 |
- |
54,81 |
- |
54,63 |
+ 4,8 |
57,193 |
+ 0,6 |
Théâtre de la Colline (1) |
38,92 |
+ 2,2 |
39,66 |
+ 1,9 |
41,97 |
+ 5,7 |
45,37 |
+ 8,1 |
Théâtre de Strasbourg (1)(3) |
46,77 |
+ 1,3 |
50,25 |
+ 7,4 |
50,59 |
+ 0,67 |
51,58 |
+ 1,9 |
TOTAL |
335,42 |
- 0,5 |
345,56 |
+ 4,7 |
352,89 |
+ 2,12 |
368,35 |
+ 4,3 |
(1)
Subventions d'exploitation des crédits du chapitre 36.60
(2) et caisse de retraite
(3) Subventions du théâtre et de l'école nationale de
Strasbourg
L'augmentation des subventions de fonctionnement résulte pour
moitié de la compensation de l'instauration d'un tarif unique le jeudi.
L'estimation du coût de cette mesure est fonction à la fois de la
jauge du théâtre, de son taux de fréquentation et du tarif
moyen actuellement constaté.
Le coût de la mise en place d'un tarif unique à 50 F tous les
jeudis dans ces établissements a été estimé comme
suit en année pleine :
Théâtre national |
en millions de francs |
Comédie-Française |
2,41 |
Théâtre national de Chaillot |
2,01 |
Théâtre national de la Colline |
8,5 |
Théâtre national de l'Odéon |
1,56 |
Théâtre national de Strasbourg |
0,17 |
TOTAL |
7 |
Hors compensation tarifaire, la répartition de ces crédits, comparable à celle constatée en 1999, fait apparaître une priorité marquée en faveur du théâtre de la Colline dont les moyens de production artistique sont renforcés (+ 6 %). Les crédits des théâtres de Chaillot, de l'Odéon et de la Comédie française progressent également mais dans une moindre mesure ; soit respectivement de + 1,58 %, + 1,8 % et 2,16 %. Le théâtre national de Strasbourg ne connaît qu'une faible augmentation de ses dotations (+ 0,55 %).
2. Les crédits d'équipement
En 2000,
les crédits d'investissement consacrés aux théâtres
nationaux s'éléveront :
- pour le titre V, à 12,8 millions de francs en autorisations de
programme ;
- et pour le titre VI, à 26 millions de francs en autorisations de
programme.
B. LE RÉSEAU DE LA DÉCENTRALISATION DRAMATIQUE
Comme en
1999, le réseau de la décentralisation dramatique
bénéficiera de l'accroissement des moyens d'intervention en
faveur du spectacle vivant prévu par le projet de loi de finances pour
2000. Cette évolution s'inscrit dans la politique d'ensemble conduite
par le ministère pour renforcer les moyens de production des structures
dramatiques.
•
Les centres dramatiques
En 1999, on recensait 27 centres dramatiques nationaux, 6 centres dramatiques
nationaux pour l'enfance et la jeunesse et 12 centres dramatiques
régionaux. Leur activité pour la saison 1998 est retracée
dans le tableau ci-dessous.
Type |
Nombre |
Nombre de créations |
Nombre de représentations |
Nombre
de
|
C.D. Nationaux |
27 |
88 |
5 237 |
1 298 108 |
C.D.N. enfance et jeunesse |
6 |
10 |
1 738 |
303 568 |
C.D. Régionaux |
12 |
46 |
1 213 |
249 307 |
TOTAL |
45 |
144 |
8 188 |
1 850 983 |
En
1999, 326 millions de francs ont été consacrés aux centres
dramatiques
et aux centres nationaux pour l'enfance et la jeunesse, soit
une augmentation de 3 % par rapport à 1998. En 2000, cet effort
devrait être poursuivi grâce à des
mesures nouvelles d'un
montant de 5,9 millions de francs.
On rappellera que les centres dramatiques nationaux sont liés à
l'Etat par un contrat
de décentralisation
mis en place
progressivement à partir de 1995, et aux collectivités locales
par des conventions qui fixent notamment les conditions dans lesquelles sont
mis à leur disposition des locaux. En 1999, 12 nouveaux contrats de
décentralisation ont été signés. Pour les centres
dramatiques dont le mandat du directeur arrivait à
échéance, la nouvelle procédure d'évaluation a
été conduite par le service de l'inspection de la création
et des enseignements artistiques.
