II. LES CRÉDITS DESTINÉS AUX FONDS D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE CRÉES PAR LA LOI DE 1995

Outre le FNADT, examiné ci-dessus, la loi du 4 février 1995 précitée a prévu la création de trois fonds :

- le fonds national de développement des entreprises (FNDE) ;

- le fonds de gestion de l'espace rural (FGER), dont l'évolution est analysée en détail dans le rapport de M. Henri Revol sur l'aménagement rural ;

- le fonds de péréquation des transports aériens (FPTA) auquel le rapport budgétaire pour avis de M. Jean-François Le Grand consacre de plus amples développements.

Rappelons que le fonds d'investissement des transports terrestres et voies navigables (FITTVN), mis en place par l'article 47 de la loi de finances du 29 décembre 1994, est quant à lui analysé dans le rapport pour avis de M. Georges Berchet sur les transports terrestres.

A. LE FONDS NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES (FNDE)

1. Une initiative parlementaire pour le développement des entreprises

Institué par l'article 43 de la loi d'orientation de 1995, à l'initiative du Parlement , le FNDE a pour objet de développer l'emploi et de favoriser le maintien et la création des petites entreprises dans les zones d'aménagement du territoire, les zones de redynamisation urbaine (ZRU) et les territoires ruraux de développement prioritaire (TRDP). Son objectif est d'accroître les fonds propres disponibles pour les entreprises : mobilisation de l'épargne de proximité, accès au crédit...

LE RÔLE DU FNDE D'APRÈS LA LOI DU 4 FÉVRIER 1995

Le FNDE intervient :

- en accordant des prêts aux personnes qui créent, reprennent ou développent une entreprise, dans la limite d'un montant équivalent à leur apport en fonds propres ;

- en garantissant directement ou indirectement, des emprunts et engagements de crédit bail immobilier dans la limite de 50 % de leur montant ;

- en garantissant des engagements pris par les sociétés de caution, les sociétés de développement régional, les fonds communs de placement à risque ou les fonds de garantie créés par les collectivités locales.

2. Une application décevante par rapport aux intentions du législateur

Le comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) d'Auch, réuni le 10 avril 1997 sous la présidence du Premier ministre, avait annoncé la dotation de ce fonds à hauteur d'un milliard de francs sur deux ans , à partir des recettes de privatisation.

Bien qu'elle ait regretté qu'elle n'intervienne que 2 ans après la promulgation de la loi, votre commission s'était, en son temps, félicitée de cette décision.

Les élections législatives de 1997 n'ont pas permis au précédent Gouvernement de concrétiser cette volonté.

Lors du CIADT du 15 décembre 1997 a été annoncée à la dotation du FNDE, pour un montant de 200 millions de francs en 1998.

a) Trois objectifs qui ne correspondent qu'imparfaitement à la volonté initiale du législateur

D'après une réponse ministérielle à un député 5( * ) sur la dotation budgétaire du FNDE, il ressort que le Gouvernement a assigné à cet instrument trois principaux objectifs :

(1) Une aide indirecte à la capitalisation des entreprises en démarrage :

Les " prêts d'honneur " sont des prêts à taux zéro, accordés à la création de l'entreprise et remboursables par le créateur en cas de réussite de son projet. Ils sont donc assimilables, pour l'entreprise, à des quasi fonds propres. Leur montant varie de 30.000 à 200.000 francs.

L'action du FNDE en matière d'octroi de ces prêts d'honneur n'est qu'indirecte puisque, d'après le document précité de la DATAR :

" Dans cette optique, le fonds soutient le développement des plates-formes d'initiative locale , adhérentes notamment à France initiative réseau et au Réseau Entreprendre. Ces associations qui regroupent localement collectivités, organismes consulaires, entreprises et autres acteurs économiques locaux ont pour objectif d'apporter un appui aux nouveaux entrepreneurs et de leur octroyer, selon leurs besoins, un prêt d'honneur qui varie de 30 000 à 200.000 francs. Une centaine de structures existent aujourd'hui ".

