Projet de loi de finances pour 1999

DUPONT (Ambroise)

AVIS 67 (98-99), Tome III - COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES

Table des matières




N° 67

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME III

ENVIRONNEMENT

Par M. Ambroise DUPONT,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar, vice-présidents ; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean-Paul Bataille, Jean Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel Charzat, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar, Jean-François Picheral, Guy Poirieux,  Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, Franck Sérusclat, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 et 66 (annexe n° 5 ) (1998-1999).

Lois de finances .

Mesdames, Messieurs,

Si l'on ne tient pas compte de la " rebudgétisation " des ressources de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, qui conduit à un doublement " optique " des moyens de paiement et à un triplement des autorisations de programme, le budget de l'environnement progressera en 1999 de 14,8 % en dépenses ordinaires et crédits de paiement, passant de 1 899,5 à 2 180 millions de francs .

Cette augmentation substantielle, plus de sept fois supérieure à celle de l'ensemble du budget de l'Etat, permettra des avancées significatives dans les domaines, par exemple, de la protection de la nature -dont les crédits étaient l'an dernier nettement insuffisants- de la lutte contre la pollution atmosphérique ou encore de la recherche.

Mais elle traduit aussi l'amorce d'évolutions qui mériteraient d'être clarifiées, et que l'on ne saurait imposer à la représentation nationale " à petit bruit ", d'un budget à l'autre, sans qu'elles aient jamais fait l'objet du débat approfondi qu'elles justifient.

A cet égard, la première interrogation que soulève le budget de l'environnement est la transformation annoncée du ministère de l'environnement en " ministère de plein exercice ", voire en " ministère régalien ".

On observera d'abord, à ce sujet, que le développement rapide des moyens propres du ministère de l'environnement n'apparaît guère opportun dans un moment où l'on doit se préoccuper de limiter la croissance des dépenses publiques et de réformer l'Etat.

Mais, surtout, il faut rappeler que tous les ministères doivent intégrer, dans leur action, les préoccupations qu'imposent la protection des milieux et des ressources naturels et la lutte contre les nuisances et pollutions, et que la création, en 1972, du ministère de l'environnement n'avait pas pour objet, bien au contraire, de les dispenser de cette obligation.

On doit donc se demander si faire de l'environnement " un ministère de plein exercice " ce n'est pas aussi en faire un " ministère alibi ", au risque d'inciter les autres administrations de l'Etat à se désintéresser, au mieux, de la politique de l'environnement ou, au pire, à méconnaître les exigences du développement durable et à multiplier les conflits avec le nouveau " ministère régalien ".

La seconde interrogation tient à la mise en place, avec la création de la taxe générale sur les activités polluantes, d'une " fiscalité écologique " dont, d'une part, l'inspiration, la nature et les contours demeurent imprécis, et dont, d'autre part, les inconvénients potentiels -absence de garantie quant aux ressources allouées à la politique de l'environnement, remise en cause de l'association aux décisions des partenaires concernés, risques d'aggravation de la charge fiscale- ne semblent pas avoir été suffisamment étudiés.

Ces interrogations expliquent que votre commission des affaires culturelles n'ait pu approuver sans réserve le budget pour 1999 de l'environnement

.Le budget pour 1999

A. UNE AUGMENTATION SUBSTANTIELLE DES DOTATIONS DU MINISTÈRE

Le projet de budget de l'environnement pour 1999 s'élève à 3 947,8 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement , soit une progression de 108 % par rapport à la loi de finances pour 1998. Les autorisations de paiement atteignent 2 539,5 millions de francs, soit une augmentation de 217,5 % par rapport à 1998.

Cette évolution doit cependant être nuancée. Elle résulte essentiellement d'une augmentation optique liée à la budgétisation des ressources de l'Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie (ADEME).

Hors nouvelles subventions à l'ADEME pour 1999, c'est-à-dire à structure constante, le budget du ministère de l'environnement s'élève à 2 180 millions de francs , soit une progression, qui demeure substantielle, de 14,8 %.

1. La répartition des moyens par titre

a) Les dépenses ordinaires

Pour 1999, les dépenses ordinaires atteignent 1 543,6 millions de francs, soit une augmentation de près de 35 % par rapport à la loi de finances pour 1998.

Les crédits du titre III (moyens des services) progressent de 19 %, soit 1 037,6 millions de francs en 1999 contre 870,4 millions de francs en 1998.

*Les dépenses de personnel (480,4 millions de francs) augmentent de 11 % soit 48,1 millions de francs supplémentaires. Cette augmentation résulte essentiellement de la création de 140 nouveaux emplois.

*Les moyens de fonctionnement du ministère (508,4 millions de francs) augmentent de 20 %.

Les principales mesures nouvelles concernent :

- la création du fonds de gestion des milieux naturels (FGMN), soit 27,8 millions de francs.

- le renforcement des plans de prévention des risques de pollution et de l'information préventive sur ces risques (+ 32,5 millions de francs).

- la participation accrue du ministère pour le renforcement des missions de police de l'eau (+ 7 millions de francs), l'amélioration des moyens de prévention technique des crues (+ 2 millions de francs) et l'entretien du domaine public fluvial hors Loire (+ 9 millions de francs).

- et enfin, la protection de la nature, des sites et paysages qui bénéficie d'une mesure nouvelle de 14,4 millions de francs.

Les crédits du titre IV (interventions publiques) atteignent 506 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement en 1999, en augmentation de 83 % . Cette progression résulte de la " rebudgétisation " de l'ADEME qui bénéficiera en titre IV de 145 millions de francs en mesures nouvelles.

Par ailleurs, des moyens budgétaires nouveaux sont prévus pour soutenir la vie associative et le volontariat (8 millions de francs).

Au titre de la prévention des pollutions et des risques, les subventions allouées à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) augmentent de 15,6 millions de francs.

Les crédits inscrits au titre IV pour la création du Fonds de gestion des milieux naturels s'élèvent à 49,5 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement. Ils comprennent notamment :

- les moyens nécessaires à la poursuite du programme Natura 2000 (mesure nouvelle de 38 millions de francs) ;

- les sommes destinées à la création de nouveaux parcs régionaux et au réajustement de la subvention des parcs ayant renouvelé leur classement (mesure nouvelle de 5 millions de francs) ;

- les crédits nécessaires au développement du programme de conservation de la biodiversité (mesure nouvelle de 5,5 millions de francs).

b) Les dépenses en capital

Pour 1999, les dépenses en capital progressent de 200 %, atteignant 2 404 millions de francs en crédits de paiement. Cette augmentation résulte, d'une part, de l'inscription au budget du ministère de l'environnement de subventions d'investissement destinées à l'ADEME et, d'autre part, d'une progression de l'effort d'investissement du ministère.

Les crédits du titre V (investissements exécutés par l'Etat) s'élèvent à 283,9 millions de francs en crédits de paiement soit une augmentation de 18,3 %, grâce à des mesures nouvelles s'élevant à 114 millions de francs.

Les autorisations de programme atteignent 344,4 millions de francs, soit une progression 26 % par rapport à 1998.

Les crédits du titre VI (subventions d'investissement accordées par l'Etat) progressent de près de 310 % en crédits de paiement (2 120 millions de francs, dont 1 834 millions de francs en mesures nouvelles). L'augmentation des autorisations de programme est également très importante : 316 % (2 195 millions de francs).

A compter de 1999, l'ADEME bénéficiera, en contrepartie de la suppression de ses ressources affectées, de subventions dont une partie est inscrite sur ce titre. Les subventions d'investissement accordées par l'Etat à l'ADEME s'élèveront à 1 682,6 millions de francs en crédits de paiement et 1 688,3 millions de francs en autorisations de programme.

2. L'évolution des crédits par agrégat

Le tableau suivant présente l'évolution des crédits consacrés à chaque agrégat et leur part relative dans le budget du ministère de l'environnement.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT
(EN MOYENS DE PAIEMENT)
 

Projet de loi de finances 1998

Projet de loi de finances 1999

Évolution
(%)

Part de l'agrégat (en %)

Administration générale

571,6

644,6

12,8 %

16,4 %

Connaissance de l'environnement et coopération internationale

83,1

110,6

33,1 %

2,8 %

Protection de l'eau et des milieux aquatiques

232,5

265,1

14 %

6,8 %

Prévention des pollutions et des risques

387

2 192,3

466,5 %

55,5 %

Protection de la nature, des sites et des paysages

546,7

654,5

19,7 %

16,5 %

Recherche

75,5

80,7

6,9 %

2 %

TOTAL

1 896,4

3 947,8

108,2 %

100 %

a) Les crédits d'administration générale

Ces crédits regroupent les moyens de l'administration centrale, responsable de l'élaboration de la politique de l'environnement et de la tutelle des établissements publics, les moyens des directions régionales de l'environnement (DIREN), chargées de la mise en oeuvre de cette politique, ainsi que ceux des directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE) pour ce qui concerne l'inspection des installations classées.

Ils s'élèvent à 644,6 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une progression de 12,8 % par rapport à 1998. Les autorisations de programme atteignent 49,68 millions de francs, en augmentation de 116 %.

Sur ce total, les dépenses de personnel représentent 480 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement. Leur progression (48 millions de francs) résulte notamment des créations d'emploi. Il est en effet proposé pour 1999 la création de 140 emplois, dont :

- 29 emplois en administration centrale, soit une mesure nouvelle de 5,8 millions de francs (22 emplois " Équipement ", 6 emplois " Agriculture " et 1 emploi " Industrie ") : ces 29 emplois nouveaux portent à 493 postes le total des emplois de l'administration centrale, et à 102 le nombre des créations de postes intervenues depuis 1992.

- 89 emplois dans les directions régionales de l'environnement, soit une mesure nouvelle de 15,9 millions (57 emplois " Équipement ", 25 emplois " Agriculture ", 1 emploi, " Industrie ", 3 emplois " INSEE " et 3 emplois " Santé ") ;

- et 22 emplois " Industrie " pour l'inspection des installations classées, soit une mesure nouvelle de 5,9 millions de francs.

Cette augmentation des effectifs traduirait la volonté de faire du ministère de l'environnement un " ministère de plein exercice " selon l'expression employée par la ministre lors de son audition par la commission.

Outre que l'on peut mettre en question l'opportunité de procéder à 140 créations d'emplois dans un contexte où un effort de rigueur budgétaire s'impose, il convient de s'interroger très sérieusement sur l'évolution du ministère de l'environnement, conçu comme une administration de mission, vers un " ministère de plein exercice ". Il importe en effet que tous les ministères intègrent dans leurs préoccupations, et dans leur action, le souci de la protection de l'environnement et la dimension du développement durable. La création d'un ministère de l'environnement de plein exercice risque de les dissuader de poursuivre les efforts qu'ils ont commencé de consentir en ce sens, et d'aboutir à opposer le ministère de l'environnement et les autres départements ministériels, qui pourraient s'estimer déchargés de toute responsabilité dans le domaine de l'environnement.

Ce choix, et les risques qu'il comporte, mérite donc un débat approfondi.

b) La connaissance de l'environnement et la coopération internationale

Les crédits de cet agrégat progressent de 33,1 % par rapport à 1998 en dépenses ordinaires et crédits de paiement, et de 49,5 % en autorisations de programme.

Les crédits inclus dans cet agrégat sont très divers. Ils comprennent notamment les dotations à l'Institut français de l'environnement (IFEN) et les subventions aux associations qui représentent respectivement 25,7 % et 30,7% des dotations de cet agrégat.

Les dotations prévues au budget du ministère pour l'IFEN s'élèvent en à 28,5 millions de francs en dépenses ordinaires, soit une progression par rapport à 1998 de 23 %, et à 7,5 millions de francs en crédits de paiement (+ 87 %). Les autorisations de programme augmentent de 60 % pour atteindre 8 millions de francs. Ces mesures vont dans le sens des recommandations du rapport de M. Malinvaud remis au Premier ministre en janvier 1997, qui concluait au nécessaire renforcement de l'IFEN, élément essentiel du dispositif mis en place par le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, et qui n'avait pas encore atteint " le seuil des ressources minimales pour exercer ses missions de base ". La création de 9 emplois contribuera également à renforcer les moyens de l'IFEN.

Les crédits destinés aux associations s'élèvent à 34 millions de francs progressant de 31,7 % par rapport à 1998. Tout en reconnaissant le rôle du mouvement associatif, votre rapporteur s'étonne de l'ampleur de cette augmentation. Par ailleurs, il s'inquiète des critères d'attribution des moyens supplémentaires ainsi dégagés et redoute en la matière des décisions arbitraires en l'absence de formulation précise des obligations des associations ainsi subventionnées.

c) La protection de l'eau et des milieux aquatiques

Cet agrégat regroupe les dépenses liées à un usage économique de l'eau et celles visant la protection des milieux aquatiques. Les crédits qui lui sont consacrés augmentent de 14 % en dépenses ordinaires et crédits de paiement , et de 6 % en autorisations de programme .

La majeure partie des dotations inscrites sur cet agrégat est consacrée à la mise en place des plans gouvernementaux décidés les 4 janvier et 24 janvier 1994 : le plan " Loire grandeur nature " et le plan de restauration des rivières, adopté en vue de prévenir les inondations dans le cadre du programme pluriannuel de prévention des risques naturels.

Les engagements pris au titre de ces programmes pluriannuels exigent chaque année une dépense de 300 millions de francs. En 1997 et 1998, ce sont respectivement 202 millions de francs et 203 millions de francs qui ont été consacrés par le ministère de l'environnement à leur mise en oeuvre. En 1999, 214 millions de francs sont destinés à poursuivre les actions engagées. Ces crédits seront abondés, comme en 1997 et 1998, par un fonds de concours des agences de l'eau à hauteur de 110 millions de francs, et par des transferts en gestion des budgets de l'agriculture et de l'équipement pour 22 millions de francs. Au total, 346 millions de francs pourront donc être consacrés à ces plans en 1999.

De plus, les agences de l'eau contribueront à partir de 1999 à un financement supplémentaire des instruments d'intervention dans le domaine de l'eau (police de l'eau exercée par l'Etat, collecte et exploitation des données sur l'eau recueillies par l'Etat, police de l'eau et des milieux aquatiques exercée par les garde-pêche). Cette contribution supplémentaire, décidée par le gouvernement le 28 mai 1998, sera versée à l'Etat par les agences de l'eau sous forme d'un fonds de concours fixé à 140 millions de francs.

d) La prévention des pollutions et des risques

Les crédits consacrés à la prévention de la pollution et des risques s'élèvent en 1999 à 2 192,3 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une progression de 466,5 %. Les autorisations de programme sont multipliées par 11 et atteignent 1 827,6 millions de francs.

Le changement d'échelle qui intervient en 1999 résulte de la subvention destinée à l'ADEME. Ainsi, la dotation nouvelle destinée à l'ADEME s'élève à 1 435 millions de francs (dont 105 millions de francs sur le titre IV -interventions publiques- et 1 330 millions de francs sur le titre VI -subventions d'investissement accordées par l'Etat-), pour compenser la perte de ses recettes affectées, et 333 millions de francs supplémentaires sont inscrits au budget de l'environnement pour relancer la politique de maîtrise de l'énergie.

Hors subvention de l'ADEME, les crédits augmentent, mais moins fortement que l'ensemble du budget (+ 9,75 %), pour atteindre 424,3 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, dont 109,1 millions de francs de mesures nouvelles.

