PJL loi de finances pour 1998
PEPIN (Jean)
AVIS 68 (98-99), Tome XI - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Table des matières
-
CHAPITRE 1ER -
LES MOYENS FINANCIERS
DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
- I. LES CRÉDITS INSCRITS AU PROJET DE LOI FINANCES POUR 1999
-
II. LES CRÉDITS DESTINÉS AUX FONDS D'AMÉNAGEMENT DU
TERRITOIRE CRÉES PAR LA LOI DE 1995
-
A. LE FONDS NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES (FNDE)
- 1. Une initiative parlementaire pour le développement des entreprises
- 2. Une application décevante par rapport aux intentions du législateur
- B. LE FONDS DE GESTION DE L'ESPACE RURAL (FGER)
- C. LE FONDS D'INVESTISSEMENT DES TRANSPORTS TERRESTRES ET DES VOIES NAVIGABLES (FITTVN)
- D. LE FONDS DE PÉRÉQUATION DES TRANSPORTS AÉRIENS (FPTA)
-
A. LE FONDS NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES (FNDE)
- III. LES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS : UNE RÉFORME IMMINENTE, LOURDE DE CONSÉQUENCES POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
- IV. ETAT GLOBAL DES CRÉDITS
-
CHAPITRE II -
QUEL AVENIR
POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ?- I. L'APPLICATION DE LA LOI DU 4 FÉVRIER 1995 : UN PRÉALABLE INDISPENSABLE À TOUTE REMISE EN CAUSE
-
II. LA RÉORIENTATION DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
ANNONCÉE AU CIADT DU 15 DÉCEMBRE 1997
- A. LES PRINCIPES D'ACTION DU GOUVERNEMENT JOSPIN EN MATIÈRE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE.
-
B. LES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DU PROGRAMME GOUVERNEMENTAL
- 1. Une réforme de la loi d'orientation du 4 février 1995
- 2. La réforme annoncée des zonages
- 3. La " réorientation " des instruments financiers
- 4. La création de l'Institut des Hautes Etudes de Développement et d'Aménagement du Territoire
- 5. Les zones de reconversion
- 6. La relance de la politique de délocalisation d'emplois publics
-
III. LES RAPPORTS SUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
- A. LES RAPPORTS DEMANDÉS PAR LE GOUVERNEMENT
- B. LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE DU SÉNAT SUR LES GRANDS PROJETS D'INFRASTRUCTURES TERRESTRES D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
- IV. LE PROJET DE LOI D'ORIENTATION POUR L'AMÉNAGEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DU TERRITOIRE
-
CHAPITRE III -
QUELQUES QUESTIONS D'ACTUALITÉ POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 68
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XI
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Par M. Jean PÉPIN,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean François-Poncet,
président
; Philippe François, Jean Huchon,
Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre
Lefebvre,
vice-présidents
; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine,
Léon Fatous, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM.
Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean
Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye,
Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland
Courtaud, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel
Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain
Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard,
Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis,
MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain
Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard
Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis
Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron,
Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult,
Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques
Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette
Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
4
)
(1998-1999).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
Votre commission s'inquiétait, lors de l'examen du projet de loi de
finances pour 1998, du manque d'ambition de la politique du Gouvernement de
M. Lionel Jospin en matière d'aménagement du territoire.
La réforme, annoncée, de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire du
4 février 1995, semblait, en effet, constituer le seul horizon
et le seul programme du nouveau gouvernement.
Un an après, les inquiétudes de votre commission n'ont fait que
s'aviver. En effet, pas plus le Comité interministériel
d'aménagement et de développement du territoire, tenu le
15 décembre 1997 à l'Hôtel Matignon, que le
dépôt, sur le Bureau de l'Assemblée nationale, du projet de
loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable
du territoire, en juillet 1998, n'ont été à
même de les dissiper. Au-delà des discours, bien peu a, en effet,
été accompli. 1999 serait, comme 1998, une année de
" transition " pour l'aménagement du territoire.
L'examen du projet de loi de finances pour 1999 n'est pas là non plus
pour rassurer votre commission : à la vacuité des objectifs
s'ajouterait l'insuffisance des moyens...
Pourtant, tant d'échéances essentielles méritent
d'être préparées !
L'élaboration de la prochaine génération de contrats du
plan Etat-Région, la réforme en cours de la politique
structurelle européenne, le chantier ouvert par la loi Pasqua : que de
réflexions à engager, d'actions à poursuivre, de
négociations à mener...
CHAPITRE 1ER -
LES MOYENS FINANCIERS
DE
L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Les
crédits dévolus à l'aménagement du territoire
proviennent de trois origines :
- le projet de loi de finances (fascicule budgétaire bleu
consacré à l'aménagement du territoire) ;
- les fonds d'aménagement du territoire ;
- les crédits issus des fonds structurels communautaires.
I. LES CRÉDITS INSCRITS AU PROJET DE LOI FINANCES POUR 1999
Les
crédits figurant au fascicule budgétaire
" aménagement du territoire " pour 1999
s'élèvent à
1.799,29 millions de francs
en
dépenses ordinaires et crédits de paiement,
en baisse de
0,35 %
par rapport au budget voté pour 1998.
Les autorisations de programme demandées pour 1999
s'élèvent à 1600,70 millions de francs, en baisse de
1,35 % par rapport à la dotation votée en 1998.
RÉCAPITULATIF DE L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS
DEMANDÉS
(EN MILLIERS DE FRANCS)
|
Crédits votés en 1998 |
Crédits demandés en 1999 |
Evolution |
Titre III : moyens des services |
88 099 |
108 759 |
+23,45 % |
Titre IV : interventions publiques |
294 930 |
294 840 |
-0,03 % |
Total dépenses ordinaires |
383 029 |
403 599 |
+5,37 % |
Titre VI : subventions d'investissement |
|
|
|
- crédits de paiement |
1 422 685 |
1 395 700 |
-1,90 % |
- autorisations de programme |
1 622 685 |
1 600 700 |
-1,35 % |
TOTAL GENERAL (DO + CP) |
1 805 714 |
1 799 299 |
-0,35 % |
Source : projet de loi de finances pour 1999
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES
Les dépenses ordinaires sont en hausse de 5,37 %, passant de 383,03 millions de francs votés en 1998 à 403,60 millions demandés pour 1999. Cette hausse concerne principalement les moyens des services (titre III), en augmentation de 23,45 %.
1. Les moyens des services
Les
crédits du titre III
sont destinés aux dépenses de
fonctionnement de la DATAR : rémunération du personnel et
fonctionnement des services en administration centrale dans les bureaux
à l'étranger et les commissariats à l'aménagement
des massifs.
Après deux années de réduction (-3 % entre les lois
de finances 1996 et 1997 ; -3,9 % entre 1997 et 1998), le projet de loi de
finances pour 1999 propose
une augmentation de ce poste budgétaire,
de près d'un quart
par rapport à 1998, ce qui porterait ces
crédits de 88,1 millions à 108,7 millions de francs.
Les dépenses de fonctionnement de la DATAR représentent ainsi
6 % du total des crédits demandés pour 1999, contre 5 %
en 1998.
Cette augmentation est notamment liée à la dotation d'un chapitre
nouveau, le chapitre 34-05 à hauteur de 18 millions de francs,
consacré aux Etudes, présentée par l'Administration comme
une régularisation budgétaire de crédits autrefois
consommés sur du titre VI (FNADT). Même si cette évolution
répond -en apparence- à l'impératif de vertu
budgétaire, votre commission la juge négativement, car elle
résulte d'un arbitrage en défaveur de dépenses directement
utiles à l'aménagement du territoire, comme la PAT ou le
FNADT
1(
*
)
.
Les effectifs budgétaires
totaux de la DATAR demandés
pour 1999 sont égaux à ceux de 1998, soit 141 emplois :
113 emplois en France et 28 emplois de contractuels français
dans les bureaux de la DATAR à l'étranger.
Sur ces 141 emplois, 58 sont des emplois titulaires et 83 sont
contractuels.
Le réseau de la DATAR à l'étranger
:
Le réseau de la DATAR à l'étranger, constitué
dès les années 60 pour prospecter les investissements
étrangers potentiels, et renforcé par le CIAT du
5 novembre 1990, dispose de 69 personnes dans 17 bureaux et
est présent dans les pays suivants :
- en Europe (32 personnes) : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique,
l'Espagne, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Suisse, la Suède ;
- en Amérique (20 personnes) : les Etats-Unis ;
- en Asie (17 personnes) : le Japon, la Corée du Sud, Hong-Kong et
Taïwan.
Le réseau de la DATAR à l'étranger est animé par
28 agents contractuels de l'Etat, par 37 agents recrutés
localement et par 4 coopérants du service national. Sur ces
effectifs, la DATAR emploie 8 directeurs et adjoints, 34 prospecteurs
et 27 assistants.
La gestion de ce réseau fait l'objet d'un protocole d'accord avec la
direction des relations économiques extérieures (DREE) du
ministère de l'économie, cette dernière assurant la
gestion de proximité des bureaux. En application de cet accord, les
crédits correspondants du budget de la DATAR sont
transférés vers le budget de la DREE en cours d'année pour
permettre le financement des bureaux. Les fonds sont ensuite alloués aux
postes d'expansion économiques des villes où se situent les
bureaux de la DATAR.
Le budget global de ce réseau s'élève, d'après les
informations fournies à votre rapporteur, à 43,5 millions de
francs en 1997 (dernier chiffre communiqué). Il contribue à
alimenter, pour partie, en collaboration avec d'autres acteurs dont les
collectivités locales, ce moteur essentiel de la croissance et de la
création d'emploi que sont
les investissements étrangers en
France
:
LE POINT SUR LES APPORTS À L'EMPLOI ET À L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DES IMPLANTATIONS ÉTRANGÈRES EN FRANCE
Une
étude
2(
*
)
portant sur l'année 1997
chiffre à 24.212 le nombre d'emplois créés par les
investissements étrangers en France, chiffre en constante augmentation
ces dernières années.
Les 362 projets recensés concernent prioritairement le secteur
automobile, ainsi que l'électronique et les
télécommunications. Les régions les plus concernées
sont la Lorraine (1.732 emplois en 1997) et le Nord-Pas-de-Calais (5.076),
régions de tradition industrielle actuellement en phase de
reconversion qui connaissent de ce fait un regain de vitalité et de
dynamisme économique. L'Alsace, région frontalière a
accueilli 2.059 emplois issus d'investissements étrangers en 1997.
Avec 1.911 emplois, Rhône-Alpes, se maintient également parmi
les 5 premières régions depuis plusieurs années.
2. Les interventions publiques
Les
crédits d'intervention (titre IV) correspondent au chapitre 44-10, ou
"
section intervention " du fonds national
d'aménagement et de développement du territoire (FNADT).
Ce chapitre regroupe, depuis l'adoption de l'article 33 de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, les
crédits antérieurement inscrits aux chapitres 44-01 à
44-03 :
- fonds d'intervention pour l'auto-développement en montagne (FIAM)
;
- fonds interministériel pour le développement de
l'aménagement rural (FIDAR) ;
- fonds régionalisé pour les initiatives locales pour
l'emploi (FRILE) ;
- fonds d'aide à la décentralisation (FAD).
Ces crédits, dont l'utilisation sera détaillée ci-dessous,
à l'occasion de l'examen global du FNADT, sont inscrits pour
294,9 millions de francs
, soit une quasi-stagnation
(-0,03 %).
B. LES DÉPENSES EN CAPITAL
Les crédits d'investissement du titre VI demandés pour 1999 sont en régression aussi bien en autorisations de programme (-1,35 %) qu'en crédits de paiement (-1,90 %). Ces crédits regroupent les subventions consacrées à la prime d'aménagement du territoire (PAT) et au fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT), pour sa partie investissement.
1. La prime à l'aménagement du territoire (PAT)
a) Une volonté d'aide à la localisation d'activités créatrices d'emploi
La prime à l'aménagement du territoire vise, d'après le décret du 6 février 1995 3( * ) , à soutenir les créations d'emplois dans les zones d'aménagement du territoire. Le chapitre budgétaire qui lui est consacré (chapitre 64-00) s'intitule d'ailleurs " aides à la localisation d'activités créatrices d'emploi ".
LA PRIME À L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE (PAT)
La PAT
s'applique aux zones d'aménagement du territoire, qui regroupent environ
41 % de la population française ;
Elle est attribuée par le comité des aides à la
délocalisation d'activité (CIALA), qui examine les dossiers qui
lui sont soumis ;
Elle bénéficie aux opérations :
- de délocalisation d'activité ;
- de création d'établissement d'au moins 20 emplois
permanents pendant 3 ans ;
- d'extension d'un établissement qui occasionne des charges
exceptionnelles,
Peuvent également y être éligibles, exceptionnellement :
- la reprise d'une affaire en difficulté ;
- une conversion interne.
b) Une stagnation des crédits de la PAT
Après la forte hausse des crédits demandés en 1998 par rapport à 1997 (+106 % en crédits de paiement et +28 % en autorisations de programme) notamment liée aux paiements échelonnés de primes attribuées les années précédentes, le projet de loi de finances pour 1999 marque une stabilisation de cette tendance , avec 315 millions de francs de crédits de paiement demandés pour 1999, (soit une baisse de 1,56 % ) et 320 millions de francs d'autorisations de programme (comme en 1998).
c) Un bilan d'activité qui montre une réduction des primes accordées
Alors
que le nombre de dossiers éligibles à la PAT était
auparavant en croissance, le bilan d'activité pour 1997 et début
1998 marque une nette inflexion de cette tendance.
L'année 1997
Entre 1996 et 1997, alors que le nombre de dossiers présentés est
passé de 219 à 203, le nombre de dossiers primés a
chuté de 187 à 166,
soit une augmentation de 2 points du
taux de rejet
, passé de 14,6 % à 16,7 %.
Sous la contrainte budgétaire,
le montant total des aides
accordées a décru
, passant de 717 millions en 1996
à 580 millions de francs en 1997. Cette enveloppe devrait
s'élever à 550 millions de francs environ en 1998.
Soulignons toutefois que l'administration remarque qu'en 1995 et 1996, un
effet " d'aubaine " a contribué à expliquer l'afflux de
dossiers, du fait du relèvement des plafonds maximaux par emploi de la
PAT, consécutif à la parution du décret
précité.
Le tableau ci-après détaille les principaux indicateurs relatifs
à la PAT :
BILAN D'ACTIVITÉ DE LA PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 (8 mois) |
Dossiers présentés |
169 |
133 |
143 |
182 |
219 |
203 |
184 |
Dossiers primés |
152 |
117 |
125 |
164 |
187 |
166 |
115 |
Taux de rejet |
11 % |
12 % |
13 % |
10 % |
14,6 % |
16,7 % |
16,30 % |
PAT accordées (en millions de francs) |
563 |
252,4 |
724,1 |
613 |
717 |
580 |
278 |
Nombre d'emplois aidés |
14.351 |
9.322 |
13.934 |
12.966 |
16.948 |
13.920 |
9.279 |
Investissements (en millions de francs) |
8.860,45 |
4.690 |
9.607 |
13.636 |
17.990 |
15.589 |
7.523 |
Secteur d'activité (en % du nombre de dossiers) |
|||||||
Industrie |
71,2 % |
43,5 % |
60,0 % |
65,2 % |
57 % |
59 % |
|
Agro-alimentaire |
10,6 % |
27,5 % |
15,2 % |
15,8 % |
20 % |
20,5 % |
|
Tertiaire |
18,2 % |
29,0 % |
24,8 % |
18,9 % |
23 % |
20,5 % |
|
Montant moyen PAT/emploi (en francs) |
|||||||
Industrie |
38.000 |
29.000 |
48.000 |
49.296 |
43.849 |
44.162 |
|
Tertiaire |
37.500 |
29.000 |
28.500 |
30.807 |
35.467 |
26.368 |
|
Source
: DATAR
L'industrie
(y compris l'industrie agro-alimentaire) représente
en 1997 80 % du total des dossiers primés, ce qui confirme une
prédominance déjà enregistrée ces dernières
années.
La proportion de
dossiers d'investissements étrangers
reste
stable : 40,3 % des emplois primés, 70 % des
investissements, 32 % des dossiers et 61 % des primes
attribuées. Ces chiffres témoignent du poids de cette
catégorie d'opérations sur le développement
économique local. En effet, bien que le nombre d'emplois liés aux
projets étrangers soit légèrement inférieur
à celui des années précédentes, en revanche, le
volume des investissements à réaliser dans le cadre des
programmes présentés est le plus élevé des
six dernières années.
Les trois premiers trimestres de 1998
L'activité des trois premiers trimestres 1998 enregistre une certaine
stabilisation du flux d'entrée de dossiers nouveaux :
. 184 dossiers ont été présentés,
. cinq CIALA ont eu lieu, approuvant 115 dossiers pour la
création de 9.279 emplois et l'attribution de 278 millions de
francs de PAT (à comparer à 173 dossiers, 13.792 emplois et
619 millions de francs de PAT sur la même période de 1997).
d) Un outil à perfectionner
Votre
commission a déjà souligné les incohérences qui
entachent, à son sens, l'attribution de la PAT, tant dans son rapport
budgétaire pour avis de l'année dernière
4(
*
)
que lors de l'audition de la ministre tenue à
cette occasion. Elles tiennent principalement à :
-
l'exclusion de certaines zones de revitalisation rurale
du zonage
PAT, qui les prive de l'utilisation de cet outil de développement local ;
- l'utilisation du zonage PAT, faute de zonage pertinent, pour
l'attribution
d'aides aux équipements touristiques
.