Votre commission observe que la lettre de l'article 43 de la loi d'orientation, qui dispose que le FNDE " accorde des prêts ", n'est pas respectée.

(2) Un remboursement prévu des frais de certaines sociétés de capital-risque

Considérant, à juste titre, que les sociétés de capital-risque ont pour habitude de ne s'intéresser qu'aux entreprises d'une certaine taille offrant de bonnes perspectives de profit, et que, de ce fait, les fonds propres des petites entreprises ne peuvent évoluer au rythme de leurs besoins de croissance, le Gouvernement a assigné au FNDE la mission de rembourser partiellement les frais d'étude et de suivi des participations prises par les sociétés régionales de capital-risque dans les petites sociétés , afin d'en accroître le nombre.

La réponse ministérielle précitée, en date du 10 août 1998, précise les modalités de cette intervention : " Sur la base d'un cahier des charges qui sera disponible dans les préfectures ainsi qu'auprès des DRIRE, les sociétés qui décideront de faire un effort en direction de ces entreprises petites ou moyennes, pourront se porter candidates et être conventionnées par l'Etat. L'objectif fixé pour 1998 est d'encourager une centaine de prises de participation dans de petites sociétés. Le montant des remboursements sera majoré sur les zones objectifs 2 et 5b ".

Votre commission, quelle que soit la pertinence de l'action engagée, considère que, là encore, ni l'esprit ni la lettre de la loi d'orientation ne sont pas respectées. Elle regrette, de plus, que cette mesure ne soit pas encore opérationnelle.

(3) Des garanties de prêts

Le FNDE -ou plus précisément la Banque du développement des petites et moyennes entreprises (BDPME), qui est chargée de mettre en oeuvre cette action- garantit, au moyen d'un fonds de garantie dénommé " PIC-PME ", doté pour moitié par l'Union européenne, certains prêts, aux conditions fixées par le programme d'initiative communautaire " PME ", pour les petites et moyennes entreprises situées dans les zones éligibles aux objectifs communautaires 2 et 5b (voir ci-dessous le chapitre sur les fonds structurels européens, pour la signification de ces appellations).

Toujours dans la même réponse à la question parlementaire précitée, le Gouvernement précise que : " Les programmes d'investissement, d'extensions d'activités ou de développement de nouvelles activités peuvent être financés. Une priorité est accordée aux investissements interentreprises d'innovation et de modernisation ainsi qu'aux investissements favorisant l'européanisation des entreprises. Les concours garantis peuvent prendre la forme : de prêts à long terme et d'opérations de crédit bail mobilier et immobilier ; de prêts participatifs ; de toutes valeurs mobilières permettant l'apport de fonds propres ou quasi-fonds propres. Pour l'ensemble des concours éligibles, la garantie de SOFARIS ne peut dépasser 50 % du montant du concours, le montant garanti par entreprise ne pouvant en aucun cas dépasser un million de francs. SOFARIS peut en outre partager cette garantie avec une société de caution mutuelle. Dans ce cas, le taux de couverture conjoint pourra exceptionnellement être porté à 60 % du montant du concours ".

Votre commission observe que ce troisième volet de l'action du FNDE est le seul qui réponde en partie à l'esprit comme à la lettre de l'article 43 de la loi d'orientation, même s'il est loisible de déplorer que l'aménagement du territoire ne soit pas la seule source d'inspiration du dispositif.

Votre commission est préoccupée par le fait que le financement européen, dans le cadre du " PIC-PME ", est susceptible d'être remis en cause par la réforme en cours des fonds structurels européens.

b) Des moyens et une gestion qui ouvrent la voie à une dilution de la priorité d'aménagement du territoire

Le comité de gestion du FNDE

Doté d'un caractère interministériel et inter-institutionnel, le comité de gestion du FNDE rassemble plusieurs partenaires :

- la DATAR, qui en assure le secrétariat et est chargée du pilotage opérationnel du fonds ;

- la BDPME ;

- la Caisse des Dépôts ;

- le ministère de l'économie.