- Les crédits consacrés aux plans de prévention des risques naturels et à l'information préventive des populations seront augmentés de 25 millions de francs en dépenses ordinaires en 1999.

Une mesure nouvelle de 6 millions de francs, inscrite au titre III (moyens de services) a pour objet de préparer l'application de la directive européenne " Seveso II ". Cette dotation est également destinée à financer la participation de l'Etat à l'effort de prévention des risques industriels et technologiques.

- Les moyens consacrés au financement d'actions de surveillance de la qualité de l'air progressent de 7,8 % (235,35 millions de francs en moyens d'engagement). Les besoins annuels de financement au titre de l'exécution de la loi sur l'air avaient été évalués à 200 millions de francs sur quatre ans, mais les dotations inscrites à ce titre au budget de 1998 n'atteignaient que 170 millions de francs en moyens d'engagement. On assiste donc en 1999 à un rattrapage.

e) La protection de la nature, des sites et des paysages

Cet agrégat regroupe les moyens consacrés à la conservation et à la réhabilitation du patrimoine naturel, des sites et paysages et de la diversité biologique.

Les crédits inscrits au budget du ministère de l'environnement pour la protection de la nature, des sites et des paysages s'élèvent à 654,5 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement ( soit + 19,7 % ) et à 364,5 millions de francs en autorisations de programme ( soit + 11,3 % ).

La politique poursuivie en ce domaine sera examinée plus en détail dans la deuxième partie du rapport. On peut noter qu'elle s'ordonne autour de quatre axes principaux :

La constitution d'un réseau d'espaces protégés

- Les crédits destinés aux parcs nationaux atteignent 180,64 millions de francs (+ 88 millions de francs par rapport à 1998). Ils bénéficient d'une mesure nouvelle de 14,3 millions de francs pour assurer la mise en place de nouveaux parcs et permettre la création de 23 emplois.

- Les moyens du conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres atteignent 147,35 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement (+ 2,7 % par rapport à 1998). Le conservatoire bénéficiera en 1999 de quatre créations d'emplois.

- Les crédits affectés aux réserves naturelles, 58,66 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, progressent de 59 %.

La création du Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN)

Un fonds de gestion des milieux naturels est créé pour contribuer au financement des projets d'intérêt collectif concourant à la protection et à la réhabilitation de la gestion des milieux et des habitats naturels. Il assurera le financement de la politique de préservation naturelle et de la biodiversité relevant d'une gestion contractuelle avec les collectivités locales, les associations et l'Union européenne.

Ce fonds est doté de 164 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, dont 90 millions de francs de dotations nouvelles et 74 millions de francs de redéploiements. Les autorisations de programme destinées au FGMN s'élèvent à 36,8 millions de francs pour 1999.

Les mesures nouvelles inscrites au FGMN pour 1999 concernent principalement :

- la mise en oeuvre du réseau Natura 2000, notamment pour la gestion avec compensation, sur cahier des charges, pour les propriétaires des espaces forestiers et non agricoles du réseau (66 millions de francs) ;

- le renforcement des capacités d'expertise des services déconcentrés dans le cadre de la gestion contractuelle (10 millions de francs) ;

- les moyens alloués aux nouveaux parcs naturels régionaux (PNR) et à ceux dont la charte sera renouvelée (5 millions de francs), ainsi qu'aux conservatoires régionaux des espaces naturels (CREN) et aux réserves de biosphères (1 million de francs) ;

- le programme de conservation des espèces animales sauvages et le réseau des conservatoires botaniques nationaux (8 millions de francs).

Votre rapporteur s'est interrogé sur les critères qui ont présidé au choix des actions devant être gérées par ce fonds, puisque les services du ministère de l'environnement ont indiqué que le champ de compétence de ce fonds pourrait être progressivement étendu à des domaines de protection de la nature dont la gestion n'est pas contractuelle tels que les parcs nationaux ou les sites protégés. On peut se demander si ce fonds ne vise pas à favoriser le développement du réseau Natura 2000. En effet, les services budgétaires du ministère prévoient que les crédits effectivement consacrés à Natura 2000 devraient atteindre par redéploiement 109 millions, au lieu des 68,6 millions inscrits au titre du budget du FGMN grâce à la mesure nouvelle de 66 millions de francs, complétée par un redéploiement de crédits pour 2,6 millions de francs.

La politique des paysages

Les actions de protection des sites et des paysages (protection des sites classés et inscrits, " opérations grands sites "...) bénéficieront de 35,7 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une diminution de 16,5 % par rapport à 1998 (42,8 millions de francs).

La formation des professionnels paysagistes sera soutenue par le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles, placée sous la tutelle conjointe des ministères de l'agriculture et de l'environnement, bénéficiera de 3 millions de francs de mesures nouvelles.

L'évaluation de l'impact des activités humaines sur l'environnement

Cet axe de la politique de protection de la nature est doté de 19,8 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement. Ces crédits diminuent donc de 19,8 % par rapport à 1998.

f) La recherche

Cet agrégat regroupe l'ensemble des moyens relevant du Budget civil de recherche et de développement (BCRD) consacrés aux activités scientifiques et à la recherche. Ils concernent trois domaines d'intervention (milieux et écologie, risques et impacts, économie et société) auxquels il faut ajouter des projets transversaux et les programmes de recherche de l'INERIS.

Les crédits affectés à ces actions augmentent de 6,9 % pour atteindre 80,7 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement. Les autorisations de programme diminuent de 5,7 % (66 millions de francs).

En 1999, une mesure nouvelle de 1,75 million de francs est prévue pour actualiser la masse salariale de l'INERIS.

B. LA FISCALITÉ ECOLOGIQUE

Comme la ministre de l'environnement l'avait souligné devant votre commission, le projet de loi de finances pour 1999 amorce la mise en place d'une " fiscalité écologique ". Cette " amorce " se traduit par un certain nombre de mesures ponctuelles -en particulier le début du rattrapage de la TIPP sur le gazole- mais aussi par une innovation d'une toute autre portée : la création de la taxe générale sur les activités polluantes, la TGAP.

1. La création de la TGAP

L'article 30 de la première partie du projet de loi de finances propose d'instituer une " taxe générale sur les activités polluantes " affectée au budget de l'Etat. Cette taxe est présentée comme évolutive : comme l'indiquait l'exposé des motifs de l'article, sa création s'inscrit en effet " dans la perspective d'une future " écotaxe " européenne ".

Dans un avenir plus immédiat, Mme Dominique Voynet a mentionné devant votre commission les concertations actuellement en cours pour substituer la TGAP à tout ou partie des redevances perçues par les agences de l'eau.

En 1999, toutefois, la TGAP ne se substituerait qu'aux taxes actuellement perçues par l'ADEME.

Votre rapporteur examinera donc le dispositif proposé pour 1999 avant de tenter de porter un jugement sur le principe de la TGAP, jugement qui ne peut se fonder uniquement sur la " première étape " de sa mise en place prévue par le projet de loi de finances.

a) Le dispositif proposé par l'article 30 du projet de loi de finances

A compter de 1999, la TGAP remplacera les cinq taxes perçues directement par l'ADEME. Son produit sera affecté au budget de l'Etat, et l'ADEME bénéficiera d'une subvention budgétaire d'un montant équivalent. Il est à noter que le produit de la TGAP devrait être supérieur au produit attendu pour 1998 des taxes qu'elle remplace, notamment en raison du relèvement de la taxe sur les déchets.

Corrélativement, l'ADEME reversera au budget général le produit perçu en 1999 au titre des anciennes taxes affectées.

L'application de l'article 30 du projet de loi de finances équivaut donc à une " rebudgétisation " des ressources de l'ADEME, rebudgétisation qui était en elle-même souhaitable, comme votre rapporteur l'avait souligné l'an dernier.

Les cinq taxes remplacées par la TGAP

- La taxe sur la pollution atmosphérique

La taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique, qui est assise sur la quantité de polluants émise au cours de l'année précédant celle de son recouvrement, a été créée par le décret n° 85-582 du 7 juin 1985. Reconduite pour cinq ans en 1990, elle a été de nouveau prorogée par le décret n° 95-515 du 3 mai 1995, qui a élargi son assiette aux composés organiques volatils et a augmenté son taux, pour tous les polluants taxés, de 150 francs à 180 francs la tonne. Cette taxe, qui concerne moins de 1 500 installations ne s'applique qu'aux gros équipements de combustion.

La nécessité de dégager des nouveaux moyens pour financer l'équipement des réseaux de surveillance de la qualité de l'air a conduit à une nouvelle majoration de son taux par l'arrêté du 8 décembre 1997. Le produit de cette taxe devait donc atteindre 182,4 millions de francs en 1998. Cette augmentation devrait permettre de dégager 40 millions supplémentaires en 1999 (soit 222,4 millions de francs).

- Les taxes sur le stockage des déchets ménagers et des déchets industriels spéciaux

La taxe sur les déchets ménagers doit s'appliquer jusqu'au 30 juin 2002, date à laquelle seuls les déchets ultimes pourront être mis en décharge aux termes de la loi du 13 juillet 1992 relative à l'élimination des déchets. Elle est acquittée par les exploitants de décharge de déchets ménagers et assimilés.

La loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement a institué la taxe sur les déchets industriels spéciaux, qui est acquittée par les exploitants des installations de traitement ou de stockage de ces déchets. Son produit est destiné à financer la réhabilitation des sites pollués n'ayant pas de propriétaire clairement identifié, ou dont le propriétaire en faillite ne peut plus faire face à ses obligations.

Grâce au relèvement du taux applicable, de 20 à 40 francs par tonne de déchets réceptionnés, depuis le 1er janvier 1998, cette taxe alimente le budget de l'ADEME à hauteur de 896,9 millions de francs, soit 803,7 millions de francs pour les déchets ménagers et 93,2 millions de francs pour les déchets industriels spéciaux.

- La taxe sur les nuisances sonores

Cette taxe sur le bruit émis par les transports aériens a été instituée par la loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit, pour permettre la mise en oeuvre des dispositions nécessaires à l'atténuation des nuisances sonores au voisinage des aérodromes. La taxe doit être payée par les exploitants d'aéronefs, ou à défaut, par leur propriétaire à l'occasion de tout décollage, sur certains aéroports, d'un appareil de plus de deux tonnes. Le produit de cette taxe s'élève en 1998 à 38,6 millions de francs.

L'extension de l'application de la taxe à trois nouveaux aéroports et la majoration de son taux, prévue par l'article 103 de la loi de finances pour 1998, devrait permettre d'accroître le produit annuel de la taxe de 38 millions de francs à environ 90 millions de francs en 1999.

- La taxe sur les huiles de base

La taxe parafiscale sur les huiles de base a été instituée en 1989, et prorogée pour cinq ans par le décret n° 94-753 du 31 août 1994. Elle a pour assiette le tonnage d'huiles neuves ou régénérées mises sur le marché en France. Son taux est fixé à 150 francs par tonne. Elle est collectée par la direction générale des douanes et des droits indirects. Le produit de cette taxe s'élève à 107,9 millions de francs en 1998.

Le régime de la TGAP

Le régime de la TGAP est défini par les articles 266 sexies à undecies nouveaux du Code général des douanes, instituant la liste des redevables, précisant le fait générateur et fixant le montant de la taxe. Ces dispositions se substituent aux textes qui régissaient jusqu'alors les taxes affectées à l'ADEME.

Le projet de loi de finances propose d'assujettir à la TGAP les personnes physiques ou morales aujourd'hui soumises aux taxes qu'elle remplace.

Le fait générateur de la TGAP reste le même que celui des taxes précédentes sauf pour la taxe sur les huiles de base. Les personnes qui étaient soumises à la taxe sur les huiles de base devront acquitter la TGAP quand seront livrées, mises en consommation ou utilisées des " lubrifiants susceptibles de produire des huiles usagées ".

Les taux de la TGAP seront les mêmes que ceux des taxes existant précédemment en matière de pollution atmosphérique et de nuisances sonores. En revanche, le taux applicable aux huiles de base augmente pour passer de 150 à 200 francs par tonnes. De même, le taux applicable aux déchets passe de 40 à 60 francs par tonne, et le montant minimal annuel de la taxe, que la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement avait abaissé de 5 000 à 2 000 francs par installation, est porté à 3 000 francs.

Le produit de la TGAP pour 1999 est estimé à 1935 millions de francs, soit une augmentation de 34 % par rapport au produit des taxes auxquelles elle se substitue .

Cette augmentation permettra de dégager 500 millions de francs supplémentaires qui seront alloués à la relance de la politique de maîtrise de l'énergie : ces crédits iront à l'ADEME, en provenance du budget de l'environnement à hauteur de 333 millions de francs et de l'industrie à hauteur de 167 millions de francs.

L'ADEME recevra donc en 1999 une subvention strictement équivalente au produit de la TGAP.

Les crédits du ministère de l'environnement destinés à l'ADEME s'élèvent en fait à 1834,1 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, (soit 1682,6 millions inscrits au titre VI, subventions d'investissement accordées par l'Etat, et 151,5 millions de francs inscrits au titre IV, interventions publiques), la différence résulte de reliquats de subventions pour l'année 1998 et des frais de gestion de l'Agence, soit 66,1 millions de francs.

b) Les conséquences de la création de la TGAP

Dans son principe, la substitution de la TGAP aux actuelles ressources affectées répond à une indéniable " logique écologique " et peut présenter quelques avantages.

Il convient cependant de mettre en regard des arguments invoqués à l'appui de sa création, les inconvénients qu'elle peut présenter pour le financement de la lutte contre la pollution et les incertitudes liées à son évolution future.

Certains des arguments présentés en faveur de la création de la TGAP sont tout à fait recevables

* Il n'est pas niable, par exemple, que la nouvelle taxe est davantage conforme au principe " pollueur-payeur " :

- elle " détache " le taux de la taxe du montant des ressources à collecter pour remédier aux conséquences des pollutions ; il sera donc possible de faire varier les taux pour décourager certains comportements sans pour autant accroître corrélativement et automatiquement les dépenses publiques correspondantes ;

- son paiement ne risque pas, comme celui d'une taxe affectée, d'être considéré par les assujettis comme l'acquisition d'un " droit à polluer " ;

* En deuxième lieu, la nouvelle taxe peut permettre une simplification et une remise en ordre des nombreuses taxes ponctuelles -une cinquantaine- qui ont été créées au fil du temps pour lutter contre les pollutions et financer la dépollution.

* Enfin, la " débudgétisation " croissante de la politique de l'environnement nuisait incontestablement à sa visibilité, et ne favorisait pas l'exercice, par l'autorité politique, de ses responsabilités dans l'orientation et la gestion de cette politique.

Mais ces avantages " conceptuels " ne doivent pas faire négliger les risques liés à la mise en place de la TGAP

* Le premier de ces risques est, bien entendu, l'incertitude inséparable du financement budgétaire. Rien ne permet de garantir que le produit de la TGAP, à la différence de celui des taxes affectées, bénéficiera à la politique de l'environnement.

La ministre de l'environnement s'en affirme persuadée et il n'y a aucune raison de douter de sa sincérité : mais il faut bien voir que le ministère de l'environnement n'aura pas demain plus de compétences pour décider de l'utilisation du produit de la TGAP qu'il n'en avait hier dans l'utilisation des ressources affectées, et que la création de la TGAP n'augmente pas sa capacité de décision, mais bien celle du ministère de l'économie et des finances.