Votre commission ne reprendra pas ici ces développements
déjà connus. Elle réitère son voeu que ces
incohérences dans l'attribution de la PAT soient résolues dans le
cadre du débat à venir sur l'aménagement et le
développement du territoire.
2. Le FNADT " investissement "
a) Les subventions d'investissement
La
section " investissements " du FNADT, figurant d'après la
nomenclature budgétaire au chapitre 65-00 du budget de
l'aménagement du territoire, regroupe quatre anciens chapitres,
concernant :
- le fonds d'intervention pour l'aménagement du territoire (FIAT),
- le fonds d'aide à la décentralisation (FAD),
- le fonds interministériel de développement et
d'aménagement rural (FIDAR),
- le fonds de financement des restructurations des zones minières
(GIRZOM).
Les crédits demandés au titre de ce chapitre, qui
représente les 4/5
è
du total des dotations du FNADT,
pour 1999, s'élèvent à
1 080,7 millions de
francs
en crédits de paiement, contre 1 102,7 millions en
loi de finances initiale pour 1998, soit une baisse de 2 %, et à
1 280,7 millions de francs en autorisations de programme, en baisse
de 1,7 %.
b) Récapitulatif de l'utilisation des crédits du FNADT
Un
outil d'évaluation : le rapport annuel au Parlement
Le rapport annuel au Parlement sur l'utilisation des crédits du FNADT,
déposé conformément à la loi précitée
du 4 février 1995 à l'occasion de la présentation du
projet de loi de finances, permet d'évaluer l'utilisation de ce fonds en
1997.
REMARQUE PRÉLIMINAIRE :
UNE AMÉLIORATION DE L'OUTIL D'ÉVALUATION TRANSMIS AU PARLEMENT
Le
Gouvernement, -donnant suite il est vrai à des observations
émises par la Cour des Comptes et l'Inspection générale
des Finances-, a amélioré, au moyen d'une circulaire
adressée aux préfets de région, les modalités de
remontée de l'information en provenance des préfectures sur la
gestion du FNADT, et a donc enrichi et précisé des données
fournies à la représentation nationale.
En particulier, comme le précise le préambule du rapport sur
l'utilisation du FNADT en 1997 :
" -
Afin d'apprécier " l'effet de levier " du
fonds, des données concernant la part du FNADT et des cofinancements ont
été incluses dans le rapport ;
- le budget global des opérations est également
mentionné afin de connaître la dimension des projets
subventionnés ;
- dans le but de mieux apprécier le degré de
réalisation des opérations, le montant des crédits
engagés ou programmés est complété par leur taux de
mandatement au 31 décembre 1997 ;
- une plus grande précision est également apportée au
niveau du volume des crédits alloués aux zones jugées
sensibles ou fragiles : une étude par section a été
réalisée et non comme l'année précédente
toutes sections confondues. De plus, contrairement à 1996, cette
information est fournie pour chacune des régions et non uniquement au
niveau national ;
- enfin, des informations concernant la gestion financière sont
également présentées dans le rapport, des indications sur
la part de la dotation reçue en 1997 ayant été
engagée ainsi que la part des engagements pris en 1997 ayant
été financée par le reliquat de crédits des
années antérieures.
"
L'utilisation des crédits en 1997
En application de l'article 33 de la loi d'orientation, le FNADT se
compose de deux sections distinctes :
- la
section générale
, dont les crédits sont
engagés au niveau central ou délégués en
application de décisions ministérielles ;
- la
section locale
, dont la gestion est déconcentrée
au niveau des préfets de région. Une partie correspond aux
engagements de l'Etat dans le cadre des contrats de plan Etat-région ;
l'autre est libre d'emploi.
(1) Les chiffres
Le
montant des crédits délégués en 1997 est de
1.586 millions de francs.
Il est sensiblement égal à
celui de l'année précédente, au titre de laquelle
1.513 millions de francs ont été
délégués. Le montant des crédits
délégués au titre de la section locale a
diminué : de 965 millions de francs en 1996, il est
passé à 822 millions de francs, en 1997. Cette diminution
est due à l'étalement sur une année supplémentaire
des contrats de plan Etat-régions. Elle est compensée par une
augmentation des crédits délégués au titre de la
section générale : de 547 millions de francs en 1996,
ceux-ci atteignent 763 millions de francs en 1997. D'après le
rapport précité, cette progression s'explique par le fait que le
fonds n'a pas subi d'annulation de crédits en 1997.
Sur l'ensemble des régions, le montant global des crédits
engagés en 1997 s'élève à 937 millions de
francs, en diminution par rapport à 1996, année au titre de
laquelle le montant des crédits atteignait 1.174 millions de francs.
La répartition par section
est sensiblement la même qu'en
1996. Elle est détaillée dans le graphique suivant :
Source
: Rapport annuel au Parlement sur le FNADT
Le détail de la répartition des crédits du FNADT est
donné dans le tableau suivant, tiré du rapport
précité :
RÉGIONS |
SECTION GÉNÉRALE |
SECTION LOCALE |
TOTAL FNADT |
Alsace |
38,50 |
14,70 |
53,20 |
Aquitaine |
28,75 |
19,03 |
47,78 |
Auvergne |
11,85 |
47,17 |
59,02 |
Bourgogne |
22,60 |
28,32 |
50,92 |
Bretagne |
30,30 |
29,02 |
59,32 |
Centre |
9,28 |
18,75 |
28,03 |
Champagne-Ardenne |
13,10 |
16,35 |
29,45 |
Corse |
11,10 |
21,70 |
32,80 |
Franche Comté |
12,90 |
19,32 |
32,22 |
Ile-de-France |
1,30 |
10,00 |
11,30 |
Languedoc-Roussillon |
12,65 |
41,29 |
53,94 |
Limousin |
21,75 |
27,20 |
48,95 |
Lorraine |
37,93 |
69,08 |
107,01 |
Midi-Pyrénées |
44,88 |
43,59 |
88,47 |
Nord-Pas-de-Calais |
15,37 |
177,25 |
192,62 |
Basse-Normandie |
33,90 |
26,49 |
60,39 |
Haute-Normandie |
3,37 |
12,80 |
16,17 |
Pays de la Loire |
26,55 |
16,00 |
42,55 |
Picardie |
9,80 |
15,20 |
25,00 |
Poitou Charente |
14,00 |
20,51 |
34,51 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur |
89,48 |
40,53 |
130,01 |
Rhône-Alpes |
36,58 |
44,60 |
81,18 |
Guyane |
0,00 |
1,20 |
1,20 |
Guadeloupe |
0,00 |
2,00 |
2,00 |
Martinique |
0,00 |
1,70 |
1,70 |
Réunion |
0,50 |
14,00 |
14,50 |
Interregional |
33,50 |
0,00 |
33,50 |
Bassin parisien |
0,00 |
44,70 |
44,70 |
National |
203,80 |
0,00 |
203,80 |
TOTAUX |
763,74 |
822,50 |
1 586,24 |
Source : rapport au Parlement sur le FNADT EN 1997.
(2) Les objectifs poursuivis
Source
: rapport annuel du Parlement sur le FNADT
Le développement économique : l'objectif le plus
doté
Comme en 1996, le "
développement économique et
l'emploi
" constituent l'objectif prioritaire : 44 % des
crédits lui sont consacrés. On constate une augmentation de la
part des crédits alloués à cet objectif : en 1996,
celle-ci était de 37 %.
L'aménagement de l'espace
est, comme en 1996, le deuxième
objectif poursuivi (19 % des crédits lui sont consacrés).
Cependant, la part des crédits qui lui est allouée a
diminué : elle atteignait 24 % en 1996. Il est suivi de près
par les thèmes " éducation, recherche, culture "
(17 %) et " développement rural, littoral, massif "
(15 %).
Le rapport public remis au Parlement montre que plus de la moitié des
crédits a été allouée aux collectivités
locales et aux groupements de collectivités.
La part des financements octroyés aux Etablissements publics de
coopération intercommunale (EPCI) et autres groupements de
collectivités a augmenté par rapport à
1996 : alors que 12 % des crédits leur étaient
destinés en 1996, ce taux atteint 18 % en 1997. Cette progression
s'inscrit dans la volonté, affirmée lors du CIADT du
15 décembre 1997, de soutenir les projets intercommunaux.
Les associations et les entreprises privées recueillent toutes deux
14 % des subventions. Elles sont ainsi les troisièmes
catégories d'organismes bénéficiaires.
Les zones jugées fragiles ou sensibles sont
privilégiées
Le pourcentage de crédits alloués aux zones fragiles ou
sensibles, toutes sections confondues, est sensiblement le même qu'en
1996.
Les zones éligibles à l'objectif 5b
sont les
principales bénéficiaires, 27 % des crédits leur
étant destinés, suivies des zones éligibles à
l'objectif 2 (26 %). 19 % des crédits ont
été alloués aux zones de revitalisation rurale (ZRR) ou
aux territoires ruraux de développement prioritaire (TRDP). Les zones
éligibles à la prime d'aménagement du territoire (PAT) en
recueillent 16 %.
Les collectivités locales et l'Europe sont les principaux
cofinanceurs des projets soutenus par le FNADT
En moyenne, la part du FNADT dans le financement des projets
s'élève à 21 %. A noter que la participation du FNDAT
est plus importante au niveau de la section locale (27 % pour la partie
contractualisée, 23 % pour la partie libre) qu'en section
générale (15 %). Les principaux cofinanceurs sont les
collectivités locales. Elles participent à hauteur de 34 %
au financement des opérations. L'Europe intervient à hauteur de
10 % dans le financement des projets considérés.
II. LES CRÉDITS DESTINÉS AUX FONDS D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE CRÉES PAR LA LOI DE 1995
Outre le
FNADT, examiné ci-dessus, la loi du 4 février 1995
précitée a prévu la création de trois fonds :
-
le fonds national de développement des entreprises
(FNDE) ;
-
le fonds de gestion de l'espace rural
(FGER), dont
l'évolution est analysée en détail dans le rapport de
M. Henri Revol sur l'aménagement rural ;
-
le fonds de péréquation des transports
aériens
(FPTA) auquel le rapport budgétaire pour avis de
M. Jean-François Le Grand consacre de plus amples
développements.
Rappelons que le
fonds d'investissement des transports terrestres et voies
navigables
(FITTVN), mis en place par l'article 47 de la loi de finances du
29 décembre 1994, est quant à lui analysé dans
le rapport pour avis de M. Georges Berchet sur les transports
terrestres.
A. LE FONDS NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES (FNDE)
1. Une initiative parlementaire pour le développement des entreprises
Institué par l'article 43 de la loi d'orientation de 1995, à l'initiative du Parlement , le FNDE a pour objet de développer l'emploi et de favoriser le maintien et la création des petites entreprises dans les zones d'aménagement du territoire, les zones de redynamisation urbaine (ZRU) et les territoires ruraux de développement prioritaire (TRDP). Son objectif est d'accroître les fonds propres disponibles pour les entreprises : mobilisation de l'épargne de proximité, accès au crédit...
LE RÔLE DU FNDE D'APRÈS LA LOI DU 4 FÉVRIER 1995
Le FNDE
intervient :
- en
accordant des prêts
aux personnes qui créent,
reprennent ou développent une entreprise, dans la limite d'un montant
équivalent à leur apport en fonds propres ;
- en
garantissant
directement ou indirectement, des emprunts et
engagements de crédit bail immobilier dans la limite de 50 % de
leur montant ;
-
en garantissant des engagements
pris par les
sociétés de caution, les sociétés de
développement régional, les fonds communs de placement à
risque ou les fonds de garantie créés par les
collectivités locales.
2. Une application décevante par rapport aux intentions du législateur
Le
comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire (CIADT) d'Auch, réuni le
10 avril 1997 sous la présidence du Premier ministre, avait
annoncé la dotation de ce fonds à hauteur
d'un milliard de
francs
sur deux ans
, à partir des recettes de privatisation.
Bien qu'elle ait regretté qu'elle n'intervienne que 2 ans
après la promulgation de la loi, votre commission s'était, en son
temps, félicitée de cette décision.
Les élections législatives de 1997 n'ont pas permis au
précédent Gouvernement de concrétiser cette volonté.
Lors du CIADT du 15 décembre 1997 a été
annoncée à la dotation du FNDE, pour un montant de
200 millions de francs
en 1998.
a) Trois objectifs qui ne correspondent qu'imparfaitement à la volonté initiale du législateur
D'après une réponse ministérielle à un député 5( * ) sur la dotation budgétaire du FNDE, il ressort que le Gouvernement a assigné à cet instrument trois principaux objectifs :
(1) Une aide indirecte à la capitalisation des entreprises en démarrage :
Les
" prêts d'honneur " sont des prêts à taux
zéro, accordés à la création de l'entreprise et
remboursables par le créateur en cas de réussite de son projet.
Ils sont donc assimilables, pour l'entreprise, à des quasi fonds
propres. Leur montant varie de 30.000 à 200.000 francs.
L'action du FNDE en matière d'octroi de ces prêts d'honneur n'est
qu'indirecte puisque, d'après le document précité de la
DATAR :
" Dans cette optique, le fonds
soutient le développement des
plates-formes d'initiative locale
, adhérentes notamment à
France initiative réseau et au Réseau Entreprendre. Ces
associations qui regroupent localement collectivités, organismes
consulaires, entreprises et autres acteurs économiques locaux ont pour
objectif d'apporter un appui aux nouveaux entrepreneurs et de leur octroyer,
selon leurs besoins, un prêt d'honneur qui varie de 30 000 à
200.000 francs. Une centaine de structures existent aujourd'hui ".
Votre commission observe que la lettre de l'article 43 de la loi
d'orientation, qui dispose que le FNDE "
accorde des
prêts
", n'est pas respectée.
(2) Un remboursement prévu des frais de certaines sociétés de capital-risque
Considérant, à juste titre, que les
sociétés de capital-risque ont pour habitude de ne
s'intéresser qu'aux entreprises d'une certaine taille offrant de bonnes
perspectives de profit, et que, de ce fait, les fonds propres des petites
entreprises ne peuvent évoluer au rythme de leurs besoins de croissance,
le Gouvernement a assigné au FNDE la mission de
rembourser
partiellement les frais d'étude et de suivi des participations prises
par les sociétés régionales de capital-risque dans les
petites sociétés
, afin d'en accroître le nombre.
La réponse ministérielle précitée, en date du
10 août 1998, précise les modalités de cette
intervention : "
Sur la base d'un cahier des charges qui sera
disponible dans les préfectures ainsi qu'auprès des DRIRE, les
sociétés qui décideront de faire un effort en direction de
ces entreprises petites ou moyennes, pourront se porter candidates et
être conventionnées par l'Etat. L'objectif fixé pour 1998
est d'encourager une centaine de prises de participation dans de petites
sociétés.
Le montant des remboursements sera majoré sur
les zones objectifs 2 et 5b ".
Votre commission, quelle que soit la pertinence de l'action engagée,
considère que, là encore, ni l'esprit ni la lettre de la loi
d'orientation ne sont pas respectées. Elle regrette, de plus, que cette
mesure ne soit pas encore opérationnelle.
(3) Des garanties de prêts
Le FNDE
-ou plus précisément la Banque du développement des
petites et moyennes entreprises (BDPME), qui est chargée de mettre en
oeuvre cette action-
garantit, au moyen d'un fonds de garantie
dénommé " PIC-PME ", doté pour moitié par
l'Union européenne, certains prêts,
aux conditions
fixées par le programme d'initiative communautaire " PME ",
pour les petites et moyennes entreprises situées dans les zones
éligibles aux objectifs communautaires 2 et 5b (voir ci-dessous le
chapitre sur les fonds structurels européens, pour la signification de
ces appellations).
Toujours dans la même réponse à la question parlementaire
précitée, le Gouvernement précise que : "
Les
programmes d'investissement, d'extensions d'activités ou de
développement de nouvelles activités peuvent être
financés. Une priorité est accordée aux investissements
interentreprises d'innovation et de modernisation ainsi qu'aux investissements
favorisant l'européanisation des entreprises. Les concours garantis
peuvent prendre la forme : de prêts à long terme et
d'opérations de crédit bail mobilier et immobilier ; de
prêts participatifs ; de toutes valeurs mobilières permettant
l'apport de fonds propres ou quasi-fonds propres. Pour l'ensemble des concours
éligibles, la garantie de SOFARIS ne peut dépasser 50 % du
montant du concours, le montant garanti par entreprise ne pouvant en aucun cas
dépasser un million de francs. SOFARIS peut en outre partager cette
garantie avec une société de caution mutuelle. Dans ce cas, le
taux de couverture conjoint pourra exceptionnellement être porté
à 60 % du montant du concours ".
Votre commission observe que ce troisième volet de l'action du FNDE
est le seul qui réponde en partie à l'esprit comme à la
lettre de l'article 43 de la loi d'orientation, même s'il est
loisible de déplorer que l'aménagement du territoire ne soit pas
la seule source d'inspiration du dispositif.
Votre commission est préoccupée par le fait que le financement
européen, dans le cadre du " PIC-PME ", est susceptible
d'être remis en cause par la réforme en cours des fonds
structurels européens.
b) Des moyens et une gestion qui ouvrent la voie à une dilution de la priorité d'aménagement du territoire
Le
comité de gestion du FNDE
Doté d'un caractère interministériel et
inter-institutionnel, le comité de gestion du FNDE rassemble plusieurs
partenaires :
- la DATAR, qui en assure le secrétariat et est chargée du
pilotage opérationnel du fonds ;
- la BDPME ;
- la Caisse des Dépôts ;
- le ministère de l'économie.
