3. Une nécessaire réforme des aides à l'investissement locatif social
Les PLA
apparaissent incontestablement comme un produit à la fois coûteux
et complexe pour les organismes constructeurs de logements sociaux.
Pourtant, le Gouvernement considère que, "
en ce qui concerne
les logements sociaux, la réforme de leur financement peut
désormais être considérée comme
achevée
"
3(
*
)
.
Votre commission ne partage pas ce point de vue. Bien au contraire, elle
estime urgent de réformer en profondeur les aides à
l'investissement locatif social.
Plusieurs pistes de réformes peuvent ainsi être explorées.
•
La diminution du coût de la ressource
Les PLA sont actuellement assujettis à un taux d'intérêt
réel trop élevé pour assurer l'équilibre financier
des opérations.
Deux solutions sont envisageables pour alléger le coût de la
ressource.
L'allongement de la durée des prêts serait possible. Toutefois,
la marge de manoeuvre reste étroite dans la mesure où leur
durée est déjà de 30 à 32 ans.
La diminution du taux d'intérêt est une voie plus praticable.
Actuellement, le PLA est financé quasi essentiellement sur les
ressources du livret A dont le taux d'intérêt est de 3 %. A
ce taux s'ajoute une rémunération des organismes collecteurs
(1,2 % pour les caisses d'épargne et 1,5 % pour la Poste).
Dans ces conditions, il serait possible de diminuer le taux
d'intérêt du PLA soit en baissant le taux de
rémunération du livret A, soit en réduisant la
rémunération des organismes collecteurs. Toutefois, il
apparaît délicat d'abaisser la rémunération d'une
épargne à laquelle sont attachés les ménages
modestes et dont le taux réel net d'impôt, qui sera de 1,7 %
en 1999, si on prend en compte les prévisions de hausse des prix
à la consommation, ne semble pas déraisonnable. En outre, la
diminution des taux n'exercerait d'effets réels qu'à moyen terme
sur l'équilibre financier des opérations PLA, à moins de
réaligner le taux de l'encours des prêts.
•
La simplification des aides
Le régime des PLA est en effet extrêmement complexe et opaque.
Ainsi, 15 à 16 types de PLA coexistent suivant des régimes
différents.
Le tableau ci-dessous recense les différents
régimes des PLA actuellement versés par la Caisse des
dépôts. A ces PLA, il faut ajouter les PLA contractés avant
la réforme de 1998 et les PLA versés par le Crédit foncier
de France. La multiplicité des PLA accroît alors la
complexité du système.
Régime des PLA de la Caisse des dépôts
(en %)
Type de PLA |
Taux de TVA applicable |
Taux de subvention |
Taux d'intérêt nominal du prêt |
||||
Construction neuve |
|
|
|
||||
- PLA " normal " |
5,5 |
0 |
4,3 |
||||
- PLA-LM |
5,5 |
8 à 13 |
3,8 |
||||
- PLA-I |
5,5 |
20 |
3,8 |
||||
- PLA " expérimental " |
5,5 |
3 |
nc |
||||
- PLA " construction-démolition " |
5,5 |
12 |
3,8 |
||||
Acquisition-amélioration |
|
|
|
||||
- PLA " normal " |
5,5 |
5 |
4,3 |
||||
- PLA-LM |
5,5 |
13 à 18 |
4,3 |
||||
- PLA-I |
5,5 |
20 à 25 |
4,3 |
La
complexité des PLA est encore accrue par les lourdeurs administratives
présidant à la délivrance des agréments.
Des
délais de six mois ne sont en effet guère acceptables.
Dans ces conditions, une simplification du système semble bien
nécessaire.
Une simplification des modalités de gestion des PLA-LM et des PLA-I
serait une première étape, qui pourrait contribuer au lancement
d'un volume plus important d'opérations. Il semble cependant qu'il
faille aller plus loin.
Une harmonisation, voire une unification des PLA,
pourraient ainsi être envisagées.
•
Une plus grande décentralisation du financement du
logement social
On assiste actuellement au développement de nombreuses
expériences innovantes à l'échelon local en matière
de logement social.
Ces expériences sont d'ailleurs souvent
motivées par la faiblesse des crédits d'Etat ou par la
rigidité des instruments trop centralisés.
Votre commission tient ici à souligner deux types d'opérations
particulièrement innovantes, menées par les départements.
La première expérience est celle des programmes de
location-accession sociale à la propriété.
La
rigidité des procédures administratives est
particulièrement importante dans le domaine de l'accession très
sociale, alors que les chances de réussite du parcours d'accession sont
pourtant souvent très élevées. Certains
départements -dont l'Indre-et-Loire- cherchent actuellement à
contourner cette difficulté en proposant des logements en accession
différée après une période transitoire pendant
laquelle le futur accédant paye un loyer et se constitue progressivement
un apport personnel. Cette expérience permet alors de réaliser
des logements en accession par le biais d'opérations de construction ou
d'acquisition de logements locatifs sociaux.
La seconde expérience, plus développée, s'apparente
à un abondement budgétaire. Pour chaque franc investi par l'Etat
dans le logement social, le département investit à son tour un
franc dans le même secteur.
Cette expérience a l'avantage de
la souplesse et, grâce à son effet multiplicateur, incite à
un investissement accru dans le logement social.
Ces expériences ont, selon votre commission, le mérite de
souligner qu'une plus grande décentralisation de la politique du
logement social donne des résultats prometteurs.
Il importe donc de développer une " territorialisation " de
la politique du logement social. Plus à l'écoute du terrain, les
acteurs locaux sont les plus à même de définir les besoins
en matière de logement social et les produits les plus adaptés.
On pourrait donc imaginer une nouvelle forme de contractualisation entre
l'Etat et les acteurs locaux permettant à ceux-ci, avec l'accord du
préfet, de définir les paramètres des produits -et
notamment des PLA- en fonction du contexte local.
Votre commission considère que l'examen du prochain projet de loi
relatif à l'habitat et à l'urbanisme devrait être
l'occasion de valider dans la loi les expériences locales les plus
innovantes et de permettre une plus grande souplesse des aides à
l'investissement locatif social, dans le cadre d'une contractualisation locale
plus étendue et plus approfondie.
En tout état de cause, des voies de réforme des aides au
logement locatif social existent et doivent être étudiées
en détail. Votre rapporteur se propose d'ailleurs de poursuivre cette
réflexion, au sein de votre commission, dans le cadre qui lui semblera
le plus approprié.