C. LES EMPLOIS-JEUNES DANS LES ENTREPRISES PUBLIQUES, LES COLLECTIVITÉS LOCALES ET LES ASSOCIATIONS SE DÉVELOPPENT LENTEMENT
1. Les entreprises publiques ont essayé de tirer parti d'emplois-jeunes qui leur ont été imposés
Les entreprises publiques ont été fermement invitées à accueillir des emplois-jeunes. On ne peut parler d'une démarche volontaire de leur part. Néanmoins, ces entreprises ont essayé de répondre à la " commande " du Gouvernement avec sérieux et imagination. On peut toutefois regretter que, dans certains cas, les emplois-jeunes se soient substitués aux apprentis.
a) Les emplois-jeunes à la SNCF
L'entreprise ferroviaire a saisi l'opportunité de
l'aide de
l'Etat pour renforcer la présence en personnels dans les gares. 800
jeunes ont déjà été recrutés, dont 420 en
Ile-de-France pour un objectif de 1.400.
Il s'agit, pour elle, d'un pur effet d'aubaine puisque les missions
confiées à ces salariés ne sont ni " nouvelles "
ni " émergentes ", elles se répartissent en trois
catégories : une mission de présence et de
sécurisation (le terme d'agent d'ambiance est parfois utilisé),
une mission d'aide, d'orientation et d'information, et une mission
d'amélioration de l'environnement.
Les premières remontées du terrain semblent montrer que
l'intégration dans l'entreprise se déroule bien. L'encadrement
est assuré par du personnel du cadre permanent. Le nombre des
démissions ou licenciements enregistré à ce jour est
très faible, une douzaine. Les jeunes manifestent dans l'ensemble une
volonté d'intégrer définitivement l'entreprise.
L'aide publique a été l'occasion pour la SNCF de tester à
coût partagé des salariés avant qu'ils n'intègrent
le statut de l'établissement public ; cela s'est traduit par le
recrutement de jeunes moins diplômés qu'à
l'accoutumée (65 % n'ont pas le baccalauréat).
Le recrutement de jeunes ayant un niveau de connaissances
générales plus faible que celui requis pour l'intégration
au cadre permanent a déjà conduit certains d'entre eux à
débuter une formation. Ce besoin spécifique de formation a
généralement été détecté lors des
examens psychotechniques.
L'engagement de la SNCF pour essayer d'ouvrir le recrutement à des
jeunes peu diplômés doit être souligné, ceci d'autant
plus qu'il s'accompagne d'un effort d'encadrement et de formation que l'on ne
retrouve pas toujours de la part des autres employeurs d'emplois-jeunes.
Emplois-jeunes à la SNCF (Ile-de-France)
par
catégories de diplôme
(420 embauchés)
b) Les emplois-jeunes à la RATP
La RATP
a adopté une attitude différente de la SNCF puisqu'elle n'a pas
souhaité être un employeur direct d'emplois-jeunes. Elle a
préféré inscrire sa démarche sur une base
partenariale et territoriale en lien avec la politique de la ville. Pour ce
faire, elle a favorisé la création d'associations ayant pour but
de favoriser des
" chaînes de coopération "
définies comme "
une fédération et une
collégialité d'acteurs opérationnels oeuvrant dans le
cadre d'un projet commun sur un territoire donné
".
L'idée était que la multiplicité des alliances et des
partenaires autour d'un projet pourrait constituer un facteur d'enrichissement
du contenu des services et la garantie de pouvoir inscrire les emplois dans la
durée, le professionnalisme et, à terme, la solvabilité.
L'exemple le plus abouti de cette démarche est le concept de
village-services dans les grands complexes d'échanges et les lieux
attractifs, comme La Défense, où le partage avec d'autres acteurs
s'impose d'emblée. On y trouve trois types d'espaces : des espaces
publics d'animation (café, agora...), des espaces " ville et
transport " (agence des transports urbains, relais tourisme et loisirs...)
et des espaces-relais de la vie économique et sociale (espace
entreprise, points jeunes...).
La RATP s'est fixé un double objectif dans l'accompagnement de cette
expérience : parvenir à pérenniser les
activités proposées, conformément au texte du programme
" Nouveaux services/nouveaux emplois " et transformer les
différentes activités urbaines en véritables
métiers de la ville, en déclinant des référentiels
de compétence appropriés. Pour ce faire, la RATP prévoit
de participer au financement de 500 emplois-jeunes fin 1998 et 1.000 en 2000,
pour un budget de 25 millions de francs cette année et 75 millions
de francs dans deux ans.