La multiplicité et la prédominance " financière " de certains intervenants ne sont pas, en soi, critiquables. Mais il importe que ces partenaires s'inspirent tous, dans leur gestion, des principes qui ont présidé à la création du FNDE par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire.

Les moyens

En termes budgétaires, le FNDE n'est pas -contrairement par exemple au FPTA- un " vrai " fonds dans le sens où il n'a pas le statut d'un compte spécial du Trésor. En le dotant, le Gouvernement s'est contenté de rassembler des procédures et des financements préexistants.

Les crédits qui alimentent le fonds national de développement des entreprises ont en effet des origines différentes et relèvent de procédures distinctes, dont certaines ne sont d'ailleurs pas encore opérationnelles, ce que déplore votre commission. L'ensemble est détaillé dans le tableau ci-après.

LES MOYENS DU FNDE

(en millions de francs)

 

ACTEUR

MOYENS DÉCIDES PAR LE CIADT

ENGAGEMENT

1ER SEMESTRE 1998

Aide aux plates-formes d'initiative locale qui accordent des prêts d'honneur

DATAR

10

5

 

CDC

30

30

Incitation aux sociétés de capital risque régionales

Ministère de l'Industrie

20

Procédure non encore opérationnelle,
circulaire du 31/07/1998

Garantie des prêts bancaires et des prêts d'honneur

BDPME

" PIC-PME "

(BDPME)

Garanties Prêts d'Honneur

90

50

35

Convention prochainement signée

TOTAL

 

200

70
(sur 6 mois)

Source : DATAR

L'analyse des moyens qui lui sont dévolus conforte la crainte d'une mise de côté de la vocation première du FNDE, conçu pour être au service de l'aménagement du territoire par le développement, notamment rural.

Face à une telle situation, votre commission s'interroge : l'aménagement du territoire est-il toujours l'objectif premier du fonds tel qu'il a été mis en place ? Celui-ci n'est-il pas plutôt dédié aux petites entreprises en général ? Où les zones rurales et les zones de redynamisation urbaine, expressément citées par la loi, apparaissent-elles dans ce dispositif ?

Certes, interviewée récemment à ce sujet, la ministre voulait apporter une réponse rassurante à cette préoccupation :

" Le FNDE et ses lignes constitutives doivent trouver leur place au niveau territorial.

Je suis très attachée à ce que les acteurs locaux s'approprient ces outils financiers.

La performance de ces outils dépendra de cette appropriation et de la mobilisation qu'elle suscitera : banques et institutions financières au plan local, collectivités territoriales, structures de coopération intercommunale, chefs d'entreprise, créateurs...

Je veillerai à ce que le FNDE s'inscrive dans des démarches de développement local, qu'il serve des projets de territoire et conforte des solidarités locales.

En même temps, je veillerai à ce que ces instruments participent à la valorisation des ressources propres de chacun des territoires dans un souci de répartition harmonieuse de l'effort engagé qui est l'un des objectifs prioritaires de la politique de mon ministère " 6( * ) .


Peut-on se satisfaire de telles garanties ?

Votre commission déplore vivement l'absence du décret d'application qui, prévu par l'article 43 de la loi, aurait permis de mieux encadrer le rôle et le mode de fonctionnement du FNDE et aurait ainsi garanti sa conformité aux dispositions de la loi d'orientation qui vise expressément, rappelons-le :

- les zones d'aménagement du territoire ;

- les territoires ruraux de développement prioritaire ;

- les zones de redynamisation urbaines.

B. LE FONDS DE GESTION DE L'ESPACE RURAL (FGER)

Rappel sur le FGER

Le fonds de gestion de l'espace rural (FGER) a été créé par l'article 38 de la loi n° 95-115 du 04 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (art. L. 112-16 et L. 112-17 du Code Rural), complété par une circulaire du ministère de l'agriculture et de la pêche du 6 avril 1995 et une circulaire n° 98-3018 du 27 juillet 1998.

