1999 SERA L'ANNÉE CHARNIÈRE POUR L'EFFORT D'ÉQUI-PEMENT DE L'ARMÉE DE L'AIR
Prenant
en compte l'évolution du contexte stratégique, la loi de
programmation a défini le modèle d'armée vers lequel
devront tendre nos moyens de défense en 2015. Pour l'armée de
l'air, cela correspond à une flotte de combat de 300 appareils
polyvalents de type Rafale et à une flotte de transport
renouvelée, capable d'assurer tout à la fois la projection de nos
forces et la manoeuvre tactique sur le théâtre d'opérations.
Le premier appareil
Rafale
de série destiné à
l'armée de l'air lui sera livré en 99. Cette livraison marquera
symboliquement l'entrée de l'armée de l'air dans une nouvelle
ère d'équipements. La commande globale de Rafale que le
gouvernement s'est engagé à réaliser en 99, donnera tout
son sens à ce symbole.
L'ATF
, l'avion de transport qui équipera dans le futur notre
armée de l'air, a également pris rendez-vous en 99. La
décision concernant le choix de cet avion, doit en effet être
prise dans le courant de l'année, il apparaît essentiel à
votre rapporteur que la solution retenue soit européenne et que le choix
se porte sur le FLA (Future Large Aircraft) proposé par Airbus Industrie.
Rafale et ATF
marqueront donc l'année 99 chacun à sa
manière, en engageant concrètement notre armée de l'air
vers son futur modèle d'armée.
Mais, la route est encore longue entre l'année charnière
symbolique que représentera 1999 et le modèle lui-même.
Depuis plusieurs années, l'armée de l'air se prépare
à faire cette route dans les meilleures conditions possibles. Elle
maintient un effort constant
de modernisation de ses principaux
équipements tout en réduisant la taille de son parc d'avions
vieillissants
. Ainsi, elle se sépare de ses appareils les plus
anciens, en rénove d'autres et fait l'acquisition d'avions de combat de
génération intermédiaire. C'est ainsi qu'elle recevra en
1999, 12 mirage 2000 D, 22 mirage 2000 de défense aérienne
rénovés M. 2000-5, 9 avions de transport C 160 Transall
rénovés, un avion cargo léger CN 235 et les deux derniers
avions de complément TBM 700. L'effort de modernisation porte
également sur l'acquisition de nouvelles munitions adaptées aux
systèmes d'armes en service et sur l'amélioration des
capacités de conduite des opérations aériennes, le tout
dans un souci permanent de cohérence de l'ensemble des
équipements utilisés par l'armée de l'air.
Comme en 1998, les crédits alloués en 1999 au titre V air sont
inférieurs à ceux prévus par l'annuité
correspondante de la loi de programmation militaire 1997-2002. Ces
déficits ont été confirmés par la revue de
programmes menée en 1998. Ils ne remettent pas en cause les programmes
principaux comme le Rafale ou l'ATF, mais contraignent l'armée de l'air
à étaler son effort de modernisation et à réduire
plus rapidement que prévu son format, afin de préserver ses
capacités opérationnelles immédiates à un niveau
acceptable.
LE PROGRAMME RAFALE, SAUT QUALITATIF DE NOTRE AVIATION DE COMBAT
L'ÉPREUVE DE LA REVUE DE PROGRAMMES
La revue
de programmes menée par le gouvernement et les états-majors a
confirmé le programme Rafale dans ses grandes lignes. Un
réaménagement de l'échéancier de livraison a
néanmoins permis à ce programme de contribuer aux efforts
d'économie recherchés à hauteur de 1,5 milliards de francs
sur la période de programmation. Le recul de 10 mois de la livraison des
premiers avions destinés à l'armée de l'air, conduit en
fait à un report de dépenses au-delà de la période
couverte par la loi. La date de mise en service opérationnel du premier
escadron équipé du Rafale reste fixée à fin 2005,
mais elle concernera vingt-trois appareils livrés au lieu de 25. Le
contenu physique du premier standard livré à l'armée de
l'air semble être sorti indemne de l'exercice. Les conséquences
opérationnelles sont donc minimes. Mais peut-on en dire autant des
conséquences industrielles? Le tableau ci-dessous présente la
montée en puissance de la production des Rafale de série, pour la
marine et l'armée de l'air, jusqu'en 2007, date à laquelle sera
atteint le rythme de croisière de vingt-trois appareils produits par an.
Il fait apparaître clairement en 2002 et 2003 le creux de production
correspondant au réaménagement de livraison décidé.
Comment l'industriel saura-t-il gérer ce ralentissement de la
chaîne production? Il est à souhaiter que ce problème, qui
ne semble pas avoir été pris en compte par les conclusions de la
revue de programmes, ne se réglera pas au détriment du coût
unitaire des appareils et donc des budgets "air" à venir.