La multiplicité et la prédominance
" financière " de certains intervenants ne sont pas, en soi,
critiquables. Mais il importe que ces partenaires s'inspirent tous, dans leur
gestion, des principes qui ont présidé à la
création du FNDE par la loi d'orientation pour l'aménagement et
le développement du territoire.
Les moyens
En termes budgétaires, le FNDE n'est pas -contrairement par exemple au
FPTA- un " vrai " fonds dans le sens où il n'a pas le statut
d'un compte spécial du Trésor. En le dotant, le Gouvernement
s'est contenté de rassembler des procédures et des financements
préexistants.
Les crédits qui alimentent le fonds national de développement des
entreprises ont en effet des origines différentes et relèvent de
procédures distinctes, dont certaines ne sont d'ailleurs pas encore
opérationnelles, ce que déplore votre commission. L'ensemble est
détaillé dans le tableau ci-après.
LES
MOYENS DU FNDE
(en millions de francs)
|
ACTEUR |
MOYENS DÉCIDES PAR LE CIADT |
ENGAGEMENT
|
Aide aux plates-formes d'initiative locale qui accordent des prêts d'honneur |
DATAR |
10 |
5 |
|
CDC |
30 |
30 |
Incitation aux sociétés de capital risque régionales |
Ministère de l'Industrie |
20 |
Procédure non encore
opérationnelle,
|
Garantie des prêts bancaires et des prêts d'honneur |
BDPME
|
90
|
35
|
TOTAL |
|
200 |
70
|
Source
: DATAR
L'analyse des moyens qui lui sont dévolus conforte la crainte d'une mise
de côté de la vocation première du FNDE, conçu pour
être au service de l'aménagement du territoire par le
développement, notamment rural.
Face à une telle situation, votre commission s'interroge :
l'aménagement du territoire est-il toujours l'objectif premier du fonds
tel qu'il a été mis en place ? Celui-ci n'est-il pas plutôt
dédié aux petites entreprises en général ?
Où les zones rurales et les zones de redynamisation urbaine,
expressément citées par la loi, apparaissent-elles dans ce
dispositif ?
Certes, interviewée récemment à ce sujet, la ministre
voulait apporter une réponse rassurante à cette
préoccupation :
" Le FNDE et ses lignes constitutives doivent trouver leur place au
niveau territorial.
Je suis très attachée à ce que les acteurs locaux
s'approprient ces outils financiers.
La performance de ces outils dépendra de cette appropriation et de la
mobilisation qu'elle suscitera : banques et institutions financières au
plan local, collectivités territoriales, structures de
coopération intercommunale, chefs d'entreprise, créateurs...
Je veillerai à ce que le FNDE s'inscrive dans des démarches de
développement local, qu'il serve des projets de territoire et conforte
des solidarités locales.
En même temps, je veillerai à ce que ces instruments participent
à la valorisation des ressources propres de chacun des territoires dans
un souci de répartition harmonieuse de l'effort engagé qui est
l'un des objectifs prioritaires de la politique de mon
ministère "
6(
*
)
.
Peut-on se satisfaire de telles garanties ?
Votre commission déplore vivement l'absence du décret
d'application qui, prévu par l'article 43 de la loi, aurait permis
de mieux encadrer le rôle et le mode de fonctionnement du FNDE et aurait
ainsi garanti sa conformité aux dispositions de la loi d'orientation qui
vise expressément, rappelons-le :
- les zones d'aménagement du territoire ;
- les territoires ruraux de développement prioritaire ;
- les zones de redynamisation urbaines.
B. LE FONDS DE GESTION DE L'ESPACE RURAL (FGER)
Rappel sur le FGER
Le fonds de gestion de l'espace rural (FGER) a été
créé par l'article 38 de la loi n° 95-115 du 04
février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire (art. L. 112-16 et L. 112-17 du Code Rural),
complété par une circulaire du ministère de l'agriculture
et de la pêche du 6 avril 1995 et une circulaire
n° 98-3018 du 27 juillet 1998.
Ce fonds fait l'objet d'une analyse détaillée dans le rapport
budgétaire pour avis de M. Henri Revol sur
l'aménagement rural. Affecté prioritairement aux agriculteurs et
à leurs groupements, il a pour objet de soutenir, en leur apportant une
contribution financière, les actions concourant à
l'entretien
et à la réhabilitation d'espaces agricoles en voie d'abandon
,
d'éléments naturels du paysage et d'espaces où
l'insuffisance d'entretien est de nature à aggraver les risques
naturels. En revanche, sont exclus de son champ d'intervention les espaces
bâtis, les infrastructures et les terrains constructibles ainsi que les
terrains appartenant à l'Etat ou aux collectivités territoriales,
à l'exception des communes.
Le FGER fait l'objet d'orientations pluriannuelles, arrêtées au
niveau de chaque département par le préfet en association avec le
Président du Conseil Général, après consultation
d'une commission (CODEGE) associant des représentants des services de
l'Etat du département, des communes, de leurs groupements, de la
profession agricole, des autres partenaires économiques et du milieu
associatif.
Plus de la moitié des actions conduites dans le cadre du FGER concernent
principalement les actions de débroussaillage, d'entretien de haies et
l'amélioration de l'abord des lieux habités. Environ 35 %
des projets contribuent à l'entretien et à la
réhabilitation d'espaces agricoles notamment d'espaces atteints par la
déprise agricole. Les projets concernent également la
réhabilitation des milieux humides. La moitié des projets
concernent des zones relativement défavorisées d'élevage
et de polyculture.
Un tarissement des crédits du FGER
Après avoir décru ces dernières années, la dotation
proposée pour le FGER dans le projet de loi de finances est nulle :
EVOLUTION DES CRÉDITS DU FGER
(en millions de francs)
ANNÉE |
Loi de finances initiale |
1995 |
500 |
1996 |
388 |
1997 |
150 |
1998 |
140 |
1999 |
0 |
Cette
situation résulte de la volonté du Gouvernement
d'intégrer, dans le cadre de la discussion de la loi d'orientation
agricole, les crédits du FGER au sein du dispositif contractuel
proposé aux agriculteurs : le " contrat territorial
d'exploitation " (CTE).
Dans de telles circonstances, votre commission souhaite obtenir des
assurances quant à la pérennité de ces financements, qui
lui paraît loin d'être assurée.
C. LE FONDS D'INVESTISSEMENT DES TRANSPORTS TERRESTRES ET DES VOIES NAVIGABLES (FITTVN)
L'objet du FITTVN
Institué sous la forme d'un compte d'affectation spéciale par
l'article 47 de la loi de finances pour 1995, le FITTVN contribue au
financement des investissements ferroviaires et routiers, au réseau TGV
inscrits au schéma directeur national, aux investissements
nécessaires au développement des transports ferroviaires
régionaux de voyageurs et du transport combiné, aux
investissements routiers nationaux, particulièrement pour le
désenclavement des zones d'accès difficile, ainsi qu'à la
réalisation des voies navigables figurant au schéma directeur des
voies navigables.
Le FITTVN est destiné, selon les termes de l'exposé des motifs de
la loi du 4 février 1995 d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, à
permettre
d'assurer une véritable égalité des
chances de développement à tous les territoires par le
développement des infrastructures de transport et l'amélioration
des moyens de communication.
Le FITTVN en 1998
Les recettes
Les recettes du FITTVN proviennent :
- de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes ;
- de la taxe perçue sur les titulaires d'ouvrages
hydroélectriques concédés.
Pour l'année 1998, le compte d'affection spéciale a
été doté en loi de finances initiale d'un montant global
de recettes estimé à
3.900 millions de francs dont 1.690
millions au titre du produit prévisionnel de la taxe perçue sur
les titulaires d'ouvrages hydroélectriques et 2.210 millions à
celui de la taxe due par les concessionnaires d'autoroutes.
Au 30 juin 1998 (date de la dernière situation connue), la
recette globale du fonds s'établit à 1.794,9 millions de
francs, dont 810,2 millions pour la taxe hydraulique et
984,7 millions de francs pour la taxe sur les autoroutes.
Les dépenses
Adoptée par la loi de finances pour 1998, la répartition des
dépenses du fonds a été établie de la
manière suivante :
Chapitre 1 : |
Investissements sur le réseau routier national |
1.835 millions de francs |
Chapitre 2 : |
Investissements destinés aux voies navigables : |
430 millions de francs |
Chapitre 3 : |
Subventions d'investissement en matière de transport ferroviaire et de transport combiné |
1.635 millions de francs |
-
Pour le réseau routier :
Les 1.835 millions de francs affectés aux investissements routiers
nationaux ont été répartis de la façon suivante :
1.356 millions
en vue du désenclavement du Massif Central,
dont 435 millions pour l'autoroute A20 (Vierzon-Brive), 676 millions
pour l'A75 (Clermont-Ferrand-Béziers) et 254 millions pour la route
nationale RN7 ;
83 millions
pour la réhabilitation lourde du
réseau national et
395 millions
pour d'autres
opérations d'aménagement du territoire (RN88, Route Centre Europe
Atlantique).
-
Pour le transport ferroviaire et combiné
Les
1.635 millions
ont été ainsi répartis :
1.250 millions
en faveur du transport ferroviaire, dont
950 millions de subventions pour les liaisons à grande vitesse
(650 millions pour le TGV Méditerranée, 220 millions
pour le TGV Est, et 80 millions pour d'autres opérations),
250 millions pour des opérations intégrées aux
contrats de plan Etat-Régions, dont 20 millions au titre du
matériel roulant, et 50 millions pour la résorption de
passage à niveau dangereux ;
350 millions
destinés au
transport combiné, dont 276 millions dans le cadre d'une convention
passée entre l'Etat et la SNCF et 74 millions pour les subventions
aux chantiers. Enfin,
35 millions
viendront financer
différentes études et recherches dans le secteur ferroviaire.
- Pour les voies navigables
322 millions
pour les subventions à Voies Navigables de France
dont 297 millions pour les travaux de restructuration et de mise en
sécurité du réseau et 25 millions pour les
études de grandes liaisons ;
75 millions
pour les
subventions à la Compagnie Nationale du Rhône ;
15 millions
pour l'aménagement de la vallée du Lot et
18 millions
pour les travaux de sécurité et de
préservation d'ouvrages fluviaux sur les voies restant
gérées par l'Etat.
Les montants prévus pour 1999
Le fascicule budgétaire " bleu " relatif aux comptes
spéciaux du Trésor fait état de l'évaluation
suivante pour 1999 :
ÉVALUATION DES RECETTES DU FITTVN
(EN MILLIONS DE FRANCS)
|
Voté en 1998 |
Evaluation 1999 |
Produit de la taxe sur les ouvrages hydroélectriques concédés |
1.690 |
1.710 |
Produit de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes |
2.210 |
2.220 |
TOTAL |
3.900 |
3.930 |
EVALUATION DES DÉPENSES DU FITTVN (en millions de francs)
|
Voté en 1998 |
Evaluation 1999 |
Transports terrestres réseau routier national |
1 835 |
1 590 |
Voies navigables |
430 |
450 |
Transport ferroviaire ou combiné |
1 635 |
1 890 |
TOTAL |
3 900 |
3 930 |
Votre
commission des affaires économiques renouvelle sa demande d'un
recentrage du FITTVN au profit des seules opérations
d'aménagement du territoire.
Elle rappelle son adhésion aux nombreuses propositions faites par la
commission d'enquête sur le devenir des grands projets d'infrastructure
et en particulier celles qui concernent le FITTVN, qui sont
évoquées au chapitre II du présent
avis.
D. LE FONDS DE PÉRÉQUATION DES TRANSPORTS AÉRIENS (FPTA)
Le
principe
Avant que le " troisième paquet " de libéralisation du
transport aérien communautaire ne mette fin à ce système
au 1er janvier 1995, un dispositif d'aménagement du territoire
était appliqué au transport intérieur aérien
français, qui reposait, d'une part, sur l'exclusivité
d'exploitation de la compagnie et, d'autre part, sur un système de
conventions et de subventions aux transporteurs régionaux assurant un
certain nombre de liaisons complémentaires.
La réglementation européenne ayant posé le principe de la
concurrence sur toutes les liaisons aériennes européennes et mis
fin à la possibilité de maintenir un tel système,
l'article 35 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire du 4 février 1995 et
l'article 46 de la loi de finances pour 1995 ont institué un
nouveau mécanisme de péréquation, le Fonds de
péréquation des transports aériens (FPTA).
Ce fonds permet de subventionner certains liaisons structurellement non
rentables, dans le respect de la réglementation communautaire
7(
*
)
.
Aux termes de l'article 35 de la loi précitée, le FPTA :
"
concourt à assurer l'équilibre des dessertes
aériennes réalisées dans l'intérêt de
l'aménagement du territoire
". Ses modalités de
fonctionnement sont fixées par le décret n° 95-698 du
9 mai 1995 modifié par le décret n° 97-292 du
28 mars 1997.
Le statut
Le FPTA est un
compte spécial du Trésor
destiné
à assurer l'équilibre financier des lignes aériennes
qui contribuent à l'aménagement du territoire.
Après un régime transitoire mis en place pour les
années 1995 et 1996, c'est désormais le régime
" permanent " qui s'applique.
Il est financé par le biais d'une
taxe unitaire sur les billets
des passagers embarqués en France continentale, perçue depuis le
15 janvier 1995. Initialement fixée à 4 francs par billet,
cette taxe a été ramenée à 3 francs par billet
par la loi de finances pour 1996 puis à
un franc par billet
par
la loi de finances pour 1997.
Les critères d'éligibilité et le bilan des liaisons
aidées
Aux termes de l'article 4 du décret précité relatif
au FPTA, les liaisons aériennes doivent, pour être
éligibles au fonds :
- disposer d'un trafic compris
entre 10.000 et 15.000 passagers
par an ;
- relier
deux aéroports
dont l'un au moins n'a pas
dépassé un
trafic total de 1,5 millions
de passagers
l'année précédente ;
- se caractériser par
la non disponibilité d'autres
moyens de transports
(ferroviaires ou maritimes) et par l'absence d'un
acheminement alternatif en moins de trente minutes de plus que le temps de
transport requis pour se rendre à l'aéroport
considéré ;
- jouir d'un
programme d'exploitation
d'au moins un aller et retour
au début et en fin de journée, du lundi au vendredi.
Le bilan du FPTA au 15 septembre 1998, en ce qui concerne le
" régime permanent "
est le suivant
:
- 26 conventions tripartites Etat/collectivités
locales/transporteurs aériens ont été signées,
relatives aux liaisons intérieures ;
- deux autres, relatives à Saint-Pierre-et-Miquelon et Mayotte, ont
été signées entre l'Etat et chaque transporteur
aérien concerné.
Les compagnies et les liaisons ayant bénéficié des
interventions du fonds depuis l'application du régime permanent
apparaissent dans le tableau suivant :
Exploitant |
Liaisons |
Intervention du fonds par compagnie
|
Flandre Air |
Aurillac/Orly, Reims/Lyon,
Épinal/Orly, Bergerac/Orly,
Agen/Orly,
|
18,9 |
Air Littoral |
Montpellier/Strasbourg
|
20,3 |
Regional Airlines |
Saint-Brieuc/Orly
|
5,5 |
Protéus Airlines |
Castres/Rodez/Lyon
|
14,6 |
Air Normandie |
Montluçon/Orly |
1,4 |
Hex'Air |
Le Puy/Orly |
3,3 |
Finist'Air |
Brest/Ouessant |
1,5 |
Brit'Air |
Brest/Lyon |
4,5 |
Chalair |
Cherbourg/Orly |
0,9 |
Air Austral |
Réunion/Mayotte/Nairobi |
1,5 |
Air Guyane |
Cayenne/Maripasoula
|
2,3 |
Air Saint-Pierre |
Saint-Pierre-et-Miquelon/Canada |
10,0 |
TOTAL |
|
84,6 |
Source
: Direction générale de
l'Aviation
civile
Depuis sa mise en place, la participation financière du FPTA a
été sollicitée pour 45 liaisons intérieures
métropolitaines, dont
38 ont été
déclarées éligibles
(ce qui a donné lieu
à la signature de 23 conventions correspondant à
24 liaisons) et 17 non éligibles au FPTA.
Sur ces 45 liaisons, 43 sont exploitées. Le FPTA semble donc avoir
globalement rempli son objectif de
maintien de toutes les liaisons
nécessaires pour l'aménagement et le développement du
territoire qui, bien que déficitaires, existaient avant le changement de
cadre juridique européen et le " troisième paquet " de
libéralisation.
Les liaisons qui n'ont pas pu être déclarées
éligibles aux subventions du fonds et qui existaient auparavant sont
toujours en exploitation, à une exception près, la plupart
étant aujourd'hui exploitées sans aucune aide.
Au-delà du maintien quasi-intégral des liaisons
préexistantes, le FPTA a contribué à
l'ouverture de
quatre liaisons nouvelles
, dont trois sont actuellement exploitées
(Lorient-Lyon ; Saint-Etienne-Bordeaux ; Saint-Etienne-Nantes). Un
appel d'offres est en cours pour l'exploitation de la quatrième (Le
Havre-Rouen-Strasbourg).
Les moyens financiers du FPTA
La gestion financière du FPTA se caractérise par
un taux de
consommation des crédits relativement faible,
puisqu'il est de
57,6 %
en moyenne sur l'ensemble de la période
1er janvier 1995-15 septembre 1998, bien qu'il soit en
augmentation.