En ce qui concerne les centres dramatiques régionaux, des conventions
inspirées des contrats de décentralisation sont passées
entre les structures et l'ensemble des collectivités publiques
participant à leur financement.
La réflexion engagée à l'occasion de la
déconcentration devrait favoriser une harmonisation des pratiques qui
permettrait de généraliser à l'ensemble des centres
dramatiques des conventions pluripartites à l'image de celles qui
prévalent aujourd'hui pour les seuls centres régionaux.
•
Les scènes nationales
Les scènes nationales
qui regroupent environ 60
établissements sur l'ensemble du territoire
bénéficiaient en 1999 d'une subvention de 264 millions de
francs. Des mesures nouvelles d'un montant de 13,6 millions de francs
permettront de renforcer ce réseau
, notamment en procédant
aux remises à niveau nécessaires pour les scènes les moins
bien dotées.
Si aucun contrat ne lie l'Etat à ces structures, il existe en revanche
des conventions les liant aux communes, pour la mise à disposition de
locaux. Les scènes nationales sont gérées dans leur grande
majorité, par des associations, les collectivités publiques
partenaires étant représentées au conseil d'administration
en tant que membre de droit. Celles-ci sont donc théoriquement en mesure
de se prononcer sur les choix importants pour l'activité de ces
structures. Cette situation devrait évoluer avec la mise en place
progressive des
contrats d'objectifs
, signés entre l'Etat, les
collectivités territoriales qui financent pour plus de 15 % et les
structures elles-mêmes, conformément aux circulaires du 30 avril
1997 et du 8 janvier 1998, adressées par la ministre chargée de
la culture aux préfets.
Comme nous l'indiquions plus haut, un nouvel instrument de
décentralisation dramatique a été mis en place en 1999
dans le souci de relancer la politique de soutien à la
création :
" les scènes
conventionnées ".
Ce label qui sera mis en place
progressivement concernera à terme 150 lieux financés en
partenariat entre l'Etat et les collectivités locales. On soulignera
qu'il ne s'appliquera pas seulement à des structures
théâtrales mais également aux plateaux pour la danse et aux
contrats " musiques nouvelles ", ce qui à l'évidence ne
contribuera guère à faciliter l'identification des crédits
consacrés à la politique du théâtre. Les
scènes seront éligibles sur la base d'un programme d'action
précis, faisant l'objet d'une convention d'une durée maximale de
3 ans reconductible. La subvention annuelle versée par l'Etat se situera
entre 250 000 francs et un million de francs afin d'être d'un
montant significatif tout en demeurant sensiblement inférieure au
plancher de principe de l'aide accordée aux scènes nationales.
III. LA POLITIQUE DE SOUTIEN À LA CRÉATION ET À LA DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX TALENTS
Plusieurs types d'aides sont accordées aux compagnies dramatiques indépendantes, aux théâtres privés et aux auteurs dramatiques.
A. L'AIDE AUX COMPAGNIES DRAMATIQUES
En
1999, le montant des crédits affectés aux compagnies dramatiques
indépendantes s'est élevé à
174 millions de
francs
, contre 160 millions de francs en 1998, soit une progression de
8,75 %.
En 2000, elles devraient bénéficier d'une mesure
nouvelle de 12 millions de francs
destinée à accompagner la
mise en oeuvre de la réforme de l'aide aux compagnies.
L'aide aux compagnies joue un rôle central dans la politique du
théâtre. En effet, outre leur contribution déterminante
à la création théâtrale et à son
renouvellement, les compagnies participent aux différents aspects de
l'action conduite par le ministère, qu'il s'agisse du partenariat avec
les établissements scolaires, des projets en faveur des publics
défavorisés ou des efforts d'aménagement culturel du
territoire.
Reposant traditionnellement sur trois types d'aide (aide annuelle au
fonctionnement, aide au projet, conventionnement pluriannuel), le dispositif de
soutien mis en place au début des années 1980 puis modifié
une première fois en 1991 afin de garantir aux compagnies les plus
expérimentées un financement plus stable s'est
révélé trop rigide. Insuffisamment sélectif, il
favorisait un certain émiettement de l'intervention de l'Etat
préjudiciable à son efficacité. Au cours des
dernières années, on avait pu constater, dans un contexte de
stagnation, voire de régression, des crédits une augmentation
régulière du nombre de compagnies aidées. Une
réflexion avait été engagée avec les professionnels
afin de tirer les conséquences de ce constat. La sensible progression
budgétaire dont a bénéficié le spectacle vivant en
1999 a été l'occasion d'engager une réforme des
modalités d'attribution du soutien de l'Etat aux compagnies.