On peut donc sérieusement s'inquiéter de la pérennité des ressources de l'ADEME aujourd'hui, des Agences de l'eau demain. L'expérience de l'Agence nationale de l'amélioration de l'habitat constitue à cet égard un précédent peu encourageant : le montant de ses ressources, désormais " budgétaires ", est notablement inférieur au produit de la taxe additionnelle au droit de bail qui lui était antérieurement affecté.

Et cette incertitude ne pourra que s'accroître avec le temps et avec l'intégration de nouvelles taxes dans la TGAP.

* Il convient aussi de s'interroger sur le caractère " évolutif " de la nouvelle taxe. Jusqu'où ira cette " évolution " ? L'imagination fiscale étant sans limites, et le produit de cette taxe " écologique " n'étant pas obligatoirement affecté au financement de la protection de l'environnement, on peut craindre que la TGAP ne devienne un instrument commode pour abonder les ressources publiques et aggraver encore la pression fiscale globale.

2. Les autres mesures fiscales

a) Le rattrapage de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) sur le gazole

La TIPP sur le gazole s'élève aujourd'hui à 2,41 F/l contre 3,84 F/l pour la TIPP sur l'essence sans plomb. L'écart est donc de 1,43 F/l, supérieur de plus de 50 % à la moyenne communautaire (0,93 F/l).

Cette différence ne semble pas justifiée. En effet, les avantages et les inconvénients respectifs des véhicules à essence et diesel sont comparables.

L'article 18 du projet de loi de finances pour 1999 propose une augmentation de la TIPP sur le gazole de 7 centimes par litre . Dans le même temps le taux de la TIPP sur les carburants propres (essence sans plomb, gaz de pétrole liquéfié -GPL-, gaz naturel véhicule -GNV-) ne sera pas modifié.

Cette actualisation devrait réduire l'écart de taxation entre le gazole et le super carburant sans plomb, afin d'aligner en sept ans l'écart français sur l'écart communautaire moyen (soit une augmentation de 7 centimes par litre pendant 7 ans).

L'augmentation des prix à la pompe pour les particuliers devrait être inférieure à 9 centimes par litre (soit finalement un prix inférieur à celui du début de l'année 1998 : 4,10 F contre 4,73 F).

Enfin pour ne pas pénaliser le transport routier français, il est proposé d'accorder aux professionnels concernés un remboursement partiel de la taxe intérieure de consommation sur le gazole, égal à la différence entre le niveau indexé de la taxe sur le gazole en 1998 et le tarif de la taxe intérieure sur le gazole applicable, et limité à 40 000 litres de gazole par an.

b) La reconduction des régimes d'amortissement exceptionnel de biens destinés à protéger l'environnement

Les régimes d'amortissement exceptionnel sur douze mois de biens destinés à économiser l'énergie ou à lutter contre certaines pollutions viennent à échéance le 31 décembre 1998. Ces régimes concernent les biens destinés à économiser l'énergie, lutter contre les nuisances sonores, la pollution industrielle des eaux, de l'air ou la pollution d'origine agricole.

L'article 69 du projet de loi de finances pour 1999 propose leur reconduction pour une durée de quatre ans (jusqu'au 31 décembre 2002). De plus, afin de simplifier la législation, l'agrément prévu pour les biens destinés à économiser l'énergie et ceux destinés à lutter contre les nuisances sonores serait supprimé (pour les acquisitions réalisées après le 31 décembre 1998).

Un amortissement exceptionnel sur douze mois est également prévu pour les véhicules et matériels fonctionnant à l'électricité, au GPL et au GNV, pour les accumulateurs permettant à ces véhicules de fonctionner, et pour les cyclomoteurs, acquis à l'état neuf à compter du 1er janvier 1997, et fonctionnant exclusivement au moyen de l'énergie électrique.

Ce régime d'amortissement exceptionnel expire le 31 décembre 1999. Il est prévu à l'article 31 du projet de loi de finances pour 1999 de le proroger jusqu'au 31 décembre 2003 et de l'étendre à tous les véhicules fonctionnant en bicarburation et aux accumulateurs nécessaires à leur fonctionnement.

c) La diminution de la TVA sur le traitement des déchets

La loi du 13 juillet 1992 prévoit la suppression quasi totale des décharges à ciel ouvert au 30 juin 2002. Afin d'aider les collectivités locales à financer les investissements nécessaires à la réalisation de cet objectif et d'encourager le développement de la collecte et du tri sélectifs, il est proposé à l'article 21 du projet de loi de finances pour 1999 de diminuer le taux de TVA applicable à ces opérations. Ce dernier passerait de 20,6 % à 5,5 % .

Le coût budgétaire de cette mesure serait de l'ordre de 300 millions de francs.

Elle devrait contribuer à compenser le surcoût lié à la collecte sélective des déchets ménagers. Mais celui-ci est très lourd (coût d'une collecte sans tri = 200 à 400 francs la tonne, coût d'une collecte sélective = 500 à 2 000 francs la tonne). Et il faut rappeler que dans le même temps la taxe sur les déchets ménagers progresse de 40 à 60 francs par tonne.

II. LES CRÉDITS CONSACRÉS À LA PROTECTION DES ESPACES NATURELS

A. L'AUGMENTATION DES DÉPENSES CONSACRÉES A LA POLITIQUE DE PROTECTION DE LA NATURE

L'évolution des crédits de l'agrégat " protection de la nature " fait apparaître que cette action constitue une des priorités du ministère de l'environnement.

L'augmentation des dépenses de fonctionnement est particulièrement spectaculaire : elles s'élèveront à 341,5 millions de francs, soit une progression de 42 % par rapport à 1998.

Comparativement, les dépenses en capital augmentent de façon beaucoup plus modérée. La progression des crédits de paiement (313 millions de francs) n'est que de 2 %. Celle des autorisations de programmes (364,5 millions de francs) est plus substantielle, soit 11 %.

La forte augmentation des moyens de fonctionnement rétablit une certaine cohérence entre la progression des espaces protégés et celle des ressources correspondantes. Cette cohérence constitue un progrès par rapport à la situation constatée l'an dernier, caractérisée par une évolution des moyens manifestement insuffisante pour faire face à celle des besoins.

Cependant, cet ajustement bienvenu entre les moyens et les ambitions de la politique de protection de la nature ne lève pas les interrogations que suscitent la progression continue des zones protégées et la multiplication des régimes de protection.

Il conviendrait en effet, de se demander si cette évolution ne risque pas d'aggraver les risques de dégradation des portions du territoire qui ne font l'objet d'aucune protection. Pour votre rapporteur, il faut aussi chercher à convaincre tous les agents économiques de la nécessité de prendre en compte, sur l'ensemble du territoire, les exigences de la protection de la nature et des paysages et de faire prévaloir des comportements compatibles avec les principes du développement durable.

1. La politique de protection de la nature menée par l'Etat : un renforcement des moyens du réseau des espaces protégés

a) La protection des sites et des paysages

La loi du 2 mai 1930 relative à la protection des monuments naturels et des sites constitue l'instrument le plus ancien pour la protection des sites naturels ou bâtis.

Son application s'est traduite par le classement de 2 700 sites et par l'inscription de 5 100 autres sites, d'ampleur très variable.

Depuis une vingtaine d'années, la loi de 1930 est utilisée pour le classement de vastes ensembles paysagers : ainsi avant la fin de 1998, était prévu le classement des gorges de la Loire, de Marquenterre (Somme), et du massif forestier d'Ermenonville (Oise).

La gestion des sites classés est désormais organisée dans le cadre de documents d'orientation et de recommandation permettant de définir les objectifs poursuivis et le devenir des sites concernés.

Le projet de loi de finances prévoit d'affecter à la politique des sites et des paysages 37,5 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, ce qui correspond à une nette diminution des dépenses prévues en 1999 (-16,5 %).

La politique des " grands sites "

La politique des " grands sites ", initiée dès 1976 et relancée en 1989 dans le cadre d'une communication commune des ministres chargés de l'équipement et de l'environnement, a pour objet de permettre la réhabilitation et la mise en valeur des sites protégés les plus remarquables et les plus menacés, notamment du fait de l'afflux touristique. Les opérations partenariales menées à ce titre s'appuient sur un programme de remise en valeur de l'espace protégé, tout en prenant en compte un développement économique compatible avec la qualité des lieux.

Depuis 1997, ces opérations sont financées par des crédits du ministère de l'environnement et non plus par des crédits du ministère de l'équipement. Les dotations consacrées à ces opérations s'élevaient à 9,8 millions de francs en 1997 et en 1998, elles seront reconduites pour 1999, et réparties entre des crédits d'études (1,2 million de francs) et des crédits de travaux (8,6 millions de francs).

De 1989 à 1998, le ministère de l'équipement puis celui de l'environnement ont financé :

- en études, 20 opérations pour un montant global de 3,1 millions de francs ;

- en travaux, 14 opérations pour un montant global de 36,8 millions de francs.

Quatre opérations peuvent être considérées comme terminées ou ayant fait l'objet de tranches fonctionnelles de travaux : la Dune du Pilat, les jardins du Rayol, la Restonica et la Montagne-Sainte-Victoire.

Au total, 27 opérations " grands sites " sont actuellement à des stades d'avancement divers, en cours d'études ou en travaux (soit huit de plus que l'année dernière).

Enfin, quatre directives paysagères sont actuellement à l'étude pour protéger des territoires remarquables pour leur intérêt paysager : les Alpilles, les Côtes-de-Meuse, les vues sur la cathédrale de Chartres et le Mont-Salève.

Les autres mesures en faveur de la politique du paysage

Le ministère mène également une action visant à faire reconnaître au plan international les paysages français. Ainsi, deux nouveaux dossiers ont été déposés devant l'UNESCO dans le cadre de la convention du patrimoine mondial. Le village de Saint-Emilion et son vignoble ainsi que la vallée de la Loire entre Sully-sur-Loire et le confluent du Maine devraient être reconnus en 1999 comme paysages culturels de valeur universelle exceptionnelle.

b) Les réserves naturelles et les parcs nationaux

Les réserves naturelles

En août 1998, la France compte 141 réserves naturelles (soit sept de plus qu'en 1997) protégeant 443 795 hectares ; cela correspond à une augmentation de superficie de 37 % par rapport à 1997. L'instruction de projets concernant la création de 33 nouvelles réserves est en cours.

L'objectif assigné aux réserves naturelles est d'assurer une protection exemplaire de chacun des milieux existant en France, en se fondant sur les inventaires scientifiques réalisés par des experts français et européens. Le régime de leur constitution est fixé par la loi du 10 juillet 1976.

Les modalités de gestion des réserves sont déterminées par l'article R.242-18 du Code rural, qui prévoit que les réserves naturelles peuvent être gérées par des propriétaires de terrains classés, des associations, des fondations, des collectivités locales ou des établissements publics dans le cadre de conventions passées avec l'Etat.

Pour les 141 réserves existantes, la répartition des organismes gestionnaires est actuellement la suivante :

- 28 réserves sont gérées par des instances locales : 11 sont gérées directement par des collectivités locales, 11 par des parcs naturels régionaux et 6 par des syndicats mixtes ou intercommunaux ;

- 25 réserves sont confiées à des établissements publics (parcs nationaux, Office national des forêts, Office national de la chasse...) ;

- 81 réserves sont gérées par des associations

- 7 réserves récemment créées n'ont pas encore de gestionnaire désigné.

Il faut relever que huit réserves naturelles bénéficient d'une cogestion par deux organismes. Cela semble correspondre à l'intérêt grandissant pour les réserves naturelles manifesté par les collectivités locales qui prennent conscience de la place que ces dernières peuvent tenir dans le développement local.

Les crédits provenant des collectivités locales représentaient en 1997 environ 20 % des ressources des réserves en fonctionnement et 39 % en investissement. En outre, les collectivités locales apportent aux réserves un soutien en nature en mettant à leur disposition des locaux et du matériel.

Les difficultés rencontrées dans la gestion des réserves sont de trois ordres. Elles tiennent aux limites que les réserves imposent à certaines activités humaines (la chasse, le développement de certaines formes d'activités touristiques, agricoles ou sylvicoles), à la difficulté de trouver un organisme gestionnaire compétent sur les plans technique, scientifique et administratif (l'Etat est parfois amené à gérer directement une réserve à titre provisoire), et enfin au coût que représentent la création de nouvelles réserves et la mise en oeuvre de méthodes de gestion efficaces et exemplaires.

L'effort entrepris pour améliorer la gestion des réserves doit être poursuivi en établissant dans chaque réserve un plan de gestion. Ces plans permettent en effet de renforcer la participation des partenaires concernés (notamment des propriétaires privés) et d'effectuer un bilan du patrimoine naturel protégé pour pouvoir définir les objectifs assignés à la réserve et ainsi déterminer les moyens d'intervention nécessaires. En 1998, 6 nouveaux plans ont été examinés, ce qui porte à 37 le nombre de plans élaborés et agréés par le Conseil national de la protection de la nature.

Le financement par l'Etat des nouvelles réserves, insuffisant en 1996 comme en 1997, a été rendu plus aisé en 1998 grâce à une augmentation des crédits qui leur ont été consacrés. Cette tendance se poursuit en 1999 avec une hausse significative de 59  % de leurs moyens de fonctionnement (58,66 millions de francs). Les autorisations de programme, qui avaient diminué de 4,4 % en 1998, s'élèvent à 20,6 millions de francs, en augmentation de 35 % par rapport à 1998. Une mesure nouvelle de 7,5 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement doit permettre d'assurer la gestion des réserves récemment créées.

L'objectif est de porter à 250 le nombre des réserves à l'horizon 2040.

Les parcs nationaux

La loi du 22 juillet 1960 a défini les objectifs de la politique des parcs nationaux qui ont pour mission de protéger le patrimoine naturel, de mettre à la disposition de tous, et plus particulièrement des citadins, les richesses qu'ils préservent, et enfin, de contribuer au développement économique, social et culturel des territoires où ils sont implantés.

On compte aujourd'hui sept parcs nationaux représentant 0,66 % du territoire national, et 2,2 % si l'on prend en compte leurs zones périphériques.

Alors que les deux derniers parcs ont été créés respectivement en 1979 (parc du Mercantour) et en 1989 (parc de la Guadeloupe), trois nouveaux parcs, dont la création est désormais en phase opérationnelle devraient venir s'ajouter aux sept parcs existants.

Le projet le plus avancé concerne le parc national de la forêt tropicale de Guyane qui revêt une urgence particulière, compte tenu des engagements pris par la France lors de la Conférence de Rio en 1992 sur la diversité biologique. La charge budgétaire nécessaire à la mise en place de ce parc, dans le courant du premier semestre de l'an 2000, est très lourde. Ses effectifs permanents passeront de 9 à 85 postes à l'échéance 2000. Ce nouveau parc multipliera à lui seul la superficie totale des parcs nationaux par sept. Son budget de fonctionnement annuel est évalué à 37 millions de francs (par rapport à 15 millions de francs pour un parc moyen de 50 000 hectares). Enfin, les dépenses d'investissement initial, qui devront être réparties sur cinq ans, sont estimées à près de 90 millions de francs.

