II. LES CRÉDITS CONSACRÉS À LA PROTECTION DES ESPACES NATURELS

A. L'AUGMENTATION DES DÉPENSES CONSACRÉES A LA POLITIQUE DE PROTECTION DE LA NATURE

L'évolution des crédits de l'agrégat " protection de la nature " fait apparaître que cette action constitue une des priorités du ministère de l'environnement.

L'augmentation des dépenses de fonctionnement est particulièrement spectaculaire : elles s'élèveront à 341,5 millions de francs, soit une progression de 42 % par rapport à 1998.

Comparativement, les dépenses en capital augmentent de façon beaucoup plus modérée. La progression des crédits de paiement (313 millions de francs) n'est que de 2 %. Celle des autorisations de programmes (364,5 millions de francs) est plus substantielle, soit 11 %.

La forte augmentation des moyens de fonctionnement rétablit une certaine cohérence entre la progression des espaces protégés et celle des ressources correspondantes. Cette cohérence constitue un progrès par rapport à la situation constatée l'an dernier, caractérisée par une évolution des moyens manifestement insuffisante pour faire face à celle des besoins.

Cependant, cet ajustement bienvenu entre les moyens et les ambitions de la politique de protection de la nature ne lève pas les interrogations que suscitent la progression continue des zones protégées et la multiplication des régimes de protection.

Il conviendrait en effet, de se demander si cette évolution ne risque pas d'aggraver les risques de dégradation des portions du territoire qui ne font l'objet d'aucune protection. Pour votre rapporteur, il faut aussi chercher à convaincre tous les agents économiques de la nécessité de prendre en compte, sur l'ensemble du territoire, les exigences de la protection de la nature et des paysages et de faire prévaloir des comportements compatibles avec les principes du développement durable.

1. La politique de protection de la nature menée par l'Etat : un renforcement des moyens du réseau des espaces protégés

a) La protection des sites et des paysages

La loi du 2 mai 1930 relative à la protection des monuments naturels et des sites constitue l'instrument le plus ancien pour la protection des sites naturels ou bâtis.

Son application s'est traduite par le classement de 2 700 sites et par l'inscription de 5 100 autres sites, d'ampleur très variable.

Depuis une vingtaine d'années, la loi de 1930 est utilisée pour le classement de vastes ensembles paysagers : ainsi avant la fin de 1998, était prévu le classement des gorges de la Loire, de Marquenterre (Somme), et du massif forestier d'Ermenonville (Oise).

La gestion des sites classés est désormais organisée dans le cadre de documents d'orientation et de recommandation permettant de définir les objectifs poursuivis et le devenir des sites concernés.

Le projet de loi de finances prévoit d'affecter à la politique des sites et des paysages 37,5 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, ce qui correspond à une nette diminution des dépenses prévues en 1999 (-16,5 %).

La politique des " grands sites "

La politique des " grands sites ", initiée dès 1976 et relancée en 1989 dans le cadre d'une communication commune des ministres chargés de l'équipement et de l'environnement, a pour objet de permettre la réhabilitation et la mise en valeur des sites protégés les plus remarquables et les plus menacés, notamment du fait de l'afflux touristique. Les opérations partenariales menées à ce titre s'appuient sur un programme de remise en valeur de l'espace protégé, tout en prenant en compte un développement économique compatible avec la qualité des lieux.

Depuis 1997, ces opérations sont financées par des crédits du ministère de l'environnement et non plus par des crédits du ministère de l'équipement. Les dotations consacrées à ces opérations s'élevaient à 9,8 millions de francs en 1997 et en 1998, elles seront reconduites pour 1999, et réparties entre des crédits d'études (1,2 million de francs) et des crédits de travaux (8,6 millions de francs).

De 1989 à 1998, le ministère de l'équipement puis celui de l'environnement ont financé :

- en études, 20 opérations pour un montant global de 3,1 millions de francs ;

- en travaux, 14 opérations pour un montant global de 36,8 millions de francs.

Quatre opérations peuvent être considérées comme terminées ou ayant fait l'objet de tranches fonctionnelles de travaux : la Dune du Pilat, les jardins du Rayol, la Restonica et la Montagne-Sainte-Victoire.