Les grands axes de la réforme consistent dans la suppression de l'aide
au fonctionnement annuel
10(
*
)
, qui
n'était pas suffisamment incitative, au profit d'un recentrage du
système sur deux types d'aides :
- une aide à la production dramatique, sur projet, qui peut ne pas
être renouvelée ;
- une aide sous forme de conventionnement sur trois ans réservée
aux compagnies dont le rayonnement, la régularité de la
production, les capacités de recherche, de création et de
diffusion ont été relevées par les comités
d'experts travaillant auprès des directions régionales des
affaires culturelles.
Il est encore trop tôt pour tirer un bilan définitif de cette
réforme qui, au demeurant, sera mise en oeuvre de manière
progressive. Le nombre des compagnies aidées, qui s'établit en
1999 à 624, demeure supérieur à la moyenne des cinq
dernières années ; on relèvera que le nombre des
compagnies aidées au titre de l'aide au fonctionnement a sensiblement
diminué (107 contre 220 en 1998) et qu'à l'inverse le nombre des
aides à la production et des compagnies conventionnées a
nettement progressé (respectivement 261 et 215 contre 227 et 163 en
1998). On ne peut qu'espérer que ces chiffres témoignent de
l'évolution vers un système de subventionnement plus facile
à piloter au regard des priorités de la politique culturelle.
B. LE SOUTIEN AU THÉÂTRE PRIVÉ
Le
soutien accordé par l'Etat au théâtre dramatique
privé est assuré par le
fonds de soutien au
théâtre privé
. Ce fonds, géré par les
professionnels, sous forme associative, est alimenté par quatre types de
recettes : une taxe parafiscale prélevée sur les recettes
d'exploitation des adhérents, des cotisations volontaires des
théâtres souhaitant bénéficier de l'aide à
l'équipement et des subventions versées par l'Etat et la ville de
Paris.
Confrontés à une baisse de la fréquentation et à un
accroissement du coût des productions, les théâtres
rencontrent des difficultés croissantes pour amortir les spectacles
qu'ils créent. L'aide consentie par l'Etat a donc pour vocation de
renforcer leur situation financière afin de soutenir l'offre
théâtrale.
En 1998, dernière année pour laquelle votre rapporteur dispose
d'informations complètes, le budget de l'association s'est
élevé à 90,859 millions de francs, contre 87,57
millions de francs en 1997. Le produit de la taxe parafiscale (24,809 millions
de francs) et les cotisations volontaires (20,5 millions de francs)
représentent près de la moitié de ces recettes. Le
concours de l'Etat atteignait 24,8 millions de francs et celui de la ville de
Paris 19 millions de francs. Ces contributions ont été
complétées par une subvention de l'ADAMI à hauteur d'un
million de francs et par une aide de 750 000 francs versée par la
SACD.
Pour l'exercice 1999, la subvention versée par l'Etat s'élevait
à 23,3 millions de francs et celle versée par la ville de
Paris à 20,5 millions de francs. Le budget pour 1999 du fonds de soutien
au théâtre privé prévoit une recette de cotisations
volontaires d'environ 18 millions de francs et estime le produit de la taxe
parafiscale à 18,3 millions de francs, ce qui porterait le montant total
des recettes du fonds à 80,1 millions de francs.
C. L'AIDE AUX AUTEURS DRAMATIQUES
En
1999, les crédits consacrés à l'action menée en
faveur des auteurs dramatiques ont bénéficié d'une forte
progression, passant de 13,63 millions de francs à 15,8 millions de
francs. En 2000, ils bénéficieront d'une mesure nouvelle de 1
million de francs.
Cette action repose sur un dispositif d'aides à l'écriture mais
également sur les commandes publiques et le soutien apporté au
fonctionnement du centre national des écritures du spectacle.
•
Les aides à la création dramatique
Réformé en 1995 afin de promouvoir une plus grande
diversité des oeuvres aidées, le dispositif de soutien aux
auteurs dramatiques s'appuie désormais sur quatre types d'aides :
-
l'aide au montage
, réservée aux textes recueillant
l'unanimité des lecteurs. Son montant est fixé en fonction de
l'importance du projet et est mis à disposition de l'auteur pendant
trois ans ;
-
l'aide d'encouragement
à l'auteur comprise entre 4 000 et
30 000 francs, destinée aux jeunes auteurs dont le talent a
été jugé prometteur.
