3. Les associations s'engagent lentement dans le programme emplois-jeunes
a) Les emplois-jeunes dans le secteur sanitaire et social
En juin
1998, 12.000 jeunes avaient été embauchés dans le secteur
associatif, dont 2.000 dans le secteur famille, santé et
solidarité soit 17 %.
Dans le secteur sanitaire et social, seize URIOPSS sont partie prenante du
programme et offrent aide et conseil pour une mise en place pérenne de
ces nouveaux services.
Depuis une dizaine d'années, les associations ont inventé de
" nouveaux services ", ceux-ci sont pour l'instant mal connus et mal
diffusés sur le territoire, le programme emplois-jeunes apparaît
donc comme une opportunité pour augmenter la diffusion de ces
" expériences prometteuses ". Quatre axes de
développement sont privilégiés : la petite enfance et
l'enfance, les services aux personnes handicapées, les services aux
personnes âgées et les services concernant la culture, le lien
social et la solidarité.
Pour assurer le financement de ces emplois, les associations sollicitent les
conseils généraux afin de compléter l'aide de l'Etat.
Malgré l'existence de ces financements croisés et le dynamisme du
secteur en matière de création d'emplois, on observe que la mise
en place des emplois-jeunes dans le champ de la famille, de la santé et
de la solidarité est lente. Elle semble entravée par plusieurs
questions.
Certaines exigences du dispositif ne manquent pas en effet d'inquiéter
les associations particulièrement sur trois points :
- l'invention de nouveaux métiers correspondant à de
nouveaux besoins, alors que dans nombre d'établissements sanitaires et
sociaux, des places autorisées pour des besoins reconnus ne sont pas
habilitées, faute de financement ;
- la pérennisation de ces emplois alors que la logique annuelle des
financements de ce secteur est peu compatible avec une vision à long
terme ;
- l'exigence de formation, de professionnalisation comme s'il s'agissait
de caler des trajectoires sur des filières existantes, alors que l'on
peut penser que ces nouveaux métiers signifient des formations nouvelles
à inventer. Dans ce cas une méthode de type " nouvelles
qualifications " serait à privilégier, ce qui exclut que le
parcours de formation soit défini
a priori
.
La création de " nouveaux services " se situe donc bien dans
cet environnement de contrainte non seulement budgétaire mais aussi de
contrainte sur le tableau des effectifs.
Dans un autre secteur qui dépend des départements, par exemple
celui de l'aide à l'enfance : maisons d'enfants à
caractère social, AEMO, aide sociale à l'enfance, on constate que
là aussi les budgets et les tableaux d'effectifs sont étroitement
contrôlés par une autorité administrative.
Néanmoins, les attitudes adoptées selon les départements
sont quelquefois très contrastées.
Elles se situent sur une échelle entre la décision de n'aider
aucun emploi-jeune car cela pourrait induire ultérieurement des
dépenses supplémentaires et des attitudes beaucoup plus ouvertes
qui consistent à utiliser les emplois-jeunes pour penser
l'évolution des professions, des métiers et de la configuration
des services.
Dans ce cas, lorsque des emplois-jeunes sont créés, c'est bien
souvent en lien avec une réflexion sur la qualité du service
rendu et la configuration des besoins en personnels à moyen terme. La
gestion prévisionnelle du personnel, des emplois et des
compétences est alors à l'ordre du jour.
L'espace ainsi créé par ces changements va être, dans le
meilleur des cas, un espace de réflexion sur la reconfiguration du
service dans une optique de meilleure qualité et de coût
égal.
b) Les emplois-jeunes dans le secteur HLM
Plus de
300 organismes (2/3 Offices, 1/3 Sociétés anonymes) sont
impliqués dans le programme " nouveaux emplois/nouveaux
services ".
Cela représente plus de 2.000 emplois en cours de création toutes
échéances confondues ; 1.200 ont été
proposés aux services de l'Etat et plus de 1.000 ont fait l'objet d'une
convention signée au 31 août 1998. Près de 40 % des
emplois correspondent à un niveau d'étude inférieur ou
égal au bac, 75 % des contrats proposés sont des CDD,
25 % des CDI.