En effet, la taxe a été perçue à compter du 15
janvier 1995 alors que les premières conventions n'ont
été signées qu'en avril 1996, à cause des
délais nécessaires tant à la mise en place du fonds
qu'à la publication des obligations de service public, des avis d'appel
d'offres au Journal officiel des Communautés européennes et au
délai imposé avant la conclusion des appels d'offres. En
conséquence, le taux de consommation des crédits a
été de 25 % en 1996. La mise en place du régime
transitoire et l'abaissement de la taxe de trois à un franc par billet
ont conduit à une
augmentation du taux de consommation des
crédits
et à une
diminution du solde positif
du compte
d'affectation spéciale.
Le budget prévisionnel pour les exercices 1998 et 1999 s'établit
comme suit :
BUDGET
PRÉVISIONNEL DU FPTA EN 1998 ET 1999
(en millions de francs)
|
Prévision 1998 |
Estimation 1999 |
Ressources |
|
|
Report de l'année précédente |
158,7 |
125,7 |
Taxe perçue en 1998 |
48,5 |
51,0 |
Total des ressources |
207,2 |
176,7 |
Dépenses effectivement ordonnancées |
81,5 |
80,0 |
SOLDE PRÉVISIONNEL |
125,7 |
96,7 |
Source
: DGAC
Les perpectives d'évolution
Les conditions de fonctionnement du FPTA ont fait l'objet d'une mission
d'évaluation confiée à M. Henri Martre, à la
demande des ministres chargés de l'aménagement du territoire et
de l'aviation civile.
Son rapport a été récemment remis au Gouvernement.
Votre commission renouvelle son souhait que le réexamen
éventuel du fonctionnement du FPTA aille dans le sens d'un
élargissement de ses critères d'attribution.
D'autre part, comme l'indique l'exposé des motifs du projet de
loi
8(
*
)
relatif aux services
aéroportuaires, le Gouvernement envisage l'inclusion du FPTA au sein
d'un nouveau fonds, le fonds d'intervention des aéroports et du
transport aérien (FIATA). Votre commission veillera, lors de l'examen du
texte, à préserver la mission d'aménagement du territoire
du FPTA.
III. LES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS : UNE RÉFORME IMMINENTE, LOURDE DE CONSÉQUENCES POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
A. UN APPORT ESSENTIEL À LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
1. Les fonds structurels européens
a) Les instruments
La
politique communautaire des fonds structurels, qui représentent le tiers
environ du budget de la communauté, joue, dans un certain nombre de
régions françaises, un rôle essentiel en matière
d'aménagement du territoire.
L'action dite " structurelle ", de l'Union européenne, qui
vise à renforcer sa cohésion économique et sociale,
s'incarne dans plusieurs fonds :
- le fonds social européen (FSE) ;
- le fonds d'orientation et de garantie agricole (FEOGA) ;
- le fonds européen de développement régional (FEDER)
;
- l'instrument financier d'orientation pour la pêche
(IFOP).
b) Les objectifs
La
politique structurelle européenne cible son action sur 7
" objectifs prioritaires ".
Parmi ces objectifs, trois concourent plus spécialement à
l'aménagement du territoire :
l'objectif 1
, destiné au développement des
régions en retard de développement ;
l'objectif 2
, consacré à la reconversion des
régions affectées par le déclin industriel ou les
restructurations de la pêche ;
l'objectif 5b
, pour le développement et l'ajustement
structurel des zones rurales.
2. Un enjeu important pour de nombreuses régions
Les aides européennes concernent, au moins partiellement, la quasi-intégralité des régions françaises, comme le montre l'encadré suivant :
LES RÉGIONS FRANÇAISES ÉLIGIBLES AUX OBJECTIFS EUROPÉENS
Objectif 1
: les zones
bénéficiaires de
cet objectif ont été arrêtées par le Conseil des
ministres de l'Union en juillet 1993. Pour la France, il s'agit essentiellement
des
DOM, de la Corse et des trois arrondissements du Nord-Pas-de-Calais
: Douai, Avesnes et Valenciennes. Sur la période 1994-1999 ces zones
bénéficieront de
14.235 millions de francs
.
Objectif 2
:
19 régions françaises
ont
été déclarées éligibles par la Commission
Européenne en janvier 1994 à la première phase (1994-1996)
de cet objectif : Alsace, Aquitaine, Auvergne, Bretagne, Franche-Comté,
Haute-Normandie, Basse-Normandie, Bourgogne, Champagne-Ardenne,
Languedoc-Roussillon, Lorraine, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire,
Picardie, Rhône-Alpes, Centre, Poitou-Charentes, Nord-Pas-de-Calais,
Provence-Alpes-Côte d'Azur, ce qui représente une population de
14,7 millions d'habitants
.
Le 8 mai 1996 la Commission européenne a approuvé le
zonage se rapportant à la deuxième phase de cet objectif
(1997-1999). Les zones françaises déjà éligibles
ont été reconduites sans modification.
Les principaux domaines d'intervention sont les investissements dans les PME,
la recherche et développement, l'environnement des entreprises, la
réhabilitation des friches industrielles, la requalification urbaine et
les actions de formation.
La France, qui bénéficiait de 11.472 millions de francs pour
les programmes de première phase, disposerait de 13.377 millions de
francs au cours de la seconde (25,3 % de l'enveloppe totale).
Objectif 5b
: La France est le pays qui bénéficie le
plus de cet objectif (36 % de sa dotation totale). Sur la période
1994-1999, elle recevra à ce titre 14.547 millions de francs.
Les zones concernées sont caractérisées par un bas niveau
de développement économique, un taux élevé d'emploi
agricole, un bas niveau de revenu agricole et une faible densité. Le
zonage a été arrêté par la Commission en
février 1994 pour 6 ans.
Mis à part la Picardie, l'Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais, la Corse
et les DOM,
les 18 autres régions françaises
bénéficient de cet objectif pour une partie plus ou moins
étendue de leur territoire.
Source
: " Jaune " budgétaire sur
l'aménagement du territoire.
Sept programmes d'initiative communautaire
(ou PIC), ont en outre
été mis en place par la Commission européenne, pour
soutenir, au niveau régional, des actions qu'elle juge
intéressantes pour la communauté, dans ou hors les zones
prioritaires.
La France bénéficie de chacun de ces programmes :
LES PROGRAMMES D'INITIATIVE COMMUNAUTAIRE (PIC)
- "
INTERREG
" est dédié
à la
coopération transfrontalière. Il se compose de 15 programmes
concernant notamment l'aménagement du territoire européen.
- "
REGIS
" vise l'intégration des DOM dans la
Communauté.
- "
LEADER
" soutient des projets innovants de
développement local.
- "
Emploi et Développement des Ressources
Humaines
" est doté de 190 millions d'Ecus.
- "
Mutations industrielles
" regroupe les programmes
ADAPT, RECHAR, RESIDER, KONVER, RETEX et PME, qui sont relatifs aux
reconversions industrielles et militaires.
- "
URBAN
" est destiné aux quartiers en
difficulté. 13 villes françaises en ont
bénéficié : Valenciennes, Roubaix/Tourcoing, Mulhouse,
Amiens, Marseille, Les Mureaux, Aulnay-sous-Bois, Mantes-la-Jolie,
Clichy-Montfermeil, Châlon-Sur-Saône, Saint-Etienne, Bastia, le
Grand Est Lyonnais.
- "
PESCA
" est dédié à la
restructuration du secteur de la pêche.
Source : " Jaune " budgétaire sur l'aménagement du
territoire
3. Des crédits significatifs
Comme l'indique le fascicule budgétaire " jaune " déposé avec le projet de loi de finances pour 1999, les crédits en provenance du budget communautaire représentent des montants considérables :
CRÉDITS D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE EN
PROVENANCE
DES FONDS ET PROGRAMMES EUROPÉENS
(en millions de
francs)
|
1998 |
1999 |
Objectif 1 |
2 372,5 |
2 372,5 |
Objectif 2 |
4 459,0 |
4 459,0 |
Objectif 5b |
2 424,5 |
2 424,5 |
PIC |
966,7 |
1 762,5 |
TOTAL |
10 222,7 |
11 018,5 |
Source
: " jaunes budgétaires " de
1998
et 1999.
Le total des crédits européens représente plus de x fois
le budget de l'aménagement du territoire (au sens strict), et
près de x % du total de l'effort financier (au sens large) en
faveur de l'aménagement du territoire.
Dans ces conditions, votre commission des affaires économiques
appelle le Gouvernement à la plus grande vigilance pour la
réforme en cours de la politique structurelle communautaire.
Elle déplore, en outre, très vivement la lourdeur et la
complexité des circuits administratifs et financiers de consommation des
crédits européens, qui tendent à accréditer
l'idée, auprès de ses partenaires européens, que la France
n'a pas besoin des crédits des fonds structurels.
B. UNE RÉFORME PROGRAMMÉE PAR " AGENDA 2000 " DANS LE CADRE DE L'ÉLARGISSEMENT DE L'UNION EUROPÉENNE
La
Commission européenne a publié, en Juillet 1997, dans une
série de documents dénommés "
Agenda 2000 :
pour une Union plus forte et plus large
", ses propositions pour le
futur cadre financier de l'Union européenne, valable pour la
période de 2000-2006.
Ce programme présente une proposition de réforme de la Politique
agricole commune, remarquablement analysée par la mission d'information
sur l'avenir de la PAC constituée au sein de votre commission, dans son
rapport d'information : "
Quelle réforme pour la politique
agricole commune ?
"
9(
*
)
.
" Agenda 2000 " propose également une
réforme
de la politique structurelle
de l'Union européenne, qui
représente un tiers du budget communautaire. Répondant à
un objectif de " concentration " et de " simplification ",
cette réforme s'inscrit aussi dans le cadre de l'élargissement
prochain de l'Union européenne aux pays d'Europe centrale et orientale.
Elle laisse donc présager à moyen terme un déplacement
vers l'Est européen des transferts financiers communautaires
en
matière de politique structurelle.
1. Un contexte déterminant : l'élargissement de l'Union à l'Est européen
Comme le
fait judicieusement observer le rapport précité de la mission
d'information de votre Haute Assemblée, l'élargissement à
l'Est de l'Union européenne lance un défi sans
précédent aux politiques communautaires.
Les dix pays candidats présentent en effet, d'après les chiffres
de la Commission européenne
10(
*
)
,
un
produit intérieur brut par habitant égal à seulement un
tiers de la moyenne communautaire actuelle
.
Au sein des pays candidats eux-mêmes, l'écart est important : il
va de 1 à 3,2 entre les deux candidats " extrêmes ",
disparité plus importante que les écarts de développement
existant entre le plus riche et le moins riche par habitant des 15 membres
actuels (rapport de 1 à 2,6 entre la Grèce et le Luxembourg).
Dans " Agenda 2000 ", la Commission fait observer que du fait de
l'élargissement, la baisse du PIB par habitant communautaire moyen sera
supérieure à la somme des baisses successivement intervenues lors
des précédents élargissements.
Or le
principe de cohésion et de réduction des écarts
de développement
est l'un des fondements de la construction
européenne, inscrit à l'article 130 A du Traité sur
l'Union européenne.
Faibles contributeurs au budget communautaire, les pays candidats d'Europe
centrale et orientale risquent donc d'être fortement consommateurs de
crédits des politiques structurelles européennes.
Dans ce contexte, et malgré la décision du Conseil
européen d'Édimbourg de porter le budget des fonds structurels
à 275 millions d'Ecus pour 2000-2006, l'actuelle politique
structurelle communautaire est-elle soutenable dans le moyen terme ? La mission
d'information du Sénat sur l'avenir de la PAC faisait d'ailleurs
observer à cet égard que :
" En application des critères actuels,
tous les PECO seraient
éligibles
à l'objectif 1
des fonds structurels. Si
rien n'est changé, le nombre d'habitants pouvant
bénéficier de cette aide passerait alors de 94 à
200 millions, soit près des 2/3 de l'Union (60,4 %).
Ces chiffres montrent le caractère difficilement soutenable de la
politique structurelle actuelle. Ils posent ainsi le problème du
transfert de la solidarité intra-communautaire.
Ils hypothèquent à terme la capacité de l'Union
Européenne à venir en aide aux zones rurales des pays les moins
défavorisés de la Communauté ".
2. Les propositions de la commission européenne
a) Les principes de la réforme proposée
Les
propositions de règlements
11(
*
)
européens relatifs à la réforme des fonds structurels ont
été transmis
12(
*
)
, par le
Gouvernement, en vertu de l'article 88-4 de la Constitution, à
l'Assemblée nationale et au Sénat, dans le cadre de la
proposition d'acte communautaire n° E-1061.
Cette proposition d'acte communautaire E 1061 comporte
quatre propositions
de règlements
du Conseil relatives :
- aux
dispositions générales sur les fonds
structurels
;
- au
fonds européen de développement régional ;
-
au
fonds social européen ;
-
aux
actions structurelles dans le secteur de la pêche.
Elle définit le cadre dans lequel quinze Etats membres actuels recevront
218,7 milliards d'écus au titre des fonds structurels
sur un
total de
275 milliards d'écus
pour la période
2000-2006.
Deux principes gouverneraient désormais la politique des fonds
structurels : la concentration et la décentralisation
La
concentration géographique
conduirait à resserrer le
périmètre des régions éligibles aux fonds
structurels.
Actuellement
, ces régions correspondent à
51 %
de la population européenne.
En 2006
et
moyennant des mesures de transition (réduction des aides " en
sifflet "), la population des régions éligibles serait de
35 à 40 %
de la population communautaire.
La
décentralisation des aides
implique qu'une fois celles-ci
accordées, les Etats membres et les régions seraient responsables
de leur gestion.
Trois objectifs remplaceraient les sept objectifs actuels
:
L'objectif 1
serait consacré aux régions en retard de
développement dont le PIB par habitant est inférieur au seuil de
75 % de la moyenne communautaire
. Les régions actuellement
éligibles et qui ne répondraient pas au nouveau critère
(notamment la Corse et le Hainaut en France
) bénéficieraient
d'un soutien progressivement réduit jusqu'au 31 décembre 2005.
L'objectif 2
serait destiné aux
régions en reconversion
économique et sociale
, qu'elles soient
rurales, urbaines ou
dépendantes de la pêche
. La population résidant dans
les zones éligibles à l'objectif 2 ne devrait pas dépasser
18 % du total de l'Union en 2006. Les zones qui bénéficient
actuellement des objectifs 2 et 5b, qui ne seront plus éligibles au
nouvel objectif 2 bénéficieraient d'un appui dégressif du
FEDER jusqu'au 31 décembre 2003.
L'objectif 3
tendrait au
développement des ressources
humaines
.
La Commission propose enfin une simplification
de la gestion
financière et un accroissement de l'évaluation des
résultats
La transparence de l'attribution des financement serait accrue par
l'établissement de rapports annuels, la collecte
d'éléments statistiques et le suivi des programmes par
l'autorité locale chargée de leur gestion, les Etats membres et
la commission.
Le paiement des aides serait facilité (octroi d'avances).
b) Le calendrier
Alors
que la Commission a présenté ses premières propositions de
réforme le 15 juillet 1997 dans
" Agenda 2000 ", le Conseil européen de Cardiff,
réuni le 15 juin 1998, a fixé une date butoir pour
l'adoption de la réforme des fonds structurels :
fin mars 1999,
pour une application au 1er janvier 2000.
C'est donc dans les toutes prochaines semaines que vont se dérouler les
négociations sur la réforme des fonds structurels.
c) La position de la Délégation du Sénat pour l'Union européenne
Attentive à cet enjeu d'importance pour notre pays, la
Délégation du Sénat pour l'Union européenne a
présenté, en décembre dernier, un rapport d'information
sur l'avenir des fonds structurels européens dans le cadre
d'Agenda 2000, intitulé : "
Agenda 2000, quelle
politique régionale pour une Europe élargie
? "
13(
*
)
.
La Délégation a, en outre, décidé, lors de la
réunion du mardi 16 juin 1998, le dépôt
d'une proposition de résolution
14(
*
)
sur
la proposition d'acte communautaire E 106 relative à la réforme
des fonds structurels, faisant suite à une communication de M. Yann
Gaillard.
Cette proposition de résolution soutient le principe d'une
réforme des fonds structurels, et formule des propositions quant aux
modalités de cette réforme :
BREFS
EXTRAITS DE LA PROPOSITION DE RÉSOLUTION N° 174
DE LA
DÉLÉGATION POUR L'UNION EUROPÉENNE
(...)
2. Répartition des fonds disponibles
Considérant (...) qu'il est proposé d'affecter à la
réalisation de l'objectif 1 les deux tiers des crédits des Fonds
structurels, soit une augmentation en valeur d'environ 20 % par rapport
à l'actuelle période de programmation ; que, dans le même
temps, la diminution des zonages conduira à réduire d'environ
vingt millions le nombre d'habitants couverts par cet objectif ; (...)
Considérant qu'il est essentiel d'établir une politique durable
d'action structurelle dans une Europe destinée à
l'élargissement ; que cette politique doit être conduite dans le
souci de contenir les dépenses budgétaires ; que les
nouveaux adhérents pourraient légitimement prétendre, dans
l'avenir, à un niveau d'aide équivalent à celui
accordé aux actuels membres de l'Union :
-
souhaite qu'un rééquilibrage des dotations entre
l'objectif 1 d'une part, et les objectifs 2 et 3, d'autre part, soit
effectué au profit de ces derniers. (...)