Au total, 27 opérations " grands sites " sont actuellement à des stades d'avancement divers, en cours d'études ou en travaux (soit huit de plus que l'année dernière).

Enfin, quatre directives paysagères sont actuellement à l'étude pour protéger des territoires remarquables pour leur intérêt paysager : les Alpilles, les Côtes-de-Meuse, les vues sur la cathédrale de Chartres et le Mont-Salève.

Les autres mesures en faveur de la politique du paysage

Le ministère mène également une action visant à faire reconnaître au plan international les paysages français. Ainsi, deux nouveaux dossiers ont été déposés devant l'UNESCO dans le cadre de la convention du patrimoine mondial. Le village de Saint-Emilion et son vignoble ainsi que la vallée de la Loire entre Sully-sur-Loire et le confluent du Maine devraient être reconnus en 1999 comme paysages culturels de valeur universelle exceptionnelle.

b) Les réserves naturelles et les parcs nationaux

Les réserves naturelles

En août 1998, la France compte 141 réserves naturelles (soit sept de plus qu'en 1997) protégeant 443 795 hectares ; cela correspond à une augmentation de superficie de 37 % par rapport à 1997. L'instruction de projets concernant la création de 33 nouvelles réserves est en cours.

L'objectif assigné aux réserves naturelles est d'assurer une protection exemplaire de chacun des milieux existant en France, en se fondant sur les inventaires scientifiques réalisés par des experts français et européens. Le régime de leur constitution est fixé par la loi du 10 juillet 1976.

Les modalités de gestion des réserves sont déterminées par l'article R.242-18 du Code rural, qui prévoit que les réserves naturelles peuvent être gérées par des propriétaires de terrains classés, des associations, des fondations, des collectivités locales ou des établissements publics dans le cadre de conventions passées avec l'Etat.

Pour les 141 réserves existantes, la répartition des organismes gestionnaires est actuellement la suivante :

- 28 réserves sont gérées par des instances locales : 11 sont gérées directement par des collectivités locales, 11 par des parcs naturels régionaux et 6 par des syndicats mixtes ou intercommunaux ;

- 25 réserves sont confiées à des établissements publics (parcs nationaux, Office national des forêts, Office national de la chasse...) ;

- 81 réserves sont gérées par des associations

- 7 réserves récemment créées n'ont pas encore de gestionnaire désigné.

Il faut relever que huit réserves naturelles bénéficient d'une cogestion par deux organismes. Cela semble correspondre à l'intérêt grandissant pour les réserves naturelles manifesté par les collectivités locales qui prennent conscience de la place que ces dernières peuvent tenir dans le développement local.

Les crédits provenant des collectivités locales représentaient en 1997 environ 20 % des ressources des réserves en fonctionnement et 39 % en investissement. En outre, les collectivités locales apportent aux réserves un soutien en nature en mettant à leur disposition des locaux et du matériel.

Les difficultés rencontrées dans la gestion des réserves sont de trois ordres. Elles tiennent aux limites que les réserves imposent à certaines activités humaines (la chasse, le développement de certaines formes d'activités touristiques, agricoles ou sylvicoles), à la difficulté de trouver un organisme gestionnaire compétent sur les plans technique, scientifique et administratif (l'Etat est parfois amené à gérer directement une réserve à titre provisoire), et enfin au coût que représentent la création de nouvelles réserves et la mise en oeuvre de méthodes de gestion efficaces et exemplaires.

L'effort entrepris pour améliorer la gestion des réserves doit être poursuivi en établissant dans chaque réserve un plan de gestion. Ces plans permettent en effet de renforcer la participation des partenaires concernés (notamment des propriétaires privés) et d'effectuer un bilan du patrimoine naturel protégé pour pouvoir définir les objectifs assignés à la réserve et ainsi déterminer les moyens d'intervention nécessaires. En 1998, 6 nouveaux plans ont été examinés, ce qui porte à 37 le nombre de plans élaborés et agréés par le Conseil national de la protection de la nature.