Ces emplois concernent pour :
-
35 % la permanence du service
(traitement des
réclamations, sur-entretien de proximité et surveillance
technique), deux groupes d'emplois se dégagent :
1) le renforcement des relations avec les habitants (exemple : agent de
proximité et de citoyenneté),
2) le renforcement des services avec la création d'équipes
mobiles (exemple : agent de sur-entretien).
-
55 % le service personnalisé
(développer les
réponses aux besoins spécifiques depuis le premier contact avec
un locataire ou un accédant), deux grandes catégories d'emplois
se dégagent :
1) la décentralisation de la fonction locative sur le terrain et le
regroupement autour d'un acteur unique de fonctions jusqu'ici
cloisonnées, de la médiation dans la gestion et les rapports
locatifs (exemples : agent de gestion locative itinérant, chargé
de clientèle, commercial) ;
2) la régulation de la vie sociale dans les quartiers
(intégration) et la prévention des conflits et des
incivilités (exemples : agent de médiation).
-
6 % dans l'accompagnement social
(renforcer les soutiens aux
populations précarisées en y incorporant des démarches
préventives), deux groupes d'emplois se dégagent :
1) l'aide à intégration des ménages en
difficulté (exemple : agent de vie sociale) ;
2) la prévention des difficultés économiques et
sociales (exemple : agent du relais social, assistant, conseillère
sociale).
-
2 % dans le développement économique et social
(développer la participation des organismes HLM aux activités
de développement local, en particulier du partenariat).
Il s'agit du groupe le plus hétérogène et celui où
les niveaux de formation requis sont les plus élevés (ce qui
explique leur faible importance numérique). Là encore, les
organismes font preuve d'innovation et de leur volonté d'agir sur les
quartiers (exemples : agent de développement urbain et social, agent
développeur d'habitat très social, chargé d'enquête,
coordinateur des activités associatives).
Globalement les motifs de création d'emplois-jeunes répondent
majoritairement aux objectifs suivants :
1) être plus à l'écoute et aller vers les locataires :
renforcement de la décentralisation pour une gestion rapprochée ;
2) répondre plus rapidement aux besoins et de façon continue
en augmentant la présence sur site : création d'emplois
" polyvalents ", d'équipes mobiles ;
3) mieux intégrer aussi bien dans le logement que dans le quartier
: développement d'activités nouvelles de médiation, de
sécurisation, de développement économique et local,
d'utilisation des nouvelles technologies.
Taille des projets dans le mouvement HLM
Taille des projets |
Sociétés anonymes |
OPHLM |
OPAC |
Coopérative |
Crédit immobilier |
Total (lignes) |
(1 - 5) |
75 % |
62 % |
29 % |
100 % |
100 % |
|
|
43 % |
46 % |
8,5 % |
2 % |
0,5 % |
100 % |
(6 - 10) |
15 % |
21 % |
27 % |
- |
- |
|
|
26 % |
49 % |
25 % |
|
|
100 % |
( 11 - 15) |
7 % |
9 % |
15 % |
- |
- |
|
|
24 % |
44 % |
32 % |
|
|
100 % |
(16 - 20) |
2 % |
5 % |
11 % |
- |
- |
|
|
13 % |
47 % |
40 % |
|
|
100 % |
(21 - 26) |
1 % |
- |
7 % |
- |
- |
|
|
20 % |
|
80 % |
|
|
100 % |
Au-delà |
- |
3 % |
11 % |
- |
- |
|
|
|
40 % |
60 % |
|
|
100 % |
Total (colonnes) |
100 % |
100 % |
100 % |
100 % |
100 % |
|
Lecture du tableau (2° ligne, 2° colonne) : 75 % des Sociétés anonymes élaborent des projets de 1 à 5 emplois-jeunes (62 % pour les OPHLM et 29 % pour les OPAC, 100 % pour les coopératives et 100 % pour les crédits immobiliers), soit 43 % des projets de 1 à 5 emplois déposés par les organismes HLM (46 % pour les OPHLM, 8,5 % pour les OPAC, 2 % pour les coopératives pour les Crédits immobiliers).