Parallèlement à ces deux dispositifs issus de la réforme
de 1995, ont été maintenues :
- les aides à "
la recherche théâtrale
"
destinées à soutenir les projets associant plusieurs modes
d'expression ;
- et
les aides à la première reprise
dont la vocation est
d'encourager la reprise de textes qui ont bénéficié de
l'aide à la création dramatique lors de leur montage.
•
Les commandes publiques aux auteurs
La politique de soutien aux auteurs dramatiques s'appuie également sur
des commandes publiques aux auteurs dans le cadre d'un dispositif
institué en 1982.
Ces commandes sont attribuées à un projet conçu par un
auteur et un organisme théâtral subventionné par le
ministère de la culture. Leur montant est de 40 000 francs
pour un texte original et de 20 000 francs pour les adaptations.
En 1999, lors de la première session d'avril, la commission a retenu 15
projets pour un montant global de 720 000 francs.
Parallèlement, en 1999, dans le cadre du " printemps
théâtral " organisé par les ministères de
l'éducation nationale et de la culture, a été mise en
place une aide à l'écriture de textes dramatiques destinés
au jeune public dans le cadre de collaborations entre des auteurs et des
établissements scolaires.
•
Le centre national des écritures du spectacle
La Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon, devenue en 1990 centre national des
écritures du spectacle, exerce sa mission d'aide à
l'écriture dramatique en accueillant en résidence des artistes,
mais également en organisant des lectures, notamment dans le cadre du
festival d'Avignon, et des rencontres entre auteurs et compagnies.
L'évolution du montant des crédits consacrés aux
différents dispositifs d'aide à l'écriture dramatique
entre 1998 et 1999 est retracée dans le tableau ci-dessous.
|
1998 |
1999 |
Aide à la création dramatique |
5,1 |
6,2 |
Commande publique |
1,34 |
1,5 |
CIRCA (Centre national des écritures de Villeneuve-Lez-Avignon) |
7,1 |
8,1 |
(en millions de francs)
D. L'ENSEIGNEMENT DE L'ART DRAMATIQUE
Le
ministère de la culture contribue à la formation de futurs
professionnels en soutenant les écoles spécialisées et les
classes d'art dramatique des conservatoires mais favorise également
l'accès du plus grand nombre à la pratique de l'art dramatique.
•
La formation professionnelle
Pour assurer cette mission, le ministère conduit plusieurs types
d'actions.
En matière
d'initiation et de sensibilisation
, le
ministère de la culture a mis en place avec le ministère de
l'éducation nationale un baccalauréat " théâtre
et expression dramatique " (série L). Pour l'année scolaire
1998-1999, le nombre de lycées dispensant cet enseignement
s'élevait à 115, ce qui représente un effectif de
12 842 élèves. Les crédits destinés à
assurer la rémunération des équipes artistiques assurant
en collaboration avec les enseignants l'encadrement de cet enseignement
s'élevaient en 1999 à
11,7
millions de francs.
Par ailleurs devraient être progressivement
généralisés dans les lycées des ateliers
d'expression artistique qui ne s'adressent pas seulement aux
élèves suivant les enseignements obligatoires et optionnels. Ces
ateliers seront animés par des intervenants extérieurs,
encadrés par des enseignants, dont la rémunération sera
prise en charge par les ministères de la culture et de
l'éducation nationale.
• De manière générale, force est de constater que
l'enseignement du théâtre apparaît comme l'un des moins
structurés et des moins développés des enseignements des
différentes disciplines artistiques relevant du ministère de la
culture et se trouve, de fait, largement assuré par des initiatives
privées.
La
formation des jeunes comédiens
est dispensée par les
conservatoires nationaux de région, les écoles nationales de
musique, de danse et d'art dramatique et les écoles municipales de
musique, dont le rôle, outre la mission d'initiation, est de
préparer aux concours des écoles supérieures.
Au sein de ces établissements dont le financement ressort principalement
des collectivités locales, l'enseignement dramatique n'occupe qu'une
place réduite et apparaît, avec environ 1 800
élèves, fort mal représenté.
Compte tenu de la faiblesse des débouchés au sein de cette
filière, le ministère de la culture n'avait d'ailleurs pas
éprouvé depuis 1993 la nécessité d'organiser de
sessions de certificat d'aptitude aux fonctions de professeur d'art dramatique
permettant de se présenter aux concours de la fonction publique
territoriale.