Le financement par l'Etat des nouvelles réserves, insuffisant en 1996 comme en 1997, a été rendu plus aisé en 1998 grâce à une augmentation des crédits qui leur ont été consacrés. Cette tendance se poursuit en 1999 avec une hausse significative de 59  % de leurs moyens de fonctionnement (58,66 millions de francs). Les autorisations de programme, qui avaient diminué de 4,4 % en 1998, s'élèvent à 20,6 millions de francs, en augmentation de 35 % par rapport à 1998. Une mesure nouvelle de 7,5 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement doit permettre d'assurer la gestion des réserves récemment créées.

L'objectif est de porter à 250 le nombre des réserves à l'horizon 2040.

Les parcs nationaux

La loi du 22 juillet 1960 a défini les objectifs de la politique des parcs nationaux qui ont pour mission de protéger le patrimoine naturel, de mettre à la disposition de tous, et plus particulièrement des citadins, les richesses qu'ils préservent, et enfin, de contribuer au développement économique, social et culturel des territoires où ils sont implantés.

On compte aujourd'hui sept parcs nationaux représentant 0,66 % du territoire national, et 2,2 % si l'on prend en compte leurs zones périphériques.

Alors que les deux derniers parcs ont été créés respectivement en 1979 (parc du Mercantour) et en 1989 (parc de la Guadeloupe), trois nouveaux parcs, dont la création est désormais en phase opérationnelle devraient venir s'ajouter aux sept parcs existants.

Le projet le plus avancé concerne le parc national de la forêt tropicale de Guyane qui revêt une urgence particulière, compte tenu des engagements pris par la France lors de la Conférence de Rio en 1992 sur la diversité biologique. La charge budgétaire nécessaire à la mise en place de ce parc, dans le courant du premier semestre de l'an 2000, est très lourde. Ses effectifs permanents passeront de 9 à 85 postes à l'échéance 2000. Ce nouveau parc multipliera à lui seul la superficie totale des parcs nationaux par sept. Son budget de fonctionnement annuel est évalué à 37 millions de francs (par rapport à 15 millions de francs pour un parc moyen de 50 000 hectares). Enfin, les dépenses d'investissement initial, qui devront être réparties sur cinq ans, sont estimées à près de 90 millions de francs.

Les deux autres projets concernent le milieu marin. Le projet de parc marin de Corse a pris beaucoup de retard. Des difficultés conjoncturelles, par exemple liées à la difficulté à trouver un gestionnaire pour la relance du grand site de Girolata, et des difficultés structurelles handicapent la création de ce parc qui devrait constituer un sanctuaire du milieu méditerranéen compte tenu de l'excellente qualité des eaux, de la faible densité humaine et de l'isolement de certaines des zones qui le composeront.

Le projet de parc marin de la mer d'Iroise est moins avancé. Les réunions du comité de pilotage tenues depuis deux ans ont permis l'élaboration d'un document d'intention qui sera présenté à l'automne 1998.

Les parcs nationaux rencontrent trois grandes difficultés.

- En premier lieu, les parcs n'ont pas toujours la possibilité de gérer tous les territoires qui les concernent . L'affectation de certains terrains domaniaux (notamment les terrains d'altitude sans vocation forestière) devrait être envisagée au profit des établissements publics gérant les parcs. De même, en accord avec le ministre chargé de la forêt, il serait intéressant que la spécificité des parcs nationaux soit prise en compte dans les documents relatifs à la forêt (tels que les orientations régionales forestières, les aménagements forestiers, les plans de gestion, etc.).

- En second lieu, le succès touristique des parcs, qui reçoivent environ 7,2 millions de visiteurs par an, pose paradoxalement un problème. Une telle pression humaine sur des territoires relativement restreints nécessite en effet un effort de gestion des flux touristiques, sans sacrifier la protection des milieux.

- Enfin, la principale difficulté des parcs, inhérente à la mission définie par les textes fondateurs, est de protéger la nature tout en favorisant le développement de la zone périphérique . Ainsi, à titre d'exemple, on peut évoquer les problèmes posés par la conservation des alpages pour les parcs de montagne. La préservation de ces milieux dépend de la présence de bergers et de leurs troupeaux. Or ceux-ci sont soumis à des normes européennes d'hygiène et de sécurité très strictes qui entraînent parfois des travaux de génie civil difficilement compatibles avec les exigences liées à la protection de la nature et de l'habitat.