7. Dispositif transitoire
Considérant que les mesures prévues au titre du dispositif
transitoire ne sont pas suffisamment claires, alors même qu'il s'agit
d'un élément essentiel de la réforme envisagée :
-
demande au Gouvernement d'obtenir une estimation chiffrée des
fonds disponibles au seul titre du dispositif transitoire de sortie,
- souhaite une clarification de la nature des opérations qui seront
envisageables en période transitoire,
- demande l'uniformisation des dates d'achèvement des
périodes transitoires. (...)
d) Les inquiétudes de votre commission
Votre
commission exprime ses vives inquiétudes sur deux points :
- la réduction de la taille des zones éligibles.
Concernant notamment l'objectif 1, la " concentration " des fonds
aura pour effet de faire sortir du dispositif communautaire certaines zones
françaises jusqu'alors éligibles, tandis qu'à objectif
sera consacrée une part plus importante du total de l'enveloppe
communautaire ;
-
la " préservation " de la spécificité
rurale
. La fusion des objectifs proposée et leur nouvelle
définition au sein de l'objectif 2 " nouvelle formule "
laissent présager une dilution de la priorité accordée au
monde rural au profit d'objectifs plus larges, " fourre-tout ",
englobant
à la fois les zones rurales et les zones urbaines
.
Votre commission demande au Gouvernement d'être très attentif
à ces deux écueils pour la négociation à
venir.
IV. ETAT GLOBAL DES CRÉDITS
L'effort
global de l'Etat (crédits budgétaires et exonérations
fiscales) en faveur de l'aménagement du territoire s'élève
à 57,34 milliards de francs en dépenses ordinaires et
crédits de paiement et à 23,50 milliards de francs en
autorisations de programme.
La contribution des fonds européens atteint, comme cela a
déjà été dit, 11 milliards de francs. Elle
porte le total des crédits à 68,36 milliards de francs en
crédits de paiement et dépenses ordinaires et à 34,5
milliards de francs en autorisations de programme.
Le tableau ci-dessous, extrait du fascicule budgétaire
" jaune ", présente un récapitulatif de l'effort
financier total en faveur de l'aménagement du territoire :
ETAT
RÉCAPITULATIF DE L'EFFORT FINANCIER EN FAVEUR DE L'AMÉNAGEMENT DU
TERRITOIRE (1999)
(en millions de francs)
|
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Budget DATAR |
1 600,70 |
1 799,30 |
Autres budgets |
20 399,61 |
54 043,95 |
Sous total crédits budgétaires |
22 000,31 |
55 843,25 |
Dépenses fiscales (hors
zones franches urbaines)
|
1 500,00 |
1 500,00 |
Exonération de TP 1 |
800,00 |
800,00 |
Exonération d'IS 15( * ) |
530,00 |
530,00 |
Total de l'effort de l'Etat |
23 500,31 |
57 343,25 |
Fonds
européens
|
11 018,50 |
11 018,50 |
Objectif 1 |
2 372,50 |
2 372,50 |
Objectif 2 |
4 459,00 |
4 459,00 |
Objectif 5 B |
2 424,50 |
2 424,50 |
PIC |
1 762,50 |
1 762,50 |
Total général |
34 518,81 |
68 361,75 |
Source
: " jaune " budgétaire
Votre commission des affaires économiques regrette vivement que l'on
ne dispose toujours pas d'une évaluation fine de l'incidence des
dispositions fiscales en faveur des zones rurales édictées par la
loi d'orientation.
Elle renouvelle son souhait que le Gouvernement présente un tel bilan,
qui seul permettra de juger de l'efficacité de ces
mesures.
CHAPITRE II -
QUEL AVENIR
POUR
L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ?
I. L'APPLICATION DE LA LOI DU 4 FÉVRIER 1995 : UN PRÉALABLE INDISPENSABLE À TOUTE REMISE EN CAUSE
A. UN EFFORT D'APPLICATION INTERROMPU
La loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995, n° 95-115, supposait, pour être totalement appliquée, l'intervention ultérieure de 6 projets de loi et de 31 décrets d'application. Elle prévoyait également l'intervention de 7 rapports.
1. Un effort important pour faire entrer la loi en vigueur (1995-1997)
Comme votre commission des affaires économiques le détaillait dans son avis budgétaire pour 1998 sur l'aménagement du territoire 16( * ) , le travail accompli par le précédent Gouvernement pour l'appliquer la loi d'orientation est important : malgré un retard initial, 43 décrets, 51 arrêtés, circulaires et instructions d'application ont en effet été pris entre 1995 et 1997, tandis qu'un projet de schéma national d'aménagement du territoire (SNADT) était présenté au comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) d'Auch, le 10 avril 1997.
2. Une oeuvre interrompue, à de décevantes exceptions près
Depuis
l'alternance de 1997, ce chantier réglementaire n'a pas beaucoup
avancé. Un décret n° 97-1146 du
12 décembre 1997 relatif au fonctionnement du fonds de
péréquation des transports aériens pour la
collectivité territoriale de Saint-Pierre et Miquelon, est toutefois
paru.
La principale mesure d'application de la loi d'orientation prise depuis juillet
1997 est la dotation du Fonds national de développement des entreprises
(FNDE) créé par son article 43. Comme indiqué supra,
le FNDE a reçu 200 millions de francs de crédits à la
suite du Comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire (CIADT) du
15 décembre 1997, chiffre très inférieur aux
montants évoqués lors de la discussion de la loi.
L'élaboration des directives territoriales d'aménagement (DTA)
sur les cinq sites expérimentaux (Côte d'Azur, Estuaire de la
Seine, Alpes du Nord, Marseille, Estuaire de la Loire) a été
poursuivie tandis que l'élaboration d'une sixième DTA couvrant
l'aire métropolitaine lyonnaise était décidée. Il
convient néanmoins de souligner que les
cinq premiers projets de
DTA
sont désormais sur le métier depuis
près de
3 ans.
Même si l'élaboration de ces documents est
nécessairement ardue, on regrettera la lenteur des travaux
préparatoires à leur publication.
Le faible nombre de textes d'application publiés en 1998 s'explique
largement par le changement d'orientation de la politique d'aménagement
du territoire annoncé par la ministre de l'aménagement du
territoire et de l'environnement.
Ainsi la loi d'orientation serait-elle caduque avant d'être
appliquée, démarche que réfute absolument votre commission
!
3. Des textes d'application dans les limbes
a) Les rapports et propositions
Le
législateur avait prévu en 1995 que des rapports seraient remis
à la représentation nationale, suivant un calendrier fixé
par ses soins.
Or, trois ans après la promulgation du texte, nombre d'entre eux n'ont
toujours pas été remis par le Gouvernement, malgré les
échéances fixées.
Il s'agit des documents suivants :
- rapport sur les modalités de développement de la
polyvalence des services publics
(article 31) ;
- propositions visant à réduire les entraves à la
mobilité économique
des personnes (article 48) ;
- rapport sur la
péréquation et les finances locales
(article 68) ;
- propositions de réforme du
financement des
collectivités locales
(article 74) ;
- propositions sur le
développement local
(article 78)
;
b) Les textes législatifs et réglementaires
La
ministre de l'aménagement du territoire a annoncé, lors du CIADT
du 15 décembre 1997, une révision de la loi
d'orientation, bien que cette dernière n'ait pas encore
été totalement appliquée et que nombre de textes de loi et
de décrets soient encore attendus.
Le Conseil des ministres du 29 juillet 1998 a adopté le projet
de loi d'aménagement durable du territoire déposé le
même jour à l'Assemblée nationale.
Compte tenu des modifications que l'adoption du projet de loi serait
susceptible d'apporter au texte de la loi d'orientation, un nombre relativement
important de dispositions, pourtant adoptées en termes
identiques
par les deux chambres du Parlement, et promulguées par le
Président de la République, ne recevront vraisemblablement pas de
texte d'application.
Tel est le cas des
articles 61, 65 et 68
, qui prévoient
respectivement le dépôt de projets de loi relatifs aux zones
rurales, à la clarification des compétences et à la
révision des évaluations cadastrales.
Il en va également ainsi
en matière réglementaire
des articles suivants :
-
article
9
(création d'un groupement
d'intérêt public d'observation et d'évaluation de
l'aménagement du territoire), la commission permanente du CNADT devant
exercer, dans le nouveau projet gouvernemental, certaines compétences du
GIP,
-
article 2
(schéma national d'aménagement et de
développement du territoire qui aurait dû être
présenté au Parlement dans un délai d'un an à
compter de la publication de la loi et approuvé par une loi). Le projet
de loi du Gouvernement propose de réviser cet article en substituant au
SNADT des choix stratégiques et des schémas de services
collectifs ;
-
articles 11, 16, 17-II-1 et 2, 20 et 21
, relatifs aux
schémas sectoriels consécutifs à l'adoption du
schéma national d'aménagement et de développement du
territoire (schémas de l'enseignement supérieur et de la
recherche ; des équipements culturels ; révision du schéma
directeur routier national et du schéma directeur des voies navigables ;
schéma du réseau ferroviaire, schéma des ports maritimes
et schéma des infrastructures aéroportuaires). Huit
schémas de services collectifs seraient substitués, dans les
projets gouvernementaux, aux schémas sectoriels.
Il en va de même des articles suivants :
-
article 29
(décret relatif aux modalités de
maintien des services publics sur le territoire). Une modification de cet
article est envisagée par le Gouvernement ;
-
articles 30-IV-1 et 2
(possibilité d'extension
d'ouverture d'une officine de pharmacie dans les communes de moins de 2.000
habitants) ;
-
article 68 V
(composition d'une commission d'élus,
chargée d'émettre un avis sur la péréquation des
finances locales) ;
-
article 86
(déclaration auprès de la mairie
des locations touristiques).
B. UNE VOLONTÉ POLITIQUE À L'ENCONTRE DES DISPOSITIONS DE LA LOI ADOPTÉE EN 1995
Sans
revenir trop largement sur un sujet analysé par la commission
d'enquête du Sénat chargée d'examiner le devenir des grands
projets d'infrastructures terrestres d'aménagement du territoire, dans
une perspective de développement et d'insertion dans l'Union
européenne
17(
*
)
, présidée
par M. Jean François-Poncet, et dont le rapporteur était
M. Gérard Larcher, votre rapporteur pour avis rappellera
toutefois brièvement
un exemple particulièrement parlant
du sort réservé à certaines dispositions de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995 : celui du canal
à grand gabarit Rhin-Rhône :
Par un décret du 30 octobre 1997, le premier ministre a en
effet abrogé la déclaration d'utilité publique (DUP) du
projet de canal " Saône-Rhin ", datant de 1978, qui avait
été renouvelée en 1988.
Le canal " Rhin-Rhône " devait être financé dans
les conditions prévues par l'article 36 de la loi d'orientation
n° 95-115, qui dispose expressément que " l'ensemble des
travaux devra être achevé au plus tard en l'an 2010 ".
Depuis la publication du décret portant abrogation de la DUP, le
texte de l'article 36 précité est devenu lettre morte, alors
même qu'il demeure formellement en vigueur faute d'avoir
été abrogé.
Seule une modification du texte de l'article 36 de la loi aurait permis
d'éviter cette contrariété dans la hiérarchie des
normes entre un décret et une loi.
Une telle modification aurait nécessité un débat devant le
Parlement. Le Gouvernement a choisi de modifier " a posteriori " le
texte de l'article 36 à l'occasion de la discussion du projet de
loi d'aménagement durable du territoire précité dont
l'exposé des motifs précise que :
"
en application de la décision prise par le Gouvernement
d'abandonner le projet de canal à grand gabarit Rhin-Rhône, les
articles [de la loi de février 1995] sont abrogés ".
Tout comme la commission d'enquête, votre commission émet les
plus vives réserves sur l'opportunité de publier un décret
avant d'abroger une loi dont il contredit l'esprit et la lettre.
Elle renouvelle son opposition à ce que les dispositions de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995 soient
considérées comme lettre morte avant même d'avoir
été abrogées.
II. LA RÉORIENTATION DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ANNONCÉE AU CIADT DU 15 DÉCEMBRE 1997
Le
premier ministre avait, le 19 juin 1997, dans sa déclaration de
politique générale, affirmé sa volonté de
réformer la loi n° 95-115 d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire
" afin
que toutes les dimensions -écologiques, culturelles et
économiques- du développement soient prises en compte dans les
régions ".
Votre commission n'avait pas manqué de souligner qu'une telle
réforme était un bien maigre programme dans un domaine aussi
essentiel que l'aménagement du territoire.
Le Gouvernement a, depuis lors, précisé les orientations qu'il
souhaitait conférer à la politique d'aménagement du
territoire, lors du comité interministériel d'aménagement
et de développement du territoire, tenu à l'hôtel Matignon
le 15 décembre 1997.
A. LES PRINCIPES D'ACTION DU GOUVERNEMENT JOSPIN EN MATIÈRE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE.
1. La
"
consolidation des systèmes urbains à vocation
internationale
" affirme la prééminence du fait urbain
au détriment de la ruralité
-
La prééminence du fait urbain
Deux priorités gouvernementales sur quatre, affirmées lors du
CIADT de décembre, concernent les systèmes urbains
: "
le maillage de tout le territoire national pour un
développement solidaire, notamment en s'appuyant sur l'organisation des
agglomérations et des villes moyennes "
et
" la
valorisation de systèmes urbains dans la compétition
mondiale "
Le CIADT affirme également que "
c'est en travaillant sur
l'armature urbaine et sur un nombre réduit de possibles alternatives
à Paris qu'à long terme (2015), la géographie de la France
pourra se trouver modifiée, plus équilibrée et plus
polycentrique ".
-
L'abandon du plan pour les espaces ruraux
Le projet de loi sur les espaces ruraux, prévu par la loi d'orientation
de 1995, est abandonné. Le Gouvernement considère par ailleurs
qu'il est prioritaire de promouvoir l'organisation d'agglomérations sur
le rayonnement desquelles repose à son sens l'essentiel des chances de
compétitivité de la France et dont les capacités à
entraîner les territoires qui les entourent sont nécessaires pour
organiser une géographie solidaire. Il considère en outre que
"
les oppositions spatiales traditionnelles entre l'urbain et le rural
ou encore le centre et la périphérie ne rendent plus compte
aujourd'hui des enjeux de proximité, de quotidienneté, de
cohésion sociale, de dynamique économique et d'identité
territoriale ".
Votre commission ne souscrit qu'en partie à cette analyse et
s'insurge contre la contrepartie que semble y mettre le Gouvernement : celle de
l'abandon du plan pour les espaces ruraux, réclamé avec
insistance par votre commission, et symétrique du Pacte de relance pour
la ville, adopté en 1996.
2. Le " développement durable " et la " croissance
soutenable " comme seuls horizons
-Une " nouvelle approche spatiale "
Souhaitant assurer les conditions d'un développement durable, le
Gouvernement entend préserver les ressources pour les
générations futures. Dans ce cadre, le milieu doit être
considéré comme "
une ressource à part
entière ".
Il
estime, en particulier, prioritaire
" d'orienter les politiques agricoles vers des formes de production et
de consommation de l'espace moins intensives et plus soucieuses de
l'environnement et respectueuses des équilibres territoriaux ".
Votre commission souscrit à cet objectif mais rappelle qu'il figurait
déjà à l'article 2 de la loi n° 95-115
précitée et craint que sa " redécouverte " ne
sonne le glas du développement économique, notamment rural.
3. Une volonté de " contractualisation " et de
" démocratie participative "
Le CIADT a estimé que
" Les Français ne doivent plus
avoir le sentiment d'être exclus des décisions concernant
l'aménagement de leur cadre de vie. L'Etat ne sera le garant de
l'intérêt général que s'il ne s'en considère
pas comme le dépositaire exclusif. C'est à ce prix qu'il pourra
non seulement faire percevoir les effets des mutations mais qu'il pourra
également en faire partager les conséquences par l'ensemble du
corps social. "
Votre commission s'interroge sur la cohérence entre l'affirmation de
cet objectif de participation et l'abandon du débat parlementaire -que
prévoyait la loi précitée de 1995-, pour l'adoption du
schéma national d'aménagement du territoire
(SNADT).
B. LES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DU PROGRAMME GOUVERNEMENTAL
1. Une réforme de la loi d'orientation du 4 février 1995
Le
comité interministériel de décembre 1995 a
décidé la révision de la loi d'orientation.
Votre
commission ne reviendra pas sur les raisons de son profond désaccord
avec cette démarche, déjà largement exposées
ci-dessus.
L'analyse du projet de loi gouvernemental figure, quant à elle, au
chapitre suivant du présent rapport.
2. La réforme annoncée des zonages
Relevant
la complexité du dispositif actuel de zonage, à son sens
insuffisamment orienté vers les zones défavorisées, le
Gouvernement a affirmé son intention de mettre en oeuvre une
réforme d'ensemble de ce système.
Cette réforme devait s'attacher à :
- prendre en compte la
spécificité des DOM
;
- faire porter les aides sur des
territoires cohérents
(bassins de vie, agglomérations, pays) jugés seuls capables
d'être " porteurs de projets " de développement local ;
-
concentrer les efforts de solidarité nationale
et
optimiser les engagements financiers consacrés à ces politiques ;
- s'assurer du
caractère transitoire
et donc de la
réversibilité des zonages institués, "
condition
de la compatibilité des mesures de discrimination positive avec le
principe d'égalité qui fonde la Constitution
".