Les deux autres projets concernent le milieu marin. Le projet de parc marin de Corse a pris beaucoup de retard. Des difficultés conjoncturelles, par exemple liées à la difficulté à trouver un gestionnaire pour la relance du grand site de Girolata, et des difficultés structurelles handicapent la création de ce parc qui devrait constituer un sanctuaire du milieu méditerranéen compte tenu de l'excellente qualité des eaux, de la faible densité humaine et de l'isolement de certaines des zones qui le composeront.

Le projet de parc marin de la mer d'Iroise est moins avancé. Les réunions du comité de pilotage tenues depuis deux ans ont permis l'élaboration d'un document d'intention qui sera présenté à l'automne 1998.

Les parcs nationaux rencontrent trois grandes difficultés.

- En premier lieu, les parcs n'ont pas toujours la possibilité de gérer tous les territoires qui les concernent . L'affectation de certains terrains domaniaux (notamment les terrains d'altitude sans vocation forestière) devrait être envisagée au profit des établissements publics gérant les parcs. De même, en accord avec le ministre chargé de la forêt, il serait intéressant que la spécificité des parcs nationaux soit prise en compte dans les documents relatifs à la forêt (tels que les orientations régionales forestières, les aménagements forestiers, les plans de gestion, etc.).

- En second lieu, le succès touristique des parcs, qui reçoivent environ 7,2 millions de visiteurs par an, pose paradoxalement un problème. Une telle pression humaine sur des territoires relativement restreints nécessite en effet un effort de gestion des flux touristiques, sans sacrifier la protection des milieux.

- Enfin, la principale difficulté des parcs, inhérente à la mission définie par les textes fondateurs, est de protéger la nature tout en favorisant le développement de la zone périphérique . Ainsi, à titre d'exemple, on peut évoquer les problèmes posés par la conservation des alpages pour les parcs de montagne. La préservation de ces milieux dépend de la présence de bergers et de leurs troupeaux. Or ceux-ci sont soumis à des normes européennes d'hygiène et de sécurité très strictes qui entraînent parfois des travaux de génie civil difficilement compatibles avec les exigences liées à la protection de la nature et de l'habitat.

L'article L 241-10 du code rural, dont la rédaction résulte de la loi du 22 juillet 1960, prévoit que dans ces zones périphériques " les diverses administrations publiques prennent, suivant un programme défini, en liaison avec l'organisme de gestion (...), toutes les mesures pour permettre un ensemble de réalisations et d'améliorations d'ordre social, économique et culturel tout en rendant plus efficace la protection de la nature dans le parc ".

Cette disposition, liée au contexte de la décentralisation, donne aux parcs nationaux une légitimité nouvelle pour intervenir sur leur zone périphérique, contribuer au développement local et maintenir les activités traditionnelles.

C'est dans cette perspective que le parc national des Écrins a expérimenté la mise en oeuvre d'une démarche contractuelle en signant en 1996 une charte d'environnement et de développement durable avec les communes du parc.

De plus, une mise à jour des décrets de création des parcs nationaux est entreprise pour leur permettre une meilleure gestion des zones périphériques.

Un effort budgétaire est consenti dans le projet de loi de finances pour 1999 pour renforcer les moyens de fonctionnement des parcs nationaux . Les crédits qui leur sont alloués s'élèvent en dépenses ordinaires à 129 millions de francs, en augmentation de 10,5%. Une mesure nouvelle de 14,3 millions de francs est prévue pour assurer la mise en place des nouveaux parcs et permettre la création de 23 emplois supplémentaires. Les crédits d'investissement sont reconduits en francs courants en autorisations de programme et diminués de 5,4% en crédits de paiement (44,46 millions de francs).

c) Le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres

La loi du 10 juillet 1975 a confié au Conservatoire du littoral la mission de " mener une politique foncière de sauvegarde de l'espace littoral, de respect de l'espace naturel et de l'équilibre écologique ", c'est-à-dire de protéger les espaces naturels maritimes et lacustres de tous risques de dégradation ou d'urbanisation.

Au cours de ces 23 dernières années, le conservatoire a acquis un peu plus de 53 000 hectares d'espaces naturels fragiles ou menacés. L'intervention de l'établissement public a porté sur 396 sites différents répartis sur la totalité des départements littoraux, 10 % du linéaire côtier métropolitain est désormais protégé par les interventions du conservatoire.

Afin de mener à bien la politique foncière qui lui incombe, le conservatoire a dépensé, depuis sa création 1,6 milliard en francs courants, soit 2,1 milliards en francs constants. Son intervention a donc été efficace, pour un coût relativement modique. La quasi-totalité des terrains ainsi acquis est, à de très rares exceptions près, d'accès gratuit.

Le champ de compétence du Conservatoire a été progressivement élargi par :

- la loi littoral du 3 janvier 1986 ;

- la loi paysage du 8 janvier 1993 qui a étendu la compétence du conservatoire à la Camargue gardoise, à une grande partie de la plaine de Crau et de la plaine des Maures.

- la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement. Elle a inclu dans la zone de compétence du conservatoire " les communes riveraines des estuaires et des deltas, lorsque tout ou partie de leurs rives sont situées en aval de la limite de salure des eaux ".

- et enfin, par un décret du 5 avril 1995, qui a étendu la compétence du conservatoire à cinq lacs supplémentaires (Grandlieu, Madine, Naussac, Granval et le réservoir de l'Aube), ainsi qu'à la collectivité territoriale de Mayotte.

Les trois volets principaux de l'action du conservatoire consistent à assurer la maîtrise foncière des sites naturels les plus précieux, à mettre en place après remise en état avec les collectivités locales concernées un dispositif de gestion de ces sites et à organiser l'accueil et l'information du public. Ces missions deviennent plus lourdes en raison de l'extension du champ de compétence du conservatoire. Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit donc la création de quatre emplois supplémentaires (comme en 1998), grâce à une mesure nouvelle de 5,9 millions de francs.

Par ailleurs, le conservatoire doit poursuivre sa stratégie globale de préservation à long terme d'un tiers du littoral français, communément appelé le " tiers-sauvage ". Pour y parvenir, l'établissement public devrait acquérir au cours des prochaines décennies 120 000 hectares supplémentaires, ce qui porterait l'ensemble de son patrimoine à environ 170 000 hectares. Or le conservatoire doit faire face, de plus en plus fréquemment, à l'acquisition de très gros domaines. Plusieurs propriétés de ce type sont en cours de négociation : le domaine du Dattier, le domaine de la Bastide Blanche, les Vieux Salins, l'Île de Malprat (sur le Bassin d'Arcachon). Le coût de ces acquisitions, prises isolément, peut atteindre plusieurs dizaines de millions de francs, ce qui pose des problèmes de financement. Dans ce contexte, l'augmentation des moyens du conservatoire apparaît particulièrement nécessaire.

Les crédits alloués au conservatoire bénéficient en 1999 d'une augmentation sensible .

Les moyens de fonctionnement du conservatoire s'élèvent à 147,35 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une progression de 2,7 % par rapport à 1998. Les autorisations de programme s'élèveront à 135 millions de francs, en augmentation de 8% par rapport à la loi de finances pour 1998. Cette augmentation est plus significative si l'on prend en compte les crédits effectivement disponibles : en effet, une mesure d'annulation de crédits prise en 1998 avait diminué de 6 millions de francs les crédits d'investissement du conservatoire.

2. La politique contractuelle et la création du fonds de gestion des milieux naturels (FGMN)

Ce fonds doit assurer le financement de la politique de préservation des milieux naturels et de la diversité biologique relevant principalement de mesures de gestion contractuelle .

La globalisation au sein du nouveau fonds de crédits jusque là distincts doit permettre d'assurer la cohérence de cette politique qui vise à sauvegarder les milieux naturels et conserver la diversité biologique, sur la base d'une gestion contractuelle favorisant le maintien ou le rétablissement d'activités humaines compatibles avec le respect des équilibres naturels.

Les crédits du FGMN s'élèvent à 164 millions de francs. Le tableau ci-dessous indique leur répartition:



Actions

Dépenses ordinaires


Dépenses en capital en MF

Total (DO+CP)


% du Total

 

(DO) (en MF)

CP

AP

(en MF)

 

Parcs régionaux

34,8

7,6

15,2

42,4

25,9

Capacité d'expertise

10

5,2

10,5

18,2

11,1

Gestion contractuelle de l'espace

3

 
 
 
 

Programme d'actions biodiversité

20,8

5,3

10,5

26,1

15,9

CBN

3,2

 
 

3,2

1,9

Natura 2000

55,3

13,3

29,8

68,6

41,9

Autres actions communautaires

 

5,5

13,6

5,5

3,3

TOTAUX

127,1

36,9

79,6

164

100

On relèvera que le plan Natura 2000 représente 41,9 % des crédits du Fonds, et les parcs régionaux, 25,9 %.

a) Le plan Natura 2000

Les textes

Les premières réglementations communautaires en matière de protection de la nature ont porté sur la protection de l'avifaune à travers la directive 79/409/CEE du 2 avril 1979 relative à la conservation des oiseaux sauvages, la nature transfrontalière des migrations des oiseaux justifiant une action communautaire. Ce texte à la fois peu précis et peu contraignant et qui laissait une grande marge d'appréciation aux Etats membres, ne constituait qu'une approche fragmentaire de la mise en place d'une politique européenne du conservatoire de la biodiversité. Il fut complété par la directive 92/431/CEE du conseil du 21 mai 1992 dite directive " Habitats ".

L'objectif de cette directive est de contribuer à assurer la préservation de la diversité biologique européenne, principalement au moyen de la constitution d'un réseau écologique de sites abritant les habitats naturels et les habitats d'espèces de faune et de flore sauvages d'intérêt communautaire. Ce réseau, intitulé " Natura 2000 " doit contribuer à la réalisation des objectifs de la convention mondiale sur la préservation de la diversité biologique adoptée au " Sommet de la terre " de Rio de Janeiro en 1992 et ratifiée par la France.

Les méthodes

Il s'agit de promouvoir une gestion adaptée des habitats naturels et de la faune et la flore sauvages tout en tenant compte des exigences économiques, sociales et culturelles ainsi que des particularités régionales et locales de chaque Etat membre. Le réseau Natura 2000 n'a pas pour objet de créer des " sanctuaires de nature " où toute activité humaine serait interdite (la chasse, par exemple, n'est pas proscrite de manière générale dans les zones " Natura 2000 "). En effet, le maintien de la diversité biologique dépend souvent, spécialement dans l'espace rural et forestier, de la présence d'activités humaines.

Le réseau Natura 2000 reposera prioritairement sur une politique contractuelle élaborée avec tous les partenaires locaux (élus, propriétaires, gestionnaires...). Leur adhésion constitue en effet le meilleur gage de réussite à long terme du réseau. L'accent a donc été mis sur les concertations locales préalablement à l'élaboration des propositions de sites susceptibles de figurer dans le réseau. Ces principes ont été repris et développés dans un mémorandum interprétatif de la directive établi par le gouvernement français et la Commission.

Le calendrier de mise en oeuvre de la directive

Chaque État membre réalise un inventaire des sites abritant les habitats naturels et les habitats de la faune et de la flore sauvages listés dans les annexes des directives " habitats " et " oiseaux ", puis adresse ses propositions à la Commission.

La liste des sites d'importance communautaire au sein de chacune des six régions biogéographiques (continentale, alpine, méditerranéenne, atlantique, macaronésienne, boréale) est établie par la Commission en accord avec les Etats membres afin de constituer un réseau cohérent.

La désignation officielle des sites par les Etats membres doit s'étaler jusqu'en 2004.

La relance de Natura 2000

Une mauvaise interprétation de la directive ayant suscité des craintes de " sanctuarisation " de nombreux territoires a ralenti, en juillet 1996, la mise en place du réseau Natura 2000, et a donné lieu à une mise en demeure complémentaire de la France par la Commission européenne le 3 juillet 1997.

Le processus de relance de Natura 2000 a été initié par la circulaire du ministère de l'environnement du 11 août 1997. Un comité national de suivi et de concertation a été créé, qui regroupe notamment des élus, des représentants des propriétaires et des usagers de la nature. Des groupes de travail thématiques issus de ce comité sont chargés d'apporter des précisions sur certaines notions, par exemple les notions de " perturbation " ou de " détérioration ", ainsi que sur l'évaluation des coûts de gestion des futurs sites Natura 2000.

Chaque site qui sera désigné pour faire partie du réseau sera doté d'un document d'objectifs, document cadre fixant les orientations de gestion et les moyens financiers d'accompagnement. Pour aider à la rédaction de ces documents, le ministère de l'environnement fait procéder à l'élaboration de cahiers d'habitats sous l'égide du Muséum national d'histoire naturelle. Ces cahiers, qui ne seront pas normatifs, contribueront à l'information des acteurs locaux.

Les mesures d'accompagnement

Des mesures d'accompagnement financières et fiscales sont prévues ou en cours de négociation. Les propriétaires et gestionnaires qui ont en charge l'entretien et la gestion du patrimoine naturel national devraient ainsi bénéficier d'une rémunération appropriée aux prestations et aux services rendus à la collectivité. Des moyens seront en outre mobilisés en provenance des fonds européens, conformément aux cofinancements communautaires prévus par la directive " Habitats " (attribution de financements dans le cadre du programme LIFE, ligne d'instrument financier pour l'environnement).

Les propriétaires ou gestionnaires ne relevant pas déjà de mesures d'aide européennes ou nationales bénéficieront, notamment pour la réalisation de travaux de réhabilitation des milieux naturels particulièrement menacés, d'aides du FGMN. Une mesure nouvelle de 66 millions de francs est prévue à cet effet.

Votre rapporteur souligne que le montant de ces crédits n'est guère significatif dans la mesure ou, pour l'instant, le financement de la phase d'élaboration des cahiers d'objectifs est essentiellement assuré par des crédits européens. Lors de son audition devant votre commission la ministre a, en effet, déclaré que, dans les années à venir, les crédits destinés à la mise en oeuvre du réseau Natura 2000 devraient augmenter. Cependant, elle n'a pas précisé l'ampleur de cette montée en charge, ce qui laisse subsister les interrogations des propriétaires et des gestionnaires des sites destinés à être intégrés au réseau.

Le Gouvernement entend mettre en place un cadre législatif pour ce dispositif contractuel. Un avant projet de loi a été remis pour avis le 2 juin 1998 au Comité national de suivi et de concertation Natura 2000. Un projet de loi devrait être soumis au Parlement dans le courant de l'année 1999. Il est à cet égard regrettable que le gouvernement n'ait pas choisi de s'appuyer, éventuellement en l'amendant, sur la proposition de loi adoptée par le Sénat, ce qui aurait permis d'assurer une mise en place plus rapide de cette législation.

Les sites proposés

Une première liste de sites susceptibles d'être reconnus d'importance communautaire a été transmise à la Commission européenne en février 1998. Elle regroupe 543 sites, soit 1,6 % du territoire national (la liste belge représente 3 % du territoire, et la liste danoise 26 %).

En juin dernier, 151 nouvelles propositions de sites ont été transmises par les préfets, portant la surface couverte à 1,6 million d'hectares environ (soit 2,8 % du territoire).

b) Les parcs naturels régionaux

Créés en 1967 à l'initiative de la délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), les parcs naturels régionaux sont aujourd'hui au nombre de 36 et couvrent 10 % du territoire national (21 régions, 60 départements, plus de 3 020 communes sont concernées). Fondée sur la notion de contrat et de libre adhésion, la politique des parcs naturels régionaux constitue une formule originale et réussie de coopération et de partenariat.