Ce fonds fait l'objet d'une analyse détaillée dans le rapport budgétaire pour avis de M. Henri Revol sur l'aménagement rural. Affecté prioritairement aux agriculteurs et à leurs groupements, il a pour objet de soutenir, en leur apportant une contribution financière, les actions concourant à l'entretien et à la réhabilitation d'espaces agricoles en voie d'abandon , d'éléments naturels du paysage et d'espaces où l'insuffisance d'entretien est de nature à aggraver les risques naturels. En revanche, sont exclus de son champ d'intervention les espaces bâtis, les infrastructures et les terrains constructibles ainsi que les terrains appartenant à l'Etat ou aux collectivités territoriales, à l'exception des communes.

Le FGER fait l'objet d'orientations pluriannuelles, arrêtées au niveau de chaque département par le préfet en association avec le Président du Conseil Général, après consultation d'une commission (CODEGE) associant des représentants des services de l'Etat du département, des communes, de leurs groupements, de la profession agricole, des autres partenaires économiques et du milieu associatif.

Plus de la moitié des actions conduites dans le cadre du FGER concernent principalement les actions de débroussaillage, d'entretien de haies et l'amélioration de l'abord des lieux habités. Environ 35 % des projets contribuent à l'entretien et à la réhabilitation d'espaces agricoles notamment d'espaces atteints par la déprise agricole. Les projets concernent également la réhabilitation des milieux humides. La moitié des projets concernent des zones relativement défavorisées d'élevage et de polyculture.

Un tarissement des crédits du FGER

Après avoir décru ces dernières années, la dotation proposée pour le FGER dans le projet de loi de finances est nulle :

EVOLUTION DES CRÉDITS DU FGER

(en millions de francs)

ANNÉE

Loi de finances initiale

1995

500

1996

388

1997

150

1998

140

1999

0

Cette situation résulte de la volonté du Gouvernement d'intégrer, dans le cadre de la discussion de la loi d'orientation agricole, les crédits du FGER au sein du dispositif contractuel proposé aux agriculteurs : le " contrat territorial d'exploitation " (CTE).

Dans de telles circonstances, votre commission souhaite obtenir des assurances quant à la pérennité de ces financements, qui lui paraît loin d'être assurée.

C. LE FONDS D'INVESTISSEMENT DES TRANSPORTS TERRESTRES ET DES VOIES NAVIGABLES (FITTVN)

L'objet du FITTVN

Institué sous la forme d'un compte d'affectation spéciale par l'article 47 de la loi de finances pour 1995, le FITTVN contribue au financement des investissements ferroviaires et routiers, au réseau TGV inscrits au schéma directeur national, aux investissements nécessaires au développement des transports ferroviaires régionaux de voyageurs et du transport combiné, aux investissements routiers nationaux, particulièrement pour le désenclavement des zones d'accès difficile, ainsi qu'à la réalisation des voies navigables figurant au schéma directeur des voies navigables.

Le FITTVN est destiné, selon les termes de l'exposé des motifs de la loi du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, à permettre d'assurer une véritable égalité des chances de développement à tous les territoires par le développement des infrastructures de transport et l'amélioration des moyens de communication.

Le FITTVN en 1998

Les recettes


Les recettes du FITTVN proviennent :

- de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes ;

- de la taxe perçue sur les titulaires d'ouvrages hydroélectriques concédés.

Pour l'année 1998, le compte d'affection spéciale a été doté en loi de finances initiale d'un montant global de recettes estimé à 3.900 millions de francs dont 1.690 millions au titre du produit prévisionnel de la taxe perçue sur les titulaires d'ouvrages hydroélectriques et 2.210 millions à celui de la taxe due par les concessionnaires d'autoroutes.