Le CIADT a chargé M. Jean Auroux, ancien ministre, maire de Roanne et
Président de l'Association des villes moyennes, d'une réflexion
en la matière. Le rapport qui a conclu sa réflexion est
analysé plus loin.
3. La " réorientation " des instruments financiers
Le
Gouvernement a entendu que soient "
réexaminées les
conditions d'emploi et de fonctionnement des fonds créés par la
loi du 4 février 1995
".
Votre commission n'a en la matière pas obtenu de réponse
définitive quant à leur devenir.
En outre, la mise en place d'un fonds consacré au développement
des technologies de l'information, décidée en décembre
1995, n'a pas encore été menée à bien.
4. La création de l'Institut des Hautes Etudes de Développement et d'Aménagement du Territoire
Le CIADT
a annoncé la création d'un Institut des Hautes Etudes de
Développement et d'Aménagement du Territoire " (IHEAT).
Pourtant, comme l'indiquait récemment le Gouvernement
18(
*
)
, l'IHEAT n'est encore qu'un projet -même si la
ministre l'a qualifié de projet " avancé "- et il ne
devrait pas être mis définitivement en place avant
l'an 2000.
5. Les zones de reconversion
Le CIADT
a annoncé une première série de mesures territoriales. Il
s'agit d'abord de décisions en faveur de
cinq zones de
reconversion
qui souffrent des conséquences de la restructuration de
l'appareil de défense : bassins de Brest et Lorient, le Cotentin et
Cherbourg, le département de la Loire et le Bassin de Longwy. Enfin,
dans le Nord-Pas-de-Calais, la démarche commune de développement
du littoral, dans le cadre du syndicat mixte de la Côte d'Opale, sera
encouragée et devrait faire l'objet d'une convention pour 1998-1999. De
même, une convention de développement sera passée avec les
collectivités du bassin minier.
Trois programmes d'action ont également été lancés
en faveur du développement du Pays Basque et de l'aménagement de
la vallée du Doubs.
6. La relance de la politique de délocalisation d'emplois publics
Le CIADT
a annoncé une quinzaine d'opérations de délocalisation,
portant sur un total de 1.880 emplois environ, en faveur des zones de
restructuration de la défense.
Seront ainsi étudiés : le transfert de l'Ecole nationale
supérieure des techniques avancées à Brest, la
création en Bretagne, d'un centre d'ingénierie dans le domaine
des bâtiments de surface, le renforcement de l'Ecole de Gendarmerie de
Tulle, la faisabilité d'un pôle de soutien logistique des
Armées dans la Loire. Par ailleurs, l'antenne de Brest du comité
d'études des termes médico-français sera renforcée
ainsi que l'établissement national des invalides de la marine à
Lorient. Des opérations sont confirmées : l'Ecole nationale des
Douanes à Tourcoing, le Centre national de formation et d'étude
de la protection judiciaire de la jeunesse à Roubaix, la création
d'une cour administrative d'appel à Douai, le centre national pour
l'aménagement des structures des exploitations agricoles à
Limoges, le transfert de l'agence nationale pour l'amélioration de
l'habitat sur un site prioritaire d'Ile-de-France.
Votre commission
:
-
déplore le manque d'ambition de la vision gouvernementale en
matière d'aménagement du territoire, la réforme d'une loi
ne suffisant pas à son sens à constituer un programme ;
-
s'inquiète de l'oubli des zones rurales et de la
prééminence du fait urbain dans les annonces gouvernementales
;
-
demande qu'un volet " développement économique"
soit rajouté au programme du Gouvernement.
Le CIADT du 15 décembre 1997 a également fourni au
Gouvernement l'occasion de demander à certaines personnalités des
rapports sur des sujets majeurs ayant trait à l'aménagement du
territoire.
III. LES RAPPORTS SUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Plusieurs rapports officiels ont été
élaborés à la demande du Gouvernement dans le courant de
l'année 1998, à la suite des travaux du CIADT de
décembre 1997 :
- le rapport au premier ministre de M. Jean Auroux sur "
La
réforme des zonages et l'aménagement du territoire "
;
- le rapport de M. Yves Morvan les
schémas régionaux
d'aménagement et de développement du territoire
(SRADT) ;
- le rapport de M. Jacques Chérèque sur la prochaine
génération de contrats de plan Etat-Région 2000-2006,
intitulé : "
Plus de régions et mieux d'Etat "
remis en mai 1998 ;
- le rapport de M. Pierre Trousset sur
les politiques structurelles
communautaires.
En outre,
la commission d'enquête chargée par le Sénat
d'examiner le devenir des grands projets d'infrastructures terrestres
d'aménagement du territoire, dans une perspective de
développement et d'insertion dans l'Union européenne
,
présidée par M. Jean François-Poncet et dont le rapporteur
était M. Gérard Larcher, a formulé des
propositions novatrices dans son rapport "
Fleuve, Rail, Route : pour
des choix nationaux ouverts sur l'Europe
".
A. LES RAPPORTS DEMANDÉS PAR LE GOUVERNEMENT
1. Le rapport Auroux sur la réforme des zonages et l'aménagement du territoire
Dans une lettre de mission datée du 10 avril 1998, le Premier ministre a confié à M. Jean Auroux une mission de réflexion sur " L'harmonisation et la simplification des zonages " dont les résultats ont été présentés en juin 1998.
a) Le constat du rapport Auroux : les zonages, un outil utile mais complexe et imparfait
-
La complexité du découpage du
territoire
national
Entre les zonages institutionnels, les zonages d'intervention
économique, les zonages prescriptifs, les zonages de projets et les
zonages d'étude, le rapport constate que "
le découpage
du territoire national est devenu si complexe qu'il échappe
désormais à la connaissance, voire à la
compréhension ".
Le rapport poursuit : "
Il n'est pas
normal que l'on compte 40 à 60 découpages administratifs
divers dans chacune de nos régions ".
Le rapport prend l'exemple de la région Rhône-Alpes pour illustrer
son propos. Bien qu'il déborde du strict cadre de l'action en faveur de
l'aménagement du territoire, votre rapporteur pour avis estime cet
exemple tout à fait parlant :
UN
EXEMPLE DE LA " CRÉATIVITÉ " FRANÇAISE
EN
MATIÈRE DE ZONAGES
LE CAS (BANAL) DE LA RÉGION RHÔNE-ALPES
(SOURCE INSEE)
Nombre de zones |
Zonages |
Date de création |
12 |
Chambres de Commerce et d'Industrie |
1702 |
292 |
Trésoreries |
1804 |
12 |
Caisses d'allocations familiales |
1918 |
62 |
Régions agricoles |
1946 |
172 |
Unités urbaines |
1952 |
147 |
Groupements de communes à fiscalité propre |
1959 |
24 |
Centre des Impôts fonciers |
1960 |
87 |
Centre des Impôts |
1960 |
22 |
Périmètres de transports urbains |
1960 |
2 |
Académies et 46 contrats scolaires |
1965 |
37 |
Réserves naturelles |
1967 |
58 |
Agences locales pour l'emploi |
1970 |
544 |
Codes postaux |
1972 |
18 |
SDAU |
1973 |
4 |
Zones défavorisées de montagne |
1975 |
11 |
Secteurs sanitaires |
1977 |
76 |
Bassins d'emplois |
1979 |
40 |
Bassins d'habitat régionaux |
1980 |
20 |
PAIO et 35 missions locales |
1982 |
3 |
Zones d'aménagement du territoire |
1982 |
1931 |
Zones naturelles d'intérêt écologique Faunistique et floristique |
1982 |
27 |
Zones d'emplois |
1983 |
30 |
Bassins de formation |
1984 |
1 |
Périmètre à neige |
1985 |
3 |
Zones Objectifs 2 |
1989 |
1 |
Zone Objectif 5b |
1989 |
34 |
Zones d'emploi formation |
1989 |
57 |
Commission locales d'insertion |
1989 |
42 |
Zones touristiques |
1990 |
207 |
Bassins de vie |
1992 |
49 |
Contrats globaux de développement |
1993 |
2 |
Territoires ruraux de développement prioritaire |
1994 |
4 |
Zones à risques naturels majeurs |
1995 |
40 |
Aires Urbaines |
1996 |
Source
: rapport Auroux, page 13.
-
Une situation qui génère surcoûts et
inefficacité
Le zonage devient même, d'après le rapport,
un obstacle au
développement et un facteur de coûts
supplémentaires et
d'inefficacité des interventions publiques. Le constat d'un besoin de
réforme est unanimement partagé par les acteurs locaux.
b) Les propositions du rapport
Au-delà des "
principes des
recommandations
"
qu'expose le rapport (notamment le
développement de "
territoires de
projets
" pour permettre à chacun d'être
"
acteur sur son territoire vécu
" et
de"
substituer une
logique de projets
" à une
"
logique de guichet
" "), un certain nombre de
propositions concrètes sont formulées.
- L'échelon pertinent au sens du rapport Auroux
Prônant l'émergence de " territoires de projets "
contractualisés, le rapport Auroux suggère qu'elle se
réalise dans le cadre :
- de l'agglomération urbaine seule ;
- du pays rural seul ;
- ou d'une association des deux.
- La simplification des zonages existants
Le rapport suggère de simplifier les
zonages nationaux
, pour
n'avoir plus que deux grandes catégories de zonage :
- les " zones de soutien " : dont certaines seraient
à vocation urbaine, d'autres à vocation rurale et
bénéficieraient principalement d'allégements fiscaux et
sociaux ;
- les " zones d'intervention économique " qui jouiraient
en outre d'aides et de subventions publiques à l'emploi.
SYNTHÈSE DE QUELQUES PROPOSITIONS DU RAPPORT AUROUX
Zonages à supprimer ou à redéfinir |
Zonages à maintenir ou à étendre |
Zonages à créer |
- Territoires ruraux
de développement prioritaires
(TRDP) ;
|
- Zones de
revitalisation rurales (ZRR)
|
- Zonage prioritaire ultrapériphérique (ZPU) coïncidant avec le zonage européen d'éligibilité à l'objectif 1 (pour les DOM) |
Votre commission s'interroge sur la cohérence de ces propositions avec certaines positions défendues par l'un ou l'autre des membres du Gouvernement (maintien des zones franches urbaines, remise en cause des ZNIEFF...).
2. Le rapport Trousset sur la réforme des politiques structurelles communautaires
M. Pierre Trousset, Président du Conseil économique et social de la région Centre, Président de l'Assemblée permanente des présidents de conseils économiques et sociaux régionaux a été chargé par Mme Dominique Voynet et M. Jean-Jack Queyranne, à la suite du CIADT du 15 décembre 1997, de la rédaction d'un " rapport des évaluations conduites sur les programmes communautaires en cours afin de prendre la mesure et de se prononcer sur la pertinence des interventions conduites dans le cadre de ces programmes " 19( * ) .
a) Un apport majeur à la politique d'aménagement du territoire, confronté à des défis d'envergure
Votre
rapporteur pour avis ne s'étendra pas sur les éléments du
constat dressé par M. Trousset, qui convergent avec les analyses du
chapitre 1er du présent rapport.
Rappelons seulement que :
- la politique structurelle européenne est
un
élément essentiel
pour la politique française
d'aménagement du territoire : sur la période de 1994-1999,
notre pays aura bénéficié au total de près de
100 milliards de francs de financements communautaires, accompagnés
de 200 milliards de fonds nationaux.
Plus de 55 milliards de fonds européens auront été
affectés en France aux objectifs prioritaires 1 et 5b, concernant
27 millions d'habitants ;
-
l'élargissement de l'Union européenne
entraîne des interrogations sur "
la place
réservée à la France dans les politiques structurelles et
sur l'avenir de la politique agricole commune ".
b) La France n'a pas tiré le meilleur partir des fonds de la politique structurelle européenne
Le
rapport estime qu'"
Au cours de la présente période, la
France ne s'est pas donné les moyens de permettre aux politiques
structurelles de l'Union européenne toute l'efficacité autorisant
une véritable ambition en termes de cohésion territoriale [...]
L'Etat [...] n'a pas pris des mesures nécessaires, tant dans le cadre
de l'élaboration des programmes que dans la mise en oeuvre de ceux-ci,
pour garantir l'efficacité optimale des actions ".
Le rapport croit pouvoir discerner plusieurs causes à cette
situation :
-
l'insuffisante réflexion stratégique préalable
;
-l'absence de " lisibilité " sur le rôle de la
péréquation
dans la répartition entre les
régions ;
-
la déficience des procédures d'instruction de
programmation et de contrôle
. Le rapport indique que
"
certaines appréciations internes à l'administration sur
les missions des services de l'Etat dans la gestion du FEDER parlent même
de situation inquiétante. Les nombreux retards dans la mise en oeuvre
des procédures d'engagement sont pour partie liés à la
qualité de préparation des dossiers des porteurs de projets.
L'engagement des fonds communautaires semble avoir été la
préoccupation principale des gestionnaires [...] [qui] ne semblent pas
avoir pris la mesure [...] du suivi des opérations en cours [...] se
contentant souvent de certification de dépenses sans véritable
contrôle. Cette situation, outre qu'elle provoque un retard certain dans
la mise en place des paiements, fait prendre un risque sérieux de
demander le remboursement par la Commission européenne.
[...] "
;
-
la complexité des circuits financiers
Tant les circuits financiers européens que la procédure de
rattachement budgétaire opérée en France allongent les
délais de paiement et maintiennent
une trésorerie importante
au niveau de l'Etat
(environ 5 milliards de francs fin 1996 sur les
objectifs 1 et 2), faisant courir le risque, en cas de sous-consommation
des crédits communautaires, d'une demande de remboursement de la part de
l'Union européenne.
Le rapport observe que "
l'ensemble de ces considérations
conduit de nombreux bénéficiaires finals à attendre entre
un et deux ans le paiement des actions réalisées
".
Votre commission s'inquiète de cette situation, qu'elle a
déjà dénoncée et dont elle pense qu'elle nuit aux
intérêts de notre pays en accréditant l'idée que la
France n'a pas besoin des crédits communautaires.
c) Les prépositions d'amélioration autour d'une " coresponsabilité " Etat-région
Souhaitant une co-gestion des procédures entre l'Etat
et la
région, M. Pierre Trousset propose :
-
de lancer une réflexion stratégique
et de
réunir la Conférence régionale d'aménagement et de
développement du territoire ;
-
de renforcer la cohérence entre élaboration des
contrats de plan Etat-région et politiques structurelles
La mise en place de cellules locales Etat-région permettrait de
préparer l'instauration et la programmation des projets éligibles
aux contrats de plan comme aux documents de programmation européens
(DOCUP) ;
-
d'améliorer les circuits financiers
:
délégation automatique et immédiate aux préfets de
région, création d'une agence financière pour
éviter le rattachement, etc...
3. Le rapport Chérèque sur les contrats de plan Etat-région 2000-2006 : " plus de région et mieux d'Etat "
A la
suite du CIADT du 15 décembre 1997, la ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement a confié
à M. Jacques Chérèque, ancien ministre de
l'aménagement du territoire, par une lettre de mission datée du
2 février 1998, la rédaction d'un rapport
destiné à éclairer l'élaboration des futurs
contrats de plan Etat-région.
La ministre considère, en effet, que
" la préparation des
prochains contrats de plan, qui commencera dès l'année 1998,
doit être l'occasion de réévaluer complètement cette
procédure, dans son contenu comme dans ses modes d'élaboration et
de mise en oeuvre, afin d'en faire à nouveau un outil
privilégié d'aménagement du territoire et de planification
décentralisée ".
M. Jacques Chérèque a remis son rapport en
mai 1998.
a) Le constat : " les contrats de plan Etat-région, un exercice positif qui doit être renouvelé "
Le
rapport constate tout d'abord que "
les contrats Etat-région ont
globalement permis de relever les défis posés par
l'impératif de la restructuration urgente de nos industries de base dans
les années 80
".
Pourtant, il estime que "
cette sollicitation de l'Etat
vis-à-vis des collectivités territoriales a pris parfois l'allure
d'une sorte de " marchandage " qui s'est exercé
au
détriment d'autres enjeux
non moins décisifs comme la
réduction des inégalités de
développement ".
S'agissant du mode d'élaboration des contrats, M.
Jacques Chérèque considère que : "
Consacrant
des dizaines de milliards de francs aux grands équipements, les
partenaires ont [...]
confiné le débat au sommet
, dans des
limites trop étroites [...] pour qu'il favorise la reconnaissance de
l'échelon régional comme instrument décisif pour la
promotion d'un nouvel aménagement du territoire "
.
Concluant toutefois à la
nécessité de poursuivre
l'effort de contractualisation entre l'Etat et les régions,
le
rapport Chérèque établit certaines propositions.
b) Les propositions
PRINCIPALES PROPOSITIONS DU RAPPORT CHÉRÈQUE
Affichage clair des orientations et objectifs qu'entend poursuivre le
Gouvernement ;
Le Schéma régional d'Aménagement du Territoire (SRADT),
sous une forme de projet régional, deviendra le cadre de
référence pour tous les partenaires associés.
Les préfets de région définiront la stratégie de
l'Etat dans la région, compte tenu des schémas de services,
prévus par le projet de loi d'orientation pour l'aménagement
durable du territoire.
Les présidents des Conseils régionaux seront invités,
sans délai, à élaborer leur projet régional de
développement et d'aménagement de leur territoire (PRADT).
La conférence régionale d'aménagement et de
développement du territoire (CRADT) pourrait servir de cadre
co-partenarial (Etat-région) pour réunir tous les acteurs du
développement régional et, ainsi, élaborer dans ses
grandes lignes, le projet régional, duquel sortira le contrat
Etat-région.