L'article L 241-10 du code rural, dont la rédaction résulte de la loi du 22 juillet 1960, prévoit que dans ces zones périphériques " les diverses administrations publiques prennent, suivant un programme défini, en liaison avec l'organisme de gestion (...), toutes les mesures pour permettre un ensemble de réalisations et d'améliorations d'ordre social, économique et culturel tout en rendant plus efficace la protection de la nature dans le parc ".

Cette disposition, liée au contexte de la décentralisation, donne aux parcs nationaux une légitimité nouvelle pour intervenir sur leur zone périphérique, contribuer au développement local et maintenir les activités traditionnelles.

C'est dans cette perspective que le parc national des Écrins a expérimenté la mise en oeuvre d'une démarche contractuelle en signant en 1996 une charte d'environnement et de développement durable avec les communes du parc.

De plus, une mise à jour des décrets de création des parcs nationaux est entreprise pour leur permettre une meilleure gestion des zones périphériques.

Un effort budgétaire est consenti dans le projet de loi de finances pour 1999 pour renforcer les moyens de fonctionnement des parcs nationaux . Les crédits qui leur sont alloués s'élèvent en dépenses ordinaires à 129 millions de francs, en augmentation de 10,5%. Une mesure nouvelle de 14,3 millions de francs est prévue pour assurer la mise en place des nouveaux parcs et permettre la création de 23 emplois supplémentaires. Les crédits d'investissement sont reconduits en francs courants en autorisations de programme et diminués de 5,4% en crédits de paiement (44,46 millions de francs).

c) Le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres

La loi du 10 juillet 1975 a confié au Conservatoire du littoral la mission de " mener une politique foncière de sauvegarde de l'espace littoral, de respect de l'espace naturel et de l'équilibre écologique ", c'est-à-dire de protéger les espaces naturels maritimes et lacustres de tous risques de dégradation ou d'urbanisation.

Au cours de ces 23 dernières années, le conservatoire a acquis un peu plus de 53 000 hectares d'espaces naturels fragiles ou menacés. L'intervention de l'établissement public a porté sur 396 sites différents répartis sur la totalité des départements littoraux, 10 % du linéaire côtier métropolitain est désormais protégé par les interventions du conservatoire.

Afin de mener à bien la politique foncière qui lui incombe, le conservatoire a dépensé, depuis sa création 1,6 milliard en francs courants, soit 2,1 milliards en francs constants. Son intervention a donc été efficace, pour un coût relativement modique. La quasi-totalité des terrains ainsi acquis est, à de très rares exceptions près, d'accès gratuit.

Le champ de compétence du Conservatoire a été progressivement élargi par :

- la loi littoral du 3 janvier 1986 ;

- la loi paysage du 8 janvier 1993 qui a étendu la compétence du conservatoire à la Camargue gardoise, à une grande partie de la plaine de Crau et de la plaine des Maures.

- la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement. Elle a inclu dans la zone de compétence du conservatoire " les communes riveraines des estuaires et des deltas, lorsque tout ou partie de leurs rives sont situées en aval de la limite de salure des eaux ".

- et enfin, par un décret du 5 avril 1995, qui a étendu la compétence du conservatoire à cinq lacs supplémentaires (Grandlieu, Madine, Naussac, Granval et le réservoir de l'Aube), ainsi qu'à la collectivité territoriale de Mayotte.

Les trois volets principaux de l'action du conservatoire consistent à assurer la maîtrise foncière des sites naturels les plus précieux, à mettre en place après remise en état avec les collectivités locales concernées un dispositif de gestion de ces sites et à organiser l'accueil et l'information du public. Ces missions deviennent plus lourdes en raison de l'extension du champ de compétence du conservatoire. Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit donc la création de quatre emplois supplémentaires (comme en 1998), grâce à une mesure nouvelle de 5,9 millions de francs.