Au 30 juin 1998 (date de la dernière situation connue), la recette globale du fonds s'établit à 1.794,9 millions de francs, dont 810,2 millions pour la taxe hydraulique et 984,7 millions de francs pour la taxe sur les autoroutes.

Les dépenses

Adoptée par la loi de finances pour 1998, la répartition des dépenses du fonds a été établie de la manière suivante :


Chapitre 1 :

Investissements sur le réseau routier national

1.835 millions de francs

Chapitre 2 :

Investissements destinés aux voies navigables :

430 millions de francs

Chapitre 3 :

Subventions d'investissement en matière de transport ferroviaire et de transport combiné

1.635 millions de francs

- Pour le réseau routier :

Les 1.835 millions de francs affectés aux investissements routiers nationaux ont été répartis de la façon suivante : 1.356 millions en vue du désenclavement du Massif Central, dont 435 millions pour l'autoroute A20 (Vierzon-Brive), 676 millions pour l'A75 (Clermont-Ferrand-Béziers) et 254 millions pour la route nationale RN7 ; 83 millions pour la réhabilitation lourde du réseau national et 395 millions pour d'autres opérations d'aménagement du territoire (RN88, Route Centre Europe Atlantique).

- Pour le transport ferroviaire et combiné

Les 1.635 millions ont été ainsi répartis : 1.250 millions en faveur du transport ferroviaire, dont 950 millions de subventions pour les liaisons à grande vitesse (650 millions pour le TGV Méditerranée, 220 millions pour le TGV Est, et 80 millions pour d'autres opérations), 250 millions pour des opérations intégrées aux contrats de plan Etat-Régions, dont 20 millions au titre du matériel roulant, et 50 millions pour la résorption de passage à niveau dangereux ; 350 millions destinés au transport combiné, dont 276 millions dans le cadre d'une convention passée entre l'Etat et la SNCF et 74 millions pour les subventions aux chantiers. Enfin, 35 millions viendront financer différentes études et recherches dans le secteur ferroviaire.

- Pour les voies navigables

322 millions
pour les subventions à Voies Navigables de France dont 297 millions pour les travaux de restructuration et de mise en sécurité du réseau et 25 millions pour les études de grandes liaisons ; 75 millions pour les subventions à la Compagnie Nationale du Rhône ; 15 millions pour l'aménagement de la vallée du Lot et 18 millions pour les travaux de sécurité et de préservation d'ouvrages fluviaux sur les voies restant gérées par l'Etat.

Les montants prévus pour 1999

Le fascicule budgétaire " bleu " relatif aux comptes spéciaux du Trésor fait état de l'évaluation suivante pour 1999 :

ÉVALUATION DES RECETTES DU FITTVN

(EN MILLIONS DE FRANCS)

 

Voté en 1998

Evaluation 1999

Produit de la taxe sur les ouvrages hydroélectriques concédés

1.690

1.710

Produit de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes

2.210

2.220

TOTAL

3.900

3.930

EVALUATION DES DÉPENSES DU FITTVN (en millions de francs)

 

Voté en 1998

Evaluation 1999

Transports terrestres réseau routier national

1 835

1 590

Voies navigables

430

450

Transport ferroviaire ou combiné

1 635

1 890

TOTAL

3 900

3 930

Votre commission des affaires économiques renouvelle sa demande d'un recentrage du FITTVN au profit des seules opérations d'aménagement du territoire.

Elle rappelle son adhésion aux nombreuses propositions faites par la commission d'enquête sur le devenir des grands projets d'infrastructure et en particulier celles qui concernent le FITTVN, qui sont évoquées au chapitre II du présent avis.

D. LE FONDS DE PÉRÉQUATION DES TRANSPORTS AÉRIENS (FPTA)

Le principe

Avant que le " troisième paquet " de libéralisation du transport aérien communautaire ne mette fin à ce système au 1er janvier 1995, un dispositif d'aménagement du territoire était appliqué au transport intérieur aérien français, qui reposait, d'une part, sur l'exclusivité d'exploitation de la compagnie et, d'autre part, sur un système de conventions et de subventions aux transporteurs régionaux assurant un certain nombre de liaisons complémentaires.