L'architecture du contrat doit s'exprimer en deux éléments
politiquement égaux, et financièrement équilibrés :
le développement macro-régional, et le développement
infra-régional : le volet concernant le développement
macro-régional constituera une sorte de " matrice " de la
contractualisation sur des objectifs correspondant aux priorités de
l'Etat : infrastructures et grands équipements indispensables, en nombre
limité.
Le volet infra-régional traduira une vraie volonté de
décentralisation, autour d'une approche homogène ; celle du
" projet de territoire " : territoire d'agglomération ou
territoire de pays.
Le contrat d'agglomération, comme le contrat de pays, devrait
découler de la " matrice " que constituera le contrat conclu
entre l'Etat et la région. Il s'inscrira dans la logique et la
cohérence d'un développement global régional,
consacré par le contrat Etat-région, signé exclusivement
par le préfet de région et le président du conseil
régional.
La participation financière de l'Etat, pour être efficace,
devrait également avoir un caractère d'enveloppe globale. Un
fonds national spécial des contrats Etat-région pourrait
être créé, globalisant les interventions financières
de chaque ministère pour la durée des contrats et, ainsi,
s'affranchir de l'annualité budgétaire. Un fonds
régionalisé d'aménagement du territoire est souhaitable
dans chaque région.
La dimension environnementale n'est pas un " supplément
d'âme " au projet. Elle en est une composante structurelle. Son
intégration conditionnera l'engagement financier de l'Etat (Eco
conditionnalité).
La durée des contrats doit s'harmoniser avec le calendrier des fonds
structurels européens (sept ans). On peut imaginer que les
stratégies mises en oeuvre par les contrats portent bien sur une
durée de sept ans, mais que les engagements réciproques effectifs
ne soient inscrits que pour une phase programmatique de trois ans, et donc
soumis à évaluation, au terme de cette phase, pour reconduction
ou modification...
4. Le rapport Morvan
A
l'issue des décisions du CIAT de décembre 1997, c'est par
une lettre de mission du 19 février 1998 que Mme Dominique
Voynet demandait à M. Yves Morvan, professeur d'université
et président du Comité économique et social de la
région Bretagne, de mener une "
mission de réflexion et
de proposition concernant le renforcement des conférences
régionales en matière de planification territoriale
".
" Je vous demande dans cette perspective "
, continuait la
lettre de mission, "
d'examiner les conditions et les
conséquences d'un éventuel
changement de statut des
schémas régionaux d'aménagement et de développement
du territoire
au profit de documents prescriptifs ".
Après avoir estimé qu'une conception renouvelée de
l'aménagement du territoire était nécessaire, devant
l'émergence d'un pouvoir de " gouvernance " des
régions, le rapport Morvan propose sa conception du schéma
régional d'aménagement.
Considérant qu'une telle planification territoriale régionale est
nécessaire pour la mise en cohérence, l'articulation et la
participation qu'elle permet, le rapport prône la mise en place de
projets de développement d'aménagement du territoire
régional
, présentés par la région au nom des
autres collectivités et acteurs (pays et agglomérations
notamment) qui, en déclinant les prescriptions nationales, seraient un
"
instrument de débat public
" et la base
nécessaire aux contrats Etat-région.
Elaboré sous la responsabilité de la région, il serait
composé de :
- un document prospectif ;
- une charte de développement ;
- un schéma régional d'aménagement.
Contrairement à l'idée initiale du Gouvernement, le rapport
propose qu'un tel schéma régional n'ait pas de portée
normative. Ces propositions ont en partie été
intégrées au projet de loi d'orientation.
B. LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE DU SÉNAT SUR LES GRANDS PROJETS D'INFRASTRUCTURES TERRESTRES D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Votre
rapporteur pour avis ne peut passer sous silence la contribution majeure de la
Haute Assemblée au débat sur la politique d'aménagement du
territoire, publiée sous forme du rapport de la commission
d'enquête précitée sur le devenir des grands projets
d'infrastructures terrestres d'aménagement du territoire dans une
perspective de développement et d'insertion dans l'Union
européenne.
Votre commission estime, comme la commission d'enquête, que sans tomber
dans l'excès d'une politique du " tout béton ",
l'aménagement du territoire ne peut se passer d'une réflexion
approfondie sur les infrastructures.
Certaines propositions d'avenir, comme le concept d'autoroutes
évolutives à coût réduit, ou " autoroutes
allégées " ont été avancées par la
commission d'enquête.
Ce rapport, intitulé :
" Fleuve, rail, route : pour des
choix nationaux ouverts sur l'Europe "
propose une politique
alternative en matière d'infrastructures terrestres.
Votre commission souhaite voir aboutir ces nombreuses et
intéressantes propositions, souvent novatrices, dont elle se contentera
de rappeler ici les plus essentielles :
PRINCIPALES PROPOSITIONS DU RAPPORT " FLEUVE, RAIL, ROUTE : POUR DES CHOIX NATIONAUX OUVERTS SUR L'EUROPE "
RÉSEAU FLUVIAL
- soutenir et achever la réorganisation et la modernisation de la
batellerie française
, ainsi que le développement d'une
batellerie artisanale compétitive ;
- achever la réfection du réseau existant
-spécialement celle du réseau à grand gabarit- ;
- améliorer la desserte fluviale du Port du Havre
- choisir rapidement le tracé du canal Seine-Nord afin de lancer
les études d'avant projet et de ne pas retarder sa construction.
RÉSEAU FERROVIAIRE
- poursuivre la réalisation d'un réseau à grande
vitesse dans une perspective européenne grâce à un phasage
des investissements privilégiant les projets les plus rentables ;
- accroître les capacités du transport ferroviaire de
marchandises en adoptant des conditions d'exploitation du réseau plus
favorables au fret et en réalisant des investissements destinés
à remédier à la saturation de l'infrastructure sur
certains noeuds ferroviaires stratégiques ;
- établir des liaisons dédiées au transport de fret
sur l'axe Nord-Sud afin de créer un " Rhin-Rhône
d'acier " et sur l'axe Est-Ouest, notamment dans la perspective d'une
amélioration des dessertes des ports français ;
- définir une logique nationale de développement du
transport combiné et remédier à la saturation des
équipements existants.
RÉSEAU AUTOROUTIER
- Instaurer une véritable procédure de programmation
autoroutière, décidée et revue tous les cinq ans par le
Parlement et comprenant les trois éléments nécessaires
à sa réalisation : une définition des travaux
(construction, réhabilitation), un échéancier, des
enveloppes d'investissement assorties de modalités de financement.
- Définir un concept d'autoroute évolutive à
coût réduit (autoroute allégée), initialement
à deux fois une voie, adapté à une intensité
kilométrique inférieure ou égale à
10.000 véhicules/jour.
- Réformer en profondeur le système de financement des
autoroutes en établissant le principe (et non plus l'exception) de
l'autoroute à péage, en transformant les sociétés
d'autoroutes en de véritables entreprises publiques concessionnaires, en
adaptant la durée des financements à la durée de vie des
infrastructures, en faisant du Fonds d'investissement des transports terrestres
et des voies navigables l'instrument privilégié de l'action de
l'Etat sur le réseau non concédé (construction et
entretien) par une réforme de ses recettes (remplacement de la taxe
d'aménagement du territoire par un autre prélèvement) et
de ses dépenses (remplacement des dépenses autoroutières
par des dépenses routières et d'entretien).
- Appliquer les directives européennes comme elles doivent
l'être en matière de péage, de TVA et de mise en
concurrence régulière des concessions (déjà
octroyées ou à venir), en défendant toutefois le principe
indispensable de la péréquation, au sein du réseau
concédé, entre liaisons réalisées et liaisons
à construire.
Votre commission entend contribuer, à l'occasion de la discussion
à venir du projet de loi d'orientation présenté par
Mme Dominique Voynet, à donner à ces propositions
l'avenir qu'elles méritent.
IV. LE PROJET DE LOI D'ORIENTATION POUR L'AMÉNAGEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DU TERRITOIRE
A. DES DISPOSITIONS QUI RÉVÈLENT LE MANQUE D'AMBITION DU PROJET
Le
projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement durable du territoire a été adopté en
Conseil des Ministres le 29 juillet dernier, soit plus de
18 mois après l'annonce, au CIADT de décembre, de son
adoption prochaine.
Présenté aux membres du CNADT par Mme Dominique Voynet le
11 juin 1998, l'avant-projet de loi a fait l'objet d'un avis du
Conseil économique et social, de M. Jean-Claude Bury et adopté
lors de la séance des 7 et 8 juillet dernier.
Ce texte, comme l'indique son exposé des motifs, se fonde sur les
quatre priorités affirmées par le CIADT du 15
décembre 1997
:
- mobiliser les territoires et réduire les inégalités
entre eux ;
- consolider les systèmes urbains à vocation internationale ;
- jeter les bases du développement durable ;
- consolider la décentralisation.
Aucun des membres de votre commission ne conteste au Gouvernement le droit
de choisir une autre politique que celle conduite jusqu'alors. Les objectifs
énoncés peuvent même recueillir l'assentiment de certains
d'entre eux. Encore faut-il que les choix effectués par le Gouvernement
soient conformes aux objectifs qu'il poursuit. Le contenu des 36 articles du
projet qui sera prochainement soumis à l'Assemblée nationale
entretient les doutes de votre commission sur ce sujet.
Ce texte propose en effet :
-
l'abandon du schéma national d'aménagement du
territoire (SNADT) et des schémas sectoriels
Le CIADT de décembre avait décidé de l'abandon du SNADT,
en cours d'élaboration, et de son remplacement par des
" schémas de services collectifs ".
L'exposé des motifs du texte de loi précise que
"
Les
schémas de services collectifs (articles 9 à 19)
réconcilient politique nationale et nécessités locales :
élaborés en concertation avec les partenaires locaux, dans une
perpective de vingt ans, ils partent des besoins de services et
d'équipements, et non de l'offre ou de la seule demande exprimée.
Les schémas de services collectifs répondront aux orientations
dont le CIADT avait entériné le principe : le
développement durable, la volonté d'assurer la circulation des
personnes, des marchandises et de l'information, de garantir l'accès
à un haut niveau de services sur l'ensemble du territoire et d'assurer
une gestion économe des ressources. Les schémas de services
collectifs doivent permettre d'assurer la cohérence et
l'efficacité des choix publics. Les contrats de plan, comme les
schémas régionaux d'aménagement et de développement
du territoire, devront tenir compte des orientations qui auront
été ainsi définies dans le cadre des
huit
schémas de services collectifs retenus
:
enseignement
supérieur et recherche ; services culturels ; services sanitaires ;
information et communication ; transport de marchandises et transport de
voyageurs ; énergie ; espaces naturels et ruraux
. "
"
Enfin, la volonté du Gouvernement d'infléchir la
politique des transports se traduit par la transformation des cinq
schémas sectoriels et modaux de transport de la loi du
4 février 1995 en deux schémas de services collectifs
multimodaux (articles 17 et 29 à 34) ".
Avec l'abandon du SNADT et de son adoption par le Parlement, quelle garantie
dispose-t-on quant à la cohérence d'ensemble de ce
système ?
-
La priorité donnée au développement des
agglomérations
Estimant que les villes sont le lieu où se crée l'essentiel et de
l'emploi, et que "
de leur capacité à s'inscrire dans les
territoires qui les entourent dépend l'évolution de nombre de
zones rurales
", le Gouvernement entend développer
l'organisation des agglomérations, non seulement dans le projet de loi
d'orientation (article 21) mais également dans le texte relatif
à l'organisation urbaine et à la simplification de la
coopération intercommunale.
Votre commission ne peut recevoir sans réserves une telle
allégation : s'il est vrai que les villes sont l'un des lieux de la
création d'emplois, il revient aux pouvoirs publics de permettre
à cette dynamique de se développer aussi dans les tissus
territoriaux.
-
L'association des pays aux démarches contractuelles
L'article 20 du projet de loi prévoit que dès lors qu'ils
auront élaboré et traduit, dans une charte de territoire, leur
projet de développement durable, les pays -regroupant notamment des
communes et des groupements de communes- pourront contracter avec l'Etat et la
région dans le cadre des contrats de plan Etats région.
- Une planification territoriale régionale
réorientée
Les régions élaborent les schémas régionaux
d'aménagement et de développement du territoire (SRADT)
(article 5 du projet de loi). Bien qu'il n'ait pas, conformément
aux propositions du rapport Morvan, de caractère prescriptif, le
SRADT comprend une analyse prospective, une charte régionale -le projet
de la région et de ses partenaires publics et privés- et un
document cartographique qui traduit les grandes orientations spatiales du
projet régional. Il s'inscrit dans la procédure de planification
(article 7 du projet).
D'après l'article 35 du projet, les régions pourront
demander à l'Etat l'élaboration de directives territoriales
d'aménagement (DTA).
-
Des instances partiellement redéfinies
Abandonnant l'objectif de la loi de 1995 de création d'un groupement
d'intérêt public (GIP) le projet de loi consacre le Conseil
national d'aménagement et de développement du territoire et
confie à sa commission permanente un rôle de pilotage de
l'évaluation des politiques d'aménagement du territoire
(articles 4 et 8). Il prévoit la tenue de conférences
régionales d'aménagement et de développement du territoire
(article 6), la création de conseils de développement au
niveau des pays (article 20) et la possibilité de les créer
pour les agglomérations.
-
Des moyens insuffisants et inadaptés
Le projet de loi propose la création d'un
fonds de gestion des
milieux naturels
(article 24), dont l'objectif est
20(
*
)
"
de faire en sorte que les milieux naturels
deviennent [...] des atouts de développement et de qualité de la
vie, comme ont été considérées, depuis vingt ans,
les grandes infrastructures de transport et les grands projets
structurants. "
Le texte n'envisage pas la création de réel outil au service
du développement économique local, ce qui constitue aux yeux de
votre commission un " oubli " majeur.
-
Des propositions timides sur les zonages
Malgré la réflexion menée dans le cadre du rapport Auroux,
le projet de loi ne propose que la création, aux côtés des
ZAT, TRDP et ZUS, un nouveau type de zones : "
zones prioritaires
ultra-périphériques "
couvrant les DOM (article 26
du projet) ;
-
La validation rétrospective de la décision d'abandon
du Canal Rhin-Rhône
Le Gouvernement indique que "
en application de la décision
prise par le Gouvernement d'abandonner le projet de canal à grand
gabarit Rhin-Rhône, les articles y afférents de la loi
n° 80-3 du 4 janvier 1980 tels que modifiés par la loi du
4 février 1995 sont abrogés "
par le projet
d'article 37 du texte.
Votre commission renouvelle son opposition à une telle démarche,
à son sens juridiquement " stupéfiante ".
B. LES INTERROGATIONS ET LES RÉSERVES EXPRIMÉES DANS L'AVIS DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
Le
Conseil économique et social, saisi par le Premier ministre de
l'avant-projet de loi d'orientation, a adopté son avis en
juillet dernier, sur le rapport de M. Jean-Claude Bury au nom de la
section des Economies régionales et de l'aménagement du
territoire.
Notant qu'il avait à s'exprimer sur "
un texte
présenté comme une révision ",
le Conseil
économique et social a
regretté qu'aucune disposition
institutionnelle ni fiscale n'y soit modifiée.
Il s'est interrogé sur la
" compatibilité entre les
objectifs affichés, les priorités retenues et les
modalités effectives de leur mise en oeuvre ".
Il a noté que des "
enjeux stratégiques "
comme la création d'emploi, le développement des
activités productives, l'articulation entre industrie et recherche, le
rôle des services publics, n'étaient "
pas traités
de façon approfondie "
Relevant certains éléments à son sens positifs le Conseil
estime que "
la place légitime faite aux préoccupations
environnementales [...] ne doit pas l'être au
détriment du
développement économique et de la croissance
, qui restent
essentiels pour la création d'emploi ".
En outre, il regrette que
le rôle moteur de l'Etat
dans la
politique d'aménagement du territoire ne soit pas affirmé avec
une force suffisante. Il estime que "
la suppression du
schéma national de développement et d'aménagement du
territoire
, de même que l'absence d'une véritable politique en
matière de péréquation constituent des handicaps ".
Le Conseil considère en effet que sa suppression fait courir un
réel risque d'incohérence à la planification territoriale.
Il estime que "
ni les huit schémas de services collectifs, qui
ne contiennent pas la totalité des secteurs concernés par
l'aménagement du territoire, ni quelques choix stratégiques
imprécis qui ne reprennent pas l'ensemble des objectifs annoncés
par le Gouvernement, ni des schémas régionaux de
développement et d'aménagement du territoire simplement
juxtaposés et pas forcément cohérents entre eux, ne
pourront véritablement le remplacer
".
Votre commission partage entièrement cette analyse et ces
préoccupations. Inquiète du manque d'ambition du projet
gouvernemental, elle se préoccupe, en outre, de l'avenir des zones
rurales qui semblent bien être les grandes oubliées du texte qui
sera bientôt soumis à notre Haute Assemblée.
CHAPITRE III -
QUELQUES QUESTIONS D'ACTUALITÉ
POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Votre
rapporteur souhaite soulever plusieurs points qui ont plus
particulièrement retenu son attention :
- le calendrier et la méthode de négociation des contrats de
plan Etat-Région ;
- le bilan de la politique de délocalisation des emplois
publics ;
- la politique du Gouvernement en matière de services publics en
zone rurale.