Par ailleurs, le conservatoire doit poursuivre sa stratégie globale de préservation à long terme d'un tiers du littoral français, communément appelé le " tiers-sauvage ". Pour y parvenir, l'établissement public devrait acquérir au cours des prochaines décennies 120 000 hectares supplémentaires, ce qui porterait l'ensemble de son patrimoine à environ 170 000 hectares. Or le conservatoire doit faire face, de plus en plus fréquemment, à l'acquisition de très gros domaines. Plusieurs propriétés de ce type sont en cours de négociation : le domaine du Dattier, le domaine de la Bastide Blanche, les Vieux Salins, l'Île de Malprat (sur le Bassin d'Arcachon). Le coût de ces acquisitions, prises isolément, peut atteindre plusieurs dizaines de millions de francs, ce qui pose des problèmes de financement. Dans ce contexte, l'augmentation des moyens du conservatoire apparaît particulièrement nécessaire.

Les crédits alloués au conservatoire bénéficient en 1999 d'une augmentation sensible .

Les moyens de fonctionnement du conservatoire s'élèvent à 147,35 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une progression de 2,7 % par rapport à 1998. Les autorisations de programme s'élèveront à 135 millions de francs, en augmentation de 8% par rapport à la loi de finances pour 1998. Cette augmentation est plus significative si l'on prend en compte les crédits effectivement disponibles : en effet, une mesure d'annulation de crédits prise en 1998 avait diminué de 6 millions de francs les crédits d'investissement du conservatoire.

2. La politique contractuelle et la création du fonds de gestion des milieux naturels (FGMN)

Ce fonds doit assurer le financement de la politique de préservation des milieux naturels et de la diversité biologique relevant principalement de mesures de gestion contractuelle .

La globalisation au sein du nouveau fonds de crédits jusque là distincts doit permettre d'assurer la cohérence de cette politique qui vise à sauvegarder les milieux naturels et conserver la diversité biologique, sur la base d'une gestion contractuelle favorisant le maintien ou le rétablissement d'activités humaines compatibles avec le respect des équilibres naturels.

Les crédits du FGMN s'élèvent à 164 millions de francs. Le tableau ci-dessous indique leur répartition:



Actions

Dépenses ordinaires


Dépenses en capital en MF

Total (DO+CP)


% du Total

 

(DO) (en MF)

CP

AP

(en MF)

 

Parcs régionaux

34,8

7,6

15,2

42,4

25,9

Capacité d'expertise

10

5,2

10,5

18,2

11,1

Gestion contractuelle de l'espace

3

 
 
 
 

Programme d'actions biodiversité

20,8

5,3

10,5

26,1

15,9

CBN

3,2

 
 

3,2

1,9

Natura 2000

55,3

13,3

29,8

68,6

41,9

Autres actions communautaires

 

5,5

13,6

5,5

3,3

TOTAUX

127,1

36,9

79,6

164

100

On relèvera que le plan Natura 2000 représente 41,9 % des crédits du Fonds, et les parcs régionaux, 25,9 %.

a) Le plan Natura 2000

Les textes

Les premières réglementations communautaires en matière de protection de la nature ont porté sur la protection de l'avifaune à travers la directive 79/409/CEE du 2 avril 1979 relative à la conservation des oiseaux sauvages, la nature transfrontalière des migrations des oiseaux justifiant une action communautaire. Ce texte à la fois peu précis et peu contraignant et qui laissait une grande marge d'appréciation aux Etats membres, ne constituait qu'une approche fragmentaire de la mise en place d'une politique européenne du conservatoire de la biodiversité. Il fut complété par la directive 92/431/CEE du conseil du 21 mai 1992 dite directive " Habitats ".

L'objectif de cette directive est de contribuer à assurer la préservation de la diversité biologique européenne, principalement au moyen de la constitution d'un réseau écologique de sites abritant les habitats naturels et les habitats d'espèces de faune et de flore sauvages d'intérêt communautaire. Ce réseau, intitulé " Natura 2000 " doit contribuer à la réalisation des objectifs de la convention mondiale sur la préservation de la diversité biologique adoptée au " Sommet de la terre " de Rio de Janeiro en 1992 et ratifiée par la France.

Les méthodes

Il s'agit de promouvoir une gestion adaptée des habitats naturels et de la faune et la flore sauvages tout en tenant compte des exigences économiques, sociales et culturelles ainsi que des particularités régionales et locales de chaque Etat membre. Le réseau Natura 2000 n'a pas pour objet de créer des " sanctuaires de nature " où toute activité humaine serait interdite (la chasse, par exemple, n'est pas proscrite de manière générale dans les zones " Natura 2000 "). En effet, le maintien de la diversité biologique dépend souvent, spécialement dans l'espace rural et forestier, de la présence d'activités humaines.