Ces parcs ont, outre leur rôle de préservation de la nature, une influence notable sur la stabilisation et le développement de l'emploi dans des zones rurales souvent menacées de désertification.

Situation des parcs naturels régionaux

13 parcs ont entamé le processus de révision de leurs chartes entre septembre 1994 et décembre 1996. Les parcs de Normandie Maine, de Martinique, de la Forêt d'Orient, de la Montagne de Reims, du Queyras, du Morvan, du Lubéron, d'Armorique, du Vercors, de Camargue ont tous bénéficié d'un renouvellement de classement entre la fin de l'année 1997 et le début de l'année 1998. La procédure de renouvellement du classement des parcs de Corse et du Haut-Languedoc devrait s'achever avant la fin de l'année 1998.

Le parc du Marais Poitevin n'a pas sollicité de renouvellement de classement. Une mission a été diligentée pour proposer les modalités d'une action concertée permettant de restaurer au meilleur niveau ce parc, déclassé depuis le 1er janvier 1997.

Parmi les 7 parcs dont le renouvellement de classement devait intervenir avant la fin de l'année 1997, trois d'entre eux ont déjà bénéficié du renouvellement : le parc des marais du Cotentin et de Bessin, le parc des Ballons des Vosges et le parc du Livradois-Forez.

La procédure est en cours pour les parcs de la Haute Vallée de Chevreuse, du Haut-Jura et de la Brenne.

Enfin, le parc du Nord-Pas-de-Calais, initialement composé de trois secteurs, l'Audomarais, le Boulonnais et la plaine de la Scarpe et de l'Escaut, sera désormais scindé en deux parcs distincts : le parc des caps et marais d'Opale (regroupant les secteurs Audomarais et Boulonnais) dont le renouvellement pourrait être prononcé d'ici la fin de l'année 1999, et le parc de la plaine de la Scarpe et de l'Escaut dont le classement a été renouvelé en avril 1998.

Le financement des parcs régionaux

Globalement, le budget des parcs naturels régionaux s'élevait en 1998 à 387 millions de francs.

BUDGET DES PARCS NATURELS RÉGIONAUX EN 1998
 

Montant du budget

Ministère de l'environnement


Régions

Autres collectivités territoriales

Autres ministères


CEE


Divers

Res-sources propres

 
 

MF

%

MF

%

MF

%

MF

%

MF

%

 
 

Budget de fonctionnement

282

27,8

9,8

112,1

39,7

81,4

28,8

15,6

5,5

10

3,5

7,9

27,2

Budget d'équipement

105

14,6

13,8

39,9

38

20,7

19,7

11,5

10,9

8,2

7,8

6,3

3,8

TOTAL

387

42,4

10,9

152

39,3

102,1

26,4

27,1

7

18,2

4,7

14,2

31

Source : ministère de l'environnement

En 1998, les régions et l'Etat assumaient respectivement 38 % et 13,8 % du budget d'équipement et 39,7 % et 9,8 % du budget de fonctionnement des parcs naturels régionaux.

Il faut noter que les crédits du ministère de l'environnement réservés aux parcs naturels régionaux dans le cadre de la contractualisation Etat-régions sont répartis en fonction, notamment, de l'effort de chaque parc pour la protection et la gestion de son patrimoine et des conditions de révision de sa charte.

En 1996 et 1997, les crédits de fonctionnement et d'investissement disponibles n'ont pas permis d'honorer les montants des contrats de plan. Le déficit de contribution de l'Etat pour le financement des parcs s'aggrave dans les faits depuis 1995, année où les crédits de fonctionnement étaient insuffisants.

Le projet de budget pour 1999 prévoit une légère augmentation des autorisations de programme qui passeront de 14,5 à 15,3 millions de francs, et une nette hausse, de l'ordre de 18 %, des dépenses de fonctionnement qui atteignent 34,8 millions de francs. A l'exception de 6,3 millions de crédits de paiement, soit 45,3 % des dotations, inscrits au budget du ministère de l'environnement au titre de la protection de la nature, des sites et des paysages, la part gouvernementale du financement des parcs naturels régionaux sera gérée en 1999 par le FGMN.

Les efforts budgétaires consentis en dépenses de fonctionnement devraient permettre :

- la remise à niveau de la dotation de fonctionnement des parcs naturels régionaux existants ;

- la création de cinq parcs naturels régionaux qui pourraient être classés dès 1999 : le Narbonnais, les Causses du Quercy, la Chataigneraie, le Gâtinais français et le parc de Guyane.

c) Les conservatoires régionaux d'espaces naturels (CREN)

Leur objectif est d'assurer la préservation des milieux naturels les plus menacés en intervenant principalement par la maîtrise foncière ou la maîtrise d'usage.

Les ressources des CREN proviennent essentiellement des collectivités territoriales (conseils régionaux, conseils généraux, communes), du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, de l'Union européenne, et pour une moindre part des cotisations de leurs membres.

Le ministère apporte un soutien financier significatif aux actions des conservatoires, qu'il s'agisse :

- d'actions portant sur la conservation de la biodiversité, des zones humides et des pelouses sèches,

- ou d'acquisitions d'espaces menacés ou remarquables.

Les crédits de fonctionnement attribués aux CREN ont été multipliés par 7 entre 1992 et 1996 pour atteindre 3,65 millions de francs. En 1997, ils ont été réduits de moitié (soit 1,85 million de francs). En 1998, le budget de fonctionnement des CREN a progressé, atteignant 3,4 millions de francs.

En 1999, une mesure nouvelle d'un million de francs est proposée pour soutenir leur action.

d) La protection de la faune et de la flore

La France a signé en juin 1992 la convention-cadre de Rio sur la diversité biologique et l'a ratifiée le 1er juillet 1994. Elle s'est donc engagée, comme les autres Etats parties, à mettre en place une politique de conservation de la diversité biologique, passant par la définition de stratégies nationales.

En 1996, une publication du ministère affiche, à ce titre, une stratégie nationale de protection de plus de 100 espèces sauvages. Ce document souligne la richesse de la faune et de la flore en France ainsi que les menaces qui pèsent sur ce patrimoine.

En 1999, il est prévu de développer de façon significative les actions engagées pour la préservation de la diversité biologique dans le cadre notamment du Fonds de gestion des milieux naturels .

Des mesures nouvelles, à hauteur de 8 millions de francs, en dépenses ordinaires et crédits de paiement sont inscrites au projet de budget pour 1999. Parmi les actions envisagées figurent notamment :

- l'accompagnement du retour du loup dans les Alpes françaises et le renforcement de la population d'ours des Pyrénées (dépenses ordinaires -titre IV- : 2 millions de francs, autorisations de programme -titre VI- : 1,350 million de francs, crédits de paiement : 675 000 francs) ;

- le développement du réseau des conservatoires botaniques nationaux avec la mise en place de leur fédération nationale (dépenses ordinaires -titres III et IV- : 1,340 million de francs) ;

- la mise en place en Méditerranée d'un observatoire sur l'évolution de la " Caulerpa taxifolia " (autorisations de programme -titre V- : 640 000 francs, crédits de paiement : 320 000 francs).

B. UN POINT SENSIBLE DE LA POLITIQUE DE LA PROTECTION DE L'EAU ET DE LA NATURE : LE PLAN LOIRE-GRANDEUR NATURE

La mise en oeuvre du plan Loire s'inscrit dans le cadre d'une coopération entre l'Etat et ses établissements publics, les collectivités locales et les autres acteurs concernés (notamment les associations de protection de la nature).

La charte d'exécution du plan a été signée le 6 juillet 1994 entre l'Etat, l'Agence de l'eau Loire-Bretagne et l'établissement public d'aménagement de la Loire et de ses affluents (EPALA). Par ailleurs, un avenant au contrat de plan entre l'Etat et la région Centre a été signé le 2 août 1995, permettant d'augmenter sensiblement les volumes financiers des travaux prévus antérieurement à 1994 sur les levées de la Loire (de 166 à 200 millions de francs) et sur le lit du fleuve (de 20 à 50 millions de francs). De plus, des accords de principe ont été passés avec la région Pays-de-Loire pour le financement des travaux sur les levées et le lit de la Loire dans cette région.

1. Les grandes lignes du plan et les réalisations

a) La sécurité des hommes : le résultat des efforts conjugués de l'Etat et des collectivités locales

La sécurité des riverains de la Loire en Haute-Loire

Le projet de barrage de Serre de la Fare a été abandonné et un programme alternatif d'actions préventives a été retenu pour atteindre les objectifs fixés en termes de sécurité, particulièrement en ce qui concerne la protection de la ville de Brives Charensac. L'objectif fixé d'achèvement des travaux de mise en sécurité de cette ville a été tenu comme prévu en septembre 1996. L'Etat a engagé 320 millions de francs sur cette opération dont les travaux de finition s'achèveront au printemps 1999.

La maîtrise d'ouvrage des travaux complémentaires d'amélioration de la sécurité des riverains contre les crues en dehors de Brives Charensac pourrait être confiée aux collectivités locales concernées, pour lesquelles elle représenterait une charge très importante, voire insupportable.

La sécurité des riverains de la Loire moyenne et de la Basse-Loire entre le bec d'Allier et l'estuaire

Le coût global de la restauration du lit de la Loire a été estimé à 200 millions de francs sur 10 ans, dont 160 millions de francs pris en charge par l'Etat, le reste étant à la charge des collectivités locales. De 1994 à 1998, l'Etat a engagé 90 millions de francs en dépenses ordinaires et autorisations de programme, et 16 millions de francs sont prévus dans le projet de loi de finances pour 1999.

Le renforcement des digues fait l'objet d'un programme de travaux d'un montant cumulé de 300 millions de francs sur les cinq premières années du plan Loire, financé à raison d'un tiers par l'Etat et de deux tiers par les collectivités locales. De 1994 à 1998, les crédits engagés pour ces opérations s'élèvent à 112 millions de francs en autorisations de programme, et 20 millions de francs (en autorisations de programme) doivent être engagés en 1999.

La réduction des risques liés aux fortes crues a fait l'objet d'une étude d'évaluation des travaux nécessaires à la réalisation de cet objectif. Cette étude doit permettre de prendre, en concertation avec les collectivités locales, une décision avant la fin de l'année sur la mise en oeuvre du projet de barrage du Veurdre, sur l'Allier (coût estimé à 1 milliard de francs).

Enfin, le contrôle de l'urbanisation des zones inondables a été complètement réalisé du Bec de l'Allier à Nantes, avec la publication des atlas des vals inondables de la Loire, et partiellement en amont. La traduction des données des atlas en prescriptions réglementaires est en cours sur la Loire et l'Allier en amont du Bec d'Allier. Elle est en passe d'être achevée en aval.

L'amélioration de l'alerte et de l'annonce de crues

La rénovation du réseau de surveillance des crues de la Loire, d'un coût total de 40 millions de francs, est engagée en partenariat financier avec l'Agence de l'eau et l'EPALA. Depuis 1994, l'Etat a investi 30 millions de francs, en autorisations de programme, sur cette action.

b) La sécurisation de l'alimentation en eau : des projets controversés

L'Allier

En 1997, les travaux dits de " Naussac II " se sont achevés, permettant d'améliorer le remplissage du barrage de Naussac soutenant les étiages de l'Allier.

Le Cher

Le faible débit du Cher ne permet pas de faire face, particulièrement en été, à la croissance de la consommation de l'eau. Le plan Loire avait donc retenu le principe de la construction à Chambonchard d'une retenue de 50 millions de m3, portée à 80 millions de m3 par l'EPALA maître d'ouvrage du projet, pour faciliter l'utilisation touristique de la retenue.

En 1998, le gouvernement s'interroge toujours sur la nécessité de cet investissement, à la réalisation duquel les élus locaux de la vallée du Cher sont favorables. Les hésitations gouvernementales paraissent cependant arriver à leur terme, et une décision devrait être prise lors du CIAT de décembre prochain.

La Loire moyenne et aval

L'enjeu sur cette portion de Loire est de relever la ligne d'eau d'étiage afin de lutter contre la remontée des eaux salées et garantir la pérennité des prises d'alimentation en eau potable des agglomérations riveraines (notamment Nantes). Une première mesure a consisté à interdire l'extraction de matériaux dans le lit de la Loire à des fins commerciales.

Il a cependant été décidé de ne pas engager de travaux lourds dans l'attente du résultat des études engagées (sur la base de ces études, un programme devrait être défini pour les années 2000 à 2006).

c) La préservation des milieux naturels : des résultats incertains

Le programme " milieux naturels "

L'Etat, les collectivités locales, l'Agence de l'eau, le Conseil supérieur de la pêche et les associations de protection de l'environnement travaillent à un ensemble d'actions de restauration et de préservation des milieux naturels exceptionnels du bassin de Loire, pour un montant total de 115 millions de francs. Depuis 1994, 22,7 millions de francs ont été engagés pour ces opérations.

La restauration des populations de poissons migrateurs

Les effets conjugués de la dégradation de la qualité des eaux de Loire et du dragage ont entraîné la quasi disparition des poissons migrateurs et notamment des saumons de Loire.

Le ministère de l'environnement, en partenariat avec les collectivités locales, l'Agence de l'eau, EDF et le Conseil supérieur de la pêche a soutenu le projet d'implantation d'une salmoniculture sur le Haut-Allier. Alors que les études ont été financées en 1995, la mise en place de l'opération a pris un retard notable du fait de difficultés techniques et de la prolongation des discussions entre partenaires pour clarifier les responsabilités de chacun.

Plusieurs actions ont cependant été entreprises pour réduire les obstacles sur le passage des poissons migrateurs (dispositif de franchissement du pont-barrage de Vichy, destruction du barrage de St-Etienne-du-Vigors, suppression du barrage de Maison-Rouge permettant la reconquête de la Vienne, la Creuse et la Gartempe par les poissons migrateurs).

L'estuaire de la Loire

L'extension du port autonome de Nantes-St-Nazaire sur la zone Donges-Est présente un grand intérêt économique mais menace une zone d'un réel intérêt ornithologique, protégée par la directive européenne n°79-409 dite " directive oiseaux ". Le gouvernement a subordonné cette extension à la définition parallèle un programme de protection des zones humides de l'estuaire (" l'écharpe verte "). La gestion des zones à protéger devrait être transférée au Conservatoire du littoral, les terrains nécessaires à l'extension du port autonome feraient pour leur part l'objet d'une demande de dérogation à l'application de la directive européenne. Cependant, la zone à protéger n'est toujours pas délimitée, et les travaux d'expansion du port autonome sont donc toujours suspendus.

2. La synthèse financière

La réalisation du plan Loire était évaluée à 1 800 millions de francs en 1994, la contribution de l'Etat s'élevant à 700 millions de francs . Compte tenu de l'urgence des travaux de mise en sécurité, une part importante a été réalisée sur les quatre premières années du plan (en particulier les aménagements effectués à Brives Charensac).

Ainsi de 1994 à 1998, près de 600 millions de francs (dépenses ordinaires et autorisations de programme) ont été engagés par l'Etat (dont 74 millions de francs en 1998).

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit 45 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement pour la poursuite du plan Loire.