Ce projet assez ambitieux et novateur achoppe aujourd'hui sur le défaut
de partenaires qui seul justifiait le recours à une structure
associative jouant le rôle de groupement d'employeurs. Dans ces
conditions, les associations qui emploient les jeunes en sont réduites
à les mettre à la disposition de la RATP pour occuper des
fonctions qui relèvent, à l'évidence, de leur
métier (nettoyage, orientation, accompagnement,
" présence "). Outre qu'il s'agit, là encore, d'un
effet d'aubaine, on peut s'interroger sur la légalité de cette
pratique au regard de l'article L. 125-1 du code du travail qui interdit le
marchandage, c'est-à-dire la fourniture de main-d'oeuvre lorsqu'elle a
pour effet de causer un préjudice au salarié qu'elle concerne.
Or, il fait peu de doutes que le statut d'emploi-jeune embauché par une
association est moins favorable, notamment quant à la
pérennisation de l'emploi, que celui de salarié de la RATP. Par
ailleurs, le lien de subordination hiérarchique des emplois-jeunes au
personnel titulaire de la RATP, qui constitue un autre critère du
délit de marchandage, ne peut être exclu.
Ces remarques, un peu techniques, ont pour objet d'illustrer dans quelle mesure
le dispositif emplois-jeunes se situe sur bien des points en contravention avec
le droit du travail qui s'applique pourtant à l'ensemble des employeurs
de salariés sous contrats de droit privé.
c) Les emplois-jeunes à la Poste
Pour
mettre en oeuvre le programme " Nouveaux services/nouveaux emplois ",
la Poste a signé un accord-cadre avec l'Etat le 18 décembre
1997 par lequel elle s'est engagée à recruter 5.000 jeunes
sur deux ans.
Les 2.300 premiers emplois-jeunes ont été affectés
à l'amélioration de l'accueil. Une activité
spécifique a été créée -agent de contact-
dans les 1.400 grands bureaux de Poste qui reçoivent à eux
seuls 46 % des flux de clientèle et 50 % du chiffre d'affaires
grand public, ainsi que dans les 300 bureaux situés en zone urbaine
sensible.
311 emplois ont été créés dans les
300 bureaux situés en zone urbaine sensible, emplois pour lesquels
des candidatures de jeunes issus de ces quartiers étaient
recherchées. Ainsi, 14 % des emplois d'agents de contact ont
bénéficié principalement aux jeunes résidant dans
les quartiers dits sensibles. Pour ces postes, la pratique de la langue la plus
représentative était requise, ainsi que la connaissance du monde
culturel et associatif de l'environnement du bureau de Poste concerné.
Les agents de contact par niveau de formation
Les agents de contact ont pour mission de participer activement à la
réduction de l'attente aux guichets en vue de développer la
satisfaction du public fréquentant le bureau de Poste, d'informer et
d'accueillir. Cette mission se décline en quatre dominantes
d'activité :
-
amélioration de l'attente
: apprécier l'affluence
et agir sur les files d'attente (préparation des opérations en
amont, orientation du public vers le libre-service et/ou le personnel
habilité, information sur les horaires d'affluence) et rechercher des
solutions pour diminuer l'attente (participation à des
réflexions, suggestions de mesures simples et immédiates) ;
-
conseil, médiation et assistance
: améliorer la
communication avec le public en difficulté (assistance linguistique,
assistance pour remplir les formulaires, formalités à effectuer,
explication de documents émanant de services publics, aide à la
rédaction de correspondance) ; aider le public à l'utilisation
des libres-services, conseiller sur les changements de domicile et sur les
demandes à effectuer, informer sur le passage à l'euro
(préparation, explication, remise de documents pédagogiques),
éventuellement assistance à l'utilisation d'Internet suivant
l'équipement du bureau ;
-
information
: répondre aux demandes d'information des
usagers sur les prestations offertes par le service public de la Poste ;
-
accueil
: personnaliser la relation avec le public, instaurer un
climat convivial au sein de la salle du public, garantir la qualité de
l'environnement.
La formation des agents de contact s'articule en trois temps :
- une formation à la prise de fonction (3 jours) ;
- une formation d'immersion dispensée quotidiennement par le tuteur
(au cours du premier mois) ;
- une formation de spécialisation en institut de formation
composée de deux modules : un module d'approfondissement sur les
produits courrier et services financiers leur apportant l'ensemble des
connaissances leur permettant de renseigner les clients et de les orienter, et
un module d'approfondissement sur l'euro (cette formation est dispensée
environ six mois après l'entrée à la Poste).