Le réseau Natura 2000 reposera prioritairement sur une politique contractuelle élaborée avec tous les partenaires locaux (élus, propriétaires, gestionnaires...). Leur adhésion constitue en effet le meilleur gage de réussite à long terme du réseau. L'accent a donc été mis sur les concertations locales préalablement à l'élaboration des propositions de sites susceptibles de figurer dans le réseau. Ces principes ont été repris et développés dans un mémorandum interprétatif de la directive établi par le gouvernement français et la Commission.

Le calendrier de mise en oeuvre de la directive

Chaque État membre réalise un inventaire des sites abritant les habitats naturels et les habitats de la faune et de la flore sauvages listés dans les annexes des directives " habitats " et " oiseaux ", puis adresse ses propositions à la Commission.

La liste des sites d'importance communautaire au sein de chacune des six régions biogéographiques (continentale, alpine, méditerranéenne, atlantique, macaronésienne, boréale) est établie par la Commission en accord avec les Etats membres afin de constituer un réseau cohérent.

La désignation officielle des sites par les Etats membres doit s'étaler jusqu'en 2004.

La relance de Natura 2000

Une mauvaise interprétation de la directive ayant suscité des craintes de " sanctuarisation " de nombreux territoires a ralenti, en juillet 1996, la mise en place du réseau Natura 2000, et a donné lieu à une mise en demeure complémentaire de la France par la Commission européenne le 3 juillet 1997.

Le processus de relance de Natura 2000 a été initié par la circulaire du ministère de l'environnement du 11 août 1997. Un comité national de suivi et de concertation a été créé, qui regroupe notamment des élus, des représentants des propriétaires et des usagers de la nature. Des groupes de travail thématiques issus de ce comité sont chargés d'apporter des précisions sur certaines notions, par exemple les notions de " perturbation " ou de " détérioration ", ainsi que sur l'évaluation des coûts de gestion des futurs sites Natura 2000.

Chaque site qui sera désigné pour faire partie du réseau sera doté d'un document d'objectifs, document cadre fixant les orientations de gestion et les moyens financiers d'accompagnement. Pour aider à la rédaction de ces documents, le ministère de l'environnement fait procéder à l'élaboration de cahiers d'habitats sous l'égide du Muséum national d'histoire naturelle. Ces cahiers, qui ne seront pas normatifs, contribueront à l'information des acteurs locaux.

Les mesures d'accompagnement

Des mesures d'accompagnement financières et fiscales sont prévues ou en cours de négociation. Les propriétaires et gestionnaires qui ont en charge l'entretien et la gestion du patrimoine naturel national devraient ainsi bénéficier d'une rémunération appropriée aux prestations et aux services rendus à la collectivité. Des moyens seront en outre mobilisés en provenance des fonds européens, conformément aux cofinancements communautaires prévus par la directive " Habitats " (attribution de financements dans le cadre du programme LIFE, ligne d'instrument financier pour l'environnement).

Les propriétaires ou gestionnaires ne relevant pas déjà de mesures d'aide européennes ou nationales bénéficieront, notamment pour la réalisation de travaux de réhabilitation des milieux naturels particulièrement menacés, d'aides du FGMN. Une mesure nouvelle de 66 millions de francs est prévue à cet effet.

Votre rapporteur souligne que le montant de ces crédits n'est guère significatif dans la mesure ou, pour l'instant, le financement de la phase d'élaboration des cahiers d'objectifs est essentiellement assuré par des crédits européens. Lors de son audition devant votre commission la ministre a, en effet, déclaré que, dans les années à venir, les crédits destinés à la mise en oeuvre du réseau Natura 2000 devraient augmenter. Cependant, elle n'a pas précisé l'ampleur de cette montée en charge, ce qui laisse subsister les interrogations des propriétaires et des gestionnaires des sites destinés à être intégrés au réseau.