Les crédits sont répartis de la façon suivante :

Actions

1994-1998 (en MF)

Prévisions 1999
(en MF)

Total Fin 1999
(en MF)

Travaux d'aménagement de la Loire à Brives Charensac

321,6

0

321,6

Restauration et entretien du lit de la Loire

90

16

106

Renforcement des levées

112

20

132

Études globales

17

3

20

Atlas des zones inondables

3,5

5

4

Annonce des crues

30,5

2,5

33

Milieux naturels

22,7

3

25,7

TOTAL

597,3

45

642,3

Source : Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement

III. L'ENFOUISSEMENT DES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES ET TÉLÉPHONIQUES

L'enfouissement des réseaux téléphoniques et électriques est un enjeu essentiel de la politique des paysages.

Lors de leur création dans la première moitié du XX° siècle, à une époque où les préoccupations environnementales étaient loin d'être aussi présentes qu'aujourd'hui, ces réseaux constituaient un tel progrès pour le confort domestique et les activités professionnelles qu'ils ne pouvaient être considérés comme portant atteinte aux paysages. L'essentiel des réseaux a été développé par la construction de lignes aériennes, les techniques recourant à l'enfouissement des lignes n'étant pas jusqu'à une date récente envisageables du fait de leurs coûts et de la forte dispersion de l'habitat en France.

Ces ouvrages sont aujourd'hui contestés. Des travaux d'effacement ont été engagés par les opérateurs qui comme les autorités concédantes y ont consacré des sommes importantes. Les opérations réalisées jusqu'à présent ne concernent qu'une faible proportion des réseaux existants et beaucoup reste encore à faire.

Une politique d'effacement systématique apparaissant hors de portée des opérateurs et des collectivités locales, votre rapporteur a souhaité identifier les obstacles auxquels se heurtaient les opérations d'enfouissement et dans quelle mesure elles pouvaient être poursuivies.

Ces questions se posent différemment selon que les réseaux remplissent une fonction de transport ou de distribution. Il convient en effet de distinguer les possibilités de mise en souterrain de ces différents types de réseaux.

On rappellera que les réseaux de transport acheminent l'électricité produite par les centrales et assurent la répartition de la production à l'intérieur d'une zone de consommation. Ces réseaux utilisent des lignes à très haute tension (THT) et à haute tension (HT). Les réseaux électriques de distribution quant à eux alimentent directement les consommateurs soit à basse tension (BT) pour les utilisations domestiques ou artisanales, soit à moyenne tension (MT) pour les usagers industriels dont les besoins exigent des puissances plus importantes.

La même distinction est établie pour le réseau téléphonique. Les réseaux téléphoniques de transport relient les centraux téléphoniques entre eux et les réseaux de distribution permettent de relier les abonnés aux centraux téléphoniques.

Lexique des lignes et tensions électriques

Les lignes de transport

Très haute tension, THT : entre 400 et 225 kilovolt (kV)

Haute tension, HT : entre 80 et 63 kV

Les lignes de distribution

Moyenne tension, MT : environ 20 kV

Basse tension, BT : environ 380 V.

Si l'effacement des réseaux de transport aériens est aujourd'hui limité par des contraintes techniques, la politique d'enfouissement des réseaux de distribution se heurte principalement à des difficultés financières qui en retardent la mise en oeuvre. Par ailleurs, le développement de la téléphonie mobile constitue aujourd'hui un nouvel enjeu environnemental qu'il convient d'appréhender alors que ces réseaux sont encore en cours d'installation.

A. DES ACTIONS PERFORMANTES DANS LE DOMAINE DU TRANSPORT

Il convient de préciser que les lignes de transport de France Télécom sont déjà enterrées, ou utilisent les voies hertziennes. Les lignes téléphoniques de transport ont d'abord été des lignes aériennes en fil nu de cuivre ou de bronze qui représentaient le grand inconvénient d'être soumises aux perturbations atmosphériques. Le voisinage de lignes de transport d'énergie provoquait de plus des courants induits nuisibles, et des précautions spéciales devaient être prises pour éviter les diaphonies (interférence des signaux) entre les lignes d'une même artère de transport. Les lignes aériennes ne sont donc plus guère employées que pour les lignes d'abonnés des agglomérations à faible densité ou pour quelques circuits ruraux.

Les problèmes d'effacement des réseaux de transport se posent donc essentiellement dans le cas des réseaux de transport électriques.

La mise en souterrain de ces réseaux se heurte à des difficultés techniques et financières significatives, en dépit de l'effort réalisé par EDF en la matière. De plus, il ne semble ni possible ni souhaitable d'empêcher toute extension des lignes électriques aériennes, afin de faire face aux besoins de consommation en électricité, dans des conditions de sécurité satisfaisantes.

1. Un programme d'effacement de grande envergure se heurte à des obstacles techniques et financiers

Les lignes à haute tension et très haute tension ne représentent que 7,7 % du réseau linéaire électrique ; elles s'étendent sur respectivement 47 000 et 58 000 kilomètres alors que les lignes à basse et moyenne tension constituent un réseau long de près de 1 260 000 kilomètres. Néanmoins, bien que moins nombreuses, ces lignes à haute et très haute tension sont plus visibles et plus contestées.

Leur enfouissement exige la mise en oeuvre de techniques coûteuses, parfois encore inadaptées, qui constituent un obstacle à la mise en oeuvre d'un programme d'effacement de grande envergure.

A partir des années 50, le développement de la technologie des câbles à très haute tension a permis la réalisation de courtes liaisons souterraines à 400 kV ; les liaisons internes aux centrales ou aux stations de pompage en constituaient alors la seule application en France comme à l'étranger. Vers la fin des années 1970, quelques rares liaisons ont été installées pour des alimentations urbaines. Au début des années 1990, le réseau souterrain mondial ne totalisait que quelques dizaines de kilomètres, concernant principalement des liaisons urbaines.

La technologie la plus couramment utilisée recourt aux câbles à huile fluide ; d'autres plus récentes utilisent des câbles à isolation synthétique ou à isolation gazeuse.

La complexité des techniques résulte des conditions nécessaires à l'acheminement d'un courant de très forte puissance. Elles ne sont pas encore totalement équivalentes pour les lignes aériennes et les lignes souterraines qui n'offrent pas encore des services comparables à ces dernières. Leur coût explique, en dépit des progrès réalisés, que pour l'instant seules de très courtes portions de lignes à haute ou très haute tension soient souterraines.

D'après les estimations fournies par EDF à votre rapporteur, le coût de construction d'une ligne à très haute tension souterraine est dix fois supérieur à celui d'une ligne aérienne. Le coût au kilomètre d'une ligne souterraine s'établit à 23 millions de francs. Ce coût peut être comparé à des investissements d'infrastructure très importants, comme un kilomètre d'autoroute (35 à 40 millions de francs) ou de ligne ferroviaire à grande vitesse (66 millions de francs). Il ne semble pas envisageable à court terme qu'une avancée technologique puisse permettre d'égaliser les coûts par rapport aux ouvrages aériens.

EDF conduit, en liaison avec les industriels concernés, des programmes de recherche et développement sur les capacités de transport des lignes souterraines à très haute tension afin d'en réduire le coût de construction, d'améliorer leur fiabilité, et également de limiter les emprises au sol de tels ouvrages.

En effet, l'enfouissement des lignes 400 kV nécessite de réserver des bandes de terrain, d'une largeur d'environ 10 mètres, protégées de toute construction ou plantation et exige également la construction de pylônes massifs aux deux extrémités du tronçon enterré. En outre, les conséquences de l'insertion de telles installations dans le sous-sol ne sont pas toutes maîtrisées, notamment les incidences sur le réseau hydraulique. Si l'enfouissement permet de résoudre une difficulté environnementale, celle liée à l'intégrité des paysage, elle en pose d'autres, souvent complexes à résoudre sur le plan technique.

On relèvera que les difficultés techniques sont moindres pour les lignes à haute tension, dont le coût d'enfouissement reste toutefois 3 à 8 fois supérieur à celui d'une construction aérienne (l'écart résultant de la nature des sols).

2. Un cadre législatif peu contraignant

Les obligations légales relatives à l'enfouissement des lignes à haute et très haute tension s'avèrent peu contraignantes. Les dispositions de la loi n°95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement, ne s'appliquent qu'aux lignes nouvelles et ne concernent que les espaces protégés que sont les zones centrales des parcs nationaux, les réserves naturelles et les sites classés au titre de la loi du 2 mai 1930.

L'article 91 de la loi du 2 février 1995 dispose en effet que : " sur le territoire d'un parc national, d'une réserve naturelle ou d'un site classé au titre de la loi du 2 mai 1930, il est fait l'obligation d'enfouissement des réseaux électriques ou téléphoniques, ou pour les lignes électriques d'une tension inférieure à 19 000 volts, d'utilisation de techniques de réseaux torsadés en façade d'habitation, lors de la création de lignes électriques nouvelles ou de réseaux téléphoniques nouveaux.

" La pose de nouvelles lignes électriques aériennes d'une tension inférieure à 63 000 volts est interdite à compter du 1er janvier 2000 dans les zones d'habitat dense définies par décret en Conseil d'Etat.

" Lorsque des nécessités techniques impératives ou des contraintes topographiques rendent l'enfouissement impossible, ou bien lorsque les impacts de cet enfouissement sont jugés supérieurs à ceux d'une pose de ligne aérienne, il peut être dérogé à titre exceptionnel à cette interdiction par arrêté conjoint du ministre chargé de l'énergie ou des télécommunications et du ministre chargé de l'environnement "


Cet article ne comporte aucune prescription pour les lignes existantes qui semblent désormais devoir faire partie du paysage .

Les incitations à l'enfouissement d'une ligne résulte donc à l'évidence moins des prescriptions législatives que des difficultés pouvant survenir lors de la concertation précédant l'implantation de réseaux de transport et dont les procédures ont été renforcées depuis 1993. En effet, le décret du 25 février 1993 modifiant le décret du 12 octobre 1977 a soumis à enquête publique la construction des ouvrages haute tension et des liaisons souterraines. Par ailleurs, le décret du 10 mai 1996 relatif au débat public vise les ouvrages très haute tension d'une longueur supérieure à 10 kilomètres. Les déclarations d'utilité publique concernant ces ouvrages sont, depuis 1997, signées par le ministère de l'environnement et par le ministère de l'industrie.

3. L'effort consenti par EDF

En dépit des coûts financiers que représentent les travaux d'enfouissement et l'absence de réglementation contraignante, EDF a, dans le cadre de ses obligations contractuelles, consenti un effort significatif en faveur de l'effacement de son réseau de transport.

Sur la période 1992-1996 qui correspond au premier protocole " pour l'insertion des réseaux électriques dans l'environnement " signé entre EDF et l'Etat, le rythme de construction en souterrain en haute tension a atteint 11 %, alors que le protocole fixait un objectif de 6 % et le taux de dépose ou de substitution en aérien sur cette période a atteint 63 %. En très haute tension, si la totalité des 375 kilomètres de lignes nouvelles a été réalisée en lignes aériennes, la longueur totale du réseau aérien a pu être réduit, le taux de dépose atteignant 36 %, soit un résultat supérieur aux engagements pris (30 %).

Afin de poursuivre cette politique, un nouvel accord a été signé le 22 mai 1997 et annexé au contrat d'entreprise 1997-2000. Pour 1997, le bilan de cet accord se caractérise par un taux de dépose global d'ouvrages à haute et très haute tension de 88 % et par un taux de réalisation en souterrain pour la haute tension de 21 %, les engagements pluriannuels de l'accord étant respectivement fixés à 60 % et 20 %.

On constate donc que si les constructions souterraines sont peu développées pour la haute tension, voire inexistantes pour la très haute tension, EDF s'est efforcé de réduire le rythme des constructions aériennes et de déposer dans la mesure du possible les lignes existantes devenues inutiles. En conséquence, à partir de 1996 la longueur totale des lignes aériennes à haute et très haute tension a commencé à diminuer.

On soulignera également qu' EDF , dans le cadre des protocoles signés en 1992 et 1997, a tenté de répondre à l'opposition croissante soulevée par les projets de nouvelles lignes aériennes à haute et très haute tension en conduisant une politique destinée à mieux organiser la concertation en amont des décisions, à assurer une meilleure indemnisation des riverains et, enfin, à veiller à une meilleure insertion du réseau aérien dans le paysage.

Cette volonté de transparence s'est traduite par la création des comités régionaux de concertation au sein desquels siègent les élus locaux, les représentants de l'Etat et des représentants de la société civile (membres des conseils économiques et sociaux régionaux, représentants d'associations de consommateurs, et, dans une moindre proportion, d'associations de défense de l'environnement).

Ces comités ont pour vocation de permettre un débat sur des projets d'infrastructures très en amont de leur réalisation, dans le cadre de schémas directeurs établis pour 10 à 15 ans.

Pour les nouveaux ouvrages à très haute tension, EDF a mis en oeuvre une politique de l'indemnisation du préjudice visuel des riverains de ces lignes. Les commissions départementales d'évaluation du préjudice visuel, qui pour l'instant ont été mises en place dans 27 départements, sont composées de manière paritaire de représentants de l'administration (un conseiller de tribunal administratif, qui la préside, et un représentant des services fiscaux) et de représentants des intérêts des riverains (un notaire et un expert immobilier désignés par leurs pairs), EDF n'étant pas représenté. Entre 1993 et 1996, dernière année connue, ces commissions ont accordé des indemnités à plus de 400 riverains pour un montant estimé à plus de 13 millions de francs.

Par ailleurs, pour les nouveaux ouvrages à très haute tension, le fonds d'aménagement des réseaux (FAR) abondé par EDF à hauteur de 5 % des investissements réalisés permet de cofinancer avec les collectivités locales des opérations destinées à améliorer l'insertion des réseaux existants dans l'environnement des sites prestigieux ou des communes traversées par les ouvrages.

Le bilan de cette politique est contrasté. Si les mécanismes d'indemnisation des riverains ont fonctionné de manière satisfaisante, votre rapporteur a constaté que, dans les faits, les comités régionaux de concertation ne se réunissaient pas de manière assez régulière. Par ailleurs, les crédits du FAR, en dépit du versement de la quote-part d'EDF qui s'est élevée à 105 millions de francs par an de 1993 à 1996, n'ont pu être mobilisés que pour une faible part, les collectivités locales ne pouvant participer aux opérations à hauteur des sommes dégagées par EDF.

4. Une nécessité à prendre en compte : le développement des lignes aériennes de transport

En dépit des efforts engagés par l'opérateur pour procéder à des travaux d'enfouissement, le développement du réseau exige pour assurer la sécurité de l'alimentation en électricité la construction de nouvelles lignes qui, en raison du coût des opérations d'effacement, et des difficultés techniques rencontrées, ne pourront être qu'aériennes.

Ces projets se heurtent à des difficultés croissantes. Le public et les associations concernées s'opposent de plus en plus vivement à l'utilité des projets de réseau et accentuent la pression sur l'opérateur pour la mise en souterrain.

Les procédures mises en oeuvre par EDF pour améliorer la concertation sur les projets de lignes nouvelles comme celle imposées par les textes, se traduisent par un allongement des délais de décision qui entraîne souvent le blocage ou l'abandon de certains projets. Ainsi, la construction de lignes à très haute tension destinées à assurer l'interconnexion de réseaux nationaux ou internationaux a été fortement ralentie. Sur la période 1992-1996, EDF a estimé à 15 % la part des projets de ligne à haute tension qui n'ont pu aboutir.