La réglementation européenne ayant posé le principe de la concurrence sur toutes les liaisons aériennes européennes et mis fin à la possibilité de maintenir un tel système, l'article 35 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 et l'article 46 de la loi de finances pour 1995 ont institué un nouveau mécanisme de péréquation, le Fonds de péréquation des transports aériens (FPTA).

Ce fonds permet de subventionner certains liaisons structurellement non rentables, dans le respect de la réglementation communautaire 7( * ) .

Aux termes de l'article 35 de la loi précitée, le FPTA : " concourt à assurer l'équilibre des dessertes aériennes réalisées dans l'intérêt de l'aménagement du territoire ". Ses modalités de fonctionnement sont fixées par le décret n° 95-698 du 9 mai 1995 modifié par le décret n° 97-292 du 28 mars 1997.

Le statut

Le FPTA est un compte spécial du Trésor destiné à assurer l'équilibre financier des lignes aériennes qui contribuent à l'aménagement du territoire.

Après un régime transitoire mis en place pour les années 1995 et 1996, c'est désormais le régime " permanent " qui s'applique.

Il est financé par le biais d'une taxe unitaire sur les billets des passagers embarqués en France continentale, perçue depuis le 15 janvier 1995. Initialement fixée à 4 francs par billet, cette taxe a été ramenée à 3 francs par billet par la loi de finances pour 1996 puis à un franc par billet par la loi de finances pour 1997.

Les critères d'éligibilité et le bilan des liaisons aidées

Aux termes de l'article 4 du décret précité relatif au FPTA, les liaisons aériennes doivent, pour être éligibles au fonds :

- disposer d'un trafic compris entre 10.000 et 15.000 passagers par an ;

- relier deux aéroports dont l'un au moins n'a pas dépassé un trafic total de 1,5 millions de passagers l'année précédente ;

- se caractériser par la non disponibilité d'autres moyens de transports (ferroviaires ou maritimes) et par l'absence d'un acheminement alternatif en moins de trente minutes de plus que le temps de transport requis pour se rendre à l'aéroport considéré ;

- jouir d'un programme d'exploitation d'au moins un aller et retour au début et en fin de journée, du lundi au vendredi.

Le bilan du FPTA au 15 septembre 1998, en ce qui concerne le " régime permanent " est le suivant :

- 26 conventions tripartites Etat/collectivités locales/transporteurs aériens ont été signées, relatives aux liaisons intérieures ;

- deux autres, relatives à Saint-Pierre-et-Miquelon et Mayotte, ont été signées entre l'Etat et chaque transporteur aérien concerné.

Les compagnies et les liaisons ayant bénéficié des interventions du fonds depuis l'application du régime permanent apparaissent dans le tableau suivant :

Exploitant

Liaisons

Intervention du fonds par compagnie

(en millions de francs)

Flandre Air

Aurillac/Orly, Reims/Lyon, Épinal/Orly, Bergerac/Orly, Agen/Orly,

Le Havre/Rouen/Strasbourg

Roanne/Orly

18,9

Air Littoral

Montpellier/Strasbourg

Montpellier/Lyon

Montpellier/Bordeaux

Périgueux/Orly

20,3

Regional Airlines

Saint-Brieuc/Orly

Pau/Clermont-Ferrand

5,5

Protéus Airlines

Castres/Rodez/Lyon

Pau/Nantes

Lorient/Lyon

Saint-Étienne/Bordeaux

Saint-Étienne/Nantes

14,6

Air Normandie

Montluçon/Orly

1,4

Hex'Air

Le Puy/Orly

3,3

Finist'Air

Brest/Ouessant

1,5

Brit'Air

Brest/Lyon

4,5

Chalair

Cherbourg/Orly

0,9

Air Austral

Réunion/Mayotte/Nairobi

1,5

Air Guyane

Cayenne/Maripasoula

Cayenne/Saül

Cayenne/Saint-Georges-de-l'Oyapock

2,3

Air Saint-Pierre

Saint-Pierre-et-Miquelon/Canada

10,0

TOTAL

 