Le Gouvernement entend mettre en place un cadre législatif pour ce dispositif contractuel. Un avant projet de loi a été remis pour avis le 2 juin 1998 au Comité national de suivi et de concertation Natura 2000. Un projet de loi devrait être soumis au Parlement dans le courant de l'année 1999. Il est à cet égard regrettable que le gouvernement n'ait pas choisi de s'appuyer, éventuellement en l'amendant, sur la proposition de loi adoptée par le Sénat, ce qui aurait permis d'assurer une mise en place plus rapide de cette législation.

Les sites proposés

Une première liste de sites susceptibles d'être reconnus d'importance communautaire a été transmise à la Commission européenne en février 1998. Elle regroupe 543 sites, soit 1,6 % du territoire national (la liste belge représente 3 % du territoire, et la liste danoise 26 %).

En juin dernier, 151 nouvelles propositions de sites ont été transmises par les préfets, portant la surface couverte à 1,6 million d'hectares environ (soit 2,8 % du territoire).

b) Les parcs naturels régionaux

Créés en 1967 à l'initiative de la délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), les parcs naturels régionaux sont aujourd'hui au nombre de 36 et couvrent 10 % du territoire national (21 régions, 60 départements, plus de 3 020 communes sont concernées). Fondée sur la notion de contrat et de libre adhésion, la politique des parcs naturels régionaux constitue une formule originale et réussie de coopération et de partenariat.

Ces parcs ont, outre leur rôle de préservation de la nature, une influence notable sur la stabilisation et le développement de l'emploi dans des zones rurales souvent menacées de désertification.

Situation des parcs naturels régionaux

13 parcs ont entamé le processus de révision de leurs chartes entre septembre 1994 et décembre 1996. Les parcs de Normandie Maine, de Martinique, de la Forêt d'Orient, de la Montagne de Reims, du Queyras, du Morvan, du Lubéron, d'Armorique, du Vercors, de Camargue ont tous bénéficié d'un renouvellement de classement entre la fin de l'année 1997 et le début de l'année 1998. La procédure de renouvellement du classement des parcs de Corse et du Haut-Languedoc devrait s'achever avant la fin de l'année 1998.

Le parc du Marais Poitevin n'a pas sollicité de renouvellement de classement. Une mission a été diligentée pour proposer les modalités d'une action concertée permettant de restaurer au meilleur niveau ce parc, déclassé depuis le 1er janvier 1997.

Parmi les 7 parcs dont le renouvellement de classement devait intervenir avant la fin de l'année 1997, trois d'entre eux ont déjà bénéficié du renouvellement : le parc des marais du Cotentin et de Bessin, le parc des Ballons des Vosges et le parc du Livradois-Forez.

La procédure est en cours pour les parcs de la Haute Vallée de Chevreuse, du Haut-Jura et de la Brenne.

Enfin, le parc du Nord-Pas-de-Calais, initialement composé de trois secteurs, l'Audomarais, le Boulonnais et la plaine de la Scarpe et de l'Escaut, sera désormais scindé en deux parcs distincts : le parc des caps et marais d'Opale (regroupant les secteurs Audomarais et Boulonnais) dont le renouvellement pourrait être prononcé d'ici la fin de l'année 1999, et le parc de la plaine de la Scarpe et de l'Escaut dont le classement a été renouvelé en avril 1998.

Le financement des parcs régionaux

Globalement, le budget des parcs naturels régionaux s'élevait en 1998 à 387 millions de francs.

BUDGET DES PARCS NATURELS RÉGIONAUX EN 1998
 

Montant du budget

Ministère de l'environnement


Régions

Autres collectivités territoriales

Autres ministères


CEE


Divers

Res-sources propres

 
 

MF

%

MF

%

MF

%

MF

%

MF

%

 
 

Budget de fonctionnement

282

27,8

9,8

112,1

39,7

81,4

28,8

15,6

5,5

10

3,5

7,9

27,2

Budget d'équipement

105

14,6

13,8

39,9

38

20,7

19,7

11,5

10,9

8,2

7,8

6,3

3,8

TOTAL

387

42,4

10,9

152

39,3

102,1

26,4

27,1

7

18,2

4,7

14,2

31

Source : ministère de l'environnement

En 1998, les régions et l'Etat assumaient respectivement 38 % et 13,8 % du budget d'équipement et 39,7 % et 9,8 % du budget de fonctionnement des parcs naturels régionaux.