La Poste reçoit l'aide forfaitaire de l'Etat pour chaque emploi
créé ; elle s'est engagée à verser à chaque
jeune une rémunération supérieure au SMIC
(81.330 francs de rémunération brute annuelle en 1997,
83.313 francs en 1998).
La Poste s'est engagée à tout mettre en oeuvre pour que ces
activités soient maintenues au-delà des cinq ans ; cet engagement
est indépendant de la pérennisation ou non du poste occupé
dans le cadre du plan emplois-jeunes.
Les difficultés rencontrées dans la mise en place des agents de
contact sont de deux ordres : la liste initiale de leurs activités a
dû être adaptée pour mieux prendre en compte les
problèmes de files d'attente, notamment le samedi matin et les jours
d'échéances sociales ; une sous-occupation de certains agents de
contact a pu être constatée dans certains bureaux. Dans ce dernier
cas, un enrichissement de l'activité ou un transfert du poste vers un
autre bureau pourront être envisagés.
Toutefois, d'ores et déjà, il est prévu d'élargir
l'activité des agents de contact à trois nouvelles tâches :
- l'information générale du public sur le passage à
l'euro ;
- l'aide et l'assistance à l'utilisation des bornes Internet pour
1.000 d'entre eux ;
- la remise des instances en cas d'affluence, c'est-à-dire lorsque
toutes les positions de guichets sont occupées alors que la file
d'attente est importante.
Dans le cadre de la seconde vague de recrutement, un certain nombre
d'activités nouvelles est envisagé.
Emplois-jeunes à La Poste
Les activités de
la
seconde vague de recrutement
Activités validées par le comité de pilotage |
Objet |
Implantation |
Cibles théoriques |
Agent facilitateur de la distribution |
Assure l'interface entre la Poste et la clientèle des quartiers urbains, notamment dans les quartiers sensibles où la distribution n'est plus ou est mal assurée pour des raisons de détérioration des points de remise et/ou de mauvaise qualité de l'adressage, dans le but de réduire le taux de non-distribution à domicile. |
Bureaux distributeurs et centres de distribution |
600 |
Animateur philatélie-Euro |
L'animateur contribue à communiquer sur l'euro, le timbre-poste et la philatélie auprès des élèves dans les établissements scolaires (valorisation de la dimension pédagogique du timbre) auprès des personnes âgées et, le cas échéant et sur demande des chefs d'établissement, auprès du public fréquentant les bureaux de poste (animation dans la salle du public). |
Direction départementale |
100 |
Agent qualité adresse |
L'agent qualité adresse contribue à l'amélioration de la fiabilité de l'adresse, en liaison avec les AFD, les bureaux de Poste, les mairies et les clients. |
Centre Opérationnel de l'Adresse (Libourne) |
30 |
Agent d'accueil en CDIS/CTC |
Ils contribuent à l'amélioration de l'accueil dans les CDIS et CTC. |
CDIS/CTC |
100 |
Agent qualité environnement et agent collecteur environnement |
Ces agents contribuent principalement à l'organisation et à la mise en oeuvre de la collecte de matériaux nocifs (toners, rubans encreurs, piles, tubes cathodiques...) et des matériaux recyclables (papier, verre...) |
Direction départementale |
100 |
Relais d'information et d'orientation |
Le RIO informe, oriente et conseille les publics sur les différents services publics partenaires. Il repère également les besoins de services aux personnes, afin que soit organisée une réponse à ces besoins (prise en charge par la Poste ou par un partenaire). |
Bureaux têtes de secteur en zone rural |
|
Animateur de partenariats de proximité |
Recherche des solutions mettant en jeu les synergies partenariales, afin de réduire la part prise aujourd'hui directement par les postiers, sur des activités qui ne sont pas au coeur des métiers (négocier une meilleure information des CAF à leurs allocataires...) ou permettant le repérage de nouveaux produits postaux répondant mieux à une demande (produits courrier, financiers...). |
Groupement ou établissement |
700 |
Agent de liaison logistique de la vie quotidienne |
Assure une intermédiation entre la population, les services publics et le secteur privé et organise la réponse à des besoins de proximité en s'appuyant sur le réseau de facteurs et de points de contact de la Poste. |
Bureaux en zone rurale (BDM) |
|
Chargé de développement du TES |
Contribue à la mise en place du titre emploi-services |
- |
- |
TOTAL |
|
|
1.630 |