84,6

Source : Direction générale de l'Aviation civile

Depuis sa mise en place, la participation financière du FPTA a été sollicitée pour 45 liaisons intérieures métropolitaines, dont 38 ont été déclarées éligibles (ce qui a donné lieu à la signature de 23 conventions correspondant à 24 liaisons) et 17 non éligibles au FPTA.

Sur ces 45 liaisons, 43 sont exploitées. Le FPTA semble donc avoir globalement rempli son objectif de maintien de toutes les liaisons nécessaires pour l'aménagement et le développement du territoire qui, bien que déficitaires, existaient avant le changement de cadre juridique européen et le " troisième paquet " de libéralisation.

Les liaisons qui n'ont pas pu être déclarées éligibles aux subventions du fonds et qui existaient auparavant sont toujours en exploitation, à une exception près, la plupart étant aujourd'hui exploitées sans aucune aide.

Au-delà du maintien quasi-intégral des liaisons préexistantes, le FPTA a contribué à l'ouverture de quatre liaisons nouvelles , dont trois sont actuellement exploitées (Lorient-Lyon ; Saint-Etienne-Bordeaux ; Saint-Etienne-Nantes). Un appel d'offres est en cours pour l'exploitation de la quatrième (Le Havre-Rouen-Strasbourg).

Les moyens financiers du FPTA

La gestion financière du FPTA se caractérise par un taux de consommation des crédits relativement faible, puisqu'il est de 57,6 % en moyenne sur l'ensemble de la période 1er janvier 1995-15 septembre 1998, bien qu'il soit en augmentation.

En effet, la taxe a été perçue à compter du 15 janvier 1995 alors que les premières conventions n'ont été signées qu'en avril 1996, à cause des délais nécessaires tant à la mise en place du fonds qu'à la publication des obligations de service public, des avis d'appel d'offres au Journal officiel des Communautés européennes et au délai imposé avant la conclusion des appels d'offres. En conséquence, le taux de consommation des crédits a été de 25 % en 1996. La mise en place du régime transitoire et l'abaissement de la taxe de trois à un franc par billet ont conduit à une augmentation du taux de consommation des crédits et à une diminution du solde positif du compte d'affectation spéciale.

Le budget prévisionnel pour les exercices 1998 et 1999 s'établit comme suit :

BUDGET PRÉVISIONNEL DU FPTA EN 1998 ET 1999

(en millions de francs)

 

Prévision 1998

Estimation 1999

Ressources

 
 

Report de l'année précédente

158,7

125,7

Taxe perçue en 1998

48,5

51,0

Total des ressources

207,2

176,7

Dépenses effectivement ordonnancées

81,5

80,0

SOLDE PRÉVISIONNEL

125,7

96,7

Source : DGAC

Les perpectives d'évolution

Les conditions de fonctionnement du FPTA ont fait l'objet d'une mission d'évaluation confiée à M. Henri Martre, à la demande des ministres chargés de l'aménagement du territoire et de l'aviation civile.

Son rapport a été récemment remis au Gouvernement.

Votre commission renouvelle son souhait que le réexamen éventuel du fonctionnement du FPTA aille dans le sens d'un élargissement de ses critères d'attribution.

D'autre part, comme l'indique l'exposé des motifs du projet de loi 8( * ) relatif aux services aéroportuaires, le Gouvernement envisage l'inclusion du FPTA au sein d'un nouveau fonds, le fonds d'intervention des aéroports et du transport aérien (FIATA). Votre commission veillera, lors de l'examen du texte, à préserver la mission d'aménagement du territoire du FPTA.

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