Il faut noter que les crédits du ministère de l'environnement réservés aux parcs naturels régionaux dans le cadre de la contractualisation Etat-régions sont répartis en fonction, notamment, de l'effort de chaque parc pour la protection et la gestion de son patrimoine et des conditions de révision de sa charte.

En 1996 et 1997, les crédits de fonctionnement et d'investissement disponibles n'ont pas permis d'honorer les montants des contrats de plan. Le déficit de contribution de l'Etat pour le financement des parcs s'aggrave dans les faits depuis 1995, année où les crédits de fonctionnement étaient insuffisants.

Le projet de budget pour 1999 prévoit une légère augmentation des autorisations de programme qui passeront de 14,5 à 15,3 millions de francs, et une nette hausse, de l'ordre de 18 %, des dépenses de fonctionnement qui atteignent 34,8 millions de francs. A l'exception de 6,3 millions de crédits de paiement, soit 45,3 % des dotations, inscrits au budget du ministère de l'environnement au titre de la protection de la nature, des sites et des paysages, la part gouvernementale du financement des parcs naturels régionaux sera gérée en 1999 par le FGMN.

Les efforts budgétaires consentis en dépenses de fonctionnement devraient permettre :

- la remise à niveau de la dotation de fonctionnement des parcs naturels régionaux existants ;

- la création de cinq parcs naturels régionaux qui pourraient être classés dès 1999 : le Narbonnais, les Causses du Quercy, la Chataigneraie, le Gâtinais français et le parc de Guyane.

c) Les conservatoires régionaux d'espaces naturels (CREN)

Leur objectif est d'assurer la préservation des milieux naturels les plus menacés en intervenant principalement par la maîtrise foncière ou la maîtrise d'usage.

Les ressources des CREN proviennent essentiellement des collectivités territoriales (conseils régionaux, conseils généraux, communes), du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, de l'Union européenne, et pour une moindre part des cotisations de leurs membres.

Le ministère apporte un soutien financier significatif aux actions des conservatoires, qu'il s'agisse :

- d'actions portant sur la conservation de la biodiversité, des zones humides et des pelouses sèches,

- ou d'acquisitions d'espaces menacés ou remarquables.

Les crédits de fonctionnement attribués aux CREN ont été multipliés par 7 entre 1992 et 1996 pour atteindre 3,65 millions de francs. En 1997, ils ont été réduits de moitié (soit 1,85 million de francs). En 1998, le budget de fonctionnement des CREN a progressé, atteignant 3,4 millions de francs.

En 1999, une mesure nouvelle d'un million de francs est proposée pour soutenir leur action.

d) La protection de la faune et de la flore

La France a signé en juin 1992 la convention-cadre de Rio sur la diversité biologique et l'a ratifiée le 1er juillet 1994. Elle s'est donc engagée, comme les autres Etats parties, à mettre en place une politique de conservation de la diversité biologique, passant par la définition de stratégies nationales.

En 1996, une publication du ministère affiche, à ce titre, une stratégie nationale de protection de plus de 100 espèces sauvages. Ce document souligne la richesse de la faune et de la flore en France ainsi que les menaces qui pèsent sur ce patrimoine.

En 1999, il est prévu de développer de façon significative les actions engagées pour la préservation de la diversité biologique dans le cadre notamment du Fonds de gestion des milieux naturels .

Des mesures nouvelles, à hauteur de 8 millions de francs, en dépenses ordinaires et crédits de paiement sont inscrites au projet de budget pour 1999. Parmi les actions envisagées figurent notamment :

- l'accompagnement du retour du loup dans les Alpes françaises et le renforcement de la population d'ours des Pyrénées (dépenses ordinaires -titre IV- : 2 millions de francs, autorisations de programme -titre VI- : 1,350 million de francs, crédits de paiement : 675 000 francs) ;

- le développement du réseau des conservatoires botaniques nationaux avec la mise en place de leur fédération nationale (dépenses ordinaires -titres III et IV- : 1,340 million de francs) ;

- la mise en place en Méditerranée d'un observatoire sur l'évolution de la " Caulerpa taxifolia " (autorisations de programme -titre V- : 640 000 francs, crédits de paiement : 320 000 francs).

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