Or, cette situation s'avère préoccupante au regard des impératifs d'alimentation en électricité. En certains points du territoire, le réseau de transport s'avère inadapté aux besoins : c'est le cas notamment sur la Côte d'Azur où les difficultés d'alimentation risquent d'apparaître à court terme, mais également à moyen terme dans des villes comme Paris, Strasbourg ou encore Cahors. Selon les estimations fournies par EDF, la sécurité de l'alimentation en électricité exigerait par an la construction de 100 kilomètres de lignes aériennes à très haute tension.

Force est donc de constater que le ralentissement du rythme de construction des lignes aériennes nouvelles semble résulter plus de la remise en cause des projets existants que d'une politique systématique d'effacement au demeurant trop coûteuse pour l'opérateur qui devrait être dans un avenir désormais très proche soumis à la concurrence dans le cadre de la dérégulation de la distribution d'électricité.

B. DES EFFORTS ENCORE INSUFFISANTS DANS LE DOMAINE DE LA DISTRIBUTION

L'effacement des réseaux de distribution aériens, du fait de leur longueur et de leur zone d'implantation, représente un enjeu environnemental considérable, qui ne rencontre pas de difficultés techniques trop contraignantes. Si la mise en souterrain des nouvelles lignes de distribution, encadrée législativement et faisant l'objet d'obligations contractuelles est plutôt satisfaisante, l'enfouissement des réseaux existants se heurte à des difficultés financières qui retardent sa mise en oeuvre.

Les réseaux électriques aériens (lignes BT et HT) représentent 92,3% de la longueur totale des lignes en France. Le schéma suivant illustre leur situation.

Les lignes à moyenne tension s'étendent sur 599 000 kilomètres, 28% de ce réseau seulement est souterrain, et 24 % du réseau de lignes à basse tension, représentant 661 000 kilomètres, sont enterrés. Les lignes à basse tension sont, par définition, implantées à proximité des bâtiments desservis. Il en est de même du réseau téléphonique aérien de distribution.

Leur enfouissement présente donc un enjeu environnemental important, car plus nombreux, plus proches des habitations, les réseaux de distribution ont un impact immédiat sur les paysages.

L'enfouissement des réseaux de distribution électrique ou téléphonique rencontre peu d'obstacles techniques.

Selon l'opérateur EDF, " les techniques liées à la mise en souterrain des lignes basse et moyenne tension sont correctement maîtrisées ". Ces techniques permettent, dans 80 % des cas d'enfouissement, de réaliser des poses mécanisées, sauf quand le terrain présente des caractéristiques géologiques spécifiques. De même, France-Télécom dispose de moyens techniques permettant de réaliser l'effacement de ses réseaux de distribution. Les travaux d'enfouissement sont correctement maîtrisés en termes de génie civil classique. France Télécom dispose également d'une technique, permettant de se dispenser d'un réseau matériel, qui substitue une boucle locale radio aux lignes aériennes ou souterraines. Cette dernière technique, plus coûteuse, n'est cependant mise en oeuvre que dans les cas où elle est économiquement justifiée.

Le coût de réalisation des opérations d'effacement reste cependant élevé.

La construction d'une nouvelle ligne souterraine téléphonique de distribution coûte quatre fois plus cher que la construction d'une ligne aérienne.

La construction d'une ligne électrique nouvelle de distribution en technique souterraine coûte deux fois plus cher que l'installation d'une ligne aérienne. Il convient de souligner que les travaux d'enfouissement du réseau électrique de distribution existant représentent une charge financière 3,5 fois supérieure à celle nécessaire pour restaurer les installations aériennes existantes.

La mise en souterrain des réseaux de distribution, et plus particulièrement celle des réseaux existants, est donc handicapée par les coûts des travaux qu'elle nécessite.

1. L'enfouissement des lignes nouvelles de distribution

a) Le cadre législatif

• La construction de nouvelles lignes de distribution est très encadrée dans les zones et les secteurs bénéficiant de protection particulière en matière d'environnement.

Ainsi, les dispositions de la loi du 2 février 1995, relative au renforcement de la protection naturelle, qui ont déjà été évoquées, imposent l'effacement des réseaux de distribution électrique et téléphonique sur le territoire des parcs nationaux, des réserves naturelles et des sites classés au titre de la loi du 2 mai 1930.

De même, tout projet d'implantation de nouvelles lignes aériennes de distribution doit être soumis aux architectes des Bâtiments de France lorsqu'il concerne :

- les monuments classés ;

- les monuments inscrits ;

- les abords des monuments classés ou inscrits (loi du 31 décembre 1913) ;

- les sites classés ;

- les sites inscrits (loi du 2 mai 1930) ;

- les secteurs sauvegardés (loi du 4 août 1962 complétée) ;

- les zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (loi du 7 janvier 1983 modifiée).

Cette procédure peut entraîner une obligation d'enfouissement pour les opérateurs.

• Des contraintes législatives supplémentaires sont imposées à France Télécom. L'opérateur est soumis à la loi n°96-659 du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications, dont les prescriptions visent à prendre en compte la protection de l'environnement lors de la construction des réseaux téléphoniques nouveaux.

Ainsi, l'autorisation d'établir et d'exploiter un réseau de télécommunications ouvert au public est soumise à des règles contenues dans un cahier des charges, au rang desquelles figurent " les prescriptions exigées par la protection de l'environnement " (article L. 33-1 du Code des postes et télécommunications). Le cahier des charges de France Télécom contient effectivement un chapitre (V) relatif à la protection de l'environnement et au partage des infrastructures, indiquant que " L'opérateur s'efforce de partager les sites radioélectriques avec les autres utilisateurs de ces sites ".

Par ailleurs, la loi du 26 juillet 1996 précise que " L'installation des infrastructures et des équipements doit être réalisée dans le respect de l'environnement et de la qualité esthétique des lieux et dans les conditions les moins dommageables (...) pour le domaine public ".

En ce qui concerne les permissions de voirie préalables à l'installation des ouvrages, la loi prévoit que l'autorité compétente pour délivrer les permissions de voirie " doit prendre toutes dispositions utiles pour permettre l'accomplissement de l'obligation d'assurer le service universel des télécommunications. Elle ne peut faire obstacle au droit de passage des opérateurs autorisés qu'en vue d'assurer, dans les limites de ses compétences, le respect des exigences essentielles " (article L 47-2 du Code des postes et télécommunication) lesquelles comprennent la protection de l'environnement (article L. 32 du Code des postes et télécommunications).

b) Les engagements contractuels des opérateurs

• Un protocole d'accord a été signé le 19 janvier 1993, pour trois ans, entre France Télécom, le ministre des Postes et télécommunications, et le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement afin d'améliorer l'insertion des réseaux de télécommunications dans le paysage.

Les engagements contractuels de l'opérateur comprenaient notamment :

- l'enfouissement systématique de toute extension ou de tout renouvellement des réseaux de distribution ;

- l'accélération de la dissimulation des lignes de distribution (2 500 opérateurs prévus par an) ;

- l'amélioration de la qualité des travaux réalisés par les entreprises sous-traitantes ;

- et le développement de la concertation avec les collectivités territoriales.

Le bilan du protocole, établi en 1995, souligne les efforts de l'opérateur qui a tenu et dépassé ses engagements contractuels. Ainsi, 8 000 opérations d'enfouissement ont été engagées entre 1993 et 1995. L'effort global en matière d'enfouissement a atteint 8 % du budget d'investissement et de maintenance des lignes téléphoniques en 1995 ( il était de 5,7 % en 1993). La charte de partenariat entre France Télécom et les syndicats d'entreprises sous-traitantes comprend désormais des prescriptions permettant l'amélioration de la qualité des travaux d'enfouissement (protocole de déroulement des travaux, contrôle renforcé de l'opérateur). Enfin, 62 conventions de partenariat ont été signées avec des collectivités territoriales.

En 1997, en l'absence de nouvelles obligations contractuelles, l'opérateur a poursuivi son action dans la perspective définie par le protocole. Le nombre de conventions de partenariat des collectivités territoriales a augmenté, passant à 80. L'effort global d'enfouissement a atteint 11 % du budget consacré par France Télécom au développement et à la maintenance des lignes téléphoniques.

Au-delà de cet effort d'effacement du réseau de distribution, France Télécom s'est efforcé de sensibiliser son personnel aux enjeux environnementaux. De plus, l'opérateur a signé en 1996 la Charte Environnement des opérateurs européens de télécommunications (ETNO) qui comprend six domaines d'actions :

- sensibilisation et formation du personnel sur les impacts environnementaux des activités, produits et services de télécommunications ;

- respect de la réglementation européenne en matière d'environnement ;

- recherche et développement de nouveaux services de télécommunications compatibles avec la notion de développement durable ;

- information du personnel en matière d'environnement ;

- intégration de considérations environnementales dans les procédures d'achat, de gestion des déchets et des ressources naturelles ;

- mise en oeuvre d'un système de management environnemental.

•  Le protocole du 25 août 1992 signé entre l'Etat et EDF, relatif à l'insertion des ouvrages électriques de distribution dans l'environnement prévoyait pour la période 1992-1996 :

- la réalisation de 5 000 kilomètres de lignes à basse tension par an en technique " discrète " (réseaux torsadés en façade ou mise en souterrain) ;

- et la stabilisation de la longueur du réseau aérien de lignes à moyenne tension.

Ces engagements ont été respectés, 10 500 kilomètres de lignes à basse tension ont été réalisés en technique " discrète ". La stabilisation de la longueur du réseau à moyenne tension a été obtenue dès 1993, de 1992 à 1996, la longueur de ce réseau a été réduite de 17 000 kilomètres.

Dans la continuité du protocole de 1992, de nouvelles obligations ont été définies par l'accord " Réseaux électriques et environnement ", annexé au contrat d'entreprise signé entre l'Etat et EDF le 22 mai 1997. Ainsi 66 % des lignes à basse tension et 90 % des lignes à moyenne tension doivent être réalisés en technique " discrète ". L'opérateur doit de plus contribuer à la résorption des 4 500 " points noirs paysagers " (situations d'enchevêtrement de réseaux de distribution nuisant à la beauté des paysages) entre 1997 et 2000.

En ce qui concerne les lignes à moyenne tension, en 1997, 8 400 km de canalisations souterraines ont été construits et 700 km de lignes aériennes. Le taux de pose en technique souterraine atteint donc 92,3 %. L'opérateur a également honoré ses engagements relatifs aux lignes à basse tension, 3 900 km de canalisations souterraines et 2 100 km de lignes torsadées ont été réalisés soit un taux de 66,7 % de travaux réalisés en technique " discrète ". Enfin, des démarches ont été entreprises avec les préfectures et les comités départementaux de concertation pour définir, hiérarchiser et établir les programmes d'actions permettant l'effacement des points noirs paysagers.

• Si le respect des engagements contractuels doit être salué, votre rapporteur note cependant qu'un effort de concertation entre les deux opérateurs contribuerait à réduire les nuisances dues aux travaux d'effacement et à rationaliser les actions entreprises.

Aucun des deux opérateurs n'a envisagé de mettre en place une politique coordonnée en matière de mise en souterrain des réseaux, ce qui constitue pour votre rapporteur une des raisons du faible nombre d'opération d'effacement réalisées, et leur coût important.

Un protocole a été signé le 9 février 1996 entre France Télécom et EDF afin de limiter l'impact des chantiers sur l'environnement et de réduire les contraintes imposées aux riverains et aux utilisateurs de la voirie grâce à une meilleure coordination des interventions des entreprises et à l'amélioration de l'organisation et de la qualité des travaux. Les observations des syndicats d'électrification départementaux et des collectivités territoriales laissent à penser que de réels progrès peuvent encore être réalisés dans ce domaine. Ainsi, à titre d'exemple le programme national de dissimulation des lignes de télécommunications en sites protégés, arrêté en 1998, par France Télécom comporte 275 opérations d'effacement en sites protégés, dont la réalisation doit s'étendre jusqu'à la fin de l'an 2000. Seules 144 opérations prévoient une collaboration avec EDF.

2. Les problèmes posés par l'effacement des réseaux de distribution électrique et téléphonique existants

Les moyens techniques sont réunis pour permettre l'enfouissement des lignes basse et moyenne tension. Les opérateurs, on l'a vu, respectent leurs engagements contractuels, mais le taux de mise en souterrain des lignes électriques basse et moyenne tension et des lignes téléphoniques ne progresse que très lentement, notamment en ce qui concerne les travaux d'enfouissement des réseaux déjà existants. L'inertie des opérateurs et les obstacles liés au financement de ces travaux, qui représentent des dépenses élevées pour les communes, expliquent que les progrès soient très lents en la matière, alors que le contexte d'ouverture à la concurrence amenuise la marge de manoeuvre financière des opérateurs.

• Les opérateurs font preuve d'une certaine inertie : les travaux d'effacement des réseaux existants sont réalisés à l'occasion de travaux d'extension et de travaux de maintenance des lignes électriques et téléphoniques. Au rythme actuel de réalisation des opérations d'enfouissement, EDF n'arrivera au seuil incompressible de 20 % de lignes basse et moyenne tension, dû à la nature de certains sols, qu'en 2050, selon une estimation de la fédération nationale des communes concédantes et régie (FNCCR).

• Les communes ne peuvent envisager de se substituer aux opérateurs pour mener une politique globale d'effacement des réseaux de distribution existants, les coûts étant trop importants au regard de leur budget.

Les dépenses des collectivités territoriales, et plus particulièrement des communes, consacrées à l'effacement des réseaux de distribution existant sont déjà très élevées.

En ce qui concerne l'effacement des réseaux électriques existant, les travaux réalisés en 1997, correspondant à 2 500 kilomètres de lignes mises en souterrain se sont élevés à 2 milliards de francs. On relèvera que 83 % de ces travaux sont situés en zone rurale et qu'ils représentent des charges très lourdes pour les budgets, par définition modestes, des communes rurales. Ainsi, à titre d'exemple, la moitié des communes du département du Calvados a dû renoncer aux travaux d'effacement qu'elles projetaient. La fédération nationale des collectivités concédantes et des régies ( FNCCR) estime que ces abandons concernent au niveau national entre un tiers et la moitié des communes.

Par ailleurs, les collectivités territoriales participent au financement des travaux d'effacement des lignes téléphoniques à hauteur de 47 %. En 1997, 3 493 opérations d'effacement ont été réalisées pour un coût total de 424,7 millions de francs, 201,7 millions de francs restant à la charge des collectivités territoriales.

• Le financement des travaux d'effacement des réseaux existants peut bénéficier d'aides dans le cadre du Fonds d'amortissement des charges d'électrification et des Fonds spéciaux pour l'aménagement esthétique des réseaux.

Une aide financière particulière est apportée aux communes rurales afin de leur permettre de développer leur réseau d'électrification. Tel est l'objet du FACE (Fonds d'amortissement des charges d'électrification) créé par l'article 108 de la loi de finances du 31 décembre 1936 modifié en dernier lieu par l'article 110 de la loi du 7 janvier 1983. Ce Fonds est alimenté par un prélèvement sur les recettes des distributions d'énergie électrique en basse tension. Depuis l'arrêté du 11 décembre 1992, un taux de prélèvement est fixé annuellement d'une part par les communes rurales et d'autre part par les communes urbaines. Le Fonds permet donc une péréquation des ressources des communes rurales et urbaines.

