EXAMEN EN COMMISSION

Au cours de sa réunion du mardi 27 octobre 1998, la commission des Affaires économiques a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Jean Pépin sur les crédits consacrés à l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour 1999.

M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a tout d'abord présenté les conclusions de son rapport sur les crédits de l'aménagement du territoire.

Un large débat s'est ensuite instauré.

M. Charles Revet s'est interrogé sur l'évolution précise des crédits de fonctionnement de la DATAR et sur leur part relative dans le total du budget de l'aménagement du territoire. Evoquant ensuite les difficultés rencontrées par certains ménages pour se loger dans les milieux urbains, il a souhaité que soit initiée une action en faveur d'une meilleure répartition dans ce domaine entre les grandes villes, les villes moyennes et les milieux ruraux.

En réponse, M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a précisé que les crédits de fonctionnement de la DATAR étaient en augmentation de 5,37 %, et que la dotation évoquée de 18 millions de francs d'études représentait 1 % du budget total de l'aménagement du territoire. Le rapporteur pour avis a fait part de ses inquiétudes au vu des crédits du budget de l'Etat -qu'il a estimés globalement insuffisants et mal répartis- et de la redéfinition des crédits en provenance des fonds structurels européens.

M. Jean-Pierre Raffarin a fait observer que l'exposé du rapporteur avait abordé trois sujets distincts mais de grande importance : les crédits prévus dans le projet de loi de finances pour l'aménagement du territoire ; la politique française d'aménagement du territoire dans la perspective de la discussion prochaine du projet de loi gouvernemental ; l'aménagement du territoire dans une perspective élargie à l'Europe et à la discussion de la loi d'orientation agricole.

M. Louis Moinard a souhaité que ne soient pas opposés les villes et les milieux ruraux. Il a au contraire estimé nécessaire la création de courroies de transmission entre ces deux espaces. Il s'est interrogé sur l'évolution des fonds structurels européens au-delà de l'année 2000.

M. André Ferrand a souhaité que la commission et le Sénat dans son ensemble interviennent sur la réforme en cours des fonds structurels européens.

M. Jean-Paul Emin a souhaité obtenir de plus amples informations sur le fonctionnement de certaines antennes de la DATAR à l'étranger.

M. Paul Raoult a rappelé que la réforme de la politique structurelle proposée par la commission européenne tendait à une concentration géographique des fonds, ce qui conduirait à des choix difficiles pour certaines régions françaises. Il a estimé que le projet de réforme risquait d'entraîner une confusion entre aménagement du territoire et agriculture, alors qu'il importait au contraire que ces deux secteurs conservent leur spécificité, y compris dans les lignes budgétaires européennes. Revenant sur la procédure de consommation des crédits communautaires dans notre pays, il a jugé cette dernière démesurément rigide et inefficace. Le manque de souplesse, à son sens patent, dans l'allocation des crédits ne permettait pas, a-t-il jugé, de doter des dossiers pourtant prioritaires. Il a en outre souligné les difficultés rencontrées, dans certaines régions éligibles aux objectifs communautaires, pour réunir les financements de complément nécessaires. Il a estimé qu'une rationalisation et une amélioration des procédures de consommation des crédits étaient un préalable indispensable pour conforter les positions françaises lors de la négociation en cours de la réforme des fonds structurels.

M. Jean-Pierre Raffarin a fait observer que la commission pourrait exprimer largement ses préoccupations sur la proposition de la commission européenne de réforme des fonds structurels lors de la discussion à venir d'une proposition de résolution sur ce sujet.

M. Jean François-Poncet, président, a souligné que les financements communautaires représentaient souvent jusqu'à 30 % du financement de nombreux projets et que cette réforme posait en conséquence de nombreux problèmes. Il a déploré à son tour qu'une partie des crédits ne soit pas utilisée.

M. Charles Revet a observé que nombre de commissaires partageaient les préoccupations exprimées par le président et par M. Paul Raoult.

Mme Janine Bardou a déploré l'évolution des crédits proposée en 1999 pour la prime à l'aménagement du territoire, considérant que les critères d'attribution de cette prime n'étaient pas adaptés et que c'était pour cette raison que cette ligne budgétaire souffrait d'une regrettable sous-consommation. Elle a souhaité que ces critères soient élargis. Elle a interrogé le rapporteur sur le devenir des crédits du fonds de gestion de l'espace rural (FGER).

En réponse à M. Jean-Paul Emin, et après que M. Jean François-Poncet, président, eut rappelé que des investigations à l'étranger lui avaient permis de constater la " légèreté " de la présence de la DATAR en dehors de nos frontières, par comparaison notamment avec le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a suggéré de demander à la DATAR de plus amples informations sur les missions, l'organisation et les moyens de son réseau à l'étranger.

M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a estimé que la discussion budgétaire à venir était une occasion à saisir pour exprimer les préoccupations de la commission quant à la réforme des fonds structurels, car, même si ce sujet n'était qu'indirectement lié à la loi de finances elle-même, la concomitance des calendriers lui en offrait l'opportunité, le projet de réforme européen devant être examiné à la mi-décembre au Conseil européen de Vienne. Il a ajouté que les principes définitifs de la réforme ne seraient arrêtés que dans les semaines voire les mois à venir, cette dernière ayant été jusqu'alors suspendue à l'élaboration d'une nouvelle position allemande, à l'issue des élections législatives dans ce pays.

M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a précisé que l'avis qu'il proposait à la commission d'émettre sur le vote des crédits d'aménagement du territoire était largement lié à l'abandon par le Gouvernement du plan en faveur des zones rurales. M. François Gerbaud a, à ce propos, considéré que le projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire retenait en effet, malheureusement, une telle orientation.

En réponse à Mme Janine Bardou, M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a confirmé que les crédits inscrits au titre de la prime à l'aménagement du territoire étaient largement " illusoires " puisque les critères d'attribution de cette prime ne permettaient pas leur consommation.

Revenant sur le fonds de gestion de l'espace rural (FGER), M. Marcel Deneux a estimé que si l'inscription au budget du ministère de l'agriculture de cette ligne de crédits avait été logique à l'époque de la création du fonds, puisqu'à cette date ce ministère était doté d'une réelle mission d'aménagement rural, tel n'était plus le cas aujourd'hui, les propositions actuelles s'apparentant à un véritable détournement d'objet des crédits concernés.

M. Jean François-Poncet, président, a regretté que l'aménagement du territoire ait cessé d'être une priorité et que le ministre en charge de ce dossier semble se consacrer davantage à l'environnement qu'à l'aménagement du territoire. Il a craint que l'aménagement du territoire ne soit désormais assimilé à " l'aménagement durable ", qui signifiait malheureusement l'abandon de projets d'infrastructure qui lui paraissaient pourtant des points de passage obligés vers le développement. Le président s'est inquiété de la force de la détermination dont ferait preuve le Gouvernement dans la négociation en cours à Bruxelles. Il a, d'autre part, regretté que la DATAR ne semble avoir qu'un poids relativement faible lors des négociations interministérielles.

Le président a ensuite accueilli favorablement le principe d'une investigation plus approfondie de la commission, proposé par M. François Gerbaud, sur les intentions des instances communautaires pour la réforme des fonds structurels, M. François Gerbaud regrettant que les propositions de règlement européen ne semblent envisager la ruralité que comme une simple déclinaison de l'urbain.

Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la commission a ensuite émis un avis défavorable à l'adoption des crédits de l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour 1999, les commissaires socialistes s'abstenant.

Page mise à jour le

Partager cette page