Seuls les conservatoires nationaux de régions et les écoles
nationales de musique bénéficient de subventions de
fonctionnement du ministère de la culture. Le montant global de ces
subventions s'élèvent en 2000 à 181,9 millions de
francs (soit + 4,6 % par rapport à 1999). Les informations fournies
par le ministère ne permettent pas d'identifier la part de ces
crédits bénéficiant au seul enseignement du
théâtre.
L'enseignement supérieur
du théâtre est
principalement assuré par deux écoles nationales d'art
dramatique, le conservatoire national supérieur d'art dramatique et
l'école du théâtre national de Strasbourg.
- le
conservatoire national supérieur d'art dramatique
dispense
un enseignement gratuit de formation au métier de comédien. Il
bénéficie en 2000 d'une subvention de fonctionnement de
13,962 millions de francs, dont la progression résulte des mesures
de résorption du nombre de vacataires.
-
l'école supérieure d'art dramatique du théâtre
national de Strasbourg
, intégrée au théâtre de
Strasbourg, dispense également une formation destinée aux
comédiens professionnels et aux techniciens du spectacle
(régisseurs et décorateurs - scénographes).
D'autres enseignements à caractère professionnel sont
cofinancés par l'Etat et les collectivités locales, par voie de
convention. Il s'agit :
• des ateliers dramatiques des centres dramatiques nationaux de Rennes
et de Saint-Etienne ;
• des classes professionnelles des départements d'art dramatique
des conservatoires nationaux de région de Bordeaux et de
Montpellier ;
• des écoles du théâtre national de Bretagne et de la
comédie de Saint-Etienne ;
• de l'école régionale d'acteurs de Cannes ;
• et d'organismes divers comme l'école supérieure de la
marionnette.
En 1999, le montant total des crédits consacrés par le
ministère de la culture et de la communication à l'enseignement
dramatique spécialisé à vocation professionnelle
s'élevait à 46,22 millions de francs. Cette enveloppe sera
reconduite en 2000 ; des redéploiements permettront la mise en
place d'une nouvelle formation professionnelle de l'acteur en région
Nord-Pas-de-Calais et l'organisation d'un deuxième examen pour
l'accès au certificat d'aptitude aux fonctions de professeur d'art
dramatique dans les écoles de musique contrôlées par l'Etat.
En dépit du soutien accordé par l'Etat à l'enseignement
dramatique, il apparaît qu'une large part de l'enseignement public de
l'art dramatique est financée par les collectivités locales.
Cette situation se traduit par des charges souvent très importantes pour
les communes et par de grandes disparités géographiques dans
l'offre de formation, disparités bien plus importantes que celles
constatées pour l'enseignement de la musique.
•
La pratique amateur
La répartition des compétences entre l'Etat et les
collectivités locales en matière d'enseignement de l'art
dramatique, conjuguée au fait que la tutelle du théâtre
amateur relève non du ministère de la culture mais du
ministère de la jeunesse et des sports, n'a pas permis la mise en place
d'une réelle politique du théâtre amateur, ce dernier ne
bénéficiant pas, à la différence de ce qui
prévaut pour la musique, d'un véritable réseau. Or, le
développement de la pratique amateur apparaît comme une des
conditions d'une politique de théâtre plus ambitieuse et plus
proche du public.
Votre rapporteur s'était félicité l'an dernier de la
volonté exprimée par la ministre de la culture et de la
communication de développer le soutien accordé aux
activités artistiques amateur. Pour l'heure, les bonnes intentions ne se
sont traduites que par des avancées modestes.
Un groupe de travail commun au ministère de la culture et de la
communication et au ministère de la jeunesse et des sports, dont les
conclusions devraient être prochainement rendues publiques, a
été constitué afin de clarifier les compétences
respectives des deux administrations et de préciser les
possibilités de partenariat.
Par ailleurs, conformément aux dispositions de la circulaire du
15 juin 1999 qui a posé les objectifs de la politique du
ministère de la culture en ce domaine devraient être
élaborés en 2000 par les DRAC des plans régionaux de
développement des pratiques amateurs dont la mise en oeuvre repose sur
les services déconcentrés du ministère.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue le
mardi 23 novembre 1999
, la commission a
procédé à l'examen du rapport pour avis de
M. Marcel
Vidal sur les crédits pour 2000 du cinéma et du
théâtre dramatique.