Sont aidés dans le cadre du FACE les travaux d'extension, de renforcement et, depuis 1992, de dissimulation de réseaux de distribution (à basse tension) entrepris sur le territoire des communes rurales. La tranche C du FACE, créée en 1992, permet de financer à hauteur de 15 % en moyenne les opérations de dissimulation et d'amélioration esthétique des réseaux. Le financement de ces travaux est donc assuré à 15 % par le FACE, 6 % par EDF, 25 % par le syndicat d'électrification, 6 % par le département, 8 % par France Télécom et 40 % par les communes (ces chiffres proviennent d'une évaluation nationale, et peuvent varier à la marge d'un département à l'autre). Les coûts restant à la charge des communes sont donc encore considérables.

Les communes peuvent également bénéficier d'aides dans le cadre des trois Fonds spéciaux pour l'aménagement esthétique des réseaux. Le Fonds n°1 " dotation des ensembles urbains et monumentaux " créé en 1957 peut intervenir pour financer les aménagements esthétiques de réseaux dans les ensembles urbains et aux abords des monuments protégés des communes desservies par EDF, et figurant sur une liste exhaustive, remise à jour périodiquement par les Architectes des Bâtiments de France et les Directions régionales de l'environnement. Le Fonds est financé par EDF, et couvre 50 % du coût hors taxe des travaux (soit 41,5 millions de francs en 1998). La collectivité concédante prend donc en charge 50 % du coût des travaux. Le complément de financement ne peut provenir du FACE même pour les communes rurales, car une circulaire du ministère de l'industrie du 14 janvier 1993 interdit le cumul des financements de travaux à but esthétique.

Deux autres Fonds ont été créés en 1983. Le Fonds n°2 " Fonds d'intervention dans les sites, réserves et parcs naturels " peut contribuer à financer des ouvrages existants concédés implantés dans les zones protégées. Alimenté par EDF et par le ministère de l'environnement, ce Fonds finance la différence entre le coût des travaux et les participations éventuelles des collectivités territoriales. Le Fonds n°3 " Fonds pour l'aménagement et la mise en valeur des sites urbains " concerne les aménagements esthétiques de réseaux dans les ensembles urbains protégés des communes en régime urbain d'électrification, qui ne figurent pas sur la liste relevant du Fonds n°1. Alimenté à parts égales par EDF et par le ministère de l'environnement, ce Fonds couvre au maximum 50 % du coût hors taxe des travaux, selon des modalités identiques à celles du Fonds n°1. La participation des communes au financement des travaux aidés par les Fonds n°2 et n°3 s'élève à 50 % du coût hors taxe, soit respectivement 3,1 millions de francs et 4,2 millions de francs, en 1995.

Les Fonds n°2 et n°3 ont été suspendus en 1996, le ministère de l'environnement n'ayant pas contribué à l'abondement de ces deux Fonds en 1994 et 1995. Les concertations actuelles entre le ministère et EDF devraient permettre d'aboutir rapidement à un règlement de la situation.

• La contribution financière d'EDF aux travaux d'effacement ou d'amélioration esthétique des réseaux existants est beaucoup plus importante que celle de France Télécom. Cette situation résulte des liens juridiques particuliers régissant les relations des communes avec EDF. On rappellera qu'un cadre législatif particulier s'applique dans le domaine de la distribution locale d'électricité qui est un service public communal. Les réseaux à basse et moyenne tension appartiennent aux communes ou à leur syndicat d'électricité, autorité concédante, EDF étant entreprise concessionnaire.

Dans cette perspective, les communes ont pu associer plus étroitement EDF au financement des travaux d'effacement des réseaux de distribution électrique. Ainsi, EDF a signé à partir de 1992 de nouveaux contrats de concession, sur une initiative de la FNCCR, approuvée par l'Etat. Dans ce cadre, de nouveaux cahiers des charges couvrant la quasi totalité du territoire national ont été mis en place, prévoyant la participation d'EDF au financement des travaux d'effacement des réseaux existant prévus par les communes: " ... en application des deux derniers alinéas de l'article 8 du cahier des charges, le concessionnaire participera à raison de 40 % (50 % en régime urbain) du coût hors TVA au financement de travaux réalisés sous la maîtrise d'ouvrage de l'autorité concédante aux fins d'amélioration esthétique des ouvrages de la concession... ".

• Il convient cependant de noter que la libéralisation du marché de l'électricité, prévue par la directive européenne du 19 décembre 1996 sur le marché intérieur de l'électricité, renforcera la contrainte financière pesant sur EDF. La Fédération nationale des collectivités concédantes et de régies s'inquiète ainsi d'un possible désengagement de l'opérateur qui annonce une diminution des moyens consacrés au travaux d'enfouissement.

Votre rapporteur remarque également que l'ouverture du marché des télécommunications à la concurrence a contribué à ralentir les démarches entreprises par France Télécom en faveur de l'environnement. Il est désormais difficile d'envisager l'augmentation des actions d'enfouissement représentant en 1997 11 % du budget d'investissement et de maintenance des lignes, soit 200 à 250 millions de francs improductifs par nature.

Dans un tel contexte il est difficile d'accélérer la mise en oeuvre d'une politique globale d'enfouissement des réseaux électriques et téléphoniques de distribution, la marge de manoeuvre financière des opérateurs et des collectivités territoriales n'étant pas à la hauteur des coûts considérables des travaux d'effacement des réseaux existants.

C. LE DÉVELOPPEMENT DES RÉSEAUX DE TÉLÉPHONIE MOBILE

Le développement des réseaux de téléphonie mobile pose un problème de moins grande ampleur en matière de politique des paysages, mais qui est néanmoins préoccupant. En effet la loi de réglementation des télécommunications ne s'applique pas aux licences d'exploitation déjà délivrées, et les efforts de concertation entre les opérateurs et les autorités locales n'ont pas encore démontré leur efficacité.

1. Des obligations juridiques insuffisantes

Afin de couvrir correctement le territoire desservi, chacun des trois opérateurs de téléphonie mobile doit implanter une antenne tous les quatre kilomètres.

Or, il convient de noter que les contraintes d'environnement prévues par la loi de réglementation des télécommunications du 26 juillet 1996 ne s'imposeront pas aux réseaux de téléphonie mobile avant le renouvellement des licences d'exploitation, ce qui laisse aux opérateurs un délai de 10 à 15 ans. Ainsi l'article 22 paragraphe IV du Code des postes et des télécommunications précise que " les autorisations d'établissement de réseaux et de fourniture de services de télécommunications délivrées pour une durée déterminée avant la date de publication de la présente loi conservent leurs effets jusqu'à leur terme prévu " . Dans ce contexte, chaque opérateur cherche à obtenir dès à présent les meilleurs emplacements sans souci de rationalisation des implantations des équipements nécessaires. Votre rapporteur craint donc, compte tenu de la rapidité du développement de la téléphonie mobile que la loi de réglementation des télécommunications ne puisse s'appliquer suffisamment tôt pour empêcher la prolifération des antennes et leur implantation désordonnée, portant atteinte aux paysages.

L'implantation des infrastructures de radiotéléphonie est soumise aux dispositions du code de l'urbanisme qui ne prennent cependant pas en compte la spécificité des installations de téléphonie mobile. S'appliquent notamment : l'article L. 110 relatif à la préservation des milieux naturels et des paysages, l'article L. 142 relatif aux espaces sensibles des départements, l'article R 111.14.2 relatif au permis de construire en ce qui concerne les prescriptions spéciales qui peuvent lui être subordonnées et l'article R 111.21 relatif au permis de construire qui peut être refusé ou soumis à des prescriptions spéciales lorsque les construction sont de nature à porter atteinte aux lieux avoisinants.

En outre, les réglementations relatives aux zones bénéficiant de protections particulières s'appliquent aux opérateurs de téléphonie mobile ; c'est le cas des monuments classés et des monuments inscrits, ainsi que leurs abords (loi du 31 décembre 1913), des sites classés et des sites inscrits (loi du 2 mai 1930), des secteurs sauvegardés (loi du 4 août 1962) et des zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (loi du 7 janvier 1983). L'autorisation ou l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France est requise pour les secteurs relevant de sa compétence avant toute nouvelle installation d'antenne de téléphonie mobile.

2. Les efforts de mise en place de procédures de concentration

Si les opérateurs s'efforcent de limiter la construction de nouveaux pylônes en utilisant les points hauts déjà existants, le résultat de leurs efforts n'est pas toujours très heureux et ne compense pas leur mauvaise volonté à partager les emplacements disponibles.

Un effort de rationalisation des implantations a été engagé. Ainsi, la circulaire interministérielle du 31 juillet 1998, élaborée par le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, le secrétariat d'Etat à l'industrie et le secrétariat au logement, a proposé la mise en place de structures de concertation regroupant les représentants des services déconcentrés de l'Etat, les collectivités territoriales, les services locaux de l'Agence nationale des fréquences et les opérateurs de télécommunications. Il est encore trop tôt pour mesurer les effets de cette circulaire, mais votre rapporteur ne peut qu'approuver la démarche de concertation ainsi mise en oeuvre.

De même, des chartes départementales signées par les préfets et les trois opérateurs de téléphonie mobile incitent au regroupement entre les opérateurs et à une meilleure insertion de leurs infrastructures dans le paysage. On peut citer à titre d'exemple la charte DIREN Ile de France du 15 septembre 1997 qui tend à préciser les modalités de consultations préalables à l'implantation des pylônes de radiotéléphonie. Les chartes départementales, de Haute Saône, de l'Orne et du Loiret, en cours de préparation, poursuivent le même objectif.

De plus, le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement prépare une charte nationale afin d'harmoniser les recommandations au niveau national.

Ces différentes démarches, qui tendent toutes à favoriser la concertation entre les parties intéressées et la prise en compte des impératifs de protection de l'environnement, sont incontestablement positives. Elles sont par ailleurs indispensables en l'absence de dispositions législatives ou réglementaires adaptées au cas particulier d'infrastructures de téléphonie mobile.

Il conviendra donc d'en suivre attentivement l'application, afin d'apprécier si elles suffisent à concilier la protection des paysages et le développement de la téléphonie mobile.

EXAMEN EN COMMISSION

Au cours d'une séance tenue le mercredi 18 novembre 1998, la commission a examiné le rapport pour avis de M. Ambroise Dupont sur les crédits de l'environnement pour 1999 .

Un débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.

M. Albert Vecten a déclaré partager les inquiétudes du rapporteur sur l'avenir du financement des agences de l'eau, en cas de substitution de la TGAP à tout ou partie des redevances qu'elles perçoivent actuellement.

Il a ensuite remarqué que l'installation d'antennes de radiotéléphonie sur certains points hauts existants se heurtait souvent à l'opposition des services de l'urbanisme. Il a opposé à cet égard la multiplication des contraintes pesant sur les collectivités territoriales et les particuliers et les libertés que s'octroient les services de l'Etat.

Il a enfin estimé que les orientations du budget de l'environnement pour 1999 étaient peu lisibles, du fait d'une mauvaise coordination entre les différentes actions proposées par le ministère.

M. Serge Lepeltier s'est interrogé sur les raisons qui motivaient la création de la TGAP et la " rebudgétisation " des ressources de l'ADEME et des agences de l'eau, et s'est demandé si elles ne tenaient pas pour une part à la volonté de l'Etat de récupérer une partie de ces ressources.

Il a estimé qu'il serait normal que les opérateurs EDF et France-Télécom participent davantage au financement de l'effacement des réseaux existants, qui assurent une part importante de leurs recettes, et il a souligné que les relations entre les collectivités territoriales et France-Télécom étaient souvent difficiles.

Il s'est ensuite interrogé sur l'orientation de la politique des déchets, constatant les divergences entre la circulaire du 28 avril 1998 et les orientations de certains plans départementaux d'élimination des déchets ménagers. Il a ensuite demandé quel dispositif était prévu pour les plans départementaux qui ne seraient pas agréés par les préfets. Enfin, il a souligné la nécessité d'associer le ministère de l'agriculture à la réflexion sur l'élimination des déchets ménagers, suggérant que les agriculteurs utilisent le compost produit par les installations de retraitement des déchets.

M. Serge Lagauche a indiqué que le développement des antennes paraboliques constituait également un enjeu important de la politique des paysages. Il s'est par ailleurs étonné de la conclusion du rapporteur pour avis, soulignant que la seule critique qu'il avait formulée portait sur l'incertitude que pourrait faire peser la création de la TGAP sur le financement futur de l'ADEME et les agences de l'eau.

M. Adrien Gouteyron, président , a observé à cet égard que le rapporteur pour avis s'était aussi interrogé, à très juste titre, sur l'évolution du ministère de l'environnement. Il s'est pour sa part dit opposé à la création d'un " ministère de plein exercice ", qui aurait d'importantes incidences budgétaires et pourrait contribuer à déresponsabiliser les administrations des autres ministères, qui doivent aussi prendre en compte la politique de l'environnement.

En réponse aux différents intervenants, M. Ambroise Dupont, rapporteur pour avis, a apporté les précisions suivantes :

- le ministre de l'environnement souhaite mettre en place un ministère régalien, elle a indiqué que l'augmentation de son budget n'était pas ponctuelle et se prolongerait dans les années à venir, ce qui mérite effectivement un débat ;

- outre ses incidences budgétaires, le renforcement de l'administration de l'environnement pourrait créer des difficultés pour la mise en oeuvre d'actions locales en faveur de l'environnement, et créer des conflits entre les différents services déconcentrés, qui devraient être appelés à participer ensemble à la protection de l'environnement ;

- la TGAP ne pose pas seulement le problème de l'avenir du financement des organismes financés par les ressources affectées auxquelles elle se substitue, mais aussi celui de son évolution future ;

- la participation accrue d'EDF et de France-Télécom au financement des travaux d'effacement des réseaux de distribution existants est difficilement envisageable dans un contexte de concurrence accrue. On peut déplorer les dépenses élevées engagées par les communes dans ce domaine, et il serait souhaitable à cet égard que les communes puissent toucher une partie de la taxe professionnelle versée par France Télécom ;

- la définition du " déchet ultime ", sur laquelle le rapporteur pour avis a interrogé le ministre de l'environnement, est difficile à appréhender, de nombreux critères devant être pris en compte. Cette imprécision de la notion de déchet peut ainsi faire obstacle à la solution de l'intégration aux terres agricoles du compost produit par les installations de retraitement des déchets. En revanche, l'amélioration du retraitement et le développement des politiques de tri préalable pourraient justifier une réhabilitation de la politique de mise en décharge, en particulier dans les zones peu peuplées ;

- les plans départementaux d'élimination des déchets ménagers doivent permettre une valorisation matière d'au moins la moitié des déchets collectés ;

- on peut sérieusement craindre que la rebudgétisation des ressources de l'ADEME ou des agences de l'eau ne se traduise, à terme, par une diminution de ces ressources : la subvention budgétaire accordée à l'ANAH est aujourd'hui largement inférieure au produit de la taxe qui lui était auparavant affectée.

A l'issue de ce débat, la commission, suivant les propositions de son rapporteur pour avis, a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat pour l'adoption ou le rejet des crédits pour 1999 de l'environnement, les commissaires socialistes et communistes ne prenant pas part au vote.




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