I. LE CALENDRIER ET LA MÉTHODE FIXÉS POUR LA NÉGOCIATION DES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGION
L'architecture des futurs contrats de plan, leur mode d'élaboration et leur calendrier ont fait l'objet de deux circulaires du Premier ministre , en date du 31 juillet, adressées respectivement aux Préfets de région et aux membres du Gouvernement, relatives à la préparation des prochains contrats de plan Etat-Région et aux principes relatifs à leur architecture. La ministre chargée de l'aménagement du territoire avait, quant à elle, adressé aux Préfets de région une circulaire, en date du 1er juillet, relative à la préparation des prochains contrats Etat-Région et à la stratégie de l'Etat dans la région.
A. LES PRINCIPES RETENUS
Les
prochains contrats de plan couvriront
la période 2000-2006
, soit
la même période que les documents uniques de programmation (DOCUP)
des fonds structurels, et ce dans le souci d'une plus grande cohérence.
Une mise à jour est prévue à mi-parcours, soit en 2003,
tout comme pour les DOCUP, cet ajustement ne pouvant toutefois remettre en
cause le montant total des engagements des partenaires pour sept ans.
Les quatre premières années feront l'objet d'une programmation
ferme, sur la base de projets étudiés dont les financements
seront précisés.
Les contrats de plan comporteront deux volets :
un volet
régional et un volet territorial
. Le volet régional
présentera les projets qui concourent au "
développement
de l'espace régional dans son ensemble
", qu'il s'agisse
d'équipements structurants ou d'actions exprimant une stratégie
régionale. Le volet territorial comprendra des "
modèles
d'actions qui concourent au développement local
" :
investissements de proximité, "
opérations d'animation
déterminantes pour la création d'activités nouvelles et
l'émergence de nouveaux emplois
". Ce deuxième volet
constituera le cadre des engagements de l'Etat et de la région pour les
futurs contrats d'agglomération et de pays, auxquels des financements
seront réservés.
B. LE CALENDRIER FIXÉ PAR LA CIRCULAIRE DU 1ER JUILLET
L'élaboration des futurs contrats de plan est programmée dans le cadre d'un phasage en quatre temps, défini par la circulaire précitée adressée par Mme Dominique Voynet aux préfets de région.
1. Elaboration de la stratégie de l'Etat dans la région : 15 septembre - mi-octobre 1998
Une
proposition en vue de la rédaction du document intitulé
"
stratégie de l'Etat dans la Région
", devait
être adressée par
les préfets de région
à Mme la ministre chargée de l'aménagement du territoire
et de l'environnement, à MM. les ministres de l'intérieur, de la
ville et de l'outre-mer, à la DATAR ainsi qu'au Commissariat
général au Plan pour le
15 septembre
.
Parallèlement,
les ministères
sont invités à
déterminer quelles sont les politiques qui peuvent, selon eux, faire
l'objet d'une contractualisation. Le rapprochement de ces contributions devrait
permettre d'établir
la stratégie de l'Etat dans chaque
région
.
Les Conseils régionaux
sont invités à conduire le
même exercice de réflexion sur les perspectives de
développement à moyen terme de leur région et les
orientations publiques à retenir. Cette phase d'élaboration
" interne " devrait être
achevée
mi-octobre
.
2. Consultation et échanges du 30 octobre 1998 au 15 janvier 1999
Souhaitant une large concertation , la circulaire du Premier ministre engage les préfets à consulter le Conseil régional, les collectivités et les principaux acteurs sociaux et économiques. La concertation, si elle doit être large, " ne doit cependant pas faire obstacle à la cohérence territoriale des projets de contrats de plan ". Cette phase de concertation est prévue pour durer de novembre 1998 à janvier 1999 .
3. Détermination des enveloppes financières et des mandats de négociation des Préfets
Cette troisième phase, qui conduira à fixer les masses financières et attribuer les mandats des Préfets, doit être achevée à la fin avril 1999 .
4. Négociation et signature des contrats
Le second semestre 1999 serait occupé à la négociation et la signature des contrats, ceux-ci devant commencer d'être mis en oeuvre en janvier 2000.
II. LE BILAN DE LA POLITIQUE DE DÉLOCALISATIONS D'EMPLOIS PUBLICS
Initiée en 1991, la politique de délocalisation
de
services publics n'a cessé d'être promue, par les
différents comités interministériels d'aménagement
du territoire.
Le CIADT du 15 décembre 1997 a entériné une
liste de 1.889 emplois à localiser en région.
Au total, ce sont 26.650 emplois dont le transfert a été
approuvé en CIADT :
- 13.000 emplois avant 1993 ;
- 10.000 emplois au CIAT du 20 septembre 1994 ;
- 3.650 emplois pour les CIAT du 10 avril et
15 décembre 1997.
Les transferts déjà réalisés concernent
13.050 emplois tandis que 4.500 transferts sont en cours. Les deux
tiers du programme acté en CIADT sont donc déjà
réalisés.
La répartition entre les différentes régions est la
suivante :
RÉPARTITION ENTRE LES DIFFÉRENTES RÉGIONS DES EMPLOIS PUBLICS DONT LE TRANSFERT A ÉTÉ APPROUVÉ EN CIAT DEPUIS 1991
Régions |
Villes concernées |
Transferts approuvés depuis 1991 |
Alsace |
Strasbourg, Illkirch, Mulhouse, Colmar |
400 |
Aquitaine |
Bordeaux, Agen, Libourne, La Tresne, Périgueux |
2 252 |
Auvergne |
Clermont-Ferrand, Moulins |
357 |
Bourgogne |
Dijon, Chalon-sur-Saône, Nevers |
216 |
Bretagne |
Brest, Rennes, Lorient, Paimpol, Quimper, Roscoff |
991 |
Centre |
Orléans, Tours, Bourges, Montargis, Le Blanc, Châteaudun, Cinq Mars La Pile, Nogent sur Vernisson |
1 563 |
Champagne-Ardenne |
Reims, Troyes |
195 |
Corse |
Corte |
2 |
Franche Comté |
Belfort, Besançon, Poligny |
456 |
Ile-de-France |
Marne-la-Vallée, Saint-Denis, Bruyères le Châtel, Saclay, Fontenay-aux-Roses, Aubervilliers, Melun, Pantin |
5 156 |
Languedoc-Roussillon |
Montpellier, Marcoule, Nîmes, Castelnaudary |
642 |
Limousin |
Limoges, Aubusson, Ussel, Tulle, Guéret |
501 |
Lorraine |
Nancy, Metz, Verdun |
553 |
Midi-Pyrénées |
Toulouse, Muret |
927 |
Nord-Pas-de-Calais |
Tourcoing, Valenciennes, Roubaix, Lille, Villeneuve-d'Ascq, Béthune, Arras |
1 652 |
Haute-Normandie |
Rouen, Vernon, Val-de-Reuil, Le Havre |
996 |
Basse-Normandie |
Caen, Cherbourg |
398 |
Pays-de-la-Loire |
Nantes, Angers, Le Mans |
2 064 |
Picardie |
Creil, Amiens, Compiègne |
1 304 |
Poitou-Charentes |
Poitiers-Futuroscope, Angoulême, Châtellerault, Poitiers, L'Houmeau, Megneraud (Surgères), St-Laurent-de-la-Prée |
784 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur |
Toulon, Marseille, Vitrolles, Valbonne (Sophia-Antipolis), St-Paul les Durance (Cadarache), Aix-en-Provence, Nice, Avignon |
1 249 |
Rhône-Alpes |
Lyon, Grenoble, Montbonnot-St-Martin, Roanne, Chambéry, Annecy |
2 239 |
Départements d'Outre-mer |
St-Pierre-de-la-Réunion, Pointe-à-Pître |
30 |
Emplois dont la localisation n'est pas encore précisée |
|
1 719 |
TOTAL GENERAL |
|
26 646 |
Source
: DATAR
Votre commission souhaite que soient développées les
délocalisations " en cascade ", des chefs lieux de
départements vers les communes de moindre importance.
*
* *
Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la commission des affaires économiques a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits de l'aménagement du territoire inscrits au projet de loi de finances pour 1999, les commissaires socialistes s'abstenant.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
de sa réunion du mardi 27 octobre 1998, la commission des Affaires
économiques a procédé à l'examen du rapport pour
avis de M. Jean Pépin sur les crédits consacrés à
l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour 1999.
M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a tout d'abord
présenté les conclusions de son rapport sur les crédits de
l'aménagement du territoire.
Un large débat s'est ensuite instauré.
M. Charles Revet s'est interrogé sur l'évolution précise
des crédits de fonctionnement de la DATAR et sur leur part relative dans
le total du budget de l'aménagement du territoire. Evoquant ensuite les
difficultés rencontrées par certains ménages pour se loger
dans les milieux urbains, il a souhaité que soit initiée une
action en faveur d'une meilleure répartition dans ce domaine entre les
grandes villes, les villes moyennes et les milieux ruraux.
En réponse, M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a
précisé que les crédits de fonctionnement de la DATAR
étaient en augmentation de 5,37 %, et que la dotation
évoquée de 18 millions de francs d'études
représentait 1 % du budget total de l'aménagement du
territoire. Le rapporteur pour avis a fait part de ses inquiétudes au vu
des crédits du budget de l'Etat -qu'il a estimés globalement
insuffisants et mal répartis- et de la redéfinition des
crédits en provenance des fonds structurels européens.
M. Jean-Pierre Raffarin a fait observer que l'exposé du rapporteur avait
abordé trois sujets distincts mais de grande importance : les
crédits prévus dans le projet de loi de finances pour
l'aménagement du territoire ; la politique française
d'aménagement du territoire dans la perspective de la discussion
prochaine du projet de loi gouvernemental ; l'aménagement du
territoire dans une perspective élargie à l'Europe et à la
discussion de la loi d'orientation agricole.
M. Louis Moinard a souhaité que ne soient pas opposés les
villes et les milieux ruraux. Il a au contraire estimé nécessaire
la création de courroies de transmission entre ces deux espaces. Il
s'est interrogé sur l'évolution des fonds structurels
européens au-delà de l'année 2000.
M. André Ferrand a souhaité que la commission et le Sénat
dans son ensemble interviennent sur la réforme en cours des fonds
structurels européens.
M. Jean-Paul Emin a souhaité obtenir de plus amples informations
sur le fonctionnement de certaines antennes de la DATAR à
l'étranger.
M. Paul Raoult a rappelé que la réforme de la politique
structurelle proposée par la commission européenne tendait
à une concentration géographique des fonds, ce qui conduirait
à des choix difficiles pour certaines régions françaises.
Il a estimé que le projet de réforme risquait d'entraîner
une confusion entre aménagement du territoire et agriculture, alors
qu'il importait au contraire que ces deux secteurs conservent leur
spécificité, y compris dans les lignes budgétaires
européennes. Revenant sur la procédure de consommation des
crédits communautaires dans notre pays, il a jugé cette
dernière démesurément rigide et inefficace. Le manque de
souplesse, à son sens patent, dans l'allocation des crédits ne
permettait pas, a-t-il jugé, de doter des dossiers pourtant
prioritaires. Il a en outre souligné les difficultés
rencontrées, dans certaines régions éligibles aux
objectifs communautaires, pour réunir les financements de
complément nécessaires. Il a estimé qu'une rationalisation
et une amélioration des procédures de consommation des
crédits étaient un préalable indispensable pour conforter
les positions françaises lors de la négociation en cours de la
réforme des fonds structurels.
M. Jean-Pierre Raffarin a fait observer que la commission pourrait exprimer
largement ses préoccupations sur la proposition de la commission
européenne de réforme des fonds structurels lors de la discussion
à venir d'une proposition de résolution sur ce sujet.
M. Jean François-Poncet, président, a souligné que les
financements communautaires représentaient souvent jusqu'à
30 % du financement de nombreux projets et que cette réforme posait
en conséquence de nombreux problèmes. Il a déploré
à son tour qu'une partie des crédits ne soit pas utilisée.
M. Charles Revet a observé que nombre de commissaires partageaient les
préoccupations exprimées par le président et par M. Paul
Raoult.
Mme Janine Bardou a déploré l'évolution des crédits
proposée en 1999 pour la prime à l'aménagement du
territoire, considérant que les critères d'attribution de cette
prime n'étaient pas adaptés et que c'était pour cette
raison que cette ligne budgétaire souffrait d'une regrettable
sous-consommation. Elle a souhaité que ces critères soient
élargis. Elle a interrogé le rapporteur sur le devenir des
crédits du fonds de gestion de l'espace rural (FGER).
En réponse à M. Jean-Paul Emin, et après que M. Jean
François-Poncet, président, eut rappelé que des
investigations à l'étranger lui avaient permis de constater la
" légèreté " de la présence de la DATAR
en dehors de nos frontières, par comparaison notamment avec le
Royaume-Uni ou les Pays-Bas, M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a
suggéré de demander à la DATAR de plus amples informations
sur les missions, l'organisation et les moyens de son réseau à
l'étranger.
M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a estimé que la discussion
budgétaire à venir était une occasion à saisir pour
exprimer les préoccupations de la commission quant à la
réforme des fonds structurels, car, même si ce sujet
n'était qu'indirectement lié à la loi de finances
elle-même, la concomitance des calendriers lui en offrait
l'opportunité, le projet de réforme européen devant
être examiné à la mi-décembre au Conseil
européen de Vienne. Il a ajouté que les principes
définitifs de la réforme ne seraient arrêtés que
dans les semaines voire les mois à venir, cette dernière ayant
été jusqu'alors suspendue à l'élaboration d'une
nouvelle position allemande, à l'issue des élections
législatives dans ce pays.
M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a précisé que l'avis
qu'il proposait à la commission d'émettre sur le vote des
crédits d'aménagement du territoire était largement
lié à l'abandon par le Gouvernement du plan en faveur des zones
rurales. M. François Gerbaud a, à ce propos,
considéré que le projet de loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire retenait
en effet, malheureusement, une telle orientation.
En réponse à Mme Janine Bardou, M. Jean Pépin, rapporteur
pour avis, a confirmé que les crédits inscrits au titre de la
prime à l'aménagement du territoire étaient largement
" illusoires " puisque les critères d'attribution de cette
prime ne permettaient pas leur consommation.
Revenant sur le fonds de gestion de l'espace rural (FGER), M. Marcel Deneux a
estimé que si l'inscription au budget du ministère de
l'agriculture de cette ligne de crédits avait été logique
à l'époque de la création du fonds, puisqu'à cette
date ce ministère était doté d'une réelle mission
d'aménagement rural, tel n'était plus le cas aujourd'hui, les
propositions actuelles s'apparentant à un véritable
détournement d'objet des crédits concernés.
M. Jean François-Poncet, président, a regretté que
l'aménagement du territoire ait cessé d'être une
priorité et que le ministre en charge de ce dossier semble se consacrer
davantage à l'environnement qu'à l'aménagement du
territoire. Il a craint que l'aménagement du territoire ne soit
désormais assimilé à " l'aménagement
durable ", qui signifiait malheureusement l'abandon de projets
d'infrastructure qui lui paraissaient pourtant des points de passage
obligés vers le développement. Le président s'est
inquiété de la force de la détermination dont ferait
preuve le Gouvernement dans la négociation en cours à Bruxelles.
Il a, d'autre part, regretté que la DATAR ne semble avoir qu'un poids
relativement faible lors des négociations interministérielles.
Le président a ensuite accueilli favorablement le principe d'une
investigation plus approfondie de la commission, proposé par M.
François Gerbaud, sur les intentions des instances communautaires pour
la réforme des fonds structurels, M. François Gerbaud
regrettant que les propositions de règlement européen ne semblent
envisager la ruralité que comme une simple déclinaison de
l'urbain.
Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la commission a ensuite
émis un avis défavorable à l'adoption des crédits
de l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour
1999, les commissaires socialistes s'abstenant.
1
Voir les développements pages
suivantes pour la signification de ces sigles.
2
Source : " Invest in France Network ", Etude
communiquée à votre rapporteur par la DATAR.
3
Décret n° 95-149
4
Voir le rapport n° 87 tome XI présenté
par M. Jean Pépin a nom de la Commission des Affaires
économiques, pages 13 à 15.
5
Question n° 12756 de M. Léonce DEPREZ.
Réponse figurant au Journal officiel des questions de l'Assemblée
nationale du 10 août 98, page 4407. Voir aussi " lettre de
la DATAR " d'Avril 1998 consacrée à la question
6
Interview dans " Lettre de la DATAR " n° 162
7
Règlement CE n° 2408-92 du Conseil du
23 juillet 1992 concernant l'accès des transporteurs
aériens communautaires aux liaisons intracommunautaires.
8
Projet de loi n° 7, Sénat, 1998-1999.
9
Rapport présenté par MM. Marcel Deneux et Jean-Paul
Emorine, sous la présidence de M. Philippe François.
10
Sans " Agenda 2000 "
11
COM (98) 131 Final
12
Le 5 mai 1998
13
Rapport n° 157, Sénat 1997-1998,
présidé par M. Yann Gaillard, au nom de la
Délégation.
14
Sénat, n° 517
15
Impôt sur les sociétés
16
Ibid, page 33 et suivantes
17
Voir le rapport " Fleuve, rail, route : pour des choix
nationaux ouverts sur l'Europe ", Sénat n° 479,
1997-1998.
18
En réponse à la question n° 12754 de
M. Léonce Deprez, Journal Officiel des questions de
l'Assemblée nationale, 21 septembre 1998, page 5192.
19
Selon la lettre de mission adressée à
M. Trousset.
20
D'après l'exposé des motifs du projet de
loi.