Mme Danièle Pourtaud
, observant que l'accélération du
rythme de création de multiplexes coïncidait avec le recul des
parts de marché du cinéma français, a souhaité
obtenir des précisions sur le calendrier retenu pour réformer la
procédure d'autorisation des multiplexes.
M. Jean-Pierre Fourcade
s'est interrogé sur l'évolution
des crédits d'investissement destinés aux théâtres
qui ne sont pas des théâtres nationaux.
M. Gérard Collomb
, évoquant à son tour les
conséquences du développement des multiplexes, s'est
déclaré favorable, plutôt qu'à un contingentement de
leur nombre, à des solutions privilégiant la prise en compte de
l'impact de ces équipements sur l'équilibre du tissu urbain.
Après avoir souligné qu'une telle démarche exigeait de la
part des collectivités territoriales un effort de planification, il a
cité l'exemple du schéma d'implantation des équipements
culturels établi pour Lyon et les effets très positifs qui en
étaient résultés pour l'ensemble de l'agglomération.
En réponse aux intervenants,
M. Marcel Vidal, rapporteur pour
avis,
a indiqué que les multiplexes apparaissaient désormais
comme un mal nécessaire. On recense aujourd'hui 50 multiplexes et 30
nouveaux projets en cours d'examen. Les professionnels du cinéma sont
désormais unanimes pour reconnaître la nécessité
d'aménager la procédure d'octroi des autorisations. Les
conclusions du rapport confié à M. Francis Delon, qui
devraient être connues d'ici la fin de l'année, permettront de
dégager des voies de réforme. La modification de la composition
des commissions afin d'accroître la représentation des
professionnels du cinéma et des services du ministère de la
culture apparaît souhaitable. Par ailleurs, dans un souci bien compris
d'aménagement du territoire, il pourrait être opportun de
substituer aux actuelles commissions départementales des commissions
régionales.
Enfin, le rapporteur pour avis a indiqué que la progression de 25 %
des autorisations de programme consacrées aux théâtres
bénéficiait essentiellement aux opérations
d'aménagement et de rénovation des théâtres ne
relevant pas directement de la tutelle de l'Etat. L'enveloppe destinée
à ces théâtres s'élèvera en 2000 à
144,8 millions de francs, en augmentation de 47,6 % par rapport
à 1999. Cette progression significative rendue possible par
l'achèvement du centre du costume de scène de Moulins
témoigne d'une volonté de rééquilibrage susceptible
de conforter la politique conduite par les collectivités territoriales.
A l'issue de ce débat, la
commission
, suivant les propositions de
son rapporteur, a décidé, à l'unanimité des
commissaires présents, de
donner un avis favorable à
l'adoption des crédits pour 2000 du cinéma et du
théâtre dramatique.
1
Il s'agit au sens de la nomenclature
du CNC
d'établissements ayant effectué au cours de l'année
considérée au moins une projection déclarée au CNC.
2
L'obligation s'applique aux propriétaires de salles qui
réalisent 0,5 % des entrées sur le territoire
métropolitain pour leurs salles qui recueillent plus de 25 % (ou
8 % en région parisienne) des entrées ou des recettes dans
leur zone d'attraction.
3
Rapport rédigé par Mme Francine Mariani Ducray,
inspecteur général de l'administration au ministère de la
culture et M. Didier Motchane, conseiller maître à la cour des
comptes.
4
Hors dépenses de personnel et fonctionnement de l'Etat.
5
La création de l'article 48 permettant d'isoler les
subventions versées aux caisses de retraite de la Comédie
française et de l'Opéra national de Paris entraîne un
transfert vers ce nouvel article de 11,443 millions de francs
prélevé sur la dotation de la Comédie Française et
de 68,63 millions de francs sur celle de l'Opéra national de Paris.
6
Cette catégorie comprend : l'Opéra national de
Paris, les CNSM de Paris et de Lyon, le centre national de la danse,
l'école de danse, la cité de la musique et l'établissement
public du parc et de la halle de la Villette.
7
Y compris la dotation versée à la caisse de retraite
de la Comédie française
8
À l'exception de celles concernant les agents de l'Etat
9
Hors charges en personnel, dotations décentralisées
et dotations des établissements publics
10
Cette aide était destinée jusqu'ici aux compagnies
dont le travail était jugé satisfaisant mais dont la
notoriété n'avait pas atteint le niveau récessaire pour
bénéficier du conventionnement.