Production Rafale - Montée en puissance
ANNEE |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
|
|
AIR |
Rafale C |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
2 |
5 |
4 |
4 |
|
|
Rafale B |
1 |
1 |
1 |
0 |
1 |
5 |
8 |
7 |
7 |
|
|
Rafale M |
1 |
2 |
2 |
1 |
0 |
2 |
5 |
6 |
6 |
|
TOTAL |
2 |
4 |
5 |
1 |
1 |
9 |
18 |
17 |
23 |
|
LA SIGNIFICATION D'UNE COMMANDE GLOBALE
Les
économies envisagées sur le programme Rafale s'appuient
également sur les conditions négociées avec l'industriel
dans le cadre d'un recours à des commandes pluriannuelles. Notre
commission avait souligné il y a un an dans ce même rapport, tout
l'intérêt que représenterait en 1998 une commande
groupée de 48 appareils, dont 33 pour l'armée de l'air. Outre les
conditions de prix que cette commande globale aurait favorisées, elle
aurait signifié clairement l'engagement de l'état français
pour un programme qui ne sera capable d'exploiter ses fortes
potentialités à l'export que lorsqu'il aura obtenu les garanties
apportées par cet engagement. Tout retard pris favorise les concurrents
directs du Rafale et en particulier l'EFA germano-italo-britannique qui
bénéficie déjà de 148 commandes fermes. En
matière d'export, l'armée de l'air a d'ailleurs un rôle
à jouer et participe de plus en plus activement à la promotion de
l'aéronautique militaire française. Elle se positionne en tant
que partenaire des armées de l'air étrangères, en offrant
le partage de son expérience et de son savoir-faire, lorsqu'il s'agit de
matériels qu'elle met en oeuvre ou de matériels similaires.
Lors de son audition devant notre commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des Forces armées, le
ministre de la défense s'est engagé sur une passation de commande
globale en 1999 au plus tard. Cette commande, incluse dans la construction
budgétaire, comprendrait en fait une première partie ferme de 28
appareils dont 21 pour l'armée de l'air et une seconde partie
optionnelle de 20 (dont douze air), à confirmer ultérieurement.
Ce schéma de commande globale est présenté sur le tableau
ci-dessous.
Le recours aux commandes pluriannuelles demeure plus que jamais
d'actualité si l'on veut enfin stabiliser l'équilibre financier
du programme Rafale et bénéficier globalement des effets positifs
que pourrait apporter son exportation.
Commandes - livraisons Rafale
PROGRAMMES |
|
AVANT 1995 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
APRÈS 2002 |
CIBLE |
RAFALE AIR |
COMMANDES |
2 |
1 |
0 |
0 |
0 |
21 |
12 |
0 |
0 |
198 |
234 |
|
LIVRAISONS |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
0 |
232 |
|
RAFALE MARINE |
COMMANDES |
3 |
7 |
0 |
0 |
0 |
7 |
8 |
0 |
0 |
35 |
60 |
|
LIVRAISONS |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
3 |
5 |
1 |
50 |
|
UN PROGRAMME-PHARE POUR LA DÉFENSE
Afin de
renouveler sa flotte de combat à l'aube du deuxième
millénaire, l'armée de l'air a fait le choix depuis
déjà plus de dix ans d'un avion totalement polyvalent qui lui
permettra de faire face à l'ensemble de ses missions avec un nombre
moindre d'appareils. C'est le programme Rafale auquel s'est associée la
marine nationale. Confirmé par la loi de programmation militaire
1997-2002, ce choix a été validé dans ses orientations
par la revue de programmes. Le premier escadron de Rafale air sera
opérationnel à la fin de 2005. La cible finale est maintenue
à 234 appareils pour l'armée de l'air (139 biplaces et 95
monoplaces) et 60 pour la marine, les livraisons s'étaleront jusqu'en
2019.
La totale polyvalence qu'offrira le Rafale mérite d'être
rappelée. Il pourra effectuer l'ensemble des missions de l'aviation de
combat : pénétration et attaque au sol par tous les temps, de
jour comme de nuit, frappe nucléaire, défense et
supériorité aérienne, intervention à long rayon
d'action avec ravitaillement en vol, reconnaissance tactique et
stratégique.
Grâce à son système d'armes, il pourra mener des attaques
tous temps sur des objectifs au sol ou en mer, avec tir à distance de
sécurité de divers missiles classiques ou nucléaires ou
tir de précision d'armements classiques ; il lui sera possible d'assurer
un niveau de survie élevé en dépit d'un environnement
hostile, dense en menaces, grâce notamment à un système
interne de contre-mesures adaptées.
Le Rafale pourra enfin engager un combat à grande distance contre
plusieurs avions hostiles grâce à des capteurs
spécialisés et à des missiles "tire et oublie". Tous les
armements existants ou futurs pourront être emportés en les
adaptant au type de mission : défense aérienne, attaque au sol ou
reconnaissance. Plus lourd que le Mirage 2000, le Rafale emporte davantage
d'armement, ce qui accroît son efficacité opérationnelle
à l'unité.
Grâce à cet ensemble de capacités, que seul le Rafale
possédera à terme, l'armée de l'air aura l'assurance de
pouvoir effectuer ses missions de combat avec une efficacité
opérationnelle suffisante. C'est à ce prix qu'elle sera capable
de remplir le rôle qui lui est assigné au sein de la
défense.
Le projet du budget 1999 prévoit la participation suivante de
l'armée de l'air au financement du programme :
|
AP |
CP |
Développement |
1 056 MF |
1 199 MF |
Production |
2 067 MF |
2 551 MF |
Soit 3,75 milliards de CP qui viendront en fin 99 s'ajouter aux 32,27 milliards que l'armée de l'air a déjà dépensés sur ce programme. Sa détermination à disposer d'une flotte de Rafale en est certainement renforcée.